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dimanche 28 juillet 2019

Une petite pensée, en passant, pour une grande dame : Gisèle H.


C'était un 28 juillet...


Vous allez finir par savoir que j'ai exercé, parmi quelques activités professionnelles, celle de documentaliste, "professeur-documentaliste..." selon les codes administratifs de l'Éducation Nationale. Mais, longtemps auparavant, j'avais déjà une forte appétence pour les archives, avec ces documents qu'on recopiait 'in extenso' durant de longues après-midi et soirées dans telle grande bibliothèque universitaire (celle de Strasbourg était ouverte jusqu'à 22 heures, soit une heure de plus que le Centre Georges Pompidou). Il faut dire que faire des photocopies, surtout sur les machines disponibles dans les grandes bibliothèques, coûtait/coûte la peau des fesses ! Alors, on recopi/e/ait des pages entières.

Puis vint l'ère de l'ordinateur personnel, de l'Internet, du scanner, du stockage sur disque dur...

Et des scanners, des ordinateurs et des disques durs (amovibles), j'en consomme un maximum. Vous voyez ce petit scanner à main ? À chaque fois que je le sors quelque part, les gens vous regardent avec curiosité voire vous bombardent de questions. C'est pourtant un outil tout à fait banal, que j'utilise depuis une quinzaine d'années maintenant.
Mais quel rapport avec ce qui suit ? Vont se demander certains. 

Il se trouve qu'en ce matin du 28 juillet 2019, tout en réorganisant mes archives sur CD-Rom (répertorier, classer et référencer...), je tombe sur ce texte dont j'avais oublié l'existence, et daté du 28 juillet 2014.

Par parenthèse, 'Halimi' est un patronyme typiquement nord-africain, je veux dire berbère. Le dictionnaire nous dit que 'Halimi' est un nom formé avec le suffixe d’appartenance -i associé au prénom arabe halîm qui veut dire clément, bienveillant.

Origine berbère, soit. Il se trouve que, malgré tous mes efforts, j'ai pu identifier des Boujenah juifs et des Boujenah musulmans, comme des Benguigui, Boukobza, Belkacem, Ben Yamin (Benyamin), Ben Attar (Benattar)... juifs et d'autres musulmans - il me semble avoir déjà écrit là-dessus sur ce blog. Tandis que des Halimi, je n'en connais pas de musulmans. Patronyme berbère, donc, mais uniquement "juif". Étonnant non ? Voilà qui aurait mérité un petit travail de recherche universitaire (en ethnolinguistique, par exemple), histoire de m'occuper un peu, si j'avais encore vingt ans, dans le cadre d'un Master I ou II ; autrefois, on disait Maîtrise/DEA... Cela dit, on n'est pas obligé de passer par l'Université !

Mais pourquoi nous raconte-t-il tout ça ?, s'impatientent quelques visiteurs ?

Parce que je suis tombé, ce matin-même, sur une vieille archive datant d'il y a cinq ans, jour pour jour. Le document est très court et est signé Gisèle Halimi. Et c'est là que j'ai pensé, avec un peu d'inquiétude, que lorsque la "grande" presse ne parle plus de quelqu'un, c'est que la personne est  morte, ou (très) vieille ou (très) malade.

J'espère seulement que Gisèle Halimi, que je n'ai pas besoin de présenter (pour ça, il y a les moteurs de recherche !) n'est ni trop vieille pour passer (encore) à la télévision, ni même malade. (Citation : La mère, Fortunée née Matoudi, s’affichant descendante de la diaspora andalouse judéo-arabe, considérait s’être mésalliée en se mariant, à seize ans, avec un fils de berbère. Voir un des liens plus bas.)
 
Soit dit en passant, en ce moment-même, les Palestiniens continuent de subir l'indicible, l'innommable, pour reprendre une phraséologie propre à feu Claude Lanzmann, mais qu'il revendiquait pour une toute autre cause.

En effet, non content de leur avoir volé leurs terres, détruit leurs écoles, criblé leur territoire de "check points", dressé moult murs et barrières à travers leur territoire, voilà que l'occupant israélien poursuit son travail de déshumanisation des Palestiniens, en détruisant des maisons pour cause de "trop grande proximité avec le mur" (sic).

Dans la rubrique "C'est Hitler qui doit se tordre de rire dans sa tombe!" : "Des soldats israéliens pouffent de rire et se congratulent durant la destruction d'un immeuble (palestinien) en Cis-Jordanie (occupée)"


Alors, bien évidemment, du côté de la grande presse et des "grands" responsables politiques, c'est "motus et bouche cousue". Le hasard n'en est que plus méritant, qui m'a mis sur la piste de cette vieille archive, toujours d'actualité. 

GAZA. « JE NE VEUX PAS ME TAIRE »

Lundi, 28 Juillet, 2014


Appel. Gisèle Halimi est engagée depuis toujours pour la cause anticolonialiste et les droits de l’homme.

Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire. Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Malgré le désert estival, je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?
(Source)
 
N.B. Zohra Bitan est une de ces grognasses qui se répandent régulièrement sur les réseaux sociaux (vous comprendrez peut-être maintenant pourquoi je déteste ces réceptacles de diarrhée verbale que sont lesdits réseaux sociaux !), tout en intervenant fréquemment sur une radio parisienne, se définissant elle-même - toute honte bue - comme une "arabe de service". Il se trouve qu'elle est bien moins "juive" que Gisèle Halimi, mais bien moins cultivée aussi, et bien moins regardante que cette dernière à propos du supplice que subit le peuple palestinien depuis des lustres. Et c'est pour qu'elle s'instruise un peu que j'ai adressé tantôt un message à Mme Bitan, l'invitant à lire Jean Dutourd, qui raconte dans son fameux roman "Au bon beurre" les péripéties d'un couple d'épiciers français sous l'occupation (allemande), histoire de comparer les deux occupations, israélienne en Palestine, et nazie en France !


N.B. Concernant les liens ci-dessous, ne manquez pas l'article et le forum de discussion relatifs au n°6 ('Le Monde Diplo') : pas moins de 945 contributions. À boire et à manger, bien sûr, comme sur tous les forums d'ailleurs (cf. RT, lien n° 4).

"Les détenus ne sont pas censés ériger de construction trop près des murs de la prison."

 

 Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07




jeudi 27 septembre 2018

Réflexions sur la liberté d'expression en France : question de double standard...


Étant donné que la grande majorité des visiteurs de ce blog sont étrangers au territoire français, j'imagine que vous n'êtes pas au courant de la dernière polémique à la mode - d'aucuns parlent de 'buzz' - concernant un penseur de café du commerce bien connu des téléspectateurs et qui s'est spécialisé dans les diatribes anti-dénaturation-des-valeurs-de-notre-beau-pays. Sa dernière saillie en date concernait le prénom (Hapsatou) d'une femme, jugé trop peu compatible avec l'identité française. Rappelons que le quidam en question ne porte même pas un patronyme français !

Pour ma part, j'estime ne pas avoir trop de temps à perdre avec ce genre d'intellectuels de pacotille (il me semble avoir déjà donné avec ces deux gugusses que sont Bernard-Henri L. et Alain F., le premier nommé étant un authentique criminel dont les méfaits sont visibles tous les jours dans les eaux méditerranéennes...) reçu, ces jours-ci, dans presque tous les média, dès lors qu'il a un bouquin à vendre, parce que le "buzz", ça fait vendre !

Et nos "grands esprits" médiatiques d'y aller de leurs cogitations sur les bienfaits de la liberté d'expression, concept à géométrie variable, comme chacun sait. Les anglosaxons parlent de "double standard".

Néanmoins, je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre cette réflexion d'un internaute, qui résume tout :
zemmour, polémique, hapsatou, sy, prénom, identité, identitaire, fachosphère, intégration, assimilation, disudonné, voltaire, expression, liberté, mbala, humoriste
Traduction en anglaisI wasn't (a fan of) D., but when I see the 'goodpensance' defending Eric Z. under the pretext that you have to contradict him instead of censoring him, I realize that D. was too strong. They didn't find any valid detractor against him, so they censored him.

Vous vous souvenez de la formule prêtée à Voltaire (je ne partage pas [nécessairement] vos idées mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer...) ?

Mais tout le monde n'est pas Voltaire, n'est-il pas ?

Franciser les prénoms ? Drôle d'idée ! Pourquoi seulement les prénoms ? Et les patronymes alors ? On a bien vu un monsieur David Grün ('vert' en allemand) se métamorphoser en David Ben Gourion, non ? Et l'actuel, Netanyahou, ne s'appelle-t-il pas originellement Mileikovsky ? Et Molière, et Voltaire, et Yves Montand, et Simone Signoret... ? 

By the way, par parenthèse (je l'ai déjà évoqué tantôt sur ce blog), rappelons en passant que 'Zemmour' est un patronyme BERBÈRE, à l'instar des Abecassis, Abensour, Abergel, Abitan, Abitbol, Abissera, Aboulker, Atkin, Attal, Attali, Attias, Ayache..., Boujenah, Boukobza..., Elbaz [en bon arabe : El Baz], Elfassi..., tous les 'Ben...' ou presque (Benaïm, Ben Attar/Benattar, Benayoun, Benezra, Bensoussan, Bensaïd, Benyamin/Ben Yamina, Benkemoun, Benchetrit, Benichou, Benguigui...), les Belkacem, Bismuth, Choukroun, Ghanassia, Grenassia..., Seymour/Zemmour, Zekri, Zukri..., c'est dire si, compte tenu de quelques siècles de métissage, tout ce petit monde compte dans ses veines pas mal de sang arabe. 

Pauvre Eric Z., si mal dans sa peau, en découvrant tous les matins, face à son miroir, une tronche d'ARABE !



Lectures : 01  - 02  - 03  -  04  -  05  -  06  -  07


Tiens donc (mise à jour du 28.09.2018), comme preuve (s'il en était besoin !) que notre "armchair theorizer" de café du commerce est tout sauf un intellectuel chevronné, deux articles parus sur Slate...(07  - 08)


lundi 23 janvier 2017

Un sommet dans l'art de la séduction : la parure berbère. Retour d'une exposition à l'Institut du Monde Arabe


Et dire que j'ai bien failli ne pas y aller !

Dimanche 8 janvier 2017. Je consulte mon planning, sur lequel il y a marqué : Parures berbères à l'Institut du Monde Arabe - Orchestre des animaux à la Fondation Cartier.

Dimanche, jour de flemme... J'hésite tout en cogitant 'dans ma Ford intérieure' (copyright feu Frédéric Dard/San Antonio) : "des parures de bonnes femmes en Afrique du Nord ? Mouais, mais en quoi des bijoux féminins pourraient-ils m'intéresser, moi qui déteste porter quoi que ce soit de métallique sur la peau ? Mais, d'un autre côté, c'est le tout dernier jour de l'expo, et j'aurai l'air de quoi s'il s'avère que j'ai raté quelque chose d'important ?????"

Je n'en continue pas moins d'hésiter fortement, d'autant plus qu'il y a une course importante (un des quatre Grand Prix siglés 'B' servant aux sélections pour le Grand Prix d'Amérique) à l'hippodrome de Vincennes le même jour.

Et puis, zou ! Je me lance : on part pour l'IMA, puis on ira jeter un oeil à la Fondation Cartier.

Petit retour en arrière : hiver 2013-2014, le joaillier Cartier s'expose au Grand Palais, à Paris. Là encore, je m'y étais pris au tout dernier moment, je veux dire le tout dernier jour. On se marchait littéralement sur les pieds et j'avoue être un peu tombé des nues en découvrant le formidable travail du fondateur de cette prestigieuse marque de luxe, à l'origine, un simple artisan, mais quel artisan !

Pour réaliser les images qui suivent, il a fallu se contorsionner dans tous les sens, les objets étant protégés par d'épaisses vitrines luisant dans la pénombre ; heureusement que je pratique assidûment la gymnastique ! Les six images qui suivent sont, donc, des stéréoscopies visibles (en 3D) à l'aide de lunettes bicolores rouge-cyan. Et si vous apercevez des traces blanchâtres sur les photos, c'est tout simplement en raison du format 'gif', impliquant une forte compression du fichier image, donc une certaine perte de définition.

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D'autres images sont visibles ici... et ailleurs !


En fait, c'est le formidable souvenir, qui m'était resté de l'expo 'Cartier', qui m'a incité à visiter aussi celle-ci, à l'IMA. Par ailleurs, j'avais tout de même une vague idée de la légendaire propension des femmes berbères (et il n'y a pas qu'elles en Afrique : voyez les femmes Massaï ou Peulh !) à s'affubler des colifichets les plus extravagants. Et là, quel choc ! 

Ci-dessous, des images tirées du catalogue officiel (images en 2D).

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Et dire que j'avais bien failli ne pas y aller ! Il se dégageait de ces objets la même magnificence que des inaccessibles diadèmes, bagues, rivières de diamants et autres couronnes princières de la maison Cartier, exposés naguère au Grand Palais, avec, ici, et c'est en cela que l'expo était tout bonnement époustouflante, des objets de la vie quotidienne, portés par de simples "bonnes femmes" : des fiancées, des épouses, de simples mères de famille berbères.

Comme chez Cartier au Grand Palais, l'omniprésence des vitrines m'a imposé de longs exercices de contorsion, histoire d'éviter de méchants reflets dans l'objectif. Et ce ne fut pas toujours facile !

Là encore, les images qui suivent sont en 3D et requièrent le port de lunettes bicolores.


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Ici, contrairement à l'expo Cartier, il y avait bien moins de monde (mais il faut croire que l'expo a connu un indéniable succès, puisqu'elle a vu sa date de clôture passer du 28 août 2016 au 8 janvier 2017 !), la principale déception   - mais je commence à en avoir l'habitude, surtout depuis l'ouverture du Musée du Quai Branly, où les rares Africains qu'on croise sont des agents de sécurité ! - étant suscitée par la quasi totale absence d'un public africain, a fortiori maghrébin. C'est tout juste si j'ai vu passer un couple de jeunes "Beurs", dont la femme portait le hidjab. Pour le reste, rien que des "toubaabs" : des Blancs et des Blanches.

Dois-je vous avouer que cette absence de curiosité intellectuelle des Africain(e)s, toutes catégories sociales confondues, pour la Culture, dans son acception la plus large - celle des autres mais aussi leur propre patrimoine culturel -, me consterne au plus haut point ?

Résultat des courses, ce sont toujours les autres qui se passionnent pour NOTRE culture et la collectent religieusement, comme ici, avec le couple Bouvier, propriétaire des objets exposés. Et quand on envisage l'étendue du domaine géographique parcouru par ces collectionneurs, soit la totalité de l'espace saharien, on ne peut qu'être admiratif.

Et c'est ici que j'aurais comme une furieuse envie de pousser un fort coup de gueule en direction de ces pseudo-élites africaines de Paris et d'ailleurs : un des principaux marqueurs du sous-développement d'un pays ou d'une nation tient certainement dans la propension des catégories sociales soi-disant les plus évoluées à se cantonner dans la "singerie" d'un modèle socio-culturel exogène... Voyez un peu l’appétence d'une certaine bureaucratie africaine pour des costumes-trois-pièces, en pure laine vierge, parfaitement inadaptés au climat tropical ou équatorial ; voyez aussi les grands immeubles en béton et en verre qui ornent tant de capitales africaines, avec ce formidable effet de serre généré par un soleil omniprésent, imposant l'installation de climatiseurs fort gloutons en énergie... Et voyez encore les soi-disant élites féminines noires et leur obnubilation pour les cheveux défrisés ou carrément en plastique, alors que la tresse traditionnelle africaine constitue certainement - et soit dit sans chauvinisme aucun ! - le nec plus ultra du raffinement artistique en matière de parure capillaire !

Au final, je serai resté plus de deux heures, soit aussi longtemps que chez Cartier au Grand Palais, pour photographier la quasi-totalité de cette fabuleuse collection dont on ne félicitera jamais assez les exceptionnels collecteurs, surtout lorsqu'on pense aux tonnes de sable qu'ils ont dû ingurgiter par la bouche, le nez, les oreilles et tous les pores de leur peau lors d'une quête à travers oueds et déserts qu'on imagine harassante, mais ô combien passionnante !



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samedi 15 janvier 2011

Les mensonges d'Eric Zemmour



Eric Zemmour est poursuivi devant le tribunal correctionnel pour ses propos controversés sur les trafiquants noirs et arabes.

Eric Zemmour est un Berbère. Peut-être ne le sait-il pas lui même. Mais je suis persuadé qu'il le sait : les Seymour, Zemmour,  Zemmoura, Attia, Attias, tous les "Ben-quelque-chose" : Benyamin, Ben Yamina, Benchetrit, Benkemoun, Benguigui, les Belkacem, Belkacemi, les Boujenah, Ghrenassia, Ghanassia, Akoun, les Zekri et autres Zukri..., qu'ils soient juifs, musulmans ou chrétiens, sont des Berbères pur sucre.

Enfin, pur sucre, je n'en suis même plus très sûr. L'ex-premier ministre portugais, Mario Soares, n'expliquait-il pas, un jour, que compte tenu des sept siècles de présence arabe sur la péninsule ibérique, il y avait de fortes chances que la majorité de ses habitants, dont lui-même, aient du sang arabe dans leurs veines ? Autant dire que hormis dans quelques bleds fort reculés, les Berbères pur sucre ne doivent plus être bien nombreux en Afrique du Nord.

Est-ce donc pour conjurer cette réalité que Zemmour s'agite autant autour des questions liées à l'identité française, comme pour conjurer ses propres tourments identitaires ?

"Mes propos sont brutaux, mais la réalité est brutale.", a-t-il déclaré. Et ça, je ne le lui fais pas dire : tous les matins, en se rasant, il doit découvrir la réalité "brutale" de sa berbérité, et peut-être même arabité, alors je comprends qu'il puisse avoir des émois ! En forme de fuite en avant ? Façon de tuer les pères, je veux dire les ancêtres ?

Ce pauvre Eric Zemmour !

Alors évidemment, le Landerneau politico-médiatique s'est enflammé autour de cette mise à l'index de notre débatteur-polémiste, et chacun d'y aller de son commentaire et de son expertise, soit à peu près tout et n'importe quoi ! Il faut dire qu'avec l'Internet, et toutes les tonnes de mauvaise prose qu'on peut y lire, jour après jour, on est servi !

Et comme il fallait s'y attendre, les spécialistes de la noyade de poisson y sont allés franco, qui se sont mis à nous expliquer qu'il était question de lutter contre le politiquement correct, qu'il fallait en finir avec la pensée unique, et autres billevesées. Et voilà la cohorte des belles âmes se mobiliser comme un seul homme pour défendre ce brave polémiste que l'on voudrait condamner au silence.


Un compte-rendu particulièrement croquignolesque de la première journée du procès nous a été fourni par le "chroniqueur judiciaire" (c'est en tout cas ainsi qu'il faut l'appeler) de France Info, je veux parler de Matthieu Aron, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne manque pas d'air. 


Citation :
 
"Il (Zemmour) assume la totalité de ses propos. (...) Orateur brillant, polémiste redoutable (1), au fil des débats, Eric Zemmour assoit son autorité sur l'audience. Ses contradicteurs (2) font pâle figure ; ils osent à peine lui poser quelques questions. (3) (...) Alors, de plus en plus incisif, le prévenu attaque. Il attaque le catéchisme bien pensant des antiracistes, dénonce une inquisition moyen-âgeuse. On se glorifie d'une France black- blanc-beur quand l'équipe de France remporte une coupe du monde, mais on n'aurait pas le droit de faire des statistiques ethniques. (4) (...)  Je dis ce que je vois ; je rends compte de la réalité et aujourd'hui, c'est la réalité qu'on veut criminaliser. (5) (...) Et puis, cruel, il rapporte une tentative de médiation de la Licra (6) : "son président était prêt de retirer sa plainte si je débattais avec lui à la télévision ; il voulait bien profiter de ma notoriété.""

Fin du papier de Matthieu Aron : "Curieuse audience où le prévenu se mue en accusateur et transforme son procès en redoutable tribune." (7)

Ne parlons pas de la blogosphère et du réseau mondial, et de la montagne de forums de discussion sur lesquels chacun y est allé de sa prose. J'ai même lu ici ou là que Zemmour avait déjà gagné contre la Licra, SOS Racisme, etc. (8)

Un ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, y va de son soutien, ainsi que cité par Le Monde : "Il suffit, comme j'ai eu l'occasion de le faire, de consulter les listings de la Direction centrale de la sécurité publique du ministère de l'Intérieur (9), pour constater que plus de 50 % des infractions constatées  (10) sont imputables à des jeunes (11) dont le patronyme est de consonance africaine ou maghrébine (12)", souligne Jean-Pierre Chevènement (lemonde.fr).

Pour leur part, une trentaine (entre nous, ça ne fait pas beaucoup !) de députés de droite y vont aussi de leur soutien en faveur du journaliste : "Vingt-huit députés de la majorité estiment que, sous couvert de lutte contre le racisme, "on prétend faire taire un journaliste qui exprime une opinion (13), qu'elle soit vraie ou non (14), parce qu'elle dérange." Pour les signataires, ce procès "en dit long sur la dérive qui conduit à bâillonner la liberté d'expression par les tyranneaux de la pensée unique et de l'antiracisme." (lemonde.fr)

Ce que tout cela m'inspire ? Que, décidément, la France manque cruellement d'intellectuels ! Dit autrement ? Qu'il faut plaindre le pays dans lequel un Eric Zemmour fait figure de maître à penser !

Tout ça pour dire que j'ai trouvé le niveau du débat autour de ce polémiste particulièrement affligeant, et ça, ce n'est pas un scoop.

Alors, élevons donc un peu le débat ! Je me contenterai, ici, de reprendre les éléments mis en exergue ci-dessus.


1. Orateur brillant, polémiste redoutable

Il semble que Matthieu Aron, ci-devant chroniqueur judiciaire à France Info, ne connaisse pas bien les rouages de la procédure pénale, à savoir qu'on n'est pas là pour polémiquer, mais pour convaincre des juges et apporter des preuves de ce qu'on avance, conformément à deux principes qui fondent le droit dans tout pays civilisé :

- le contradictoire
- la charge de la preuve : "il incombe à la partie qui invoque un fait d'en apporter la preuve."


2. Ses contradicteurs font pâle figure...

Ça ne s'arrange pas ! Et précisément, s'agissant des contradicteurs du prévenu, nous nous trouvons dans le cadre d'un tribunal correctionnel, avec un prévenu interrogé par le/la président(e), moyennant l'une ou l'autre intervention du véritable contradicteur du prévenu, à savoir le/la représentant(e) du parquet (cf. la formule rituelle : "Ministère public contre M. X"). Mais bon, Matthieu Aron pense peut-être pouvoir, en toute impunité, prendre les auditeurs de France Info pour des cons !


3. osent à peine lui poser quelques questions

Encore une étrange formulation de la part de notre chroniqueur judiciaire. Parce qu'il semble qu'il ait quelque peu tronqué son compte-rendu, pour ne pas dire escamoté certains aspects de la polémique, quand on le confronte avec d'autres éclairages. C'est ainsi, notamment, que l'on peut lire sur le site lemonde.fr :

Quelques heures plus tôt, le 6 mars, le chroniqueur avait tenu d'autres propos controversés sur le plateau d'une émission de France Ô, "L'Hebdo". Les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs, avait-il répondu à une question qui lui avait été posée.

Eric Zemmour n'a donc pas prononcé qu'une seule phrase controversée, contrairement à ce que ce nigaud d'Aron essaie d'accréditer, mais une deuxième, dans un tout autre contexte, et toujours à la télévision, à propos, cette fois-ci, du droit des employeurs de refuser d'embaucher des Arabes ou des Noirs, ce que la présidente du Tribunal ne manquera pas de lui rappeler, et que ce pauvre Aron a complètement zappé !

La présidente qui ne perd pas de vue l'origine des débats, enjoint alors le journaliste de s'expliquer sur la teneur de ses déclarations.

Le fait est que la question du droit des employeurs à sélectionner leurs futurs collaborateurs selon des critères raciaux a bien été posée à Monsieur Zemmour, tenant à l'illégalité de l'embauche sur critères raciaux..


4. on n'aurait pas le droit de faire des statistiques ethniques

Cette assertion ne manque pas d'intérêt, dans la mesure où elle prouve qu'au moment où Zemmour tient ses propos sur les trafiquants de drogue, il ne détient, de fait, aucune statistique ! En clair : en déclarant, devant un tribunal, qu'on n'aurait pas le droit de faire des statistiques ethniques, de deux choses l'une :

- soit Zemmour avance sa thèse sur les trafiquants de drogue à partir de statistiques qu'il tient d'une Administration, auquel cas il accrédite la thèse que l'Administration française viole la loi ;

- soit Zemmour n'a reçu aucune statistique de l'Administration, auquel cas, il en invente une à la télévision, histoire de faire son intéressant, et dans ce cas, il ment effrontément !

Et en l'espèce, c'est en parfaite connaissance de cause, à savoir que les statistiques ethniques ne sont pas légales qu'il formule sa déclaration télévisée sur les trafiquants noirs et arabes.
 

5. c'est la réalité qu'on veut criminaliser

Et là, on est presque mort de rire, étant donné le point précédent : de quelle réalité peut-il bien parler puisque ses affirmations ne reposent sur aucune statistique existante ! Et c'est là que l'on peut vérifier quel piètre intellectuel est Eric Zemmour, qui se contredit ostensiblement et se prend les pieds dans le tapis en l'espace de quelques minutes !


6. tentative de médiation initiée par le président de la Licra...

Étrange méthode de la part du prévenu, se permettant de révéler un fait invérifiable, mais, surtout, carence d'un "intellectuel", mais alors, d'un intellectuel ignare, qui ne sait pas qu'il n'est pas là pour croiser le fer avec telle ou telle association antiraciste, dans le cadre de je ne sais quelle tribune médiatique, mais tout simplement pour répondre d'infractions voire de délits inscrits dans le code pénal. Quant à notre  "chroniqueur judiciaire", qui rapporte le mot du prévenu, lui non plus ne semble pas très bien avoir compris de quoi il retournait. Parce qu'en bon "journaliste", on aurait pu attendre de lui qu'il allât interroger le président de la Licra accusé de tentative de compromission avec Zemmour. 


7. transforme son procès en redoutable tribune

Qu'est-ce que je vous disais ? Ce pauvre Matthieu Aron en est à confondre une vulgaire péroraison, comme Eric Zemmour en livre une demi-douzaine par semaine sur les ondes de divers médias, voire dans la presse écrite, avec l'obligation pour ce dernier d'apporter un commencement de consistance à ses allégations, chose qui n'apparaît à aucun moment de la chronique de Monsieur Aron.

Le moins qu'on puisse dire est  qu'à la suite du panégyrique plus que dithyrambique qu'il nous livre ici, centrant son compte-rendu d'une audience de tribunal correctionnel sur la seule personne du prévenu, le "chroniqueur judiciaire" de France Info aura mérité  la médaille d'or de la flagornerie et de l'inculture juridique. Mais qu'il se rassure, il n'est pas le seul sur le podium ! On lui conseillera quand même de faire preuve d'un peu de prudence et d'attendre la décision de justice,  avant de tirer des plans sur la comète !


8. Zemmour a déjà gagné contre la Licra (sic)... 

Même topo que pour Matthieu Aron, et là encore, je ne voudrais pas être désobligeant, mais il me semble que cela procède de la même  méconnaissance de la procédure pénale : dès lors qu'un prévenu est traîné devant un tribunal, son principal adversaire s'appelle le ministère public ; c'est lui qui mène la danse,  les parties civiles éventuelles n'étant que des comparses ; du reste, c'est au ministère public qu'échoit la capacité de faire appel... Voyez l'accident du Concorde à Gonesse : le parquet a fait appel de l'ensemble du jugement. Il faut donc arrêter de dire tout et n'importe quoi : l'affaire Zemmour n'est pas jugée devant un tribunal civil mais pénal et le principal adversaire du prévenu est le représentant du Parquet.

Voici, par exemple, un aperçu d'un compte rendu journalistique du verdict du procès du Gang des barbares : "D'ores et déjà, l'avocat (de la partie civile) réclame à la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, que le parquet fasse appel de ce verdict. L'affaire Ilan Halimi n'a peut-être pas connu hier soir son épilogue." (T. Boutry, Le Parisien/Aujourd'hui en France, 11.07.2009).

Voilà : vous avez compris ? Dans un procès pénal, le(s) prévenu(s) n'a/n'ont pas pour adversaire la partie civile mais le seul Ministère Public, lequel est le maître d'oeuvre de l'accusation. La partie civile, comme son nom l'indique, n'est impliquée que sur les aspects civils (ex. dommages et intérêts) du litige, et pas du tout sur  une éventuelle condamnation. Cela doit être dit, écrit, mais cela doit aussi être su..., notamment par tous ceux qui prétendent oeuvrer comme informateurs du public.

Et sur ce que je vois, lis et entends un peu partout, le moins qu'on puisse dire est qu'il y a à boire et à manger, tant l'inculture juridique de certains "experts" est abyssale !

Il est donc stupide, pour ne pas dire idiot, de réduire l'affaire Zemmour en un simple conflit d'opinions contradictoires entre un journaliste et des associations anti-racistes !


9. listings de la Direction centrale de la sécurité publique du ministère de l'Intérieur

Des listings émanant du ministère de l'Intérieur ? Il est vrai que Chevènement est un ancien de la maison ! Et puis après ?


10. 50 % des infractions constatées

Des infractions comment ? Constatées ? Ça veut dire quoi ça : infractions constatées ? Que les intéressés les avaient effectivement commises ? Il semble que le brave Chevènement ait un peu trop vite oublié que tout prévenu restait innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie devant un tribunal, et que là réside précisément une pierre d'achoppement entre policiers et juges, les premiers s'étonnant souvent que des personnes arrêtées par eux se retrouvent un peu trop vite en liberté, les seconds leur rétorquant, à juste titre, qu'en dehors de preuves intangibles, la présomption d'innocence reste la règle

Autant dire que le fameux listing des "infractions constatées"  et non suivies de condamnation, de monsieur Chevènement, d'un point de vue juridictionnel, ne vaut strictement rien ! 


11. jeunes 

Des jeunes ? Comment ça des jeunes ? Vous voulez dire que les infractions constatées par la police ne font état que de jeunes Noirs et Arabes ? Autant dire pas d'infractions constatées à mettre sur le compte de "vieux" Noirs et Arabes dans les listings de la police ? Étrange ! En tout cas, en voilà un scoop !


12. patronyme de consonance africaine ou maghrébine

Où Chevènement se révèle expert en analyse de patronymes ! Et je suppose qu'il va probablement nous dire que Amadou est un nom à consonance africaine, n'est-ce pas ? On pense au chansonnier Jean Amadou !

Mais Chevènement va aussi nous révéler que Paulin et Georges sont des patronymes à consonance africaine. Pour ceux qui auraient oublié, Paulin (Thierry) et Georges (Guy) sont un Antillais et un métis né d'une mère blanche qui sont entrés dans le club fermé des tueurs en série français des dernières années. L'un et l'autre ont connu les assises. 


13. faire taire un journaliste qui exprime une opinion

Ça c'est le point de vue d'une trentaine de députés de l'UMP, qui auraient mieux fait de tourner leur langue moult fois dans leur bouche avant de se risquer à dire n'importe quoi.

Le fait est que Zemmour a bien exprimé une opinion, à savoir qu'il comprenait que les employeurs recrutassent leurs collaborateurs sur des critères ethniques, opinion exprimée sur les antennes de France Ô.

Mais là où nos députés (et ils ne sont pas les seuls !) mentent par omission volontaire, c'est quand ils oublient que les propos sur les trafiquants noirs et arabes ne relèvent nullement de l'opinion mais de l'assertion, voire de la double assertion. En effet, Zemmour déclare que certaines personnes sont contrôlées plus souvent que d'autres... parce que la plupart des trafiquants de drogues sont des Noirs et des Arabes. Et là, n'importe quel linguiste amateur vous démontrerait qu'il n'y a là aucune expression d'une quelconque opinion, mais bien une double affirmation :

1. Noirs et Arabes sont plus souvent contrôlés que d'autres, dit Zemmour. Mais d'où tient-il cette information ? De la police ? Cette dernière aurait donc dû paraître à l'audience pour confirmer cette assertion (*), non ? L'a-t-elle fait ? Apparemment non !

2. La plupart des trafiquants de drogue sont des Noirs et des Arabes. Là encore, d'où Zemmour tient-il cette information, qui ne peut s'appuyer que sur des statistiques intégrant les personnes non pas suspectées - par la police - de trafic de drogue, mais effectivement condamnées par la Justice ? 

On voit bien que cette deuxième assertion tend à impliquer l'appareil judiciaire, en sous-entendant qu'il existe des statistiques d'origine judiciaire traitant de l'origine ethnique des trafiquants de drogue. Ou cette statistique existe, et l'on aurait aimé savoir comment Zemmour se l'est procurée. Mais s'il en avait détenu une, dûment fournie par l'Administration judiciaire, pourquoi diable déclare-t-il, par ailleurs, que l'on n'ait pas le droit de faire des statistiques ethniques ?

Force est, donc, de constater que Zemmour livre cette assertion sur les trafiquants de drogue non pas en s'appuyant sur une statistique mais plutôt à partir de ses propres fantasmes.

On voit bien que les deux assertions examinées plus haut, qui tendent à impliquer tant la Police que la Justice, sont fausses, ainsi qu'il ressort des déclarations mêmes du prévenu, à savoir l'illégalité des statistiques ethniques.


14. opinion vraie ou non

Et c'est là qu'on aimerait expliquer à ces pauvres députés de l'UMP quelques notions de sémantique.

Visiblement, nos députés, à l'instar de 99 % des commentateurs que j'évoquais plus haut, confondent "opinion" et "assertion".

- Monsieur, vous êtes un crétin !, est une opinion.
- Monsieur, j'affirme que vous avez détourné de l'argent !, est une assertion.

Une opinion n'a pas à être vraie ou non, fausse ou non, une assertion, si. Parler d'opinion vraie est une totale ineptie ! La question que pose l'affaire Zemmour, comme je l'ai démontré plus haut, porte sur une opinion et deux assertions. Mais il faut croire que  nos trente députés de l'UMP prennent leurs auditeurs pour des cons !

- Sur l'opinion, trouver normal que des employeurs fassent jouer la couleur de peau au moment d'une embauche est contraire à la loi, voire à la Constitution de la Vème République, laquelle garantit l'égalité de tous les citoyens, sans égards à leur race, sexe ou religion.

- Sur les assertions : a) les policiers font du contrôle au faciès ; b) le ministère de la Justice tient une statistique des trafiquants de drogue classés selon leur origine ethnique..., là aussi, en me contentant de me fonder sur ses propres déclarations, ainsi que sur l'incapacité dans laquelle il s'est trouvé de fournir ne serait que l'embryon du tiers du quart d'un commencement de preuve à ses allégations, se contentant d'incantations, j'affirme, pour ma part, que Zemmour a tout faux.

Et c'est là que j'attends avec impatience la décision de justice à intervenir - enfin, je veux dire la décision définitive, laquelle n'interviendra peut-être qu'après un arrêt d'appel voire une décision de la Cour Européenne des Droits de l'Homme.

Imaginons, une seconde, que Zemmour soit relaxé. Ça voudra dire que :

1. La France est un pays dont la police pratique bel et bien des contrôles au faciès, secret de Polichinelle que Zemmour se sera contenté de révéler à la télévision.

2. Il existe bien des statistiques d'origine judiciaire, dressant le profil ethnique des trafiquants de drogue.

3. La France est un pays dans lequel les employeurs pratiquent bel et bien un recrutement au faciès, secret de Polichinelle que Zemmour se sera contenté d'éventer à la télévision.

4. Compte tenu du principe sacro-saint de l'égalité de tous devant la loi, on ne voit pas très bien comment les libertés octroyées à Eric Zemmour seraient interdites à d'autres, par exemple à Dieudonné M'bala M'bala ! Du coup, les condamnations dont ce dernier a fait l'objet apparaîtraient comme un "deux poids-et-deux mesures" avec lequel la Justice française risque de se coltiner longtemps. Mais, par ailleurs, on aurait ouvert, à cette occasion, une formidable boîte de Pandorre ! Parce que...

5. On ne voit pas très bien, si Zemmour a eu raison de s'exprimer comme il l'a fait, ce qui interdirait à un quidam, de déclarer, par exemple, en paraphrasant Eric Zemmour, que :

- l'escroc Stavisky était juif, comme Bernard Madoff, comme les escrocs de l'affaire du Sentier..., par conséquent, tout le monde sait que les juifs sont des escrocs, c'est un fait ! Ou encore :

- des décennies durant, des prélats et des prêtres catholiques ont abusé sexuellement d'enfants, aux quatre coins du monde ; par conséquent, tout le monde sait que les prêtres catholiques sont des pédophiles, c'est un fait ! Ou encore :

- Véronique C. stockait des foetus dans son congélateur ; une autre femme avait enterré ses enfants dans son jardin... Par conséquent, tout le monde sait que les Françaises de race blanche n'aiment pas les enfants et n'hésitent pas à les congeler à la naissance voire à les enterrer dans leur jardin, c'est un fait...

Etc., etc.

À chaque fois, il se sera agi d'opinions que leurs auteurs auraient désormais le droit d'exprimer librement, à l'instar d'Eric Zemmour.

Vous voulez que je vous dise ? Il risque d'y avoir une jurisprudence Eric Zemmour !



P.S.

Dans la rubrique : "Décidément !"



Pour mémoire : dans l'affaire supposée d'espionnage industriel chez Renault, rien n'a encore été prouvé !


(*) Source : dictionnaire Larousse :

assertion


nom féminin
(latin adsertio, de adserere, affirmer)
  • Proposition, de forme affirmative ou négative, qu'on avance et qu'on donne comme vraie.
  • Affirmation catégorique de quelque chose qu'il n'est pas possible de vérifier.
  • Statut d'une phrase dans laquelle le sujet parlant énonce une vérité, déclare un fait (par opposition à l'interrogation, à l'exclamation, à l'injonction).