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mercredi 10 avril 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #20


Épisode §20. Comme une histoire sans paroles : un dimanche après-midi à Amiens, ville de... François Ruffin, entre autres.

Je sais que mes histoires sans paroles ont tendance à s'étaler encore et encore. Cette fois, on va tâcher de faire court.

Il se trouve que, l'autre dimanche, je me suis retrouvé à Amiens, et ce, pour la deuxième fois, et toujours pour la même raison : la cathédrale. Cerise sur le gâteau, l'organiste était en train de répéter. J'ai cru reconnaître du César Franck...

Je sais, je suis un fils de pasteur un tantinet atypique : devenu totalement incroyant, tout en étant toujours attiré, tant par les édifices religieux (pas uniquement protestants) que par la musique sacrée, toutes obédiences confondues. Paradoxe ? Schizophrénie ? Va savoir ! En tout cas, si Dieu existe, il doit avoir inspiré et Bach, et Monteverdi, et Verdi, et Palestrina..., et Gaudí.

Dans l'architecture religieuse, il y a les cathédrales (surtout gothiques), mais pas seulement (et il n'y a pas que les églises et les cathédrales : faites une recherche sur l'Internet et voyez un peu le sublime Mirhab de la Mezquita de Córdoba, tellement beau que, lors de la Reconquista, les rois catholiques n'ont pas osé y toucher !)

Donc, me voilà passant deux bonnes heures dans - et une autre autour de - la cathédrale d'Amiens, aussi abondamment (= too much ?!) décorée que celle de Reims paraît chiche, au point de faire penser au dénuement ascétique d'une église protestante !

Il se trouve que toutes mes images sont en 3D, donc difficilement affichables ici (= protégées), mais visibles incessamment sur un autre site entièrement dédié à la 3D... (Wait and see).

Tiens, une maison à colombages ! Pile-poil devant la cathédrale. (Toutes les images qui suivent sont en 3D stéréoscopique ; lunettes rouge-cyan requises).


Une de mes marottes, ce sont les cariatides. Celles-ci ornent  une aile de l'Hôtel de Ville.


J'entends d'ici les interrogations : mais quel rapport avec les Gilets Jaunes ? Aucun, apparemment, sinon le fait du hasard.

Voilà qu'à la fin de ma déambulation, j'arrive sur la place Gambetta, où j'aperçois ce qui suit.




Tiens, un tract affiché sur un mur...


Décidément, ils sont partout, ces suppôts de la subversion ! Mais que fait la police ?

Petit supplément illustré (question de charité "non chrétienne" : voici quelques images, tout de même, de cette fameuse cathédrale, ainsi qu'un petit bonus. Détail important : certaines images sont des épreuves de travail, d'où la nécessité de revenir encore et encore, de manière à remettre 'x' fois l'ouvrage sur le métier.)








Córdoba (cliquer sur l'image pour l'agrandir)





mercredi 6 février 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #11


Épisode §11. Au fait, ça sert à quoi, un président de la République ?

Dans un précédent article, j'évoquais la notion de discours performatif ou perlocutoire (John Austin), bien connue des linguistes. L'inventeur du propos avait voulu distinguer la parole purement descriptive de celle qui crée une situation.

Ainsi, lorsque l'officier d'état civil annonce aux fiancés se présentant devant lui : "Je vous déclare mari et femme.", ils se retrouvent, de facto, mari et femme. La même chose se produit lorsqu'un maître de cérémonie dit : "Je déclare la séance ouverte.". Par parenthèse, l'énoncé perlocutoire ou performatif ne doit pas être confondu avec le simple ordre ou l'injonction (énoncé impératif), dans la mesure où un ordre peut fort bien n'être suivi d'aucun effet. 

Les férus de magie ou de spiritisme, voire les croyants... pourraient extrapoler la chose à bien des situations : pensons à l'"hocus pocus" du magicien, au "Sésame ouvre-toi" d'Ali Baba, voire au fameux "Que la lumière soit, et la lumière fut.", de la Genèse.

Précisément, il y a quelques mois, le premier ministre français, Edouard Philippe, se présente devant les média, flanqué de son ministre de l'Intérieur (Gérard Collomb), pour livrer à la presse cette déclaration, que je résume en substance : "Nous avons décidé de renoncer au projet de création d'un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes." Edouard Philippe venait de livrer là une parole éminemment perlocutoire ! (source)

Article 20 de la Constitution de la Cinquième République (alinéa 1)Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation.

Article 21 (al. 1)Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est responsable de la défense nationale. Il assure l'exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l'article 13, il exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.

Vous avez compris ?

Contrairement à ce que tout le monde ou presque, je veux dire tous les politiciens, politologues, politocrates et autres profs à 'Sciences Po' ressassent à longueur de conférences ou d'éditoriaux, dans la Vème République française, c'est le premier ministre qui gouverne, pas le président de la République !

Étonnant non ?! En fait, pas vraiment, pour peu que l'on sache que les mots ont un sens. Or, du président de la République et du premier ministre, lequel des deux est au centre de la manoeuvre, avec les mains dans le cambouis au jour le jour, sinon le premier ministre ?

Le président ? Il voyage, prononce des discours et rencontre le gouvernement une fois par semaine, tous les mercredis, se contentant de survoler les affaires courantes, tant il est vrai qu'il ne maîtrise pas tous les dossiers, en tout cas, pas aussi bien que les ministres ! (1)  

Voilà qui nous ramène à notre interrogation affichée plus haut : ça sert à quoi, un président de la République ? (2)

Je ne vous cache pas que je me pose cette question depuis un bon moment maintenant, soit bien avant l'élection d'Emmanuel Macron. Et il n'y a pas que Macron ! Allez donc voir du côté du Cameroun ou de l'Algérie, dont les présidents peuvent disparaître de la circulation durant de longs mois, pour réapparaître juste avant une élection ! Et tout récemment, le président gabonais, Ali Ben Bongo, victime d'un AVC, a dû séjourner loin de son pays durant de longs mois, moyennant toutes les spéculations qu'on imagine. Et qui a assuré la conduite du pays durant la convalescence de Bongo ? Le premier ministre ! (source)

Dans la rubrique : "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent...", j'ai encore dans l'oreille certaine promesse tenue lors de la dernière élection présidentielle française (avril-mai 2017). 

Citation :

Plusieurs écoles vont également fermer, au profit d’un regroupement en RPI ou RPC. Ainsi, le futur RPC de Gueschart en construction actuellement, aspirera les effectifs des écoles de Le Boisle, Maison-Ponthieu, Yvrench, Brailly-Cornehotte, Estrées-les-Crécy, Fontaine-sur-Maye, Noyelles-en-Chaussée, Boufflers et de l’ancienne école de Gueschart. L’école de Rue aspirera les effectifs d’Arry, le RPC de Vron récupérera ceux des écoles de Bernay-en-Ponthieu, et de l’ancienne école de Vron. Les effectifs des écoles de Dompierre-sur-Authie et Ponches-Estruval seront reversés à Crécy-en-Ponthieu. Dans le Vimeu, le RPC de Oisemont concentrera les effectifs des écoles de Fresneville, Andainville, Le Translay et Rambures. 
Au total une quinzaine d’écoles communales, en milieu rural, devraient ainsi fermer à la rentrée. (source)
Voilà qui va faire écho à une déclaration entendue tantôt sur une chaîne de télévision française (LCI) : 
Les territoires ruraux ne peuvent plus être la variable d'ajustement des politiques... C'est pourquoi il n'y aura plus de fermeture de classe en milieu rural.
Ah oui, j'ai failli oublier l'auteur de la déclaration : Emmanuel Macron, mais, contrairement à ce que je laissais entendre plus haut, la déclaration ne date pas de la période électorale (avril-mai 2017) mais du 16 mars 2018. Autant dire qu'elle émanait bel et bien du président de la République en exercice, un président dont la parole est tout sauf performative, quoi qu'il dise ou pense !

Citation :
C'était l'un des engagements phares d'Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017. Mais la promesse, martelée par candidat d'En Marche! à la présidentielle, de "maintenir" le pouvoir d'achat des retraités ne sera finalement pas tenue en 2019, ni en 2020. L'annonce faite dimanche 26 août de la désindexation pendant deux années consécutives des pensions de retraite par rapport à l'inflation vient d'atomiser le leitmotiv présidentiel, le fameux "je fais ce que j'ai dit". (source)
Voilà de quoi rendre les récepteurs de promesses un tantinet frileux à l'avenir, non ?

Mais il n'y a pas que les promesses vite enterrées ; il y a aussi les "approximations". Prenez, par exemple, cette curieuse déclaration visible tout au bas de l'écran de télévision : 


"J'ai supprimé cet impôt...", ça veut dire je m'assieds sur un certain nombre de principes, obnubilé que je suis de me faire passer pour un autocrate !

Dois-je vous avouer qu'à chaque fois que je lis ou entends ce genre de propos (j'ai fait, j'ai décidé, c'est moi qui, qu'ils viennent ME chercher, j'irai au bout de Mes réformes...) dans la bouche d'Emmanuel Macron, je ne puis m'empêcher de penser : "Non mais sans blague ! Il n'a jamais lu la Constitution !".

J'estime qu'au minimum, en plus d'une occasion, Macron devrait/aurait dû utiliser le "nous", même si le risque d'une confusion avec le "Nous" de majesté est bien réel. Le fait est que le président de la République ne crée ni ne supprime aucun impôt, et ce pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas en monarchie. Mais peut-être Macron considère-t-il que le Parlement n'est composé que de larbins et de godillots !

Quand je vous disais, dans un précédent papier, que, décidément, il y a des gens (haut placés) qui semblent avoir séché les cours d'ECJS au collège ! (source)

Au fait, il paraît que notre président serait en train de (re)traverser la France en ce moment-même, histoire de dialoguer avec le peuple dans le cadre d'un "Grand débat", moyennant la multitude de promesses qu'on imagine !

Grand débat ?! Ne faudrait-il pas dire plutôt "Grand Blabla" ?

Il faut croire que les gens n'ont pas beaucoup de mémoire, puisque les voilà repartis comme en Quatorze, dans ce qui ressemble un peu, et même beaucoup, à une nouvelle campagne électorale. Tout ça pour noyer le poisson des Gilets Jaunes ?

Toujours est-il que les visiteurs de ce blog qui ne connaissent pas la France doivent savoir qu'il y a, dans le monde, un dirigeant, en l'occurrence un "président de la République", qui n'est pas nord-coréen, ni russe, ni africain, ni sud-américain, ni asiatique, et à qui la télévision est capable de consacrer des dizaines d'heures d'exposition chaque mois !

C'est ainsi qu'il y a quelques mois, nous avons eu droit à une "itinérance mémorielle", qui vit le président traverser l'Est de la France, en souvenir de la Grande Guerre (1914-1918), profitant de chaque occasion pour délivrer moult messages à destination du bon peuple de France. Pour être honnête, de l'avis général, ce ne fut pas un succès. (source)

Et, presque au même moment, émerge une jacquerie populaire comme la France en a le secret, et que personne - aucun politologue, aucun politocrate, aucun expert en sondages... - n'avait vu venir. Et voilà le président multipliant les déclarations solennelles à la télévision, jusqu'à ce projet bien brinquebalant de "Grand débat", mais qui ressemble un peu trop à un grand monologue face à des faire-valoir.

Il faut vraiment que les gens se rendent compte de ce qui se passe : autour de quatre chaînes de télévision diffusant simultanément la même litanie d'interventions entendues cent fois et se répétant de semaine en semaine dans des marathons de parlote dignes des discours fleuves d'un Fidel Castro, lequel ne tenait ce genre de discours qu'une fois l'an !

Tiens, voici quatre captures d'écran tirées de ce qui est en train de se passer, quelque part en France, au moment-même où je saisis ces lignes (le spectacle dure depuis deux bonnes heures, mais je n'ai pas regardé, occupé que j'étais à faire mes gammes au piano, comme quand j'étais gosse. C'est que sans exercice, les articulations, ça rouille !).





Mais j'ai encore plein d'autres captures d'écran qui ne rendent que très imparfaitement compte du ramdam médiatique entourant chaque intervention ou déplacement du roi de France, pardon, du président de la République. Les images qui suivent se répartissent sur une période d'un peu moins de deux mois (début novembre à mi-décembre 2018).

À dire vrai, mon attention a surtout été attirée par l'occurrence du patronyme "Macron" au bas des images. Ce qui suit n'est qu'un infime échantillon de l'ensemble des captures d'écran réalisées depuis l'élection de l'inventeur du sigle L.R.E.M., avec 'E. M' comme...

Par parenthèse, une horloge étant souvent visible sur les images, l'on peut se rendre compte que ce traitement intervient matin, midi et soir !























































Les images qui précèdent ne sont qu'un petit aperçu de ce qu'on peut voir à la télévision (française) tous les jours. Vous avez compris qu'en France, en ce moment, on mangeait du Macron matin, midi et soir ? Rien à voir avec Poutine en Russie, avec Xi Jinping en Chine ou Kim Jong Un en Corée du Nord, n'est-ce pas ? Le fait est que  le travail du chercheur va consister à voir s'il existe dans le monde des dirigeants aussi systématiquement (= quotidiennement) évoqués dans les média (télévisés). Et c'est là que l'ADSL va pouvoir démontrer toute son efficacité !

13 = Treize ! C'est le nombre annoncé des grandes messes oratoires auxquelles le président français est censé participer jusqu'à la mi-mars... De quoi entrer dans le Livre des Records !

Ben voilà : on l'a, la réponse à la question du début !

Cela dit, je rassure tous ceux qui pensent que je passe mon temps à somnoler devant les débats (!) ou plutôt quasi-monologues évoqués plus haut. Il se trouve qu'avec plus de 300 chaînes de télévision via l'ADSL, et des centaines d'autres grâce à l'Internet, on a largement le choix.

C'est ainsi que, l'autre soir, durant les échanges entre Macron et des maires de banlieue, j'ai zappé sur la chaîne musicale Brava pour tomber sur feu Claudio Abbado accompagnant l'énigmatique Hélène Grimaud dans le deuxième concerto de Rachmaninov. Par chance, on n'était qu'au tout début du concert ; mais il y a aussi plein de rediffusions...



Quant aux téléspectateurs français peu curieux, ou ne disposant pas d'une connection au câble (ce qui revient au même compte tenu du faible coût de la connection), ou encore ne pratiquant aucune langue étrangère, ils auront, notamment, échappé aux innombrables débats autour du Brexit à la Chambre britannique des Communes, avec ce moment assez dramatique qui vit des députés ('brexiteers') du camp de Theresa May lui jeter un vote de défiance dans les gencives, sans oublier cette vague de froid historique aux Etats-Unis, les problèmes de Maduro au Venezuela, etc.

Mais j'ai aussi découvert un pianiste de jazz noir inconnu au bataillon, et visiblement handicapé de la main droite, ainsi qu'un formidable jeune gabonais ayant appris par ses propres moyens l'art de l'origami..., entre autres pépites dénichées sur le câble durant les quasi-interminables monologues du Jupiter de l'Elysée.




















À suivre...


(1) Petit exercice à soumettre à des élèves/étudiants dans le cadre d'un cours d'E.C.J.S. ou de Droit Constitutionnel : lister, dans la Constitution de la V
ème République, l'ensemble des actes - hormis la nomination du Premier Ministre - que le Président de la République peut effectuer en totale autonomie.

(2) Tiens donc ! Je soupçonne Mme Jacline Mouraud de faire partie des visiteurs réguliers de ce blog ! En tout cas, J. Mouraud présente au moins une qualité, c'est d'avoir compris, contrairement à d'autres, que l'urgence n'était pas de se présenter (dans à peine trois mois) aux élections européennes. (source


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