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dimanche 4 octobre 2020

Referendum en Nouvelle-Calédonie : Bismark en a rêvé...

 
Comme un air de Grand Remplacement !

La fachosphère adore les formules ronflantes, une de ses marottes étant ce soi-disant "grand remplacement" qui menacerait une France vouée aux invasions migratoires. Problème : la même fachosphère est d'une discrétion de Sioux face à une purification ethnique parfaitement avérée, celle mise en place par le colonisateur français en Nouvelle-Calédonie. Amnésie quand tu nous tiens !

Petit retour en arrière :
1853
L’amiral Febvrier-Despointes hisse le drapeau français à Balade, sur la côte est de Grande Terre, et prend possession de la Nouvelle-Calédonie sur ordre de Napoléon III, qui cherche un territoire où établir une colonie pénitentiaire.

1864
L’Etat français établit le bagne où 21 630 personnes seront envoyées jusqu’en 1897. Dont 4 250 révolutionnaires de la Commune de Paris, dont Louise Michel.

1874
L’exploitation du nickel, minerai découvert dix ans plus tôt par l’ingénieur Jules Garnier, débute près de Nouméa.

1878
Le chef Ataï mène la première rébellion kanak contre la colonisation. 1 200 Kanak et 200 Européens sont tués. Ataï est décapité et sa tête envoyée à la Société d’anthropologie de Paris pour étude.

Ainsi commence le récit de l'immonde colonisation de la terre des Kanak par la France, laquelle France va voir les républiques assumer, voire revendiquer, sans sourciller, l'héritage sanglant de l'Ancien Régime.

De la prise de possession par la France de la Nouvelle-Calédonie en 1853 jusqu’à 1858, les attributions de terres aux colons étaient limitées. Mais à partir de 1858, l’administration française entame une politique de colonisation offensive, spoliant les autochtones. De 1862 à 1877, l’emprise foncière européenne passe de 27.000 à 150.000 ha. En assimilant les jachères à des terres vacantes qu’elle accapare l’administration déstabilise l’économie vivrière. Le bétail des colons dévaste les cultures autochtones. Les Canaques sont repoussés dans les hautes vallées de la chaîne sur des terrains pauvres, et sont décimés par les maladies importées par les colons (il y avait 32.000 Canaques en 1860, et 24.000 en 1878). (voir source plus bas)

Question : comment s'y prend-on pour organiser un referendum dit "d'auto-détermination" qui ne dise rien du groupe concerné par le préfixe "auto" ? 

Réponse : ben, on fait comme Staline avec Trotsky, on joue de la gomme !

Présentation :

La Nouvelle-Calédonie est un archipel de l’Océanie situé dans l’océan Pacifique, à 1 500 km à l’est de l’Australie et à 2 000 km au nord de la Nouvelle-Zélande, au nord du tropique du Capricorne. Distante de la France métropolitaine de près de 17 000 kilomètres, cette collectivité (ancien territoire d’outre-mer) située en Mélanésie relève de la souveraineté française depuis 1853. Son territoire maritime couvre une gigantesque étendue de 1 386 588 km2 et représente donc un espace stratégique pour la France. Sa population est estimée à environ 271 940 habitants au 1er janvier 2020. (...) Le statut futur de la Nouvelle-Calédonie est lié à un référendum d’autodétermination qui s’est tenu le 4 novembre 2018. L’accord de Nouméa (5 mai 1998) précisait que : « La consultation portera sur le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine responsabilité et l’organisation de la citoyenneté en nationalité ». Ainsi, s’offre à la Nouvelle-Calédonie un ensemble de choix sur son futur statut (État associé à la France, indépendance, large autonomie au sein de la République française, etc.). Ce référendum a finalement maintenu la Nouvelle-Calédonie au sein de la France. Deux autres référendums d’indépendance pourront cependant être tenus dans les prochaines années. (source)

Ne cherchez aucune référence au peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie, il n'existe pas !

Il se trouve que ce que Bismark n'a pas fait en Alsace-Lorraine, annexée au IIème Reich après la défaite des troupes de Napoléon III en 1870, la France l'a fait sur ce territoire arraisonné par les troupes du même Napoléon III en 1853 : la Nouvelle-Calédonie, la soi-disant République française ayant fait ce qu'aucun démocrate allemand n'aurait osé faire dans une Pologne ou sur des terres sudètes autrefois annexées par Hitler ! Lequel Hitler proclamait que tout territoire occupé par des allemands avait vocation à être annexé au Reich.

Hitler en a rêvé ? C'est ça aussi, la France, ce pays volontiers donneur de leçons, qui n'hésite pas à endosser, sans la moindre vergogne, les pires crimes de l'Ancien Régime. “Je veux du Blanc... en Nouvelle-Calédonie !”, clamait Pierre Messmer, l'âme damnée de De Gaulle (voir la sale guerre de la France au Cameroun), puis de Pompidou (2).

De fait, ce que Bismark n'a pas réalisé en Alsace-Lorraine, la France l'a fait en terre kanak, rendant les indigènes de ce pays minoritaires sur leur propre sol, pour ensuite organiser un semblant de referendum. Et comme preuve que tout cela ne sent pas très bon, ne voilà-t-il pas que la spoliation organisée va se dérouler en deux temps, sous la forme de deux referendums (2018, 2020). Mais pourquoi voter à un si faible intervalle, vous demandez-vous ?

C'est que le malaise est profond. Normalement, “auto-détermination” - 'auto' se traduisant par 'self' en anglais - concerne des peuples à qui la Charte des Nations Unies reconnaît le droit de se prendre en charge eux-mêmes. Et cet “auto” se retrouve dans “autochtone”. La formule consacrée dit “droit des peuples à disposer d'eux-mêmes”.

- Et ce serait quoi, le “peuple”, en l'occurrence ?

- Ben, on ne sait pas ! 

- Comment ça, on ne sait pas ?

C'est qu'à en croire le fameux referendum, la terre des Kanaks ne comporterait aucun peuple autochtone ; en tout cas, le fait n'est mentionné nulle part !

- Mais qui s'auto-détermine alors ? 

- Ben, les Calédoniens !

Vous avez compris ? À l'instar d'un Staline, faisant retoucher par ses sbires des photos officielles pour en faire disparaître tel ou tel personnage tombé en disgrâce, la République française n'hésite pas, à son tour, à retoucher l'histoire d'un pays, la Nouvelle-Calédonie, pour en faire disparaitre les indigènes : les Kanaks, seul peuple autochtone du territoire, les autres n'étant que des colons installés là par la puissance occupante et sans l'accord des autochtones.

Un double viol, donc, pour commencer : d'abord on s'empare du territoire, puis on y installe qui on veut, afin de rendre les autochtones minoritaires sur leur propre sol, voire un triple viol, si l'on y ajoute l'activisme séculaire des missionnaires, mandatés pour éradiquer patiemment, méthodiquement et systématiquement les coutumes et traditions locales.



Pauvres Kanaks, dont la culture ancestrale n'existe plus que sous la forme de lambeaux accrochés ici ou là dans quelque musée ethnographique, les femmes ayant abandonné leurs tenues traditionnelles pour la fameuse “robe-mission”, cette horreur imposée par les missionnaires dans le but de cacher ces corps que l'on ne saurait voir, hommes et femmes se réunissant désormais, tous les dimanches, dans l'inévitable église, afin d'y adorer un dieu venu d'ailleurs (pour mémoire, l'auteur de ce texte est fils de missionnaire ; il connaît la chanson, ou le cantique !).

Que ceux et celles que ça intéresse aillent faire un tour dans un musée ethnographique, par exemple le musée parisien du Quai Branly, pour y constater la quasi disparition de toute culture kanak néo-calédonienne, exception faite de territoires mélanésiens comme le Sépik, la Papouasie-Nlle-Guinée, les Îles Salomon...

Les élites kanak ? Des pasteurs, des catéchistes, des prêtres catholiques, d'anciens séminaristes et des bonnes soeurs. Ici, comme un peu partout, le colonisateur pense surtout à former des gens d'église et des commis d'administration, pas des médecins, scientifiques, ingénieurs, enseignants, magistrats ; ceux-là, on les fait venir à grand frais de métropole. Regardez simplement qui est préfet, procureur de la République, président de tribunal, proviseur de lycée ou principal de collège dans l'ensemble de ces colonies françaises baptisées départements et territoires d'Outre-mer !

Et en face d'une oligarchie importée de métropole, on a quelques faire-valoir : cette petite bourgeoisie locale gentillette et proprette, petite clique d'Oncle Tom dociles et soumis, prêts à avaler toutes les couleuvres, et dont l'obséquiosité explique que, de temps à autre, une jeunesse excédée par ce conformisme rue dans les brancards en déboulonnant quelques statues ici ou là.

Et pendant que la petite clique de notables roupille, la lave enfle dans les flancs du volcan. Les territoires d'Outre-mer sont certainement les régions de France ayant connu le plus de soubresauts violents depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Cela a commencé avec l'Algérie, Madagascar, l'Indochine, tous les territoires qui allaient basculer vers l'indépendance au tournant des années 1960.

Mais il y eut aussi du grabuge en Guadeloupe, en Nouvelle-Calédonie, à la Réunion..., tous ces territoires que la République française entend, mordicus, maintenir dans son giron. Vanuatu, Fidji, Trinidad et Tobaggo, les Bahamas, Saint-Kitts-et-Neville, Jamaïque, Dominique, Surinam, Guyana, Île Maurice et plein d'autres ont eu accès à l'indépendance, et, pendant ce temps, Martinique, Polynésie, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Wallis et Futuna... doivent encore se farcir des préfets métropolitains, dont aucun ne ressemble à un autochtone, comme signe de la dérive quasi-psychopathique que vit la France en matière coloniale : une forme d'addiction, et aucun remède en vue ! Ne parlons même pas d'un vaccin !

Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la classe politique française : de l'extrême-droite à la gauche - exception faite d'une certaine extrême-gauche -,  pas un mot sur la violation séculaire des droits des Kanaks et sur la pantalonnade référendaire organisée pour camoufler ce crime ignoble qui perdure. Il faut dire qu'en la matière, ladite “Gauche” a pris toute sa part à l’esbroufe (3). Les plus anciens doivent se souvenir d'Edgar Pisani, puis de Michel Rocard, de Lionel Jospin, ainsi que de Manuel Valls, les trois derniers agissant en qualité de Premier Ministre.

Le fait est qu'un referendum au sein duquel le corps électoral voit les autochtones du pays noyés parmi des colons rendus majoritaires est contraire au droit des peuples garanti par les traités internationaux, que la France les ait ratifiés ou non.

De fait, ce soi-disant referendum est une imposture qu'il incombera aux instances compétentes de l'ONU d'anéantir en organisant rapidement une consultation basée sur la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones.

Il reste que si les actuels animateurs, encore intègres, des communautés kanak ne se mobilisent pas, notamment à l'échelle internationale (voyez la puissance du tsunami Black Lives Matter), personne ne le fera à leur place.

 

Épilogue. Je discutais récemment avec quelqu'un à propos de la fameuse parabole de Malcolm X sur le "house negro" et le "field negro", la personne m'expliquant qu'il s'agissait là d'un mythe (poncif ?) plus ou moins éculé. J'ai alors argumenté en affirmant que ce n'était d'abord que l'avis de Malcolm, mais, surtout, que j'estimais qu'il y avait bien plus de deux types de cet acabit "esclave domestique" (= grimé comme son maître au point de quasiment lui ressembler et affligé des mêmes tics comportementaux ou de langage) ou "esclave des champs" (= brut de décoffrage voire un peu primitif et arriéré par rapport à son congénère précédent), dans la mesure où l'on pouvait y adjoindre au moins une catégorie supplémentaire, celle du "harki", du "collabo", en clair, du "traître à sa propre cause". Nous en avons plein d'exemples à travers l'histoire des colonisations.

S'agissant de la Nouvelle-Calédonie, nous avons un formidable récit de trahison, qui nous est rapporté par Louise Michel, déportée sur le Caillou à la suite de la Commune de Paris.

Il faut absolument lire et faire lire Louise Michel dans les écoles, collèges et lycées de France, de Navarre, et d'ailleurs.

 

Citation

Dans un passage fameux de ses Mémoires, Louise Michel a raconté la mort d’Ataï :

« Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits ! Suivant la loi canaque, un chef ne peut être frappé que par un chef ou par procuration. Nondo, chef vendu aux blancs, donna sa procuration à Segou, en lui remettant les armes qui devaient frapper Ataï. Entre les cases nègres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes des blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux. Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomahawk, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andja, qui se servait d’une sagaie comme d’une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs. Il aperçut Segou. Ah ! dit-il, te voilà ! Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomahawk qu’il tenait du bras gauche ; ses fils tombent, l’un mort, les autres blessés ; Andja s’élance, criant : tango ! tango ! (maudit ! maudit !) et tombe frappé à mort. Alors, à coups de hache, comme on abat un arbre, Segou frappe Ataï ; il porte la main à sa tête à demi détachée et ce n’est qu’après plusieurs coups encore qu’Ataï est mort. Le cri de mort fut alors poussé par les Canaques, allant comme un écho par les montagnes. » (source)

   

Lectures

(1) ONU

(2) Messmer : "Je veux du blanc !"

(3) Parti Socialiste : question de "neutralité"

(4) Malcolm X, une parabole

(5) Silence on tue ! De Gaulle, Foccart et Messmer au Cameroun 

(6) Pierre Messmer, un portrait

     

samedi 1 février 2020

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #28


Épisode §28. ... au risque de l'illisibilité

Nous sommes en 2020. Il y a soixante-quinze ans disparaissait Josef Goebbels, le ministre de la propagande (et de la désinformation) du IIIème Reich.

Vous connaissez la nouvelle ?

Il paraît que le Gilet-Jaune-Canal-Historique Eric Drouet  se serait acheté une rutilante Jaguar.

Une rutilante voiture de sport !

Le Gilet Jaune Eric Drouet !

Je vous laisse deviner le scandale et l'indignation dans le Landerneau, car, bien évidemment, on suggère que Drouet aurait vicieusement détourné l'argent de la cagnotte qu'il avait mise en place afin de venir en aide aux GJ victimes de dégâts collatéraux (restons polis !) lors de discussions (!!!) avec les forces de l'ordre.


Eric Drouet s'est-il jamais plaint de la consommation d'essence de sa Jaguar, et la photo ci-dessus est-elle seulement authentique ? Quelle importance ?

À l'attention de ceux et celles qui ne connaissent pas la France, ce M. Naulleau compte parmi les figures les plus souvent vues à la télévision française, où il est censé assurer des chroniques voire des émissions entières.

Vous voulez que je vous dise ? Sur le moment, je me suis dit : "S'il (Drouet) a fait ça, alors c'est un bel enfoiré, qui va mettre le mouvement par terre !".

Et puis je me suis souvenu que nous avions changé d'époque, et que le temps de la presse de Grand-Papa était définitivement révolu.

La presse de Grand-Papa ? Tous ces organes de presse et toutes ces gens (des journalistes ?) qui écrivent (écrivaient) des choses sans qu'on puisse vérifier quoi que ce soit.On trouve quand même des choses un peu plus originales, à l'instar de France Culture.
Est-il d’extrême droite ? Est-il raciste ? Et une affirmation, une seule affirmation : Éric Drouet est fan d’automobile, ou bien encore fan de tuning. Et de fait, Éric Drouet, avant d’être administrateur de la page Facebook La France en colère est le créateur d’un autre groupe Facebook, le groupe Muster Crew, groupe de passionnés de voitures, rassemblant des amateurs de Youngtimers, autrement dit des collectionneurs de voitures plutôt récentes, modèles des années 80 ou 90, ou bien encore amateurs de tuning — le tuning, cette pratique qui consiste à modifier l’apparence d’un véhicule de série en lui donnant par exemple une allure plus sportive. (...) Et finalement, il y a beaucoup à dire non pas sur la passion d’Éric Drouet pour l’automobile, mais sur la manière dont celle-ci est souvent décrite, un peu comme s’il s’agissait de présenter une passion étrange, un peu comme la poule qui rencontrerait un couteau. Car finalement cette fracture automobile recouvre une fracture culturelle. à chaque fois qu’il est question de tuning, le message sous-jacent est : comment peut-on aimer les voitures ? Comment peut-on aimer les voitures alors qu’au mieux cet ustensile doit être perçu de manière utilitaire, sans compter tous ceux qui dans les grandes villes désormais n’en possèdent plus. (Source)
Il se trouve que, désormais, nous avons l'Internet. Donc, après un petit laps de temps à me dire que Drouet avait probablement une belle tête d'enfoiré, et que, du coup, on avait bien fait de se méfier de ce quidam un peu louche, je me suis pris par la main et suis allé jeter un œil sur lesdits réseaux sociaux, qu'en temps normal, j’exècre un tantinet, et auxquels je n'accède généralement que muni d'une solide paire de gants. Et qu'est-ce que j'ai trouvé sur lesdits réseaux sociaux ? 

Eric Drouet en personne, s'expliquant sur l'embrouille supposée autour de la Jaguar : un véhicule d'occasion moins coûteux qu'une Clio neuve !

Source
Vous savez quoi ? Si l'Internet n'existait pas, il faudrait assurément l'inventer !

La Jaguar d'Eric Drouet : une embrouille à deux balles, concoctée par des gens qui n'ont toujours rien compris, à savoir qu'en matière d'infos, on avait définitivement changé d'époque !

Ce qui précède n'était qu'une parenthèse qui m'a été imposée par les dernières nouvelles (rumeurs) en date. J'étais parti pour parler de tout autre chose.

J'imagine qu'en ce moment-même (samedi 1er février, 14 heures) des quidams équipés ou non de gilets jaunes traversent telle ou telle ville de France, dans ce qui serait la soixante-quatrième déambulation du genre.

L'ennui naquit un jour de l'uniformité, a dit quelqu'un. C'est aussi ce que je pense au sujet de ce mouvement, qui donne l'impression de ne pas pouvoir inventer autre chose que ces déambulations hebdomadaires.

Tu es un "Gilet Jaune" et tu penses que la politique de ton pays est mal faite. Et pour en faire la démonstration, tu te contentes de traverser telle ou telle ville chaque samedi. Autant dire que tu es prêt(e) à traverser la cité tous les samedis, mais pas à t'impliquer dans l'organisation de ladite cité ?

L'organisation de la vie de la cité, c'est bien ce qu'on appelle la politique, non !?

Donc, si j'ai bien compris nos "Gilets Jaunes", traverser la cité tous les samedis, ça, ils sont prêts à le faire, mais s'impliquer dans la vie de la cité, ça non !?

Étrange !

Il se trouve que l'organisation de la vie de la cité va connaître une étape importante avec le renouvellement des conseils municipaux en mars prochain. Fin de l'inscription sur les listes électorales le 7 février 2020, dans moins d'une semaine, donc.

Et que font nos "Gilets Jaunes" entre temps ? Ils appellent leurs sympathisants à s'inscrire sur les listes électorales ? Je n'en ai pas l'impression, dès lors que l'occupation favorite de ce mouvement consiste à traverser telle ou telle ville le samedi.

Nouvelle interrogation : tu es un "Gilet Jaune" et vis dans un petit ou moyen patelin. Il se trouve qu'un maire sur deux entend ne pas se représenter aux prochaines municipales. Mettons que ce soit le cas dans ton patelin. En clair, ton village risque de se retrouver sans maire dans quelques semaines. Et tu fais quoi en attendant ? Tu te contentes de traverser ton village ou la ville d'à côté en hurlant des slogans contre le gouvernement ?

Entre nous, n'est-il pas étrange que les élections locales à venir intéressent moins de monde, du côté des Gilets Jaunes, que le barnum européen d'il y a quelques mois ?

Par parenthèse, quelqu'un a-t-il aperçu Francis Lalanne et les 'x' autres candidats réputés "jaunes" lors de la dernière campagne pour les européennes ? J'ai cru comprendre que Lalanne était absorbé en ce moment-même par la promotion d'un disque retraçant ses quarante ans de carrière.

Le parlement européen, expliquais-je dernièrement, est un énorme marigot au sein duquel un groupe isolé - n'appartenant pas à une des grosses structures supranationales - n'a aucune visibilité, autant dire aucune existence. C'est la raison pour laquelle j'avais, à l'époque, vilipendé les velléités d'une Ingrid Levavasseur de se porter candidate pour lesdites élections.

Observons en passant que, lors de ces élections, les petites listes ont été balayées, y compris celle de ce matamore qu'est Dupont-Aignan. Autant dire que Levavasseur et ses comparses l'ont échappé belle !

Mais comme elle n'est pas stupide, il semble que le Gilet Jaune, Canal Historique Levavasseur ait tiré les leçons du ratage des européennes, en se mobilisant pour le scrutin le plus susceptible de concerner le citoyen lambda : celui des municipales.

Lu sur le site du Journal du Dimanche :
Elle tracte et multiplie les séances de porte-à-porte, mais sans la chasuble fluo, qu'elle n'a "même plus dans [sa] voiture". Ancienne figure des Gilets jaunes, Ingrid ­Levavasseur dit avoir été "piquée" par la politique à cette occasion : "Le point positif de ce mouvement, c'est qu'il nous a permis d'avoir une conscience politique." Au point que l'aide-­soignante présentera sa candidature aux municipales de mars à Louviers (Eure), commune de près de 20.000 habitants où elle a emménagé il y a quelques mois. Mais elle ne sera pas tête de liste, et surtout pas étiquetée "Gilets jaunes". "C'est une liste citoyenne avec une personne issue des Gilets jaunes, précise-t-elle. Je ne renie pas le ­mouvement, mais celui du 17 ­novembre 2018 n'existe plus." Elle a pris ses distances, mais ne cache plus ses orientations : elle se définit comme écologiste et figure sur une liste de gauche, soutenue par EELV, La France insoumise et le PCF.
(...)

Dans l'Essonne, Benjamin ­Cauchy brigue quant à lui la mairie de ­Vigneux-sur-Seine. Le ­Toulousain avait rejoint Nicolas Dupont-­Aignan pour les européennes. Porte-parole de Debout la France, ce cadre commercial tente de décliner au niveau local les préoccupations des Gilets jaunes. Il propose un RIC, cette fois pour "référendum d'initiative communale" : les projets municipaux seraient soumis au vote des habitants si 10 % des électeurs inscrits le demandaient.

Ex-porte-­parole des Gilets jaunes dans l'Indre, Jean-François Barnaba promeut une mesure semblable chez lui, au Blanc. "Est-ce qu'on veut un ­McDonald's ? Il y a des sujets qui pourraient être soumis à l'approbation de la population", dit-il. Barnaba s'était allié aux Patriotes de ­Florian Philippot, sans le rejoindre. Sa liste de 29 candidats est cette fois "sans étiquette" : "­Afficher le nom “Gilets jaunes” nuirait au rassemblement dont nous avons aujourd'hui besoin". (Source)
Cette fois-ci, je ne puis que féliciter Ingrid Levavasseur (seule des trois susnommés à ne pas être allée se noyer dans le barnum des européennes) pour sa capacité à rebondir. Gageons qu'en cas de franchissement des minima requis, l'élue locale que sera notre Gilet Jaune Canal Historique pourra apprendre sur le terrain (municipal) son métier de futur responsable politique, ce qui s'avèrera bien plus valorisant que ces déambulations du samedi qui n'ont amené, jusqu'à présent, que destructions de vitrines et confrontations brutales avec les forces de l'Ordre de la part d'une poignée d'agités,  mutilations et éborgnements en tous genres de la part d'autres excités en uniforme, sans parler du manque à gagner pour les commerçants et restaurateurs (je suis passé à Rouen une semaine après un rassemblement GJ dans la ville, et j'ai bien vu les vitrines couvertes de planches...).

Comment, en effet, expliquer à monsieur ou madame Tout le monde que l'on continue de traverser les villes de France, alors même que des milliards de fonds ont été annoncés en direct, à la télévision, par le président de la République en personne ?

"Ils ne sont pas contents des milliards que M. leur a concédés ?, mais de quoi se plaignent-ils ?", voilà ce qu'on entend au Café du commerce au sujet des Gilets Jaunes et de toutes ces manifestations qui ont failli mettre l'économie du pays par terre, à en croire les économistes.

Suite de la revue de presse : 

          Quotidien 20 Minutes
Le voilà donc estampillé France Insoumise. Enfin, pas tout à fait. « Décidons Paris c’est un truc ouvert, je ne suis pas un Insoumis, je n’ai pas de carte de parti et je n’en aurai jamais, précise-t-il. D’ailleurs plus de la moitié des gens qui sont dans ce collectif ne font pas partie des Insoumis. C’est un appel municipaliste et communaliste ». Disons au moins qu’il partage certaines valeurs avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. L’ancien tricolore détaille : « La solidarité, l’altruisme, l’entraide, la croyance dans le rôle essentiel du service public. Dans mon cas personnel, j’ai beau avoir eu du talent et avoir beaucoup travaillé, si je n’ai pas la France, je n’existe pas. Je suis un enfant de la sécurité sociale, des assurances chômage et des allocations familiales. » (Source)

Public Sénat

"C'est sûr qu'il faut penser à l'après. Savoir, si on prend le pouvoir, comment on fait. Mais là, on va s'éparpiller (...) nous, on a un noyau de 10, 15 personnes et j'ai entendu que dans les autres groupes c'est pareil, une dizaine de personnes qui font tout", pas de quoi se concentrer sur la création d'une liste. "Il faut continuer l'action, les blocages", estime la trentenaire.
De fait, reconnaît Claude, le "gilet jaune" de Commercy, construire des listes, essayer de gagner des mairies, "ça ne résout pas tout, ça ne résout pas le problème du pouvoir d'achat, ça ne résout pas le problème des taxes ... mais ça sera une excellente école locale, pour nous réapproprier notre quotidien. Redevenir des citoyens à part entière." (Source)
Comme preuve qu'il y a une vie après les déambulations urbaines du samedi : "excellente école locale, pour nous réapproprier notre quotidien, redevenir des citoyens à part entière".  

C'est bien pour ça que je me suis évertué à affirmer que les élections européennes arrivaient trop tôt pour les G.J., et qu'il leur fallait d'abord faire l'acquisition d'un minimum de bagage en termes de culture politique sur le terrain.

Cela dit, j'ai été un tantinet surpris de découvrir les orientations politiques de Vikash Dhorasso. Je pensais qu'à l'instar de pas mal de ses collègues, sa principale raison d'être était de grossir son compte en banque et son catalogue de groupies. Mais je suis médisant ! Le jeune Mbappé ne vient-il pas de créer une fondation destinée à aider des adolescents défavorisés ?

Alors, bravo à Levavasseur et  à Dhorasso : une historique et un anticonformiste.

On résume ? 

Un maire sur deux envisage de ne pas se représenter aux prochaines municipales. Pour ma part, je comprendrais mal que des gens contestant une politique autocratique depuis plus d'un an, au point de réclamer plus de démocratie, via l'instauration d'un Referendum d'Initiative Citoyenne, préfèrent défiler dans les rues une fois par semaine plutôt que de prendre leurs responsabilités dans la vie de leur cité, surtout si cette dernière risque de se retrouver sans maire !

Il me semble que si un referendum d'initiative citoyenne devait être instauré, son efficacité ne pourrait être démontrée qu'en commençant par le niveau le plus basique de l'organisation politique, à savoir la commune. 

Sinon, tous ces 'RIC' sur les pancartes n'auront été que des slogans creux, rendus parfaitement illisibles par des gens condamnés à tourner en rond, faute d'imagination !



By the way, j'espère que le sieur Eric Naulleau va se fendre incessamment d'un tweet exprimant ses plus plates excuses pour avoir relayé une Fake News à propos d'Eric Drouet et sa Jaguar moins chère qu'une Clio neuve !

Wait and see!? 


Lectures : 01 - 02 - 03



mercredi 1 janvier 2020

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #27


Épisode §27. Faillite de l'État bonapartiste. Et si les Gilets jaunes avaient raison ?

"Quand le sage désigne la lune, l'imbécile regarde le doigt.". Adage chinois

En ce moment même, tout ce que la France compte d'imbéciles et de crétins, voire de politologues et autres politocrates, pense que le mouvement dit des Gilets Jaunes est passé de mode et est tombé en obsolescence, le tout en raison d'effectifs de plus en plus squelettiques lors de ces déambulations du samedi qui firent la réputation du mouvement.

Ceux et celles qui ont suivi le présent feuilleton depuis le début savent que je n'ai jamais été un adepte desdites déambulations hebdomadaires, compte tenu des traumatismes musculaires et articulaires qu'elles ne peuvent pas manquer de provoquer.  C'est ainsi que je me suis longtemps interrogé sur la pertinence de marches forcées sur un secteur pavé comme les Champs-Elysées, peu indiqué pour des marcheurs âgés, trop jeunes ou handicapés, de même que je me suis interrogé sur l'opportunité d'un défilé allant de la Gare parisienne de l'Est jusqu'au Trocadéro, soit une traversée de plus de la moitié de la largeur de Paris !

Autant dire que je ne mesure pas la réussite ou l'échec des Gilets Jaunes à l'aune des effectifs proclamés par la Préfecture de police !

By the way, par parenthèse, y a-t-il jugement plus objectif sur les G.J. que celui de ce touriste étranger passablement navré de son dernier périple parisien ?
"Je m'exprime en tant que touriste, un touriste dont le train pour Paris a été supprimé, un touriste dans l'impossibilité d'emprunter la plupart des lignes de métro durant les vacances ; et malgré cela, les mérites des Gilets Jaunes sont admirables. Contre M., ...". (Source)

L'avant-dernier épisode de cette série s'intitulait 'L'âge de raison'. Entre temps, les Gilets Jaunes ont manifesté pour la cinquante-neuvième fois à travers les villes de France. Et après plus d'un an de manifestations hebdomadaires, que voyons-nous ? Un pays en panne, comme perclus des rhumatismes de la grève des services publics, une spécialité tellement française au sein de l'Union Européenne.

Et moi de me demander ce qu'il adviendrait de la France, là maintenant, si, d'aventure, le Referendum d'Initiative Citoyenne, le fameux RIC tant vanté par les Gilets Jaunes, avait été adopté par le pays, ce qui aurait permis aux électeurs français de se prononcer, sur leur propre initiative, au sujet de l'adaptation éventuelle des retraites aux évolutions démographiques en cours.

Voilà un État autocratique, sorti tout droit du cerveau embrumé d'un général de brigade né au dix-neuvième siècle, et dont les détenteurs du pouvoir préfèrent braver l'impopularité et les jacqueries d'une partie de la population, plutôt que de rétrocéder la parole au peuple, pour reprendre la formule du sociologue suisse Jean Ziegler.

Rétrocéder la parole au peuple, est-ce si difficile ? Il faut croire que oui !

Offrons-nous un petit survol de la planète sujette à des ébullitions sociales : Algérie, Hong-Kong, Venezuela, Liban, Chili, Bolivie, Nicaragua, Iraq, Soudan, Yémen, Iran, Haïti..., France.

Hé oui, il faut ajouter la France à ce groupe funeste de démocratures !

Le point commun de tous ces régimes ? Aucun d'eux n'est une république parlementaire (1) ; rien que des régimes autocratiques. Autant dire des démocraties de façade, et ce, quels que soient les agendas avoués ou inavoués motivant toutes ces jacqueries et tous ces soulèvements populaires.

Le fait est que l'histoire des soulèvements populaires nous montre que ces derniers se produisent, voire se reproduisent de façon récurrente dans des États infra-démocratiques, la Suisse en étant le plus parfait contre-exemple : dans ce pays, probablement le plus démocratique du monde, avec son recours massif à la votation, à savoir au referendum d'initiative populaire, les grèves et tensions sociales violentes se comptent, chaque année, sur les doigts d'une main.

Tandis qu'en France, pays limitrophe de la Suisse !

Par parenthèse, on nous parle beaucoup des manifestants "pro-démocratie" de Hong-Kong. Et là, on rapproche les statistiques : voyez le nombre de Gilets Jaunes mutilés ou estropiés en France, et le nombre de militants "pro-démocratie" estropiés à Hongkong, et concluez !

Memento : 1958-1962 : instauration de la constitution autocratique de ladite Cinquième République par De Gaulle. Une décennie plus tard, l'autocrate doit faire face aux événements de Mai 68 ; par la  suite, on aura les grandes grèves des transports publics en 1986, 1995, des jacqueries paysannes récurrentes illustrées par les saccages du Marché de Rungis, les déversements de produits agricoles devant des préfectures, des scènes de guérilla urbaine dans les banlieues de Paris, Lyon, Toulouse, en passant par l'incendie du Parlement de Bretagne (Rennes, février 1994), jusqu'aux bonnets rouges, destructeurs de péages sur les routes, avant les Gilets Jaunes. La France façonnée par De Gaulle et ses épigones cumule plus de grèves, de révoltes populaires et de jacqueries que la totalité des autres pays de l'Union Européenne réunis !

Et dire que les Gilets Jaunes avaient sonné l'alarme : en mettant l'accent sur le RIC, ils avaient montré qu'eux au moins avaient perçu le mal profond minant les institutions de ce pays : l'autocratie, qui fait qu'un homme seul décide de tout, tout en faisant peser la responsabilité sur d'autres (le gouvernement), dès lors que lui-même n'est responsable de rien !

Extrait des vœux que le monarque élu a adressés aux Français dans la soirée du 31 décembre 2019 : "Avec les organisations syndicales qui le veulent, j'attends d'Édouard Philippe qu'il trouve la voie d'un compromis rapide".

Vous avez compris que, dans un régime autocratique, il y a quelqu'un (le monarque élu) qui fait des discours et impose ses vues à quelqu'un  (le premier ministre) qui n'a d'autre issue que d'appliquer des réformes dont il n'est pas l'initiateur ? 

Problème : le militaire initiateur de la Cinquième République, en dictateur refoulé, rêvait de faire de la France une démocrature, ce à quoi il a en partie réussi, le tout à l'aide d'un artifice électoral - le scrutin uninominal à deux tours - consistant à transformer une ultra-minorité en ultra-majorité, à l'exemple de Jacques Chirac lors de la présidentielle de 2002, passant d'à peine 20 % des suffrages exprimés au premier tour, à un mirobolant 82 % au second.

Il va sans dire que la seule mesure fiable du niveau de l'adhésion des électeurs au programme du monarque élu est celle des résultats du premier tour.

Le fait est que le monarque élu par les Français en mai 2017 a obtenu moins d'un quart des suffrages exprimés au premier tour, ce qui revient à dire que trois quarts des Français n'ont pas été spontanément séduits par son programme.

Et pourtant, depuis lors, ne voilà-t-il pas que les Français n'ont plus droit qu'à des "mon programme", "mes réformes", "j'irai au bout de ceci", "j'irai au bout de cela"...

Une ultra-minorité convertie en ultra-majorité par un tour de passe-passe électoral, voilà qui incite le monarque élu à se croire amplement majoritaire, face à des détracteurs (les 76 % du premier tour) rendus amplement minoritaires !
Source

Et quid des trois-quarts des citoyens qui n'ont pas plébiscité le programme du monarque élu, et qui se rappellent, depuis, à son bon souvenir ?

"... les protestations sont une partie minoritaire du pays..."

Et dire que les Gilets Jaunes avaient sonné l'alarme, ce à quoi on leur a répondu par de simples mesures comptables, comme si la démocratie pouvait s'entretenir uniquement  à l'aide de milliards d'euros !

Après moi, il n'y aura plus que des comptables aurait prophétisé François Mitterrand.

Et, pendant ce temps, du côté des politologues et autres politocrates...

Source
Vous avez compris qu'on ne pouvait pas reprocher à un candidat à la monarchie élective de s'asseoir sur les remontrances des trois quarts de la population d'un pays non convaincus par son programme au premier tour d'une élection présidentielle ? À moins que l'on ne tente de nous faire le coup de la multiplication des pains, chose à laquelle nous sommes quelques-uns à ne pas croire du tout !

Pour dire les choses simplement : en un mot comme en cent, s'il y avait eu deux tiers des électeurs pour plébisciter le programme de l'actuel monarque français, ils auraient voté pour lui dès le premier tour de la présidentielle, mais ça n'a pas été le cas et le scrutin uninominal à deux tours reste une escroquerie.

Cela étant, peut-être le monarque élu en mai 2017 va-t-il finir par saisir le peuple par referendum sur la réforme des retraites, ainsi que la Constitution le lui permet. Il a eu l'opportunité de l'annoncer lors des vœux du 31 décembre dernier. Il n'en a rien été.

Il faut croire qu'aux yeux de certains, rétrocéder la parole au peuple constitue un véritable supplice !

Attendez-vous, donc, à voir en 2020 les mêmes soulèvements populaires et autres jacqueries se maintenir en Algérie, Chili, Soudan, Bolivie, Venezuela, Nicaragua, Hong-Kong, Yémen, Haïti..., France !


(1) Extrait du cours de droit constitutionnel de première année de Fac : un régime parlementaire se caractérise par le contrôle strict de l'exécutif par le Parlement. De fait, c'est le parti majoritaire (rare) ou (plus souvent) la coalition détenant la majorité absolue à l'Assemblée Nationale qui verra l'un de ses membres désigné pour former le gouvernement en qualité de premier ministre (un peu partout), chancelier (Allemagne), président du gouvernement (Espagne), etc.



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jeudi 30 mai 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #24


Épisode §24. La vie d'artiste(s)


Stupeur et tremblements ! Qui l'eût cru ? Rendez-vous compte : des bobos, des nantis, des stars... montent au créneau en faveur du mouvement des Gilets Jaunes !

Chose étrange, enfin, étrange !?!? Je me comprends... Chose étrange, donc, aucun de ces artistes n'est apparu récemment dans les grands média pour s'expliquer... Aucune interview, rien, nichts, nothing, nada!

Et pourtant, les média, notamment audiovisuels, adorent les interviews de stars du théâtre, de la chanson, du cinéma, de la littérature. Le festival de Cannes vient de prendre fin, et il est certain qu'un certain nombre des signataires de la pétition susmentionnée sont passés par Cannes... Mais bon !

Cela dit, nos artistes étaient trop connus pour être balancés sous un éteignoir, d'où l'obligation pour nos "grands" média d'évoquer cette pétition, quand même, quitte à faire ce qu'ils font généralement dans ce genre de situation : dire, sans dire, tout en disant.

Citation :
(...) Les écrivains Edouard Louis et Annie Ernaux ont alors dénoncé le mépris d’une certaine classe culturelle face à un mouvement qui n’est pas issu de la population parisienne, cultivée, avertie et politisée. Aujourd’hui, on retrouve logiquement Annie Ernaux et Edouard Louis parmi les signataires du collectif mais aussi d’autres noms qui sont « enfin » sortis de leur silence.
Les Juliette Binoche, Emmanuelle Béart, Stéphane Brizé, Bruno Gaccio, ou Stanislas Nordey, mais aussi la nouvelle génération comme l’acteur de « Petit paysan » Swann Arlaud ou la réalisatrice Justine Triet. 1400 personnalités de la culture pro gilets jaunes qui dénoncent sans détour la violence sociale et policière, le tout en écriture inclusive, c’est la reformation d’une ligue qu’on croyait dissoute depuis la défaite de Lionel Jospin en 2002 !
D’aucuns ne manqueront pas de railler ces bobos sortis du guet. Les révoltés, les indignés, les bonne-consciences qui ne changeront rien au problème. Sans oublier l’absence de réserves du texte sur les véritables dérives racistes et sexistes du mouvement(...) «A dream you dream alone is only a dream /A dream you dream together is a reality/Un rêve que vous faites tout seul n’est qu’un rêve/Un rêve que vous faites ensemble est une réalité ». La citation de John Lennon qui clôt la tribune est un peu gnangnan mais elle fixe une ligne d’horizon : réveiller un collectif somnambule.
 France Culture dixit.

Vous avez compris l'art de l'"euphémisation", ou de la "litotisation", artifices langagiers destinés à tromper le lecteur ? Observez un peu cette formule : "D'aucuns ne manqueront pas de railler ces bobos...", façon de dire, sans dire, tout en disant..., puisque personne, au moment où le quidam rédige son article, n'a (encore) manifesté quelque critique que ce soit à propos de la pétition (d'où le futur : 'ne manqueront pas...'), et encore moins traité les pétitionnaires de "bobos". Par ailleurs, on anticipe bien les critiques et les railleries, mais pas les soutiens et les félicitations, histoire de sous-entendre que cette pétition ne suscitera QUE des critiques et des quolibets.

Du mauvais usage d'une rhétorique plus qu'approximative !

À l'attention de ceux qui ne vivent pas en France : France Culture est LA radio (publique) qui fait autorité en matière culturelle en France, aux côtés de son alter-ego musicale France Musique.

Ces braves gens auraient fort bien pu s'abstenir d'évoquer la petite clique de bobos de "gauche", mais il faut croire que la tâche eût été difficile car frisant un peu trop la censure (gouvernementale ?) suggérée par les signataires du manifeste, qui dénoncent clairement les média dominants.

Admirons au passage cet avis péremptoire de France Culture : "Sans oublier l’absence de réserves du texte sur les véritables dérives racistes et sexistes du mouvement.".

Signalons, en passant, à la radio gouvernementale qu'est France Culture, que le racisme est un délit punissable - ça va sans dire - d'amendes voire de la prison. Autant dire que s'ils ont eu des preuves de "véritables dérives racistes et autres", il leur incombait de les signaler aux autorités ! 

Autre pétition : 
Beaucoup d’universitaires, d’intellectuels (enseignants, chercheurs, etc.) et d’artistes s’en sont tenus jusqu’à maintenant à un silence prudent, y compris ceux qui affichent leur sympathie pour la gauche et l’extrême-gauche. Sans doute parce que ce mouvement échappe aux catégories habituelles du jugement politique – imprévisible, inclassable, comme Mai 68 en son temps, comme tout événement historique digne de ce nom. Certains ont pris position en faveur de ce mouvement populaire, mais leur parole est ignorée par les médias dominants. C’est ce silence que nous voulons contribuer à briser, en affirmant publiquement notre solidarité avec les Gilets Jaunes et en appelant les intellectuels, les universitaires et les artistes à les rejoindre.
Il s’agit certes d’un mouvement hétérogène, traversé de multiples contradictions, et qui fait l’objet de tentatives d’infiltration et de récupération de la part de l’extrême-droite. Il importe de demeurer vigilants face à toute dérive complotiste, raciste ou homophobe. Mais ces dérapages restent le fait d’une petite minorité et ne peuvent en aucun cas servir de prétexte pour déconsidérer l’ensemble des Gilets Jaunes. Tout en condamnant sans réserve les menaces de mort envers des élus ou envers des Gilets Jaunes accusés de "trahison", nous contestons l’usage indifférencié du terme violence qui confond les violences physiques contre les personnes, qui sont inacceptables, et les dégradations de biens (voitures brûlées, vitrines brisées ou porte de ministère enfoncée…) qui accompagnent toujours les soulèvements populaires. Sans oublier que, comme l’écrivait Brecht, ’On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent / Mais on ne dit jamais rien de la violence / Des rives qui l’enserrent’.

Le moins qu'on puisse dire est que, pour modérées et équilibrées qu'elles soient, ces pétitions n'ont généralement droit, au mieux qu'à des persiflages à la sauce "France Culture", au pire qu'à l'indifférence desdits "grands" média, autant dire au minimum minimorum.

Et pourtant, Juliette Binoche, par exemple, est tout de même une des rares récipiendaires d'un oscar hollywoodien ! Et pourtant, j'ai cherché partout des traces d'une interview de Binoche en lien avec son soutien aux Gilets Jaunes, et là, rien, nichts, nothing, nada! Quant à Emmanuelle Béart, dont on ne peut pas dire qu'elle squatte les studios des radios et télévisions, il me semble qu'elle fait partie de la poignée d'actrices françaises à avoir joué dans un "blockbuster" (Mission Impossible), non ? Et malgré tout ça... Vous avez dit "boycott" ?

Pour être honnête, dans des circonstances pareilles, comment échapper au site du principal organe de presse de la droite française, j'ai nommé Le Figaro (groupe de presse détenu par la famille Dassault, grands marchands d'armes, ndlr), histoire de rire un peu ? Je dois vous avouer que j'ai un petit faible pour le courrier des lecteurs (ou forum) de ce médium ostensiblement anti-gilets-jaunes.

Extraits (citations non retouchées) : 

"Le chef de l'État «Emmanuel Macron a assurément ses qualités mais sa politique environnementale n'est pas adaptée à la situation actuelle". Elle y est allée comment à Berlin? En trottinette électrique?
Avatar. Ah, ces riches artistes toujours en décalage avec la réalité ! Mais, business is business !
Avatar.....ces ralliements opportunistes qui puent l'hypocritie sont misérables !

Avatar. Ce serait bien que les artistes jouent le rôle d'artistes, car dès qu'ils ou qu'elles ouvrent la bouche pour donner leur avis sur la politique, cela est pitoyable.

Avatar. Où l'on se rend compte une fois encore que la médiatisation ne qualifie pas pour discuter de tout...

Avatar. Elle comprend mais elle habite rive gauche et touche des sous comme intermittente du spectacle ?

Avatar. Quand on perçoit une partie de ses cachets mirobolant à l'aide de l'argent du contribuable (SOFICA) , on prend garde de la fermer plutôt que de tenir des propos carrément indécents dans la situation actuelle.

Avatar. Faisons une quête pour aider Juliette Binoche à boucler ses fins de mois.... L'indécence et l'irresponsabilité des propos n'honorent pas cette comédienne.

Avatar. Merci d'avoir compris. Critiquons Macron pour l'environnement. Cela passe le temps mais ne sert pas à grand chose.

Avatar. Qu'elle se contente de jouer et d'empocher des millions.

Avatar. Actrice sur le déclin qui veut maintenant attirer un public de ronds points... Le Figaro n'aurait pas dû parler de son avis qui ne compte pas, aucun journal ne devrait publier une telle chose innomable.

Avatar. Elle a le droit de s’exprimer y compris pour dire n’importe quoi, ce qui est le cas.

Avatar. Elle a besoin d’élargir son public et drague les GJ??
Elle doit certainement préparer une promo quelconque.

Avatar. Elle n'était pas aussi critique quand son chouchou Hollande a alourdi la fiscalité. Elle ferait mieux de faire une auto critique sur ses soutiens passés qui sont la cause de la situation désastreuse du pays que Macron doit redresser.

Avatar. Moi président je... Entre deux bouchées de caviar elle a de l’empathie.
Soit dit en passant, les forums de discussion en ligne sont de précieux outils d'études sociologiques, dans la mesure où l'on peut constater qu'à l'instar desdits "réseaux sociaux", où l'on a tendance à s'agglutiner par affinités idéologiques ou communautaristes, avec ces fameux "Followers" et autres "Like",  dans le droit fil de l'adage : "qui se ressemble s'assemble.", ils (les forums) permettent quasiment d'anticiper la tendance majoritaire affichée par un groupe parfaitement organisé (co-opté ?) sur la base du conformisme le plus classique, surtout quand il se double de panurgisme.

De là mon appétence pour des forums du style de celui du Figaro, qui me plongent toujours dans une profonde crise d'hilarité. Vous avez, donc, compris que les prises de position précédentes m'ont fait passer un bon moment ?

"Entre deux bouchées de caviar..." persifle un intervenant.

Celui-là et d'autres semblent avoir oublié, ou tout simplement ne connaissent pas les conditions matérielles auxquelles de nombreux artistes doivent faire face durant leur carrière.

Cet épisode est intitulé "La vie d'artiste(s)", en référence à une fameuse chanson  de ce grand poète et chanteur français que fut Léo Ferré

(...) Il faut croire à l'histoire ancienne
Je t'ai donné ce que j'avais,
De quoi chanter, de quoi rêver,
Et tu croyais en ma bohème,
Mais si tu pensais à vingt ans,
Qu'on peut vivre de l'air du temps,
Ton point de vue n'est plus le même.

Cette fameuse fin du mois
Qui depuis qu'on est toi et moi
Nous revient sept fois par semaine
Et nos soirées sans cinéma,
Et mon succès qui ne vient pas
Et notre pitance incertaine
Tu vois je n'ai rien oublié
Dans ce bilan triste à pleurer,
Qui constate notre faillite.
Il te reste encor' de beaux jours (...)


Ceux de mes visiteurs (étrangers ou non francophones) qui s'initient à la langue française doivent savoir que "vie d'artiste" peut également se dire "vie de Bohème", s'agissant de personnes ne roulant pas toujours sur l'or voire ayant tendance à "tirer le diable par la queue" ou à "manger de la vache enragée". À propos de la "Bohème", un autre grand artiste français l'a superbement chantée : Charles Aznavour.
    
(...) Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux 
Nous ne cessions d'y croire 
Et quand quelque bistro 
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l'hiver
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu'un jour sur deux (...)

Il faut croire que bien des gens, qui se laissent abuser par les cachets mirobolants d'une poignée de stars du cinéma ou de la chanson, ou par les montants astronomiques réalisés lors de ventes d’œuvres d'art chez Sotheby's ou Christie's, ignorent que la totalité des acteurs de cinéma, comédiens et artistes du spectacle vivant jouissent du statut d'intermittents du spectacle, dans la mesure où ils exercent leur profession au coup par coup, au gré des engagements. Et cela a valu aussi pour les jeunes artistes désargentés qu'étaient les Picasso, Braque, Giacometti..., voire les Haydn, Mozart, Beethoven,  Wagner..., bien heureux de croiser la route d'un Comte Esterházy, d'un prince-archevêque de Salzburg, d'un Comte Razumowsky, voire d'un Louis II de Bavière. Tant il est vrai que, sans mécènes, bien des artistes n'auraient tout simplement pas existé, à ceci près qu'aucun mécène n'a pu éviter à Mozart de finir à la fosse commune.

C'est dire si les quolibets adressés aux "stars" solidaires des Gilets Jaunes ne reposent sur aucune argumentation, et ce, d'autant plus que nos artistes et autres intellectuels n'avaient strictement rien à gagner dans l'affaire.

Par parenthèse, combien de stars du sport en activité, notamment quelques millionnaires du football, parmi les soutiens aux Gilets Jaunes ? 

Quant aux universitaires de l'autre pétition sur Change.org, roulent-ils tous sur l'or, à l'instar des stars du show-business ?

Pour ma part, si j'avais un conseil à prodiguer à ces quidams si prompts à se lâcher sur des forums de discussion, enfin, disons plutôt forums de divagation, ce serait de se documenter un peu avant de se laisser aller à déblatérer à tout propos sur tout et n'importe quoi. Et peut-être seraient-ils un peu plus modérés dans leurs propos si, d'aventure, ils approfondissaient un peu plus leurs connaissances en s'intéressant, par exemple, à autre chose que ce que rapportent lesdits réseaux sociaux ou autres organes de la presse "people". Et peut-être apprendraient-ils à l'occasion que telle vedette du show-business a de grandes préoccupations sociales inconnues du grand public, à l'instar de cette grande actrice française récemment disparue.

Citation :
La politique? “Tous des crétins, tous des menteurs!” La fin du monde? “Maintenant, démerdez-vous. Ça va finir avec de grands bûchers. On n’arrivera même plus à enterrer les gens tellement ils mourront vite!” À la fin de sa vie, Anémone, dont on a appris ce mardi 30 avril la disparition, portait un regard sombre et désenchanté sur le monde.
Tout au long de sa vie, et notamment dans les dernières décennies de son existence, la comédienne s’engagera pourtant pour des causes auxquelles elle restera longtemps fidèle.
Fervente écologiste et figure pionnière de l’altermondialisme dans le monde du spectacle, Anémone fut ainsi une des toutes premières personnalités françaises à soutenir le combat d’Attac contre la mondialisation néo-libérale.
“C’était assez courageux à l’époque”.
Actuel porte-parole et ancien président du conseil scientifique d’Attac,  Dominique Plihon, joint par Le HuffPost quelques minutes après l’annonce de sa mort, se souvient avec une émotion pudique de l’engagement précoce de l’artiste. “Je l’ai connue lors des Forums sociaux, et notamment lors du tout premier à Porto Alegre”, nous confie-t-il.
Au total, toute la mauvaise foi d'un Figaro ou d'une France Culture ne changera rien au fait que ce mouvement "jaune" suscite, par son originalité même, un intérêt considérable auprès de milieux divers, comme preuve de son caractère éminemment révolutionnaire, au plein sens du terme, le tout, quelles que puissent être les statistiques plus ou moins exactes ou plus ou moins bidonnées - sur le nombre de manifestants du samedi - du Ministère de l'Intérieur !

Par ailleurs, rappelons-nous simplement que même les artistes les plus riches ont commencé par être pauvres et désargentés (on comprend mieux pourquoi un Picasso a été si dur avec ses héritiers, eux qui sont nés avec une cuiller en argent dans la bouche) ; entre nous, ils devraient le savoir, au Figaro et à France Inculture !


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Petit supplément illustré




Dans la rubrique "Vies et destins d'artistes", j'ai là deux monstres sacrés. D'abord, Picasso, jeune surdoué espagnol fraîchement débarqué à Paris, fauché comme les blés et logeant dans des mansardes entre Montparnasse et Montmartre. Picasso avait toujours sur lui un petit carnet à croquis qui lui permettait de croquer des gens croisés dans la rue. Mais le carnet lui servait aussi à noter des trajets dans Paris, voire des listes de courses. Je me suis offert un fac simile de ce carnet pour une dizaine d'euros chez mon libraire en ligne préféré (allemand, forcément !), chez qui on trouve des choses absolument incroyables, à prix écrasés (ex. tout Bach, tout Mozart, Beethoven, Brahms, Wagner... pour quelques dizaines d'euros.). 


 
    

Où l'on voit que le jeune Picasso mélangeait (encore) le français et l'espagnol : huevos, carne, verre à loupe, manteca (lard !), pan, sel..., saint-doux (sic)

C'est chez le même libraire que je me suis offert (49,90 euros) l'intégrale des opéras enregistrés par la grande Maria C., morte seule, riche et déprimée dans un appartement cossu du 16ème arrondissement parisien, à seulement 54 ans !