lundi 26 septembre 2011

Quand la presse "ancienne manière" se déshonore en Libye : l'exemple du petit quotidien français "Libération"

Dans la rubrique "Et si Goebbels et MacLuhan avaient connu l'Internet ?"


À propos des quatre âges des média (un médium, des média):

  • 1er âge : radio trottoir, le tam-tam africain et le téléphone arabe ;
  • 2ème âge : la presse écrite, née en Europe grâce à Gutenberg et popularisée au 19ème siècle ;
  • 3ème âge : radio et télévision, nées au 20ème siècle ;
  • 4ème âge : le médium par excellence du 21ème siècle : l'Internet et l'avènement de la démocratie directe.

Pour l'essentiel, presse écrite, radio et télévision sont donc de vieux média inventés au cours des siècles derniers ; c'est dire le retard à l'allumage face à un outil aussi performant que l'Internet, notamment en matière de propagande.

Prenez ce petit quotidien français qu'est Libération, créé sous l'égide de Jean-Paul Sartre (pauvre Sartre !) et souvent mis sous perfusion financière. Combien d'acheteurs quotidiens ? Je doute qu'ils atteignent les 300.000 ! 

Mais il faut croire que Libération a décidé de perdre les derniers lecteurs qui lui restaient !

Pour ma part, je me suis offert un exemplaire de ce journal, le premier que j'achète en près de six mois (!) - moi qui n'achète quasiment plus aucun journal ! -, par pure curiosité, et j'y ai déniché ce papier sur Sebha, signé Luc Mathieu. Il y est question  - comme dans 98 % de ce qu'on appelle, stupidemement et à tort, la presse "main stream", dès lors qu'elle n'a plus rien de "main" - d'une victoire des rebelles, je veux dire des "révolutionnaires" du CNT.

Ai-je besoin de vous dire que j'ai trouvé cet article affligeant,  stupide et mensonger, comme rédigé par un émule de Goebbels ? Et pour vous en convaincre, j'ai choisi d'en faire une petite analyse, comme on le faisait autrefois à l'école. Les chiffres entre parenthèses sont de mon fait et appellent des commentaires, que je livrerai plus tard.

Ce papier aurait pu être rédigé par des officiers traitants chargés de la propagande près de l'OTAN. Mais peut-être l'a-t-il été effectivement, Luc Mathieu n'étant que le pseudonyme d'un agent des services spéciaux...! À titre de comparaison, je livre ci-dessous une traduction de la situation à Sebha telle que rapportée par une source installée en Libye.

Donc, commentaires à suivre... À titre préliminaire, je vous invite à bien lire le texte de monsieur Mathieu, et à dénombrer les occurrences du mot "OTAN" (Organisation 'militaire' du Traité de l'Atlantique Nord)!


Sebha, prise précieuse pour la rébellion

LIBYE Cette conquête (1) dans le sud du pays libère des forces pour arracher les derniers bastions kadhafistes (2).

La bataille de Sebha aura finalement duré moins d'une semaine (3). Alors que les rebelles ne parviennent toujours pas à prendre les bastions kadhafistes de Bani Walid et de Syrte, ils se sont emparés hier (4), sans difficulté, de la grande ville du sud libyen, à 700 kilomètres de la capitale Tripoli. "Nous contrôlons la totalité de Sebha. Tout le monde, y compris ceux qui supportaient Kadhafi, a rejoint la révolution", a déclaré Abdelmajid Seif Ennasr, représentant du Conseil national de transition (CNT) (5). Selon lui, seuls "quelques individus, ici et là, refusent de se rendre. Les révolutionnaires (6) tiennent désormais le centre ville (7), après s'être emparés, mardi, de l'aéroport et de la principale caserne de la région. D'après Mohamed Wardugu (8), porte-parole des forces rebelles à Sebha, 150 soldats loyalistes ont été capturés. Environ 300 mercenaires auraient réussi à s'enfuir.

Refuge. Cette victoire (9) revêt avant tout un intérêt stratégique : perdue au milieu du désert (10), la ville est le principal point de passage pour accéder aux zones frontalières du Niger. C'est par là que, dernièrement, sont passés les dignitaires du régime, dont Saadi, l'un des fils de Muammar al-Kadhafi, pour rejoindre Niamey, la capitale nigérienne.

Ville symbolique du pouvoir libyen - Kadhafi y avait lancé en 1977 la Jamahiriya, l'"état (11) des masses"-, Sebha aurait aussi servi de refuge pour des responsables chassés de la capitale. "Nous avons des informations sûres selon lesquelles Abdallah al-Senoussi [ancien chef des services secrets, aujourd'hui visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, ndlr] se cache dans la région. Il y a organisé très récemment des funérailles pour sa mère", expliquait, il y a une semaine à Tripoli, le "colonel" Bashir el-Hadi Awidat, chef de la katiba ("brigade") de Sebha. Des sources rebelles affirment aussi que Kadhafi se trouverait dans les zones désertiques au sud de la ville. Sur le plan économique, la prise de Sebha donne aux rebelles (12) le contrôle de larges champs pétrolifères (représentant 15 % des réserves libyennes) et d'importantes nappes phréatiques permettant de sécuriser l'approvisionnement en eau du pays.

Snipers. Surtout, au niveau militaire, les révolutionnaires peuvent désormais concentrer leurs forces sur les deux derniers principaux bastions kadhafistes (13). Bani Walid, à 180 kilomètres au sud de Tripoli, continuait, hier, de résister. Les rebelles y restent désorganisés, les combattants originaires de la ville réclamant de mener seuls les assauts tandis que le CNT tente une solution négociée. Syrte, où des snipers bloquent les tentatives d'avancée, à 450 kilomètres de la capitale, résiste également toujours aux (14) révolutionnaires. Au moins 45 combattants y ont été tués et plus de 200 blessés depuis jeudi dernier.

LUC MATHIEU



Sebha, telle que décrite sur le site leonorenlibia (26 septembre 2011)

Actuellement, Sabha est devenue une ville fantôme car quand l’OTAN a commencé à lancer des missiles sur la ville, suivis par les hélicoptères, la plupart des gens sont partis vers d'autres lieux où ils avaient de la famille et où ils pouvaient se réfugier. En ce moment, il n’y a à Sabha ni femmes ni enfants.

Les rebelles armés venus de Tripoli et du Nord sont arrivés à Sabha protégés par les bombardements de l'Otan, mais la plupart sont déjà retournés à Tripoli et ils ont déclaré ne plus vouloir redescendre dans le sud.

On voit des véhicules incendiés, des cadavres. Mais maintenant, dans la journée, les choses sont apparemment calmes ; quelques magasins sont ouverts, avec certains aliments de base comme le lait, l'eau en bouteille, du savon. 

On voit beaucoup de drapeaux tricolores dans certains secteurs et des drapeaux verts dans d'autres.

L'OTAN a bombardé toutes les entreprises et usines de Sebha, tous les édifices gouvernementaux, les universités et les collèges, par exemple l’usine de plastique ou le grand garage automobile.

Ils ont bombardé des zones d’habitation. Ces zones deviennent très dangereuses et du coup, les gens les désertent.

Ils ont tout volé, même le matériel de l’entreprise Caterpillar. Ils sont allés jusqu’à dérober les choses les plus étonnantes comme le camion des pompiers dont ils ont refait la peinture et sont partis avec. 

Ils entrent dans les hôtels  et volent et détruisent tout à l'intérieur.

Ils sont entrés dans la demeure du leader libyen et de sa famille et l’ont vidée.

Le gouvernement a installé des fermes sur des terres arrachées au désert où l’on produit des légumes et de la viande que la population peut se procurer à un prix modique. Ils sont entrés dans les fermes du gouvernement et ont dérobé des véhicules, des machines, des pompes à eau. Même les animaux ont été tués et ils ont vendu la viande aux habitants.

Ils ont volé des appareils d’arrosage particulièrement sophitiqués et comme preuve de leur perversion extrême, ils ont incendié les semences destinées à l'agriculture. 

Ils sont entrés dans le bureau des passeports et ont brûlé toutes les archives au point que l’on ne pourrait pas dire aujourd’hui qui est libyen ou non.

Ils ont mis le feu aux bureaux de la police où l’on archivait les cartes grises de manière à ce qu’il n’y ait aucune trace de la propriété des véhicules volés.

On avait entrepris de construire à Sabha un nouveau quartier destiné aux grandes entreprises et à leurs machines et productions, comme les toilettes, les planchers, les robinets et ainsi de suite. Il y avait tout particulièrement une société indienne qui avait entrepris la construction de 6000 maisons qu’elle avait presque terminées. Du matériel avait été entreposé dans des réserves et tout a été volé.

Ils ont mis en place une mafia du vol. C'est une mafia soutenue par quelques traîtres de Sabha même.

Toutes ces informations, directement fournies par des témoins oculaires, nous laissent à penser qu'il y a un plan clair visant à la destruction totale du pays.

Depuis les airs, l’organisation armée qu’est l’OTAN bombarde tous les bâtiments qui peuvent être des usines, des antennes de communication, des postes de haute tension et ainsi de suite. Et au sol, ils volent, tuent et détruisent.

S'il y avait un seul moyen de communication pour témoigner de la vérité sur ce qui se passe ici, le monde saurait qu’on est en train de dévaster un pays et d’y réaliser un véritable génocide.

Les rebelles arrivent dans les villes et tandis qu'ils volent, tuent et que les bombes détruisent, ils s’en vont en disant aux gens qu'ils leur apportent la liberté, qu’ils leur donneront beaucoup d'argent, qu'il y aura de la liberté pour la presse et ainsi de suite. Et pendant qu’ils racontent cela, ils tuent, coupent tous les moyens de communication pour que les gens ne puissent pas témoigner ni communiquer entre eux. Inutile d’évoquer la moindre contradiction entre les paroles et les actes. Les Libyens voient bien ce qui se passe et ont comme exemple la ville de Benghazi qui, depuis des mois, s’est transformée en ville fantôme.

Ils parlent de liberté mais ne font que tuer, menacer ou enfermer.

Ils parlent de démocratie et volent, tuent tous ceux qui soutiennent le gouvernement de Libye. Où est le respect pour les idées et pour l'opposition ? 


Commentaires : entre nous, la simple juxtaposition des papiers de Luc Mathieu et de Leonor se passe presque de commentaires, non ? Et comme avec la presse écrite, nous avons affaire à un médium plutôt lourdingue, et gageons que M. Mathieu aurait le plus grand mal à ré-écrire le même papier deux jours plus tard quand on sait que les tribus touareg sont en train de s'organiser à partir de tout le Sahara (Mali, Niger, Algérie, etc.) pour prêter main forte aux frères libyens. Ce qui va justifier les observations qui suivent :

(01) cette conquête : quelle conquête ? Les harkis de Benghazi ont-il seulement conquis une seule ville en Libye ? 

(02) les derniers bastions kadhafistes : visiblement, notre écrivailleur aimerait nous faire croire que le CNT contrôlerait l'ensemble du territoire libyen, un territoire grand comme trois fois l'Afghanistan, alors que les Américains et leurs supplétifs en Afghanistan ont le plus grand mal à venir à bout des Talibans ! Vous n'êtes pas morts de rire en lisant de telles conneries ?

(03) la bataille de Sebha aura finalement duré moins d'une semaine : un journaliste honnête aurait précisé que les bombardements de la coalition des envahisseurs ont duré autour d'une semaine !

(04) ils se sont emparés hier, sans difficulté : sans commentaires !

(05) Nous contrôlons la totalité de Sebha : juste risible ! Vous aurez quand même remarqué que l'essentiel de l'information provient des harkis du CNT, dont le "journaliste" se contente d'être le porte-parole !

(06) les révolutionnaires : ah ! Ce serait donc une "révolution" !

(07) tiennent désormais le centre ville : comme à l'item (05) : ce sont eux qui le disent ! Mais voyez ce même item 05, où il est question du contrôle de la totalité de la ville !

(08) d'après Mohamed Wardugu, porte-parole des forces rebelles à Sebha, 150 soldats loyalistes (…) capturés... Le journaliste porte-parole du CNT n'a visiblement pas cherché à vérifier que des soldats "loyalistes" aient bien été faits prisonniers, et non pas simplement exécutés. M. Mathieu n'est pas curieux, à moins qu'il ait écrit son papier sans aller sur place !

(09) cette victoire revêt avant tout un intérêt stratégique. Pour la "victoire", nous savons qu'il n'en est rien. Quant à la stratégie, voyez l'item suivant.

(10) perdue au milieu du désert : justement, étrange stratégie de la coalition occidentale que d'amener ses harkis ici, si loin de leurs bases, sans ravitaillement ni soutien logistique, en pleine terre bédouine, où les tribus du coin n'auraient aucun mal à les encercler. Rappelons que les harkis de Benghazi sont des citadins, pas des gens du désert.

(11) la Jamahiriya, l'"état des masses" : il semble bien qu'il eût fallu écrire ici : État et non pas état !

(12) la prise de Sebha donne aux rebelles le contrôle de larges champs pétrolifères… d'importantes nappes phréatiques : la prise de Sebha... Ça se passe presque de commentaires ! Quant aux champs pétrolifères et aux nappes phréatiques, tout le monde sait qu'ils se trouvent en terres tribales, ce que M. Mathieu ne doit pas trop bien comprendre.

(13) les deux derniers principaux bastions kadhafistes : ça s'appelle une redondance (voir item 02) ; autant dire qu'on tourne en rond !

(14) résiste également toujours aux révolutionnaires : revoilà la dénomination "révolutionnaires", alors même qu'à l'item 12, ce ne sont que des rebelles. Mais dites donc, on pensait que le CNT était désormais le pouvoir légal en Libye. Alors, rebelles contre qui ?

Question : vous pariez combien que ce mauvais papier, signé Luc Mathieu, n'a pas été rédigé par un journaliste, mais par un vulgaire écrivailleur préposé à la fabrication de fausses informations auprès des services de la propagande de l'ONU-OTAN ?

Autre chose...

Source : leonorenlibia