mardi 17 mars 2015

John Kerry ou l'art de parler pour ne rien dire ?


Ce blog ne s'intitule-t-il pas "Com' ils disent" ? (avec com' comme "communication", ou l'art de brasser des mots, juste pour noyer le poisson.).

Il se trouve que, sur la Syrie, le ministre des affaires étrangères des Etats-Unis, le ci-devant Secrétaire d'Etat, John Kerry donc, aurait dit des choses.

À vrai dire, on ne sait plus très bien de quel pays Kerry est le secrétaire d'Etat, quand on voit le temps qu'il vient de passer loin de son pays présumé : on l'a vu s'éterniser en Ukraine, on l'a vu traverser les pays de l'Union Européenne, on l'a vu à Genève avec son homologue russe, avec son homologue ukrainien, avec son homologue iranien ; il franchit un fuseau horaire un jour, un autre fuseau horaire le lendemain... C'est à se demander quand diable Kerry et consorts trouvent-ils le temps de s'occuper des affaires de leur pays, les Etats-Unis !

Et qu'est-ce qu'il a dit, John Kerry ?

Qu'il allait bien falloir que les Etats-Unis négocient avec Bachar el Assad.

Et beaucoup de s'en féliciter, d'autres de se désoler, la France - du moins ceux qui sont censés la diriger - déclarant qu'elle était un pays indépendant, donc libre de ses choix.

Ça c'est ben vrai quoi ! La France est un pays indépendant, tandis que la Syrie !

Question : négocier avec Bachar el-Assad ? Mais à quel titre, monsieur Kerry ? Quant à l'impossibilité qu'Assad fasse partie de l'avenir de la Syrie (dixit les dirigeants français et britanniques), on se demande, là encore, qui leur confère le droit d'en décider !

Et pendant ce temps, les journalistes, vous savez, ces perroquets juste bons à répéter, blablater, paraphraser..., remplissent l'espace en brassant du vent.

Nos grands journalistes pourraient pourtant consulter des spécialistes de la question, on les appelle des experts en droit international, discipline enseignée dans toutes les bonnes facultés de droit. Seulement voilà : les médias se fichent éperdument des spécialistes du droit international, leur préférant des consultants en "relations internationales". Vous pouvez vérifier !

Or n'importe quel spécialiste de - voire simple étudiant(e) en - droit international vous dirait que les déclarations des Kerry, Fabius et consorts sur la Syrie constituent autant de violations du principe de la souveraineté des Etats tel qu'il a été sanctuarisé depuis quelques siècles maintenant, et surtout depuis l'établissement d'une charte des Nations Unies ! L'observation vaut, soit dit en passant, pour le programme nucléaire iranien, ce pays étant souverain et pas du tout assujetti  aux désirs des Américains ou des Israéliens !

Mais je n'en ai pas fini avec les termes mêmes de la déclaration de John Kerry, lequel appelait apparemment de ses voeux une négociation des Etats-Unis avec Assad dans le but manifeste de mettre un terme à la crise syrienne.

Ah bon ? Les Américains seraient donc partie prenante dans la crise qui secoue la Syrie depuis quatre ans maintenant ?

Entre nous, est-ce moi qui suis stupide ou John Kerry vient-il de nous faire là un énorme aveu, sur ce qui ne serait qu'un secret de Polichinelle, à savoir que les ennemis que combat Assad dans son pays ne sont que des marionnettes manipulées (donc armées) par les Américains (et leurs alliés ou laquais), puisque ces derniers, et eux seuls, sont apparemment en état de figurer comme interlocuteurs crédibles dans une négociation avec Bachar el-Assad.

Du reste, avez-vous entendu les combattants des réseaux "islamistes" en Syrie contester les prises de  position du secrétaire d'Etat américain ? Leur silence en la matière ne vaut-il pas reconnaissance du fait que c'est bien leur patron (américain) qui décide ?

Et les journalistes dans tout ça ? allez-vous me demander...

Quels journalistes ?


Lecture : soyons honnête, un des rares "journalistes" à être souvent sorti de la niaiserie ambiante, loin des hauts-parleurs du gouvernement que sont la plupart de ses confrères est Dominique Jamet, dont je recommande le (un des) papier(s) sur les déclarations de J. Kerry.