jeudi 15 juillet 2010

Petit courrier...




Le document qui suit a été transmis à Patrick de Carolis, (encore) président de France-Télévision.


Monsieur le Président,


Je vais commencer par une parenthèse : j'espère simplement que l'émission "Des racines et des ailes" sera encore à l'antenne du service public (la chaîne importe peu !) au cours des années à venir, tout comme j'aimerais la voir éditée intégralement en DVD, Blue Ray, etc. Fin de la parenthèse.

J'en viens à mon sujet : Télérama passe pour un journal assez ch..., et j'avoue qu'il y a des jours où je trouve certaines rubriques assez ch..., mais je me souviens fort bien de "La semaine radio-télé" et des appréciations de je ne sais quel office catholique en marge des critiques de films ! C'était Télérama première manière, journal catholique assez chiant, donc, mais il se trouve que c'est, de tous les magazines de télévision (+ radio), celui que je lis le plus fréquemment, notamment à cause de formidables suppléments culturels, comme la récente série sur la Comédie Française.

Et ne voilà-t-il pas que, dans le Télérama n° 3151, du 12 juin 2010, je tombe sur une interview de Dominique Baudis, relatant le "making of" de la nomination du président de France Télévision, telle qu'elle est intervenue en 2005.



Télérama : Est-il vrai qu'en 2005, le gouvernement soit intervenu pour tenter de faire élire Marc Tessier à la tête de France Télévision ?

Dominique Baudis : Oui. Marc Tessier était candidat à sa succession face à trois autres personnalités, dont Patrick de Carolis. Dans les semaines qui ont précédé l'élection, les membres du CSA ont été approchés par des gens qui leur délivraient tous - je dis bien tous - le même message : Marc Tessier est le seul candidat capable de diriger les chaînes publiques ; il n'y a pas d'autre choix possible.

Télérama : Bernadette Chirac, avec qui Patrick de Carolis avait écrit un livre à succès - Conversation -, s'est-elle manifestée en sa faveur ?

D. Baudis : Elle n'a jamais appelé. Ni sa fille, Claude, qui soutenait Marc Tessier, ou son mari, qui est resté à l'écart de cette nomination. Patrick de Carolis ne disposait d'aucun appui dans l'appareil d'Etat. Mme Chirac est juste intervenue quand les soutiens de Marc Tessier se sont manifestés de façon trop voyante : "On ne s'occupe pas de cette histoire. On laisse le CSA faire son travail."

Fin de citation.

Une bombe ! Et là, j'avoue que je suis tombé de ma chaise, notamment en constatant le silence radio qui a suivi cette interview.

Parce que j'ai encore dans l'oreille la multitude de déclarations qui ont suivi cette nomination, et selon lesquelles De Carolis ne devrait son poste qu'à Madame Chirac (et à Monsieur, par voie de conséquence), et patati et patata. Et j'avoue qu'à l'époque, j'avais trouvé cette version tout à fait plausible. Et voilà que Baudis met les pieds dans le plat et rétablit la vérité, et qu'est-ce que j'entends ? Rien !!! Rien de rien !!!

Non mais sans blague ! Parce que, dans le même temps, on continue (les Alain Duhamel, Jean-Jacques Bourdin et autres Jean-Michel Aphatie...) de nous bassiner à coups de "Bien sûr, le président va maintenant désigner directement le chef de France Télévision, mais ça met fin à une belle hypocrisie..., parce qu'avant, le CSA ne faisait qu'exécuter les souhaits du pouvoir politique..."

Nous savons maintenant, qu'à au moins une occasion (2005), le président de France Télévision a été nommé contre les voeux du pouvoir politique en place.

Remercions Dominique Baudis ainsi que Télérama d'avoir contribué à éclairer notre lanterne et plaignons tous ces bonimenteurs de s'être gardés de battre publiquement leur coulpe, toute honte bue !

Il paraît qu'une certaine presse perd en crédibilité. S'il n'y avait que ça !

Il se trouve que je suis né dans une république bananière, ou plutôt, pétrolière, aurifère, uranifère..., et j'avoue que, par les temps qui courent, s'il y a un pays occidental qui me rappelle furieusement le climat régnant dans une république bananière, c'est la France.

Pauvre France !