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jeudi 31 décembre 2020

Réflexion sur la prétendue appropriation culturelle. Une histoire de lynchage


Nota bene : l'article qui suit est resté quelque temps à l'état de brouillon ; ce n'était pas un oubli ! Je suppose que vous avez déjà eu l'occasion de fréquenter un restaurant dont les cuisines sont visibles depuis la salle grâce à une baie vitrée ? Les petits malins qui ont lu le brouillon vont pouvoir apprécier la suite. Relecture en cours...
 
Je tombe tantôt sur un "trend" sur un réseau social, dont il ressort qu'une personnalité "noire" s'en prendrait à l'élu écologiste Julien Bayou, coupable d'avoir utilisé à "mauvais escient" le terme "lynchage".
 

Le genre de choses qui me font bondir au plafond. Mais comme on n'est pas forcé de croire à tout ce que racontent lesdits réseaux sociaux, j'ai tenu à jeter un œil dans la presse "sérieuse".
 
Marianne.net 30.11.2020
Même chez Europe Écologie les Verts, personne n'est à l'abri d'être accusé de ne pas être assez "conscientisé". Le secrétaire général du parti, Julien Bayou, en a fait l'amère expérience ce dimanche 29 novembre, repris de volée par la réalisatrice Amandine Gay après avoir désigné comme tel le "lynchage" de policiers à Bastille lors de la manifestation de la veille. Selon elle, l'emploi de ce terme devrait en effet être réservé aux lynchages de personnes noires. Loin de se rebiffer contre la tentative d'OPA langagière de la militante afroféministe, le leader écolo a au contraire battu sa coulpe, allant jusqu'à réclamer un "échange" pour choisir le lexique adéquat et non offensant.
 
Vous ne voyez pas le problème ? Amandine Gay se charge d'éclairer votre lanterne : "Voilà pourquoi la banalisation du terme 'lynchage' et son usage par les personnes blanches pour décrire du harcèlement en ligne ou des agressions IRL (in real life, N.D.L.R.) conduit non seulement à effacer l’expérience et les souffrances des personnes noires, mais aussi à inverser la réalité", annonce la militante. Notons qu'outre le terme lui-même, c'est "son usage par les personnes blanches" qui est désigné comme "problématique", pour employer un terme cher à l'orthodoxie antiraciste. (Source)
Je ne connais pas cette Mme Gay, en tout cas, je la soupçonne de souffrir, comme tant d'autres, de diarrhée verbale, cette forme de tic nerveux généré par la présence permanente d'un écran de smartphone sous le nez des sujets souffrant d'une dépendance chronique au téléphone portable.
 
Je suppose que vous avez déjà vu ces personnes qui, même en pleine rue, ne lâchent jamais leur portable, le tenant dans la main, alors même qu'il est éteint, comme si leur vie en dépendait, et poussant l'outrecuidance jusqu'à s'étonner que des loubards puissent les agresser en pleine rue pour leur dérober ce coûteux jouet si imprudemment exhibé aux regards de tous.
 
Pourquoi s'étonner qu'à force d'avoir cet objet en permanence sous le nez, d'aucuns aient tendance à dégainer plus vite que leur ombre dès qu'une information passe, Twitter ayant la fâcheuse manie - technique parfaitement maîtrisée dans le but de créer des addictions - d'entretenir l'excitation de ses ouailles à coups de "Trending(s)" plus ou moins alléchants.
 
Un policier se fait tabasser violemment lors d'une manifestation. Julien Bayou intervient sur son compte Twitter pour dénoncer le "lynchage", et voilà une "bonne âme" noire,  visiblement indifférente à l'agression du policier, qui va se focaliser sur ce qu'elle estime être le plus important, à savoir un impair langagier commis par l'élu, le terme "lynchage", utilisé ici, relevant selon elle d'une banalisation d'actions ciblant tout particulièrement des sujets noirs, dès lors que "son usage par les personnes blanches pour décrire du harcèlement en ligne ou des agressions IRL (in real life, N.D.L.R.) conduit non seulement à effacer l’expérience et les souffrances des personnes noires, mais aussi à inverser la réalité." (sic.)
 
Vous me permettrez de trouver l'argumentation de Mme Gay particulièrement inepte, et le mot est faible.
 
Le fait est que la stupidité est une des marques de fabrique des personnes souffrant de diarrhée verbale, ce qui fait que les pouces des deux mains, gauche et droite, vont se précipiter sur l'écran du portable pour régler son compte à l'imprudent Julien Bayou, le tout, sans même que la redresseuse de torts ait pris la précaution élémentaire de vérifier quoi que ce soit.
 
D'abord, qu'entend-elle par "les souffrances des personnes noires", et qu'est-ce que "son usage par les personnes blanches pour décrire du harcèlement en ligne ou des agressions IRL" vient faire dans le débat concernant le tabassage d'un policier ?
 
Voilà quelqu'un qui prétend rétablir un fait, mais qui tombe d'emblée dans une espèce de gloubiboulga verbeux, le tout sans le moindre début ou embryon d'argumentation. Et c'est là qu'il faut réaliser tout le côté pervers de cet objet qu'est le téléphone portable. 
 
L'objet a beau coûter assez cher, il est infiniment moins performant que l'ordinateur le plus basique ! Celui sur lequel je saisis ce texte, un portable de bas de gamme (un des douze ordinateurs, de bureau et portables dont je dispose dans mon logement) de la marque Thomson, acheté pour moins de 200 euros, est, donc, cinq à six fois moins cher que les meilleurs smartphones du marché, sauf qu'il a un écran vingt fois plus grand, un vrai clavier, et me permet de télécharger des images, du texte et du son dans des conditions bien plus confortables que le plus performant des smartphones.
 
Du coup, dès lors que je peux afficher de multiples écrans, il m'est très facile de consulter l'un ou l'autre site afin d'y rechercher les informations nécessaires à l'élaboration d'un article un peu consistant, chose que j'imagine fort compliquée à réaliser sur le minuscule écran d'un smartphone.
 
Et voilà comment, pris de diarrhée verbale, nos redresseurs et redresseuses de torts sur les réseaux sociaux ne songent même pas à s'embarrasser de vérifier ni étayer quoi que ce soit, pourvu que ça sorte vite fait, mal fait.
 
Si, comme moi, Mme Gay avait rédigé sa prose sur un ordinateur, peut-être aurait elle, comme moi, pris la précaution de consulter telle ou telle encyclopédie en ligne, afin de s'éviter de bien malencontreuses bévues.
 
Voyons ce que cette chère Wikipedia nous dit sur l'historique du mot "lynchage".
Le lynchage est une pratique de justice expéditive américaine, instaurée par Charles Lynch (1736-1796), un planteur de Virginie et juge de paix qui, pendant la Guerre d'indépendance des États-Unis présida un tribunal irrégulier constitué pour punir les loyalistes à la couronne britannique. Par la suite la pratique du lynchage se répandit lors de la conquête de l'Ouest des États-Unis dans les nouveaux territoires où les instances judiciaires étaient souvent absentes ou insuffisamment représentées. Cette nouvelle pratique prendra une nouvelle dimension, la « loi de Lynch » désigne alors toute forme de violence par laquelle une foule, sous prétexte de rendre la justice sans procès, exécute un présumé coupable, généralement par pendaison. À la fin de la guerre de Sécession, les lynchages de personnalités républicaines et d'Afro-Américains sont devenus fréquents dans les États du Sud pendant la période de l'ère dite de la Reconstruction et jusqu'à la fin des années 1950, avec par exemple le lynchage d'Emmett Till en 1955. (...)
Les lynchages existaient dans la Virginie dès la période coloniale et pendant la guerre d'Indépendance comme méthode de châtiment d'un crime supposé ou avéré en dehors de toute procédure judiciaire régulière. Durant cette période, ce sont principalement des Blancs loyalistes qui en sont victimes et les sentences étaient moins meurtrières qu'après la guerre de Sécession. (...)
Par extension, le mot lynchage et le verbe lyncher sont aussi employés de nos jours pour qualifier un passage à tabac en réunion, même si celui-ci n'a pas provoqué la mort de la victime devenant un synonyme d'écharper, de malmener, brutaliser, molester une personne qu’on a prise à partie ou de façon plus rare, des formes de harcèlement verbal, notamment celles du lynchage médiatique pour lesquelles, on emploie de plus en plus le néologisme bashing.

Par facilité de langage, lynchage et lyncher sont aussi employés pour désigner des exécutions sommaires dans des contextes étrangers à son contexte historique premier devenant un mot valise pour désigner toutes les formes de « justice » expéditive de façon indistincte.

Il ressort de ce qui précède que tout sujet doué d'un minimum de culture générale sait faire la différence entre le stricto sensu et le lato sensu : sens strict versus sens large. 

Lynchage vient, donc, d'une pratique instaurée par le dénommé Charles Lynch. Or il y a fort à parier que Lynch lui-même n'a jamais employé ce terme. Ce juge autoproclamé procédait à des exécutions capitales à une époque très précise (la Guerre d'indépendance des États-Unis) et sur des sujets bien identifiés : des loyalistes à la Couronne britannique, en principe, tous blancs !
 
Autant dire que si l'on veut être rigoureux, et considérer qu'à la base, c'est Charles Lynch qui lynche, force est d'admettre que l'adoption de cette justice expéditive par d'autres, notamment par le Ku Klux Klan, et ce, plus d'un siècle après Lynch, n'a plus rien à voir avec ce dernier. Autant dire que si le lynchage, stricto sensu, est à attribuer à Charles Lynch, sa récupération par d'autres groupes, dans d'autres régions et à d'autres époques ne relève plus du stricto sensu mais bien du lato sensu. Et il est on ne peut plus faux de prétendre que "lynchage" s'applique aux seuls noirs, dès lors que les pratiques des groupes racistes blancs envers les noirs du Sud des États-Unis ne relèvent plus du lynchage stricto sensu.
 
C'est, donc, à tort que Mme Gay revendique le terme "lynchage" au bénéfice des seuls noirs, quelle se garde, d'ailleurs, de caractériser, usant d'une formule (l’expérience et les souffrances des personnes noires) qui ne veut absolument rien dire !
 
En résumé, d'un point de vue historique, le mot lynchage renvoie à Charles Lynch et s'applique principalement à des sujets considérés par les insurgés américains comme des renégats, dès lors qu'ils entendent rester loyaux à la couronne britannique. Toute utilisation ultérieure du terme après la disparition de Lynch relève de l'extrapolation.
 
Il se trouve que le terme va passer dans bien d'autres langues, ce qui constitue une extrapolation supplémentaire, dont tout bon linguiste peut citer une multitude d'exemples.
 
Prenez les chips : c'est de l'anglais, mais une fois importé en français, le mot ne veut plus tout à fait dire la même chose.  Mais vous avez également, entre le français et l'anglais, toute cette flopée de faux-amis, du type actual, agenda, car, college, figure, lecture, library, phrase, stage, surname, etc., où l'on voit que la traduction vaut extrapolation, donc passage éventuel d'un stricto-sensu à un lato sensu.

On attribue à Stendhal la transcription de "lynching" en "lynchage", d'où la confirmation d'une deuxième extrapolation, sémantique cette fois, après la première extrapolation historique.

Et une fois le terme entré dans le dictionnaire français, plus grand monde ne saurait en contester la pertinence, s'agissant d'exécutions sommaires par des foules et en l'absence de toute procédure légale, voire le fait que, par extension, le mot lynchage et le verbe lyncher sont aussi employés de nos jours pour qualifier un passage à tabac en réunion, même si celui-ci n'a pas provoqué la mort de la victime devenant un synonyme d'écharper, de malmener, brutaliser, molester. (Wikipedia). Un dictionnaire en ligne nous présente, ainsi, ces deux citations  (source) :
  • Mais, chose singulière, je trouve un cas de lynchage par des Ku-Klux-Klan, non dans le Sud, mais dans l’État qui a la prétention d’être le parangon de la civilisation américaine, le Massachusetts, et perpétré par des citoyens du Nord. — (Revue britannique, Correspondance d’Amérique, volume 5, page 491, 1868)

  • Après avoir essayé sans succès pendant un siècle, le Sénat des États-Unis a adopté mercredi 19 décembre, à l’unanimité, une proposition de loi faisant du lynchage – ces exécutions sommaires devenues le symbole du passé raciste des États-Unis – un crime fédéral. — (Le Monde avec AFP, Le Sénat américain vote la fin du lynchage, Le Monde. Mis en ligne le 20 décembre 2018)

Autre source :
  • J'avais raconté le lynchage affreux d'un très jeune parachutiste allemand au début de la guerre. Cela se passait dans un village où nous avions passé le lendemain. Les paysans indignés l'avaient rossé, roué de coups de pelles et de râteaux jusqu'à ce que mort s'ensuive (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1177). Avoir été collabo, c'était s'être abreuvé aux fécondes sources de l'erreur; un lynchage dans le Missouri, c'était le péché donc la rédemption; bénie soit l'Amérique pour tous ses crimes et vive le plan Marshall (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 542).

En linguistique, on parle d'acceptions, c'est-à-dire de contextes différents susceptibles de moduler le sens d'un terme. Dans son acception moderne, le mot "lynchage" n'a plus rien à voir avec Charles Lynch, recouvrant une multitude de situations ayant pour dénominateur commun la violence d'un groupe contre un ou plusieurs individus, le tout en l'absence de toute procédure légale. Ailleurs, on parlait, par exemple, de "pogroms."
 
Autant dire que Mme Gay a tout faux, pour ne pas avoir pris le temps de se documenter un peu, préférant twitter plus vite que son ombre, là où moi, j'ai pris quelques semaines - d'où le brouillon ! - à réfléchir sur la question.

D'aucuns me parleront d'appropriation culturelle. À ceux-là, je réponds : "hors sujet !".
 
Pour ma part, j'ai aussi un compte Twitter, dont je me sers essentiellement pour croiser le fer avec tel ou tel guignol ou cuistre, fût-il professeur (certifié ou agrégé) de ceci ou cela, à l'instar de l'autre imbécile de Raphaël E., médiocre phraséologue se prenant pour un philosophe, dès lors qu'il confond (mais il n'est pas le seul !) la connaissance (sophia) avec le blabla (logos), au point de se permettre de vilipender bien plus intelligent que lui : Didier Raoult en personne. Le fait est que, sur disons cent interpellations, j'ai en retour moins de deux contestations.
 
Sinon, j'aimerais juste rappeler à Mme Gay, et à d'autres, cet adage africain : "Le singe qui veut grimper à l'arbre s'assure préalablement qu'il a le cul propre."  
 
By the way, juste pour rire, je vous invite à réfléchir au stricto vs. lato sensu s'appliquant aux termes suivants : vandaliser, razzia, cravate, bull dog, hold up (pron. 'hôld-op'). En cas d'hésitation, vous pouvez toujours recourir à un bon dictionnaire !
 

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lundi 9 juillet 2012

Lettre ouverte à Samir, Hatem, Patrice, Florent, Jérémy, Yann, Karim, Frank et autres valeureux gladiateurs du football français victimes d'une nouvelle tentative de lynchage médiatique


Cette lettre ouverte s'adresse tout particulièrement à Samir Nasri, Hatem Ben Arfa, Karim Benzema et à tous leurs compères de l'équipe de France de football, que je tiens à féliciter, tous, pour la formidable saison de football qu'ils nous ont fait vivre récemment, entre France, Espagne, Allemagne, Italie, Angleterre, etc., en leur rappelant que le football est un sport qui se joue à onze mais qu'à la fin, ce ne sont pas toujours les Allemands qui gagnent. Depuis peu, la bonne grâce serait du côté de l'Espagne, mais les temps changent et la roue tourne : n'a-t-on pas vu les clubs espagnols boire la tasse en Champions' League ?

 
Le sport en général, et le football en particulier, sont des activités pénibles, voire dangereuses. Une chute à vélo et c'est parfois la fracture des poignets ou d'une clavicule, voire une fracture du crâne qui peut être fatale. On a déjà vu des gens s'effondrer en plein match de football et ne jamais se relever. On a vu Ben Arfa se faire couper en deux par une brute épaisse, qui ne l'a pas fait exprès, peut-être, mais bon, des brutes épaisses, le football n'en manque pas. Tout le monde se souvient de Patrick Battiston avec sa minerve, après une collision provoquée par Harald Schumacher, gardien de l'équipe allemande. Même Maradona eut droit à des arrêts de travail prolongés lorsqu'il jouait en Espagne.

Alors, il me semble que la moindre des choses face à des gens qui nous distraient plus que tous les politiciens, acteurs de théâtre et de cinéma réunis, en prenant le risque permanent de se faire écrabouiller un genou, une cheville, un tibia..., qui nous poussent à nous lever aux aurores ou à veiller tard pour ne pas rater un match intervenant à l'autre bout du monde, qui nous incitent à prendre des abonnements à des chaînes cryptées, histoire de ne pas rater une seule journée de Bundesliga, de Premiere League, de Liga, de Calcio, de CAN ou de championnats sudaméricains, mais aussi de NBA, de ski, de voile, d'équitation..., la moindre des choses, dis-je, ce serait de commencer par dire un grand MERCI à tous ces valeureux guerriers et à toutes ces valeureuses guerrières - car je n'oublie pas les filles - qui ont fait du sport le plus grand spectacle du monde.

Figurez-vous qu'en rédigeant ce papier, je me suis fendu dans un premier temps d'un lapsus au moment d'orthographier NASRI, puisque j'avais commencé par taper "MESRI", contraction de Merci et de Nasri !

Merci donc, cher Samir, pour ce but égalisateur contre les Anglais, sans lequel la France démarrait l'Euro avec un zéro pointé, qui l'aurait mise en grosse difficulté dès le deuxième match contre l'Ukraine ! De même qu'il faut adresser un grand merci à Malouda et à Menez, les autres buteurs français de cet Euro, ainsi qu'à l'ensemble des compétiteurs, français et autres, sans oublier les Espagnols, qui nous ont fait vibrer, une fois de plus, en mouillant le maillot.

Mais il faut croire que, par les temps qui courent, un certain nombre de pisse-froid, toujours les mêmes d'ailleurs, ont désappris à dire "merci", les mêmes abrutis avachis, quand ils ne sont pas carrément obèses et bourrés de cholestérol - je pense à l'autre crétin d'imprécateur qui officie sur Canal +  ; franchement, journaliste "sportif" et obèse, ça la fout mal ! -, qui se targuent de vouloir donner des leçons de comportement à nos meilleurs footballeurs, comme si eux-mêmes étaient des références en la matière.

En 2010, je dois avoir été un des rares à soutenir vigoureusement Nicolas Anelka, mais aussi Patrice Evra pour son rôle de capitaine valeureux et pas du tout dégonflé, de même que j'ai pris fait et cause pour Domenech. Tout ce que j'ai écrit à l'époque reste valable. Du reste, j'en connais au moins deux - Anelka et Domenech - qui doivent se gondoler de rire en voyant qu'on - des hyènes désœuvrées qui se font passer pour des journalistes - leur a trouvé des remplaçants sur l'autel du dénigrement.



I. Memento

"L'actualité, c'est vous qui la vivez, c'est nous qui en vivons.", aime à répéter Jules-Edouard Moustic en introduction de son Journal de Groland, sur Canal Plus. La formule se veut cynique mais elle résume parfaitement les rapports qu'entretiennent certains professionnels de l'information avec le public.

Pour mémoire, 2010 et la coupe du monde de football en Afrique du Sud, c'est l'histoire d'un faux en écriture, d'une fausse Une de journal qui a valu à Nicolas Anelka ce procès en sorcellerie qui a donné lieu à l'explosion de vociférations et d'imprécations relevant tant du Tribunal de l'Inquisition que du procès stalinien. Depuis, une escouade d'abrutis évoquent ce qu'ils ont baptisé "le fiasco de Knysna", comme preuve de la pauvreté de leur vocabulaire.

En rappelant cet événement, je tiens à préciser que je n'ai plus jamais relu ce quotidien dit sportif : pas une fois je ne l'ai acheté depuis ce samedi de juin 2010 où il fut rapidement en rupture de stock. C'est dire que je me passe très bien de la lecture d'une presse de merde.

Mais je tenais quand même à revenir sur ce poncif qu'on nous assène à tout bout de champ : le prétendu "fiasco de Knysna".

Et là, je ne peux m'empêcher de réitérer mes plus vives félicitations à Patrice Evra pour le sang-froid dont il a fait preuve - je revois encore ces images à la télévision, où on le voit se tenir avec les mains dans les poches, face à un préparateur physique qui s'excite bêtement -, manifestant là de vraies capacités de leader. Hé oui ! Evra est un vrai leader, comme l'équipe de France aimerait en avoir un en ce moment, sans faire injure à Lloris. Mais Lloris est un taiseux, or un grand capitaine doit plutôt être une grande gueule. Un grand capitaine, c'est quelqu'un qui prend ses responsabilités quand tous les autres baissent la tête et se mettent aux abonnés absents. Mais je m'en expliquerai tout à l'heure. 

Euro 2012. L'équipe de France se qualifie pour les quarts de finale. Il semble que c'est tout à fait conforme à la feuille de route définie par le président de la Fédération. Et qu'est-ce qu'on entend ? Que ce serait de nouveau la catastrophe, que rien n'irait plus, qu'il faudrait virer la moitié de l'équipe, et patati et patata, et gnagnagni et gnagnagna ! Et qui raconte cela ? Les mêmes tarés de journalistes soi-disant sportifs, dont une moitié d'obèses et de ventripotents bourrés de cholestérol, auxquels se sont joints tous les chroniqueurs de café du commerce, les demi-philosophes, quelques poufiasses qui n'ont jamais fait de sport, dans une espèce de grosse partouze verbale. C'est simple, impossible d'écouter une radio ou télévision sans tomber sur le sempiternel lamento sur le soi-disant misérable état de l'équipe de France de football, sur la soi-disant mauvaise éducation des joueurs (dans un pays dont le président a été surpris en train de crier "Casse-toi pauvre con" à un quidam !). Non mais sans blague !

Alors, chers amis (joueurs) de l'équipe de France de football, vous êtes évidemment plus jeunes que moi, mais je suppose quand même que vous avez un peu de culture historique en matière de football. Vous avez donc entendu parler des Kopa, Piantoni et autres Just Fontaine, ces illustrissimes stars des temps anciens.

Question : pouvez-vous m'énumérer les victoires de l'équipe de France des Piantoni, Fontaine, Kopa en... Coupe d'Europe des Nations, voire en Coupe du monde ? Prenons le "grand Reims" : combien de championnats d'Europe des clubs, ou de coupes des coupes ? Euh... Zéro !

Les réponses coulent de source, n'est-ce pas ? La France gagne le championnat d'Europe des nations (créé en 1960) en 1984 et 2000. En ce qui concerne la Coupe du monde, je ne vais pas vous rappeler 1998, enfin !, mais entre nous, organisée où ? Le fait est qu'une seule équipe, à ce jour, a gagné tous ses titres mondiaux hors de chez elle (si l'on excepte l'Espagne en 2010) : le Brésil.

Ce que ça veut dire ? Que la France n'a jamais été un monstre dans la galaxie footballistique. Prenons les clubs, par exemple, et comparons les performances des équipes belges ou néerlandaises avec celles des clubs français. Quant au niveau national, il aura fallu attendre la génération Platini-Tigana-Giresse pour l'Euro, et la génération Deschamps-Zidane pour le Mundial et l'Euro. Ça nous fait trois titres, à rapprocher des quatre coupes du monde des Italiens et de la flopée de titres mondiaux et européens des Allemands.

En clair, la France est une nation européenne de deuxième zone sur le plan du football, tant au niveau des clubs que des équipes nationales. Les réussites intervenues depuis 1984 relèveraient plutôt de l'exception que de la règle. La meilleure preuve en est que les meilleurs joueurs quittent la France parce que le meilleur football est en Europe bien plus qu'en France. 

Voilà ce qu'il faut avoir présent à l'esprit au lieu de nous bassiner des mensonges et des bidonnages dont cette mauvaise presse est capable. Car enfin, à cet Euro 2012, rappelons qu'il n'y avait pas la Belgique, pas la Hongrie, pas la Bulgarie, pas la Roumanie, pas l'Autriche, pas la Suisse, de même que les deux pays organisateurs ont disparu en phase de poules, et avec eux la grande Russie, les Pays-Bas, l'Angleterre, la Croatie, la République Tchèque, excusez du peu ! La France a fait bien mieux que tous ces pays cités, et qu'est-ce qu'on nous raconte ? Qu'on serait en train de vivre un nouveau Knysna ? Quels connards de chez CONNARD que ces journaleux de bas étage !

Et comme je vois que nos journaleux n'ont pas beaucoup de mémoire, alors je m'en vais la leur rafraîchir quelque peu. Pour ma part, je me souviens de trois énormes fiascos de l'équipe de France de football.

Premier fiasco. Le nom de Kostadinov vous dit-il quelque chose ? Oui, bien sûr ! Le bourreau de l'équipe de France de Papin et Ginola. Ah, le but de Kostadinov ! Je revois encore Guérin et Ginola près du point de corner... On se dit qu'ils vont garder le ballon dans les pieds, dès lors qu'il reste moins d'une minute à jouer ; la France tient le match nul et est normalement qualifiée pour le Mundial américain de 1994. Et c'est là que Ginola va péter un câble en balançant ce fameux "Exocet" à l'autre bout du terrain, les Bulgares sautant sur l'occasion pour amorcer une charge meurtrière en direction du camp français, jusqu'à la passe décisive en faveur de Kostadinov.

Ça pour un fiasco, ce fut un fiasco ! Je revois encore Aimé Jacquet, l'adjoint du sélectionneur Gérard Houiller, se prenant la tête à deux mains. Mais il faut aussi dire deux mots du comportement controversé de Ginola : nous sommes au Parc des Princes, le jardin du PSG. Et là, ce grand frimeur de Ginola veut épater la galerie. Aurait-il fait la même chose si le match s'était joué ailleurs qu'à Paris ? Comme quoi, il est souvent requis de garder ses nerfs sur un stade, le contraire pouvant être mis à profit par l'adversaire.  Mais ça, c'était en 1993.

Demandez donc à l'emblématique buteur et capitaine que fut Jean-Pierre Papin si la non qualification de la France pour ce mundial américain ne fut qu'une peccadille vite oubliée. Moi je suis certain qu'il en fait encore des cauchemars la nuit. Quant à Ginola...

Deuxième fiasco. Une dizaine d'années plus tôt, ce fut presque pire : 1982, Séville. Vous connaissez le scénario. La France joue une demi-finale contre la "National Mannschaft" (il y a toujours une escouade de débiles qui persistent à dire la Mannschaft, ce qui, en allemand, veut dire l'Equipe, simplement. L'équipe nationale de football se dit en allemand "Die Nationalmannschaft"). Les Français mènent par 3-1. Quand je dis "les Français", c'est quand même le gratin des Platini, Rocheteau, Trésor, et j'en passe ! Et les Français vont se faire égaliser, et perdre aux tirs-au-but. Celui qui vous dit que cette défaite-là n'a pas été un immense fiasco pour le football français, celui-là n'est qu'un pauvre connard !

Troisième fiasco, que tout le monde semble avoir zappé, pour ne se concentrer que sur Knysna : on est en 2006. Vous connaissez l'histoire, n'est-ce pas ? Le soi-disant incompétent Domenech a mené la France en finale contre l'Italie. Et c'est là qu'une espèce de triple idiot va péter un câble en donnant ce fameux coup de tête à un adversaire, laissant la France à dix dans un match qu'elle avait des chances de gagner.


Le monde à l'envers : un abruti stupide et violent prive peut-être son pays d'une victoire en coupe du monde et il ne fait l'objet d'aucune sanction ; mieux : il est reçu en grandes pompes à l'Élysée !

Entre nous, vous souvenez-vous seulement d'une convocation de l'idiot au coup de tête devant quelque commission de discipline que ce soit ? Oui ? Non ? J'ai même entendu dire que cet abruti de Zidane aurait figuré parmi les possibles repreneurs du flambeau de sélectionneur. Il faut croire que les paroles marmonnées en Afrique du Sud par Anelka relèveraient du scandale national, de même qu'un doigt posé sur la bouche par Nasri en direction des journaleux de service constituerait le summum de l'intolérable, tandis qu'un coup de tête suivi d'un carton rouge en pleine finale de coupe du monde ne relèverait que de la broutille, alors qu'il s'agissait d'une bêtise assimilable à de la haute trahison.

Vous voulez que je vous dise ? Chers Nasri, Ben Arfa et Cie, si j'étais à votre place, les vociférations de certains connards de journaleux sonneraient à mes oreilles comme autant de compliments ! Je précise que le mot "connard" ne fait pas partie de mon vocabulaire usuel, mais je me dois d'utiliser un lexique que certains écrivailleurs de la "grande presse" sont en mesure de comprendre, parce que leur vulgarité n'a d'égale que leur cynisme.

Petit conseil, pour commencer, à Samir Nasri : si tu ne veux pas avoir à disjoncter suite à la lecture d'un ou de plusieurs mauvais papiers te concernant dans la presse, pourquoi diable t'infliges-tu cette corvée ? Tu fais comme moi, tu arrêtes de lire le journal, ou certains journaux, c'est tout. Ça n'empêchera jamais les clameurs montant de la rue de parvenir jusqu'à tes oreilles, mais bon, elles seront déjà pas mal atténuées. C'est déjà ça !

Le problème avec les commentateurs sportifs c'est qu'ils collent parfaitement avec la formule de Jules-Edouard Moustic : ce ne sont que des parasites qui attendent que certains triment, pour venir ensuite vomir leurs commentaires, histoire de se donner l'impression de servir à quelque chose, alors qu'ils ne servent à rien !

Tenez, qui se souviendra, dans seulement six semaines, des vociférations d'un tel ou d'une telle sur le comportement d'un Ben Arfa, d'un Nasri ou d'un Menez à l'Euro 2012, sachant que, dans six semaines, les championnats seront de nouveau en phase de démarrage, et que des centaines de millions voire milliards de passionnés de foot vont se précipiter vers les stades, prendre des abonnements sur les bouquets câblés et satellitaires, etc, en espérant que la saison 2012-2013 sera aussi "saignante" que sa devancière ? Dans quelques semaines, tous ces parasites qui blablatent autour du sport ne seront plus que de vagues silhouettes rejetées dans l'ombre, tandis que les champions évolueront en pleine lumière.


II. Débriefing

Le problème avec ces médiocres experts en football et autres imprécateurs de café de commerce c'est que leur obnubilation pour de soi-disant problèmes de comportement des joueurs fait qu'ils passent - délibérément - à côté de l'essentiel, à savoir le jeu, sur le terrain et à côté du terrain. Je pense tout particulièrement à une gymnastique que s'imposent tous les joueurs d'échecs et que les autres sports négligent encore trop souvent : la préparation mentale. Alors j'invite les coaches sportifs et autres entraîneurs à bien lire ce qui va suivre et à tenter d'en tirer le plus grand profit. Vous voyez comme je suis modeste !

Pour ma part, je pense pouvoir expliquer certaines choses de cet Euro 2012 à partir de la saison régulière en club, dans la mesure où j'estime que ce championnat des nations est intervenu à un bien mauvais moment - mais comment faire autrement, avec les jeux olympiques qui vont arriver dans la foulée ? - pour un bon nombre de joueurs, compte tenu de la densité exceptionnelle de la saison écoulée. Et c'est là que je m'en vais donner quelques leçons de stratégie et de psychologie sportive à tous ces illettrés qui se prennent pour des commentateurs sportifs, sans comprendre grand chose au (= à l'essence même du) sport, même après l'avoir pratiqué - pour certains - en professionnels, ce qui est quand même un comble !

Pour l'essentiel, mon analyse se fonde sur un constat simple : le monde du sport, donc du football, n'a encore rien compris à la psychologie ! Et le moins qu'on puisse dire est que la plupart des équipes de cet Euro 2012 ont été fort mal préparées à cet événement, quels que soient les investissements consentis sur le plan de la préparation mentale.

Et le premier indice du manque total de préparation psychologique affiché par les équipes de football voire d'autres sports, c'est la tradition - stupide - de la conférence de presse. Et là j'avoue être toujours estomaqué de voir des joueurs impliqués dans une importante compétition sportive, venir dilapider leur influx nerveux lors de séances de questions-réponses avec les journalistes. C'est vraiment le signe du médiocre management psychologique de ces équipes.
"Tous les joueurs ont été d'une grande disponibilité, d'une grande courtoisie, tant devant la presse, la radio, la télévision." (Noël Le Graet, président de la Fédération Française de Football, TF1, Téléfoot, 24.06.2012)

Pour comprendre l'ineptie de la chose, voyons ce qui se passe ailleurs, par exemple dans un sport cérébral comme les échecs. A-t-on jamais vu des champions d'échecs venir se confier aux journalistes entre deux parties ? Et s'ils ne le font pas, c'est parce qu'ils ont de bonnes raisons, non ? Comme par exemple la volonté de ne pas diluer leur influx nerveux en parlottes inutiles ou vaines. Et si l'influx nerveux est important pour un joueur d'échecs, pourquoi ne le serait-il pas pour un footballeur ?

Moralité, si j'étais le préparateur mental d'une équipe de football, j'interdirais formellement à mes joueurs de prendre part à quelque conférence de presse que ce soit durant une compétition. Les équipes n'ont qu'à engager des attachés de presse chargés de communiquer avec les médias.

Quelques exemples choisis vont me permettre d'illustrer la difficulté qu'on eue certains joueurs à aborder cet euro 2012.


1. L'usure
"Ça a été une saison très longue ; à certains moments même, on n'avait plus envie d'entendre parler de football." (Adil Rami, TF1, Téléfoot, 24.06.2012)

Beaucoup de participants de cet Euro 2012 étaient usés, tant physiquement que mentalement. Dans cette catégorie, je mettrais un Evra ou un Ribéry, mais aussi quelqu'un comme le Néerlandais Arjan Robben. Le fait est que Patrice Evra et ses compères de Manchester United ont connu une désillusion qu'ils avaient pris l'habitude d'infliger aux autres, à savoir venir coiffer tout le monde sur le poteau dans les dernières journées de la Premiere League. Or là, c'est l'ennemi intime, City, qui s'impose, mais alors, sur le fil : à la seule différence de buts ! Quelle torture pour les gars d'Alec Ferguson !

Pour Ribéry et le Bayern, c'est presque pire. Je dois dire que depuis que Frank est en Bavière, j'ai suivi tous les matches de la Bundesliga en direct, le samedi après-midi, sur la radio de Bavière (Bayern 1), et le moins qu'on puisse dire est que Jupp Heynckes et ses boys sont tombés, ces deux dernières saisons, sur un os, avec ces teigneux de Dortmund qui n'ont quasiment pas perdu de match en championnat, ni en coupe d'Allemagne d'ailleurs, et qui ont infligé aux Munichois une collection de défaites cinglantes, dont une cuisante défaite à domicile lors des matches aller, ce à quoi il faudrait ajouter, évidemment, cette Champions' League perdue contre Chelsea, et encore à domicile ! De quoi vous démolir le moral de n'importe qui, et l'on comprend que Robben ait été complètement transparent durant cet Euro. Ribéry a bien tenté de faire bonne figure, mais Dieu que ce fut épuisant ! Mais pour ce qu'il a montré à l'Euro, il mérite les plus vives félicitations, même si la tête n'y était pas vraiment.

Même observation pour Patrice Evra. Mais évidemment que les idiots et autres crétins qui n'ont jamais vécu le sport ne peuvent pas comprendre ce que ça a dû être pour Alex Ferguson et son équipe que de se voir dépossédés d'un titre qui vous tendait les bras, et ce, à la toute dernière journée, et de surcroît, à la simple différence de buts ! Parce que, jusque-là, c'était une spécialité de Manchester United que de coiffer les Arsenal et autres Chelsea au poteau, en venant rafler le titre dans le money time. Là, ce fut une cruelle réponse du berger à la bergère, et infligée par qui ? L'ennemi intime, le voisin haï de Manchester City. Ceux qui ne vivent pas le sport ou ne connaissent pas le fighting spirit britannique ne peuvent pas comprendre ce que c'est qu'un DERBY : Manchester et Manchester, Milan et Milan, Turin et Turin, Rome et Rome, Madrid et Madrid, les cinq clubs londoniens, les trois clubs d’Istanbul... : une histoire de suprématie locale et de guerre de clochers qui  dépasse tout, et qui a des origines fort anciennes. Du temps de la féodalité, il n'y avait pas de place, sur un même territoire, pour deux suzerains. C'est la fable africaine des deux crocodiles dans un même marigot. Il y en a forcément un de trop.

Alors vous imaginez pour Manchester United la perte du titre au profit de ces... de City. Et j'en entends qui blablatent sur une prétendue méforme de Patrice Evra à l'Euro. Et j'avoue qu'en l'observant aux côtés de Malouda, sur le banc de touche, je n'ai pas pu m'empêcher de penser : "quel dommage, quand même, que l'équipe de France de football n'ait pas un préparateur mental - des préparateurs mentaux - dignes de ce nom !". Evra n'était pas en méforme ; il y a juste que les batteries auraient eu besoin de quelques semaines supplémentaires pour être remises à niveau. Et ça, ça passait par un gros programme de reconditionnement sur le plan mental, histoire d'évacuer l'énorme désillusion d'avoir eu à "offrir" le titre à l'ennemi intime, Manchester City.

Et dans la catégorie des joueurs "usés", je mettrais également un Karim Benzema. Mais pour lui, ce serait un mélange d'usure et d'euphorie. Une première saison vraiment pleine, et quelle saison ! Le titre au bout, devant l'ennemi intime, le Barça. Seulement voilà : titulaire, ça veut dire qu'on joue souvent, et ça, mine de rien, ça épuise ! Surtout quand on perd des matches qu'on aurait dû gagner. Le Real mène à Munich et laisse bêtement les Bavarois égaliser, suite à un débordement rageur de Lahm. C'est là que le Real perd la qualification. Et dire que tout le monde s'attendait à voir les deux Espagnols s'opposer en finale ! Mon opinion est que Benzema a trop joué durant la saison et qu'il a manqué de jus à l'Euro. Du coup, cette Benzema-dépendance instaurée par Laurent Blanc s'est avérée contre-productive. Moi j'aurais laissé Benzema sur le banc au moins une (1ère) mi-temps par match. Voyez le sort réservé par Del Bosque à Fernando Torres, lequel a fini... meilleur buteur de l'Euro ?! Comme quoi, cher Karim, un peu de temps sur le banc, histoire de laisser jouer les petits camarades, ça ne fait pas de mal !



2. L'euphorie

L'euphorie, ça veut dire qu'on est sur un petit nuage, et qu'on n'en est pas encore redescendu. Phénomène psychologique parfaitement compréhensible et naturel chez des combattants, et qui a dû se produire chez Nasri (champion d'Angleterre), mais aussi Malouda (Champions' League), qui ont eu l'immense mérite de s'arracher pour marquer chacun un but, parce que ce n'était pas évident de se remotiver si près de la fin d'une saison d'enfer.

Prenons Florent Malouda et Chelsea : depuis le temps que ce club courait après cette Champions' League ! La décompression qui intervient après un tel titre me fait penser à ce mot du skieur Franck Picquard à propos d'une éventuelle victoire à la Mecque des descendeurs : le Hahnenkamm à Kitzbühel, en Autriche. Commentaire de Picquard : "Si un jour je gagne ici, le lendemain, j'arrête le ski !". Sauf que Malouda n'a pas arrêté le football et qu'il a fallu tout de suite se relancer pour l'Euro. Et c'est là que lui et d'autres auraient eu besoin soit de longues vacances, soit d'une sacrée préparation mentale, même si lui a montré plus d'expérience que d'autres en surnageant plus qu'honnorablement. Mais je reconnais que, pour lui aussi, ça a dû être très dur.

Autre quidam saisi par une euphorie toute compréhensible : Ben Arfa. Petit rappel : l'année d'avant, on l'avait vu se faire couper en deux par l'autre brute de De Jong. On imagine les mois passés en rééducation. Newcastle finit douzième. Et puis Ben Arfa reprend la compétition. Bien sûr qu'il n'est pas tout seul. Il y a notamment Cabaye et Papiss Cissé avec lui. Cela dit, comment oublier ces buts d'anthologie qui ont fait le tour du monde ? Le fait est que Ben Arfa a réalisé une saison plus que correcte pour sa première vraie saison anglaise, surtout si on fait le ratio de son impact sur le terrain, rapporté au temps de jeu. Sur ce plan, il doit être un des meilleurs en Europe ! Parce qu'une chose est de marquer un but d'anthologie ici ou là, une autre est de rapporter les trois points à la maison. On retiendra que Newcastle est revenu en Premiere League en se classant douzième la première année, cinquième la suivante. Encore un effort, et ils s'insinuent dans le Big Four, ce qu'ils ont bien failli faire, d'ailleurs. Bilan de la saison 2011-2012 : Newcastle finit devant ces deux ogres que sont Chelsea et Liverpool. Just incredible! Comment ne pas être euphorique avec ça ? Il faut vraiment n'avoir jamais fait de sport - ou alors, il y a très longtemps - pour ne pas comprendre... !

Mais je crois que le plus euphorique de tous, c'est encore Samir Nasri. Rendez-vous compte : il ose partir du cocon presque familial d'Arsenal, un des Big Four. Et le voilà dans ce club plus qu'improbable de Manchester City, lequel, malgré les milliards de l'émir propriétaire, n'arrive toujours pas à décrocher quoi que ce soit. Et puis, là, coïncidence ou non, Nasri arrive, tel Zorro, et voilà City champion. Et là, j'avoue que ce fut particulièrement épique !

Sur le graphique ci-dessous, on visualise les leaders de Premiere League journée par journée durant la saison 2011-2012. Et là on voit qu'hormis la toute première journée, deux clubs en tout et pour tout se sont disputé le titre, dans un mano-a-mano de "ouf" !


Source

Et c'est là qu'on mesure toute l'intensité de ce match à deux entre les deux frères ennemis de Manchester (Égalité parfaite des matches gagnés - nuls - perdus : 28 - 5 - 5, pour 89 points chacun) et l'énorme effort qu'il a fallu fournir à City pour s'imposer, mais seulement...  à la différence de buts ! Alors, vous imaginez l'explosion dans le vestiaire de City à la fin de la dernière journée, et la déception chez Evra et Compagnie... Voila qui nous promet une saison 2012-2013 d'enfer ! 

Alors, que Nasri arrive à l'Euro un peu émoussé et encore sur son petit nuage, qui pourrait le lui reprocher ? Quant aux journaleux de bas étage qui lui ont craché dessus, mais aussi à ce pauvre aigri de Gallas, seule la bêtise et la connerie peuvent expliquer ce type de comportement. Ce gamin a déjoué tous les pronostics, adressant un sacré pied-de-nez à ceux qui lui ont reproché son départ "irréfléchi" d'Arsenal. Et le voilà qui touche le jack-pot. Normalement, à part quelques connards de journaleux, de jaloux et de bonimenteurs de café du commerce, tout le monde devrait lui dire "BRAVO SAMIR ! BIEN JOUÉ !"


III. Même pas en rêve !


Alors évidemment, dès lors que je n'achète plus aucun journal en France [à part des magazines scientifiques, d'informatique ou culturels, ainsi que le quotidien La Croix, de temps en temps/cf. l'excellente mise au point sur la Syrie : Syrie, guerre civile et guerre des mots (25.06.2012), avec une approche enfin honnête de la propagande pratiquée de tous les côtés, et là on se dit : Ah, quand même, un peu d'honnêteté intellectuelle !], je suis allé piocher sur le net et j'ai déniché par exemple ce qui suit, tiré du site leparisien.fr :
Mardi, le comité exécutif de la Fédération française (FFF) se réunit à Paris. Le comportement de Samir Nasri en Ukraine sera alors évoqué par les douze membres du gouvernement du football français, dont certains étaient présents à Donetsk, comme le président et le vice-président délégué (FFF), Noël Le Graët et Bernard Desumer. (...)

L’examen du dossier du milieu de Manchester City concerne ses propos à l’adresse d’un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) après Espagne - France dans les sous-sols de la Donbass Arena. L’épisode a été relaté ainsi par l’AFP elle-même, dimanche : « Sollicité pour une réaction sportive d’après-match, le Citizen a d’abord lancé une diatribe antipresse : Non, de toute façon, vous cherchez toujours la merde. Le journaliste lui demande alors de ne pas faire d’amalgame, lui rappelant un entretien diffusé le 28 février, dont le joueur avait aimé le contenu. Mais Nasri ne change pas de ton ni de thème et, pour couper court à l’échange, le journaliste réplique : Eh bien, casse-toi alors si tu n’as rien à dire. Quelques secondes plus tard, le joueur revient et apostrophe son interlocuteur : Tu me dis de me casser ? Viens, on va régler ça là-bas. À l’agencier qui lui répond : C’est ça, le milieu de terrain assène : Va te faire en…, va n… ta mère, sale fils de p… Tu veux qu’on s’explique, va te faire enc… Voilà, comme ça vous pourrez écrire que je suis mal élevé. »
C’est l’incident de trop. Le comité exécutif ne possède aucun pouvoir disciplinaire. Mais il va renvoyer le dossier devant une commission, a priori plutôt le Conseil national de l’éthique (CNE), présidé par Laurent Davenas, que la commission de discipline de la FFF, qui avait traité des suites de Knysna. Tout le débat est de savoir si les déclarations de Nasri sont publiques, ce qui relève du CNE, ou pas, ce qui concerne alors la discipline. Il reste qu’à la fin, après audition, punition et éventuellement appel, l’ancien Marseillais sera sanctionné.
À la FFF, l’attitude de Nasri ne passe pas. « Cela fait deux ans que l’on se bat pour redorer l’image des Bleus et il vient de tout mettre en l’air, dit-on Boulevard de Grenelle. Dans trois mois, si le public le siffle, il va lui faire un bras d’honneur ? S’il ne se passe rien, on prend le risque d’une nouvelle affaire dans deux ans. Il faut une sanction. » L’affaire pourrait se régler autrement et plus lourdement : en accord avec le sélectionneur, la FFF pourrait décider que Nasri n’est plus sélectionnable et donc n’est plus sélectionné.

Mais avant de commenter ce qui précède, je poserai une question, à laquelle je n'ai toujours pas eu de réponse, depuis que je l'ai posée en 2010 : en 2006, Zidane a-t-il touché la prime ? On sait qu'il n'a jamais été convoqué devant quelque commission de discipline que ce soit, après qu'il a trahi ses coéquipiers et son pays, avec ce coup de tête débile vu par des milliards de téléspectateurs.

Or voilà que la grande affaire, l'affaire d'État, le scandale national, ce seraient des paroles en zone mixte de Samir Nasri à l'endroit d'un "journaliste", lequel est le seul à les rapporter, en clair, une CONVERSATION D'ORDRE PRIVÉ entre deux hommes, et c'est là que j'aimerais qu'il se trouve un seul juriste pour me dire en quoi cet incident d'ordre privé concernerait la Fédération Française de Football, celle-là même qui s'est abstenue ne serait-ce que de convoquer Zidane en 2006 pour audition.

"L’examen du dossier du milieu de Manchester City concerne ses propos à l’adresse d’un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) après Espagne - France dans les sous-sols de la Donbass Arena...; l'épisode a ainsi été relaté par l'AFP elle-même...".

Et bien évidemment, tout ce qui sort de l'AFP a valeur d'Évangile ? À ceci près que la masse de ceux qui croient encore aux Évangiles ne cesse de fondre chaque jour un peu plus, ce qui vous explique aussi pourquoi la presse connaît de si sérieux problèmes en ce moment. Voyez France Soir !

Si j'ai bien compris, c'est uniquement sur la base du rapport d'un quidam qui se trouve être journaliste à l'AFP que Nasri est censé se faire supplicier sur la place publique, l'homme de l'AFP étant - mais ça, on l'avait compris - à la fois juge et partie, encouragé en cela par tous les quidams de sa corporation ? À quoi on me fera remarquer que la méthode a déjà marché en Afrique du Sud, avec cette fausse Une que personne n'a osé critiquer, un faux en écriture qui a quand même conduit à une sanction lourde pour Anelka. Alors, pourquoi s'étonner que d'aucuns cherchent à nous refaire le coup de Knysna ?

Ce qu'il y a quand même de formidable dans ce pays qu'est la France, c'est que les journalistes y font les questions et les réponses, et qu'ils prétendent avoir un droit de vie et de mort sur la carrière des sportifs, allant jusqu'à dicter aux instances fédérales du sport leur comportement en matière de discipline. Ne voilà-t-il pas que l'on nous annonce déjà la fin prochaine de la carrière en équipe de France de Samir Nasri et de quelques autres ? Et sur la base de quoi, je vous le demande ? Ils n'ont donc pas de règlement à la FFF pour devoir ajuster leur code de déontologie sur les récriminations de la presse ?

Et là, je dirais à nos braves journalistes "sportifs" : même pas en rêve ! Le problème, ici, est qu'il s'est bel et bien agi d'une conversation privée entre Nasri et un journaliste, et que je sache, le journaliste de l'AFP ne fait pas partie du staff de l'équipe de France de football, ou alors c'est que le règlement de la FFF a été modifié tout récemment et en catimini ! Et c'est bien pour ça que j'invite nos journaleux à ne pas épuiser inutilement leur salive à blablater dans le vide : il n'y a rien dans les statuts de la FFF qui autoriserait cette organisation à statuer sur une conversation privée entre Nasri et quiconque non membre du staff de l'équipe de France.

Même si, à en croire certains, la carrière de Nicolas Anelka aurait dû s'arrêter brutalement à l'été 2010... Aux dernières nouvelles, Nicolas Anelka est en Chine, où il joue les pionniers, c'est-à-dire qu'il va marquer l'histoire du football dans ce pays en contribuant à le populariser auprès des foules. Ça nous fait un sacré audimat pour les matches de championnat là-bas. C'est pourquoi j'inviterais volontiers nos grands journaleux français à méditer ceci : "Ce que vous n'avez pas fait, vous aurez beaucoup de mal à le défaire !".

Samir Nasri a suffisamment d'argent pour s'offrir un très bon avocat. Et je sais, par avance, que l'avocat de Nasri lui intimera l'ordre de ne pas évoquer sa vie privée en public,  et encore moins devant une commission de discipline, sachant que l'altercation rapportée par l'AFP relève strictement de la sphère privée du joueur. À partir de ce moment, je doute fort que quiconque à la F.F.F. ose commettre ce qui constituerait une ingérence dans la vie privée de Samir Nasri.


By the way, soit dit en passant, chers messieurs de la F.F.F. (je n'y ai jamais vu la moindre femme !), quand vous le rencontrerez, pensez à dire MESRI (Merci + Nasri) à Samir pour son but égalisateur contre son propre gardien de Manchester City. Le manager anglais aurait dû se méfier, et prévenir son gardien :  

Should anyone try his best to manage to score against you, it would only be Samir; you'd better keep an eye on him!


"S'il y en a un qui va tout tenter pour scorer contre toi, c'est Samir ; méfie-toi de lui !".

Bravo Samir, pour ce but - et dire qu'il y a des connards qui trouvent que Nasri et les autres ne mouillent pas assez le maillot ! - et surtout pour le titre anglais, et rendez-vous dans quelques semaines pour la reprise du championnat. Malgré son grand âge, ce Ferguson est un teigneux ; et pour moi, le ManU d'Evra sera encore l'équipe à battre l'année prochaine ; quant aux autres (les Malouda, Ben Arfa, Giroux, Hazard...) ils vont attaquer la prochaine saison avec le couteau entre les dents. Cela dit, voir Newcastle finir la saison devant Chelsea et Liverpool, j'avoue que je n'en reviens toujours pas !



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