Translate

Affichage des articles dont le libellé est pétrole. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est pétrole. Afficher tous les articles

mardi 8 janvier 2019

À propos de la 'religion du climat', une histoire presque sans paroles


[Nota bene : cet article connaît une avalanche de connections depuis sa parution... Serait-ce à cause des nombreuses images de paysages hivernaux et de montagnes enneigées ? That is the question! À croire que les urbains, probablement nombreux à visiter ce blog, ont la nostalgie de la cambrousse. Le fait est que j'ai toujours préféré la campagne à la ville et que c'est toujours un régal que de crapahuter en pleine nature, même quand, comme à Salzburg dernièrement, j'ai dû me réfugier sous un arbre en plein orage, ce qu'il ne faut jamais faire en été ! 28.01.2019] 

Dans la rubrique "qui l'eût cru ?", voilà que des scientifiques nous apprennent que : "Le Sahara oscille du désert à l’oasis verdoyante tous les 20.000 ans." (voir lien plus bas)

Sinon, depuis la montée des protestations autour des "Gilets jaunes", dont le point de départ, rappelons-le, fut la contestation d'une nième taxe sur les carburants, on constate qu'il y a un courant politique qui, décidément, n'arrive pas à se mettre en phase avec l'opinion publique : les soi-disant écologistes.

J'ai déjà pointé, ici, l'incohérence d'un certain discours, prônant la fin des énergies fossiles et/ou carbonées (charbon, pétrole, gaz, nucléaire), pour mieux promouvoir les énergies renouvelables et propres, le tout dans le cadre d'une "transition énergétique".

Problème : les agrocarburants ne figurent pas dans la liste des énergies fossiles, tout en entrant dans celle des "renouvelables" ; en bonne logique, donc, on devrait encourager leur production, dans le cadre de la fameuse transition énergétique (cf. chez les musiciens classiques, entre le fortíssimo et le pianíssimo, vous avez forte, mezzo forte, piano). Et pourtant, nos écolos n'en démordent pas : il faut taxer le diesel (sous-entendu, même lorsqu'il est d'origine végétale), autant dire que l'on veut (les écolos prétendent !) passer du fortíssimo au pianíssimo sans la moindre transition !

Et voilà le petit peuple des sans-grade monter au créneau contre la hausse permanente des prix à la pompe, devant le silence radio total des idéologues de l'écologie militante.

Le fait est que la révolte des gilets dits jaunes semble avoir cloué le bec aux acharnés de la défense de l'air pur et de la bouffe bio.

Pour ma part, je vois là comme une des tares principales de l'idéologie, lorsqu'elle se fiche, comme d'une guigne, de la science. (1)

Jamais en phase avec le peuple, voilà le malheur des écolos ! Et pourtant, il y a plein de bonnes idées dans leur programme. Le principal problème est leur approche dogmatique, voire quasiment religieuse, d'où l'évocation de la religion du climat.

Comment ne pas évoquer en effet, ici, une certaine analogie entre l'action de nos écologistes avec celle des missionnaires d'antan, partant à travers la planète pour évangéliser les sauvages ? Le fait est que les missionnaires (chrétiens) se réclam(ai)ent du monothéisme, et en bons monothéistes, ils s'étaient inventé un ennemi principal : le diable.

Et le diable des écolos s'appelle : le carbone et ses affidés : les gaz à effet de serre. D'où cette hystérie autour desdits gaz, coupables de faire augmenter la température de la planète de quelques degrés dans un siècle tout au plus.

Et voilà comment on nous a pondu le fameux "réchauffement climatique", formule éminemment contestable. Les anglo-saxons parlent plus opportunément de "global warming", dès lors que le climat ne s'apprécie (par les hommes) qu'à leur propre échelle : comment voulez-vous qu'un bédouin algérien ait conscience du froid régnant sur la banquise arctique, ou qu'un esquimo ait conscience de la fournaise régnant en plein Ténéré ? Et en quoi le constat d'une évolution du climat à un endroit donné (ex. des vendanges de plus en plus précoces dans le Beaujolais ou en Champagne) signifie-t-il nécessairement un réchauffement partout ailleurs et au même moment, surtout lorsque l'on sait que quand c'est l'été dans l'hémisphère nord, c'est l'hiver dans l'hémisphère sud, et réciproquement ? 

Les modifications durables voire structurelles de la température moyenne (globale) de la planète, seuls des appareils sophistiqués équipant des satellites d'observation peuvent les enregistrer, et ce, dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire sur une grande durée. 

C'est, donc, à l'échelle (macroscopique) de la planète qu'il faut envisager les grands changements, d'où la justesse de la formule anglaise de "réchauffement global". Précisément, ce concept de "global warming" permet de mieux comprendre des phénomènes que la formule française de "réchauffement climatique" ne permet pas de décrire avec rigueur.

En effet, allez dire aux habitants du centre des États-Unis (Nebraska, Dakota nord et sud, Minnesota...) qu'il y a un réchauffement du climat, alors même que, depuis une bonne décennie, ces contrées sont confrontées régulièrement à des hivers extrêmement rigoureux, sans aucun doute, nos citoyens américains vont vous rire au nez, tout en donnant raison à Donald Trump !

11 octobre 2018, et déjà en hiver !!!!

Tiens, voyez à quoi ressemblent certains paysages bavarois ou autrichiens, en ce moment même : des chutes de neige atteignant des records !

Les météorologues annoncent des chutes de neige catastrophiques ; à certains endroits, les congères atteignent trois mètres...

Toute l'Allemagne est concernée par la tempête hivernale

Risques d'avalanches

Trois mètres de neige au Tirol

J'ai passé quelques semaines, l'été dernier, à marcher entre Bruxelles et Riquewihr, en Alsace, via Cologne, Munich, Salzburg, Strasbourg, Colmar. De la canicule un peu partout, notamment dans les environs de Cologne, où l'on a même vu des incendies de forêts ! En passant par la Bavière puis l'Autriche, je m'étais promis de revenir en hiver, en espérant qu'il y aurait plein de neige, parce que l'association 'lac de montagne et sommets enneigés' est juste grandiose. 





Mais je n'avais pas imaginé qu'on aurait de la neige jusqu'au cou, avec une flopée de patelins littéralement coupés du monde ! Du coup, Garmisch, Berchtesgaden, Königsee, Innsbruck, Zell am See... vont devoir patienter. On va attendre un peu avant d'y retourner !









Des localités coupées du monde, des écoles fermées, des risques accrus d'avalanches, des trains littéralement plantés en rase campagne, des routes et autoroutes fermées, des régions entières qui croulent (versinken) sous la neige, etc.

Par parenthèse, il n'a été question, ici, ni de la Russie, ni de la Scandinavie, ni du Canada, mais on imagine sans mal le climat qui doit régner actuellement sur ces contrées septentrionales !

Alors, c'est quoi, au fait, cette histoire de "réchauffement climatique" que Donald Trump traite par-dessus la jambe  ?

C'est qu'il va vous falloir faire preuve de pédagogie, messieurs-dames les missionnaires de la lutte contre les gaz à effet de serre !

Soit dit en passant, il y a quand même quelque chose d'étrange, pour ne pas dire plus, à voir nos "climato-hystériques" s'exciter à ce point sur une augmentation éventuelle de deux degrés de la température moyenne de la planète dans - disons - un siècle, alors même que ces belles âmes ne disent pas un mot des millions de victimes de la pollution atmosphérique ou de l'eau non potable là, maintenant !

By the way, j'étais parti pour une histoire presque sans paroles, raté !   



Lectures :  01 - 02  - 03  -  04  -  05  -  06  -  07  -  08  -  09


(1) J'entends bien l'objection : "Et le GIEC alors, ce ne sont pas des scientifiques peut-être ?". Evidemment que ce sont des scientifiques, mais des monothéistes eux aussi, le "C" de GIEC venant de "Climat" ! Or il n'y a pas que le climat dans l'affaire. Nos scientifiques du climat semblent oublier ce que l'on enseigne à nos petites têtes blondes et brunes dès l'école primaire, à savoir que la Terre est un corps chaud ! Ce qui fait que la plus importante source de chaleur, nous l'avons sous nos pieds : voyez les volcans, les geysers, la géothermie ! Du coup, on se prend à penser que Claude Allègre n'avait pas entièrement tort, face à la pensée unique des climatologues et autres climatocrates, que j'inviterais volontiers à visiter "Le Désert", en arabe 'as-sahara', cet immense espace sablonneux et rocheux, où les Hommes chassaient l'antilope, il n'y pas si longtemps ! 

vendredi 28 décembre 2018

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #6


Épisode §6 : L'arbre qui cache la forêt. Petite revue de la presse en ligne

On se rappellera que toute cette histoire autour des gilets jaunes est partie d'une protestation véhémente contre la pression fiscale jugée abusive pesant sur ces vaches à lait que sont les automobilistes. S'agissant de la dépendance universelle à ce foutu pétrole, il s'avère nécessaire de jeter un oeil dans le rétroviseur...
Au début des années 70, les pays industrialisés, qui viennent de connaître près de trois décennies de forte croissance (« Les Trente Glorieuses ») sont largement dépendants du pétrole. Les deux tiers de l’énergie consommée en Europe sont importés, principalement du Moyen-Orient. Les pays pétroliers prennent alors conscience qu’ils sont en position de force. Entre 1970 et 1973, le prix de ce qui devient l’ « or noir » double. Mais ce n’est qu’un début. 
Fin 1973, à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, les pays du Golfe décident, en guise de rétorsion contre les pays alliés à l’État hébreu, de réduire leur production. L’Arabie Saoudite, qui fournissait à elle seule 21% de la production mondiale de brut, va encore plus loin en imposant un embargo de ses exportations vers les États-Unis notamment. C’est la panique et le prix du baril flambe. En quelques semaines, il sera multiplié par quatre, passant de 4 à 16 dollars. Les économies occidentales ne peuvent pas faire face. La croissance s’effondre et le chômage augmente.
Bis repetita et coup de grâce en 1979. La chute du Shah d’Iran et la révolution islamique dans ce pays, alors important producteur de pétrole, engendre un nouveau doublement du prix du baril, de 20 à 40 dollars. C’est le second choc pétrolier.
Depuis, la France, pays où l’on « a pas de pétrole, mais on a des idées », est moins dépendante de cette source d’énergie avec notamment le développement de l’énergie nucléaire. Et par ailleurs l’ensemble des pays industrialisés a appris à produire plus avec moins de pétrole, ce qui les rend moins sensibles à l’augmentation de son prix. (Source)
L'économie française connaît une série de déboires depuis le premier choc pétrolier de 1973. Le 22 septembre 1976, le conseil des ministres adopte le premier plan d'austérité du premier ministre Raymond Barre. Sa priorité est la même que dans plusieurs autres pays occidentaux : la lutte à l'inflation et au chômage. Pour y arriver, Barre propose de freiner la hausse des salaires, de geler pour trois mois les prix à la consommation, de réduire la taxe à la consommation et d'augmenter l'impôt sur le revenu ainsi que les prix de l'alcool et de l'essence. Il mise sur l'appui du patronat pour le maintien du pouvoir d'achat moyen, la création d'emplois et une meilleure compétitivité sur le plan international. En 1977, le premier ministre français lance un deuxième plan d'austérité. Malgré le fait que Raymond Barre soit l'ancien vice-président de la Commission européenne et qu'on le surnomme « le meilleur économiste de France », le premier ministre français ne réussit à juguler ni l'inflation ni le chômage. La réussite de son plan est hypothéquée, entre autres, par le second choc pétrolier de 1979. Les résultats des plans Barre n'aideront pas la situation de la droite lors de l'élection présidentielle et des législatives de 1981 qui se solderont par des victoires de la gauche. (Source)
Pas de pétrole mais des idées ? Oui, mais lesquelles ?
Tout ce que notre grand polytechnicien de président trouva à faire fut de se laisser embarquer dans cette improbable affaire de pieds nickelés autour d'avions dits renifleurs !
Il y a 40 ans, un réparateur de télévision italien, Aldo Bonassoli et son bailleur de fonds belge l'ingénieur Alain de Villegas parviennent à signer un contrat avec Elf, entreprise publique, leur permettant de tester une invention révolutionnaire: l'appareil qui analyse la composition des sols depuis les airs, sans devoir procéder à des forages.
Un milliard de francs français engloutis 
En plein milieu des années 70, le monde tente de sortir du choc pétrolier. Cette invention aussi surprenante qu'inespérée permettrait à la France de trouver du pétrole à moindre coût et de gagner une certaine indépendance énergétique. (Source)
En 1975, un inventeur belge et un autodidacte italien prétendent avoir élaboré un appareil permettant de détecter gaz, pétrole et minerais rares jusqu'à des milliers de mètres sous terre. Il suffit d'embarquer l'appareil à bord d'un simple avion. Le 2 juin 1976, Antoine Pinay et Pierre Guillaumat, le patron d'Elf, évoquent avec conviction la pertinence de cette invention. Classé secret, car stratégique pour l'économie française, le développement du prototype obtient au total un milliard de francs de financement public. Le 5 avril 1979, le président Giscard d'Estaing est convié à une démonstration embarquée. En juillet 1979, l'inanité de cette invention est avérée. A partir de témoignages et d'archives, l'enquête revient sur cette escroquerie majeure, qui a coûté cher à Elf Aquitaine et à l'Etat français. (Source)
Le 15 janvier 2015, un expert nous prédit "une année noire pour le pétrole", sous-entendu, les prix devraient rester bas.
Le pétrole a perdu près de la moitié de sa valeur en 2014 (prix du baril de Brent en $) et l'ajustement s'est fait brutalement. Les conséquences de niveaux de prix aussi bas sont à identifier en fonction de la position exportatrice ou importatrice nette des économies les plus concernées par les fluctuations des prix du pétrole.
Dans la continuité de 2014, 2015 devrait être un mauvais millésime pour le pétrole. L'offre restera dynamique pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui, sous l'impulsion de l'Arabie Saoudite, souhaite vendre sa production plutôt que d'abaisser ses quotas de production. De plus, l'offre d'or noir continuera à se diversifier, notamment grâce à la production croissante de pétrole et de gaz de schiste aux États-Unis. Cependant, la faiblesse de la demande de pétrole devrait être durable à l'heure où la Chine décélère, entrainant dans sa chute un commerce mondial sans réelle tendance... (Source)

Le problème avec les "experts" c'est que la plupart ont tendance à confondre "structure" et "conjoncture" : le prix du pétrole, qui monte et qui descend, c'est une donnée uniquement conjoncturelle. Structurellement parlant, qui dit énergie fossile dit énergie en quantité limitée, et même si cela peut s'étaler sur un temps relativement long, le non  renouvellement de la ressource fait qu'elle est amenée à se faire rare, tôt ou tard !

En attendant...
Si en juin 2014 le pétrole valait 115 $ le baril,  il n'en valait plus que  47 six mois plus tard et 30 en janvier 2016. Affolement général, baisse des bourses. Pourquoi ? « Les pays producteurs auront moins d'argent et passeront moins de commandes ». Accessoirement (d'un point de vue financier), les écologistes se désolaient : « cela va encourager la consommation d'énergies fossiles et accroître la production de CO2. » Or ce fut l'inverse !... (source)
Ainsi, donc, les experts sont friands de prévisions :
Mauvaise nouvelle pour le portefeuille des Français. Les cours de l’or noir, qui ont grimpé toute l’année, risquent de poursuivre sur leur lancée dans les semaines qui viennent. Alors qu’il évoluait autour de 56 dollars (49 euros) en octobre 2017, le prix du baril de Brent avoisine désormais les 80 dollars (70 euros).Une progression de près de 40 % qui n’en finit plus de doper l’inflation et pourrait bien freiner le rebond économique attendu au quatrième trimestre dans l’Hexagone. Une perspective d’autant plus inquiétante qu’une nouvelle poussée de fièvre sur les marchés est attendue après le 4 novembre et l’entrée en vigueur des sanctions américaines sur les exportations iraniennes de brut.  Quelle que soit l’ampleur des mouvements à venir, comptables et ministres vont devoir ressortir les calculettes. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) table, pour la fin de l’année 2018, sur un baril à 75 dollars (65,40 euros). Une cible qui ne reflète pas les pics d’octobre et devra probablement être revue à la hausse.  (source)
Fin de l'année 2018 ? Nous y sommes ! Et le prix du pétrole s'affiche autour de...

Comme quoi, même les meilleurs experts ne peuvent pas toujours tout prévoir !

Les perspectives d'avenir ? Curieusement, il semble que ce soient les pétroliers eux-mêmes qui poussent le plus en direction de la promotion de sources d'énergie alternatives au pétrole. Etonnant ? Apparemment pas !
Les alternatives comparables au pétrole sont peu nombreuses. 
Les énergies ayant le plus gros potentiel ne pourront se substituer au pétrole que par une volonté politique ou une nécessité de rupture avec les traditions issues du pétrole. Les agro carburants sont largement défendus par les entreprises pétrolières : ils leur permettent de conserver la mainmise sur les réseaux de distribution, et leur clientèle captive. Les agro carburants ne représentent qu'une évolution technologique ne changeant en rien le comportement du consommateur.(…)La population mondiale actuelle est actuellement d'environ 6,5 milliards d'êtres humains, elle passera à 9 milliards entre 2020 et 2050. Les pays qui ont la plus forte croissance démographique ne sont pas industrialisés, mais cette augmentation de la population aura un impact sur la consommation mondiale de pétrole.(…)La mondialisation de l'économie et du commerce implique un important développement du secteur des transports. 97% des transports dépendent des produits pétroliers et représentent actuellement 50 % de la consommation de pétrole une proportion devant passer à 60 % d'ici 2030 portant la consommation de pétrole pour le seul secteur des transports à 35 % de l'énergie consommée mondiale. (Source)

... consommation de pétrole ou d'alternatives au pétrole ! Précisément...
L’huile de colza est la deuxième huile la plus transformée en biodiesel derrière l’huile de soja avec près de 6 Mt/an. Cette production est utilisée principalement en Europe. 
En 2011, plus de 75% des biocarburants utilisés en Europe étaient du biodiesel, étant donnée la forte diésélisation du parc automobile mais, la consommation y étant supérieure à la production, le déficit a été compensé par du biodiesel produit aux USA, au Brésil et en Argentine. 
En 2009, l’UE avait imposé une obligation d’incorporation de 10% de biocarburants dans les carburants d’origine fossile à l’échéance 2020. Mais récemment, face aux expertises qui montrent que les cultures de colza destinées aux biocarburants ont un impact négatif sur l’environnement à cause du phénomène de Changement d’Affectation des Sols indirects (CASI), l’UE est revenue sur ce taux pour le baisser à 6 % à cette échéance 2020. (source)

Et, pendant ce temps...
Le gouvernement guinéen a décidé jeudi de réduire « légèrement » les prix à la pompe des produits pétroliers (essence, gasoil et pétrole lampant), selon une annonce faite par le porte-parole du gouvernement, Aboubacar Sylla, à la sortie du conseil des ministres. 
Cette décision gouvernementale de réduction de 500 francs guinéens, soit 0,054 dollars, permettra de vendre désormais le litre de tous les produits pétroliers à 9.500 francs guinéens (1,03 dollars), au lieu de 10.000 francs guinéens (1,08 dollars).
Au mois de juillet, le gouvernement avait décidé d’augmenter de 25% les prix de tous les produits pétroliers à la pompe. Cette augmentation unilatérale a monté les prix de 8.000 (0,86 dollars) à 10.000 francs guinéens (1,08 dollars), soit un surplus de 2.000 francs guinéens (0,21 dollars US). Les plate-formes de la société civile guinéenne, les centrales syndicales et les partis politiques ont organisé cet été des mouvements de protestation contre cette hausse jugée préjudiciable au panier de la ménagère en Guinée. (Source)

Pour mémoire, l'Afrique a une superficie grande comme presque trente fois l'Inde ! Et pourtant...
Inquiète de la montée en puissance des importations d’huiles alimentaires en provenance d’Asie du sud-est sur son marché, l’Association des industriels de la filière oléagineuse (AIFO) de l’Union Economique et Monétaire Ouest-africaine (UEMOA) envisage la mise en place d’un label ‘Made In UEMOA’ afin d’inverser la tendance, a souligné la semaine dernière l’agence Ecofin... 
Dénonçant la mauvaise qualité de ces huiles qui «portent atteinte aux producteurs régionaux et menacent l’emploi», l’association convie les consommateurs à se tourner vers l’huile de palme, d’arachide ou de graine de coton, produite localement. 
Alors que plus de la moitié des huiles alimentaires consommées en Afrique sont importées, l’AIFO indique que le continent gagnerait à modifier son tissu industriel dans ce sous-secteur afin de profiter d’une consommation qui devrait augmenter de plus de 60% à l’horizon 2030 dans le cas de l’huile de palme, selon Ecofin. Selon elle, la production locale pourrait tirer avantage de facteurs comme l’immensité des superficies arables, la disponibilité de la main d’œuvre ou encore l’accès aux marchés internationaux. (source)
Il paraît que, sur un continent grand comme trente fois l'Inde, il n'y a pas assez de place pour produire ci et ça, et surtout pas ça !
Quelles sont les entreprises qui se ruent sur les terres cultivables africaines afin de produire des agrocarburants ? Le Guardian a mené l’enquête sur cette source d’énergie controversée, accusée de réduire les surfaces consacrées aux cultures, essentiellement dans les pays en développement, et de favoriser la flambée des prix alimentaires, pour permettre aux voitures occidentales de fonctionner. Dans un article publié mercredi, il démontre l’importance croissante du phénomène. S’il n’y a pas de recensement officiel des projets, le quotidien assure avoir dénombré pas moins de 100 projets de production dans une vingtaine de pays du continent, émanant de 50 entreprises étrangères. (source)
Et dire qu'en Afrique, là maintenant, on produit déjà ci et ça : arachide, coton, bois tropicaux, voire fleurs coupées, toutes productions peu utilisées par, voire soustraites aux indigènes et essentiellement destinées à l'exportation, car souvent introduites par le colonisateur pour les besoins de la métropole. (Lien)
Les plantes oléagineuses sont extrêmement importantes pour l'homme, qu'elles intéressent l'alimentation locale,ou offrent des possibilités de transformation en produits nécessaires à la vie moderne. Si l'on met à part l'olivier, qui est plus méditérranéen que sub-tropical, (il peut pousser dans certaines conditions,mais fructifie mal) et les aleurites, dont l'huile n'a qu'un usage industriel et la production est étrangère à l'Afrique (sauf quelques plantations en altitude à Madagascar), les oléagineux tropicaux ou sub-tropicaux intéressent toute l'Afrique, principalement le cocotier, le palmier à huile et l'arachide le sésame, et surtout le soja, sont beaucoup plus secondaires pour ce continent. A l'échelon mondial, c'est l'huile de soja qui tient la première place, depuis longtemps, dans la production des matières grasses d'origine végétale. L'huile de coco, ou coprah venait en second en 1960, mais seulement au quatrième rang en 1964 ; il est vrai que l'huile d'arachide, l'huile de coton et l'huile de coprah ont des productions assez voisines et que, selon les années, leur ordre de classement change. Derrière ce peloton, viennent les huiles d'olive et de tournesol, suivies de l'huile de palme. (source)

Il paraît que la préemption de terres arables par les marchands de fleurs coupées - et l'inévitable conversion de paysans (autrefois autosuffisants sur le plan alimentaire) en travailleurs agricoles (désormais condamnés à acheter leur nourriture)  - ne crée aucun préjudice sur les économies africaines ou d'autres contrées du Tiers-monde, n'est-ce pas ? Toujours est-il qu'aucune organisation écologiste ne s'en émeut, ou alors très faiblement !
Une chose est sûre : l’Éthiopie attire les investisseurs du secteur de la rose, et sur la dernière décennie, les demandes d’autorisations d’exploitation ont afflué. Autre certitude : dans un pays où le chômage touche 17 % des actifs, les fermes horticoles constituent un facteur de développement majeur et un gagne pain pour nombre de travailleurs locaux. 
En témoigne l’entreprise de Zelaleme Messale, qui emploie près de 200 salariés chargés de cultiver les huit variétés de roses qui jonchent ses terres. Installée depuis 2007, sa ferme horticole produit plus de 60 000 tiges par jour et devrait prochainement se déployer sur 16 hectares supplémentaires. Le territoire est également une source de profits pour les multinationales étrangères, tel le groupe néerlandais Afriflora, qui a récemment décidé de quitter le Kenya voisin pour venir s’implanter en Éthiopie. (...)
Pas de quoi empêcher l’industrie de la rose de poursuivre son déploiement sur le territoire. Un essor qui affole le voisin kényan. Les deux États se livrent à une guerre sans merci pour l’exclusivité de la production de roses. (source)
Face à l'afflux massif de demandes d'autorisation d'exploitation en provenance des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Inde ou même d'Israël, les autorités éthiopiennes ont pris conscience de tout le bénéfice qu'elles pouvaient tirer de leurs terres et de leur climat, propices à la culture de nombreuses variétés de fleurs, et ce toute l'année. Le gouvernement a donc décidé de louer des milliers d’hectares à des investisseurs étrangers. 
C’est le cas de Sai Ramakrishna Karuturi, un Indien plus connu sous le nom de Monsieur Ram. Arrivé il y a huit ans, il exploite onze hectares à proximité d’Addis-Abeba. Les roses ont fait de lui un homme riche. Monsieur Ram emploie près de 6 000 personnes, dont 80 % de femmes, âgées pour la plupart d’une vingtaine d’années. Recrutées dans les villages alentour, elles gagnent l’équivalent de 50 cents par jour. 
« L’agrobusiness » explose. Selon les études les plus récentes de l’ONU, de 15 à 20 millions d’hectares de terrains ont déjà été bradés en Afrique. Aujourd'hui, le pays compte près de soixante-dix exploitations horticoles, dont plus de la moitié sont détenues par des entreprises étrangères. Quelques 1 700 hectares de terres sont consacrés à la culture de roses et autres variétés particulièrement prisées par les Européens et les Asiatiques. (source)

Par chance, face au silence radio des grandes organisations écologistes, qui n'en ont qu'après les gaz à effets de serre, le diesel, les agrocarburants accusés d'affamer le Tiers-monde, des esprits bien plus lucides et moins mûs par la seule idéologie s'interrogent.
Mais une analyse plus serrée soulève d’inquiétantes questions. Pourquoi réserver à la culture de fleurs les meilleures terres de ce pays que menace la faim ? Qui feindra de croire, connaissant les milieux paysans traditionnels d’Afrique, que les cultivateurs éthiopiens acceptent librement de vendre leurs terres, en pleine connaissance de cause, en renonçant à la source de leur subsistance et au support de leur identité ? Peut-on considérer comme un progrès la mutation de l’ancien paysannat en un salariat surtout constitué de femmes mal rémunérées, voire d’enfants forcés de travailler ? De faible rentabilité, les sols pauvres ou non irrigables n’attirent évidemment pas les investisseurs. Sauf pressions et expropriation, les petits cultivateurs qui n’ont que leur terre pour subsister ne la vendent pas d’ordinaire, ce genre de transaction n’intéressant que les propriétaires aisés qui se détournent de l’agriculture pour miser sur les rapports marchands ou sur une promotion dans les structures dominantes. Et la salarisation ne peut mener, dans ce contexte, qu’à la paupérisation du plus grand nombre, à l’exode vers les villes, à la prolétarisation des périphéries suburbaines. Au reste, les intéressés n’hésitent pas à se plaindre d’avoir été spoliés et d’être réduits à une forme d’esclavage. (…) 
Grâce aux roses, le téléphone portable et la télévision se répandront dans la campagne éthiopienne comme sur le reste de la planète, ainsi qu’une multitude d’autres biens modernes qui s’avèrent utiles ou sont présentés comme tels par la publicité. Les investissements rapportent grassement aux détenteurs du capital. Mais les Éthiopiens sont-ils condamnés à se soumettre de la sorte aux stratégies de la finance internationale et des acteurs économiques et politiques dominants plutôt que de pouvoir instaurer un développement adapté aux besoins locaux, fondé sur les possibilités locales ? Pourquoi privilégier l’implantation de ces fermes industrielles au lieu de continuer à appuyer le programme de la FAO au bénéfice des petites et moyennes entreprises paysannes ? Et que se passera-t-il le jour où cette monoculture succombera à un accident d’ordre biologique ou économique, comme une irruption massive de parasites animaux ou végétaux, un surcoût des frais de transport ou un fléchissement de la demande, ou une délocalisation de la production vers des bassins de main-d’œuvre encore meilleur marché ? D’aucuns auront profité des roses et des profits qu’elles auront rapportés, mais à la plupart il ne restera que leurs yeux pour pleurer... (source)
Autre lecture :
Mieux vaudrait s'en passer, et vite. Du pétrole, mais aussi de ses compagnons de route, le charbon et le gaz naturel. Tout le monde a en effet pris conscience qu'il était urgent de freiner notre boulimie d'énergie fossile, pour ne pas voir la planète s'asphyxier sous les milliards de tonnes de CO2 rejetées par nos voitures et nos usines, mais aussi pour éviter une crise économique sans précédent. Seulement voilà, la demande en énergie n'a jamais été aussi grande et pourrait doubler d'ici à 2050. « La situation est tout à fait inédite. Nous n'avons jamais été aussi nombreux ni eu autant d'impact sur la Terre », constate Bernard Multon, du laboratoire « Systèmes et application des technologies de l'information et de l'énergie » (Satie)1. Alors que faire ? La réponse paraît simple : développer massivement les énergies propres et surtout, faire des économies d'énergie. « Les problèmes d'énergie ne peuvent pas uniquement être résolus par des progrès scientifiques. Il faut aussi être efficace d'un point de vue économique, législatif et sociétal. Si nous n'obtenons pas l'adhésion des usagers, ça ne peut pas marcher », affirme Jean-Bernard Saulnier, responsable du programme Énergie au CNRS.
(…) 
Sans crier haro sur les biocarburants, Pierre Matarasso, directeur scientifique adjoint du département « Environnement et développement durable » du CNRS, insiste pour sa part sur la nécessité de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. « On ne peut pas traiter la question des biocarburants sans réfléchir d'abord à notre usage de l'automobile et à la façon d'optimiser l'efficacité énergétique des transports dans leur ensemble, dit-il. Les biocarburants ne peuvent avoir un sens que lorsque nous aurons fortement accru les transports collectifs et mis en place des “micro-” ou “nanovéhicules” possédant une motorisation qui n'aura pas besoin de dépasser 10 kW ou encore des “microbus” jouant le rôle de taxis collectifs destinés aux transports individuels urbains et périurbains. » Il n'empêche que l'Europe s'est fixé une incorporation de biocarburants à sa consommation de carburants de 5,75 % en 2010 et de 8 % en 2015. (source)

Nota bene 

Dois-je vous avouer - pour la 2578 fois peut-être - que cela m'ennuie terriblement de voir des "scientifiques" persister à utiliser cette expression inopportune de "bio-carburant" en lieu et place d'"agro-carburant" ? Pour mémoire, le pétrole est un bio-carburant !

Autre chose ? Ceci (source) :
Estimé à 0,15 euro par litre, le coût de production du bioéthanol brésilien est le plus bas du monde, 40 % moins cher que l'éthanol de maïs américain et 70 % moins cher que l'éthanol de betterave et de céréales produit en Europe.

Avec l'éthanol de betterave, il s'agit du biocarburant qui offre le meilleur rendement énergétique :

* 1 ha de canne à sucre = 7.000 à 9.000 litres/ an
* 1 ha de betterave = 6.000 à 10.000 litres / an
* 1 ha de maïs = 3.000 à 4.000 litres / an
* 1 ha de céréales = 2.000 à 3.000 litres / an
(Superficie du Brésil : 8, 516 mio de km² ; Afrique : 30, 37 mio de km²).

Et dans la rubrique "Idéologie quand tu nous tiens", voyons ce que nous dit un "expert" sur la disponibilité de terres arables en Afrique. Par parenthèse, le sable du désert peut-il être assimilé à une terre arable ? 
On lit souvent, ici et là, que l’Afrique détiendrait là la clé de la sécurité alimentaire mondiale, car elle disposerait de 50 à 60% des terres arables disponibles de la planète. Les convoitises foncières dont elle est l’objet de la part de la Chine ou de certains États du Golfe semblent conforter cette thèse. Dans l’article qui suit, Pierre Jacquemot tord le cou à ce qu’on pourrait qualifier de mythe : non l’Afrique n’est pas ce réservoir de terres arables qui fait rêver plus d’un, agronome ou spéculateur foncier. (source)
À cette "expertise", je répondrai simplement par deux images déjà affichées ailleurs sur ce blog : des images du désert libyen, il n'y a pas si longtemps...



Mais jettons quand même un oeil sur ce Sahel progressivement mangé par le désert, et où, paraît-il, il serait sacrilège de cultiver des plantes destinées à fournir des agrocarburants censés remplacer le pétrole, substance que Sénégal, Mauritanie, Maroc, Tunisie, Mali, Burkina Faso, Niger, Kenya, Éthiopie... doivent importer... Mais enfin, mon bon monsieur, vous n'allez quand même pas détourner de précieuses terres arables pour produire des agrocarburants !, nous serinent quelques idéologues.







Vous avez compris que ce que Kadhafi prétendait réaliser en plein désert libyen (refleurir le Sahara) serait jugé irréalisable quelques dizaines à centaines de kilomètres plus au Sud ?


Liens :   01 -  02  - 03 - 04 - 05  


À suivre...



jeudi 6 décembre 2018

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert... #2


Épisode 2. Encore une petite couche de sémantique ? 


En préambule à l'article qui suit, pourquoi ne pas commencer par ceci, et encore ceci ?

Le saviez-vous ?

"Avec un hectare de betteraves sucrières, on peut produire suffisamment de carburant pour faire rouler un véhicule automobile standard sur 100.000 km." (France 2, journal télévisé, 13h, 03.12.2015)
Vous connaissez la nouvelle ? À partir de 2024, Paris ne sera plus accessible aux véhicules dits "diesel".

Citation :
« Nous vivons la fin des énergies fossiles pour l’automobile. Nous sommes dans la bascule pour le bien commun ». La conviction est forte, et d’autant plus assumée que chaque jour des relevés de pollution de plus en plus précis confortent Anne Hidalgo dans son choix d’en finir avec les véhicules thermiques et en particulier les diesels. (Source)

"Nous vivons la fin des énergies fossiles...". Mais qui diable a dit à Mme le maire de Paris que "diesel" voulait forcément dire "énergie fossile" ? Il me semble que Madame le maire aurait urgemment besoin d'un briefing en la matière !

Comme indiqué dans l'épisode 1, la France détient le plus vaste domaine agricole (et maritime) de l'Union européenne, notamment grâce à ses dépendances en Outre-mer, dépendances connues pour connaître plus de chômage que la métropole, mais aussi plus d'échec scolaire, de misère sociale, de catastrophes naturelles et d'inflation des prix des produits de base (cf. les produits alimentaires concentrent les plus forts écarts de prix avec l’Hexagone. Un métropolitain avec ses habitudes alimentaires paierait 89% de plus s’il consommait à l’identique en Nouvelle-Calédonie... lien).

Prenons la Guyane : c'est le plus grand département français, avec le plus gros massif forestier, que d'aucuns aimeraient éventrer en partie pour y chercher de l'or.

Vous avez dit "massif forestier" ? Oui, j'ai dit "massif forestier", donc du bois à profusion. Tiens, à ce propos, lisez donc ce qui suit :


Citation :
En ce mois de décembre 2013, c'est encore la Guyane qui détient le record de l'essence la plus chère de France avec le litre de sans plomb à 1,64 euro et le litre de gazole à 1,51 euro. (Source)

Antoine Krempf est un journaliste officiant sur la radio publique France Info, spécialisé dans la traque des fake news. Je l'entends, l'autre jour, épiloguant sur le fait de savoir si la voiture électrique était plus ou moins polluante que le diesel. Ayant pris l'émission en marche, j'ai tout de même eu le temps de noter ceci :
Un diesel, ça émet par exemple des oxydes d'azote... Conclusion, l'électrique pollue moins que les voitures qui roulent au diesel. (France Info, 04.12.2018).
Et moi de me demander instantanément ce que cet "expert" y entendait en traque de "fake news", lui qui venait, pourtant, de nous en infliger une bien grosse, sous couvert d'en invalider une autre.

Et comme il est question de sémantique, j'aurais volontiers interrogé notre expert sur ce qu'il entend par "diesel" !

Et comme j'ai une petite culture scientifique, ainsi que documentaire (des années passées à arpenter moult bibliothèques universitaires), je suis toujours surpris de voir tant de gens, notamment des journalistes - chargés d'informer le grand public - prendre autant de libertés avec la rigueur sémantique la plus élémentaire, alors que les sources d'information fiables ne manquent pas, notamment sur cette formidable base de données qu'est l'Internet !

Tout le monde sait que le moteur diesel a pour particularité de carburer à l'huile, ce qui relève quasiment du pléonasme, quand on sait que l'autre principal moteur à explosion : le moteur à essence, carbure précisément à l'essence de pétrole, lequel pétrole se traduit en anglais par... oil (huile) ; les allemands disent "Erdöl" (huile terrestre, huile tirée de la terre) !

Je sais qu'on parle aussi d'hydrocarbures à propos du pétrole et de ses dérivés, ce qui peut prêter à confusion, le préfixe "hydro" signifiant "eau". Toujours est-il que qui dit "diesel" dit "huile" au sens littéral du terme.


"Huiles lourdes, sous-produits de la distillation du pétrole, ou huiles végétales...". 

Citation :
Avec ce satané pétrole dont le prix n'en finit pas de battre de nouveaux records, il serait peut-être temps de considérer les biocarburants à leur juste valeur, celle d'un véritable substitut aux hydrocarbures minéraux. Deux des plus grands pionniers de l'automobile les considérait ainsi : "Il y a de l'essence dans toute matière végétale qui peut être fermentée." (Henry Ford, en 1906), et "L'usage des huiles végétales comme carburant automobile est aujourd'hui insignifiant. Mais à l'avenir, ces huiles pourraient devenir aussi importantes que le pétrole ou le charbon aujourd'hui." (Rudolf Diesel, en 1912). 
Ce doit être le postulat de départ, tel qu'il l'était pour Henry Ford et Rudolf Diesel, les biocarburants ne sont pas de simples additifs pour écologiser les carburants pétroliers, mais ils peuvent les remplacer qualitativement. Ce postulat est pourtant fortement décrié partout dans le monde, et principalement en France, où on a même inventé une terminologie pour faire croire aux fausses limites des biocarburants. On dit ainsi d'un biocarburant qu'il est un bio-additif lorsqu'il est mélangé à l'essence dans une proportion de 0 à 5 %, et qu'il est un bio-composant quand la proportion est 5 à 30 %, comme dans le diester, mais on évite sagement d'évoquer les proportions plus fortes, et encore moins l'usage unique. 
Le blocage vient des pétroliers, et de leurs lobbies. Le rapport Levy, même s'il date de 1992, est encore dans les mémoires. Le gouvernement français avait à l'époque cherché à déterminer la valeur, l'opportunité des biocarburants, et à qui avait-il demandé une étude ? A l'IFP, l'Institut Français du Pétrole. Autant demander à un imam taliban ce qu'il pense d'une femme en mini-jupe. Ce rapport concluait sans surprise à la non-viabilité des bio-carburants, il a fait autorité dans les ministères pendant plus de 10 ans. 
Aujourd'hui, les choses semblent heureusement changer, et les français vont avoir l'occasion de le constater (ou non). Pressé en effet par Bruxelles, qui a lancé un ambitieux programme de développement des bio-carburants à l'échelle européenne, le gouvernement français est au pied du mur, et il est face à deux alternatives. La première est de laisser la maîtrise des carburants aux pétroliers, la seconde de les mettre en concurrence avec de nouveaux acteurs. (Source)
Les choses ayant fini par se savoir, si "diesel" est toujours invariablement associé à "carburant tiré du pétrole", ce n'est pas du tout pour des raisons techniques mais uniquement pour complaire au lobby des pétroliers.

Le fait est que c'est le (carburant) "diesel" tiré du pétrole qui produit des particules fines ainsi que des oxydes d'azote, pas le (carburant) diesel tiré des végétaux ou des animaux, ce que le très approximatif Antoine Krempf s'est bien gardé de préciser !

Vous avez compris que notre journaliste de tout à l'heure aurait été mieux inspiré en précisant qu'un "diesel" à base de pétrole produisait des particules polluantes en plus grande quantité que n'en génère la production d'une quantité équivalente d'énergie électrique, particules polluantes que l'on retrouve en de bien plus faibles quantités dans la combustion d'huiles végétales ou animales.

Et voilà que la France se retrouve face à une nième révolte populaire qu'elle aurait pu s'épargner si elle avait mis son immense domaine agricole au service de la production, non pas de "bio-carburants" (expression qui ne veut absolument rien dire, tous les carburants connus étant "bio", y compris le pétrole, formé durant des millions d'années de transformation de type biomécanique dans des couches géologiques facilitant ce processus), mais plus précisément d'agro-carburants, dont les principales sources sont la canne et la betterave à sucre et les oléagineux (lin, tournesol, colza...) !  

Seulement voilà : il paraît que les diesels végétaux sont pires que les carburants tirés du pétrole. 

"Biodiesel : le remède pire que le mal." Entre nous, vous y croyez, que le diesel d'origine pétrolière serait moins polluant que celui tiré du colza, du soja, de l'huile de palme ?

Quand on connaît le lobbying mené depuis au moins un siècle par l'industrie pétrolière pour couler toutes les solutions alternatives (agrocarburants, hydrogène, moteur électrique, etc.), on se dit que des expertises comme celle qui précède sentent l'embrouille à plein nez !

Surtout, il faut bien lire les travaux des "chercheurs" : ici, on a soigneusement évité de comparer les indices de pollution directe. En clair : on prend un même moteur, que l'on fait carburer avec 'x' variétés de diesel, et l'on liste les quantités précises de polluants rejetés.

Chose curieuse, ce n'est pas la méthodologie appliquée ici. En lieu et place, on nous pond des considérations sur le mode de production des carburants, en ce qu'il impacte l'environnement.

Ainsi, d'un point de vue écologique (déforestation, engrais, transports, perte de la biodiversité, etc.), le "biodiesel" (végétal) serait pire que le diesel (minéral). 
“Le remède est manifestement pire que la maladie” a déclaré Jos Dings, directeur exécutif de Transport & Environnement. En effet, la conversion de terres naturelles non cultivables (forêts, prairies) en terres agricoles destinées à la production d’agrocarburants est très coûteuse sur un plan environnemental. 
Elle entraîne l’abattage des arbres, la superfertilisation et l’acidification des sols mais aussi la perte de la diversité des espèces. À cela, s’ajoutent les émissions directes des transports, tracteurs et engrais. Dans un communiqué, plusieurs ONG ajoutent que certains agrocarburants recommande à l’UE de n’accepter que “les agrocarburants qui permettent de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre, n’entraînent pas de changement d’affectation des terres, ne menacent pas la sécurité alimentaire des populations. (Source)
Admettons que tout ce qui précède soit vrai, et posons-nous quand même quelques questions : la production d'agrocarburants serait, donc, plus nocive pour le milieu naturel que la rupture d'un pipe-line au milieu des glaces de l'Alaska, que la destruction d'un site de forage off-shore à la suite d'un cyclone au beau milieu du Golfe du Mexique, que l'explosion meurtrière d'un oléoduc attaqué à la hache par des villageois nigérians soucieux de récupérer clandestinement du carburant, que la coloration rouge de l'eau du robinet dans les territoires américains soumis à l'exploitation du gaz de schiste, etc., ?

Entre nous, vous croyez à toutes ces sornettes ? Pour ma part, je ne serais guère surpris d'apprendre que telle ou telle étude dénigrant les agro-carburants a été financée par l'industrie pétrolière.

Il se trouve simplement que la France possède, avec le CNRS et l'INRA, deux structures de recherche scientifique de haut niveau qui auraient pu, depuis le temps, procéder à toutes les expertises et à tous les tests in situ, notamment dans les départements d'Outre-mer, où les produits de consommation courante sont si chers !

Le fait est que, dans le privé, d'autres ingénieurs n'ont pas attendu les politiciens et ont mis au point une technologie visiblement efficace et bon marché !
La consommation est un peu plus importante qu'avec un carburant ordinaire, mais son prix à la pompe est si faible que le bioéthanol est une formidable solution économique. Cette révolution on la doit au Montpeliérain Alexis Andrieu fondateur de BioMotors.  (Source)

Et dire qu'avec un peu d'imagination et de courage politique, l'État français pourrait lancer un vaste programme de conversion des véhicules carburant au pétrole vers les agrocarburants, ce qui pourrait ramener le prix du litre de gazole végétal à pas grand chose, soit bien moins d'un euro ! Oui, mais mon bon monsieur, l'État, il lui faut taxer la vache à lait qu'est l'automobiliste ; et un carburant trop bon marché, ça n'intéresse pas le ministère du Budget !

Ça, on l'avait compris ! On résume ?

Lorsqu'un journaliste spécialisé dans le "vrai du faux" vous annonce, sur une grande radio, que "le diesel est plus polluant que la voiture électrique", il faut juste lui répondre : "Faux !", dès lors que notre "expert" omet (volontairement) de préciser qu'il n'y a pas un "diesel" mais des "diesels", dans la mesure où la quasi-totalité des oléagineux, donc des huiles (soja, colza, arachide, tournesol, lin, graisse animale, etc.), peuvent remplacer le gazole de pétrole, tout en étant infiniment moins polluants que ce dernier.

Par ailleurs, quand de bonnes âmes vous disent que le remède (agro-carburants) serait pire que le mal (le pétrole), c'est par pure inclination idéologique, voire moyennant une manipulation des faits, dès lors que cela ne tient pas du tout aux caractéristiques intrinsèques des agro-carburants eux-mêmes, mais uniquement à d'éventuels effets collatéraux, comme la déforestation. À ce jour, deux types de production d'agro-carburants posent problème : l'huile de palme en Indonésie et le soja au Brésil. Le fait est que si l'on "déforeste" dans l'Amazonie brésilienne ou dans les forêts indonésiennes, ce n'est pas forcément le cas ailleurs, si l'on pense, par exemple, à l'arachide, que l'on produit déjà abondamment au Sénégal, au palmier (dattier), qui pousse un peu partout dans le grand Maghreb, ou encore aux immenses projets agricoles initiés par Khadafi dans le désert libyen, grâce au projet Grande Rivière.




Pour mémoire, le projet pharaonique de Khadafi était censé profiter à l'ensemble de la grande région sahélienne, puisque même le Libéria avait commencé à en profiter. Et les images que l'on voit ci-dessus et -dessous montrent que nulle déforestation n'est nécessaire dans le désert, ni même dans le Sahel. 

Imaginons un instant le boom qu'une production massive d'agrocarburants occasionnerait dans des pays semi-désertiques comme le Mali ou le Niger (5 fois la superficie de la France métropolitaine à eux deux), pour ne citer que ces deux-là, avec des emplois en masse, qui occuperaient utilement tous ces pauvres bougres venant s'échouer à Lampedusa ou à Ceuta et Melilla.

Quant à la France, plutôt que de s'engager résolument dans la recherche de solutions alternatives au pétrole (par parenthèse, qu'y a-t-il de plus renouvelable qu'un carburant tiré de plantes que l'on peut récolter plusieurs fois par an ?), les gouvernements français successifs (et cela ne date pas de Macron !) ont opté pour le culte de la taxe ! D'où l'obsession pour importer du pétrole (forcément taxé), tout en interdisant aux usagers de recourir à des carburants à base végétale que les paysans étaient disposés à leur fournir pour pas cher.

La Ville de Paris ? On parie combien que leur mise à l'index du "diesel" pour 2024 ne tiendra pas la route longtemps ? Je suis juste curieux de savoir comment ils comptent faire approvisionner les magasins, les marchés, etc., si commerçants, artisans, paysans, transporteurs... doivent se mettre à l'électrique dans six ans. Mais, surtout, les idéologues de la Ville de Paris n'ont pas l'air très au fait des progrès technologiques touchant aux carburants non tirés du pétrole. Et là, il serait grand temps que ce petit monde se mette au parfum !

Et dire que...
En tant que première puissance agricole de la communauté européenne, la France est particulièrement concernée par le développement d’une filière bioéthanol compétitive. Ses surfaces agricoles disponibles permettent notamment de répondre aux besoins énergétiques de la France sans impact sur la fonction première de son agriculture qui reste l’alimentation. L’implication de 50.000 agriculteurs français, betteraviers et céréaliers, garantit en outre que le bioéthanol français est issu de productions respectueuses de l’environnement. (Source)

Rappel utile : "Il y a de l'essence dans toute matière végétale qui peut être fermentée." (Henry Ford, en 1906)

P.S.: Le hasard a voulu que je retrouve, dans un vieux calepin perdu de vue depuis des lustres, cette info relevée lors d'un reportage : "Des paysans ukrainiens utilisent du lard de cochon en lieu et place du gazole. Avantages : facilité de production et quasi-gratuité. Inconvénients : l'odeur et le gel en hiver." TF1, Journal de 20 h, 13.05.2008 (une très vieille archive, donc, mais comme chacun sait, tout bon rat de bibliothèque a l'habitude de prendre des notes !)

Lecture :

Le cas du maïs mexicain

La tortilla, galette de maïs, est l’aliment de base des Mexicains. Mais à l’heure actuelle, près du quart du maïs consommé au Mexique est importé. En effet, depuis 1994, date de l’entrée en vigueur de l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain), le Mexique est devenu de plus en plus importateur de maïs produit aux États-Unis, premier exportateur mondial. Le maïs américain, subventionné, est meilleur marché que le maïs produit au Mexique. Ce dernier est le plus souvent cultivé par des petits producteurs, qui ont donc vu leur revenu chuter suite à la mise en concurrence internationale. Cependant, le maïs produit aux États-Unis est de plus en plus destiné à être transformé en éthanol incorporé dans l’essence. En 2007, 25 % de la production a été consacrée à la production de carburant. La baisse des quantités destinées à l’alimentation humaine a entraîné une hausse des prix du maïs, qui s’est répercutée au Mexique. En 2006, le prix de la tortilla a grimpé de 14 % et a entraîné une crise sociale importante. Pour répondre aux manifestations qui se multipliaient dans le pays, le gouvernement mexicain a dû en urgence fixer un prix plafond pour la tortilla. (Source)
Commentaire : le maïs produit aux Etats-Unis est moins cher que le maïs mexicain ; conséquence, les petits producteurs du Sud voient chuter leurs revenus... Seulement voilà : dès lors que les agrocarburants absorbent de plus en plus de maïs états-unien, pourquoi diable le Mexique n'encourage-t-il pas ses petits producteurs à compenser la baisse (salutaire !) des importations en provenance du Nord, de manière à éviter que la tortilla ne voie son prix grimper de 14 % ? Nul n'est besoin de sortir de Harvard ou de Berkeley pour se dire que les agrocarburants californiens ne sont pour rien dans le marasme des petits paysans mexicains, à qui personne  n'interdit - du moins le supposé-je - de produire assez de maïs pour couvrir les besoins alimentaires du pays... Et c'est là qu'il va falloir que les docteurs en économie nous expliquent qui est stupide dans cette affaire !  

Autres lectures : 01 - 02 - 03 - 04


À suivre...