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jeudi 20 juin 2019

France : retour sur les dernières élections européennes #1/3


Épisode §1. À boire et à manger !

Je me dois en permanence de ne jamais oublier le caractère multiforme et cosmopolite de mon lectorat, qui ne m'intéresse pas tant par le nombre (comme je ne suis pas idiot et ai quand même quelques notions de mathématique, qui me disent que si dix visiteurs quotidiens parlent, chacun, de mon blog à dix de leurs amis, et ainsi de suite, on a une petite suite arithmétique qui fait qu'au soir du premier jour, ils seront 110 (10 + 100), suivis de mille nouveaux disciples (100 x 10) au deuxième jour, qui m'amèneront dix mille nouveaux visiteurs au troisième jour, etc., et à ce rythme, on a vite fait de dépasser le million en même pas une semaine !) mais surtout par la diversité géographique et culturelle. Comment ne pas être épaté, en effet, de constater que le blogueur lambda que je suis ait des visiteurs réguliers dans toute l'Europe, une bonne partie de l'Amérique, nord et sud, quelques pays en Asie (ex. l'Inde, mais pas encore la Chine) et en Afrique... Il faut dire que la traduction en ligne est de plus en plus performante. La révolution de Johannes Gutenberg à la puissance 10. Inimaginable il y a seulement vingt ans ! 

C'est aussi la raison pour laquelle je me dois d'instruire mes visiteurs non francophones de quelques subtilités de la langue de Molière, sans oublier le cadre géo-politico-socio-intellectuel depuis lequel je m'adresse à tous ces lecteurs inconnus. 

Et, là maintenant, j'ai l'intention de boucler une sorte de boucle, après un précédent "papier" sur les élections européennes à venir (25 mai 2019). Pour être honnête, et comme je suis plutôt allergique au blabla politico-médiatique, j'avoue n'avoir suivi cette campagne électorale que du coin d'un oeil, en m'infligeant le pensum des débats à onze, treize, quinze...

Le résultat des courses ? Reprenons quelques parcours notables.


1. Dans la rubrique R.I.P. (Rest in peace: Reposez en paix) 

Une petite pensée pour tous ceux qui se sont noyés dans le maelström de leur petit ego.


Nicolas Dupont-Aignan

Nous serons une dizaine au Parlement Européen ! Voilà ce que clamait ce capitaine Matamore avant les européennes, dans la même veine que ce qu'il clamait en 2017, avant la présidentielle : "Je serai présent au second tour.".

Son fameux parti : "Debout la France !" se réduit à sa seule personne. Cela dit, on parie combien qu'il se prépare déjà pour la présidentielle de 2022 ?

Le problème de Dupont-Aignan est que c'est visiblement un honnête homme ; tout le contraire d'un Alain Juppé ou d'un Nicolas Sarkozy... Mais suffit-il d'être un honnête homme pour convaincre, et surtout, peut-on se convertir sans états d'âme au R.I.C. après avoir été si longtemps un viscéral défenseur du bonapartisme gaulliste ?


Florian Philippot

Mâtin quel naufrage ! Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps, ce quidam squattait toutes les radios et télévisions, et ce, quasiment tous les jours. Résultat des courses : un naufrage aux élections législatives, départementales, régionales, et maintenant européennes. Florian Philippot, qui ne travaille pas beaucoup, a toujours cru que la médiatisation seule suffisait à assurer une carrière  politique. Le plus moral est quand même de voir que l'OPA sur les Gilets Jaunes a fait "pschitt".

Logiquement, il devrait retrouver son statut de... Je ne sais même pas ce qu'il a fait avant la politique. Je suppose qu'il vient de la fonction publique, à l'instar de tant de politiciens français. Entre nous, je ne vois pas très bien comment cet incompétent personnage va pouvoir échapper au naufrage  politique qui lui tend les bras...


Benoît Hamon 

Encore une victime du socialo-bonapartisme, la première de la liste étant... François Mitterrand en personne. Vous avez bien lu : Mitterrand ! J'en vois qui ont déjà oublié : Mitterrand, c'est la critique systématique du bonapartisme gaulliste, pompidolien, giscardien, quand il était dans l'opposition, et la conversion méthodique à ce même bonapartisme une fois élu président. Résultat des courses : deux septennats, deux cohabitations avec la droite. Et à son départ, qui lui succède ? Jacques Chirac, un cador de la droite la plus bonapartiste.

Le problème de Benoît Hamon, mais aussi d'une bonne partie de la gauche française, c'est l'incapacité dans laquelle se trouvent ces gens de rompre avec cette république autocratique vilipendée en son temps par Mitterrand. Et dire qu'une majorité de votants socialistes avaient fait confiance à Hamon lors des primaires de 2017 ! Mais comme il manque d'esprit scientifique et, du coup, d'humilité, voilà qu'il préfère s'en aller créer un petit groupuscule dont on ne voit pas très bien ce qu'il a d'original par rapport à la famille socialiste, le plus important, apparemment, étant d'apparaître comme le chef indiscuté de sa petite boutique !

Il me semble avoir entendu Hamon déclarer solennellement qu'en cas d'échec à ces européennes, il pourrait prendre des décisions importantes. Quoi par exemple ? Un sabordage de son groupuscule ? Comme si ce n'était pas déjà fait !


Francis Lalanne et les autres guignols "jaunes"

Pauvre "Narcisse Lalanne" (son nom de scène dans le jeu télévisé Fort Boyard) ! En tout cas, son Narcissisme a dû en prendre un sacré coup.  Quant aux autres "jaunes", associés à Dupont-Aignan ou à Philippot, ils avaient pourtant été prévenus, non ?



2. Yannick Jadot

Entre nous, il fallait le voir plastronner au soir des élections ! On aurait dit un coq de basse-cour ! À croire qu'il venait de décrocher le Prix Nobel, ou d'être élu président de la République.

Pour ma part, je persiste à penser que ce gugusse est le candidat idéal pour vous dégoûter de l'écologie.

Nous sommes le troisième parti politique de France, fut sa toute première déclaration devant les micros et les caméras. Tout le monde a compris que Jadot préparait déjà la campagne présidentielle de 2022 ? 


3. Raphaël Glucksman

Le coup passa si près que le chapeau tomba (Victor Hugo). J'imagine le "ouf !" de soulagement qu'on a dû pousser - j'allais dire Rue de Solférino, mais il y a belle lurette qu'il n'y a plus de socialistes à cette adresse parisienne ! - au sein de l'anémique coalition socialo-bobo-parisienne ! Entre nous, voir le Parti Socialiste de feu François Mitterrand se réduire à cette peau de chagrin, quelle misère ! Et comme Glucksman aime les paradoxes, voilà qu'il commence par créer un groupuscule sectaire dans son coin, dans le mode centrifuge, histoire d'affaiblir la famille, puis il fait mine de rassembler tout le monde, dans le mode centripète, mais visiblement par pur calcul, dès lors que, d'une part, il n'a ni l'argent, ni les cadres pour survivre financièrement et, donc, politiquement, et que, d'autre part, son groupuscule (Place Publique) n'a que peu de chances de franchir, seul, la barre fatidique des 5 % requis pour avoir des élus.

Autant dire que Glucksman est aussi peu crédible en socialiste que Jadot en défenseur des petits oiseaux ! Ces deux-là sont partis pour être d'abord des politicards, surtout le second, qui se voit déjà lâchant - s'il ose ! - le Parlement européen pour une candidature à la présidence de la République. Le problème du bobo parisien qu'est Glucksman c'est maintenant de se faire à cette atmosphère "provinciale", tant à Bruxelles qu'à Strasbourg, loin de ses petites habitudes parisiennes. Et c'est ici qu'il faudra surveiller le taux d'assiduité des uns et des autres. Il faut dire que Strasbourg, que je connais bien, est une fort belle ville provinciale, mais ô combien froide en hiver !


4. François-Xavier Bellamy

Il paraît que les résultats de la liste LR n'ont pas été mirobolants. Et voilà la petite camarilla gaullo-pompidolo-giscardo-chiraco-sarko-bonapartiste prise de panique, au point de friser l'hystérie. Voilà que le mal aimé Wauquiez démissionne, coupant par là-même pas mal d'herbe sous le pied de ses détracteurs mis en demeure de faire mieux que lui, et obligeant, par son sacrifice - les joueurs d'échecs comprendront l'allusion - cette pauvre Valérie Pécresse à se saborder littéralement. Pour comble de malheur, voilà que le parrain redouté, Nicolas S., voit le stock de casseroles qui lui collent aux basques se muer en véritable batterie de cuisine, avec ce procès en correctionnelle auquel il ne pourra pas échapper... N'en jetez plus !

Il n'empêche que, n'étant pas un adepte de la lecture purement conjoncturocratique des choses (une élection à la proportionnelle et à un seul tour se situe aux antipodes du modèle cher aux régimes autocratiques et l'on peut raisonnablement penser que ce scrutin européen n'aura que peu d'incidence sur les élections à venir en France), exercice que je laisse à nos politologues et autres politocrates, je persiste à penser que Bellamy a fait une bonne campagne européenne. Et puis, de toute façon, le groupe PPE ne reste-t-il pas la formation la plus importante au Parlement européen ? Il faut croire que, pour nos politocrates, ce n'est qu'un détail !


5. Ian Brossat

Voilà le Parti Communiste français exclu du Parlement Européen à la suite de la rupture du Front de Gauche, le tout malgré la bonne campagne de Brossat. En tout cas, en bon adepte de François Mitterrand, Mélenchon a réussi à phagocyter ses ex-alliés communistes ; tout ça pour quel résultat ?  Ce qui est tout de même étrange, c'est de voir que les communistes peuvent co-diriger une municipalité comme Paris, avec Brossat comme adjoint au maire chargé du logement, mais qu'il leur est impossible de concourir à une élection européenne aux côtés de ces mêmes alliés socialistes. Et comme il n'y a plus de communistes dans le paysage politique européen, autant dire que l'avenir du PC au niveau continental est plus que compromis.


6. Manon Aubry

Bonne candidate, réactive, spontanée, tonique. On sent qu'elle affiche déjà pas mal d'heures de vol, malgré son jeune âge, au contraire d'un Glucksman par exemple. Mais comme je l'affirmai tantôt, mon problème avec Aubry s'appelle Mélenchon !

Nous en reparlerons incessamment.


7. Jordan Bardella

Le jeune premier semble avoir réussi son examen de passage. Lui au moins a eu le courage d'aller aux Antilles, chose que Marine Le Pen s'est bien gardée de faire jusqu'à maintenant. Constatons simplement que les Outre-mer ont failli assurer un triomphe au Rassemblement National, qui l'eût cru ? Aurait-on là les prémisses d'un commencement d'effondrement du présumé "plafond de verre" censé miner les ambitions nationales de l'ex-F. N. ?


8. Nathalie Loiseau 

  Citation (de ma propre prose) :
Découlant de ce qui précède, il se trouve que la totalité des États de l'Union européenne, à une exception près, sont des régimes de type strictement parlementaire, un style d'organisation imposant généralement la mise en place d'une combinaison de forces. C'est dire si ces États (voyez l'Allemagne, l'Autriche ou l'Italie) fonctionnent sur la base de la coalition, autant dire de la négociation et du compromis entre des forces pouvant être antagonistes à la base, tout le contraire du seul régime autocratique de l'Union Européenne : la France, dans lequel un homme seul décide quasiment de tout ! Question : comment vont pouvoir se comporter des élus LREM censés appliquer "la politique voulue par le roi, pardon ! par le président", lorsqu'il s'agira de trouver des compromis, dans le but d'atteindre la barre fatidique des 376 eurodéputés ?  
Et moi qui pensais qu'elle faisait/ferait l'affaire !
Le moins qu'on puisse dire est que rien ne lui aura été épargné, entre le supposé manque de charisme et l'une ou l'autre bévue présumée commise par l'étudiante de Science Po'. Et au risque de surprendre, j'affirme ici que c'est pourtant, et de loin, la plus capée des têtes de liste de ce scrutin européen. Et pour avoir souvent critiqué le "Roi Macron", qui n'a toujours pas compris que la Cinquième République était à bout de souffle, je me dois de reconnaître que Nathalie Loiseau a le parfait profil pour conduire une liste au Parlement Européen, cette institution où l'on débat et négocie énormément, dès lors que l'on n'a pas, comme dans cette république bonapartiste qu'est la France, ces subterfuges anti-démocratiques transformant un 24 % de voix au premier tour en 66 % au second tour d'une élection !
Sauf qu'à peine arrivée à Bruxelles, Mme Loiseau se prend les pieds dans le tapis sous la forme de déclarations bien imprudentes qui lui ont rapidement attiré l'inimitié de bon nombre de parlementaires de son propre groupe (ALDE). Question : mais auprès de qui Nathalie Loiseau a-t-elle pu acquérir autant de mauvaises manières en si peu de temps ?
Il faut dire qu'avec ses 21 élus au Parlement européen, LREM pourrait prétendre à diriger le groupe centriste européen, l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE). Lui-même amené à peser au Parlement - ni les socialistes, ni les conservateurs n'ayant obtenu de majorité absolue.
Mais deux semaines plus tard, rien n'est moins sûr. Car entre-temps, Nathalie Loiseau a (encore) frappé. Maladroite durant sa campagne, l'ex-candidate menant la liste LREM n'a pas fait sa mue une fois arrivée au Parlement européen. Alors qu'elle est en pleines tractations pour décrocher la présidence du groupe centriste, l'ancienne ministre en charge des Affaires européennes s'en est pris devant des journalistes à... une bonne partie de ses collègues. (...)
Lors d'un point presse en "off" [une pratique journalistique qui consiste à ne pas attribuer à une personnalité les propos qu'elle tient, voire à ne pas les mentionner du tout] avec des journalistes français mercredi 5 juin, elle a ainsi estimé que le candidat allemand du PPE (conservateurs) pour la présidence du Parlement européen était "un ectoplasme". Mais aussi que le Belge Guy Verhofstadt, actuel président de l'ALDE - et qui soutient la Française pour lui succéder -, était un "vieux de la vieille qui a des frustrations rentrées depuis 15 ans". Ou encore que Sophie in 't Veld, candidate néerlandaise à la présidence de l'ADLE, "a perdu toutes les batailles qu'elle a menées". (Source : L'Express)
J'avoue que je me suis totalement trompé sur le personnage, en faisant le pari de l'intelligence sur les atavismes. Le problème est que le personnel politique français souffre d'un mal quasiment incurable : le délire de l'autocratie. Et comme je le rappelais dans la citation figurant plus haut, la France est le seul Etat bonapartiste de l'Union Européenne. En clair : un homme seul décide d'à peu près tout, se déchargeant de toute responsabilité apparente auprès de comparses : le gouvernement d'abord, l'Assemblée nationale ensuite. Ce qui fait que les lois sont conçues quasiment de A à Z par le gouvernement, puis arrivent prêtes à être votées au Parlement, où l'on fait mine de les retoucher à la marge, la majorité de ces pseudo-représentants du peuple que sont les députés n'étant là que pour valider les choix du roi élu.

Et c'est sous ce régime autocratique qui méprise les parlementaires que Nathalie Loiseau a pu/dû expérimenter le mauvais usage de l'autocratie et de la suffisance. Et voilà qu'à peine deux mois après avoir quitté son ministère, elle se doit d'endosser une toute nouvelle charge de négociatrice et de diplomate. Raté ! Les mauvaises habitudes ont la peau dure, n'est-ce pas ?



Le problème de Nathalie Loiseau est que sa carrière de parlementaire européenne est quasiment terminée avant même d'avoir commencé ! Tout ce qu'elle va s'appliquer à faire, désormais, ce sera juste de la figuration en tant qu'élue lambda. En voilà une qui doit déjà regretter son ministère douillet des Affaires Européennes. C'est quand même incroyable ! Et dire qu'elle avait reçu plus d'une alerte au cours de la campagne. Et dire que les deux années passées au ministère des affaires européennes auraient pu la préparer à ses nouvelles fonctions en l'aidant à être un peu plus au fait des subtilités de la mécanique parlementaire en vigueur dans toute l'Europe communautaire, hormis en France...

Au fond, j'aurais fort bien pu ranger Nathalie Loiseau dans la rubrique R.I.P. ! 


9. Nathalie Arthaud

Pourquoi ne pas le dire ? Je la trouve bien sympathique, cette bouffeuse de capitalistes, genre "Ma sorcière bien aimée". Il faut dire qu'Arthaud est une intello qui tient des propos d'intellos ; pas une politicarde de pacotille façon Valérie Pécresse ! Alors, on me pardonnera de préférer la gauchiste un peu hystérique à la bourgeoise de droite tellement coincée. À part ça, que d'authentiques militants communistes (PC, NPA/ex-Ligue Communiste... et Lutte Ouvrière) n'arrivent pas à se mettre d'accord sur quelques points essentiels afin de composer une liste, histoire d'envoyer au Parlement européen des représentants de la classe ouvrière, voilà qui me dépasse.


10. Bernard Guetta (liste Renaissance de Nathalie Loiseau)

J'ai parfois commenté les prestations de ce personnage du temps où il officiait sur la radio officielle France Inter, et j'ai toujours estimé que Guetta n'était qu'un journaliste gouvernemental. Le fait est que, si je me suis (un peu) trompé sur le cas de Nathalie Loiseau, le pseudo-journaliste qu'est Bernard Guetta est venu me donner raison. En tout cas, merci à ce guignol d'avoir fini par tomber le masque !


11. Parti animaliste

Bien évidemment, ce micro-parti n'a obtenu aucun élu au Parlement Européen, mais quand même ! 2,2 % des voix, soit le double des suffrages collectés par le "médiatique" Florian Phillippot avec zéro passage médiatique, c'est quand même fort, non ?!


12. Olivier Besancenot

Je sais, le Nouveau Parti Anticapitaliste n'était pas de la partie, mais ce n'est pas du tout l'envie qui leur a manqué ! J'ai même entendu un Besancenot assez honnête pour admettre que là, le parti manquait de moyens pour participer à ces européennes. Dame ! Toutes ces campagnes présidentielles, depuis quoi, cinquante ans, déjà du temps de Krivine, ça a dû coûter un fric fou ! Le tout pour atterrir à 0,5 ou 0,7 % des suffrages exprimés. Question : on parie combien que le NPA aura un candidat à la prochaine élection présidentielle de 2022 ? 


À suivre...


Lectures :  01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06



samedi 22 avril 2017

France. Présidentielle 2017. Carnet de notes §12/12

Mûre pour le job : Marine Le Pen

Que dire de la campagne présidentielle de Marine Le Pen ?

Il me semble avoir déjà écrit moult commentaires à ce propos ; en fait, non, pas vraiment, puisque la longue série que je lui ai consacrée portait plutôt sur une analyse concernant le fameux et soi-disant "plafond de verre" qui entraverait la progression de Le Pen et de son parti vers les sommets du pouvoir.

Venons-en à la campagne proprement dite de la candidate.

'Mûre pour le job' ai-je affiché d'emblée. Le fait est qu'elle a livré une bonne campagne, même si, expliquais-je récemment, j'avais comme des impressions de grains de sable dans la machine.

Alors, cette campagne ?

C'est tout simple : ce fut, et de loin, la meilleure de tous les candidats, même si elle ne m'a pas fait oublier la formidable impression laissée par Ségolène Royal en 2007. Mais il faut reconnaître que, dans l'art de soulever les foules et susciter de la ferveur parmi ses aficionados, Royal a fait fort, il y a dix ans !

La forme 

Pour comprendre les efforts fournis par Marine Le Pen et ses équipes, il suffit de se rappeler quelle fut leur production en 2012.

2012
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Un pâté de propositions non numérotées, un texte tantôt justifié, tantôt non... La mise en page n'était pas désagréable, mais on pouvait nettement mieux faire !

2017

Alors, là !!!




 
Le moins qu'on puisse dire est que Marine Le Pen et ses équipes ont fait du bon boulot ! Et c'est là que j'inviterais volontiers tous ses adversaires, ainsi que l'ensemble des groupes politiques de ce pays, à s'inspirer du travail accompli ici : pour ma part, je n'ai eu aucun mal à consulter l'ensemble des 144 propositions de la candidate, tant la mise en page est superbe : aération du texte, justification, et, en même temps, une grande sobriété dans la présentation...

De quoi ringardiser cruellement tous les autres, à commencer par le "faux jeune" Emmanuel Macron !

Note de présentation : comme au patinage artistique ou en gymnastique, j'estime que ça vaut un 10 !


Le fond

L'intellectuel que je suis attend d'un programme présidentiel une réponse à deux séries de questions :

1. Quel État ?
2. Pour quoi faire ?

Le fait est que Marine Le Pen est LA SEULE de tous les candidats à avoir clairement répondu à ces deux séries de questions : d'abord la structure, ensuite la conjoncture.

Dès le Titre I : Une France libre, nous avons l'essentiel, présenté dans les articles 2 à 6.

C'est comme lorsque vous affichez les résultats d'un moteur de recherche : on commence toujours par consulter la première page, puis la deuxième, etc.  

Du coup, cette fois-ci, contrairement au "bug" de 2012, la proposition la plus importante, de mon point de vue, n'a pas du tout été escamotée en pages intérieures :

Article 5 : référendum d'initiative populaire...

Précisément, Marine Le Pen se trouve être LA SEULE des candidats à avoir prévu un plan B, dans l'hypothèse où les législatives accoucheraient d'une majorité parlementaire hostile.

Grâce au référendum d'initiative populaire, la présidente (même en cas de cohabitation) aura la possibilité, avec le soutien de ses troupes, de contrer toute loi discutable.

Imaginons que François Mitterrand ait eu la clairvoyance de Marine Le Pen face à un Chirac obnubilé par l'idée de privatiser la première chaîne de télévision française. Il est certain qu'un référendum d'initiative populaire aurait, à l'époque, ruiné les projets de Chirac et de son ministre de la Culture, François Léotard.

Une arme de dissuasion massive que ce référendum d'initiative populaire ; rien à voir avec les usines à gaz de Mélenchon ("je convoque une assemblée constituante") ou de Benoît Hamon (le 49-3 citoyen).

Cela dit, ne soyons pas dupes ! Il va quand même se trouver des gens pour affirmer que Le Pen reste une menace pour nos libertés...

On parie !?

Et quand on lit le programme dans le détail, on tombe sur des choses tout à fait intéressantes :



Verdict : compte tenu du parcours accompli par Marine Le Pen, moi qui suis, dans les faits, un adversaire idéologique du Front National, n'en estime pas moins que la question n'est pas de savoir si elle sera présidente, un jour, mais quand, lorsqu'on voit l'exceptionnelle médiocrité de ses adversaires et de leur bilan depuis bientôt 60 ans de bonapartisme gaulliste ou socialo-autocratique !

Cela dit, compte tenu de la conjoncture plus que foireuse dans laquelle se trouve la France, je ne suis pas certain qu'il soit judicieux, pour Le Pen, d'hériter, maintenant, d'un pays aussi dévasté par l'incompétence d'au moins deux hommes : Sarkozy et Hollande !

Autant dire que le terrain (l'Elysée) est terriblement miné !

En clair, j'estime qu'un bon résultat au premier tour de la présidentielle, avec un score proche de... voire supérieur à... 30 % (mais si ! mais si !) serait déjà un extraordinaire exploit de la part de la présidente du Front National.

Cela devrait servir de tremplin pour la présidentielle de 2022.

En attendant, Sarkozy-Fillon, d'une part, Hollande-Ayrault-Valls-LeDrian, de l'autre, ont mis la France dans un merdier tel (cf. les barbouzes que la France soutient en Syrie sont les mêmes qui trucident des soldats français au Sahel !) que c'est à eux, et à eux seuls qu'il incombe, maintenant, de tenter de sauver les meubles !

Alors, Macron veut être président ? Pourquoi pas ? On verra bien s'il montre qu'il a des c... face à Poutine, à Bachar al-Assad ou au front Al-Nusra ! 


France. Présidentielle 2017. Carnet de notes §11/12

Quatre candidats au poste de super-premier-ministre

4. Benoît Hamon

Le candidat socialiste-frondeur n'a pas livré une mauvaise campagne présidentielle ; loin de là ! Son discours de Paris-Bercy fut même un des plus étonnants par sa densité et l'articulation des propositions, sans qu'à aucun moment on n'ait l'impression que le tribun  - car Hamon est un vrai tribun ! - consultait ses notes !

Son problème, à Hamon, remonte à loin : la trahison, par François Mitterrand, des idéaux de la Gauche, et la conversion du même Mitterrand à cette même dogmatique bonapartiste qu'il aura vilipendée si férocement quand elle était incarnée par d'autre(s) [= Un Autre : C. d. G. !].

Le problème de Benoît Hamon est celui de toute la Gauche française, des Trotskystes aux Radicaux de Gauche, à savoir leur incapacité ontologique à rompre avec la Cinquième République en inventant un nouveau logiciel qui ne procède pas du cerveau embrumé d'un général de brigade né au XIXème siècle.

Tout le reste n'est que blablabli-blablabla !

Mais commençons par le commencement : la forme.

Memento : 1981 !

Le programme (imprimé) de Benoît Hamon ressemble furieusement à celui d'Emmanuel Macron ; on dirait qu'ils ont été saisis sur la même machine à écrire (Remington portative)  et mis en page par des élèves de Troisième au cours d'un stage en entreprise.












Même mise en page "planplan" que chez Macron, avec une grande photo sur une page, et un pâté de propositions sur une autre. Là encore, même absence de numérotation des articles. La même bouillie indigeste ! C'est à se demander si les deux programmes n'ont pas été traités par la même classe de collégiens dans le cadre de la semaine de la presse !

Et que dire, une fois encore, de cette inélégance dans la présentation !!!

Là encore, il m'a suffi d'une petite dizaine de minutes pour donner une idée de ce qu'il aurait été possible de faire faire à un collégien sachant se servir d'un logiciel de traitement de texte.

Original Hamon 



Nouvelle mouture, avec justification du texte (réalisée en une dizaine de minutes par mes soins) :
Même note de présentation que pour Macron : 1/10 !


Venons-en au fond :



 







Entre nous, présenter un pâté de propositions aussi informe suggère fortement que l'on ne souhaite pas être lu, ce qui en dit long sur les motivations des un(e)s et des autres, soit quasiment tous les candidats sauf UN(E) ! 

Contrairement à Macron, qui s'accroche désespérément à son "nous", Hamon a opté pour le tango : un pas en avant, deux pas en arrière, ou l'inverse ! 

Ce qui fait qu'il jongle sans arrêt entre le "nous" et le "je"... 

Sur le plan institutionnel, Hamon nous refait le coup de l'usine à gaz, chère à Ségolène Royal (cf. article 73 des Cent propositions de la candidate en 2007), mais chère également à Jean-Luc Mélenchon, avec son "assemblée constituante" :


Article 29 : mise en place du 49-3 citoyen...

Voilà un candidat bien indécis, qui donne l'impression de marcher à côté de ses pompes, et dont j'avais déjà relevé, lors du premier débat, à cinq, qu'il n'était qu'un frondeur par intermittence (cf. son obsession pour régler son sort à Bachar al-Assad) : cet amour de la guerre coloniale si cher aux socialistes !

Pour le reste, le programme est celui d'un candidat au poste de super-premier-ministre. Rien de nouveau sous le soleil !

Verdict : Un jour viendra, sans doute, où les socialistes français et la Gauche française, en général, comprendront qu' un éventuel "Bad Godesberg" français devrait nécessairement impliquer le renouvellement complet du logiciel politique de l'ensemble des Gauches, en virant l'ancien modèle inventé par et pour De Gaulle et entretenu, depuis, par de bien piètres épigones du Général, lesquels se voient, depuis 60 ans, condamnés à voler d'échec en échec, à l'instar de ce qui arrive, aujourd'hui, à François Hollande.

La fronde, cher Benoît Hamon, ce n'est pas contre François Hollande qu'il faut la mener, mais contre cette culture politique archi-ringarde qui fait de la France le seul pays de l'Union Européenne à avoir un système constitutionnel proche de celui du Zimbabwe ou de l'Ouzbekistan !

Entre nous, Hamon président ? Pour quoi faire ?