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vendredi 31 mars 2017

Marine le Pen et le 'plafond de verre'. Episode 8


Arrêt sur images

J'ai déjà relaté, ici même, l'occasion qui m'a été offerte d'adresser un courrier à Louis Aliot, que j'avais entendu dire des choses intéressantes lors d'une interview télévisée. Le fait est que la première personne à qui j'ai fait part de ce courrier fut... Emmanuel Macron, lequel s'apprêtait à quitter son ministère de l'Economie (voir les archives de ce blog).

Vous imaginez mon embarras en découvrant la présentation, par la "grande" presse, du programme présidentiel de Marine Le Pen : rien de nouveau, aucun changement, mêmes recettes, etc. Ainsi, donc, il n'y aurait rien de nouveau dans le programme de Le Pen depuis 2012 ? Voilà qui ne pouvait qu'intriguer, d'autant plus que je ne me souvenais pas être passé à côté de cette élection (voir archive).

Et puis, revenir systématiquement cinq ans en arrière, n'est-ce pas une technique classique d'"enfumage" du public, en tout cas de ceux qui ne sont pas rompus à l'exercice de l'analyse de la presse ?

Par parenthèse, mars est le mois de la semaine de la presse dans certains établissements scolaires français. Et là, on est censé initier les gamins à la rigueur requise lorsqu'on manipule de l'information. Pour ma part, j'ai toujours trouvé que cette manifestation relevait de l'enfumage. Il me semble que l'on pourrait commencer par apprendre aux élèves, et ce, dès le primaire, à maîtriser le clavier d'un ordinateur, comme c'est le cas dans tous les centres de formation de jeunes mal-voyants ou aveugles.

Pour le reste, avant de vouloir inculquer je ne sais quelle rigueur méthodologique à des collégiens, peut-être pourrait-on commencer par l'inculquer à tous les détenteurs d'une carte de presse ! 

Ci-dessous, on nous annonce qu'il n'y a rien de nouveau dans le programme de Marine Le Pen. Et moi de m'étonner...




Question : quid de ce référendum d'initiative populaire qui ne figure dans le programme d'aucun des dix concurrents de Le Pen ?

Il nous faut, donc, admettre qu'il n'y a rien de nouveau du côté de Le Pen, en clair, par rapport à sa campagne de 2012. Quelque chose m'aurait-il échappé durant la précédente campagne présidentielle ? Voilà que, tout d'un coup, je réalise qu'en 2012, je venais de me faire installer une connection ADSL, ce qui fait que j'ai beaucoup regardé la télévision, mais surtout les télévisions étrangères ; mais j'ai quand même suivi la campagne officielle sur la télévision publique, ainsi qu'on peut le voir sur le "carnet de notes" évoqué plus haut.

Mais alors, il est où, le problème ?

Je me rends, derechef, sur le site du Front National, à la recherche d'archives datant de l'année 2012, lorsque je tombe sur ceci : le programme présidentiel de Marine Le Pen, que j'entreprends d'examiner attentivement.



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Voilà quelque chose qui m'avait échappé. Non mais, sans blague !

Et dire que, comme un imbécile, j'avais écrit à Louis Aliot pour le féliciter d'avoir évoqué la question dans une interview (février 2016), croyant entendre la chose formulée par un responsable politique quasiment pour la première fois ! La vérité est que la chose en question figurait bel et bien dans le programme de 2012 de Marine Le Pen !

 "Le référendum d'initiative populaire sera inscrit dans la Constitution et les conditions de son organisation seront allégées...".

C'est ce qui a dû faire dire à nos "grands médias" qu'il n'y avait rien de nouveau dans le programme (2017) du Front National ! Le problème est qu'en 2012, la "grande" presse n'a pas vraiment claironné sur tous les toits cette proposition iconoclaste de Marine Le Pen !

Même chose avec l'annonce de la sortie de la France du commandement intégré de l'OTAN.

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Du coup, je m'interroge : comment diable se fait-il que des dispositions aussi fondamentales m'aient échappé lors de la campagne de 2012 ? Que je n'aie pas lu la "grande" presse, je le conçois volontiers, moi, qui ai quasiment cessé de la lire à partir de l'agression coloniale en Libye du printemps 2011. Cela dit, il ne me semble pas avoir zappé la campagne, puisque j'ai même réalisé moult captures d'écran à l'époque. Et si Marine Le Pen avait prêché en faveur de son référendum d'initiative populaire dès 2012, je m'en souviendrais tout de même !

Le fait est que je me souviens fort bien de cette plaquette tirée du programme officiel de Le Pen : 12 engagements.


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Et là, tout s'explique : en 2012, Marine Le Pen n'avait pas jugé utile de faire figurer l'instauration du référendum d'initiative populaire dans ses principaux engagements.

Étonnant, non ?!

Du coup, on essaie de comprendre comment une proposition aussi novatrice a pu passer à la trappe, et l'on pense à Ségolène Royal et à son millier de débats participatifs ayant précédé la campagne officielle de 2007.

Ce que j'ai pu vérifier, c'est que la question de ce fameux référendum d'initiative populaire avait bien été évoquée par des participants aux réunions autour de Ségolène Royal, laquelle présentait ses 100 propositions en ces termes (source) :

Présentation
"Ce que vous m'avez dit, je l'ai entendu. Ce que je savais, vous l'avez confirmé. Aujourd'hui, je vous propose le Pacte présidentiel : 100 propositions pour que la France retrouve une ambition partagée, la fierté, et la fraternité.
Plus de 6 000 débats ont été organisés sur tout le territoire. J'ai reçu par Internet 135 000 contributions. J'ai écouté les partenaires sociaux, j'ai rencontré les associations, j'ai mobilisé les experts. Vous avez été nombreux à vouloir participer à cette œuvre collective.
J'ai souhaité ce travail d'écoute et de confrontation des idées. J'ai voulu que les citoyens reprennent la parole pour que je puisse porter leur voix : vous ne supportez plus que l'on rédige dans l'ombre des programmes aussi vite oubliés qu'ils sont écrits. Les promesses doivent être tenues, elles doivent être crédibles.
Ce Pacte présidentiel, c'est ensemble que nous le mettrons en œuvre.
Plus juste, la France sera plus forte.
Ségolène ROYAL" 
On parcourt le reste du document et l'on tombe sur ceci :
Le pacte présidentiel d'une République nouvelle
Remontée des débats
Les citoyens veulent prendre la parole plus souvent et plus directement pour décider eux-mêmes. "Référendum ou proposition d'initiative citoyenne", " droit de pétition ", voire " référendum perpétuel ", etc. Tous les outils de la démocratie participative ont été explorés.

Et voici le résultat, tel qu'affiché dans les propositions effectives du projet de Ségolène Royal :

73- Introduire la démocratie participative dans toutes les collectivités publiques (jurys citoyens, budgets participatifs, etc.). Des citoyens ayant recueilli un million de signatures pourront demander au Parlement l'examen d'une proposition de loi.

Pour ma part, j'ai toujours pensé que c'est à ce moment-là que le décrochage commence à se faire entre Ségolène Royal et ses principaux soutiens parmi les électeurs, dont les plus lucides ont dû se sentir floués par l'arnaque - il n'y a pas d'autre mot - que la dame du Poitou leur a infligée.

"Un million de signatures pour demander au Parlement l'examen d'une proposition de loi...", vous parlez d'une usine à gaz !

Problème : cinq ans plus tard (2012), Marine Le Pen nous refait le coup, mais à sa manière : le référendum d'initiative populaire ou citoyenne figure en toutes lettres dans son programme, mais elle n'en parle pas !

Du coup, j'ai eu l'air d'un con en allant féliciter Louis Aliot pour avoir mentionné la chose lors d'une interview télévisée !

Dans ces conditions, on imagine aisément la volonté de la "grande" presse d'enfumer ses lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, en passant complètement sous silence cette proposition, qui reste révolutionnaire en France, en Europe, voire dans le monde, car pratiquée de manière systématique par un seul pays : la Confédération Helvétique !

C'est simple : dites-moi où et quand vous avez lu un commentaire émanant d'un expert en droit public ou constitutionnel - il n'en manque pourtant pas, en France, je veux parler de tous ces vieux caciques professant ou ayant professé à 'Science Po' -, sur la singularité des propositions de Marine Le Pen sur le plan institutionnel ?  

La chose est d'autant plus stupéfiante que les propositions les plus importantes du programme (cf. quel Etat ?) sont affichées d'emblée (articles 1 à 11) ; elles sont, donc, impossibles à zapper. Et pourtant ! (Lire : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7

Voyez un peu ce qu'écrit le quotidien de l'intelligentsia bobo, j'ai nommé Le Monde, sur la question institutionnelle :

Grande réforme constitutionnelle
Comme l’a révélé la députée européenne dans un entretien au Monde, jeudi 3 février, une grande réforme constitutionnelle, qui sera soumise à un référendum après les élections législatives de juin, doit permettre d’entériner la « priorité nationale », en plus de la suppression des régions, de la réduction du nombre de parlementaires (300 députés et 200 sénateurs), ou encore de la sanctuarisation de « la défense de notre patrimoine historique et culturel » – une proposition dont on ne voit pas très bien ce qu’elle recouvre.
Tout nouveau contrat de salarié étranger sera de plus taxé, et une contribution de 3 % sur les produits importés sera créée.
Certains marqueurs historiques du parti d’extrême droite ont de leur côté disparu. Aucune mention du rétablissement de la peine de mort n’est faite : en 2012, cette mesure devait être soumise à un référendum proposant soit son rétablissement, soit la mise en place d’une « perpétuité réelle ». Seule cette dernière mesure est retenue.
De plus, la réduction de l’immigration devient une proposition parmi d’autres. La candidate propose de descendre à un solde migratoire de 10 000 personnes par an (contre 40 000 aujourd’hui). En 2012, elle promettait de « stopper les flux migratoires vers la France », en réduisant le nombre total d’entrées sur le territoire à 10 000 personnes. (source)

Vous avez compris que les professionnels de la désinformation étaient passés maîtres dans l'art du zapping et de la dissimulation ? D'où les références à 2012 ou aux fondamentaux du FN, que l'on ne retrouverait pas dans le nouveau programme (= parler de ce qui n'existe pas, pour ne pas avoir à évoquer ce qui existe...), de même que l'on insiste sur "ce qui a changé dans le programme", de manière à noyer le poisson dans les banalités, ou alors on insiste lourdement sur le programme économique et son chiffrage.

Prenez le mensuel "Challenges" et sa présentation des "principales mesures du programme de Marine Le Pen".



Il suffit, pourtant, de jeter un oeil sur le programme officiel de la candidate du Front National, tel qu'affiché sur son site, pour constater que les choses y sont présentées de la manière la plus claire possible. Ça commence par le Titre I : Une France libre... La révision constitutionnelle que je propose aux Français.

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I – UNE FRANCE LIBRE. RENDRE À LA FRANCE SA SOUVERAINETÉ NATIONALE. VERS UNE EUROPE DES NATIONS INDÉPENDANTES, AU SERVICE DES PEUPLES
1. Retrouver notre liberté et la maîtrise de notre destin en restituant au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique). Pour cela, une négociation sera engagée avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne. L’objectif est de parvenir à un projet européen respectueux de l’indépendance de la France, des souverainetés nationales et qui serve les intérêts des peuples.

RÉFORMES INSTITUTIONNELLES : RENDRE LA PAROLE AU PEUPLE ET ÉTABLIR UNE DÉMOCRATIE DE PROXIMITÉ
2. Organiser un référendum en vue de réviser la Constitution et conditionner toute révision future de la Constitution à un référendum. Élargir le champ d’application de l’article 11 de la Constitution.

3. Permettre la représentation de tous les Français par le scrutin proportionnel à toutes les élections. À l’Assemblée nationale, la proportionnelle sera intégrale avec une prime majoritaire de 30 % des sièges pour la liste arrivée en tête et un seuil de 5 % des suffrages pour obtenir des élus.

4. Abaisser le nombre de députés à 300 (contre 577 aujourd’hui) et le nombre de sénateurs à 200 (contre 348 aujourd’hui).

5. Créer un véritable référendum d’initiative populaire, sur proposition d’au moins 500 000 électeurs.

6. Conserver trois niveaux d’administration (au lieu de six actuellement) : communes, départements et État. Cette réforme sera un gage de : simplification (suppression des doublons et répartition claire des compétences) ; proximité (en donnant plus de poids à des élus que les Français connaissent, comme les maires) ; économies (notamment sur les indemnités d’élus et les frais de fonctionnement). Elle permettra rapidement une baisse des impôts locaux.
Revaloriser en conséquence le rôle et le statut des maires des petites et moyennes communes.

Le fait est que les six premiers articles du programme de Marine Le Pen contiennent l'essentiel de la philosophie de son projet présidentiel. Et pourtant, il y en a qui trouvent le moyen de ne découvrir ce programme qu'à partir de la proposition n° 24 (rétablir les frontières nationales), ou n° 37 (instaurer un vrai patriotisme économique), ou n° 52 (fixer l'âge légal de la retraite à 60 ans), etc.

Vous voulez rire ? Voyez, donc, comment Dominique Reynié, un éminent politocrate français, professeur de science politique, dénature les propositions de Marine Le Pen :

Dominique Reynié : A première vue, le programme du Front national pour l’élection présidentielle de 2017 s’apparente à celui d’un parti confortablement installé dans un système autrefois vilipendé. On en retrouve les principales caractéristiques générales : une longue série de 144 "engagements" destinés à satisfaire les différentes clientèles électorales supposées, sans souci de cohérence et avec la prudence nécessaire pour ne pas, ne plus, heurter.

Puis, une lecture plus attentive révèle une sorte de légèreté, une certaine désinvolture, compte tenu des incohérences de quelques promesses dont les conséquences ne semblent pas avoir été envisagées, comme si cela n’avait pas d’importance.

Demeurent ces références qui font du Front national un parti à part sur l’échiquier politique, affirmant ostensiblement un nationalisme ethnicisant. Pourtant, à y regarder de plus près, cela semble plus obscur. Ainsi, la promesse numéro 1 est de rendre à la France la "liberté" et la "maîtrise de son destin" en retrouvant "sa souveraineté monétaire, législative, territoriale, économique".  Un référendum sur l’appartenance à l’Union est programmé. Pour autant, on ne dit rien de ce qui est prévu si les Français décident de rester dans l’Union, alors que la sortie de Schengen est annoncée, de même que le retour au franc. Le retrait du commandement militaire intégré de l’Otan est la promesse numéro 118 qui accompagne la promesse d’assurer "une capacité de Défense autonome dans tous les domaines". Voilà autant de signes de la grande désinvolture avec laquelle ce programme a été rédigé.  

Franchement, entre nous, vous n'êtes pas mort(e) de rire devant tant de mauvaise foi et, par parenthèse, d'incompétence ?

Pour ma part, je ne pense pas exagérer en rappelant qu'en 3ème, soit en fin de collège, je faisais l'admiration de mes professeurs, dont celui de français, pour ma propension à soigner mes dissertations. Non, mais sans blague : pour passer de la proposition n°1 à la n°118, en zappant toutes les autres, il faut prendre ses lecteurs pour des billes ! Et le type se dit comment déjà ? (Dominique Reynié est professeur des Universités en science politique à l’Institut d’études politiques de Paris et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol).

Tout bonnement pitoyable ! 

Vous en voulez encore une couche ? Voyez comment le grand quotidien de l'Intelligentsia française, déjà évoqué plus haut, je veux parler du Monde, présente les propositions des candidats sur le plan institutionnel.


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Vous avez compris ? On a simplement "sucré" les principales propositions de Marine Le Pen sur l'élargissement du champ du référendum ainsi que sur la mise en place d'un véritable référendum d'initiative populaire.

Voilà qui fait inévitablement penser à une technique photographique très prisée du temps de Staline, vous savez ? Faire disparaître des indésirables des photos officielles.


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Finalement, tout ça se passe ici, maintenant, sous nos yeux, pas en Ouzbékistan, ni au Zimbabwe !

Et ce sont ces professionnels de la désinformation qui prétendent nous donner des leçons de vigilance contre ce qu'ils appellent des "sites complotistes", ou encore la "fachosphère" !

Le morale de tout ce qui précède ?

Marine Le Pen n'a pas été bien maline, en 2012, de s'asseoir, comme elle l'a fait, sur LA proposition majeure de son programme, à savoir l'instauration du référendum d'initiative populaire, qui aurait fait de la France le seul pays de ce niveau de développement, à pratiquer, après la Suisse, la démocratie directe. C'est ce genre d'impair qui m'a fait écrire, tantôt, que les plafonds de verre, on se les fabriquait souvent soi-même !

En 2017, elle remet de nouveau le couvert, en s'appuyant nettement plus sur l'Internet, grâce auquel tout le monde peut s'informer à la source. Et c'est là que des professionnels de la désinformation s'évertuent, un peu désespérément, à noyer le poisson (cf. "programme à peine amendé", "programme édulcoré", "rien de neuf sous le Front", etc.).

Pour ma part, au risque de radoter, je m'en vais réitérer une devise qui m'est chère : "une grande idée vaut mieux que cinquante petites !", et le référendum d'initiative populaire risque bien d'être LA grande idée de cette campagne présidentielle, selon la manière dont ses promoteurs, Le Pen et les autres, vont s'y prendre pour le présenter aux électeurs, je veux dire en évitant, une fois de plus, de s'asseoir dessus !!!

Problème : hier, jeudi 30 mars 2017, Florian Philippot, vice-président du Front National, apparaissait pour la deux cent cinquante-quatrième fois de l'année à la télévision, interrogé par la "grande" journaliste Ruth Elkrief. Vingt minutes à parler de quoi, je vous le demande ?



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Vous pensiez qu'une "grande journaliste" du calibre de Ruth Elkrief allait interroger le vice-président du FN sur des questions essentielles telles que la démocratie directe via le référendum d'initiative populaire, la réduction du nombre des parlementaires, celle des échelons administratifs (trois au lieu de six), la sortie du commandement intégré de l'OTAN ?

Alors, c'est que vous n'avez rien compris ! Madame Elkrief, du fond de son fauteuil moelleux, voulait savoir, pour la trois-cent-quatre-vingt-quatrième fois de l'année, pourquoi Marine Le Pen refusait d'aller chez les juges !

Il faut dire que nos "grands journalistes" sont nombreux à avoir séché les cours d'E.C.J.S. (Education Civique Juridique et Sociale) au collège, ce qui explique qu'ils ignorent certains principes fondamentaux du droit - à commencer par celui-ci : nul ne saurait être juge et partie -, sur lesquels nous reviendrons incessamment.



France. Présidentielle 2017. Revue de presse (1)

Je crois vous avoir avoué être en train d'accumuler des archives pour l'élaboration d'un futur travail universitaire !

En voici une - écrite -, que je reproduis in extenso, y compris les fautes d'orthographe et les bourdes syntaxiques, car elles font aussi partie du futur travail d'analyse.

Ce qui m'amuse, ici, c'est la fascination de nos "grands" experts en politique, ceux et celles que j'appelle des "politocrates". Le problème, avec ces pseudo-experts, c'est qu'ils font mine d'analyser des choses, alors qu'ils n'analysent rien du tout, se contentant de paraphraser des sondages.

Soit dit en passant, s'agissant de rapport de force, quelqu'un peut-il me rappeler quels sont les effectifs actuels des "mélenchoniens" et des socialistes à l'Assemblée Nationale ?



Archive (Source)


Il reste une solution à Benoit Hamon, pour être un héros de la gauche; il suffirait qu’il constate de lui-même la vanité de sa candidature, et s’en aille, triomphant de sacrifice, embrasser Jean-Luc Mélenchon en son prochain meeting, lui apportant sa foi et le socialisme dans ce qu’il garde de dignité. Se désister donc, en faire une dynamique, aider Mélenchon à aller au bout de leur aventure, aussi loin que possible, et relever un mot sali par le pouvoir et ceux qui l’ont exercé. Il n’en prend pas le chemin. Hier, Hamon communiait à Lille dans sa dignité blessée, se consolant de l’indifférence populaire en faisant fustiger les traitres. Hamon ne parlait pas de la gauche, malgré les apparences, mais parlait de lui, ou de la boutique, le parti socialiste, et se faisait du bien. Être Saint-Sébastien criblé de flèches peut sembler douloureux? C’est une réassurance narcissique.
La transhumance vallsienne confirme ce que Hamon pensait depuis si longtemps, et son amie Martine Aubry, hôtesse d’un soir, avec lui: que Valls ne méritait pas d’être du Parti socialiste. Ils le savaient. Ils l’avaient dit. Ils avaient raison. Raison d’avoir voulu l’exclure, c’était en 2009, raison de l’avoir contesté, inlassablement, dans son exercice du pouvoir. Valls leur offrait la confirmation de leur inimitié, et une clarification. Enfin, le PS s’épurait des agents de la trahison. Enfin entre nous, les vrais, les purs. Enfin seuls? 
Le temps des illusions
Mais cette solitude n’intéresse personne qu’eux-même. Benoit Hamon s’illusionne s’il pense qu’elle changera son destin. Hier encore, il a proposé aux gauches, à Mélenchon, au PC, de se ranger derrière lui, puisque Valls avait trahi, puisque la droite socialiste fuyait; il n’y avait plus de raison, plus de prétexte, pour ne pas le soutenir! Mélenchon l’a envoyé paître. Il a raison, le bougre! Car enfin, s’il doit y avoir retrait d’un candidat en trop, pour la vraie gauche fasse bonne figure, pourquoi lui? Pourquoi Hamon resterait-il en lice au nom des refus communs? Parce qu’il est socialiste? Parce que sa candidature, dit Hamon, est «centrale», et donc capable, pour peu qu’on l’épaulât, d’aller au bout du chemin? Allons donc.
Hamon est étonnant. Il rompt avec la ploutocratie de son camp, mais en conserve l’insupportable orgueil. Ce qu’on lui a fait en son parti, il le reproduit. Les Valls et consors considèrent que la ligne de gauche est illégitime à représenter le socialisme, et préfèrent trahir que la cautionner? Mais Hamon considère que seul son Parti socialiste est apte à emmener les gauches, parce qu’il serait central, comprenez modéré, moins outrageusement à gauche! Hamon est à Mélenchon ce que lui est Valls -jusqu’à l’inélégance du procédé. Déchirer les engagements de la primaire, ou considérer que seul son courant mérite la lumière électorale participe d’une même conception -orgueilleuse, autocentrée, ignorante de la dignité des autres- de la politique.
Accordons à Hamon qu’il est encore immune de la griserie des campagnes, qu’il ne se prend pas pour l’homme providentiel? Etre le premier, le seul capable, celui qui mérite le sacrifice des autres? Admettons. Seul l’esprit de Parti, alors, l’anime. La supériorité intrinsèque du Parti socialiste, a fortiori épuré de fait, ce parti qu’il veut régénérer de ressourcement et d’utopie, dont il est la dernière carte à ce jour; ce PS dont il est l’enfant, qu’il n’a jamais quitté, contrairement à Mélenchon, autrefois l’un d’entre eux, peut-être le meilleur. Ce PS qui pense représenter «toutes les gauches», ainsi, depuis les années Mitterrand, depuis qu’en 1965 et en 1974, un vétéran du centre gauche, devenu socialiste lamartinien, affrontait le scrutin présidentiel au nom de tous…
Evidemment, un socialiste.
Evidemment? 
La sympathie, la justice, l’honnêteté face à la réalité
Il faut grandir enfin! L’époque est révolue de la superbe rose. L’idée que spontanément, le leadership devrait revenir à un homme de Solférino est une idiotie datée; ce ne fut, d’ailleurs, pas si simple. Quand le PC, en 1969, dépêchait devant le peuple un rond kominternien autrefois apprenti pâtissier, Jacques Duclos, il taillait des croupières au socialiste Defferre, scotché à 5% contre 21,27% au communiste,  dans une dialectique roulant joliment les R: Duclos était des Hautes-Pyrénées. Nous y sommes à nouveau. Le socialisme ne peut pas prétendre dominer si tranquillement la gauche piquante. Hamon ne fait pas le poids, en épaisseur, en dimension, en équation, face à Mélenchon. Il est de trop dans cette histoire. Il ne peut y contribuer qu’en s’oubliant. C’est ainsi. On ne parle pas ici de sondages, on se moque des sondages. On ne dit pas que c’est juste. Ça ne l’est pas sans doute, pour Hamon notamment, qui voudrait relever une idée et un parti, qui réintroduit aussi bien une tradition sociale que le parfum des utopies, sérieuses, et fait pour cela penser, parfois, à la raideur de Rocard jeune, ce techno rouge qui se présentait en 1969, outrageusement marxo-sympathique… Il fit, alors, moins de 4%.
La sympathie, la justice, l’honnêteté, ne sont rien face à la réalité. Le PS n’y est plus, et son candidat ne peut rien obtenir, sinon le pardon, et l’acceptation de son retrait. C’est ainsi. C’est vrai. Mélenchon est inflexible et le PS est démonétisé. C’est la politique du PS français qui a fait obstacle aux générosités chrétiennes de Madame Merkel; c’est le PS qui a rendu les armes idéologiques au Medef; c’est le PS qui… Ny revenons pas. Hamon s’y opposait? Sans aucun doute. C’est même pour cela qu’il a gagné la primaire, pour chasser du jeu les années Valls-Hollande… Mais de là à le choisir, lui, le socialiste, comme unique acteur de la gauche…. Un socialiste, enfin! De la même manière qu’il exigeait de Valls un soutient incongru à sa tentative, Hamon doit assumer ce qui fut fait en son nom, au nom de son parti; comprendre en tous cas que l’embellie de la primaire n’efface pas l’héritage collectif. Guy Mollet avait envoyé toute la SFIO faire la guerre en Algérie, et toute la SFIO le paya, longtemps, les réfractaires inclus; les plus purs partirent alors fonder un autre socialisme, pur celui-là: Hamon a préféré la reconquête intérieure. Bien sûr. Mais il doit admettre que son succès ne change rien, et qu’il a été, lui aussi, pollué de pouvoir et de hollandisme, cet art d’étouffer la dialectique. Il en est. Il n’est pas parti. Le PS reste ce lieu étrange, où fermentèrent la haine et la posture, les oublis, les tristesses, et cela interdit, au fond, qu’Hamon ose espérer. Il ressemble à ce chaudron du malheur, quand il voudrait parler d’avenir. Sa campagne vire, dans l’adversité, à un étalage d’aigreurs et d’attaques, contre Fillon, Macron, cet homme d’argent, Mélenchon, Valls désormais… Hamon en perd ce qui faisait son prix: pouvoir, peut-être, incarner une vie nouvelle. N’aura-t-il été que l’instrument de la vengeance populaire contre Valls et les siens? On arrive parfois au mauvais moment…
Se souvenir de la SFIO
Hamon, en s’accrochant, n’est qu’un homme de l’appareil; il maintient sa candidature pour préserver les positions, la marque, l’existence d’un parti atteint physiquement, sous Hollande, autant que moralement, dans la perte de ses fiefs. Il est là pour la famille. C’est licite. Mais c’est maladroit et, pour la Présidentielle, cela ne suffit pas. S’il renonçait, Hamon épargnerait au socialisme la honte d’une défaite; il pourrait plus vite se consacrer à la reconstruction du mot et du parti, travailler pour demain, tandis que Mélenchon jouirait de la lumière; il s’abriterait derrière le vieux guerrier pour retravailler la matière politique; il s’investirait dans les législatives, cette catastrophe annoncée. Il servirait mieux sa cause qu’en se proclamant le rassembleur d’une gauche qui n’en a que faire. Il y a bien longtemps, vers 1962, les socialistes de la SFIO qui n’était qu’une formation vermoulue, dénigrée, épuisée d’avoir trop trahi, acceptèrent la disgrâce et entreprirent de discuter et d’agir avec le PC, ce frère ennemi communiste ancré dans ses certitudes, son lien avec l’URSS et sa dénonciation du capitalisme prospère des années soixante. Le PC était fort et la SFIO minuscule. Il fallait le faire. Cela n’avait rien de naturel ni d’évident.

On en est, aujourd’hui, au même point, politiquement. Le PS sort de Hollande sans unité, ni âme, ni doctrine, ni musique. Il peut glaner quelques forces en renonçant à la puissance, un moment. Ces socialistes qui plient ou plieront le genou devant Macron sont des militants logiques. Les plus farouches des socialistes devraient suivre cet exemple, et se soumettre à leur tour, à d’autres, à un autre. Aller au prochain meeting de Mélenchon, monter à la tribune, l’embrasser, lui offrir sa foi et le socialisme dans sa dignité restante, et reconstruire, ayant accepté son sort. Reconstruire, après avoir renoncé.


samedi 25 mars 2017

France. Présidentielle 2017. Retour sur un débat. Episode 2


Il y a eu, donc, ce premier débat contradictoire entre candidats à la présidence de la République française, et comme je l'indiquais au chapitre précédent, je me suis vu dans la position du spectateur d'un télé-crochet, invité à taper '1', '2' ou '3' pour sélectionner le/la candidat(e) à éliminer de la suite de la compétition.

Mon choix s'est, donc, porté sur Emmanuel Macron, dont j'ai lu, dernièrement, qu'il aurait gagné des points dans les sondages à la suite de ce premier débat.

Et là, je vous avoue tomber des nues !

Par parenthèse, dans le précédent chapitre, j'ai vivement critiqué la position assez inconsistante que j'estime être celle de Marine Le Pen, en raison de ce que je pense être un impair magistral consistant à hisser au même niveau le port d'éléments vestimentaires par des femmes tout à fait inoffensives, par ailleurs, d'une part, et les attaques au couteau, à la hache voire à la kalachnikov, perpétrées ça et là par des barbouzes n'affichant aucun signe d'appartenance religieuse, d'autre part.

Mais, comme je l'ai signalé également tantôt, j'ai préservé Marine Le Pen de toute élimination prématurée, et à cela, il y a, notamment, une raison importante, à savoir sa réactivité, ce qui est, forcément, la marque d'une vivacité d'esprit tout à fait remarquable.

Le fait est que Le Pen a été la seule des protagonistes du débat de l'autre jour à avoir spontanément relevé les prodigieuses incohérences contenues dans le discours d'Emmanuel Macron.

Petit retour en arrière, sur ce même blog, il y a quelque temps, je commentais trois meetings tenus le même jour, à Lyon (Mélenchon, Macron, Le Pen), et je vous avouais humblement que je n'avais pas eu la force d'écouter Emmanuel Macron plus de dix minutes, tant son discours sonnait creux.

Démonstration avec ce qui va suivre. Précision utile : je suis un très bon dactylographe, ce qui m'a permis de transcrire une bonne partie de la bande son du débat du 20 mars 2017 sur la chaîne française TF1.

Nous sommes dans la dernière demi-heure du débat ; il est plus précisément question de politique internationale, lorsque la journaliste Anne-Claire Coudray va relancer le débat, à la suite d'une intervention de François Fillon.

(Protagonistes : Journalistes : A.C.C./Anne-Claire Coudray, G.B./Gilles Bouleau - Débatteurs : F.F./François Fillon, B.H./Benoît Hamon, M.L.P./Marine Le Pen, E.M./Emmanuel Macron, J.L.M./Jean-Luc Mélenchon)


Verbatim
A.C.C. Merci beaucoup monsieur Fillon. Justement, vous évoquiez le président américain ; Emmanuel Macron, si vous êtes élu président, dès la fin mai, au G7, vous allez rencontrer Donald Trump, quelle est l’attitude qu’il faut avoir face à un président aussi imprévisible ? 
E.M. Je vais dire deux choses : la première, il y a eu un manque dans notre débat. 
A.C. C. Il y en a eu beaucoup d’autres !

F.F. On n’a pas parlé d’Europe.
 
E.M.  Il y en a eus beaucoup. Mais il y en a un… On a peu parlé d’Europe, très peu, et ce manque est important ; on a peu parlé aussi de finances publiques… 
A.C.C. Parce que vous avez pris du temps de parole pour autre chose… 
E.M. J’ai des désaccords avec François Fillon, on les a exprimés. Mais je pense, sans trahir les autres candidatures, que nous sommes les deux candidats à avoir au moins cherché à faire ce qu’on appelle un bouclage financier... 
M.L.P. D’austérité ! 
E.M. … c'est-à-dire à essayer de dire où est-ce qu’on fait des économies, où est-ce qu’il y a des dépenses à couper,  et… voilà, quel est le chemin de responsabilité  et je suis le seul candidat qui se conforme dès le début à nos engagements européens, parce que, on peut être pour l’Europe, m’enfin, messieurs-dame, ce sera notre désaccord cher Benoît Hamon, être pour l’Europe en disant : les règles sont pour les autres, les problèmes, c’est pour les autres, moi je suis européen quand ça m’arrange, non, et donc, il y a des règles qu’on doit respecter. Donc, je dis juste que c’est facile de faire des cadeaux, on a beaucoup parlé des cadeaux, sans doute trop, des promesses… 
J.L.M. Mais non, lisez mon chiffrage, monsieur Macron ! 
E.M. … on a envoyé des petits mots, mais on n’a pas été cohérents là-dessus, c’est un manque de notre débat. Moi j’ai un projet dont j’assume la cohérence ; il fallait en parler. Si on n’a pas un projet cohérent… 
J.L.M. Moi j’ai vingt milliards d’excédent dans mon chiffrage. 
E.M. Non, on n’est pas d’accord dessus je disais juste qu’on n’en a pas parlé, c’est tout. 
J.L.M. Peut-être bien, mais j’ai vingt milliards d’excédent dans mon chiffrage. 
(Brouhaha) 
A.C.C. Allez-y monsieur Macron. 
G. B. On s’éloigne beaucoup, beaucoup de Donald Trump, pardonnez-moi. 
E.M. Et donc, on a besoin pour cela d’Europe. J’aurai une position extrêmement simple : le mandat que m’aura donné le peuple français, c’est celui de défendre son indépendance et sa sécurité. 
M. L.P. Son indépendance ! 
E.M. Son indépendance et sa sécurité, oui madame Le Pen, parce que je défendrai et je défends l’indépendance de la France. Je la défends sur le plan économique, loin de vos grands rêves, avec un esprit de responsabilité, parce que j’en défends les intérêts et l’intérêt de toutes celles et tous ceux qui produisent et qui consomment, et j’en défends les intérêts sur le plan de la sécurité, et à cet égard, j’ai pris des engagements clairs, qui sont partagés par d’autres candidats, pour investir dans notre défense, pour tenir nos objectifs, pour garder notre neu-, notre autonomie. Mais j’inscrirai cette politique dans une feuille de route diplomatique. Le désaccord que j’aurai(s ?) avec certains c’est l’interventionnisme, qui a pu avoir lieu en Libye, ou ailleurs. Une feuille de route diplomatique, c’est ce qui guide la politique de la France. Une indépendance dans l’Europe, non pas pour s’y fondre, non pas pour s’y confondre… 
M.L.P. émet des sons. 
E.M. … mais pour construire des partenariats structurés, avec les Allemands en particulier… 
M.L.P. C’est vide, complètement vide ! 
EM. … (les Allemands) qui, en effet, doivent partager le fardeau, mais qui doivent nous aider à tenir en Afrique, au Proche et Moyen-Orient notre position. Et une indépendance parce que la priorité de ma politique, ne vous en déplaise, madame Le Pen, ce sera la sécurité des Français dans la lutte contre Daesh, dans la lutte à l’intérieur et à l’extérieur. Donc j’aurai cette politique de crédibilité, de continuité. L’indépendance avec les moyens, loin du chaos, loin de l’insulte à l’égard de l’Europe. Une politique de responsabilité parce que notre histoire… 
M.L.P. C’est incroyable ! 
E.M. … celle de la France et des Etats-Unis, c’est une histoire séculaire. Nous avons ensemble construit la paix dans le monde. Nous avons, ensemble, fait renaître, mais oui, on l’a fait, ne vous en déplaise, monsieur Mélenchon, on l’a fait, avec des alliances historiques, et à cet égard… 
F.F. Avec les Russes aussi, d’ailleurs… 
J.L.M. Avec les Russes, ben oui ! 
E.M.  Et parfois avec les Russes. Nous aurons là-dessus un désaccord. 
F.F. Avec un homme qui s’appelle Staline. 
E.M. Aujourd’hui, les Russes ne partagent pas, monsieur Fillon, c’est mon désaccord avec vous… 
F.F. À l’époque non plus, hein ! Staline ne partageait pas grand-chose avec nous non plus. 
E.M. Vous avez complètement raison, sauf qu’aujourd’hui, je ne construirai pas mon indépendance, comme vous le proposez, madame Le Pen, en allant me rapprocher de monsieur Poutine. Je la construirai avec les outils de cette indépendance… 
F.F. Il faut faire la paix avec la Russie. 
E.M. … avec une politique de responsabilité, avec une vraie politique européenne. Voilà. 
M.L.P. Vous savez quoi, monsieur Macron, vous avez un talent fou… 
A.C.C. Vous êtes trop en avance. 
M.L.P. …vous arrivez à parler sept minutes, je suis incapable de résumer votre pensée, vous n’avez rien dit ! 
E.M. Et j’ai encore parlé, madame Le Pen, j’ai encore parlé moins que vous ! C’est incroyable ! 
M.L.P. Rien dit ! C’est le vide absolu, sidéral ! J’attire l’attention des Français… Il faut qu’ils s’attachent à vérifier qu’à chaque fois que vous prenez la parole, vous dites un petit peu de ceci, un petit peu de cela et jamais vous ne tranchez. On ne sait pas ce que vous voulez… 
E.M. Mais madame Le Pen, je crois que… 
M.L.P. On ne sait pas ce que vous voulez, c’est très…, honnêtement je trouve ça très inquiétant. 
E.M. Mais si vous n’avez pas compris… 
M.L.P. Très inquiétant. 
E.M. … que comme vous, je ne veux pas pactiser avec monsieur Poutine, si vous n’avez pas compris que contrairement à vous, je veux une politique française forte mais responsable, c’est-à-dire pas la ruine, pas les dépenses qu’on ne sait pas financer… 
M.L.P. Ça ne veut rien dire, « forte mais responsable » ! Ça ne veut rien dire ! 
E.M. … quand vous aurez compris que comme, contrairement à vous, je propose d’avoir une France forte dans une Europe que j’assume pleinement, c’est notre grand désaccord. 
M.L.P. C’est de pire en pire. 
E.M. Eh oui, eh oui, mais c’est notre désaccord. Alors quand on n’est pas d’accord avec vous on peut être clair. C’est juste qu’on n’est pas d’accord… 
M.L.P. C’est pas clair du tout ! 
E.M. … il y a beaucoup de Français qui ne sont pas d’accord avec vous.
Fin (provisoire) du verbatim


Alors, vous avez tout compris ? Oui ? Non ?

Je vous avoue que j'ai lu, écouté, visionné des choses ici et là, après ce premier débat, sans qu'à aucun moment je ne tombe sur une analyse digne de ce nom, à croire que la France, le pays de Blaise Pascal, de Montesquieu, de Descartes, de Sartre..., manque de cerveaux capables d'analyser un discours politique. Il est vrai que nos soi-disant politologues ne sont plus que des politocrates - comme bureaucrates mais spécialisés en blablabli-blablabla politique - juste capables de paraphraser les sondages !

Et, comme preuve que les études supérieures - pas inférieures ! -, ça sert à quelque chose, je m'en vais, incessamment, expliquer à notre classe journalistico-politicarde ce qu'il y a de tout bonnement stupéfiant dans le discours de cette BAUDRUCHE nommée Emmanuel Macron.

Par parenthèse, avez-vous bien relevé la question initiale, posée par Anne-Claire Coudray à Emmanuel Macron ?

A-C. C. Merci beaucoup monsieur Fillon. Justement, vous évoquiez le président américain ; Emmanuel Macron, si vous êtes élu président, dès la fin mai, au G7, vous allez rencontrer Donald Trump, quelle est l’attitude qu’il faut avoir face à un président aussi imprévisible ?

Et maintenant, relisez bien la réponse, ou plutôt la tentative désespérée de Macron, de ne pas répondre à la question posée.  Je dois dire que, dès le début de la "réponse" de Macron, je me suis mis à entendre des "gloussements" dans le casque (audio) ; un très bon casque, au demeurant, permettant d'entendre jusqu'à la respiration des débatteurs. Et là, je réalise que l'auteur des "gloussements" n'est autre que Marine Le Pen, laquelle n'en croit pas ses oreilles et n'en finit pas de le manifester ("c'est pas croyable !", "mais ça ne veut rien dire !"). Mais, pour des raisons tant techniques que pratiques, il n'a pas été possible de transcrire toutes les interventions 'parasites' ayant accompagné le discours des uns et des autres.

La question ? Fin mai, au G7, vous rencontrez Donald Trump...

Et là, on a l'impression que le "jeune" Macron est comme pris de panique. Je ne suis pas un adepte de Freud - et ce d'autant moins que je l'ai longtemps étudié à la FAC, à Strasbourg -, mais j'imagine que les adeptes de la secte psychanalytique verront dans le comportement de Macron ce que l'autre appelait un "acte manqué".

C'est simple, Macron ne se voyait pas du tout dans la position d'un président français apparaissant, au prochain G7, aux côtés de six autres grands dirigeants du monde !

Pour le reste, examinez bien ma transcription, en la rapprochant de l'original sonore (Youtube). Je précise que l'on est dans la dernière demi-heure.

Et si, comme moi, vous avez quelques notions de linguistique, analysez bien les phrases d'Emmanuel Macron, sa technique d'évitement (ou comment ne pas répondre tout en donnant l'impression de répondre) ainsi que ses lapsus plutôt croustillants (cf. "comme vous/contrairement à vous").

On en reparle bientôt ?


À suivre...