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mercredi 19 mai 2021

Quand l'Occident "chrétien" collabore avec les suprémacistes juifs pour vider la Palestine de ses derniers chrétiens.

Paru dans l'édition de juin 2009 du National Geographic, le récit de Don Belt comporte 4114 mots et près de 24034 signes et espaces, dont j'ai traduit les premiers paragraphes ci-dessous, en attendant de traduire l'intégralité de cet immense "papier". On accède directement à l'article originel grâce à un lien affiché plus bas.

Ce papier aurait fort bien pu être intitulé : La vie quotidienne des palestiniens dans un camp de concentration.


Les disciples oubliés (du Christ)

Disciples de Jésus depuis bientôt 2000 ans, les chrétiens autochtones (de Palestine) sont en train de disparaître de la terre où leur foi est apparue.

Pâques à Jérusalem n'est pas pour les âmes sensibles. La vieille ville, livide et chaotique dans les moments les plus calmes, semble devenir complètement déséquilibrée dans les jours qui précèdent la fête. Par dizaines de milliers, les chrétiens du monde entier affluent comme une horde conquérante, déferlant dans les rues étroites et les ruelles anciennes de la Via Dolorosa, à la recherche d'une communion au milieu des pierres froides ou d'une lueur, peut-être, des agonies endurées par Jésus dans ses derniers instants. Tous les visages de la Terre semblent flotter dans ces rues durant Pâques, toutes les combinaisons possibles d'yeux, de cheveux et de couleurs de peau, tous les costumes et styles vestimentaires, des chrétiens africains en bleu et noir dans des dashikis éclatants aux chrétiens finlandais aux visages pâles et habillés en Jésus, avec une couronne d'épines sanglante sur la tête, en passant par les chrétiens américains en baskets et casquettes, affichant un "I [💛] Israel" et visiblement prêts pour la bataille d'Armageddon.

Ils viennent ici parce que c'est ici que le christianisme a commencé. C'est ici, à Jérusalem, et sur les terres voisines, que se trouvent les collines pierreuses où Jésus a marché, enseigné et est mort - et plus tard, où ses disciples ont prié, saigné et se sont battus pour savoir ce que son enseignement deviendrait. Blottis aux côtés des Juifs convertis dans les grottes de Palestine et de Syrie, les Arabes ont été parmi les premiers à être persécutés pour leur nouvelle foi, et les premiers à être appelés "chrétiens". C'est dans le Levant - une zone géographique comprenant la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël et les territoires palestiniens actuels - que des centaines d'églises et de monastères ont été construits après que Constantin, empereur de Rome, eut légalisé le christianisme en 313 et déclaré ses provinces levantines terres saintes. Même après la conquête de la région par les arabo-musulmans, en 638, celle-ci est restée majoritairement chrétienne.

Par ironie du sort, c'est au cours des croisades (1095-1291) que les chrétiens arabes, massacrés avec les musulmans par les croisés et pris dans le feu croisé entre l'Islam et l'Occident chrétien, ont entamé une longue et régulière retraite vers la minorité. Aujourd'hui, les chrétiens autochtones du Levant sont les vigies d'un monde oublié, portant l'esprit farouche et traqué de l'église primitive. Leurs communautés, composées de diverses sectes orthodoxes, catholiques et protestantes, ont diminué au cours du siècle dernier, passant d'un quart à environ 8 % de la population, la génération actuelle partant pour des raisons économiques, pour fuir la violence de la région ou parce qu'elle a des parents en Occident qui l'aident à émigrer. Leur départ, malheureusement, prive le Levant de certains de ses citoyens les mieux éduqués et les plus modérés politiquement - les personnes que ces sociétés peuvent le moins se permettre de perdre. Ainsi, pour les chrétiens arabes de Jérusalem, il y a une certaine allégresse à Pâques, comme si, après une épreuve longue et solitaire, des renforts bien nécessaires étaient arrivés.

Dans un petit appartement de la banlieue de la ville, un jeune couple de chrétiens palestiniens que j'appellerai Lisa et Mark se prépare à entrer dans la mêlée. Lisa, toujours en jean et en T-shirt, s'efforce d'enfiler à leur fille de 18 mois, Nadia, une robe de Pâques blanche. Mark, en pyjama, essaie sans succès d'empêcher leur fils de trois ans, Nate, dont l'humeur oscille entre Spiderman et Attila le Hun, de saccager le tout nouvel ensemble pantalon-gilet qu'ils lui ont fait enfiler - ou la télévision, ou le tableau de l'enfant Jésus sur le mur, ou le vase de fleurs sur la table. Mark, un grand gaillard en pleine forme, grimace d'exaspération. Il est huit heures d'un matin frisquet de mars et il transpire déjà abondamment. Pourtant, c'est Pâques, un moment d'optimisme et d'espoir, et un moment spécial en plus.

C'est la toute première Pâques que Mark a été autorisé à passer avec la famille à Jérusalem. Il est originaire de Bethléem, en Cisjordanie, et ses papiers d'identité proviennent donc de l'Autorité palestinienne ; il a besoin d'un permis d'Israël pour nous rendre visite. Lisa, dont la famille vit dans la vieille ville, possède une carte d'identité israélienne. Ainsi, bien qu'ils soient mariés depuis cinq ans et qu'ils louent cet appartement dans la banlieue de Jérusalem, la loi israélienne les empêche de résider sous le même toit. Mark vit avec ses parents à Bethléem, qui se trouve à six miles mais pourrait aussi bien être à cent miles, de l'autre côté d'un poste de contrôle israélien et de la barrière de béton de 24 pieds (7,32 m) de haut connue sous le nom de "mur".

Mark trouve déprimant que "80 % des chrétiens avec lesquels j'ai grandi soient partis dans un autre pays pour trouver du travail". Pourtant, il comprend pourquoi. Travailleur social de formation, diplômé en sociologie, Mark cherche un emploi, n'importe quel emploi, depuis près de deux ans. "Vous êtes entouré de ce mur géant, et il n'y a pas de travail", dit-il. "C'est comme une expérience scientifique. Si vous gardez des rats dans un espace clos et que vous le rendez de plus en plus petit chaque jour, que vous introduisez de nouveaux obstacles et que vous changez constamment les règles, au bout d'un moment les rats deviennent fous et commencent à se manger entre eux. C'est comme ça."

(...)

La suite (de la traduction) prochainement (peut-être !). Sinon, les non anglophones pourront toujours traduire le texte intégral affiché ci-dessous en se servant du traducteur intégré (voir en haut de page). Quant aux anglophones, soit ils liront le texte affiché ci-dessous, soit ils consulteront directement l'original (agrémenté de nombreuses photos) sur le site du magazine.

Par parenthèse, les suprémacistes juifs existent bel et bien, mais la "grande" presse se garde volontiers de leur donner la parole. Il faut dire que leurs déclarations peuvent faire froid dans le dos ; dame !, des clones d'Hitler ! (Document)


The Forgotten Faithful (Source)

Followers of Jesus for nearly 2,000 years, native Christians today are disappearing from the land where their faith was born.

By Don Belt

Photographs byEd Kashi

25 min read

This story appears in the June 2009 issue of National Geographic magazine.

Easter in Jerusalem is not for the faint of heart. The Old City, livid and chaotic in the calmest of times, seems to come completely unhinged in the days leading up to the holiday. By the tens of thousands, Christians from all over the world pour in like a conquering horde, surging down the Via Dolorosa's narrow streets and ancient alleyways, seeking communion in the cold stones or some glimmer, perhaps, of the agonies Jesus endured in his final hours. Every face on Earth seems to float through the streets during Easter, every possible combination of eye and hair and skin color, every costume and style of dress, from blue-black African Christians in eye-popping dashikis to pale Finnish Christians dressed as Jesus with a bloody crown of thorns to American Christians in sneakers and "I [heart] Israel" caps, clearly stoked for the battle of Armageddon.

They come because this is where Christianity began. Here in Jerusalem and on lands nearby are the stony hills where Jesus walked and taught and died—and later, where his followers prayed and bled and battled over what his teaching would become. Huddled alongside Jewish converts in the caves of Palestine and Syria, Arabs were among the first to be persecuted for the new faith, and the first to be called Christians. It was here in the Levant—a geographical area including present-day Syria, Lebanon, Jordan, Israel, and the Pales­tinian territories—that hundreds of churches and monasteries were built after Constantine, emperor of Rome, legalized Christianity in 313 and declared his Levantine provinces holy land. Even after Arab Muslims conquered the region in 638, it remained predominantly Christian.

Ironically, it was during the Crusades (1095-1291) that Arab Christians, slaughtered along with Muslims by the crusaders and caught in the cross fire between Islam and the Christian West, began a long, steady retreat into the minority. Today native Christians in the Levant are the envoys of a forgotten world, bearing the fierce and hunted spirit of the early church. Their communities, composed of various Orthodox, Catholic, and Protestant sects, have dwindled in the past century from a quarter to about 8 percent of the population as the current generation leaves for economic reasons, to escape the region's violence, or because they have relatives in the West who help them emigrate. Their departure, sadly, deprives the Levant of some of its best educated and most politically moderate citizens—the people these societies can least afford to lose. And so, for Jerusalem's Arab Christians, there is a giddiness during Easter, as if, after a long and lonely ordeal, much needed reinforcements have arrived.

In a small apartment on the outskirts of the city, a young Palestinian Christian couple I will call Lisa and Mark are preparing to enter the fray. Lisa, still in jeans and a T-shirt, is struggling to get their 18-month-old daughter, Nadia, into a white Easter dress. Mark, in his pajamas, is trying without success to prevent their three-year-old son, Nate, whose mood ricochets between Spiderman and Attila the Hun, from trashing the brand new pants-and-vest outfit they've wrestled him into—or the TV, or the painting of child Jesus on the wall, or the vase of flowers on the table. Mark, a big, hot-running guy, grimaces in exasperation. It's eight o'clock on a chilly morning in March, and he's already sweating profusely. Yet it's Easter, a time of optimism and hope, and a special one at that.

This is the first Easter, ever, that Mark has been allowed to spend with the family in Jerusalem. He is from Bethlehem, in the West Bank, so his identity papers are from the Palestinian Authority; he needs a permit from Israel to visit. Lisa, whose family lives in the Old City, holds an Israeli ID. So although they've been married for five years and rent this apartment in the Jerusalem suburbs, under Israeli law they can't reside under the same roof. Mark lives with his parents in Bethlehem, which is six miles away but might as well be a hundred, lying on the far side of an Israeli checkpoint and the 24-foot-high concrete barrier known as the Wall.

Mark finds it depressing that "80 percent of the Christian guys I grew up with have left for another country to find work." Yet he understands why. A trained social worker with a degree in sociology, Mark has been looking for a job, any job, for almost two years. "You're surrounded by this giant wall, and there are no jobs," he says. "It's like a science experiment. If you keep rats in an enclosed space and make it smaller and smaller every day and introduce new obstacles and constantly change the rules, after a while the rats go crazy and start eating each other. It's like that."

For anyone living in Israel or the Palestinian territories, stress is the norm. But the 196,500 Palestinian and Israeli Arab Christians, who dropped from 13 percent of the population in 1894 to less than 2 percent today, occupy a uniquely oxygen-starved space between traumatized Israeli Jews and traumatized Palestinian Muslims, whose rising militancy is tied to regional Islamist movements that sometimes target Arab Christians. In the past decade, "the situation for Arab Christians has gone rapidly downhill," says Razek Siriani, a frank and lively man in his 40s who works for the Middle East Council of Churches in Aleppo, Syria. "We're completely outnumbered and surrounded by angry voices," he says. Western Christians have made matters worse, he argues, echoing a sentiment expressed by many Arab Christians. "It's because of what Christians in the West, led by the U.S., have been doing in the East," he says, ticking off the wars in Iraq and Afghanistan, U.S. support for Israel, and the threats of "regime change" by the Bush Administration. "To many Muslims, especially the fanatics, this looks like the Crusades all over again, a war against Islam waged by Christianity. Because we're Christians, they see us as the enemy too. It's guilt by association."

Mark and Lisa, like Arab Christians everywhere, conduct an ongoing argument about whether to leave their homeland for good. Mark has one brother in Ireland, another in San Diego, and he lived in the U.S. for a few years. He got his green card and was working in California when he and Lisa were married, in Jerusalem, in 2004. She tried living in San Diego for a while but was homesick for her family, so the couple moved back after Nate was born.

Living as Arabs in the U.S. after 9/11 was an eye-opener for them. "It's funny," Mark says, "what Americans think about things. They've never heard of Arab Christians. They assume all Arabs are Muslim—terrorists, that is—and that Christianity was invented in Italy or something. So when you say, I'm an Arab Christian, they look at you funny, like you just said, The moon is purple. I had one lady ask me, 'What does your family think about you being a Christian? I suppose they must have been very upset!' "

On a mountain overlooking the Mediterranean near Beirut, a hermit rises at three in the morning, reaching for a flashlight amid the lumpy familiarity of books that are both his life's work and his lifelong bedmates. The hermit, who's 73, long-bearded, and known by the name Father Yuhanna, works there until dawn, translating ancient Christian hymns from Aramaic, the language of Jesus, into modern Arabic, copying them into a giant, leatherbound volume the size of a seat cushion. Then he prays, eats a piece of fruit, pulls on his black habit and cloak, and merrily sets off to deliver 10,000 blessings to every place in the world.

His first stop, always, is Alaska, where he "stocks up on fresh air." Then he drifts down through North and South America, jumps to Africa, moves up through the Middle East, sweeps across Europe, then heads east into Russia and Asia before working his way south to Australia. Everywhere he goes, he distributes blessings, counting them off one by one on a string of woven rosary beads that fly through his fingers like doves. This daily trip takes three or four hours, and most days—if he doesn't linger too long over the trouble spots—he's back home by noon. To the untrained eye, he's just an old man walking around in a garden. To his friends and followers, who come by the hundreds to hear his teachings about Jesus, he's a saintly figure, a descendant of influential hermits like Simeon the Elder—a fifth-century ascetic who lived atop a stone pillar in the Syrian countryside for more than 30 years, attracting the pious devotion of locals.

Maronite Christians are not usually thought of as candidates for sainthood. Followers of a fourth-century hermit named Maron, the sect seemed destined from the beginning to battle its way through history. When St. Maron died in 410, a bitter feud broke out among his followers over custody of his body. Within a generation the Maronites were also battling rival Christian sects over theological issues, and after the arrival of Islam they opposed the Muslims too. Fleeing persecution, they pushed over the mountains from Syria into Lebanon, where they sought out the most inhospitable valleys, fortified their caves and craggy monasteries, and set about defending themselves from the caliph's army. In the late 11th century, when French crusaders marched through on their way to Jerusalem, Maronites poured out of the mountains to greet their fellow Christians. Some 800 years later, when France took charge of Syria (including Lebanon) at the end of World War I, it repaid the Maronites by shaping the future nation of Lebanon to their advantage. Speaking French and nurturing a cultural affinity for Europe, the Maronites, alone among Arab Christians, were the majority in a Middle Eastern country when Lebanon gained its independence in 1943.

More recently, Maronite Christians have been among the most feared militia fighters in Lebanon's civil war, waging fierce campaigns against Lebanese factions—Shiite, Sunni, Druze, and Palestinian—in the combat zones of Beirut between 1975 and 1990. But today Lebanon's Christians, once the majority, find themselves increasingly relegated to the same role that Christians elsewhere in the Middle East know so well. After decades of emigration, their numbers have fallen below 40 percent of the population. To cope, Maronite leaders have forged new alliances: one with the ascendent Shiite group, Hezbollah; another with a coalition of Sunnis and Druze. Meanwhile, the Christian militias have gone underground—but that doesn't mean they've gone soft.

Milad Assaf is a genial, middle-aged tile contractor who serves as a foot soldier in the Lebanese Forces (LF), a powerful Maronite political party. From the balcony of his bullet-riddled fifth-floor apartment in east Beirut, Milad has a clear shot at the sprawling Shiite neighborhoods that lie just beyond a busy thoroughfare marking the "red line" between Christian territory and that of the Shiite militias fighting for Hezbollah and its ally, Amal. "It's kind of like living in a shooting gallery," he says, laughing.

Milad was six years old in April 1975, when a gang of Christians ignited Lebanon's civil war by opening fire on a bus full of Palestinian refugees; they did it to send a message to the Palestinian fighters then roaming the streets of Beirut, who wanted to turn Lebanon into a base for the Palestinian Liberation Organization (PLO). The bus attack, which killed 27 people, went down a block from Milad's house, in front of a life-size statue of the Virgin Mary. Despite hailstorms of small arms fire, rocket-propelled grenades, and Israeli bombs that have whistled through the air here since 1975, the statue doesn't have a scratch on it. "Think about that for a minute," says Milad. "Tell me that's not a miracle!"

Milad's neighborhood, Ain al-Rumaneh, is a tough place, full of bullet-pocked apartment buildings and small shops. Every flat surface, it seems, is branded with the symbol of the Lebanese Forces, a cross with its base sliced off at an angle, like a sword. After recent clashes with Shiites, Milad and his buddies raised a 15-foot wooden cross on the sidewalk and plastered a plywood wall behind it with huge posters of Jesus. Then they installed floodlights so that Hezbollah fighters across the road would get the following message 24 hours a day: "Ain al-Rumaneh is Christian. Keep the hell out."

By age 12, when he joined the LF, Milad had the swagger of ashabb, or tough guy. He has no idea how many men he killed during the war. He's been in and out of jail dozens of times and even now, at 40, hasn't given up the adrenaline-fueled life of a fighter. His thinning hair is slicked back, Elvis style, and he wears the big LF cross on a gold chain around his neck and tattooed on his left forearm. Like many Arab Christian guys, Milad pumps a lot of iron, and though carrying a slight paunch, he has a powerlifter's chest that he's proud of, wrapped tightly in a white Armani T-shirt. He flexes his biceps and chest constantly. He carouses in a souped-up SUV, drinks too much, breaks a lot of hearts. Since the July 2006 war with Israel, which ruined the Lebanese economy and strengthened Hezbollah, his tile business has taken a hit, but Milad is hoping to ride this crisis out, just like all the others.

Countrywide, this chronic instability has pushed unemployment to 20 percent, scared away foreign investors, and dimmed the nation's once vibrant commercial life. A week before, in the Maronite heartland along the Qadicha Valley, I'd stopped at a shop in Bcharre, a town on the edge of a cliff that was home to the poet Khalil Gibran. "First customer of the day," said the dark-haired woman behind the counter, whose name was Liliane Geagea. It was 11 a.m. on a sunny Saturday in April, prime tourist season, but the place was empty. "With all the troubles, people have just stopped coming," she said. "Everybody's saving their money so they can leave this crazy place. I know I am. I've given this country 45 years of my life, most of them in a war, and that's enough. I'm exhausted, and so is my family. My daughter is studying at Beirut University. When she graduates, my advice to her is: Go to America, go to Europe or Australia, it doesn't matter where. Just get out and take me with you."

Milad doesn't have the option of leaving, and neither do thousands of other tough guys just like him who meet in militia clubhouses to discuss the "situation" and abide by their party's decision to make political alliances instead of war. But if there's anything that makes them nervous, it's being outgunned. Milad flexes his biceps, pats the stock of his rifle, and grins. "We still have our weapons," he says, fingering one of the M16s he keeps oiled and ready in his basement. "But these days the Shiites have more." He gestures out the window, to shot-up apartment complexes just beyond the four-lane road that might as well be a hostile international border. "Hezbollah controls everything on the other side of that road," he says. "And those guys are crazy. They've got rocket launchers, RPGs, you name it, all supplied by Iran. We'll always protect our neighborhoods and our families, no questions asked. But these days, if it turned into a shooting war, we'd lose. So now we believe in peace."

A few hours east of the battle lines between Muslim and Christian in Beirut, communities in Syria offer a reminder, beneath the hostilities of today, of how closely related the two religions really are. There are oases of tolerance—once widespread, now less so—where Christians and Muslims attend one another's weddings and funerals and worship at one another's shrines. In some monasteries Christians still prostrate themselves in prayer—a Byzantine-era practice that early Muslims may have admired and adopted. Some churches still conduct services in Aramaic or Syriac, languages that predate Islam.

One afternoon I climb to Our Lady of Saydnaya, a cliff-top Greek Orthodox convent in Syria that has weathered the storms of empire since 547. Once inside I find myself not among Christians but in a crowd of Muslim families who've come seeking the blessings of the Virgin Mary, whose powers of healing and fertility have drawn people in need for nearly 1,500 years.

As my eyes adjust to the gloom of the candlelit inner sanctum, I watch as a woman in a head scarf offers her baby, wrapped in a blanket, to the centerpiece of the shrine. There, surrounded by soot-blackened icons, a brass template covers the image of Mary, said to be painted by St. Luke, which inspires even though hidden from view. With her eyes closed and lips moving in silent prayer, the baby's mother presses his face gently against the metal plate for a long moment. Later, outside, I meet the woman and her family, who'd driven up from Damascus after Friday prayers at their mosque.

Wary of strangers, they would offer only the name of their sick child, Mahmoud. Just seven months old, swaddled in a green blanket, he lay still as death with his eyes closed, barely breathing. His face was a dark grayish brown. "The doctor said he can't do anything for Mahmoud and that we should send him to America for an operation," his mother says. "That's impossible, so we need a miracle instead. I'm a Muslim, but a long time ago my family used to be Christian. I believe in the prophets—Muslim, Jewish, and Christian—and I believe in Mary. I've come here so that my boy will be healed."

Such scenes reflect the Levant's history of coexistence between Muslims and people of other faiths, which dates from the earliest days of Islam. When the Muslim Caliph Omar conquered Syria from the Byzantine Empire around 636, he protected the Christians under his rule, allowing them to keep their churches and worship as they pleased. But many Christians converted to Islam anyway, preferring its emphasis on a personal connection with God to the oppressive hierarchies of the Byzantine Church. The grandson of the last Christian governor of Damascus, who grew up to be the theologian St. John Damascene, listened to the newcomers talk about Islam—its acceptance of the Old and New Testaments, its esteem for Jewish prophets, its veneration of Jesus and Mary—and concluded that it was another of the many Christian heresies making the rounds of the Byzantine Empire, beyond the reach of church authorities in Constantinople. It never occurred to him, even writing many years later, that Islam might be a separate religion. When later caliphs imposed heavy taxes on Christians, conversions soared among poor villagers. For those early Arab Christians, whose word for God was (as it still is today) Allah, accepting the tenets of Islam was more like stepping over a stream than vaulting a chasm.

"You can't live alongside people for a thousand years and see them as the children of Satan," observes Paolo Dall'Oglio, an earthy, bear-size monk who hosts Muslims in interfaith dialogue at Deir Mar Musa, the sixth-century desert monastery he and his Arab followers restored between Damascus and Homs. "On the contrary, Muslims are us. This is the lesson the West has yet to learn and that Arab Christians are uniquely qualified to teach. They are the last, vital link between the Christian West and the Arab Muslim world. If Arab Christians were to disappear, the two sides would drift even further apart than they already are. They are the go-betweens."

Back in Jerusalem Mark and Lisa are acutely aware of the role that Arab Christians might play in the geopolitical dramas of today. But they live in a hothouse world, where go-betweens are in constant danger of being trampled—by Muslims, by Jews, or by Western Christians, who (not unlike the crusaders) look right through them as they race past to stake their claim on God's holy ground.

On Easter morning, Mark and Lisa make a handsome couple in their Sunday clothes, leading Nate and Nadia by the hand up the sidewalk to the family car, a middle-aged, maroon Honda. It's a proud moment, their first Easter together in the Holy Land, and Lisa, noticing the thick coat of dust on the car, asks Mark to give it a rinse. He fetches a hose and connects it to a faucet they share with their neighbors, who come out on the porch and stand, watching, in their kaffiyehs and head scarves. In an animated voice, Lisa explains to the kids that Daddy's giving the car a bath for Easter. Right on cue, with a playful flourish, Mark squeezes the nozzle on the hose. Nothing comes out. He checks the faucet, squeezes again. Still nothing. So there he stands, empty hose in hand, in front of his kids, his neighbors, and a visitor from overseas. "I guess they've opened the pipes to the settlements," he says quietly, gesturing to the hundreds of new Israeli housing units climbing up the hills nearby. "No more [water] for us." Lisa is still trying to explain this to the kids as the car pulls away from the curb.

"I hate the Israelis," Lisa says one day, out of the blue. "I really hate them. We all hate them. I think even Nate's starting to hate them."

Is that a sin? I ask.

"Yes, it is," she says. "And that makes me a sinner. But I confess my sins when I go to church, and that helps. I'm learning not to hate. In the meantime, I go to confession."

"Hate destroys the spirit of those who hate," says Father Rafiq Khoury, a soft-spoken Palestinian priest who hears his share of confessions at the Latin Patriarchate in Jerusalem. "But even in the midst of all these troubles, all this violence and despair driving Christians away, you can see new life in the faces of young people and experience the hope that is God's gift to humanity. That is the message of Easter."

Yet even at Easter, Arab Christians seem to be the forgotten ones. One night in East Jerusalem, I accompanied Lisa and Mark to Good Friday services at the huge Church of All Nations next to the Garden of Gethsemane. Mark, who can't stand crowds, stayed outside with Nate in the cool night air, but Lisa has celebrated this Mass since she was a child and wanted to go inside. The crowd was sparse, and we took a position well back from the pews, standing a few yards inside the church doors. Lisa had Nadia in a stroller. As we stood there admiring the church's ornate altar and vestibule, the Christian hordes circulating through Jerusalem suddenly descended, like an Old Testament plague, on the church.

Hundreds of pilgrims churned through the church's double doors, filling the cavernous space with warm bodies and pushing us deeper into the church. The temperature rose rapidly, and air was suddenly in short supply. I checked Lisa's face and saw a look of alarm as she gripped the stroller and tried to anchor herself against the river of humanity flowing into the church. Dutch, German, Korean, Nigerian, American, French, Spanish, Russian, Filipino, Brazilian, the crowd surged forward, searching hungrily for a greater proximity to God.

Suddenly Lisa's decision to bring Nadia along was looking like a mistake. At eye level, people were seeing the vacant space created by the stroller and aggressively pushing to fill it, not realizing there was a sleeping child down below until they were practically falling onto her. Lisa's eyes widened as we fought to protect Nadia from the crush of bodies. As if wading through chest-deep water, we tried to clear a path for the stroller to the church doors. A number of foreign pilgrims reacted poorly to this tiny Arab woman moving in the wrong direction, and things got a bit physical as we made our way through the crowd. As we passed through the doors, the crowd thinned out slightly. Lisa leaned in, straining to be heard over the chaos around us. "Do you see how it is?" she asked, gasping for air on the hill where Jesus spent his last night on Earth. "This is our home. And it's like we're not even here!"

 

 

jeudi 21 février 2019

Réflexions sur ce que d'aucuns appellent "antisémitisme" #2


Les Juifs primitifs étaient un peuple sémite (Alfred Cort Haddon, Races humaines, trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 44). (1)

Épisode §2. Dis papa, c'est quoi un sémite ?
- Euh, à vrai dire, euh, en fait, euh, je vais plutôt te dire ce qu'est un antisémite.
- Tu veux dire qu'il y a des antisémites mais pas de sémites ?
- Ben, ah, tu m'embêtes avec tes questions ! 
- En fait, tu ne sais pas ! Si c'est comme ça, je vais demander à maman.
- C'est ça, demande à maman !
Rigoureusement authentique !

Quiconque a déjà été en contact régulier avec des enfants, voire des adolescents, a dû être confronté à ce genre d'interrogation sur une multitude de sujets, avec l'obligation de devoir "assurer" face à des questions insistantes comme les jeunes aiment à en formuler.

Et puis vous avez cet accélérateur de particules qu'est l'Internet, qui n'est pas que musiques, jeux et vidéos, mais est surtout une incroyable bibliothèque et une formidable base de données que les gamins inspectent rageusement du bout des doigts sur l'écran de leur portable, voire derrière celui de leur ordinateur, ce qui vous vaut d'entendre des choses dans le genre : "monsieur, monsieur, regardez ce que j'ai trouvé sur le net.". Et là, on vous montre des sites ignorés de vous-même, en vous refilant le lien...

J'ai comme l'impression que bien de nos contemporains relativement âgés (j'insiste sur le relativement, dès lors que ce n'est pas qu'une question d'âge) ne semblent toujours pas avoir compris qu'avec l'Internet démocratisé, nous avions définitivement changé d'époque !

Prenez une aire de jeux, comme  il y en a des centaines dans les cités de la banlieue, ou une salle de sports quelconque, avec des jeunes y entrant ou en sortant, la plupart "issus de l'immigration", comme on dit à la télé. 


Et là, vous repérez trois ou quatre spécimens dits 'Beurs', à qui vous lancez, sur l'air de la plaisanterie : 
- Alors, comme ça, vous êtes des antisémites ?!
Éclats de rires garantis !
- Mais, monsieur, c'est nous les sémites ! 
- À la télé, ils disent n'importe quoi !
Et là, je les relance : 
- Ah, parce que vous regardez la télé maintenant ? 
- Euh, ben pas vraiment. Nous on regarde surtout la télé du bled, mais, de temps en temps, pour le foot ou des choses comme ça, on regarde les chaînes françaises... 
Par parenthèse, il faut savoir que la grande majorité des populations allogènes de France que je fréquente depuis quelques années ne regardent presque jamais la télévision française, préférant les chaînes de leur pays d'origine. Et la chose ne date pas de l'ADSL mais de l'avènement de la transmission par satellite (Arabsat, Eutelsat, Astra, Nilesat, Hotbird...). Mais, bien évidemment, l'ADSL a accéléré les choses et fait que j'ai de plus en plus l'impression que les populations immigrées, en France, tournent littéralement le dos à leur pays d'accueil, étant souvent mieux informées sur le temps qu'il va faire à Marrakech, Antalya ou Oran... qu'à Sarcelles, Montreuil ou Mantes-la-Jolie ! 

Mais cela permet également de comprendre à quel point ces jeunes sont parfaitement renseignés sur ce qui se passe ailleurs qu'en France, notamment dans le monde arabe. À titre d'exemple, sur mon boîtier ADSL j'estime que - compte tenu du nombre de chaînes de télévision disponibles - la première langue est le chinois,  suivi de l'arabe et du turc, bien avant l'anglais. Et il suffit de se positionner sur une chaîne "arabe" pour constater que rien de ce qui se passe dans le monde arabo-musulman et, singulièrement en Palestine, n'échappe aux téléspectateurs.

Vous n'avez pas tout compris ? Alors je vais le dire autrement : les média "mainstream" occidentaux ont beau "sucrer", c'est-à-dire édulcorer voire censurer les informations en provenance de Palestine, il se trouve que rien de ce qu'endurent les Palestiniens, soumis à l'occupation, à la spoliation des terres et à l'apartheid israélien, n'échappe désormais à la foule arabe.

Ça vous donne des populations à la conscience politique et sociale particulièrement aiguisée lorsqu'il s'agit de certains sujets. Autant dire que ce que les politiciens et autres politicards de la Ligue dite arabe n'ont pas été en mesure de réaliser depuis des décennies, la télévision par satellite et l'ADSL sont en train de le réussir : la mondialisation dans sa composante "panarabique" (langue véhiculaire voire maternelle, politique, cinéma, littérature, chanson, gastronomie, dessins animés, géographie, histoire, culture, archéologie, tourisme, sports [cf. le Qatar victorieux du Japon lors de la dernière coupe d'Asie de football, dont Israël a été exclu...], l'islam étant un élément important - cf. les chaînes dédiées au Coran et à la pratique religieuse -, mais nullement hégémonique, du puzzle.).

Et que ceux et celles qui n'ont toujours pas compris aillent inspecter les bouquets de chaînes présents sur leur boîtier ADSL et s'amusent à faire le décompte des chaînes en fonction la langue parlée...

Ce qui me permet d'affirmer, depuis mon petit "chez moi", que, grâce aux nouvelles technologies de l'information et à la télévision mondialisée, la nation arabe est visiblement en train de se positionner comme étant la deuxième dans le monde, derrière la Chine, et probablement la première en termes de diversité géographique, la nation chinoise - hormis la diaspora - n'étant basée que dans deux voire trois pays ! 

Vous avez compris que pour, disons 99 % des jeunes "Beurs", cela s'accompagne d'une nouvelle prise de conscience d'eux-mêmes - cf. les opportunités offertes aux diplômés d'émigrer au Qatar, à Dubaï et dans tous les pays émergents de la mosaïque arabo-musulmane - qui explique largement des revendications identitaires du type : "les vrais sémites, c'est nous, les Arabes !" ?  

Autre chose : est-ce parce qu'ils savent à quoi s'attendre de la part de ces populations que nos "grands" médias les snobent ostensiblement ? Sinon, qu'on m'explique pourquoi il est si difficile à des "journalistes" ayant pignon sur rue de se rendre dans telle ou telle cité à forte concentration populaire pour y interroger les habitants, notamment les plus jeunes. Ce qui n'empêche nullement les mêmes "grands" journalistes de nous pondre régulièrement, qui un reportage sur le salafisme dans les cités, qui un autre reportage sur la montée du communautarisme, tous ouvrages puant le bidonnage à mille lieues à la ronde ! (2)

Du coup, je rassure tout le monde, en tout cas tous ceux qui ne mettent jamais les pieds dans ces quartiers peuplés d'"immigrés" et de leur descendance : au moins 99 % des jeunes "Beurs" ont parfaitement conscience de leur appartenance à la grande famille sémitique. Et que ceux et celles qui en doutent fassent comme moi et aillent enquêter sur le terrain - en rencontrant les vraies gens autrement qu'avec des caméras planquées -, à ceci près que moi, je vis depuis une bonne vingtaine d'années maintenant dans des cités à forte population d'"origine immigrée" de la banlieue parisienne, après avoir bien connu les quartiers populaires de Schiltigheim, Neudorf et autres Illkirch, près de Strasbourg. 

J'ai découvert ce qui suit grâce, précisément, à des jeunes littéralement excités par ce qu'ils avaient déniché sur un site israélien, selon lequel "les Arabes ne sont pas des sémites" !


Source

Entre nous, tout ça est bien brouillon, Madame Bridfer étant visiblement une ashkénase, soit une "allemande", en hébreu. Mais ce n'est pas cela qui explique la médiocrité de son travail. Il se trouve que cette personne ne maîtrise pas grand chose et écrit à peu près tout et n'importe quoi, comme cette opposition (ineptie quand tu nous tiens !) entre 'arabe' et 'juif' !

Par ailleurs, il faut une sacrée dose de névrose à des "Allemands" et autres "Slaves" pour vouloir, mordicus, se faire passer pour plus sémites que les "vrais" sémites, comme les jeunes évoqués plus haut se caractérisent eux-mêmes.

Les jeunes ? Les jeunes !

Sofia Aram fait-elle partie des "jeunes" ?

Question subsidiaire : Sofia Aram, humoriste sur France Inter, fréquente-t-elle seulement les quartiers populaires que j'évoque plus haut ?

Il se trouve que cette personne, qu'il m'arrive d'écouter sur cette radio gouvernementale, disons publique, pour ne vexer personne, s'est fendue d'une chronique sur l'agression "antisémite" qu'aurait subie (le pseudo-philosophe)  Alain Finkielkraut, l'autre samedi. Et Aram de s'étonner que l'agresseur (présumé) ose traiter le (pseudo-) philosophe d'antisémite.

Citation (précision utile : j'ai transcrit à la volée la chronique en question, avant de me rendre compte qu'il en existait déjà une version écrite/voir lien plus bas. Néanmoins, j'ai tenu à conserver ma propre transcription.) :
... en marge du 14ème volet des manifestations des Gilets jaunes à Paris, un groupuscule d'hommes en jaune est tombé nez à nez sur Alain F. Cette rencontre du 3ème type entre quelques énervés en fluo et l'académicien suscita chez les premiers un déluge d'insultes clairement antisémites, parmi lesquelles "Barre-toi, sale sioniste, rentre à Tel Aviv !", autres "Bâtard, nique ta mère, saloperie, dégage, tu vas mourir !", etc. 
(...) Et puis soudain, dans ce déferlement ininterrompu de haine, de vociférations accablantes, de racisme décomplexé, d'intimidations et de menaces, ceci... 
Brouhaha ... "espèce de haineux !..., nous sommes le peuple !" 
Oui, oui, vous avez bien entendu : l'un des agresseurs du jour, les joues rosies par le soleil clément de cette journée radieuse, vient de faire une entrée fracassante dans le monde des idées et certainement dans les annales des maladies neuro-dégénératives et psychiatriques en nous offrant ce moment d'anthologie qui consiste à insulter l'auteur de la Défaite de la pensée en le traitant d'antisémite. 
À ce niveau, on frise l'art contemporain ; une sorte de mise en abîme par l'utilisation du terme "antisémite" pour désigner le récipiendaire de l'insulte par le mot-même dont ce dernier serait en droit de se prévaloir pour qualifier les propos de son agresseur. Pris de vertige devant la profondeur abyssale de l'incohérence du locuteur, on se perd en conjectures : l'a-t-il fait exprès ? Sa langue a-t-elle fourché ? Est-il sujet à l'aphasie jargonnesque ?  Ben, pas du tout ! Il poursuit sur sa lancée en se jetant dans le vide de sa pensée en traitant le philosophe de racisme, de haineux, tu es un "naineux", tu vas mourir, tu vas aller en enfer, Dieu va te punir, le peuple va te punir... 
Il faut se remettre (sic !) à l'évidence : il s'agit d'un antisémitisme d'un nouveau genre, qui consiste à qualifier son agresseur de ses propres actes. Ce sinistre individu est bel et bien en train de vomir sa haine en traitant Finkielkraut de haineux, ce qui techniquement ouvre la perspective à tous les violeurs qui pourront à loisir traiter leurs victimes de violeuses ou de violeurs, à Marc Dutroux de traiter ses victimes de pédophiles. 
Ce qui est remarquable, c'est que dans sa lancée, il n'oublie pas de terminer son propos par la menace divine et la vengeance du peuple. Tout est là ; l'indécence du propos est telle qu'il embarque avec lui, en plus de l'antisémitisme, du racisme, de l'insulte et de la menace tous les naufrages de l'époque, et le tout avec l'indécrottable certitude qu'il représente Le peuple. C'est à se demander qui a bien pu lui mettre cette idée idiote dans la tête, mais ce que je sais, c'est que visiblement, ça lui a donné des ailes. 
Ci-dessous  un extrait du texte de Sophia Aram tel que publié sur le site de France Inter (allergique aux fautes de syntaxe, je me suis permis l'une ou l'autre rectification en rouge ou entre parenthèses) :
(...) Cette rencontre du troisième type entre quelques énervés en fluo et l'académicien suscita, chez les premiers, un déluge d'insultes clairement antisémites parmi lesquelles beaucoup de "barre-toi !", de "sale sioniste !", de "rentre à Tel-Aviv !" et autres "nique ta mère !", "bâtard !", "saloperie !", "dégage !", "tu vas mourir !". Pendant qu'un gilet jaune éloigne gentiment le philosophe qui fit preuve d'un stoïcisme patelin qui force le respect, tant il eut (eût !!!) été compréhensible - voire carrément réjouissant - que l'auteur de “Nous autres modernes : (en) quatre leçons“, finisse par leur en inculquer une cinquième en leur faisant bouffer leur gilet jaune. (Source)
Observons, en passant, que, de l'aveu même de Sophia Aram, il s'est trouvé un Gilet Jaune pour "éloigner gentiment" (= le contraire de "méchamment") le philosophe"...

Mais le plus important est ailleurs et concerne "le déluge d'insultes clairement antisémites...".

Et là, je mets quiconque, à commencer par Sophia Aram, au défi de me citer un seul mot, une seule expression de l'énumération figurant plus haut, qui relèverait de l'anti-comment-déjà ? - sémitisme ?!

Observons, par ailleurs, que, malgré une excellente ouïe, Sophia Aram n'a entendu aucun "Sale juif !" dans le bobino sonore agrémentant sa chronique ! 

Chère Sophia Aram, comme je vous comprends ! Comment faire autrement, quand on est la petite "beurette" de service, dans cette grande radio gouvernementale, pardon ! publique qu'est France Inter, et alors que tout le monde vous scrute en attendant de voir et d'entendre ce que vous allez (forcément) dire sur l'affaire de l'agression, euh, (forcément) antisémite dont fut victime le (forcément) immense, intelligent, admirable... philosophe qu'est Alain Finkielkraut ?
Pendant qu'un gilet jaune éloigne gentiment le philosophe qui fit preuve d'un stoïcisme patelin qui force le respect tant il eut été compréhensible - voire carrément réjouissant - que l'auteur de “Nous autres modernes en quatre leçons“, finisse par leur en inculquer une cinquième en leur faisant bouffer leur gilet jaune.
Quel admirable petit numéro de flagornerie, dont on se demande s'il est vraiment sincère (flagornerie/sincérité, bonjour l'oxymore !), sachant que tout le monde, dans la grande maison ronde, vous attend au tournant ! 

Par parenthèse, mes petits camarades de la cité voisine étaient, comment dire ?, morts de rire en entendant la chronique, leur principal commentaire étant : "Elle nous fait une Malek Boutih !", M.B. étant un ex-président de l'association anti-raciste SOS-Racisme, et qui s'est forgé de solides inimitiés au sein des jeunes "Beurs" et, plus généralement, de la jeunesse délaissée des quartiers "difficiles", comme on dit à la télé.

Les plus méchants des commentateurs ont carrément employé le mot "harki", en référence à ces Algériens assez naïfs pour prendre les armes aux côtés des troupes coloniales françaises, avant de finir comme chacun sait... Et voilà notre Sophia Aram rhabillée pour l'hiver ! (Lecture)

Mais, en règle générale, les gosses ne sont pas dupes, qui admettent que, pour des raisons purement tactiques, on puisse dire des choses, tout en n'en pensant pas moins ! Parce que, dans les faits, il est (serait) impossible de ne pas penser comme Mennel, ou encore comme Bilal... (par parenthèse, je ne regarde jamais les variétés à la télévision ; du coup, je ne connaissais ni Mennel ni Bilal), qui n'ont fait qu'exprimer, via des tweets, ce que tous les Arabes, sans exception - sous entendu, y compris Sophia Aram -, pensent de certains sujets, comme la Palestine... Alors, au diable les contorsions de l'humoriste de France Inter, qui ne doit pas penser un seul mot de ce qu'elle a dit l'autre jour sur Finkielkraut. Et, du coup, ces jeunes se montrent fort compréhensifs.... En tout cas, pour l'heure, Sophia Aram a droit au bénéfice du doute.

Vous savez quoi ? Les discussions avec certains adolescents me plongent toujours dans des crises de grande hilarité !

Mais je n'oublie pas l'essentiel : être sémite ou pas : je doute que Sophia Aram, voire les journalistes de France Inter, voire les journalistes français et mondiaux dans leur ensemble, me trouvent un seul universitaire, spécialisé dans les langues et civilisations orientales, qui prétende que "sémite" renvoie à "juif", tout en excluant les Arabes et peuples voisins ou assimilés.

Le fait est que le fils d'émigrés polonais qu'est Finkielkraut est un (germano)slave ou slavo-germain (cf. 'Kraut' : plante, herbe en allemand), tout le contraire d'un sémite. Par voie de conséquence, un slave, un allemand, ou un bantou... peut fort bien être antisémite, quoi qu'en pense la très imprudente Sophia Aram !

Autre chose : l'autre samedi, on a également entendu des "Palestine, Palestine", curieusement absents du bobino de Sophia Aram sur France Inter (!). Les Palestiniens étant de parfaits sémites, force est d'admettre que celui qui crie sa solidarité avec les Palestiniens est forcément un philosémite. Non !? Demandez donc à Dieudonné ce qu'il en pense...

Parce qu'il va vous falloir vous munir d'un gros dictionnaire pour me démontrer que les Palestiniens ne sont pas des sémites !

Pour preuve de la couardise de nos "grands" média, aucun d'eux n'a osé, à ce jour (Dieu sait pourtant que ce ne sont pas les spécialistes qui manquent, à la Sorbonne, à l'Ecole Normale Supérieure, au Collège de France et ailleurs), convoquer tel expert ou universitaire pour tirer au clair cette question liée au supposé "antisémitisme" de certaines populations arabo-musulmanes.

Ce qui explique que des politiciens et autres politicards incultes, stupides ou malveillants continuent de nous bassiner avec la nécessaire lutte contre le fameux anti-machin-truc-tisme, avec moult trémolos (surjoués) dans la voix, mais sans y croire le moins du monde, tant ils savent que, sur la question, ils ont tout faux !

Et dire qu'il suffirait de lire un peu. Et là, pour faire simple, on ne va pas citer tel ou tel expert, dont les ouvrages (difficilement accessibles) sont disponibles à la Bibliothèque Nationale ! Contentons-nous de choses relativement faciles d'accès, car disponibles en ligne (mais on évitera quand même Wikipédia !).

Prenons ce qui suit :
L'adjectif « sémitique » a été forgé par l'orientaliste allemand A. L. Schlözel dans le tome VIII (1781) du Repertorium für biblische und morgenländische Literatur de J. G. Eichhorn, pour désigner des langues dont la parenté était perçue dès le Moyen Âge par les docteurs juifs : l'hébreu, l'araméen et l'arabe. L'appellation était choisie par référence au « tableau des peuples » de la Genèse (X) où Sem, fils de Noé, est donné comme le père d'Abram et l'ascendant d'Eber, éponyme des Hébreux, ainsi que de Yoqtan, ancêtre de diverses populations d'Arabie. 
Cela est purement conventionnel, puisque le texte biblique range parmi les descendants de Sem les Élamites et les Lydiens, dont les langues n'étaient pas sémitiques, et, en revanche, fait des Cananéens des enfants de Cham, alors même que l'hébreu est défini ailleurs (Isaïe, XIX, 18) comme la « langue de Canaan ». Néanmoins, l'usage s'en est universellement répandu et le terme « Sémites » a été appliqué à tous les peuples parlant ou ayant parlé des langues sémitiques, peuples qui ont joué un grand rôle dans le Proche-Orient asiatique dès l'aube de l'histoire et auxquels le monde actuel est redevable de l'écriture alphabétique et des trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l'islam. Le critère linguistique est le seul qui permette de définir avec certitude une famille sémitique et de postuler une unité préhistorique des Sémites. 
L'hypothèse d'une origine commune des peuples sémitiques est d'autant plus vraisemblable qu'à la différence des Indo-Européens ou des Ouraliens ils ont occupé une aire continue et bien délimitée comprenant la péninsule arabique, la steppe syro-arabe et ce que l'égyptologue américain J. H. Breasted a appelé le « Croissant fertile », à savoir la côte orientale de la Méditerranée depuis le Sinaï jusqu'au Taurus, la Syrie du Nord et la Mésopotamie. (Source)

Cela dit, soyons précis, et évitons les références vasouillardes à tel ou tel fatras mythologique (cf. la Bible !) : l'Université se fonde essentiellement sur des critères factuels (biologiques, cf. l'ADN ou linguistiques), les seuls qui se laissent facilement analyser d'un point de vue scientifique ; voyez les langues bantoues en Afrique, slaves, finno-ougriennes, indo-européennes, latines, germaniques, etc...
Le critère linguistique est le seul qui permette de définir avec certitude une famille sémitique.
Voilà qui a le mérite d'être clair, non ?!

Et puis, comment passer sous silence (ce que les théoriciens de la lutte contre l'"antisémitisme" se complaisent à faire) la thèse iconoclaste - mais pas tant que ça - d'un Shlomo Sand ?

Source
Vous comprenez maintenant pourquoi tant de dirigeants israéliens, à commencer par les plus emblématiques, se sont empressés de troquer leur patronyme germanique, slave, ou encore khazar en patronyme hébraïque !

Une colossale imposture, sous nos yeux ou presque ! 

On résume ?

L'usage abusif du terme "antisémitisme", utilisé à la manière d'un euphémisme (3), c'est-à-dire, sans jamais définir ce que serait le "sémitisme", constitue une double escroquerie intellectuelle dans la mesure où :
  • il se réfère à une religion et non à une langue, et ce, pour mieux...

  • exclure du champ lexical tous les groupes (hormis l'hébreu : ougaritique, araméen, arabe, sudarabique, éthiopien, guèze, amharique...) relevant bel et bien du "sémitisme" sur la base du seul critère scientifique acceptable, à savoir celui de la langue.

Ce qui veut dire que nous avons là des commentateurs (du type 'imprécateur' ou 'vociférateur') bien imprudents, ou tout simplement cyniques, qui prétendent nier à diverses langues, dont la plus importante : l'arabe, leur caractère sémitique. (Lien)

Ne soyons, donc, pas surpris de voir que, depuis le temps, les innombrables campagnes contre ledit "anti-machin-truc-tisme" aient été irrémédiablement vouées à l'échec car bâties sur le mensonge, à l'instar de châteaux sur du sable !

Pour re-citer notre bon Raymond Devos, trois fois rien fois trois fois rien, ça fait rien de neuf !




(1) Les Juifs, une race (et non pas une religion) !? Depuis les temps anciens, certaines théories ont considérablement évolué !

(2) J'ai encore dans l'oreille telle interview de deux journalistes parisiens ayant supervisé un ouvrage dédié au "communautarisme" de qui vous savez. Ils y évoquaient - comme preuve de la poussée communautariste - les mots d'une observatrice apparemment expérimentée, s'étonnant de la concentration de restaurants hallal dans des quartiers entiers. Et moi de rire aux éclats, en regrettant que cette personne ainsi que son "jeune" intervieweur ne connaissent pas des quartiers parisiens comme le Marais, avec ses restaurants et épiceries casher, ou Belleville, où falafels et couscous ont été progressivement évincés par le pâté impérial et le canard laqué, ou encore le bas du 13ème arrondissement [Avenues et Portes d'Ivry, de Choisy...], avec ses enseignes parfois libellées à 90 % en kanjis !


(3) La raison d'être d'un euphémisme est d'édulcorer un propos, voire de le travestir, dans le but de mentir, sans donner l'impression de mentir, mais tout en mentant ! Prenez le fameux euphémisme "Shoah", dont nous reparlerons ailleurs, et dont "l'importateur" - qui ne lisait ni ne parlait l'hébreu ! - avouait, sans rire, qu'il se l'était approprié sans (même) en connaître la signification !


Lecture 01 : C'est parfois tiré par les cheveux, avec une syntaxe pas toujours rigoureuse, mais c'est globalement intéressant. Problème : les citations, ex. Dans l’édition de 1960 de l’Encyclopedia Judaica on trouve ces faits : En 1960 il y a 500. 000 juifs d’origine hébraïque dans le monde. Les Ashkenazim ou juifs Khazars sont au nombre de 11 millions.  C'est là qu'on aurait aimé lui dire : "Hola, camarade, un peu de méthodologie, que diable ! Quand on cite..., on n'oublie pas de référencer la citation (ex. édition, page) ! 

Lecture 02 : (à peu près le même commentaire que précédemment, hormis sur la syntaxe !)

Lecture 03 : si seulement cette Mme Bridfer, citée plus haut, s'appliquait à lire des études sensées, exemptes de toute idéologie, au lieu de déblatérer sur tout et n'importe quoi sur son blog, elle découvrirait, par exemple, des choses intéressantes comme celle-ci (s'agissant du gag selon lequel on est juif par la mère...) :
L’ADN mitochondrial, contenu dans les organites cellulaires nommés mitochondries, est transmis uniquement par les mères (seul l’ovule transmet ses mitochondries à l’œuf et à la descendance ; le spermatozoïde ne transmet que son noyau). Il reflète donc la lignée maternelle. Un autre marqueur génétique intéressant à utiliser est le chromosome Y : il n’est présent que chez les hommes et reflète donc la lignée paternelle. Un avantage important de l’utilisation de l’ADN mitochondrial et du chromosome Y dans les études génétiques est que ces deux matériaux ne sont pas soumis au phénomène de recombinaison homologue (un brassage génétique) entre chromosomes maternels et paternels. 
M. Richards et ses collègues ont utilisé un ensemble de données sur l’ADN mitochondrial bien plus nombreuses que dans des travaux précédents d’autres équipes. Ils ont trouvé que plus de 80 pour cent des ADN mitochondriaux modernes des juifs ashkénazes ont une origine européenne, qu’une petite proportion de ces ADN proviennent du Proche-Orient, et que pratiquement aucun ne semble provenir du Caucase Nord. En d’autres termes, la lignée maternelle des juifs ashkénazes remonte principalement à l’Europe occidentale préhistorique ! 

Lecture 04
"Ashkenazim are quite distinct from their Mediterranean and Middle-Eastern co-religionists in the incidence of the disease and in the mutations responsible... The genetic family tree of Jews from different parts of Europe shows that they are not a unique group, biologically distinct from other peoples around them. There is, though, evidence of common ancestry that gives Jews at least a partial identity of their own. In most places, there is overlap between the genes of the Jewish population and those of local non-Jews. There has been interchange; sometimes through recent marriage, but more often as a result of mating long ago.... The Y chromosomes of Jews are - unsurprisingly - not all the same; the idea of the sons of Abraham is a symbolic one. They do show that many males, some only distantly related to each other, have contributed to the genes of European Jewry. On the average, most Jewish populations contain more diversity for male lineages than for female (whose history is recorded in mitochondrial DNA). This means that there has been more invasion of the Jewish gene pool by the genes of non-Jewish men than of women. The Y chromosomes of Jewish men from the Balkans are rather unlike those of other European Jews, perhaps because there was more admixture in this unstable part of the world." [Steve Jones. In the Blood: God, Genes, and Destiny. Flamingo, 1997. Excerpts…]