jeudi 31 décembre 2020

Réflexion sur la prétendue appropriation culturelle. Une histoire de lynchage


Nota bene : l'article qui suit est resté quelque temps à l'état de brouillon ; ce n'était pas un oubli ! Je suppose que vous avez déjà eu l'occasion de fréquenter un restaurant dont les cuisines sont visibles depuis la salle grâce à une baie vitrée ? Les petits malins qui ont lu le brouillon vont pouvoir apprécier la suite. Relecture en cours...
 
Je tombe tantôt sur un "trend" sur un réseau social, dont il ressort qu'une personnalité "noire" s'en prendrait à l'élu écologiste Julien Bayou, coupable d'avoir utilisé à "mauvais escient" le terme "lynchage".
 

Le genre de choses qui me font bondir au plafond. Mais comme on n'est pas forcé de croire à tout ce que racontent lesdits réseaux sociaux, j'ai tenu à jeter un œil dans la presse "sérieuse".
 
Marianne.net 30.11.2020
Même chez Europe Écologie les Verts, personne n'est à l'abri d'être accusé de ne pas être assez "conscientisé". Le secrétaire général du parti, Julien Bayou, en a fait l'amère expérience ce dimanche 29 novembre, repris de volée par la réalisatrice Amandine Gay après avoir désigné comme tel le "lynchage" de policiers à Bastille lors de la manifestation de la veille. Selon elle, l'emploi de ce terme devrait en effet être réservé aux lynchages de personnes noires. Loin de se rebiffer contre la tentative d'OPA langagière de la militante afroféministe, le leader écolo a au contraire battu sa coulpe, allant jusqu'à réclamer un "échange" pour choisir le lexique adéquat et non offensant.
 
Vous ne voyez pas le problème ? Amandine Gay se charge d'éclairer votre lanterne : "Voilà pourquoi la banalisation du terme 'lynchage' et son usage par les personnes blanches pour décrire du harcèlement en ligne ou des agressions IRL (in real life, N.D.L.R.) conduit non seulement à effacer l’expérience et les souffrances des personnes noires, mais aussi à inverser la réalité", annonce la militante. Notons qu'outre le terme lui-même, c'est "son usage par les personnes blanches" qui est désigné comme "problématique", pour employer un terme cher à l'orthodoxie antiraciste. (Source)
Je ne connais pas cette Mme Gay, en tout cas, je la soupçonne de souffrir, comme tant d'autres, de diarrhée verbale, cette forme de tic nerveux généré par la présence permanente d'un écran de smartphone sous le nez des sujets souffrant d'une dépendance chronique au téléphone portable.
 
Je suppose que vous avez déjà vu ces personnes qui, même en pleine rue, ne lâchent jamais leur portable, le tenant dans la main, alors même qu'il est éteint, comme si leur vie en dépendait, et poussant l'outrecuidance jusqu'à s'étonner que des loubards puissent les agresser en pleine rue pour leur dérober ce coûteux jouet si imprudemment exhibé aux regards de tous.
 
Pourquoi s'étonner qu'à force d'avoir cet objet en permanence sous le nez, d'aucuns aient tendance à dégainer plus vite que leur ombre dès qu'une information passe, Twitter ayant la fâcheuse manie - technique parfaitement maîtrisée dans le but de créer des addictions - d'entretenir l'excitation de ses ouailles à coups de "Trending(s)" plus ou moins alléchants.
 
Un policier se fait tabasser violemment lors d'une manifestation. Julien Bayou intervient sur son compte Twitter pour dénoncer le "lynchage", et voilà une "bonne âme" noire,  visiblement indifférente à l'agression du policier, qui va se focaliser sur ce qu'elle estime être le plus important, à savoir un impair langagier commis par l'élu, le terme "lynchage", utilisé ici, relevant selon elle d'une banalisation d'actions ciblant tout particulièrement des sujets noirs, dès lors que "son usage par les personnes blanches pour décrire du harcèlement en ligne ou des agressions IRL (in real life, N.D.L.R.) conduit non seulement à effacer l’expérience et les souffrances des personnes noires, mais aussi à inverser la réalité." (sic.)
 
Vous me permettrez de trouver l'argumentation de Mme Gay particulièrement inepte, et le mot est faible.
 
Le fait est que la stupidité est une des marques de fabrique des personnes souffrant de diarrhée verbale, ce qui fait que les pouces des deux mains, gauche et droite, vont se précipiter sur l'écran du portable pour régler son compte à l'imprudent Julien Bayou, le tout, sans même que la redresseuse de torts ait pris la précaution élémentaire de vérifier quoi que ce soit.
 
D'abord, qu'entend-elle par "les souffrances des personnes noires", et qu'est-ce que "son usage par les personnes blanches pour décrire du harcèlement en ligne ou des agressions IRL" vient faire dans le débat concernant le tabassage d'un policier ?
 
Voilà quelqu'un qui prétend rétablir un fait, mais qui tombe d'emblée dans une espèce de gloubiboulga verbeux, le tout sans le moindre début ou embryon d'argumentation. Et c'est là qu'il faut réaliser tout le côté pervers de cet objet qu'est le téléphone portable. 
 
L'objet a beau coûter assez cher, il est infiniment moins performant que l'ordinateur le plus basique ! Celui sur lequel je saisis ce texte, un portable de bas de gamme (un des douze ordinateurs, de bureau et portables dont je dispose dans mon logement) de la marque Thomson, acheté pour moins de 200 euros, est, donc, cinq à six fois moins cher que les meilleurs smartphones du marché, sauf qu'il a un écran vingt fois plus grand, un vrai clavier, et me permet de télécharger des images, du texte et du son dans des conditions bien plus confortables que le plus performant des smartphones.
 
Du coup, dès lors que je peux afficher de multiples écrans, il m'est très facile de consulter l'un ou l'autre site afin d'y rechercher les informations nécessaires à l'élaboration d'un article un peu consistant, chose que j'imagine fort compliquée à réaliser sur le minuscule écran d'un smartphone.
 
Et voilà comment, pris de diarrhée verbale, nos redresseurs et redresseuses de torts sur les réseaux sociaux ne songent même pas à s'embarrasser de vérifier ni étayer quoi que ce soit, pourvu que ça sorte vite fait, mal fait.
 
Si, comme moi, Mme Gay avait rédigé sa prose sur un ordinateur, peut-être aurait elle, comme moi, pris la précaution de consulter telle ou telle encyclopédie en ligne, afin de s'éviter de bien malencontreuses bévues.
 
Voyons ce que cette chère Wikipedia nous dit sur l'historique du mot "lynchage".
Le lynchage est une pratique de justice expéditive américaine, instaurée par Charles Lynch (1736-1796), un planteur de Virginie et juge de paix qui, pendant la Guerre d'indépendance des États-Unis présida un tribunal irrégulier constitué pour punir les loyalistes à la couronne britannique. Par la suite la pratique du lynchage se répandit lors de la conquête de l'Ouest des États-Unis dans les nouveaux territoires où les instances judiciaires étaient souvent absentes ou insuffisamment représentées. Cette nouvelle pratique prendra une nouvelle dimension, la « loi de Lynch » désigne alors toute forme de violence par laquelle une foule, sous prétexte de rendre la justice sans procès, exécute un présumé coupable, généralement par pendaison. À la fin de la guerre de Sécession, les lynchages de personnalités républicaines et d'Afro-Américains sont devenus fréquents dans les États du Sud pendant la période de l'ère dite de la Reconstruction et jusqu'à la fin des années 1950, avec par exemple le lynchage d'Emmett Till en 1955. (...)
Les lynchages existaient dans la Virginie dès la période coloniale et pendant la guerre d'Indépendance comme méthode de châtiment d'un crime supposé ou avéré en dehors de toute procédure judiciaire régulière. Durant cette période, ce sont principalement des Blancs loyalistes qui en sont victimes et les sentences étaient moins meurtrières qu'après la guerre de Sécession. (...)
Par extension, le mot lynchage et le verbe lyncher sont aussi employés de nos jours pour qualifier un passage à tabac en réunion, même si celui-ci n'a pas provoqué la mort de la victime devenant un synonyme d'écharper, de malmener, brutaliser, molester une personne qu’on a prise à partie ou de façon plus rare, des formes de harcèlement verbal, notamment celles du lynchage médiatique pour lesquelles, on emploie de plus en plus le néologisme bashing.

Par facilité de langage, lynchage et lyncher sont aussi employés pour désigner des exécutions sommaires dans des contextes étrangers à son contexte historique premier devenant un mot valise pour désigner toutes les formes de « justice » expéditive de façon indistincte.

Il ressort de ce qui précède que tout sujet doué d'un minimum de culture générale sait faire la différence entre le stricto sensu et le lato sensu : sens strict versus sens large. 

Lynchage vient, donc, d'une pratique instaurée par le dénommé Charles Lynch. Or il y a fort à parier que Lynch lui-même n'a jamais employé ce terme. Ce juge autoproclamé procédait à des exécutions capitales à une époque très précise (la Guerre d'indépendance des États-Unis) et sur des sujets bien identifiés : des loyalistes à la Couronne britannique, en principe, tous blancs !
 
Autant dire que si l'on veut être rigoureux, et considérer qu'à la base, c'est Charles Lynch qui lynche, force est d'admettre que l'adoption de cette justice expéditive par d'autres, notamment par le Ku Klux Klan, et ce, plus d'un siècle après Lynch, n'a plus rien à voir avec ce dernier. Autant dire que si le lynchage, stricto sensu, est à attribuer à Charles Lynch, sa récupération par d'autres groupes, dans d'autres régions et à d'autres époques ne relève plus du stricto sensu mais bien du lato sensu. Et il est on ne peut plus faux de prétendre que "lynchage" s'applique aux seuls noirs, dès lors que les pratiques des groupes racistes blancs envers les noirs du Sud des États-Unis ne relèvent plus du lynchage stricto sensu.
 
C'est, donc, à tort que Mme Gay revendique le terme "lynchage" au bénéfice des seuls noirs, quelle se garde, d'ailleurs, de caractériser, usant d'une formule (l’expérience et les souffrances des personnes noires) qui ne veut absolument rien dire !
 
En résumé, d'un point de vue historique, le mot lynchage renvoie à Charles Lynch et s'applique principalement à des sujets considérés par les insurgés américains comme des renégats, dès lors qu'ils entendent rester loyaux à la couronne britannique. Toute utilisation ultérieure du terme après la disparition de Lynch relève de l'extrapolation.
 
Il se trouve que le terme va passer dans bien d'autres langues, ce qui constitue une extrapolation supplémentaire, dont tout bon linguiste peut citer une multitude d'exemples.
 
Prenez les chips : c'est de l'anglais, mais une fois importé en français, le mot ne veut plus tout à fait dire la même chose.  Mais vous avez également, entre le français et l'anglais, toute cette flopée de faux-amis, du type actual, agenda, car, college, figure, lecture, library, phrase, stage, surname, etc., où l'on voit que la traduction vaut extrapolation, donc passage éventuel d'un stricto-sensu à un lato sensu.

On attribue à Stendhal la transcription de "lynching" en "lynchage", d'où la confirmation d'une deuxième extrapolation, sémantique cette fois, après la première extrapolation historique.

Et une fois le terme entré dans le dictionnaire français, plus grand monde ne saurait en contester la pertinence, s'agissant d'exécutions sommaires par des foules et en l'absence de toute procédure légale, voire le fait que, par extension, le mot lynchage et le verbe lyncher sont aussi employés de nos jours pour qualifier un passage à tabac en réunion, même si celui-ci n'a pas provoqué la mort de la victime devenant un synonyme d'écharper, de malmener, brutaliser, molester. (Wikipedia). Un dictionnaire en ligne nous présente, ainsi, ces deux citations  (source) :
  • Mais, chose singulière, je trouve un cas de lynchage par des Ku-Klux-Klan, non dans le Sud, mais dans l’État qui a la prétention d’être le parangon de la civilisation américaine, le Massachusetts, et perpétré par des citoyens du Nord. — (Revue britannique, Correspondance d’Amérique, volume 5, page 491, 1868)

  • Après avoir essayé sans succès pendant un siècle, le Sénat des États-Unis a adopté mercredi 19 décembre, à l’unanimité, une proposition de loi faisant du lynchage – ces exécutions sommaires devenues le symbole du passé raciste des États-Unis – un crime fédéral. — (Le Monde avec AFP, Le Sénat américain vote la fin du lynchage, Le Monde. Mis en ligne le 20 décembre 2018)

Autre source :
  • J'avais raconté le lynchage affreux d'un très jeune parachutiste allemand au début de la guerre. Cela se passait dans un village où nous avions passé le lendemain. Les paysans indignés l'avaient rossé, roué de coups de pelles et de râteaux jusqu'à ce que mort s'ensuive (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1177). Avoir été collabo, c'était s'être abreuvé aux fécondes sources de l'erreur; un lynchage dans le Missouri, c'était le péché donc la rédemption; bénie soit l'Amérique pour tous ses crimes et vive le plan Marshall (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 542).

En linguistique, on parle d'acceptions, c'est-à-dire de contextes différents susceptibles de moduler le sens d'un terme. Dans son acception moderne, le mot "lynchage" n'a plus rien à voir avec Charles Lynch, recouvrant une multitude de situations ayant pour dénominateur commun la violence d'un groupe contre un ou plusieurs individus, le tout en l'absence de toute procédure légale. Ailleurs, on parlait, par exemple, de "pogroms."
 
Autant dire que Mme Gay a tout faux, pour ne pas avoir pris le temps de se documenter un peu, préférant twitter plus vite que son ombre, là où moi, j'ai pris quelques semaines - d'où le brouillon ! - à réfléchir sur la question.

D'aucuns me parleront d'appropriation culturelle. À ceux-là, je réponds : "hors sujet !".
 
Pour ma part, j'ai aussi un compte Twitter, dont je me sers essentiellement pour croiser le fer avec tel ou tel guignol ou cuistre, fût-il professeur (certifié ou agrégé) de ceci ou cela, à l'instar de l'autre imbécile de Raphaël E., médiocre phraséologue se prenant pour un philosophe, dès lors qu'il confond (mais il n'est pas le seul !) la connaissance (sophia) avec le blabla (logos), au point de se permettre de vilipender bien plus intelligent que lui : Didier Raoult en personne. Le fait est que, sur disons cent interpellations, j'ai en retour moins de deux contestations.
 
Sinon, j'aimerais juste rappeler à Mme Gay, et à d'autres, cet adage africain : "Le singe qui veut grimper à l'arbre s'assure préalablement qu'il a le cul propre."  
 
By the way, juste pour rire, je vous invite à réfléchir au stricto vs. lato sensu s'appliquant aux termes suivants : vandaliser, razzia, cravate, bull dog, hold up (pron. 'hôld-op'). En cas d'hésitation, vous pouvez toujours recourir à un bon dictionnaire !
 

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samedi 28 novembre 2020

Une aiguille dans une botte de foin, façon Louvre. Épilogue

Dans la rubrique "On peut ne pas avoir fait l'École du Louvre et, néanmoins, être en mesure de déceler certaine inexactitude sur un document émanant du prestigieux musée parisien !" ; la preuve en une image !

Résumé du chapitre précédent (à consulter avant de lire la suite plus bas).

Sur mon compte Tw..., je tombe sur une notification émanant du Louvre. Il y est question d'un peintre français passé par l'Italie, avec comme illustration un personnage féminin flanqué de deux bambins et drapé comme les sibylles de Michel-Ange ornant le plafond de la Chapelle Sixtine.

Mais voilà que le Louvre supprime son message, et je dois faire preuve d'un peu d'imagination pour retrouver le tableau en question.

Je vais derechef sur le site du musée afin d'en savoir plus sur la toile du fameux Simon Vouet. Et c'est là que je manque de sauter au plafond.

La toile est intitulée "La Richesse" et voici le texte la présentant :

Je suppose qu'en examinant la toile, vous avez compris qu'il y avait comme un problème, non ? Voici en quels termes j'ai réécrit le texte précédent.

La suite ? J'ai adressé la version remaniée du texte de présentation au Louvre. ☺☺☺

 

jeudi 19 novembre 2020

Le terrorisme et le séparatisme islamiste pour les nuls, version The Independent

Pourquoi ne pas le dire ? Depuis mon analyse partielle, publiée le 3 novembre dernier, d'un mauvais discours livré par celui que j'appelle "le monarque élu" et relatif à cette ineptie que serait le "séparatisme islamiste", un certain nombre de "papiers" ont paru dans la presse anglo-saxonne, allant dans le même sens que ma propre appréciation, au point que j'en suis à me demander si certains ténors de la grande presse étrangère n'auraient pas eu accès à mon modeste blog. Va savoir ? Après tout, il me suffit de jeter un oeil sur les statistiques du blog pour constater qu'on me lit partout, de la Russie à l'Inde, du Burkina Faso à l'Australie !

Après ma dernière traduction d'un article du Financial Times, voici un nouveau "papier" que j'estime digne d'intérêt, publié par The Independent sous la signature de Nabila Ramdani. Relecture en cours...

 

(Source)

Les terroristes du Bataclan étaient le pur produit du nihilisme de l'État islamique, aiguisé par la guerre - et non par les conseils de prédicateurs musulmans.

Les tueurs ont appris le combat au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique du Nord, des territoires mis en pièces par la meilleure technologie militaire au monde, qui est celle utilisée par les États-Unis et leurs alliés.

 

Il ressort de l'attaque terroriste la plus dévastatrice jamais menée sur le sol français que c'est le ciblage aléatoire des victimes qui a peut-être été l'élément le plus inquiétant.

Lorsque ceux d'entre nous qui sont nés et ont grandi à Paris se remémorent le massacre de cette nuit de novembre 2015, nous réalisons que n'importe qui aurait pu être pris dans ce spectacle d'horreur à l'échelle de la ville.

C'était un vendredi 13 la date rêvée pour un théoricien du complot – tout comme était étrange le temps automnal exceptionnellement doux pour la saison, qui explique que des milliers de victimes potentielles des meurtriers se soient trouvées dans la rue.

Tuer des civils non armés est diaboliquement facile. Les kalachnikovs du marché noir et les explosifs ont permis à neuf terroristes suicidaires de frapper à volonté, faisant 130 morts et plus de 400 blessés.

Des victimes, parmi lesquelles des chrétiens, des juifs, des musulmans et des non-croyants, ont été abattues ou mises en pièces. Elles assistaient à un concert de rock, à un match de football ou se détendaient dans un café ou un restaurant.

Les attaquants tous des jeunes hommes drogués et véhéments, obsédés par les tueries faciles qui prévalent dans les jeux et la culture des films d'action hollywoodiens – n'étaient concentrés sur rien d'autre que sur l'accumulation des cadavres.

Malgré cela, cette barbarie a depuis été attribuée à un état d'esprit typique des communautés ethniques minoritaires vivant dans des lotissements municipaux à la périphérie de villes comme Paris.

Cette sinistre tromperie prétend que, par définition, les musulmans veulent détruire et mutiler parce qu'ils sont élevés dans la haine de l'Occident, et que leur origine culturelle et religieuse le justifie d'une manière ou d'une autre.

Cette propagande méprisable a été avancée par le président Emmanuel Macron lui-même, ce mois-ci, lorsque, dans une lettre publiée dans un journal britannique, il a utilisé ce qui ressemblait à un langage eugénique pour décrire ces banlieues défavorisées pleines de musulmans comme étant des « territoires fertiles pour les terroristes en France».

Délivrant des assertions tout droit sorties d'un générateur de fausses nouvelles digne de Donald Trump, il (Macron) a en outre affirmé, sans aucune preuve, qu'il existe «des quartiers où de petites filles âgées de trois ou quatre ans portent un voile intégral, sont séparées des garçons, voire, dès le plus jeune âge , séparées du reste de la société et élevées dans la haine des valeurs françaises ».

Qu'à cela ne tienne, forcer quelqu'un à porter la burqa est en France un crime passible de la prison, de même que la maltraitance des enfants et la radicalisation des mineurs. Bizarrement, à une époque où les caméras sont partout, on n'a vu aucune image venant étayer les propos de Macron sur ces jeunes sociopathes. Il n'y a eu aucune arrestation, sans parler de poursuites, pour ces crimes présumés.

Cinq ans après le Bataclan, il est beaucoup plus difficile de se procurer des armes à feu, mais - selon Macron – certains quartiers hébergent encore «des centaines d'individus radicalisés, dont on craint qu'ils puissent, à tout moment, prendre un couteau et tuer des gens».

Plutôt que de répandre si facilement l'idée d'une culpabilité collective, Macron ferait bien d'étudier les profils du «commando» de novembre 2015, tels qu'ils sont souvent décrits par les commentateurs les plus sérieux.

Sur les neuf hommes finalement tués par les forces de sécurité, tous avaient passé du temps à se battre en Syrie ou en Irak avec Isis/Daesh, le soi-disant État islamique.

Ce groupe terroriste armé est né de l'insurrection qui a suivi l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Daesh est devenu tristement célèbre pour sa cruauté impitoyable envers ses ennemis, notamment à cause de vidéos de tortures et d'exécutions qui vous remuent les tripes.

Des combattants aguerris comme Abdelhamid Abaaoud, le chef de file belgo-marocain des assaillants parisiens, n’ont pas acquis leur extrémisme sadique dans les mosquées de province ou les cours secrets de lecture de Qu’ran, ni même auprès de parents ou d’enseignants.

Au lieu de cela, ils ont appris le combat au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique du Nord, ces territoires mis en pièces par la meilleure technologie militaire au monde, qui est celle utilisée par les États-Unis et leurs alliés.

Certains des neuf hommes étaient censés être sous surveillance, ayant voyagé entre des endroits tels que la Syrie, l'Irak et le Yémen, mais rien ne les a empêchés de faire ce qu'ils avaient décidé de faire ce 13 novembre. Leurs commandants ont déclaré qu'ils étaient censés des «punitions» pour les bombardements de femmes et d'enfants dans leurs camps.

Curieusement, le seul membre survivant du groupe est Salah Abdeslam, qui ne s'était jamais rendu au califat d'Isis. Faute de quoi que ce soit approchant le moral et l'entraînement des soldats, il s'est évanoui dans la nuit, a jeté son gilet explosif et s'est enfui.

Ce qu'Abdeslam avait en commun avec les autres, c'est que son intérêt pour la religion était superficiel, et il n'y avait aucune preuve de sa radicalisation dans une structure communautaire, ou d'être une sorte de musulman pieux.

Au lieu de cela, il tenait un bar à Bruxelles, où il buvait de l'alcool et prenait des substances illégales, après avoir été condamné pour une série de crimes, y compris le vol à main armée et la possession de drogues,

Comme les autres, Abdeslam est connu pour avoir plané aussi haut qu'un cerf-volant la nuit de l'attaque, ayant rempli son corps de cannabis et de cocaïne.

«Je n’ai pas honte de qui je suis», a depuis écrit Abdeslam à un correspondant, depuis la cellule de haute sécurité de la prison française, où il devrait passer le reste de sa vie.

Regardez les suspects impliqués dans d'autres actes de terrorisme depuis 2015, et vous verrez que tous sont des soldats de Daesh et de vulgaires délinquants.

La force de l'attaque et la couverture médiatique de masse sont cruciales pour ces loups isolés, car ils décapitent, poignardent ou - comme à Nice il y a quatre ans - utilisent des armes aussi basiques qu'un poids lourd pour faire autant de victimes que possible.

Ces dernières semaines, ces terroristes sont venus de Tunisie, du Pakistan et de l'État de Tchétchénie sous contrôle russe. Rien que des pays instables, pleins du genre de jeunes hommes déstabilisés qui pourraient prendre les armes pour des groupes comme Daesh.

C'est pourquoi François Hollande, le président de la France en 2015, a décrit à juste titre les attentats de Paris non pas comme une explosion de dissidence musulmane de la banlieue, mais comme un «acte de guerre».

Deux jours plus tard, il a utilisé sa position de commandant en chef des forces armées de son pays pour lancer la plus grande frappe aérienne jamais menée dans l’opération Chammal, une campagne de bombardements anti-Daesh.

Des obus ont plu sur Raqqa, en Syrie, tuant environ 1 000 agents liés à Daesh et Dieu sait combien de civils impliqués.

C'est le prix de la guerre, et c'est exactement ce qui fait que la violence meurtrière continue de s'intensifier dans des pays allant de l'Afghanistan à la Libye. Comme nous l'avons vu le 13 novembre 2015, les auteurs d'une telle barbarie sont les produits d'un conflit cataclysmique et non de communautés musulmanes connues pour extrêmement pacifiques.

 

mardi 17 novembre 2020

Une aiguille dans une botte de foin, façon Louvre

Tout avait commencé par une notification émanant du Louvre. Il y était question d'un peintre français passé par l'Italie, avec une effigie de femme au premier plan, ce qui m'a immédiatement fait penser à deux figures féminines ornant le plafond de la Chapelle Sixtine. Et puis voilà que le Louvre supprime son tweet.

Enfer et damnation !, ai-je pensé. Le problème est que je ne me souvenais plus du tout du nom du peintre. Et alors ?, me dit une petite voix. Tu ne sais plus te servir d'un moteur de recherche ?

Et comment donc, que je sais me servir d'un moteur de recherche !

Petit retour en arrière. Je me trouve dans le CDI (autrefois on disait "bibliothèque") d'un assez important collège-lycée de la banlieue parisienne (2500 élèves), lorsque arrive une classe conduite par la prof d'arts plastiques. Au même moment, la dame du CDI placarde de grandes affiches estampillées "Louvre" ; sur l'une d'elle figure un portrait de femme noire. 

Les élèves et la prof se rassemblent autour de l'affiche en se demandant de qui pouvait bien être le tableau, la mention ne figurant nulle part sur l'affiche.

Cela dit, quand on connaît un peu le Louvre, on se doute bien que les personnages "exotiques" figurant en sujet principal, voire unique, d'un tableau de l'ère dite "classique", sont plutôt rares. Voilà qui m'a incité à m'installer derrière un des ordinateurs et de lancer un moteur de recherche, puis taper trois mots-clés.


Grand étonnement des élèves, voire visages ébahis : "Mais comment avez-vous fait ?".

Comment ? Mais c'est tout simple ! Voyez les trois mots-clés que j'ai tapés : Louvre - femme - noire.

La prof d'arts plastiques m'a lancé quelque chose comme un regard pas empreint d'une très grande bienveillance...

Cette fois-ci, étrange coïncidence, il était de nouveau question d'une image émanant du Louvre, et l'affaire me semblait bien plus compliquée.

Bien évidemment, il y avait ces similitudes avec les sibylles de Michel-Ange. Mais deux détails au moins avaient attiré mon attention : aux pieds du sujet féminin principal, un petit personnage masculin ailé faisant penser à Eros, mais surtout, à l'arrière du sujet principal, une masse noire qui devait être une aile. Je précise que je n'avais observé cette image que de manière fugace.

Qui dit personnages ailés dit "anges", ai-je d'abord pensé. Donc, Bible ?

"Ange ? Bible ?, quel rapport ?", me dit de nouveau la petite voix de tout à l'heure. Il existe des personnages ailés ailleurs que dans la Bible, non ? Et la Victoire de Samothrace alors ?

Ben, c'est vrai qu'elle est ailée, la Victoire de Samothrace !, qu'on peut voir au Louvre, au milieu d'un escalier monumental !

Donc, notre personnage féminin ailé n'était pas nécessairement une émanation biblique. Il n'empêche que je suis resté sur la ligne de départ : la référence au Michel-Ange de la Chapelle Sixtine. Et au bout d'une nuit de cogitation, dès mon réveil, je me suis rué sur un ordinateur et j'ai tapé de nouveau trois mots-clés et pas un mot de plus !

Et là, il a fallu jouer de la molette, je veux parler de celle de ma souris d'ordinateur, bien plus efficace et plus rapide que ces stupides pavés tactiles qu'on vous colle sur tous les ordinateurs portables. Et cela a quand même pris cinq bonnes minutes, jusqu'à ce que je tombe sur ça !

L'image recherchée était bien là. La flèche rouge, à droite, donne une idée de l'espace parcouru par le curseur.

Trois mots-clés donc : Louvre - peinture - religieuse. Comme il fallait s'y attendre, le moteur de recherche a opéré une sélection assez large, puisqu'on peut apercevoir sous l'image recherchée le fameux portrait de Mme Récamier par Jean-Louis David, dont on ne peut pas dire qu'il soit d'inspiration religieuse.

Nous avions, donc, retrouvé le fameux tableau du Louvre, œuvre de Simon Vouet (1590-1649). Je précise que cette recherche a été en partie affichée sur mon compte Twitter, sur lequel j'ai posté quelques éléments comme ce qui suit.

Il y avait bien un ange (de sexe féminin) au centre du tableau. Mais, surtout, la similitude avec les sibylles de Michel-Ange était criante : le travail sur les drapés, la texture des tissus, les couleurs vives, les reflets, le clair-obscur. Or, à partir du moment où j'avais jeté mon dévolu sur la référence à la Chapelle-Sixtine, l'inspiration religieuse me semblait incontournable, d'où les deux mots-clés accompagnant "Louvre".

Le tableau de Simon Vouet s'intitule "La Richesse". Alors, forcément, je suis allé inspecter la page correspondante sur le site du Louvre.

Source

Et voilà qu'en consultant ce descriptif estampillé "Louvre", je saute quasiment au plafond !

Mais comme vous êtes perspicace(s), vous avez compris pourquoi j'avais sauté au plafond !?

La suite (et fin) prochainement ici même, peut-être !

 

 

 

 

vendredi 13 novembre 2020

Le "séparatisme islamiste" pour les nuls, version Financial Times

 Le Financial Times publie tantôt un papier signé Olivier Roy et daté du 7 novembre 2020, mettant en cause, à son tour, la pertinence de cette invention baptisée (avec les guillemets de rigueur) "séparatisme" islamiste. Est-ce que, par hasard, cet Olivier Roy aurait lu mon propre papier paru ici même (3 novembre 2020) ? That is the question! Plus sérieusement, tout esprit censé et disposant d'un minimum de culture générale voit bien que ce concept de "séparatisme", ciblant la religion musulmane et elle seule, relève de la plus pure ineptie, ainsi que je l'exprimais ici même.

Sinon, je n'ai pas très bien compris la référence aux gilets jaunes. Pour le reste, ce papier m'a paru suffisamment intéressant pour justifier une traduction en français.

 

 Source

Début octobre, avant les meurtres terroristes d'un instituteur en dehors de Paris et de trois personnes dans une église de la ville de Nice, le président français, Emmanuel Macron, a lancé une campagne de répression du « séparatisme » islamiste en France. Il a annoncé alors des plans pour des contrôles stricts sur les associations religieuses et culturelles, et une interdiction de l'enseignement à domicile, sauf pour des raisons de santé.

Le gouvernement français présentera, début décembre, un projet de loi visant à « renforcer la laïcité », version typiquement française du sécularisme, et à « consolider les principes républicains ». Les propositions reposent sur deux thèses.

Premièrement, ce terrorisme djihadiste serait alimenté par la propagation de l’islamisme ou du « salafisme » dans les banlieues défavorisées de France et, deuxièmement, la manière de le combattre serait de promouvoir, voire d'imposer les « valeurs de la république ».

La première thèse est particulièrement importante car elle suppose que l'on cible tout particulièrement le « séparatisme » islamiste, et pas d'autres communautés religieuses ou mouvements séparatistes laïques, comme le nationalisme corse. Cela pourrait conduire à des décisions allant de l'interdiction aux États musulmans d'envoyer des imams en France, à l'interdiction aux médecins de fournir des certificats de virginité. Cela peut également exiger des services publics qu'ils signalent les « premiers signes de radicalisation » - généralement rien de plus qu'une démonstration de dévotion telle que la prière en public. En plus d’élargir la capacité de l’État à interdire les organisations jugées nuisibles à la République, M. Macron a appelé à une expansion des programmes existants de lutte contre la radicalisation.

Les propositions soulèvent deux questions clés. Quel est le lien entre l'islamisme et la violence terroriste ? Et quelles sont ces « valeurs républicaines » que l'exécutif veut protéger et renforcer ?

Mon enquête sur les responsables des précédents attentats terroristes sur le sol français montre, contrairement à l’opinion désormais dominante, qu’il ne s'agit pas de sujets radicalisés via une « incubation salafiste » dans les mosquées et les écoles religieuses des banlieues défavorisées de France. Au contraire, la plupart s'étaient radicalisés au sein de petits groupes d'amis et de parents, souvent dans un milieu caractérisé par la petite et moyenne délinquance. Ils utilisent Internet pour trouver des textes et de l'inspiration, et font peu voire pas de référence aux principes de la charia. La plupart d'entre eux vivaient à la marge de la communauté musulmane, pas en son centre.

Les mesures actuellement proposées auraient-elles pu empêcher l'un quelconque des attentats terroristes perpétrés en France depuis l'attentat du métro parisien en 1995 ? La réponse, me semble-t-il, est non.

La deuxième thèse qui sous-tend le projet de loi – à savoir que la réaffirmation des « valeurs de la république » est au cœur de la lutte contre l'islamisme - soulève deux autres questions. Quelles sont précisément ces valeurs ? Et que signifie le fait de les imposer à une société censée respecter la liberté d'opinion et de croyance ?

Il est vrai qu'il y a eu une croissance en France au cours des deux dernières décennies de ce que j'appelle le « néo-fondamentalisme ». J'entends par là la transformation des formes traditionnelles de l'islam en un système de normes explicites qui ont un impact sur la vie sociale, y compris le port du hijab, appelle à manger de la nourriture halal et à refuser de serrer la main des femmes.

Le néo-fondamentalisme a pris racine dans certaines des régions les plus défavorisées de France, alors même que les fractures sociales du pays se sont aggravées. Cela a également donné naissance à des mouvements de protestation non religieux, tels que les gilets jaunes. Mais quelle est l'alternative que les « valeurs républicaines » sont censées incarner ?

Ces valeurs n'ont pas été consignées dans la loi de 1905 qui a établi la séparation de l'Église et de l'État. Les valeurs de la République, à cette époque, étaient des valeurs chrétiennes conservatrices sécularisées - les femmes n'avaient pas le droit de vote et l'homosexualité était criminalisée.

Les valeurs républicaines auxquelles le président Macron fait référence sont clairement les valeurs libérales des années 1960 : égalité des sexes, liberté sexuelle, mixité, etc. Mais en quoi ces valeurs diffèrent-elles des valeurs des autres pays européens ?

Ce qui est spécifiquement français dans les valeurs que le président a choisi de défendre, c'est la laïcité, ou le sécularisme. Le projet de loi aurait pour effet de réduire l'affichage de la foi religieuse, et pas seulement de l'islam, dans la vie publique, souvent au détriment des valeurs très libérales - liberté de religion, de pensée et d'expression - qu'il est censé protéger.

Voir ces questions, comme le font certains critiques, à travers le prisme du racisme, n'a pas de sens. De nombreux musulmans laïques sont des partisans de la lutte pour les valeurs républicaines. À l'inverse, de nombreux catholiques conservateurs se sentent de plus en plus mal à l'aise avec les interprétations actuelles de la laïcité. Et si certains sont hostiles à l'islam, ils rejettent l'idée même de ce que M. Macron appelle le « droit au blasphème ». Le vrai problème ici est donc ce qui reste de la liberté religieuse dans notre république sécularisée.

 

 

mardi 3 novembre 2020

Islamisme, terrorisme, séparatisme islamiste. Retour sur une escroquerie

Voilà trois ans et demi que les Français ont élu leur dernier président de la République, lequel a très vite affiché une incroyable propension à livrer des discours pompeux et particulièrement médiocres, ainsi que j'ai pu le relever ailleurs.

Et un de ces discours, je veux dire un des plus mauvais, avait pour thème le "séparatisme islamiste".

Les Mureaux, près de Paris, 2 octobre 2020 (discours de 9800 mots, 60800 signes).

Extraits (avec mises en exergue suivies de commentaires).

 (...)  

Ce à quoi nous devons nous attaquer, c'est le séparatisme islamiste (1). C'est un projet conscient, théorisé, politico-religieux (2), qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République (3), qui se traduit souvent par la constitution d'une contre-société et dont les manifestations sont la déscolarisation des enfants (4), le développement de pratiques sportives, culturelles communautarisées (5) qui sont le prétexte pour l'enseignement de principes qui ne sont pas conformes aux lois de la République (6). C'est l'endoctrinement et par celui-ci, la négation de nos principes, l'égalité entre les femmes et les hommes (7), la dignité humaine.

(...)

Et il y a dans cet islamisme radical, puisque c'est le cœur du sujet (1b), abordons-le et nommons-le, une volonté revendiquée, affichée, une organisation méthodique pour contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle, ériger d'autres valeurs, développer une autre organisation de la société (8), séparatiste dans un premier temps, mais dont le but final est de prendre le contrôle, complet celui-ci (9). Et c'est ce qui fait qu'on en vient ainsi progressivement à rejeter la liberté d'expression, la liberté de conscience (10), le droit au blasphème (11). Qu'insidieusement, on conduit à se radicaliser. Près de 170 personnes, pour ne citer qu'un exemple, sont suivies pour radicalisation violente ici, dans les Yvelines (12). On vient parfois jusqu'à aller faire le djihad (13). Nous savons que nous avons 70 jeunes qui sont partis en Syrie (14), dans le département et qui sont souvent des enfants de la République suivant cette dérive, allant même jusqu'à passer à l'acte en tentant de verser le sang où parfois jusqu'au pire. C'est aussi cette voie dont nous avons encore vu les manifestations vendredi dernier, à proximité des locaux de Charlie Hebdo (15).

 (...)

L'islam est une religion qui vit une crise aujourd'hui (16), partout dans le monde. Nous ne le voyons pas que dans notre pays, c'est une crise profonde qui est liée à des tensions entre des fondamentalismes, des projets justement religieux et politiques qui, on le voit dans toutes les régions du monde, conduisent à un durcissement très fort, y compris dans des pays où l'islam est la religion majoritaire. Regardez notre amie, la Tunisie, pour ne citer que cet exemple. Il y a 30 ans, la situation était radicalement différente dans l'application de cette religion (17), la manière de la vivre et les tensions que nous vivons dans notre société sont présentes dans celle-ci qui est sans doute l'une des plus éduquées, développées de la région. Il y a donc, une crise de l'islam, partout qui est gangrené par ces formes radicales, par ces tentations radicales et par une aspiration à un djihad réinventé, qui est la destruction de l'autre. Le projet de califat territorial contre lequel nous avons lutté au Levant, contre lequel nous luttons au Sahel (18), mais partout, des formes plus ou moins insidieuses, les plus radicales. Cette crise nous touche par définition aussi. (...)

Je me contenterai de commenter les extraits affichés ci-dessus du discours des Mureaux.

(1) séparatisme islamiste. Inclusion, exclusion. Si l'on combat un séparatisme 'islamiste', cela veut-il dire qu'on ne combat que ce prétendu séparatisme-là, et pas les autres ? La France c'est bien le pays qui combat, depuis des décennies, des séparatismes en Bretagne, au pays basque, et surtout en Corse ! Il n'y aurait donc plus de problèmes de séparatisme à la frontière espagnole et en Corse ? En tout cas, ce sont les cagoulards du FLNC - Canal Historique qui ont dû bien rigoler !

(1b) dans cet islamisme radical, puisque c'est le cœur du sujet... Tout le monde comprend que nous sommes là devant un sérieux problème de sémantique ? Parce que si "judaïsme", "christianisme", "shintoïsme", "boudhisme", "taoïsme", "hindouisme", 'maoïsme", "paganisme", "confucianisme", "communisme", "soufisme", "chiisme", "marxisme", "libéralisme", sont recevables en leur qualité de courants de pensées, on ne comprendrait pas très bien en quoi "islamisme" serait entaché de péjoration ! Et ce serait déjà porter gravement atteinte à la liberté de pensée et d'expression que d'ériger l'islamisme au rang de doctrine susceptible de poursuites judiciaires ! 

Mais, du coup, si "islamisme" n'est pas plus péjorativement connoté que "judaïsme", "christianisme", voire "marxisme", pourquoi diable "islamiste" serait-il plus péjorativement connoté que "marxiste", par exemple ?

J'imagine que d'aucuns sont tout à fait conscients de la difficulté du problème, ce qui expliquerait probablement le rajout de l'épithète "radical".

Le problème ne serait, donc, pas lié à l'islamisme en tant que tel, mais à sa version radicale. Mais est-ce seulement le cas ?

D'abord, pourquoi l'épithète "radical", si usitée dans le milieu politique (Parti Radical, Radicaux de Gauche, Parti Radical Valoisien, etc.) deviendrait-elle sulfureuse tout d'un coup, dès lors qu'il s'agit d'islam ou d'islamisme ? 

Quant à l'association islamisme/radical, automatiquement sulfureuse aux yeux de certains, je ne suis pas sûr que tout le monde s'en contente. Je veux dire par-là que tous ceux et toutes celles qui usent si souvent du vocable "islamisme" - y compris sans l'épithète 'radical' - sont-ils absolument "raccord", à savoir pensent-ils, tous, qu'islamisme n'est pas plus péjoratif que judaïsme, par exemple ?

Nous nous promettons de nous livrer à une petite recherche et analyse sémiologique des discours qui ont actuellement cours dans le Landerneau politico-médiatique. (i)

(2) c'est un projet conscient, théorisé, politico-religieux. Ah bon ? L'auteur de ces mots a les noms de ces théoriciens politico-religieux ?

(3) des écarts répétés avec les valeurs de la République. Valeurs de la République ? Mais lesquelles ? Quelle option y aurait-il, à part le retour à la monarchie ? Mais que je sache, on a encore le droit d'être monarchiste en France ! Par ailleurs, la République a longtemps exécuté les criminels condamnés à mort en cour d'assises, avant d'abolir la peine capitale prononcée par des jurys d'assises (1981), tout en perpétuant les exécutions extra-judiciaires de simples suspects depuis (Kouachi et Kouachi, Merah, Coulibaly, etc.) ! Dans ce domaine, ce serait donc  quoi "les valeurs de la République" : on ne condamne plus à mort en cour d'assises, mais on continue d'exécuter des suspects non encore condamnés ? Et ce principe figure dans quel code législatif ? Par ailleurs, en quoi un pays ayant abrogé le principe de la condamnation à mort des criminels par des cours d'assises serait-il plus ou moins "républicain" qu'un autre pays perpétuant cette pratique ?

(4) constitution d'une contre-société et dont les manifestations sont la déscolarisation des enfants. Contre-société ? Parce qu'autrefois, voire maintenant, tout était/est pareil partout ? La France serait-elle une sorte de monolithe politique et social ? Prenons la déscolarisation des enfants : doit-on rappeler au "monarque élu" que c'est l'instruction qui est obligatoire, pas la présence des enfants à l'école ?

(5) pratiques sportives, culturelles communautarisées. Faut-il comprendre que "communauté" serait devenu un gros mot ? Qu'est-ce que c'est que ce participe passé ? Tous les citoyens français pratiqueraient-ils le golf, le polo, le ski, la voile, la chasse à courre ? Tout le monde va-t-il à l'opéra ? Est-ce que certaines activités (golf, polo, opéra, chasse à courre, danse classique...) ne seraient pas réservées à des catégories sociales particulièrement favorisées ? 


Revenons sur ces "pratiques culturelles communautarisées". Le "monarque élu" connaît-il, par exemple, la cérémonie hindouiste du marcher sur des charbons ardents, chère à des communautés d'origine indienne de la Réunion ?

Veut-t-il faire interdire la corrida, les combats de coq aux Antilles, les manifestations folkloriques, forcément communautarisées, qui fourmillent aux quatre coins de la France, ainsi que les dialectes et patois pratiqués et compris par les seuls indigènes ? Va-t-on, bientôt, devoir interdire aux Alsaciens, Bretons, Réunionnais, Corses, Antillais... de parler leur langue régionale en public, comme ce fut longtemps le cas ? Mais peut-être va-t-on aussi interdire les célébrations maçonniques, avec ces accoutrements et ces rites un peu bizarres !

(6) enseignement de principes qui ne sont pas conformes aux lois de la République. On a eu, plus haut, les "valeurs de la République". Là, ce sont les "lois de la République". Ça veut dire quoi exactement ? Que ces principes sont illégaux ? Lesquels ? Et relevant de la seule sphère islamiste ? Et si c'était le cas, qu'attend la puissance publique pour y mettre fin ?

(7) négation de nos principes, l'égalité entre les femmes et les hommes. Ah bon ? Ça fait partie de "nos" principes ? Cela voudrait-il dire, par exemple, qu'il y a autant de femmes que d'hommes dans les assemblées françaises ? Que les grandes entreprises françaises compteraient autant de PDG hommes que femmes ? Que les salaires des femmes seraient absolument identiques à ceux des hommes pour un même statut ? Serait-on en train de réclamer des présumés "séparatistes islamistes" un code de bonne conduite en matière d'égalité des sexes inexistant dans le reste de la société, à commencer par les partis politiques eux-mêmes ?

(8) créer un ordre parallèle, ériger d'autres valeurs, développer une autre organisation de la société. Ah bon ? Sauf que, là, on a l'impression que l'orateur tourne en rond !

(9) séparatiste dans un premier temps, mais dont le but final est de prendre le contrôle, complet celui-ci. Ça c'est nouveau ! Avec la furieuse impression d'une contradiction, voire d'une incohérence. Au fond, ce serait quoi, le problème ? Du séparatisme ou son inverse ? Et lesdits séparatistes, qui ne le seraient plus, voudraient prendre le contrôle, mais de quoi ?

(10) c'est ce qui fait qu'on en vient ainsi progressivement à rejeter la liberté d'expression, la liberté de conscience. Ah bon ? Et ce serait qui ce "on" ? Par ailleurs, n'aurait-il pas mieux valu inverser les propositions, la (liberté de) conscience venant avant (la liberté de) l'expression de cette dernière ?

(11) le droit au blasphème. Blasphème ? Un terme d'essence religieuse ? Mais que vient-il faire dans la bouche d'un président de la République ? Le terme "blasphemia" relevant d'une traduction grecque de la Bible hébraïque, comment une république prétendue laïque, donc n'ayant aucune connexion avec les religions, peut-elle reprendre à son compte un terme qui n'a de sens qu'au sein de la sphère religieuse, à l'instar d'autres concepts comme "ange", "diable", "péché" ou "miracle" ?

(12) près de 170 personnes, pour ne citer qu'un exemple, sont suivies pour radicalisation violente ici, dans les Yvelines. Cent soixante-dix ? C'est tout ? Et ces personnes ont été condamnées ? Dans la négative, comment un président de la République peut-il formuler de telles allégations, par ailleurs attentatoires à la présomption d'innocence ?

(13) on vient parfois jusqu'à aller faire le djihad. Ah bon ? "Djihad", terme tiré de l'arabe, et dont l'intéressé s'est bien gardé de livrer la signification précise ! Quant à la syntaxe "on vient... jusqu'à aller...", on nous permettra de la trouver plus qu'alambiquée, étrange, suspecte !

(14) nous savons que nous avons 70 jeunes qui sont partis en Syrie. Soixante-dix jeunes partis en Syrie ? Là où François Hollande et Le Drian, son ministre de la guerre, ont envoyé des armes de guerre destinées à soutenir des rebelles dits modérés ? (source)

(15) manifestations vendredi dernier, à proximité des locaux de Charlie Hebdo. Il nous avait semblé que les "manifestations" à proximité des locaux de Charlie Hebdo étaient en fait une tentative d'y mettre le feu de la part d'un ressortissant pakistanais.

(16) l'islam est une religion qui vit une crise aujourd'hui. Ah bon ? L'Islam et seulement l'Islam ? Sinon, l'auteur de ce discours a-t-il jamais entendu parler de l'Hégire ? Ou de la scission qui a conduit à l'émergence du chiisme, pour n'évoquer que ces deux crises de l'Islam ? 

Par parenthèse, les deux principales obédiences de l'Islam sont le Sunnisme et le Chiisme. Bizarrement, il n'est jamais question que de l'ISLAM, comme si TOUS les musulmans étaient concernés par le désordre ambiant, alors que les problèmes, s'ils existent, émanent à 99,99%, de SUNNITES !

Et dire qu'il suffirait de remplacer "islamiste" par "sunnite" !

(17) notre amie, la Tunisie, pour ne citer que cet exemple. Il y a 30 ans, la situation était radicalement différente dans l'application de cette religion. Il est vrai que la Tunisie a connu quelques attentats violents et meurtriers. Il nous avait semblé que les problèmes récents de la Tunisie étaient liés à une transition démocratique laborieuse consécutive à la fin de la dictature de Ben Ali !

(18) le projet de califat territorial contre lequel nous avons lutté au Levant, contre lequel nous luttons au Sahel. "Nous avons lutté ?" Faut-il en déduire que "nous ne luttons  plus" ? Quant au Sahel, l'auteur de ces paroles veut-il nous faire ignorer le coup de pouce apporté par l'OTAN à AQMI en Afrique du Nord durant l'agression perpétrée contre la Libye en 2011 ?

Source 
En bon français : "comment les armes fournies aux marionnettes libyennes baptisées "révolutionnaires" par la coalition criminelle formée autour de l'Otan et de pétromonarchies arabes ont afflué en Syrie.".

Se servir de soi-disant "djihadistes" comme de marionnettes, façon cheval de Troie, pour interférer durablement dans les affaires du Proche-Moyen-Orient, telle était la stratégie des États-Unis et de leurs laquais regroupés dans le cadre de l'OTAN, stratégie que plus grand monde ne conteste !

Voyez les déclarations du candidat républicain lors de la campagne présidentielle de 2016 : Obama et Clinton ont une responsabilité dans la création de l'État dit islamique.

Source

Voyez les déclarations de la députée Tulsi-Gabbard, de la Chambre américaine des Représentants :
Source
"We have spent trillions of dollars on regime change wars in the Middle East while communities like Hawaiʻi face a severe lack of affordable housing, aging infrastructure, the need to invest in education, health care, and so much more." 
"Nous avons dépensé des milliards de dollars dans des guerres visant à des changements de régime au Moyen-Orient, alors que des communautés comme Hawaiʻi sont confrontées à une grave pénurie de logements abordables, à des infrastructures vieillissantes, à la nécessité d'investir dans l'éducation, les soins médicaux et bien d'autres choses encore". 

Et que dire de cette déclaration tonitruante de Julian Assange (Clinton et Daesh financés par l'Arabie Saoudite et le Qatar) ?

Source
Source
 

Le financement du terrorisme et les Clinton. Il faut croire que cette dernière savait ce que d'autres savaient, puisqu'en 2016, en marge de la campagne électorale, elle a publié des mémoires dans lesquelles, à titre préventif, elle fait une déclaration commençant par ces mots : "We have funded ..." ; "nous (Occidentaux) avons financé des gens que, plus tard, nous avons dû combattre dès lors qu'ils étaient devenus nos pires ennemis."

Technique classique de l'impérialisme moderne : se fabriquer des ennemis, en les sponsorisant dans un premier temps (cf. les missiles Stinger fournis aux Taliban dans leur lutte contre les Soviétiques en Afghanistan), pour ensuite leur faire la guerre, le tout au plus grand profit du lobby militaro-industriel, lequel s'est copieusement enrichi durant les guerres de Corée, du Vietnam, puis en Afghanistan, Irak, Libye...

La machine militaro-industrielle parrainée par l'OTAN a besoin de guerres pour justifier le maintien de ses énormes budgets. Autrefois, il y avait l'Union Soviétique et le Pacte de Varsovie qui servaient d'épouvantails. Sauf que, par la "faute" de Gorbatchev, le bloc soviétique a disparu. L'OTAN aurait dû disparaître elle aussi au début des années 1990. Mais l'OTAN est toujours là, sans la moindre justification. Du coup, il fallait dare-dare s'inventer de nouveaux ennemis. Les "djihadistes" allaient pouvoir combler cette lacune. Voilà qui vous explique pourquoi cette pseudo-croisade contre le terrorisme n'a commencé qu'après la dissolution du bloc communiste.

Il faut vraiment prendre les gens pour des cons pour continuer de nous faire croire que l'on lutte contre je ne sais quel califat au Levant, alors même que ce sont les États-Unis et leur bras armé : l'organisation criminelle baptisée OTAN, composée de laquais au sein desquels la France figure en très bonne place, qui ont installé durablement AQMI en Afrique du Nord en 2011, afin d'y créer un désordre permanent susceptible de justifier des interventions militaires tout aussi permanentes de la part des pompiers-pyromanes évoqués plus haut.

Et comme démonstration spectaculaire de tout ce qui précède, voilà que les missiles gracieusement fournis par les Américains à leurs marionnettes afghanes se retournent contre les envoyeurs, façon boomerang !

Source

En Afghanistan même, les populations semblent ne plus se faire d'illusions sur le rôle nocif des occupants occidentaux (source).
 
On résume ? 

Le soi-disant djihadisme que d'aucuns prétendent combattre, en envahissant plein d'autres pays, y compris moyennant la violation des règles du droit international (voyez les Américains et leurs laquais en Syrie-Irak !) est apparu après l'effondrement du bloc soviétique, lequel effondrement aurait dû se traduire par la dissolution concomitante de l'alter ego occidental : l'OTAN. Or, quoi de mieux que l'invention d'un nouveau péril planétaire pour remplacer l'URSS et justifier la pérennité de cette organisation criminelle qu'est l'OTAN ?

Nos soi-disant "islamistes", "séparatistes", "djihadistes"..., tous sunnites (comme preuve que les sponsors du terrorisme international ne sont pas en Iran !) ne sont que des pions, des faire-valoir, des marionnettes, de la chair à canon. Et comme ils sont stupides et exaltés, ces neuneus ne voient même pas qu'ils sont manipulés à distance. Mais peut-être le savent-ils, en tout cas leurs chefs, qui doivent avoir des comptes en banque bien obèses.

Les soi-disant djihadistes ne sont que les alliés objectifs (= exécuteurs des basses œuvres ; cf. Bin Laden et la CIA)  de la clique impérialiste regroupée au sein de l'OTAN ; il suffit, pour s'en convaincre, de voir quels pays (arabes) sont expressément ciblés par ce pseudo-djihad ! (ii)

Autant dire que la logorrhée autour du péril islamiste n'est que du bla-bla juste bon pour endormir les gogos.

À l'instar de ce que l'on retrouve partout où il y a des richesses à piller (Congo, Soudan, Sahel, Levant...), en République Centrafricaine, c'est le bois qui intéresse les prédateurs... occidentaux, qui financent les milices dans une pseudo-guerre entre chrétiens et musulmans.


(i) Ma conviction est qu'aucune loi ne sera votée par le Parlement français et soumise au Conseil Constitutionnel, ciblant expressément une communauté ou un groupe religieux. Question d'égalité des citoyens devant la loi. Par conséquent, il n'y a aucune chance qu'une formule du type "séparatisme islamique ou islamiste" figure dans quelque loi que ce soit dans ce qui est encore la République française ! Alors, pourquoi ce mauvais discours ? Il faudra penser à poser la question à l'intéressé !

Cela dit, il existe au moins une loi française - et particulièrement scélérate ! - ayant échappé à la sagacité des Sages du Conseil Constitutionnel : la fameuse loi sur les signes de... religieuse de 2004. Pourquoi loi scélérate ? Parce que qu'elle fait des chefs d'établissements scolaires des experts en matière de reconnaissance de signes relevant de religions qui leur sont, en principe, étrangères. En effet, un quidam d'une religion donnée, voire sans religion, ne peut pas s'ériger en expert de signes religieux auxquels il ne connaît rien. Or c'est pourtant ce qu'institue la  fameuse loi de 2004 ! Un joli tour de passe-passe a eu lieu lors du vote de la loi, qui a vu la droite au pouvoir proposer un amendement de dernière minute au parti socialiste en échange de la non-saisine du Conseil Constitutionnel. Une loi scélérate, donc, concoctée par des gredins et votée par des poules mouillées.

(ii) Libye, Syrie, Irak, des États laïcs. Pendant ce temps, des pétro-monarchies ultra-corrompues continuent de se la couler douce, protégées qu'elles sont par une myriade de bases de l'OTAN. On a vu le cimentier français Lafarge amasser du blé en Irak-Syrie avec la complicité des marionnettes de Daesh. On voit aujourd'hui les Américains et leurs laquais de l'OTAN occupés à piller le pétrole syrien, auquel ils ont pu accéder grâce à leurs marionnettes soi-disant djihadistes, le tout en violation flagrante des règles du droit international.

Les Africains ont compris depuis longtemps qu'une petite insurrection régionale comme Boko Haram n'avait pas les moyens (dans quel intérêt ?) d'ouvrir autant de fronts simultanés sur des milliers de kilomètres (Nigeria, Tchad, Niger, Cameroun...), enlevant des centaines d'écolières dans ce qui a dû être une noria de camions et sans que le moindre satellite espion ne parvienne à les localiser, échappant aux embuscades gouvernementales, dont ils connaissent les positions, qui leur sont communiquées par qui ?

Printemps 2011 à Bamako, quelques semaines avant l'agression de l'OTAN en Libye. Des heures durant, une gigantesque manifestation a traversé la ville, les maliens étant parfaitement conscients de ce qui se tramait. La suite leur a donné raison. Il reste au peuple malien - et à d'autres, en Afrique - à fournir encore un petit effort, en virant de leurs pays les pompiers-pyromanes qui les ont plongés dans la merde actuelle dans le seul et unique but de les maintenir sous domination coloniale perpétuelle.


Lectures :  01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06

 

Nota bene : pour ceux qui lisent l'anglais, voir le lien n°6 ci-dessus. Article rédigé après de récents attentats en France et en Autriche (octobre-novembre 2020). Il y est question d'un effet boomerang, avec des marionnettes de l'OTAN (dont l'Autriche ne fait pourtant pas partie)  se retournant contre leurs anciens manipulateurs, version moderne des aventures du Docteur Frankenstein !

Extrait : 

British Prime Minister Margaret Thatcher started financing the Afghan Mujahedeen and "Islamic resistance" to fight against the USSR in the early 1980s, Vereycken recollects, referring to top secret UK documents declassified in December 2010. The documents demonstrated that London and Washington were actively providing military aid to the Mujahedeen during the USSR's military campaign in Afghanistan. The countries encouraged a continued guerrilla resistance to "make it costly for the Soviet Union" and kept the Islamic world stirred up over the Soviet Afghan operation. 

  

Extrait du forum :

Who are we kidding. These muslim organisations trives on money and weapons coming from Nato countries , Saudi Arabia and it's satellites. Muslim brotherhood moved from Cairo to Ankara where Erdogan is a top figure. Every secret service in the world knows that and yet nothing is done to correct it. When a Yemenite is litteraly bombed to the stone age, who do you think he blames ? only Saudi Arabia ? Nope he blames the countries that supply the bombs and the hardware. When you sow death, you should expect harvesting death. Saudis among other should be held accountable along with NATO alliance. The US should keep it's military might away from war theaters and especially not start a war it's incapable of finishing. 20 years later at the cost of 6 trillion dollars, Afghanistan is still in turmoil. Nothing changed. Assad is still in power after god knows how many trillions spent, not to mention an unlawful presence in Syria. That money could have been spent more wisely in American industry and health care, jobs social security. . Build new roads, repair those in bad shape, build bridges, anticipate catastrophies, like bad weather, pandemics and such. You don't have to be a genious to see it. Once, everybody looked up at the US as being the beacon of hope and of future. Nowadays they look at the US as being warmongers and bullies. It's a shame.