Translate

mardi 8 novembre 2016

Elections américaines et réflexions sur la probité d'une certaine presse


Mardi 8 novembre 2016, 16 heures.

Demain matin, et pendant un bon paquet de jours, voire de semaines, la grande presse internationale bruissera de mille clameurs accueillant le nouveau ou la nouvelle président(e) américain(e).

Mais d'où me vient, donc, cette profonde impression de malaise ?

Peut-être de la conviction que, quoi qu'on pense de Donald Trump, il risque d'être la victime d'une élection belle et bien truquée, en grande partie par cette belle presse que l'on doit nous envier dans les plus lointaines galaxies !

Ne vivant pas aux Etats-Unis, je ne suis pas certain d'avoir tout saisi de l'atmosphère générale ayant accompagné cette dernière campagne électorale. Il n'empêche que les informations tirées de l'Internet sont majoritairement fiables.

Or c'est essentiellement par l'Internet que nous avons appris des choses fort intéressantes sur le déroulement de cette campagne américaine, par exemple, les révélations de Wikileaks sur les magouilles présumées, côté démocrate, en faveur d'Hillary Clinton.

Et là, ô surprise, silence radio du côté de la "grande" presse !

Ceux de mes lecteurs ne vivant pas en France doivent savoir que ce n'est que durant la dernière semaine de la campagne américaine que divers médias de la presse écrite et audiovisuelle se sont mis à évoquer l'affaire des mails d'Hillary Clinton, alors qu'elle officiait en qualité de secrétaire d'Etat. Il faut dire que le FBI venait d'annoncer avoir rouvert l'enquête. Et voilà que, tout d'un coup, le grand public - je veux parler de tous ces braves gens n'ayant que peu de familiarité avec l'Internet - a découvert qu'il y avait une affaire de mails, toujours pendante, concernant la candidate démocrate. (Source)

Ne parlons même pas des dizaines de milliers de mails du sieur Podesta, directeur de campagne de Clinton.

Avouez qu'un tel black-out ne peut qu'impressionner, et ce, d'autant plus que la même presse n'a pas lésiné sur la couverture de prétendues turpitudes de Donald Trump, tout d'un coup décrit comme étant un agresseur de femmes, le tout à cause de propos de vestiaires vieux de... plus de dix ans !

Ainsi, donc, on nous a fait le coup de l'enfumage, en faisant mine de renvoyer dos à dos un "quasi" violeur, d'une part, et une brave dame juste un peu imprudente, d'autre part.

Le fait est que, quoi qu'il ait fait ou pensé, il y a plus de dix ans, les propos de vestiaires attribués à Trump ne relèvent en rien de la gouvernance d'un pays, contrairement à ce qui est reproché à Clinton : sa fondation aux financements plus que douteux, sa gestion de l'affaire de l'ambassade américaine à Benghazi, ses conférences sponsorisées par Wall Street, la destruction systématique de dizaines de milliers de mails d'un serveur privé (!!!) qu'elle faisait dans le plus grand secret, ainsi que sa propension à dire une chose et son contraire, selon le public concerné, sans oublier une autre propension à contrefaire la vérité.

Mais, là encore, la grande presse a fait montre d'une étrange amnésie ou cécité. Heureusement qu'il y a l'Internet, grâce auquel Clinton a été prise en flagrant délit d'affabulation, lorsque, après avoir été diagnostiquée comme souffrant d'une pneumonie, elle n'a rien trouvé de mieux à faire que d'aller se balader sur les trottoirs new-yorkais, s'exclamant : "I am OK!" et profitant de l'occasion pour embrasser une petite fille, au risque de lui refiler ses microbes ! 


hillary, clinton, fake, pneumonia, sosie, doppelgänger, pneumonie, double, new, york, elction, trump, democrat, republican, campaign, 2017, wikileaks, assange, julian, donald

hillary, clinton, fake, pneumonia, sosie, doppelgänger, pneumonie, double, new, york, elction, trump, democrat, republican, campaign, 2017, wikileaks, assange, julian, donald

De fait, ainsi que je l'avais déjà relevé dans un texte précédent, il n'y avait que deux possibilités : ou bien la femme embrassant la fillette sur le trottoir était bien Clinton, supposée souffrir de pneumonie, auquel cas son comportement et les risques qu'elle faisait courir à cette fillette relevaient d'une irresponsabilité toute criminelle, ou bien la femme embrassant la fillette ne souffrait d'aucune pneumonie, auquel cas il ne s'agissait pas de la vraie Clinton.

Le monde entier a découvert, à cette occasion, que Clinton était douée pour les affabulations et les manipulations ; le monde entier, sauf la "grande" presse !

Résumons : il paraît maintenant évident que la presse dite "mainstream", mais qui ne l'est plus pour très longtemps, a délibérément pris fait et cause pour une manipulatrice, le tout pour faire bloc contre un authentique candidat anti-système, ce qui en dit long sur les liens de subordination existant entre cette même presse et le "système" en question.

De fait, que cette même presse prétendument indépendante en ait été réduite à gratter un peu de merde dans des déclarations peu reluisantes, certes, mais fort anciennes de Trump nous incite à penser que l'establishment américain et mondial n'avait pas grand chose contre cet homme. En clair, si tout ce qu'on a trouvé pour tenter d'abattre Trump ce sont des propos de vestiaires vieux d'il y a plus de dix ans, c'est que cet homme est absolument 'CLEAN' ; tout le contraire des turpitudes récentes et largement avérées de Clinton et de son clan.

En ce qui me concerne, cela suffit largement à me faire penser que, si j'avais été Américain, j'aurais volontiers voté pour Trump, un homme aux mains bien plus propres que celles de Clinton.

Parce qu'il y a un autre aspect à ne pas ignorer : nous savons, tous, quelle fut l'action de la secrétaire d'Etat Clinton durant le bourbier libyen, où elle s'illustra avec efficacité, pourrait-on dire.

Le fait est qu'à l'inverse de son adversaire, Donald Trump n'a pas une seule goutte de sang africain, ni arabe, sur les mains !

Il reste qu'une sorte d'épée de Damoclès pèse sur la tête de Clinton : imaginons, un instant, qu'elle gagne cette présidentielle, et que juste après, Wikileaks nous livre une nouvelle fournée de révélations absolument dévastatrices pour la nouvelle présidente américaine..., laquelle risque d'entrer dans l'Histoire comme premier président américain à avoir fait l'objet d'un Impeachment avant même son intronisation...

Wait and see! 


Lecture01   Lecture02 
     

lundi 7 novembre 2016

Marine Le Pen et le "plafond de verre". Episode 3


Lubie or not lubie ? 

Imaginez, un peu, qu'au soir d'un jour de mai 2017, la nouvelle tombe, à savoir que le nouveau chef de l'État serait une femme : Marine Le Pen.

Émoi dans les rédactions, stupéfaction dans le Landerneau politico-médiatique. Et c'est là que d'aucuns se souviendront peut-être l'avoir lu sur un blog...

Je sais : les sondages ne prédisent pas du tout cela. Mais entre nous, qu'est-ce que j'ai à f... des sondages, ces pseudo-analyses qui ne servent qu'à impressionner les gogos, en leur faisant croire que tout cela repose sur des principes scientifiques ! Ces gogos devraient pourtant savoir que la science énonce des lois (naturelles) ayant une valeur tant universelle qu'intemporelle, c'est-à-dire des faits intangibles ne relevant en aucune manière de la volonté des hommes. C'est, par exemple, le cas lorsque Blaise Pascal énonce son fameux paradoxe, à savoir que "les liquides (= fluides) pèsent selon leur hauteur..." Cf. [Par ailleurs, la pression au fond d'un récipient ne dépend pas de la forme de celui-ci, elle ne dépend que de la hauteur du liquide et de sa nature (paradoxe hydrostatique).] (source)

En clair, Pascal énonce un principe qui était déjà valable il y a quatre milliards d'années, et qui le sera encore dans pas mal de milliards d'années ; c'est ce qui distingue la science de toutes ces pseudo-sciences qui prétendent lire dans l'avenir, ce dont elles sont tout bonnement incapables !

Vous finirez, par conséquent, par comprendre mon allergie pour toutes ces activités bêtement rattachées à la science, alors qu'il ne s'agit que de la description d'activités humaines, forcément fluctuantes dans le temps et dans l'espace, à l'instar des soi-disant "sciences politiques, économiques, de l'éducation, du langage", etc.

Mais revenons à notre sujet : Marine Le Pen, victorieuse d'une élection présidentielle, et ce, dès le premier tour.

Par esprit de contradiction, je vais m'appuyer sur les sondages ambiants, qui prédisent à Le Pen un pourcentage tournant autour des 28 points au premier tour de la présidentielle. Et comme j'ai vraiment l'esprit mal tourné, je vais minimiser ce score, en corrigeant - il paraît que c'est ce que font tous les organismes sondagiers - ce score à la baisse et en la créditant de seulement 20 % (A).

Mon propos est tout simple : quoi qu'en pensent les instituts de sondages et les politologues et autres politocrates, un parti stigmatisé comme le Front National n'en dispose pas moins de réservoirs de voix qui ne lui échappent que par négligence, manque d'organisation voire de talent de ses dirigeants et militants, à commencer par une catégorie qui ne demande qu'à se laisser convaincre : les abstentionnistes, je veux parler de ces gens qui disparaissent régulièrement des écrans radar faute de s'être inscrits sur les listes électorales. 

Avez-vous remarqué à quel point les instituts de sondages font systématiquement l'impasse sur le taux de l'abstention lors des élections à venir ? Le fait est que, lors des dernières élections locales, on a atteint des sommets, notamment durant les dernières régionales.

Pour la future présidentielle, j'ai du mal à imaginer un quelconque engouement de l'électorat envers des chevaux de retour de l'UMPS (Juppé, Sarkozy, Fillon, Hollande, Valls...) que tout le monde connaît par coeur. Par conséquent, on peut raisonnablement s'attendre, là aussi, à des taux importants d'abstention, de la part de gens gavés de promesses jamais tenues. 

Et, dans la catégorie des abstentionnistes, j'identifierais volontiers deux sous-classes : les abstentionnistes contraints et les abstentionnistes désabusés.


Abstention contrainte

Il y a une population que je connais bien, moi qui ai pratiqué l'alphabétisation et la remise à niveau durant une bonne vingtaine d'années : les illettrés.

Et c'est là que je reprends l'argumentation formulée dans un précédent article : il se trouve que l'illettrisme frappe de nombreux adultes français, au point qu'une grande majorité d'entre eux s'abstiennent d'aller voter, faute de pouvoir déchiffrer les inscriptions figurant sur un bulletin de vote. Je découvre notamment ceci : près de 10 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit autour de 3 000 000 personnes en métropole. 

 
Ici, on nous parle de 9 % de populations ayant été scolarisées - donc, pas vraiment analphabètes (jamais scolarisées) - où... en France... Là, il est question de près de 10 % d'adultes français illettrés, sans autre précision, "illettrisme" et "analphabétisme" étant deux concepts distincts. 

Or, parler d'un illettrisme frappant des adultes scolarisés en France ne nous dit rien des adultes non scolarisés en France ! Aux 9 % mentionnés ci-dessus, il faut, donc, ajouter quelques pour-cents supplémentaires de quidams nés, par exemple, dans des pays étrangers voire  dans les (ex)colonies. Je pourrais, par exemple, citer le cas d'un de mes anciens élèves, nous l'appellerons Mounir, dont le père, ancien harki, arrivé en France vers 1962, était toujours analphabète quarante ans plus tard. J'estime, par conséquent, que le taux des illettrés et des analphabètes en âge de voter devrait largement dépasser les 10 %.

Et c'est là que l'observateur objectif que je suis se demande ce qui interdit à un parti politique apparemment frappé d'ostracisme de la part de l'"establishment" de récolter un plus grand nombre de partisans, moyennant l'exercice préalable consistant à les tirer du marasme de la sous-instruction.

Précisément, je revois encore un reportage télévisé sur ce qui devait être la dernière université d'été du Front National. Il se trouve que de nombreux jeunes participants arboraient un T-shirt siglé FNJ, avec J comme "jeunesse" ou comme "jeunes".

Question : qu'est-ce qui interdit aux jeunes du FNJ de s'armer de cahiers et de crayons, et de sillonner les routes de France, afin d'investir tous ces quartiers populaires riches en illettrés et autres analphabètes, de manière à les libérer du handicap détournant la quasi-totalité d'entre eux du devoir électoral ? Imagine-t-on ces populations, une fois libérées de l'illettrisme, voter pour un autre parti que celui qui les aura tirées de la mouise ?

Je sais bien que le FN ne dirige pas toutes les villes de France et de Navarre. Et alors ? Est-ce une raison pour ne pas nouer de liens avec les associations déjà présentes dans ces localités, histoire de faire reculer l'ostracisme dont pâtit le parti de Marine Le Pen ? Et puis, tant qu'à faire, qu'est-ce qui interdit aux villes, déjà sous direction frontiste, de donner l'exemple en matière de lutte contre la sous-instruction qui éloigne tant de gens des bureaux électoraux ? Imagine-t-on un peu l'impact positif d'une telle campagne d'alphabétisation sur l'image du FN ?

Mais j'en entends qui vont me dire : "Mais mon bon monsieur, il ne reste plus beaucoup de temps d'ici aux élections de l'année prochaine ; le fait est que ce que vous proposez requiert du temps, de la logistique et des moyens humains !".

Ah oui ?! Et c'est seulement maintenant que vous découvrez la chose ? Entre nous, depuis combien de temps Marine Le Pen dirige-t-elle le FN ? Et depuis combien de temps le FN a-t-il conquis des villes en France? Et de quand datent les dernières élections municipales ? Et vous voulez me dire que, depuis toutes ces années, les élus FN ont coupé les vivres à tant d'associations réputées "de gauche", se sont fâchés avec tant d'animateurs culturels n'ayant pas la bonne couleur politique, ont dépensé tant de salive à stigmatiser - je pense à ce pauvre Robert Ménard à Béziers ! - des gamins n'ayant pas le "bon" patronyme..., tandis que d'autres (cf. Marion-Maréchal L. P.) s'évertuaient à vilipender quiconque avait le malheur de ne pas avoir la "bonne" religion... Et c'est maintenant que tout ce petit monde découvrirait l'existence d'un gisement électoral que l'on aura délibérément ignoré, voire monté contre soi-même ?! 

10 %, c'est, au bas mot, le pourcentage des adultes illettrés et analphabètes qui n'iront pas voter aux prochaines élections, du fait de leur handicap intellectuel. Or, ces populations ont forcément des parents et amis. Mettons que chacun de ces illettrés, une fois "guéri" de son mal, grâce à l'engagement efficace des jeunes du FN, persuade un parent, ami, voisin que, décidément, le parti de Le Pen n'est pas du tout ce que l'on raconte. Voilà qui nous ferait 10 % d'électeurs supplémentaires.

20 % + 10 % + 10 % = 40 % (B) : tel serait le pourcentage dont pourrait bénéficier Marine Le Pen dès le premier tour de la présidentielle, et ce, en se contentant d'ajouter à un socle de 20 % une masse de citoyens préalablement marginalisés par leur sous-instruction, et que le parti lepéniste aurait tirés de la mouise.

Je reviens sur le temps imparti : une poignée de semaines avant la fin des inscriptions sur les listes électorales, et autour de six mois avant le premier tour de la présidentielle.

De ma petite expérience personnelle, je retire l'enseignement qu'une petite centaine d'heures permettrait à n'importe quel quidam connaissant son alphabet de maîtriser le lu et l'écrit de tous les mots de la langue française, en clair, de se hisser au minimum minimorum, à savoir le niveau du Certificat d'Etudes Primaires.

Une centaine d'heures, ça veut dire deux heures par jour, pendant une cinquantaine de jours, ou trois heures par jour durant un mois.

En clair, si, à l'instar d'un Robert Ménard, j'avais été élu maire de Béziers en 2014, à l'heure actuelle, je serais en état de me targuer d'avoir éradiqué l'échec scolaire auprès de 100 % des écoliers de ma ville ainsi que de leurs parents, je pense à toutes ces familles immigrées, venues notamment d'Afrique sans le moindre bagage intellectuel. 

Le fait est que des  maires comme Ménard et quelques autres ont perdu beaucoup de temps en parlotes et invectives. Résultat des courses, en prévision des "grandes" élections, celles qui engagent l'avenir de tout le pays, et pas uniquement celui d'une ville, d'un département ou d'une région : le FN se trouve toujours encalminé devant ce fameux "plafond de verre" !

Par parenthèse, ça vous impressionne, le taux de 100 % de réussite ? Alors sachez qu'en une vingtaine d'années, j'ai eu à pratiquer la remise à niveau auprès de nombreux élèves en difficulté - mais pas uniquement ! -, et que 100 % est le résultat que j'ai obtenu auprès de tous les élèves qui m'ont été confiés par leurs parents, en gros entre 1985 et 2005, le tout sur la base de deux heures de travail hebdomadaire  (pour les élèves du primaire : une heure de français et une heure de maths).

Alors, mettons que les jeunes du FNJ me contactent, pour que je leur refile quelques tuyaux sur la marche à suivre pour réussir une campagne d'alphabétisation-remise à niveau d'adultes en difficulté, je me ferais un plaisir (mais si !!!) de les rancarder bénévolement.

Et au contingent des abstentionnistes contraints, j'évoquais également des abstentionnistes désabusés : vous savez ? toutes ces gens qui ne savent plus à quel saint se vouer, déçus qu'ils sont par des décennies d'un régime autocratique qui a pondu, tour à tour, un général de brigade égaré au XXème siècle, des énarques et autres technocrates, ainsi que de petits et grands margoulins rompus à toutes les barbouzardises.


Abstentionnistes désabusés

Il suffit de suivre l'une ou l'autre émission de radio et de télévision, au cours de laquelle les auditeurs sont conviés à donner leur avis : le moins qu'on puisse dire est que l'atmosphère pré-électorale est loin d'être enthousiaste, et ce, malgré tous les efforts conjugués des hommes et femmes de main de la grande et petite presse, s'éreintant à faire mousser une bien mauvaise bière.

Le fait est qu'en 2012, on tournait autour de 20 % d'abstention, contre pas loin de 30 % au premier tour de la présidentielle de 2002, qui a vu s'affronter et le président et le premier ministre sortants, ce dernier s'étant illustré comme champion des sondages durant cinq ans. Vous vous rappelez sans doute des scores respectifs des deux quidams ? Autour de 20 % pour le président sortant et autour de 16 % pour son adversaire socialiste, soit autour de 36 % pour le duo sortant de l'exécutif, soit un passif de 64 % à l'encontre les deux qualifiés du second tour, score auquel il conviendrait d'ajouter celui des non inscrits et des votes blancs ou nuls.

Mais plus importante que les chiffres bruts est la motivation de l'abstention : il y a celle qui vise des gens connus - ceux qui ont gouverné et ont fait la démonstration de leur incompétence - et celle qui vise des gens qu'on ne connaît pas bien, et dont l'establishment vous explique à longueur d'années qu'il faut s'en méfier, comme c'est le cas du Front National.

Or, j'estime qu'il ne s'agit pas du tout de la même chose : dans le premier cas, j'évoquerais volontiers une abstention par répulsion, consistant à dire : "ceux-là, on ne les connaît que trop, et il n'est plus du tout question de voter pour eux !", et une abstention par méfiance, se résumant en : "va savoir ce qu'ils feront quand ils seront élus !". 

Le fait est que la seconde abstention est bien moins grave que la première ; en clair, Marine Le Pen et son parti, victimes éventuels d'une abstention par méfiance, plutôt que par répulsion, devraient pouvoir parvenir à surmonter la difficulté, moyennant des actions concrètes sur le terrain comme celle que je décrivais plus haut. Et c'est précisément cela qui me fonde à affirmer que Le Pen et ses cadres ne travaillent pas assez, à l'instar de la totalité de la classe politique, allergique qu'elle est à "débriefer" quoi que ce soit, dès lors que "débriefer" signifie "pointer sans complaisance des erreurs que l'on aurait commises", tant il est vrai qu'en politique, on ne se trompe jamais, les fautes n'étant commises que par les adversaires !

Autour de 20 % d'abstention lors de la présidentielle de 2012, et supposons que ce taux se maintienne en 2017. Imaginons, un instant, que Marine Le Pen en récupère la moitié, soit 10 %, qui viendraient s'ajouter à notre décompte précédent : 20 % (A) + 10 % + 10 % (B) + 10 % = 50 %.

Voilà comment, moi, si j'étais le président d'un parti frappé d'ostracisme par l'establishment, et crédité de près de 20 % au premier tour de la présidentielle, je procéderais, afin de gonfler mon score par l'exploitation judicieuse, pour commencer, d'un important gisement d'électeurs : les abstentionnistes, et ce, de toute urgence, dès lors que  le délai pour l'inscription sur les listes électorales expire au 30 décembre à minuit. 


Entre nous, cette projection vous semble-t-elle si illusoire ?

Oui mais !, me rétorquerons les sceptiques, tout ça ne nous explique toujours pas par quel sortilège Marine Le Pen va réussir à retourner une opinion massivement hostile ; en clair, on ne voit pas très bien quel atout maître elle réussirait à sortir de son chapeau, pour venir, enfin, à bout du fameux plafond de verre.

C'est là que je rétorquerais à mes contradicteurs qu'ils sont dans l'erreur, car cet atout-maître existe bel et bien, dès lors qu'il semble que les lignes bougent au FN, où l'on a compris que l'on ne peut plus se contenter de s'asseoir sur la seule éviction de Jean-Marie LP pour convaincre les foules d'une dédiabolisation en cours, mais où l'on semble également avoir réfléchi sur un plan stratégique à plus long terme.

Le fait est qu'une victoire électorale se construit un peu à la manière d'une compétition sportive, prenons, par exemple, le patinage artistique, où avant de laisser "libre cours" à son inspiration, il faut commencer par se "farcir" les fameuses figures imposées.



Prochain article : Figures imposées