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mardi 7 mai 2019

7 mai 1954 : Diên Biên Phu, une débâcle coloniale


Les évocations de ce Waterloo tonkinois ne manquent pas dans la littérature ou dans la presse. 



Citation :
Le lieutenant-colonel Charles Piroth est sûr de son affaire. Aucun doute possible : le Viet-minh ne pourra jamais transporter des canons lourds sur des centaines de kilomètres, à travers la jungle, ces canons qui pourraient inquiéter la défense de Diên Biên Phu. Quand bien même y parviendraient-ils que les pièces de 155 françaises les réduiraient vite au silence.
Piroth est un officier respecté, ancien des combats d’Italie de 1944. Il sert au Vietnam depuis 1945 et commande l’artillerie du camp retranché, établi dans le nord-ouest du Tonkin, près de la frontière laotienne. En 1946, il a été blessé au bras dans une embuscade Viet-minh : on l’a amputé sans anesthésie. Ses faits d’armes lui ont valu le grade de commandeur de la Légion d’honneur. A 47 ans, il a la compétence, l’expérience, l’autorité. Les canons du général Giap ne lui font pas peur.
Mais le 13 mars 1954, tandis que l’armée vietnamienne lance son premier assaut, les obus tirés des collines font des ravages. En trois heures, «Béatrice», le point d’appui le plus au nord, reçoit des centaines de coups au but. Les abris sont pulvérisés, les défenseurs tués, les survivants terrorisés. Piroth donne l’ordre de répliquer. Rien n’y fait : les tirs français ne peuvent atteindre les pièces ennemies installées dans des grottes, à flanc de montagne. L’intensité du bombardement est une surprise catastrophique pour l’état-major français, qui se croyait protégé par les canons de l’artilleur péremptoire. Alors le 15 mars, après deux jours d’enfer, Piroth, en pleine dépression, attache une grenade sur sa poitrine et la fait exploser.
(...) 
La reddition de Dien Bien Phu sonne le glas de l’empire colonial français. En Algérie, le FLN lance sa première offensive. Partout au Sud, la victoire de Giap galvanise les partis indépendantistes. Bonaparte avait bâti un empire en Europe. En appliquant les mêmes préceptes, son élève a détruit un autre empire, celui des puissances européennes qui dominaient le monde depuis la Renaissance. L’indépendance du Sud s’est jouée dans une cuvette humide perdue dans la jungle montagneuse du Tonkin : Dien Bien Phu. (source)

Pas mal d'eau a coulé sous les ponts depuis cette bérézina tropicale. Et là, vous vous dites que d'aucuns auront tiré les leçons de ce désastre ! Il se trouve que, dans la foulée des Français, les Etats-Unis vont, à leur tour, s'engouffrer dans ce bourbier, après avoir commis quelques crimes majeurs en Corée, et avant de connaître, à leur tour, une déculottée mémorable face aux "petits hommes jaunes". Pour leur part, les Français vont connaître une nouvelle et cruelle déconvenue en Algérie, quelques années plus tard.

Mais qu'à cela ne tienne, le monde étant ce qu'il est, et la guerre étant un accélérateur de croissance (cf. Claude Cheysson, ministre des Affaires Etrangères de François Mitterrand), nous avons un peu partout ces guerres larvées, entretenues par un lobby militaro-industriel qui a impérativement besoin de fomenter des conflits pour continuer d'exister.

Question : s'agissant de la seule France : combien de soldats tués en terre étrangère depuis Diên Biên Phu ? 


lundi 3 octobre 2016

Pape François et théorie du genre ou la phénoménale imprudence de Najat Vallaud-Belkacem

C'est l'un des tout derniers "buzz" médiatiques : la dénonciation par le chef de l'Eglise catholique de la théorie du genre professée dans des manuels scolaires en France.

Et le Landerneau de s'enflammer, et la ministre en charge de l'Education Nationale d'y aller de son démenti catégorique.

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EDUCATION - Le Pape François a une nouvelle fois relancé le débat sur la théorie du genre , dénonçant le "sournois endoctrinement à la théorie du genre" propagé dans les manuels scolaires français. Des propos jugés "légers" et 'infondés" par la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem à l'antenne de FranceInter ce lundi 3 octobre.

"Je regrette cette parole pour le moins légère et infondée. Je vois qu'il aura été lui aussi victime de la campagne de désinformation massive conduite par les intégristes, la formation Le Jeune, Vigi-Gender et d'autres. Mais la réalité c'est que je conseille au Pape lors de ses prochains déplacements en France de venir à la rencontre d'enseignants de l'école française et de discuter avec eux, de feuilleter lui-même ces manuels scolaires, ces programmes et de m'expliquer en quoi il y aurait une théorie du genre qui n'existe pas par ailleurs", a déclaré la ministre. (Source : Huffington Post)

Le problème, avec Najat-Vallaud Belkacem, c'est que, pour quelqu'un qui est censé détenir un bagage universitaire conséquent - elle règne tout de même sur un ministère qui comptabilise la plus forte concentration de docteurs "ès...", d'agrégés et de certifiés de France ! -, elle affiche régulièrement une forte propension à se lancer dans des affirmations ou dénégations que n'importe quel esprit censé aurait pris le temps de soupeser, sous peine de cruelle désillusion.

Ce déni affiché par la ministre veut-il dire qu'elle est parfaitement informée de tout ce qui figure dans les manuels scolaires français ?

Par parenthèse, qu'entend-on ici par "manuels scolaires", je veux dire de quel niveau à quel niveau ? Najat Vallaud-Belkacem étant ministre de l'Education Nationale, je suppose que ses dénégations concernent l'ensemble de l'organisation qui lui est subordonnée, autant dire de la maternelle au supérieur (n. b.: Thierry Mandon est secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'Education nationale en charge de l'enseignement supérieur). 

"je conseille au Pape lors de ses prochains déplacements en France de venir à la rencontre d'enseignants de l'école française et de discuter avec eux, de feuilleter lui-même ces manuels scolaires, ces programmes et de m'expliquer en quoi il y aurait une théorie du genre qui n'existe pas par ailleurs"...

Il se trouve que, sur un de mes blogs, j'avais déjà exprimé mes plus sérieuses réserves à l'égard du dilettantisme de Najat-Vallaud Belkacem sur la question de la théorie dite du genre, et ce, avant même qu'elle n'accède au ministère de l'Education nationale.

Je rappellerai, en passant, que tout bon étudiant  de sociologie a 90 % de chances d'entendre évoquer la théorie du "gender" au moins une fois, dès la première année (cf. Margaret Mead, Judith Butler, et d'autres) ! Pour ma part, j'ai passé quatre années en "socio", le temps de décrocher une maîtrise, comme cela s'appelait alors ; c'est dire si j'en ai soupé, de la théorie du genre !

Autant dire que l'affirmation par Madame Belkacem que la théorie du genre "n'existe pas par ailleurs", est d'une ineptie sans nom, ce qui ne serait pas très grave si cela relevait d'un propos de café du commerce. Sauf qu'ici, l'énormité sort de la bouche de la ministre en charge de l'Education nationale !

Du coup, je suis allé jeter un oeil sur d'anciennes archives (cf. une collection de textes éditée par l'éditeur Téqui) :


Et comme preuve supplémentaire de la phénoménale imprudence - pour m'en tenir à un euphémisme - de la ci-devant ministre de l'Education Nationale, j'ai là une archive concernant une prise de position des députés socialistes, datant de 2011.

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Citation : "(...) Plusieurs députés UMP, à l'initiative des membres de la droite populaire (...), ont adressé une lettre au Ministre de l'Education nationale afin de demander le retrait des manuels scolaires de première abordant la théorie du genre." 

Vous avez compris que si des députés réclament, en 2011, le retrait de la théorie du genre de manuels scolaires, c'est bien parce qu'elle y figurait déjà ?

Mais ce n'est pas tout ; suite du tract socialiste cité plus haut : "(...) Cette volonté acharnée de masquer le caractère construit, culturel, social du genre féminin et masculin [par parenthèse, en bon français, il aurait mieux valu écrire "des genres féminin et masculin" !], de nier la diversité des identités sexuelles, ne fait que révéler le refus de la droite des libertés individuelles, et notamment sexuelles, ou encore une vision archaïque de la place de la femme dans la société."

Et l'on va me dire que Najat Vallaud-Belkacem ignorait les prises de position de son propre parti sur la question et la définition de la théorie du genre, tout comme elle ignorait que la théorie du genre fût bel et bien inscrite dans des manuels scolaires, et ce, dès l'année 2011 ?

Question : compte tenu de ce qui précède, qu'est-ce qui empêchait Vallaud-Belkacem de répondre au pape que, certes, la théorie du genre a bel et bien figuré dans divers manuels scolaires en France, mais qu'elle et son gouvernement l'ont définitivement supprimée desdits manuels ?

Le mensonge comme outil de gouvernement ! Et ici, il est double : 

- mensonge sur la soi-disant inexistence de la théorie du genre, démonstration d'inculture proprement indigne d'une personne censée avoir fait des études universitaires !

- mensonge sur la soi-disant absence de ladite théorie dans des manuels scolaires en France, ce qui, venant de la ministre de l'Education nationale, relève à tout le moins d'une phénoménale inconséquence, doublée d'incompétence (n'importe quel quidam moyennement intelligent aurait commencé par réclamer à ses services un rapport circonstancié, avant d'affirmer quoi que ce soit !).

Pauvre Najat Vallaud-Belkacem et pauvre France !


Précieuse archive:

Cette pauvre Vallaud-Belkacem ne semble pas avoir compris que l'Internet avait définitivement sonné le glas des méthodes de Josef Goebbels et de tous leurs avatars : je veux parler de "la propagande comme méthode de gouvernement" et de l'idéologie du "mentir avec aplomb, en toutes circonstances".

Ou quand, en marge de l'élaboration de la loi sur le mariage homosexuel, Vallaud-Belkacem prononce distinctement les expressions "orientation sexuelle" et "identité de genre" : de fait, la ministre des droits de la femme dit à l'époque - et l'on reconnaît bien là la doctrine de certaine secte bien représentée dans les lieux de pouvoir - : "il faut profiter de cette porte entrouverte pour y glisser les questions de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre."  (Source)

Bien évidemment, quelques "illettrés diplômés", comme je les appelle, tentent de jouer avec les mots, en nous prenant au passage pour des crétins, lorsqu'ils affirment qu'"orientation sexuelle" n'a rien à voir avec ladite "théorie du genre", alors même que le cœur de cette idéologie consiste à opposer détermination (la nature) et orientation (la culture).

Quant à la ministre, elle prétend (cf. dernière interview sur France Inter /septembre 2016) réduire ladite "théorie du genre" à la seule question du "changement de sexe", ce qui est tout bonnement inepte,  comme preuve que la ministre a un besoin urgent de se procurer un bon dictionnaire, ou un bon professeur de français !

Mais le plus pitoyable, dans cette affaire, n'est-il pas de voir à quel point les journalistes, ces pseudo-informateurs des ploucs ignares et incultes que nous sommes censés être, ont complètement démissionné et failli dans leur mission d'information du public ?


Autres archives fort instructives :

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jeudi 7 octobre 2010

Le ventre législatif

Le ventre législatif est une fameuse caricature que l'on doit à Honoré Daumier (1834).





Le texte qui suit, rédigé (sous pseudonyme) par Honoré de Balzac, colle parfaitement avec les personnages croqués par Daumier, à moins que ce ne soit l'inverse, Daumier ayant composé son dessin d'après le texte.

"(...) L'ordre du jour est la suite de la discussion du projet de loi sur les contributions extraordinaires. M. Thiers, qui est un financier extraordinaire, a la parole pour contribuer à éclaircir la question. Il nous apprend que la situation de la France est grave ; puis, il justifie, en passant, les trois ministères qui se sont succédé, ce qui semble prouver qu'on aurait fait sagement de les conserver tous les trois. Ensuite l'orateur fait une savante improvisation de trente pages in-quarto, d'où il résulte qu'un gouvernement à bon marché est celui qui perçoit le plus possible et dépense le moins qu'il peut.

Un vaste silence accueille ce discours. Le Constitutionnel appelle cela de l'approbation.

Cependant, un petit bruit régulier, sourd d'abord, bientôt progressif, puis enfin insupportable, part d'un coin de la salle. C'est M. Viennet l'immortel (1), se croyant à l'Académie, qui dort paisible, ronflant le programme de l'Hôtel de Ville en variations.

Son réveil égaye l'assemblée. Une foule d'honorables quittent leurs bancs pour assiéger celui des ministres. M. Thiers, qui paye le cens pour qu'on l'écoute, fait remarquer ce désordre au président, et de cette séance résulte une intéressante leçon parlementaire. M. Dupin s'écrie avec une louable indignation :

- Je prie Messieurs les solliciteurs de retourner à leurs places. Nous ne sommes point ici pour présenter des placets, mais pour délibérer. (Approbation générale... des électeurs.)..."

Autre représentation de la Chambre (source : Le Monde Magazine, n° 54, 25 septembre 2010), avec cette légende : "Révoltés. Ceints de leur écharpe tricolore, les députés de l'opposition dénoncent le "passage en force" du gouvernement avant le vote du projet de loi sur les retraites, que l'Assemblée a adopté par 329 voix contre 233."



On appelle ça une fronde, une bronca, un charivari, un tohu-bohu ? En tout cas, les caméras des chaînes infos n'en ont pas perdu une miette. 

Et là, je me dois d'affirmer, tranquillement, que le spectacle qui nous est offert, sur cette photo, relève de l'escroquerie, tout comme la charge intervenue contre Bernard Accoyer et tentant de le faire passer pour un "factieux".

Il se trouve que, non loin d'ici, j'avais pris le pari que, malgré une agitation de façade, dans l'affaire du voile intégral, le parti socialiste "se coucherait... (il sait si bien le faire !)". Le fait est que la loi sur le voile intégral est bel et bien passée, mais comme c'est étrange, personne n'en a parlé, et surtout pas les élus socialistes, qui ont, une fois encore (cf. 2004), oublié l'adresse du Conseil Constitutionnel, d'où ce brouhaha autour des retraites, histoire de faire diversion et de faire passer leurs électeurs pour des cons !



N.B. : Bien évidemment, les élus du peuple ont parfaitement le droit de s'indigner pour des questions qu'ils jugent importantes. Ce que j'en dis c'est simplement qu'aux dernières législatives, l'UMP a décroché la majorité absolue des sièges à l'Assemblée Nationale. La Droite agit en parfaite conformité avec le mandat qu'elle a reçu du peuple. Et si la Gauche veut que les choses changent, il lui incombe de l'emporter aux prochaines législatives, auquel cas elle votera les lois qu'elle voudra, tant il est vrai que le camp qui l'emporte aux législatives gouverne la France ! 


P.S. Jeudi 7 octobre 2010 : le Conseil Constitutionnel, saisi par les présidents des deux Chambres, valide l'essentiel de la loi sur le voile intégral. Un bon point pour MM. Accoyer et Larcher. Juste une question : la loi sur le voile intégral (les lois sur les "signes religieux") s'applique(nt)-t-elle(s) aussi en Alsace-Moselle ? La question devrait venir, tôt ou tard, devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. 


(1) Le Viennet en question a bel et bien existé (Jean-Pons-Guillaume V., académicien français, 1777-1868, élu en 1830 au fauteuil n°22 contre Benjamin Constant) ; homme politique, auteur dramatique, poète voire rapeur avant la lettre, on lui doit ce petit poème dodécasyllabique, en forme de pamphlet contre l'intrusion (déjà) de termes anglais dans la langue française. Personnellement, avec le recul, je trouve le poème très drôle.


On n'entend que des mots à déchirer le fer
Le 'railway', le 'tunnel', le 'ballast', le 'tender',
'Express', 'trucks' et 'wagons' ; une bouche française
Semble broyer du verre ou mâcher de la braise…
Certes, de nos voisins l'alliance m'enchante,
Mais leur langue, à vrai dire, est bien envahissante !
Faut-il, pour cimenter un merveilleux accord,
Changer l'arène en 'turf' et l'exercice en 'sport',
Demander à des 'clubs' l'aimable causerie,
Flétrir du nom de 'grooms' nos valets d'écurie,
Traiter nos cavaliers de 'gentlemen-riders' ?
Je maudis ces auteurs dont le vocabulaire
Nous encombre de mots dont nous n'avons que faire !