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dimanche 2 février 2020

Sémantique de la désinformation #25


Épisode §25. Où il est question de la sémillante Marlène S.

Cette fois (encore), ça va être très court (Ça c'est vite dit !).

Entendu, l'autre jour, à la télévision (française) : 
Le président de la République a été élu sur ce projet de réforme des retraites. Marlène Schiappa (secrétaire d'État à l'égalité des sexes ou quelque chose comme ça) dixit (BFMTV, le 20 janvier 2020).
Sur la même chaîne d'informations, autre jour, autre son de cloche :
Le recul de l'âge de la retraite n'était pas dans le programme d'Emmanuel Macron. Ségolène Royal dixit (BFMTV, 26 janvier 2020).
Alors, il y a forcément une des deux qui dit vrai, et l'autre qui ment.

Et comme vous êtes des familiers de ce blog, vous savez forcément laquelle des deux ment.

La preuve en images (ces deux archives ont déjà été affichées ailleurs sur ce blog) :


Vous savez quoi ?

Le problème, ce n'est même pas qu'une responsable politique, en l'occurrence Marlène Schiappa, mente avec aplomb devant des journalistes, face caméra, mais que ces mêmes "journalistes" fassent semblant de ne pas savoir, à ce moment-même, qu'elle ment, et s'abstiennent de lui dire, preuve à l'appui : "Madame Schiappa, vous mentez !".

Mais bon. Heureusement que nous avons désormais l'Internet.

Et après, il s'étonneront (journalistes et autres journaleux et journaleuses) de voir leur corporation perdre tout crédit auprès du grand public !

mercredi 15 janvier 2020

Petit courrier destiné à un grand journaliste économique

14 janvier 2020

J'écoute la matinale de France Inter. Si, si, j'écoute souvent la matinale de cette radio publique (après avoir visionné les rediffusions des journaux du soir des télévisions de l'Outre-mer, relayées par France Ô). Je vous ai déjà avoué une certaine appétence pour les "papiers" de Sophia Aram, le lundi. Et c'est là que je retirerais volontiers l'épithète quelque peu ironique dont j'affublais naguère cette radio, que j'ai longtemps qualifiée de... "gouvernementale". Mais j'avais quelque raison de traiter ainsi cette radio publique, quand on se souvient des chroniques plus que convenues de ce pseudo-expert qu'était Bernard Guetta (imparfait de rigueur !), lequel Guetta s'est recyclé comme... député européen au sein du parti du monarque élu en mai 2017. Et il y en a qui ont dû faire semblant de paraître surpris !

Des années durant lesquelles Guetta nous a fait du Michel Droit ! Vous voyez bien qu'il m'arrive d'avoir du flair !

Mais j'évoquais tantôt mon intention de retirer cette épithète infamante de "gouvernementale", précisément après avoir entendu Sophia Aram se fendre d'une lettre ouverte à l'attention du ci-devant ministre de l'Intérieur.

Entre nous, j'imagine que feu Michel Droit a dû se retourner dans sa tombe en constatant que la subversion avait envahi ce fleuron de la flagornerie que fut longtemps France Inter, notamment au "bon vieux temps" où un certain Général squattait l'Élysée.

Le nom de Michel Droit ne vous dit rien ? Allez donc faire une petite recherche dans les archives de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), section radio, et vous tomberez inévitablement sur telle interview de Charles de Gaulle par cet illustre cireur de pompes qu'était M. D.

Mais que vient faire Sophia Aram dans l'histoire ? Ben, c'est tout simple. J'imagine une telle chronique sur France Inter, disons dans les années d'activité de Michel Droit, avec Alain Peyrefitte ministre de ci, Michel Debré ministre de ça, voire premier ministre, Pierre Messmer autre ministre de ça, Jacqueline Baudrier présidente de la radio publique, etc.

Elle en a de la chance, Sophia Aram ! Et si vous voulez vous plier en deux de rire, comme je l'ai fait l'autre lundi, en écoutant Sophia Aram, ben, vous n'avez qu'à aller visiter le podcast de la fameuse radio publique !

Mais mon intention première ne visait pas Sophia Aram, mais un autre intervenant sur la fameuse matinale de France Inter, j'ai nommé le sémillant journaliste économique Dominique Seux, que j'ai entendu ironiser, lui aussi, sur le prétendu naufrage que Marine Le Pen aurait connu lors d'un fameux débat d'entre les deux tours de la présidentielle de 2017.

Le fait est que je ne suis pas un fan du Rassemblement National ni de Marine Le Pen, ce qui ne m'interdit nullement d'observer ce mouvement et sa présidente avec un maximum d'objectivité.

Et je maintiens ici que, sur un plan strictement factuel, le programme présidentiel de Marine Le Pen était, et de loin, le document le mieux ficelé car réalisé par des professionnels, là où à peu près tous les autres documents, notamment celui du futur président, semblaient avoir été concoctés par des collégiens en stage de traitement de textes durant la semaine de la presse ! (voyez les archives du blog)

Et puis, il y avait le contenu, l'adhésion franche de Marine Le Pen au referendum d'initiative populaire ayant totalement éclipsé le blablabli-blablabla de tous les autres programmes et ayant, à elle seule, expliqué sa présence au second tour de la présidentielle ; c'est mon avis et je le partage !

Arrive ce fameux débat, dont on nous dit un peu partout que Le Pen l'aurait raté, sans jamais fournir le moindre commencement d'argumentation. Elle l'a raté ? Peut-être, mais à quel moment, et en disant quoi ? On ne sait pas !

Ce fameux débat, je l'ai analysé ici même, notamment cette première demi-heure où il fut abondamment question d'Alstom et de General Electric. Et là, ô surprise, les mêmes (journalistes) qui se gaussent sur un prétendu ratage de Marine Le Pen affichent une discrétion de Sioux à propos des licenciements annoncés dernièrement à Belfort, de même qu'ils rasent les murs à l'idée de l'évocation de telle ou telle commission d'enquête parlementaire suscitée par de sérieux doutes sur la régularité de la vente d'Alstom-Énergie à l'américain General Electric. Certains parlent même d'un scandale dans lequel serait mêlé un des participants à ce fameux débat d'entre les deux tours.

Voilà, donc, que ce "grand" journaliste économique qu'est Dominique Seux y va de son réquisitoire sans preuve ni argumentation sur le prétendu naufrage en direct de Marine Le Pen, et cela ne pouvait que m'inciter à lui adresser les trois messages qui suivent (à lire dans l'ordre chronologique inverse). 
Du coup, je suis allé jeter un oeil sur le "papier" que j'ai consacré à ce débat ici même.

7800 mots, 44000 signes et espaces, soit plus de vingt pages standard de 2000 signes.

Et comme je l'annonçais à notre "grand" journaliste économique, hormis le titre, quelque peu excessif, je ne trouve strictement rien à redire à ce papier.

Ce fameux débat de 2017 a vu s'opposer une Marine Le Pen étonnante de naturel, à qui on est allé jusqu'à reprocher la pile de dossiers étalés devant elle. Ceux-là n'ont jamais assisté à une audience juridictionnelle, avec avocats et greffiers croûlant sous les piles de dossiers de toutes les couleurs. Du coup, ils ont oublié que Marine Le Pen était avocate de formation !

 

Ce soir-là, Le Pen s'est retrouvée devant un comédien qui avait été scrupuleusement "coaché" par des experts en communication ; ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Mais l'essentiel est ailleurs : depuis deux ans et demi, la France populaire est dans la rue ; on a vu les retraités battre le pavé six ou sept fois, eux qui ne manifestent presque jamais. Et on a eu les Gilets Jaunes, les personnels de santé, jusqu'à des professeurs de médecine menaçant de démissionner, avocats, danseurs de l'Opéra de Paris, enseignants, cheminots..., sans oublier les Outre-mer, terres de résistance et de jacqueries.

Et comme j'adore me citer, voici en quels termes je concluais le long papier que j'avais accordé à ce fameux débat :
Alors, il se peut fort bien qu'Emmanuel Macron soit élu tantôt président de la République française, mais je suis prêt à parier qu'il va, alors, se retrouver dans le même état d'esprit qu'un certain Rosberg au soir de sa victoire en championnat du monde de F1.
 Quant à Monsieur Dominique Seux, on l'invite instamment à s'intéresser d'un peu plus près au sort des personnels menacés de licenciement à Belfort, ainsi qu'à la vente controversée d'Alstom  Energie à General Electric, au lieu de donner dans le blablabli-blablabla un peu facile de la volaille "moutonnière" censée faire l'opinion ? 

On résume ?

Qu'il s'agisse de Dominique Seux ou de n'importe quelle "grande" figure de la presse, je défie quiconque de nous fournir une analyse méthodique et argumentée du prétendu naufrage de Marine Le Pen au cours de ce fameux débat de 2017. Vous avez vu comment je travaille, je veux dire comment un quidam sachant analyser un texte travaille ? On fait faire ça à des élèves de Première ou de Terminale, le jour du BAC.

Et quand bien même Le Pen aurait été "nulle en économie", De Gaulle et Mitterrand étaient des férus d'économie ? Et faut-il être ancien banquier d'affaires ou ancien conseiller référendaire à la Cour des Comptes, ou inspecteur des finances pour se porter candidat pour l'Elysée ? 

Pour mémoire, on nous bassine régulièrement avec la présence des économistes parmi les dédicataires du Prix Nobel, aux côtés de la Chimie, de la Médecine... Le problème est que l'économie est tout sauf une science, ce terme devant être réservé à l'étude des lois naturelles, lesquelles sont intangibles sur des milliards d'années (*), tout le contraire des digressions de l'économie, cette dernière relèvant plutôt du contrat social. C'est dire si elle repose sur des principes hautement fluctuants, dans le temps et dans l'espace.

Citation
(M. Le Pen) Et puis, somme toute, les Français ont aussi pu voir le vrai Macron, dans ce second tour : la bienveillance a fait place à la médisance ; la stratégie marketing a été reprise en main par la machine du PS et puis le sourire étudié se transforme en rictus au fur et à mesure des meetings ; l’enfant chéri du système et des élites, en réalité a tombé le masque, monsieur Macron, voilà. C’est bien, je trouve que c’est utile...
Mais Le Pen ménage ses effets, réservant l'attaque la plus virulente pour la fin, et la troisième personne du singulier fait place à l'apostrophe, au "vous". Du grand art ! (cf. lien n° 1 ci-dessous)

Fin de citation

Par parenthèse, vous aurez observé que tous nos "grands" journalistes sont tombés à bras raccourcis sur Le Pen, mais aucun(e) n'a osé affirmer que l'adversaire de Le Pen, ce soir-là, ait dominé l'affrontement ! En somme, Le Pen a perdu la bataille, mais on ne sait pas contre qui ; en tout cas, on se garde bien d'encenser son adversaire ! L'art de dire, sans dire, tout en disant... Voyez ma série sur la sémantique de la désinformation.

Dernier petit rappel : au second tour de la présidentielle, Le Pen a vu son score presque doubler entre les deux tours, ce qui traduit tout le contraire d'un effondrement ; comme quoi...; et, par ailleurs, aux dernières élections en date (Européennes, 2019), le Rassemblement National a réalisé quelques scores édifiants ici ou là, je pense à ce carton plein dans la totalité des circonscriptions de la... Réunion, le RN s'étant classé premier parti de France aux européennes, et ce, malgré le prétendu ratage intervenu deux ans plus tôt. Autant dire qu'en termes de "ratage", je connais bien des partis politiques, en ce moment-même, qui aimeraient se planter aussi bien ou aussi mal que le parti lepéniste ! (source)

Entre nous, le rappel incessant à ce débat, que Le Pen aurait raté en 2017, ne ressemblerait-il pas de plus en plus à un disque rayé, quand on voit dans quel état de delirium tremens la France se trouve en ce moment, sans que Le Pen y soit pour quoi que ce soit ?

La corporation des journalistes serait bien inspirée de sortir de la litanie moutonnière dans laquelle elle se complaît depuis trop longtemps, avec cette propension à ânonner les mêmes "éléments de langage", ainsi que le confirment moult sondages récurrents en matière (de perte) de crédibilité de la presse. (source) 


(*) Prenez, au hasard,  le génial paradoxe de Blaise Pascal : "Les liquides (fluides) pèsent selon leur hauteur.". Ça fait des milliards d'années que ça dure, et ça va durer encore quelques milliards d'années  ; rien de tel en économie ! 



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mardi 7 janvier 2020

Réflexion sur une forme d'amnésie collective

Memento ("je me souviens")

Documentaliste de formation (entre autres métiers pratiqués) dans une vie antérieure, mais surtout collectionneur compulsif de toutes sortes de documents, et ce, depuis ma plus tendre enfance, je vous avoue avoir du mal à jeter du papier. Donc, je stocke livres, disques, DVD, journaux, magazines, ordinateurs, instruments de musique..., au point de devoir doubler la surface de mon logement tous les dix ans à peu près, pour cause d'encombrement !

Avril 2017, un marché de la banlieue parisienne, des distributeurs de tracts. On est en pleine campagne pour l'élection présidentielle. Rentré chez moi, je scanne le tract et l'archive sur un disque dur amovible. Vous trouverez mon analyse de cette campagne électorale dans les archives de ce blog. Lisez notamment ce que je dis de ce fameux débat d'entre les deux tours, où il fut abondamment question de... General Electric, vous savez ?, ceux qui sont en train de licencier à Belfort !

En ces temps de blablabli-blablabla généralisé, où à peu près tout le monde semble frappé d'amnésie (ce à quoi je ne crois pas une seconde, ne connaissant que trop bien la propension au cynisme des politiciens et autres politicards), il m'a semblé utile de ressusciter cette archive pas si vieille que ça.

Pour le reste, no comment.


 



Lectures : 01 - 02 - 03 - 04


vendredi 10 novembre 2017

2017 : de Trump à Macron, retour sur une année électorale


C'est qu'il s'en est passé, des choses, depuis l'automne 2016, qui vit le "populiste" Donald Trump triompher d'Hillary Clinton !

Depuis lors, j'avoue n'avoir pas eu le temps de consacrer la moindre ligne à cette élection, et à cela, il y a plein de raisons, sur lesquelles je reviendrai tantôt.

Observons, en passant, que l'intelligentsia mondiale s'est bel et bien plantée, qui voyait Clinton l'emporter par K.O. !

Clinton, vous savez ? La politicienne diagnostiquée d'une pneumonie un matin, qui rentre chez elle en titubant, soutenue par des comparses, et qui, dans la même après-midi, apparaît sur les boulevards newyorkais en affichant une mine réjouie, prenant même le temps d'embrasser une fillette.

Et déjà, à l'époque, j'avais écrit, ici même, que soit c'est la bonne Clinton que l'on a vue sur le boulevard, et alors elle est bien irresponsable d'aller risquer de refiler ses bactéries à cette pauvre gamine, ou alors c'est un sosie - chose démontrée, photos à l'appui, par des internautes -, et dans ce cas, comment les Américains pourraient-ils confier leur destin à une affabulatrice de cet acabit ?

Donald Trump ? Il a tout d'un grossier personnage, mais si je dois lui trouver une qualité, et une seule, c'est de nous avoir débarrassés de cette pouffiasse d'Hillary C. En tout cas, Trump avait, lui au moins, et contrairement à son adversaire, l'avantage de n'avoir aucune goutte de sang africain (libyen) sur les mains !

Et la France, allez-vous me dire ?

Pour ma part, j'en étais resté à l'analyse du "plafond de verre" auquel semblait devoir se heurter irrémédiablement Marine Le Pen.

Avec le recul, je ne suis pas du tout mécontent de mes analyses d'alors ; et comme j'ai l'esprit méthodique, je compte bien procéder à un "débriefing" personnel de la série d'articles que j'ai consacrée à la présidente du Front National.

By the way, il paraît que Florian Philippot a quitté le FN ? Non mais, sans blague !!!!!

Les lecteurs assidus de ce blog savent que la seule question qui vaille est celle-ci : "mais que diable Philippot est-il allé faire au FN ?". Je suis certain que Jean-Marie Le Pen a sa petite idée sur la réponse ; moi aussi, et, pourquoi ne pas le dire ?, il n'est pas impossible que nous soyons sur la même longueur d'ondes !

Ce que je ne m'explique pas, c'est comment Marine Le Pen a pu être aussi aveugle devant les manigances de ce faux jeton de Florian P., que l'on devrait retrouver, bientôt, à sa vraie place, à savoir à l'UMP, enfin, je veux dire chez Laurent Wauquiez ! 

Et Macron dans tout ça, allez-vous me demander...

Macron ? J'ai pris tout mon temps pour l'observer attentivement. Le fait est qu'il est le seul des candidats à la présidentielle auquel j'aie personnellement écrit, soit quelques jours avant sa défection du gouvernement de Hollande-Caseneuve.

Et à l'époque, je lui avais déjà confié que, dans tout ce qu'il pouvait déclarer ici ou là, je ne trouvais rien d'essentiel.

Il se trouve que, six mois plus tard, après l'avoir observé et écouté presque quotidiennement, je n'ai pas changé d'avis : décidément, ce nouveau président, qui se voudrait "jupitérien", me plonge chaque jour dans un abîme de perplexité.

Un exemple ? Pour quelqu'un qui prétendait restaurer l'aura de la parole présidentielle, en ne galvaudant pas la fonction dans des bavardages avec les journalistes, histoire de se démarquer de son prédécesseur, je trouve qu'on le voit,  Macron, décidément, beaucoup, mais surtout, qu'il parle, alors là !, un peu trop !

Tant j'ai l'impression qu'en à peine six mois, Macron a livré plus de discours qu'un Giscard ou qu'un Mitterrand, voire un De Gaulle, en l'espace de tout un septennat !

Prenez cette interview télévisée concoctée en catastrophe un dimanche soir... Il faut croire qu'il y avait urgence !

Un dimanche, dans la soirée, voilà que le président jupitérien ordonne à des journalistes de venir boire ses paroles élyséennes, le tout au risque de bousculer le sempiternel dispositif dominical d'une chaîne commerciale qui tient à ses parts de marché moyennant un film grand public censé livrer à Coca Cola et à d'autres cent vingt minutes ou à peu près de cerveau - de consommateur et de ménagère de plus ou moins cinquante ans - disponible.

Il faut vraiment croire qu'il y avait urgence !

Autre chose ?

Ce passage à  Strasbourg, devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, pour y tenir un discours sur la récente loi sur la sécurité...

Je vous avoue que j'en suis encore à m'interroger sur ce que le président français est allé faire à Strasbourg, alors même que l'évidence lui commandait de soumettre la loi récemment promulguée à la sagacité du Conseil Constitutionnel, ainsi que l'on enseigne la chose aux étudiants de première année de Fac de Droit, Conseil Constitutionnel dont l'avis devrait conditionner la viabilité de la loi en question.

Par parenthèse, quid de la saisine dudit Conseil par une soixantaine de parlementaires ?

Autre chose ?

Les lecteurs de ce blog, qui ne vivent pas en France et ne consultent pas les médias électroniques français, vont pouvoir se faire une petite idée de la présence médiatique du président français : ce qui suit est une petite collection de captures d'écran réalisées sur à peu près trois semaines, soit entre la mi-octobre et le début de novembre 2017.

Ça commence par un "grand" discours sur la sécurité, devant un parterre de "hautes personnalités" ; le genre d'allocution que Vladimir Poutine tient une fois par an, sauf qu'ici, on doit en être autour de la quinzième en six mois !

Et, bien évidemment, c'est le branle-bas de combat dans les médias, avec des armées de politologues et politocrates qui vont analyser le discours, avant, pendant, et après...

Ça va continuer avec un déplacement "jupitérien" en Guyane, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas été une réussite, puis l'on va retrouver Jupiter tenant conférence lors d'un sommet européen à Bruxelles, puis inaugurant un musée dans les Emirats Arabes Unis, avant de tenir un discours devant des militaires quelques heures plus tard...





















Depuis la dernière image, le président jupitérien s'est rendu en coup de vent en Arabie Saoudite, avant de recevoir, dès le lendemain, son homologue allemand, en compagnie duquel il s'est envolé vers un champ de bataille de la première guerre mondiale, le tout, à la veille du 11 novembre, où l'on devrait l'apercevoir sous l'Arc de Triomphe, le tout devant micros et caméras...

Six mois, sur cinq ans...!

Mais tout ce qui précède n'est qu'un hors-d'oeuvre : nous allons, bientôt, procéder à un "débriefing" circonstancié de l'année électorale qui vient de s'écouler, et de pas mal d'autres choses, et je suis persuadé que mes fidèles lecteurs en salivent d'avance !



mercredi 17 mai 2017

France. Présidentielle 2017 ou comment Le Pen tua Macron §2


Comme suite du (voire de deux) chapitre(s) précédent(s) [cf. également la série 'Lettres ouvertes aux étudiants de Science Po'], je m'en vais en remettre une couche, et ce, malgré les balivernes colportées dans la grande presse, et selon lesquelles Marine Le Pen aurait sombré face à Emmanuel Macron lors de ce fameux débat d'entre les deux tours.

Je rappelle que, contrairement à moult bonimenteurs (boni-menteurs), je dispose d'un enregistreur numérique ainsi que d'un banal système informatique de capture d'images qui me permettent d'analyser ce fameux débat image par image, outre le fait que je maîtrise un peu la langue française, capacité faisant cruellement défaut à plus d'un "expert" (et le fait que ce texte comporte éventuellement, ça et là, l'une ou l'autre coquille ou faute de frappe, que je rectifierai dès la prochaine relecture, ne change rien à l'affaire !).

Petit rappel, en passant : nos bonimenteurs et -menteuses ne nous ont-ils pas fait le coup, et ce, au mépris de toute évidence, que Marine Le Pen était venue chargée de dossiers, tandis que son adversaire n'avait aucune note ?! 


Par parenthèse, en avez-vous entendu ou lu un(e) seul(e) battre sa coulpe pour avoir raconté des bobards et menti sciemment sur l'absence de notes devant Macron ?

Autre chose ? Avant ce fameux débat de l'entre-deux-tours, rien n'était intervenu auparavant, ni autres débats, ni interviews des deux candidats, ni meetings, ni même programmes ! Nos experts n'ont, donc, eu que ce débat pour se faire une idée du contenu des programmes des deux protagonistes de ce second tour de présidentielle !

Et ce sont les mêmes qui tentent de nous faire avaler, depuis septembre 2001, la théorie de deux tours jumelles s'affaissant droites comme des 'I' dans leur propre empreinte, par la faute de kamikazes ayant détourné deux avions de ligne, tout en étant - nos experts - d'une discrétion de Sioux à propos d'une troisième tour (WTC7) s'étant affaissée comme les deux premières, mais sans avoir été touchée par le moindre aéronef !

Et comme j'ai pris l'habitude de ne me faire une idée sur les choses que par moi-même, en me méfiant comme de la peste des analyses vasouillardes des pseudo-experts de la petite-et-grande-presse, je m'en vais poursuivre l'examen de ce fameux débat à l'aide de ma propre transcription.

Pour être honnête, étant donnée "l'incompétence crasse de Marine Le Pen en matière économique", surtout face à cet excellent débatteur qu'est censé être Emmanuel Macron, ce sont les réponses de ce dernier que j'ai tenu à examiner attentivement.


Rappel :

C. J. : Christophe Jakubyszyn, journaliste
N. S. C. : Nathalie Saint-Cricq, journaliste
M. L. P. : Marine Le Pen
E. M. : Emmanuel Macron

Fin du premier quart d'heure


M. L. P. (...) Encore une fois, de grandes entreprises vous ont vu, ce sont celles que vous avez fait acheter par des grands groupes américains, au détriment, évidemment, de l’intérêt national : c’est Alstom, c’est Technip, il y en a eu toute une série d’autres dans le cadre de conflits d’intérêts d’ailleurs un peu problématiques avec l’ancienne banque chez qui vous travailliez. Donc, vous voyez, vous n’avez pas d’esprit national, vous ne pensez pas à l’intérêt supérieur de la nation, vous défendez, je vous le reprocherai toujours, des intérêts privés, je pense que les Français en ont pris conscience, le problème c’est que derrière, il y a de la casse, il y a de la casse de votre politique à Whirlpool, il y a les entreprises qui délocalisent, et puis, ça ce n’est pas une anecdote, monsieur Macron, ce sont des entreprises que vous avez vendues, SFR, par exemple, à votre ami Monsieur Drahi, le patron de BFM, six mille emplois, six mille emplois, perdus…

E.M. Alors, là, si vous m’y autorisez… ça fait donc, à peu près trois minutes que madame Le Pen nous explique sa stratégie pour lutter contre le chômage en France.

M.L.P. Je vous l’ai dit : baisse des charges des TPE-PME

E.M. Il n’y a en a pas… Non mais il n’y en a pas, vous nous faites votre stratégie…

M.L.P. Je vous ai tout donné, monsieur Macron, tout ce que vous n’avez pas fait !

E.M. Madame Le Pen, Madame Le Pen, ce qui est extraordinaire c’est que votre stratégie, mais c’est normal, ça fait des décennies que ça dure, votre stratégie, c’est simplement de dire beaucoup de mensonges (1), et de dire tout ce qui ne va pas dans le pays. Mais vous ne proposez rien. Parce que si vous aviez suivi le film des dernières années, les charges ont baissé ;  le CICE, c’est une baisse de charges (2a)

M.L.P. Des grandes boîtes !

E.M. Non, le CICE c’est pour toutes les entreprises.

M.L.P. Vous savez très bien que les TPE-PME n’en ont pas profité !

E.M. Madame Le Pen, Madame Le Pen…

M.L.P. Elles vous l’ont dit, d’ailleurs, elles vous l’ont dit !

E.M. … c’est pour ça que dans le projet que je porte, je propose de baisser de six points les charges des TPE-PME (2b). C'est pour ça que je propose de baisser l’impôt sur les sociétés à 25 %. Vous ne proposez rien…

M.L.P. Pour toutes les entreprises, monsieur Macron, y compris pour les grosses. Alors que moi…, moi je donne une priorité totale aux TPE-PME.

E.M. Mais, vous faites ce que vous voulez…

M.L.P. Je crois que c’est moi qui crée l’emploi dans notre pays…

E.M. … rien. Vous êtes…

M.L.P. Vous, vous facilitez simplement la vie des grands groupes.

E.M. Vous êtes depuis tout à l’heure dans l’insinuation.

M.L.P. C’est normal, ce sont vos amis, avec qui vous buvez des coups à la Rotonde ! On comprend hein !

E.M. Ce ne sont, madame Le Pen, les Français et les Françaises, ils méritent mieux que cela. Je vous assure.

M.L.P. La vérité, ils méritent…

E.M. Ils souffrent, oui, ils méritent d’abord la vérité, plus que les insinuations, parce que si vous étiez bien renseignée sur tous les cas industriels que vous avez cités, vous sauriez que c’est très différent : je n’étais pas ministre quand SFR a été vendu, et SFR était la propriété d’un groupe totalement privé (3a).

M.L.P. Pardon ! Vous n’étiez pas ministre ?

E.M. Non, je n’étais pas ministre.

M.L.P. Vous avez déjà commis ce mensonge devant dix millions de personnes lors du débat que nous avions eu…

E.M. Ça peut vous contrarier…

M.L.P. … et quand monsieur Dupont-Aignan vous a posé cette question, évidemment, vous étiez ministre, vous avez été à la manœuvre sur l’intégralité de ces dossiers.

E.M. Attendez ! Vous pouvez décider…

M.L.P. Puisque monsieur Montebourg refusait que SFR précisément soit vendu à monsieur Drahi,

E.M. Mais l’Etat…

M.L.P. Et le jour où monsieur Montebourg a été remplacé par vous, monsieur Macron, eh bien, immédiatement, vous avez signé la vente. C’est ça la réalité.

E.M. Madame Le Pen, madame Le Pen, SFR était la propriété d’un groupe privé, qui s’appelle Vivendi. Nous sommes dans un Etat où la propriété privée est respectée (3b). C’est le groupe Vivendi qui l’a vendu, ne dites pas de bêtises (1) ! Vous en dites beaucoup, ce n’est qu’une des bêtises que vous avez proférées depuis tout à l’heure, mais surtout, ça ne fait pas avancer le pays…

M.L.P. Mais votre prédécesseur, il ne voulait pas la vendre !

E.M. Mais personne ne voulait la vendre ! (3c) Simplement, quand vous avez un groupe privé, qui est détenu par des capitaux privés, oui cherchez dans votre dossier. Vous feriez bien de vérifier, mais allez-y !

M.L.P. Oh oui, je vais vous trouver ça immédiatement et vous allez voir que vous allez être en difficulté une fois de plus.

E.M.  Je connais, je connais un peu les dossiers de l’économie française.

M.L.P. Janvier 2015, devant l’Assemblée, j’ai pris la décision, pour Alstom, vous avez dit à Monsieur Dupont-Aignan, c’est pas moi.

E.M. Mais, on parle d’Alstom ou de SFR (3d) ?

M.L.P. Janvier 2015, devant l’Assemblée, j’ai pris la décision de permettre à General Electric de rentrer dans Alstom, moi personnellement.

E.M. Mais madame Le Pen, vous ne parlez pas du même sujet ; vous parlez d’Alstom et de General Electric (3e) !

MLP. Le lendemain, le lendemain… Laissez-moi terminer ! Le lendemain, le lendemain du départ de M. Montebourg, vous avez accordé, alors qu’il le refusait, la vente de SFR. C’est la réalité, pourquoi vous ne l’assumez pas ? Assumez-le !

EM. Je l’assume d’autant plus que…

MLP. C’est ce que vous faites le mieux, de dépecer des entreprises et de faire des fusions-acquisitions ; ça vous savez très bien le faire ! Y a aucun problème !

EM. Madame Le Pen, vous êtes en train de lire une fiche qui ne correspond pas au dossier que vous avez cité (3f). C’est triste pour vous, parce que ça montre votre impréparation à nos concitoyens.

MLP. Deux dossiers vendus contre les intérêts de la France !

EM. C’est faux, je n’étais pas ministre pour SFR. Quant à General Electric et Alstom, M. Montebourg s’est battu, je me suis battu à ses côtés pour que ça ne soit pas vendu (3g) ; on peut rentrer si vous voulez dans l’intimité du dossier, vous allez pas tenir longtemps parce que comme vous les confondez les uns avec les autres, il y en a un qui fait des téléphones, et l’autre, ça n’a rien à voir, il fait à la fois des turbines et du matériel industriel (3h), ce n’est pas la même chose !

MLP. Vous savez tout vendre, vous !

EM. Moi je ne vends pas, moi je défends, moi je défends…

M.LP. Vous savez tout vendre, le seul problème est que vous savez tout vendre mais pas au bénéfice des intérêts nationaux

E.M. Mais vous avez cité un cas : la lutte contre le chômage, elle suppose des réformes en profondeur… Parce que vous pouvez remuer les choses…

MLP. Loi El-Khomry, dérégulation, dérèglement… C'est ce que vous voulez faire, monsieur Macron.

C. J. Madame Le Pen, on a compris votre différence…

EM. Madame Le Pen ne veut pas faire un débat sur le fond, c'est grave ! Elle veut parler du passé (4)

Suite de notre examen du débat :

(1) Mensonges, bêtises : affirmations lâchées sans autre précision ni explication : c'est là qu'on voit (entend !) très clairement que notre débatteur avait été dûment équipé par ses coaches de..., comment disent-ils déjà, les journalistes ? "éléments de langage" ?

J'entends d'ici les coaches et sparing-partners de Macron : "vous devez avoir l'air professoral et lui asséner des uppercuts comme "mensonges" ou "bêtises"". Et ce ton professoral va revenir très vite, à travers l'explication : 

(2a) "les charges ont baissé ;  le CICE, c’est une baisse de charges".
Et c'est là que ça devient intéressant : quand Le Pen fait observer que les charges ont surtout baissé pour les grands groupes, on a droit à cette réplique, qui ne semble pas avoir stupéfié outre mesure nos "experts".

(2b) c’est pour ça que, dans le projet que je porte, je propose de baisser de six points les charges des TPE-PME.
Comme un aveu, histoire de donner raison à Le Pen sur le fait que les charges sur les TPE-PME étaient encore trop élevées ! Le Pen ne dirait, donc, pas que des... "bêtises" !

Nous en venons à la vente d'entreprises françaises à de grands groupes étrangers, sujet que Le Pen remet sur le tapis. Seulement voilà... 

(3a) (...) je n’étais pas ministre quand SFR a été vendu, et SFR était la propriété d’un groupe totalement privé.

(3b) Nous sommes dans un Etat où la propriété privée est respectée...
Et là, on s'interroge : "il est où, le problème, dans le fait qu'il n'ait pas été ministre ou dans la propriété privée des firmes en question ?". Par parenthèse, il est allé à Whirlpool en qualité de... ministre en exercice ? Ou alors a-t-il voulu nous faire croire que Whilrpool serait devenue une entreprise... publique ?

Et si l'Etat n'a rien à voir dans la vente d'entreprises privées, pourquoi fait-il cette étrange réponse, sur le ton de l'exclamation ?

(3c) Mais personne ne voulait la vendre ! 
Dans ce "personne", faut-il entendre "y compris des représentants de l'Etat ?", mais alors, dans ces conditions, pourquoi tente-t-il de mener le téléspectateur en bateau depuis tout à l'heure ?

Voilà que Marine Le Pen lui sort sa déclaration à propos d'Alstom, ce qui nous vaut ce commentaire :

(3d-3e)  On parle d’Alstom ou de SFR ? (...) vous ne parlez pas du même sujet ; vous parlez d’Alstom et de General Electric !
Entre nous, est-ce important qu'il s'agisse de "X" ou de "Y", dès lors qu'on est en présence de cas strictement similaires ? Auquel cas, comment peut-on dire "j'ai décidé" dans telle affaire, et se déclarer incompétent dans telle autre, s'agissant de deux entreprises privées ?

Il me semble qu'au minimum, Macron aurait dû reconnaître l'incohérence de ses positions fluctuantes sur la question de la gestion de la cession de groupes particuliers. Et c'est là qu'on voit qu'il a  préparé son débat, mais d'un point de vue purement formel, à savoir celui de la simple répartie. Le fait est que sa position, tantôt interventionniste, tantôt abstentionniste, frise l'incohérence, et pour se sortir de ce mauvais pas, il n'a d'autre échappatoire que la contorsion.

(3f) Vous êtes en train de lire une fiche qui ne correspond pas au dossier que vous avez cité.
Voilà une observation de pure forme, qui ne répond pas à la question posée, celle du dilettantisme dont Macron, ministre, est censé avoir fait preuve face à la braderie de grandes entreprises françaises.

De fait, Marine Le Pen ne cédant pas sur ce terrain ("Deux dossiers vendus contre les intérêts de la France !"), on est quand même un peu interloqué d'entendre ceci :

(3g) C’est faux, je n’étais pas ministre pour SFR. Quant à General Electric et Alstom, M. Montebourg s’est battu, je me suis battu à ses côtés pour que ça ne soit pas vendu. 
Comme quoi, on (Macron) n'est toujours pas sorti de l'auberge ! Dans un cas, il n'était pas ministre, mais quelle importance puisque SFR et Vivendi sont des entreprises privées, dit-il. Mais alors, la suite est stupéfiante :  dans l'autre cas, pourquoi évoquer la bataille menée par lui-même et Montebourg pour Alstom, alors que, comme SFR, Alstom relevait également du privé, à l'en croire ?!

Et pourquoi diable Macron se croit-il obligé d'ajouter cette observation qui n'apporte rien au débat, sinon dans le seul but de donner l'impression que celui des deux débatteurs qui se trouve dans les cordes, ce n'est pas lui, mais Le Pen ?

(3h) Il y en a un qui fait des téléphones, et l’autre, ça n’a rien à voir, il fait à la fois des turbines et du matériel industriel.
Entre nous, quel est le collégien français, pas trop bête, qui, entendant cette dernière observation, n'a pas eu l'impression que Macron menait les téléspectateurs en bateau ?

Ce qui est en jeu, ici, ce ne sont pas les équipements téléphoniques, d'une part, ou les turbines d'autre part, mais le fait que notre ex-ministre de l'économie dit à peu près tout et n'importe quoi, ce qu'aucun "expert" de la chose télévisée n'aura observé, nos "grands observateurs" aveugles, sourds et mal-entendants n'ayant d'yeux et d'oreilles que pour les soi-disant "bourdes" proférées par Marine Le Pen.

Lecture utile : 

Pourquoi Montebourg s’énerve de voir SFR racheté par  Numericable

(...)
Un brin condescendant pour le câblo-opérateur, Arnaud Montebourg estime que Numericable est "une petite entreprise par rapport à ce qu'est SFR", qui n'aurait pas les reins assez solides pour s'offrir l'opérateur mobile. "C'est une entreprise de 5 milliards qui s'endette à hauteur de 10 milliards pour acheter plus gros lui", résume-t-il, en disant craindre "le surendettement", et donc la faillite subséquente de l'opérateur qui n'arriverait plus à rembourser ses emprunts. Une menace pour l'emploi, assure-t-il, un peu hypocrite.
Car le vrai problème de fond pour Arnaud Montebourg est que si Vivendi décide de vendre SFR à Numericable, il y a aura toujours sur le marché quatre opérateurs mobiles : SFR, Bouygues Telecom, Orange, et Free. Or le Gouvernement veut voir le marché revenir à trois opérateurs mobiles, en fusionnant SFR et Bouygues, pour casser la concurrence sur le marché et permettre de nouveau le retour à des marges bénéficiaires suffisamment fortes pour réaliser une taxation indirecte par la vente des futures licences 5G, et favoriser les investissements dans la fibre optique.
Arnaud Montebourg le reconnaît d'ailleurs explicitement. "Nous sommes favorables à un retour à trois opérateurs (…) parce que nous pensons que ça ne porte pas préjudice aux consommateurs, et ça permet de stabiliser un secteur où nous avons à investir pour moderniser la France. 30 milliards d'euros dans la fibre. Nous avons besoin non pas de câble, mais de fibre".
Enfin, le ministre du redressement productif s'attaque aux montages fiscaux réalisés par Patrick Drahi, le PDG de Numericable. "Numericable a une holding au Luxembourg, son entreprise est cotée à Amsterdam, sa participation est dans un paradis fiscal à Guernesey, et lui-même réside en Suisse. Donc nous avons des questions fiscales à lui poser". (Source)

Tout le monde a compris ?

Que Marine Le Pen se trouve face à un prestidigitateur particulièrement bien coaché ?

"Nous sommes favorables à un retour à trois opérateurs.", déclare Arnaud Montebourg, histoire de nous rappeler le rôle éminent de l'Etat en matière de télécommunications.

Alors, bien évidemment, on regrettera que les soi-disant "experts" français de la chose politique, ceux et celles que j'appelle des "politocrates", ne soient, souvent, que de vieilles dames et de vieux messieurs bien décrépits, en tout cas ne sachant pas se servir d'une souris d'ordinateur, car, dans le cas contraire, ils auraient sauté sur leur ordinateur et opéré une petite recherche, histoire de se rafraîchir la mémoire. Voilà, par exemple, ce qu'on peut lire sur des milliers de sites consultables en ligne :
L’État tient un rôle majeur dans le marché des télécoms. Il est, en effet, à l’origine des différentes autorités et agences de contrôle et de régulation des télécoms en France. Il est, de plus, l’actionnaire majoritaire d’Orange, leader sur le marché de l’internet et du mobile.
Les missions de l’État sur ce secteur sont nombreuses et riches. En effet, toutes les agences de contrôle et de régulation (ARCEP, ANFR, médiateur des communications électroniques) ont été créées par l’État. Si la plupart sont indépendantes, elles restent, néanmoins, sous son contrôle. 
En effet, les directeurs des différents services de ces agences sont très souvent nommés par des représentants de l’État. Ainsi, par exemple, les 7 membres composant le collège décisionnaire de l’ARCEP sont nommés par le président de la République, le président de l’Assemblée Nationale et par le président du Sénat. (Source)
Par conséquent, à ce moment du débat, et contrairement à nos vieux et vieilles politocrates, tous ceux et celles qui ont eu le réflexe de taper quelques mots-clés sur leur clavier ont pu vérifier, en temps réel, qu'il y avait un menteur, et pas une menteuse, sur le plateau !

Du coup, l'argument tiré du domaine "privé" auquel appartiendrait telle ou telle entreprise est d'une ineptie totale, et ce, d'autant plus que, s'agissant de SFR et de Vivendi, il y avait aussi de la TÉLÉVISION en cause, ce que Macron semblait avoir oublié !

Il se trouve simplement qu'on ne cède pas une chaîne de télécommunications ou de télévision comme on vend une usine de petits pois !

27 octobre 2014 : Télécoms/médias

L'Autorité de la concurrence autorise, sous conditions, le rachat de SFR par Numericable, filiale du groupe Altice.

Parmi les engagements discutés et négociés avec l'Autorité de la concurrence, Numéricable devra notamment ouvrir son réseau câblé aux opérateurs concurrents (fournisseurs d'accès à internet, MVNO). 
C'est la première fois qu'une autorité de concurrence en Europe ouvre ainsi l'accès au câble. 

A La Réunion et à Mayotte, Numéricable devra, par ailleurs, céder l'activité téléphonie mobile d'Outremer Télécom. (Source)

On voit bien que, face au pilonnage en règle que lui a fait subir son adversaire, il ne restait à Emmanuel Macron qu'à se raccrocher aux branches, en cherchant des échappatoires, et en espérant que les petits et hauts-parleurs experts en désinformation voleraient à son secours, ce qu'ils ne se sont pas privés de faire.

(4) Madame Le Pen ne veut pas faire un débat sur le fond, c'est grave ! Elle veut parler du passé.
Il faut croire que l'ancien de chez Rothschild ignore apparemment ce que c'est qu'un bilan (de l'activité d'une entreprise durant l'année... écoulée !!!) exercice accessible, pourtant, à tout candidat au CAP de comptabilité !

Et comme je le suggérais tantôt, en ce qui me concerne, le débat s'est pratiquement achevé ici, soit autour de quatorze minutes et des poussières.

Et comment ne pas féliciter, encore une fois, tous ces pseudo-experts de la presse écrite et audio-visuelle, sans oublier les usines à sondages, qui auront réussi à persuader plus d'un téléspectateur que Marine Le Pen avait sombré face à Macron. Comme quoi, le rouleau compresseur médiatique a encore de beaux restes ! Cela dit, combien des organes de presse ayant contribué à la victoire d'Emmanuel Macron en 2017 seront encore en vie en 2022 ? 

Le fait est qu'un public qu'on gruge, et qui s'en rend compte, finit, tôt ou tard, par se venger, et cesse de lire le journal et de regarder la télévision. Ça tombe bien, les jeunes plébiscitent l'Internet ! 

Par ailleurs, la manipulation des foules, que nous expérimentons de visu depuis le 11 septembre 2001, ainsi que depuis les armes de destruction massive de Saddam Hussein, ne doit pas dispenser Marine Le Pen et ses équipes de l'incontournable "débriefing" qui constitue l'alpha et l'oméga des organisations bien gérées (cf. mon précédent papier sur 'le syndrome LH').

C'est, précisément, en ce sens que j'entends poursuivre la série sur "Marine Le Pen et le plafond de verre".



Ci-dessus, lu sur le site des Echos, magazine économique : "Les 7 fausses informations éco de Marine Le Pen", et rien sur Macron ? Où l'on découvre que Le Pen est la seule à avoir produit de fausses informations lors de ce débat !

Lire également :

7. La vente de SFR

En position d'attaque, la candidate du Front national a accusé Emmanuel Macron d'être responsable de la vente de SFR à Patrick Drahi. "Vous étiez ministre quand vous avez vendu SFR à votre ami Monsieur Drahi.", a-t-elle tancé.

SFR : les trois grands défis que doit relever Altice
L'OPE d'Altice sur SFR contestée par des actionnaires minoritaires
Une information qu'a démentie l'interressé. Mais dans les faits, tous les deux ont à la fois tort, et raison. C'est en mars 2014 que Vivendi, la maison-mère de SFR, choisit d'entrer en négociations exclusives avec Numéricable, filiale du groupe Altice, dont Patrick Drahi est propriétaire. Après une dernière surenchère de Bouygues, également intéressé, la transaction sera signée début avril.

A l'époque, c'est Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Économie, du redressement productif et du numérique qui était aux commandes. Il n'avait d'ailleurs pas caché sa préférence pour Bouygues dans l'affaire. Emmanuel Macron, lui, occupait le poste de secrétaire général adjoint à la présidence, spécialiste des questions économiques.

Si la vente a été signée en avril, la transaction a officiellement été conclue au mois de novembre 2014 , après obtention des diverses autorisations. Et le ministre de l'Economie s'appelait alors... Emmanuel Macron.