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lundi 23 octobre 2023

What I Saw in Gaza Changed Me Forever

Ce qui suit est ma traduction d'un texte paru sur Mintpress et émanant d'une personnalité juive ayant fait sa "conversion de Paul". Il est question de Saül de Tarse, persécuteur de chrétiens qui, sur le chemin de Damas, fait une rencontre, à en croire les Évangiles. Et voilà notre homme devenu le premier des apôtres, le fameux Saint-Paul des Catholiques. Ici, nous avons quelqu'un qui a d'abord été un sioniste convaincu, et qui en est revenu, à l'instar de pas mal de ses congénères.

Relecture en cours

 

Ce que j'ai vu à Gaza m'a changé pour toujours

Ma vraie libération en tant que personne juive est liée à la libération du peuple palestinien.

par Ned Rosch, 7 Mai 2019

Retrouver les valeurs du judaïsme après une expérience sioniste est une puissante collection de 40 essais rédigés par des juifs d'origines diverses. Chacun d’eux décrit un parcours personnel allant d'une vision sioniste du monde à un activisme solidaire des Palestiniens et de ceux des Israéliens qui s’appliquent à édifier une société fondée sur la justice, l'égalité et la coexistence pacifique. Dans cet extrait de l'essai « La Palestine et mon parcours de découverte de soi », Ned Rosch décrit l'impact profond d'une visite à Gaza en 2014, peu après les bombardements intensifs de « l'opération Bord de mer » menée par Israël.

 

Le grand écrivain indien Arundhati Roy a écrit que "Le problème, c’est qu’une fois que vous voyez la chose, vous ne pouvez plus l’ignorer. Et une fois que vous l’avez vue, rester silencieux, ne rien dire, devient un acte aussi politique que d’en parler. Il n’y a pas d’innocence. De toute façon, vous êtes responsable."

À de nombreuses reprises dans ma vie, je l'ai "vue" et ai senti que les fondements fortement endurcis de mon éducation sioniste finiraient par se fissurer et se transformer en poussière, mais peut-être que rien ne m’a plus profondément ébranlé et renforcé ma perspective qu'un voyage à Gaza en novembre 2014.

Pendant une courte mais remarquable période d’une semaine et demie, j'ai eu le privilège incroyable de faire partie d'une délégation sanitaire dans cette petite bande de la Palestine historique, qui se trouve être l'un des endroits les plus peuplés de la planète, car sa population est littéralement emprisonnée par les Israéliens, avec l'aide des Égyptiens. Se retrouver là, juste deux mois après la guerre meurtrière menée par Israël en 2014 contre la population de Gaza, m’a permis d’apercevoir, à travers les histoires douloureuses que j’ai entendues et la destruction accablante dont j’ai été le témoin, l’horreur grotesque de cette guerre de 51 jours. Les structures bombardées étaient partout visibles, le chagrin universel, le traumatisme intense.

Rawya, qui assurait la traduction pour un stage que j’avais organisé à Gaza avec 15 éducateurs scolaires, m'a raconté autour d'un thé chaud que : "Nous aurons peut-être peur à notre tour. Mon mari et moi avons installé nos quatre enfants âgés de neuf à quinze ans sur des chaises, et nous et nos enfants avons discuté de ce que nous ferions si une bombe nous tombait dessus et que nous soyons les seuls survivants de notre famille. J'avais le sentiment d'avoir besoin de cette conversation car la possibilité me paraissait si réelle et, en tant que mère, je devais savoir que nos enfants avaient prévu la chose." 

Elle, les éducateurs, les enfants qu'ils voient et, selon les conseillers, cela va sans dire, tout le monde à Gaza était traumatisé. Lorsque des jets israéliens ont été entendus un soir au cours de notre séjour à Gaza, la peur qui s’amplifiait était palpable.

En accédant à Gaza, nous avons vu des squelettes obsédants de maisons, des personnes vivant dans des bâtiments dévastés par les bombes, ainsi que des mosquées, des hôpitaux et des usines en ruine. Ce qui reste gravé dans ma mémoire, ce sera probablement ce que nous avons vu dans des quartiers civils fortement bombardés. Il est difficile de trouver des mots permettant même de décrire la dévastation totale du territoire.

Les Palestiniens vivaient désormais dans des baraques de fortune de carton et de couvertures, entourées de gravats. Même si j’avais vu auparavant les mêmes images sur des sites, l’impact produit par la vision de ces familles accroupies près de ce qui était tout ce qu’elles possédaient et qui, en quelques secondes, avait été totalement anéanti, m'a coupé le souffle, à l’instar du pan éclaté d’une grande dalle de béton, avec dessus les noms peints à la bombe des membres d’une famille ensevelis sous les monticules de débris, et une femme assise sur les gravats tout en regardant au loin, tandis qu’un mariage était célébré au milieu d'immeubles ravagés.

Dans un camp de réfugiés, une Palestinienne bien dynamique nommée Reem m'a dit qu'elle ne pouvait plus penser à l'avenir. "Tout ce que j'ai, expliquait-elle, est valable aujourd'hui et cela me suffit, dès lors que cela m’offre de nombreuses opportunités pour aider les gens."  

Reem ouvrait des centres dans certaines des zones les plus détruites de Gaza, des centres où les enfants jouent, lisent, chantent, apprennent le français, plantent des graines dans des gobelets en papier - pour peut-être avoir un aperçu de ce que pourrait être une enfance "normale." 

Rien n'est normal à Gaza. Une décennie de siège et trois guerres ont ravagé l’économie, emporté la vie de milliers de personnes, détruit l’environnement et anéanti les espoirs de voir les choses s’améliorer un jour, peut-être y avoir un avenir.

Yasser, un homme doux, directeur exécutif du programme de santé mentale communautaire de Gaza, a perdu 28 membres de sa famille élargie au cours de la guerre de 2014. Personne à Gaza n'a été épargné sur le fait d’avoir un proche tué ou blessé lors du brutal et implacable assaut israélien. Yasser a déclaré que sa famille parlait de 28 chaises vides.

La famille de Mohammed compte maintenant 10 personnes de moins. L'un des défunts était une jeune fille qui a été d’abord sauvée après avoir survécu pendant dix jours sous un énorme tas de béton et de barres d'armature, avant de mourir à l'hôpital deux jours plus tard. Elle s'appelait Yasmin. 

"Je ne peux pas me sortir Yasmin de la tête avoir Yasmin ni l’idée de ce que ses derniers jours ont été," dit Mohammed, les larmes coulant sur sa chemise.

Tout le monde aspire à l'ouverture des frontières pour pouvoir respirer, travailler, voyager, étudier à l'étranger ou obtenir des soins médicaux qui ne sont pas disponibles à Gaza en raison de la pénurie de tout ce qui a été causé par le siège israélien. Pourtant, la plupart affirment qu'ils reviendraient chez eux. 

" Tout comme un poisson ne peut pas survivre hors de l'eau, nous ne pouvons pas vivre longtemps loin de Gaza. Nous devons rentrer à un moment donné.", a déclaré Walaa, une jeune femme titulaire de deux diplômes de troisième cycle et qui était au chômage en pleine économie dévastée de Gaza.

Imad, un infirmier travaillant à plein temps et qui n’était plus payé depuis plus d’un an, m’a invité à rencontrer son épouse et ses huit enfants dans leur appartement extrêmement modeste mais confortable. Lorsqu'on lui a demandé comment ils survivaient sans revenus et avec tant de bouches à nourrir, Imad a expliqué que tout le monde à Gaza faisait ce qu'il pouvait pour aider les autres, car ils se trouvaient tous dans le même bateau. Il a ensuite haussé les épaules et posé pensivement la question que nous entendions si souvent : "Que pouvons-nous faire ?"  

Il est frappant de réaliser que 2 millions de Palestiniens sont emprisonnés à Gaza, soit dans une zone de seulement 25 miles de long et 5 à 8 miles de large - plus petite que la région métropolitaine de Portland.

Une merveilleuse animatrice, qui s’occupait de groupes d'enfants à Gaza, m'a invitée dans un de ces groupes pour des enfants de 5 ans ayant perdu leur maison, leur famille, leur innocence - et bien plus encore - dans des attentats à la bombe. Je me suis assis au sein du cercle parmi les enfants, alors qu'ils choisissaient des reproductions de visages heureux ou tristes pour représenter ce qu'ils ressentaient. Une fillette a déclaré qu'elle avait pris un visage triste parce que son grand-père avait été tué par une bombe. D'autres ont pris des visages tristes parce qu'ils avaient fait de mauvais rêves. L’animatrice m'a dit que sa propre fille de 10 ans l'avait implorée pendant la guerre : "Ne me laisse pas seule. Je veux qu’on meure ensemble."

Il y a donc suffisamment de stress, de chagrin, de douleur et de tristesse à vivre, mais il existe également une quantité remarquable d’amour, de générosité et de détermination. Ramadan, qui a traduit pour moi lors d’un de mes ateliers, et qui prépare un doctorat en psychologie, m’a fait observer que, de même que beaucoup de gens ne peuvent apprécier l’importance de leur santé que lorsqu'ils tombent malades, les Palestiniens ne peuvent ressentir plus intensément l'absence d'une patrie qu’après l'avoir perdue si brutalement. "D'autres ont une patrie physique, un endroit où ils vivent ou qu’ils visitent. Notre patrie vit dans nos cœurs.", m'a dit Ramadan autour d'un café, au son du clapotis des vagues sur le rivage.

Alors que je marchais dans un secteur de Gaza qui avait été fortement bombardé par les Israéliens, observant des maisons, des immeubles d'habitation et une école complètement détruits, un homme d'âge moyen est venu vers moi et m'a poliment offert un grand manuscrit recouvert de la poussière provenant des décombres d’habitations toutes proches détruites au cours d’un bombardement. Quand je lui ai demandé ce que c'était et pourquoi il voulait me le donner, il m'a fait signe de le suivre de l'autre côté de la rue jusqu'à un énorme tas de débris. Alors que nous gravissions le monticule en évitant les éclats de verre, les barres d’armature tordues et le béton, il a sorti son téléphone et m’a montré la photo d’une maison très attrayante et bien entretenue - sa maison. Il a expliqué que la famille occupait cette maison et que tout avait été détruit, à l'exception du manuscrit, sa thèse de doctorat, qui était une critique littéraire des œuvres d'Ezra Pound et de T.S. Eliot.

Ce professeur, qui avait tout perdu, insistait pour que je prenne ce qui restait d'une vie. Je ne saurai jamais pourquoi. Peut-être que c’était l’hospitalité palestinienne qui l’obligeait à donner quelque chose à cet invité, et c’était tout ce qu’il avait à offrir. Peut-être voulait-il que j’emporte ce document en lieu sûr, sachant que rien n'était en sécurité à Gaza. Peut-être ce professeur disait-il qu'en dépit de toutes les destructions que les Israéliens pouvaient déclencher à leur guise, il y avait une chose qu'ils ne pourraient jamais détruire : les idées - pas seulement à propos de Pound et Eliot, mais aussi à propos du rétablissement de la justice pour un peuple qui a souffert une brutalité et une dépossession inimaginables.

Je continue de me débattre avec beaucoup de choses, dont la moindre n’est pas le fait de trouver les mots justes pour exprimer de manière adéquate l’intensité de l’expérience de connaître, de façon modeste mais profondément significative, un certain nombre de personnes inoubliables et belles à Gaza, ainsi qu’un aperçu de la réalité incroyablement dure de leur vie. Il est difficile de comprendre comment l’occupation et le siège de Gaza, qui détruisent lentement mais très régulièrement la vie de deux millions de personnes, peuvent se matérialiser et comment le monde fait si peu pour arrêter cela. La question d’Imad : "Que pouvons-nous faire ?" Résonne dans ma tête. Une partie de ce que je peux faire est claire : un engagement plus fort, comme le dit Arundhati Roy, à prendre la parole, affirmant plus largement et plus souvent l’importance de la lutte des Palestiniens, car nous, les Américains, sommes si profondément complices de l'occupation israélienne en cours sur la terre palestinienne. La majeure partie de ce que je peux faire va sûrement émerger avec le temps, tandis que je continue à penser aux personnes que j'ai rencontrées et qui ne veulent rien d'autre que vivre. À Gaza, j'ai laissé derrière moi des amis et un morceau de mon cœur - un cœur brisé bien des années auparavant par le conflit entre ce que j'avais appris à penser de ce qu’était Israël, et ce que j'avais finalement appris, qui était la sombre réalité d'Israël.

Il y a des années de cela, j’avais sincèrement cru que j’étais plus ouvert d’esprit que ça, lorsque j’essayais de croire fermement qu’il existait deux récits légitimes et très différents, un juif et un palestinien, deux revendications fondamentalement irréconciliables du même terrain, et c'est pourquoi le conflit était si insoluble. Mais ce qui était vraiment insoluble, c’était la bataille qui faisait rage dans ma tête et encore plus vigoureusement dans mon cœur. Voyez-vous, j'étais devenu un progressiste sur tous les sujets, sauf un. J'ai défilé pour les droits civils, les droits des femmes, les droits des personnes LGBTQ, les droits de tous, y compris l’abolition de la guerre. Mais en ce qui concernait Israël et la Palestine, j'étais extraordinairement déchiré. Même à supposer que mes amis eussent pu me dire la vérité, comment aurais-je pu tourner le dos à mon propre peuple et à ma propre éducation, surtout après les milliers d'années de souffrances endurées par les Juifs ? L’histoire juive des pogroms, de l’antisémitisme et des horreurs de l’Holocauste n’est-elle pas au moins aussi convaincante, sinon plus ? Après tout, en tant que personne nommée d'après une victime de l'Holocauste, j'étais un maillon d'une longue chaîne. 

Comment pouvais-je contribuer à saper la lutte juive pour reconstruire un peuple décimé après l'Holocauste ainsi qu’après la création récente de l'État d'Israël ? Avec le temps et l’introspection, mon double univers narratif a commencé à s’effilocher, puis à se défaire complètement. 

Le coup fatal est probablement venu lorsqu'un ami palestinien m'a demandé pourquoi les juifs avaient tant de mal à intégrer l'expérience palestinienne à la compréhension juive de l'histoire. Je n’ai pas bien saisi sa question et, avec appréhension, lui ai demandé de s’expliquer. Il m'a mis au défi de ne pas voir deux récits contradictoires, mais une histoire, une histoire de ce qui s'est réellement passé. Cette question et ce défi, ainsi que l'exploration et la ré-exploration de leurs réponses, m'ont conduit dans l'un des voyages les plus profonds et les plus enrichissants de ma vie. 

C’était la confrontation d’un effort fondamental visant à réconcilier ma vision des choses autour d’Israël et de la Palestine, avec les valeurs fondamentales de mon cœur et, au bout du compte, la révélation du fait que, dans l’essence même de mon être, ma véritable libération en tant que Juif était désormais intrinsèquement liée à la libération authentique du peuple palestinien. Mon sens de la liberté et de la complétude ne sera atteint que lorsque chaque Juif - et chaque Palestinien - sera libre. Le sionisme emprisonne non seulement les corps palestiniens, mais aussi les esprits juifs.

J'ai fini par comprendre que la merveilleuse tradition juive de "La Justice, La Justice tu poursuivras !" m'obligeait à prendre position avec d'autres personnes de bonne volonté, y compris de nombreux Juifs, pour soutenir mes frères et sœurs palestiniens dans leur douleur, leur lutte et leur résistance. Pour moi, la percée a été la prise de conscience ultime que prendre la défense des Palestiniens ne voulait pas dire tourner le dos à mon peuple. 

Au contraire, en soutenant la lutte palestinienne pour la liberté, je défendais les valeurs les plus élevées du judaïsme et les revendiquais pour moi-même, d’une manière profondément nouvelle et personnellement significative. Nelson Mandela a déclaré un jour : "Nous savons trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens."

 

Source

 

Notes

1. Fils de pasteur, je ne supporte pas de lire le mot "holocauste" sous la plume d'un "Juif" qui se respecte. Que des cohortes de guignols incultes usent de ce mot, je peux l'admettre, mais des Juifs, là je dis NON ! (Lecture)

2. Une bonne partie de mon lectorat est faite de jeunes gens que j'ai pu avoir comme élèves et j'ai pour habitude de les titiller en les incitant à rechercher systématiquement des mots-clés (ou expressions-clés) dans les textes qu'ils lisent, histoire d'en faciliter la compréhension. Mais pour ne pas surcharger le texte, je me suis contenté de mettre en exergue quelques passages en les colorant de rouge.  

3. Je rappelle que l'auteur de ce texte est un ancien sioniste, à l'instar de bien des gens ayant viré leur cuti, je pense au fameux Noam Chomsky, linguiste dont j'ai entendu parler pour la toute première fois sur les bancs de la Fac.

4. J'ai inventé sur Twitter le néologisme "Möchtegernjuden", en pensant à Jacques Brel : "Ils veulent avoir l'air, mais ils n'ont pas l'air du tout ! (...) Chez ces gens-là...". Et c'est bien parce que, fils d'un pasteur hébraïsant, ayant eu moi-même deux "fiancées" ashkénazes et ayant sévi dans ma jeunesse comme professeur à domicile, notamment les dimanches, dans des familles pratiquant le shabbat, que j'ai appris à faire la différence entre les vrais Juifs et les faux : les vrais Juifs ont une foi monothéiste et sont dans l'attente d'un Messie. Israël est tout sauf un État Juif (le bel oxymore !) et il ne suffit pas de s'appeler Blumberg, Benchetrit, Wainstein... et que sais-je encore pour se dire juif/ve !



 

vendredi 13 novembre 2020

Le "séparatisme islamiste" pour les nuls, version Financial Times

 Le Financial Times publie tantôt un papier signé Olivier Roy et daté du 7 novembre 2020, mettant en cause, à son tour, la pertinence de cette invention baptisée (avec les guillemets de rigueur) "séparatisme" islamiste. Est-ce que, par hasard, cet Olivier Roy aurait lu mon propre papier paru ici même (3 novembre 2020) ? That is the question! Plus sérieusement, tout esprit censé et disposant d'un minimum de culture générale voit bien que ce concept de "séparatisme", ciblant la religion musulmane et elle seule, relève de la plus pure ineptie, ainsi que je l'exprimais ici même.

Sinon, je n'ai pas très bien compris la référence aux gilets jaunes. Pour le reste, ce papier m'a paru suffisamment intéressant pour justifier une traduction en français.

 

 Source

Début octobre, avant les meurtres terroristes d'un instituteur en dehors de Paris et de trois personnes dans une église de la ville de Nice, le président français, Emmanuel Macron, a lancé une campagne de répression du « séparatisme » islamiste en France. Il a annoncé alors des plans pour des contrôles stricts sur les associations religieuses et culturelles, et une interdiction de l'enseignement à domicile, sauf pour des raisons de santé.

Le gouvernement français présentera, début décembre, un projet de loi visant à « renforcer la laïcité », version typiquement française du sécularisme, et à « consolider les principes républicains ». Les propositions reposent sur deux thèses.

Premièrement, ce terrorisme djihadiste serait alimenté par la propagation de l’islamisme ou du « salafisme » dans les banlieues défavorisées de France et, deuxièmement, la manière de le combattre serait de promouvoir, voire d'imposer les « valeurs de la république ».

La première thèse est particulièrement importante car elle suppose que l'on cible tout particulièrement le « séparatisme » islamiste, et pas d'autres communautés religieuses ou mouvements séparatistes laïques, comme le nationalisme corse. Cela pourrait conduire à des décisions allant de l'interdiction aux États musulmans d'envoyer des imams en France, à l'interdiction aux médecins de fournir des certificats de virginité. Cela peut également exiger des services publics qu'ils signalent les « premiers signes de radicalisation » - généralement rien de plus qu'une démonstration de dévotion telle que la prière en public. En plus d’élargir la capacité de l’État à interdire les organisations jugées nuisibles à la République, M. Macron a appelé à une expansion des programmes existants de lutte contre la radicalisation.

Les propositions soulèvent deux questions clés. Quel est le lien entre l'islamisme et la violence terroriste ? Et quelles sont ces « valeurs républicaines » que l'exécutif veut protéger et renforcer ?

Mon enquête sur les responsables des précédents attentats terroristes sur le sol français montre, contrairement à l’opinion désormais dominante, qu’il ne s'agit pas de sujets radicalisés via une « incubation salafiste » dans les mosquées et les écoles religieuses des banlieues défavorisées de France. Au contraire, la plupart s'étaient radicalisés au sein de petits groupes d'amis et de parents, souvent dans un milieu caractérisé par la petite et moyenne délinquance. Ils utilisent Internet pour trouver des textes et de l'inspiration, et font peu voire pas de référence aux principes de la charia. La plupart d'entre eux vivaient à la marge de la communauté musulmane, pas en son centre.

Les mesures actuellement proposées auraient-elles pu empêcher l'un quelconque des attentats terroristes perpétrés en France depuis l'attentat du métro parisien en 1995 ? La réponse, me semble-t-il, est non.

La deuxième thèse qui sous-tend le projet de loi – à savoir que la réaffirmation des « valeurs de la république » est au cœur de la lutte contre l'islamisme - soulève deux autres questions. Quelles sont précisément ces valeurs ? Et que signifie le fait de les imposer à une société censée respecter la liberté d'opinion et de croyance ?

Il est vrai qu'il y a eu une croissance en France au cours des deux dernières décennies de ce que j'appelle le « néo-fondamentalisme ». J'entends par là la transformation des formes traditionnelles de l'islam en un système de normes explicites qui ont un impact sur la vie sociale, y compris le port du hijab, appelle à manger de la nourriture halal et à refuser de serrer la main des femmes.

Le néo-fondamentalisme a pris racine dans certaines des régions les plus défavorisées de France, alors même que les fractures sociales du pays se sont aggravées. Cela a également donné naissance à des mouvements de protestation non religieux, tels que les gilets jaunes. Mais quelle est l'alternative que les « valeurs républicaines » sont censées incarner ?

Ces valeurs n'ont pas été consignées dans la loi de 1905 qui a établi la séparation de l'Église et de l'État. Les valeurs de la République, à cette époque, étaient des valeurs chrétiennes conservatrices sécularisées - les femmes n'avaient pas le droit de vote et l'homosexualité était criminalisée.

Les valeurs républicaines auxquelles le président Macron fait référence sont clairement les valeurs libérales des années 1960 : égalité des sexes, liberté sexuelle, mixité, etc. Mais en quoi ces valeurs diffèrent-elles des valeurs des autres pays européens ?

Ce qui est spécifiquement français dans les valeurs que le président a choisi de défendre, c'est la laïcité, ou le sécularisme. Le projet de loi aurait pour effet de réduire l'affichage de la foi religieuse, et pas seulement de l'islam, dans la vie publique, souvent au détriment des valeurs très libérales - liberté de religion, de pensée et d'expression - qu'il est censé protéger.

Voir ces questions, comme le font certains critiques, à travers le prisme du racisme, n'a pas de sens. De nombreux musulmans laïques sont des partisans de la lutte pour les valeurs républicaines. À l'inverse, de nombreux catholiques conservateurs se sentent de plus en plus mal à l'aise avec les interprétations actuelles de la laïcité. Et si certains sont hostiles à l'islam, ils rejettent l'idée même de ce que M. Macron appelle le « droit au blasphème ». Le vrai problème ici est donc ce qui reste de la liberté religieuse dans notre république sécularisée.

 

 

vendredi 6 mars 2020

Sémantique de la désinformation #27


Épisode §27. Barbouzards et barbouzardises ou la face cachée du "djihad pour les nuls"


Que ceux et celles de mes lecteurs qui ne vivent pas en France (la majorité) sachent que ce pays connaît, depuis un certain temps, une véritable flambée psychotique visant un soi-disant regain de l'islamisme, voire de je ne sais quelle propension au "séparatisme islamiste" (sic.), ce qui me fait systématiquement penser à ce formidable poème de Victor Hugo : "Lorsqu'avec ses enfants, vêtus de peaux de bêtes...", où il est bien plus question de névrose que de psychose. Mais bon, on en reparlera sûrement un jour.

Ainsi, donc, disais-je, la France vit depuis peu sous le régime de l'islamisme radicalisé, ou de la radicalisation islamiste, voire carrément de séparatisme..., formules vagues et creuses, en tout cas utilisées de manière fortement euphémistique dans le but évident d'agresser les musulmans, mais sans en avoir l'air, d'aucuns s'appliquant désormais à traquer le moindre indice de radicalisation chez, qui un voisin, qui un collègue de travail, etc. Le résultat en est une profusion de parutions d'ouvrages visant à exploiter le filon, dont certains rédigés, voire dirigés par des universitaires, et allant tous dans le même sens, à savoir la dénonciation d'un péril imminent.

Question : pourquoi maintenant ? Autre question : pourquoi la France, et pas d'autres pays comme la Suisse ou l'Autriche, par exemple ?

Là-dessus, j'ai ma petite explication. Le fait est que je n'ai jamais cru en cette thèse d'un soi-disant "djihadisme" subitement sorti de terre vers les années 2000, avec les attentats de septembre 2001, et encore moins en un quelconque "séparatisme islamiste", toutes choses relevant de la lubie voire de l'hallucination plus ou moins collective.

Pour dire les choses simplement et clairement, je vous invite à retenir ceci : contrairement aux balivernes proférées par un certain nombre de pseudo-experts, au premier rang desquels j'inscrirais volontiers le dénommé Gilles Kepel, j'estime qu'il n'y a pas plus de "djihadistes" actuellement dans le monde qu'il n'y a de guépards sur la banquise arctique.  Le reste n'est que boniments pour vendre du papier. 
Quarante ans à vendre sa petite bibine autour d'un prétendu "djihad", pauvre Gilles Kepel ! (Source)
 
Affaire à suivre.

Dès lors, permettez que je vous serve la traduction d'un excellent article paru (en anglais) sur le site Mintpress, et qui devrait vous permettre de comprendre bien plus de choses qu'à travers la prose désinformatrice des "experts" évoqués plus haut.

Pour mémoire, Anne-Sophie Lapix, présentatrice de journal télévisé sur la principale chaîne publique française, se retrouve, un soir, en train d'interviewer un fameux barbouzard reconverti ministre de je ne sais plus trop quoi, lorsqu'elle lui demande s'il y a des "forces spéciales" françaises en Syrie. Réponse de notre barbouzard : "Je ne répondrai pas à cette question !". Et Lapix de rétorquer du tac au tac : "Donc, il y a des forces spéciales en Syrie !".

Par parenthèse, que ceux qui auraient tendance à l'ignorer sachent que le droit international repose sur le principe - normalement intangible - qui veut qu'un État soit entièrement souverain à l'intérieur de frontières présumées inviolables.

L'ingérence dans les affaires d'autres États, au besoin par le biais de l'intervention armée, c'est ce qu'en langage un peu familier on appelle (j'appelle !) une "barbouzardise" (du substantif "barbouze", via l'adjectif "barbouzard"), et voilà qui va probablement vous expliquer pourquoi il y a (eu) des attentats pseudo-islamistes en France, Royaume-Uni, Belgique, Turquie..., tous pays membres de l'Otan, et ZÉRO attentat pseudo-islamiste en Suisse, Autriche...

L'article en question comporte des accusations particulièrement graves, qui n'ont rien d'inédit, quand on se souvient des accusations plus que limpides formulées par Bachar Al-Assad en moult occasions. Le problème est que les interviewes de Bachar Al-Assad dans les médias français ne sont pas légion.  

Titre de l'article de Mintpress :


On retrouve la signature (les empreintes digitales) de la France un peu partout derrière l'action des terroristes opérant à Idlib (Syrie). Le soutien de la France aux groupes extrémistes en Syrie, et tout particulièrement dans la région d'Idlib, remonte aux tout premiers jours de la rébellion anti-gouvernementale entamée en 2011 avec l'assistance de la CIA.

Wassim Nasr de FRANCE 24, spécialiste des réseaux djihadistes, a récemment discuté, via Skype, avec le recruteur français Omar Omsen, chef du groupe djihadiste Furkat-al-Ghuraba, affilié d'Al-Qaïda à Idlib.
Il y a aujourd'hui de nombreux terroristes français à Idlib, qui se battent pour y établir un État islamique à partir d'un petit morceau de la Syrie laïque. Leur rêve est celui d’une utopie sunnite à la frontière turque, où ils pourront bénéficier du plein soutien du président turc Erdogan, qui est le chef du parti AK, un parti affilié aux Frères musulmans, et qui dirige la Turquie depuis environ 20 ans.

Être situés à la frontière turque leur offre le luxe d'être nourris et habillés par des agences d'aide internationale, telles que le Programme alimentaire mondial de l'ONU et d'autres groupes humanitaires qui distribuent des fournitures aux civils et à leurs enfants, frères, maris ou pères qui constituent la masse salariale d'Al-Qaïda, financée par le Qatar et certaines monarchies arabes du Golfe. Les groupes humanitaires, dont l'ONU, travaillent comme facilitateurs, prolongeant les souffrances des innocents en poursuivant les approvisionnements. Si les ressources quotidiennes des familles des terroristes s'étaient taries, les terroristes auraient été obligés de fuir en Turquie, et éventuellement en Europe, pour profiter davantage des subsides gratuits offerts par "Mère Merkel", en référence à la chancelière allemande Angela Merkel.
Les terroristes français ont été recrutés en France et non en ligne. Le réseau Sevran, un réseau de recrutement de terroristes à Sevran, près de Paris, opérait à partir d'une salle de prière informelle, car il ciblait de jeunes hommes avec un mélange sophistiqué de méthodes psychologiques et, selon certains, des tactiques d'hypnose qui ont été acquises par Al-Qaïda pendant des décennies en Afghanistan, cette organisation étant bien connue pour ses compétences avancées en hypnose avérées bien avant l’implication de la CIA, compétences exploitées par la suite par la CIA dans le programme de djihad pour contrer la présence soviétique.

Le recruteur djihadiste français, Omar Omsen, a simulé sa mort en août 2015, pour réapparaître des mois plus tard dans une interview télévisée. On ne sait pas combien de terroristes ont simulé leur mort pour effacer leur identité et ré-émerger plus tard en Europe ou aux États-Unis.
Le gouvernement français a commencé son soutien aux terroristes en Syrie à partir de 2011 lorsque la CIA a ouvert son premier bureau à Adana, en Turquie, juste au-delà de la frontière d'Idlib. Les présidents français de Sarkozy à Hollande et maintenant Macron ont tous poursuivi le projet de « changement de régime » ordonné par les États-Unis en Syrie. En 2017, le président américain Trump a mis fin au programme de soutien de la CIA à Al-Qaïda en Syrie. Cependant, Al-Qaïda fonctionne pleinement à Idlib et bénéficie d'un soutien très évident aux plus hauts niveaux, comme en matière d’armement, de munitions, de missiles antiaériens, drones et chèques pour payer les salaires.

Les "rebelles modérés" syriens (1)
En septembre 2015, le président syrien Assad a imputé la crise des réfugiés européens au soutien de l’Ouest aux terroristes. Se référant à la photo virale en ligne d'un enfant syrien échoué sur une plage turque, il a déclaré : «  Comment pouvez-vous vous sentir triste de la mort d’un enfant dans la mer et ne pas ressentir la même chose pour les milliers d’enfants tués par les terroristes en Syrie ? Ni pour les personnes âgées, les femmes et les hommes ? Ce double standard européen n’est plus acceptable. »

 Il a ajouté que : « L’Occident soutient les terroristes depuis le début de cette crise en prétendant qu’il s’agissait d’un soulèvement pacifique. Ils ont dit plus tard que c'était une opposition modérée et maintenant ils disent que ce sont des terroristes comme al-Nusra et ISIS. »

Jibhat al-Nusra est la filiale d'Al-Qaïda en Syrie et elle contrôle Idlib.

 En juin 2015, le procès à Londres d'un Suédois, Bherlin Gildo, accusé de terrorisme en Syrie, s'est effondré après qu'il est devenu clair que les services de renseignements britanniques avaient armé les mêmes groupes que l'accusé était suspecté de soutenir. L'accusation a abandonné l'affaire, apparemment pour éviter d'embarrasser les services de renseignements. Les agents de renseignement français travaillaient main dans la main avec les États-Unis et le Royaume-Uni en Syrie.

Un an après le début de la rébellion syrienne, les États-Unis et leurs alliés n’ont pas seulement soutenu et armé une opposition qu’ils savaient dominée par des groupes sectaires extrêmes ; ils étaient prêts à accepter la création d'une sorte d'« État islamique ». L'habitude occidentale de jouer avec des groupes djihadistes, qui reviennent ensuite pour les mordre, remonte au moins à la guerre des années 1980 contre l'Union soviétique en Afghanistan, qui a favorisé la mouture originelle d’Al-Qaïda, alors sous la tutelle de la CIA.

 Sotchi 2018

 L'accord obligeait la Turquie à évincer des terroristes tels que Jibhat al-Nusra, et autorisait la Turquie à installer 12 postes d'observation à Idlib pour séparer les terroristes des civils non armés. Cependant, près de deux ans après la conclusion de l'accord, la Turquie n'a pas respecté ses engagements et Moscou a ouvertement accusé la Turquie d'aider les terroristes. Cela a conduit à l'offensive de l'armée arabe syrienne à Idlib qui a commencé en décembre 2019 pour libérer les civils et éliminer tous les terroristes. Cette opération militaire est en cours et les Syriens, avec l'aide de la puissance aérienne russe, ont fait des progrès spectaculaires.

Procès fantômes en France

En janvier 2020, un tribunal parisien a entamé une procédure contre des terroristes français en Syrie, mais la majorité des accusés étaient morts. Les médias français l'ont qualifié de « procès fantôme ».

Antoine Ory, l'un des avocats de la défense, a déclaré : "En France, en 2020, nous refusons de rapatrier les vivants mais nous jugeons les morts." La France a pour politique de ne pas reprendre ses terroristes, même s'il y en a des milliers en Syrie.

Le décor (de théâtre) de Hatay

La frontière entre la Syrie et la Turquie est une ligne relativement droite d'est en ouest jusqu'à ce qu'elle atteigne le fleuve Oronte, puis elle plonge soudainement et se dirige vers le sud sur environ 80 miles. Ce morceau de terre visiblement amputé de la Syrie a été offert à la Turquie par la France en 1939 pour s’assurer que la Turquie se battrait pour la France contre l'Allemagne d'Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Liwa Iskanderoun des Syriens s'appelle désormais la province (turque) de Hatay ; elle contient les villes d’'Antakya et d'Iskenderun, qui étaient auparavant connues sous le nom d'Antioche et d'Alexandrette. Cette zone est du côté turc d'Idlib.

En 1939, cette région était un mélange de nationalités, avec des Turcs, des Turkmènes, des Arabes sunnites, des Alaouites, des Arméniens et des Grecs. Leurs descendants parlent aujourd'hui encore l'arabe, contrairement au reste de la Turquie qui ne parle que le turc. Avant 2011, le président turc Erdogan et le président syrien Assad avaient une relation très étroite et un accord a été signé pour construire un barrage d'amitié syro-turque de 28 millions de dollars sur l'Oronte. Hatay a été transformé en un lieu de rassemblement pour les terroristes internationaux, y compris les Français, qui ont envahi la Syrie pour participer à l'attaque États-Unis-OTAN-UE contre la Syrie pour un  « changement de régime », et aujourd'hui, le monde observe qu'une éventuelle guerre ouverte pourrait être déclarée.


Steven Sahouni est un analyste politique et écrivain syrien indépendant basé au Liban ; il couvre la crise syrienne depuis son apparition en 2011 et a publié plusieurs articles dans de nombreux médias. Il est régulièrement interviewé par des médias américains, canadiens et allemands.
  

(1) C'est moi qui ajoute les guillemets : ni "rebelles", ni "insurgés" (cf. le bonimenteur et désinformateur Bernard Guetta, longtemps affecté à la diffusion de fake news sur la radio publique France Inter), rien que des mercenaires stipendiés par les États-Unis et leurs laquais européens et proche-orientaux. De fait, sans l'argent des pétro-monarchies et les armes de l'OTAN, il n'y a pas de "djihad".


Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 (Névrose et mauvaise conscience, version Victor Hugo)



mardi 20 mars 2018

Syrie : quand les masques tombent 2/5


Petit retour en arrière : depuis quelques mois, l'armée régulière syrienne a entrepris de crever l'abcès que constitue ladite "enclave rebelle" située en Ghouta orientale, soit à quelques encablures de la capitale Damas.

Il faut croire qu'il y a des dirigeants, notamment en Occident, qui trouveraient normal que des obus de mortier tombent régulièrement sur les faubourgs de leur capitale, disons Londres, Washington, voire... Paris, ce qui nous a valu ce genre d'intervention :

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Et voilà nos "grands" dirigeants occidentaux obsédés par la volonté - sournoise ou sincère, c'est selon ; pour notre part, nous n'avons pas oublié la formule "to protect civilians" brandie lors du vote de la résolution 1973 qui allait conduire à la destruction de centaines de milliers de vies humaines en Libye, ce qui nous a rendus fort méfiants ! - de voler au secours des populations (civiles) suppliciées en Ghouta orientale par l'"ignoble dictateur Bachar el-Assad" ! 

Et il semble que notre méfiance fût justifiée : en effet, grâce à des médias honnêtes et performants, à l'instar de ce bon RT (vous savez ? Russia Today, que d'aucuns veulent faire passer pour un medium complotiste, simplement parce qu'il fait du bon boulot dont eux-mêmes sont incapables), voici une série de reportages fort édifiants que l'on doit à Wafaa Shabrouni, depuis la Ghouta précisément.

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"La population est bombardée ; les Etats-Unis restent muets..." ; bien évidemment, ce journaliste "complotiste" exagère ! En fait, il aurait pu ajouter la France, le Royaume-Uni, l'Union Européenne, l'ONU..., toutes autorités sourdes et muettes dont le silence assourdissant fut dénoncé par Serguei Lavrov.

Tiens, justement, regardez l'info apparue ce soir-là, sous la photo du ministre russe, info confirmée par des images de la télévision syrienne :

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Cette fois, le doute n'est plus permis : il y  avait bien des mercenaires non syriens, encore baptisés "djihadistes", au milieu des "rebelles" de la Ghouta orientale.

Ceux-là ont choisi l'exfiltration, sur la base de la trêve suggérée par le Conseil de Sécurité, mais aux conditions imposées par le régime de Damas. Et l'on peut raisonnablement supposer qu'aucun de ces hommes en cours d'évacuation vers Idlib ne parle l'arabe, ou alors avec un fort accent exotique permettant d'en déduire leur origine extra-syrienne, toutes choses que la presse "meanstream" persiste à passer sous silence.

Et s'il n'y avait que ça... 

C'est encore RT qui nous livre un autre visage de la réalité en Ghouta orientale, avec l'histoire poignante de ces deux bambins sortis sains et saufs de l'enfer, après avoir perdu leurs parents en cours de route sous le feu nourri des "rebelles".

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"Avec nos parents, nous avons essayé de nous échapper, lorsque des hommes (entendez des "rebelles" chers à nos "grands" médias "libres") se sont mis à nous tirer dessus. Nos parents nous ont dit alors de courir et nous les avons perdus de vue."

Le frère et la sœur sont ainsi parvenus sains et saufs dans un secteur contrôlé par l'armée régulière ; et tout au long de ce sauvetage, on pouvait entendre les détonations des armes à feu en provenance du camp "rebelle", toutes choses n'ayant pas empêché certains de nos "grands" dirigeants occidentaux de se noyer dans leurs propres immondices en laissant entendre que c'est le régime de Bachar el-Assad qui menacerait la trêve décidée par le Conseil de Sécurité.

Quand je vous disais que les masques étaient en train de tomber ! 

Tiens, juste pour rire, entendez : tout est de la faute du régime...



Autre chose ? Voyez ce que le grand quotidien parisien Le Monde dit des forces en présence dans la Ghouta :



   

vendredi 9 janvier 2015

Le monde contre le terrorisme, oui, mais quel terrorisme ? The world against terrorism! What are you talking about?


Dans notre série : "Les arroseurs arrosés..." (The biters bit...)


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Alors, comme ça, il paraît que c'est l'union sacrée des forces démocratiques, voire de la Civilisation, contre la barbarie ? Parce que quelques personnalités un peu connues de la sphère médiatique française ont été assassinées on ne sait trop par qui ? (On m'a toujours appris que vous étiez présumé INNOCENT tant qu'un tribunal ne vous avait pas formellement jugé COUPABLE, et encore disposez-vous, dans ce cas, de voies de recours, en appel, en cassation...).

Alors, bien évidemment, le ban et l'arrière-ban de la société bien-pensante, journalistes et politiciens en tête, ont entrepris de se livrer à un numéro de strip-tease bien peu excitant, avec force larmes de crocodile et déclarations d'attachement indéfectible aux valeurs morales de l'Humanité. Rien que ça !

Le problème est que les mêmes, il n'y a pas si longtemps, s'activaient à détruire un pays, la Libye, tout comme ils continuent de s'activer à détruire la Syrie, après avoir tenté de détruire l'Irak et l'Afghanistan. Et comme leur connerie est sans limites, voilà qu'ils tentent d'isoler la Russie, coupable de ne pas les laisser aller répandre leur merde en Ukraine.

Bien évidemment, quand la merde que l'on tente de répandre sur les autres gicle sur vous, alors là, on a droit au grand lamento sur la Nation en danger, comme à Boston, où, un jour de marathon, une bombinette a tué et blessé des gens, ce qui est toujours regrettable, certes, mais ne saurait nous faire oublier que, tous les jours, ou presque, un assassin que les journalistes de son pays appellent "Mister President" arrose des villages afghans, yéménites, somaliens et pakistanais de tirs de missiles lâchés par des drones, faisant chaque semaine dix, vingt, trente fois plus de morts et de blessés que l'attentat de Boston !

L'éternelle histoire de la paille et de la poutre...


Il se déclare "désolé" pour les quelque 1600 personnes tuées par erreur (mauvaise visibilité, etc.) à l'aide de son joystick de pilote de drone... "Bryant, who worked for almost five years in America's secret drone program bombing targets in Afghanistan and other countries, such as Pakistan and Iraq, said operators lacked visibility and were not sure about the identity of the people they were shooting at."(Source)

Je vois encore, il n'y a pas si longtemps, un guignol à qui les journalistes donnent du "Monsieur le président" claironner, sur le perron de l'Elysée (c'est à Paris, pour ceux qui ne connaissent pas la France), que l'"on" allait apporter un soutien, y compris militaire, à l'opposition syrienne..., dans ce qui n'est qu'une poursuite de ce délire psychopathique bien dans la tradition "socialiste" française d'interventionnisme colonialiste dans les affaires des autres Etats, surtout quand ils sont réputés faibles !

La France soutient et finance des opérations barbouzardes en Syrie, après avoir participé à une opération barbouzarde internationale en Libye, puis à une autre en Côte d'Ivoire, et actuellement dans le Sahel, sans oublier l'Afghanistan, que les rats sont en train de quitter, la queue entre les jambes. Et voilà qu'après que deux ou trois gugusses ont tiré des coups de feu ici ou là, tuant une douzaine de personnes - contre des centaines de milliers dans les opérations sus-mentionnées -, le ridicule "Monsieur le Président" vient nous faire le coup de la patrie en danger et de la RRRRRRépublique outragée.

Pitoyable spectacle !

Résumons : il n'y a pas si longtemps, en Libye, la mafia internationale baptisée OTAN a voulu créer un merdier. C'est fait. Du coup, le nouveau slogan est "Tous aux abris !". Plus une seule ambassade ouverte à Tripoli. Mieux, ou pire : les Américains ont vu leur ambassadeur lynché comme un rat, et où ? À Benghazi, la ville que la résolution 1973 était censée protéger de l'infâme dictateur Kadhafi ! Désastreuse ironie du sort ! Et voilà l'Afrique du Nord et son Sahel déstabilisés pour longtemps par des criminels doublés de crétins, qui ne perdent rien pour attendre.

Il faut quand même savoir qu'au moment où j'écris ces lignes, un peu partout, et pas qu'en France, des gamins se claquent dans les mains et font le 'V' de la victoire après le coup fumant réalisé - j'ai failli écrire 'réussi' ! - l'autre jour, en plein centre de Paris, sur un local qui était censé bénéficier d'une protection policière. Et il ne faut pas se leurrer : de cette affaire, il va sortir deux ou trois héros qui ne demanderont qu'à faire des émules ; qu'ils en sortent vivants ou trucidés par les groupes d'intervention ne change strictement rien à l'affaire !

Vous êtes dans la merde, monsieur le président ! 

Mais j'en ai trop dit. Il y a juste une image qui résume très bien ce que nous sommes quelques milliards (entre Asie, Afrique, Amérique latine, voire Europe et Amérique du Nord) à penser actuellement.




Épilogue (provisoire)

Ce vendredi 9 janvier 2015, en fin d'après-midi, la police aurait donné un double assault à deux endroits distincts de Paris et de sa région, où des prises d'otages ont eu lieu. Bilan : trois preneurs d'otages présumés = trois morts.

On s'étonnera quand même de voir la police française si peu curieuse de savoir ce qu'il y avait derrière tous ces attentats, au point de ne pas s'appliquer à prendre ces gens vivants, histoire de les interroger... Car, à l'instar de feu Mohammed Merah, voilà que trois personnages dont les dépositions auraient été si précieuses dans la lutte contre le "terrorisme" sont "neutralisés". Reste tout de même un problème : à l'instar de Mohammed Merah, les trois individus "neutralisés" par la police, ce 9 janvier 2015, continuent de bénéficier de la présomption d'innocence, et ce, à titre perpétuel.

Cette bonne blague ! devez-vous penser. En effet, on parie combien que, dans pas très longtemps, nos braves journalistes et politicards, vous savez ? ceux-là mêmes qui nous dispensent des leçons de déontologie et de morale rrrrépublicaine à longueur de journée, vont se répandre dans les médias sur la mort des "tueurs de journalistes" ou des "auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo", conformément à une ligne éditoriale constante qui leur est chère, celle de la présomption de culpabilité ! (**)

Et j'imagine que, du côté des policiers français, on se prend à espérer que, lors d'un prochain attentat, les "terroristes" auront de nouveau la bonne idée de laisser  traîner une pièce d'identité dans une voiture volée !!! (Là, je viens de lire sur un forum de discussion quelque chose d'intéressant ; la personne faisait remarquer que les présumés gugusses de chez Charlie Hebdo avaient été assez niais pour "égarer" une carte d'identité... même pas falsifiée... Non mais, c'est vrai ça ; vous ne trouvez pas ça un peu gros ?! Alors, imaginons une autre hypothèse, sachant qu'on n'est pas obligé de croire la police sur parole : il n'y aurait jamais eu de carte d'identité dans la voiture ! Alors ? Les deux frères ont-ils compris que quelqu'un les avait manipulés...? Moi, à leur place, j'aurais appelé un organe de presse et je me serais rendu en plein jour, devant plein de témoins...).


Cerise sur le gâteau : une évocation picturale de Judith assez réussie, je dois l'avouer, que l'on doit à Cristofano Allori (1577-1621), peintre italien de la Renaissance.


Quoi ? Vous ne saviez pas qui était Judith, un des plus célèbres personnages féminins de l'Ancien Testament, qui a tranché, de ses petites mains, la tête du "méchant" Holopherne ? Par parenthèse, vous avez instinctivement compris que Judith n'était pas... musulmane !



(**) Dans la série : "Qu'est-ce que je vous disais ?"



Petite précision à l'attention de nos (nombreux) amis vivant à l'étranger : Le quotidien Le Monde, que je ne lis plus depuis de très nombreuses années - et il n'est pas le seul dans ce cas - passe en France pour être le journal de référence d'une certaine intelligentsia. Voilà qui vous donne une idée du niveau de l'intelligentsia française !

Répétons-le encore et toujours, maintenant qu'ils sont morts, les frères Kouachi et le dénommé Coulibaly ne seront jamais condamnés par aucun tribunal et, du coup, la présomption d'innocence dont ils bénéficiaient de leur vivant devient définitive ! C'est comme ça, dans les pays... civilisés.