mardi 4 octobre 2011

Le dernier secrétaire ou les malheurs de Georges Frêche



La semaine dernière Georges Frêche a été suspendu de ses fonctions au sein du parti socialiste, pour une période de deux ans. Cette sanction fait suite aux propos qu'il a tenus, en Février dernier, lorsqu'il a qualifié un harki de "sous-homme".

Bien entendu la fonction qui lui a été infligée ne concerne pas son siège de président de l'Agglo ou de la Région Languedoc-Roussillon. C'est d'autant plus étonnant qu'il a tenu ses propos en tant que président de région et que à cet instant il se trouvait aux cotés de Jack Lang, qui a dit ne rien avoir entendu de dérapages de son confrère politique.

Cette sanction est elle suffisante à vos yeux? Si cette sanction n'est que symbolique à vos yeux, est-ce un bon exemple pour la jeunesse ?



La Commission des conflits du Parti Socialiste s’est réunie le 19 mai 2006 et « après avoir entendu les explications de Monsieur Georges FRECHE, qui était présent, a décidé de sanctionner celui-ci de la peine prévue à l’article 11-6 des statuts ».

Que prévoit cet article ? Il s’agit en l’occurrence de « la suspension temporaire de toute délégation qui comporte, pour l’adhérent qui est frappé de cette peine, l’interdiction d’être candidat du parti, de le représenter, de parler ou d’écrire en son nom ou d’occuper un poste (fonction ou délégation) à quelque degré de l’organisation que ce soit. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un adhérent détenant un mandat électif, la commission (fédérale ou nationale) des conflits a la faculté de lui permettre de continuer à remplir son mandat si elle juge qu’il est de l’intérêt du parti qu’il en soit ainsi ».

Le Collectif National Justice pour les Harkis est indigné et choqué par la faiblesse de la sanction Malgré la mobilisation générale à travers la France, l’émergence de mouvements spontanés et les pétitions adressées aux instances dirigeantes du Parti de Monsieur Georges FRECHE, la commission des conflits n’a pas répondu aux attentes des réactions manifestées tant à l’intérieur de ses rangs, qu’au sein de la société française. Les propos tenus par Monsieur FRECHE ne relèvent donc que du 3ème degré de sanctions prévu à l’article 11-5 des statuts du parti relatifs à la commission des conflits. Faut-il rappeler que nombre de représentants de gauche ont demandé que le Président du conseil régional Languedoc-Roussillon soit démis de ses fonctions et exclu du Parti Socialiste.

En définitive, le rôle de la Commission des Conflits se résume à celui d’une chambre d’enregistrement des décisions prises par le 1er secrétaire du PS, Monsieur François Hollande. Quel besoin de réunir une telle instance, écouter les adhérents et solliciter le vote des membres de la commission dès lors qu’il s’agit d’entériner la décision du responsable de l’exécutif du PS ? La hiérarchie des sanctions prévues par les statuts internes du PS place la suspension temporaire après l’avertissement et le blâme.


28.01.2007

Le parti socialiste a annoncé officiellement avoir pris la décision d'exclure George Frêche, baron du parti socialiste et président de la région Languedoc Roussillon pour ses "dérapages verbaux".

La commission des conflits du parti socialiste a voté son exclusion définitive suite aux propos qu'il avait tenu sur le nombre de joueurs noirs en équipe de France, déclarant qu'il y en avait 7 ou 8 alors qu'il devrait y en avoir 3 ou 4, et que c'était une honte pour la France.

Ces propos de Georges Frêche avaient suscité un tollé, mais ce dernier, sans doute compte tenu de son poids politique au sein du parti socialiste, n'avait reçu aucune sanction, ce qui avait quelque peu ennuyé la candidate Ségolène Royal que Frêche soutenait.

Il est à noter que la décision du parti socialiste survient opportunément au moment même où Ségolène Royal est en pleine tournée dans les Dom Tom. Durcissant sa position, la candidate du PS avait même réclamé il y a quelques jours l'exclusion de Georges Frêche pour "propos inacceptables et humiliants".

Dans un entretien paru dans le journal "France Antilles" de samedi, Ségolène Royal a déclaré "comprendre la rancoeur" des Antillais contre George Frêche.

Reste que George Frêche pourra demander sa réintégration au sein du parti socialiste dans deux ans. D'ici là, on peut penser que de l'eau aura coulé sous les ponts...


Donc, si j'ai bien compris, lorsque François Hollande était premier secrétaire du Parti Socialiste, il était tout à fait possible de mettre à l'ndex, voire d'exclure du parti un gros bonnet du calibre du président du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon en personne !

Le Parti Socialiste disposerait, donc, d'une "commission des conflits" capable de statuer sur le sort d'un élu, le tout sur la base de ses statuts...

Et là, on se remet en mémoire les déclarations de François Hollande à propos de l'affaire Banon :

"Moi je ne conseille, ni ne déconseille à personne de porter plainte quand il se passe un évenement de nature de violence personnelle. Donc si j'ai pu être là au courant d'un incident, je n'ai jamais formulé quoi que ce soit, un conseil ou une interdiction."

"Ce n'est pas au premier sécrétaire de l'époque de savoir ce qu'il y a lieu de faire lorsqu'il se passe un incident supposé ou réel."

"(...) Je n'en sais rien, et ce que j'ai dit, et ce que je continuerai de dire : quand il y a une affaire personnelle, c'est devant les tribunaux que ca se passe et nulle part ailleurs."

 Et là on se dit que "le premier secrétaire de l'époque" se fabrique une déontologie ou un code de bonne conduite à géométrie variable : quand il y a une affaire personnelle..., devant les tribunaux et nulle part ailleurs...

Question n° 1 : est-ce cela qui figure dans les statuts du PS ou Hollande est-il en train d'embrouiller son monde ?

Question n° 2 : pourquoi les déclarations de Frêche sur les footballeurs ou sur les harkis justifieraient-elles une mobilisation des instances disciplinaires du parti et pas l'agression sexuelle présumée ?
"Quand il y a une affaire personnelle..."

On voit que, pour le "premier secrétaire de l'époque", une agression sexuelle, voire une tentative de viol passible des assises ne concernent ni le premier secrétaire, ni le parti. Ce qui m'amène à reposer différemment la question : un pédophile, un violeur ou un zoophile (agissant dans un cadre strictement privé) peuvent-ils être membres du Parti socialiste tel que le conçoit le "premier secrétaire de l'époque", dès lors que "c'est devant le tribunaux que ça se passe et nulle part ailleurs.", pas même devant des instances disciplinaires ?

J'en suis là de ces cogitations quand, un jour, je tombe sur cet article de presse dans lequel François Hollande s'exprime d'une manière bien étrange.


En voilà une belle assurance, dites donc ! Comment ne pas être impressionné ? Et comment ne pas penser que le Strauss-Kahn dont il parle est le même dont il a eu vent des turpitudes quelques années plus tôt, en se gardant bien - dit-il - de conseiller à Banon et Mansouret quelque démarche que ce soit, tout en se dispensant lui-même de quelque action disciplinaire que ce soit, contrairement à ce dont il a fait preuve face à Georges Frêche.

Résumons : pour des déclarations sur les harkis, sorties de leur contexte et intervenues au cours d'une manifestation publique, déclarations ne lui ayant valu aucune condamnation judiciaire, Georges Frêche va se voir jugé et sanctionné par la Commission des Conflits du Parti socialiste. Le premier secrétaire dudit parti s'appelle François Hollande.

Question : comment expliquer la fermeté du parti envers des déclarations discutables pour Frêche, et son abstention totale envers ce qui ressemble à une agression caractérisée d'un ténor du parti sur la personne d'une jeune journaliste ? 

Question subsidiaire : mais d'où François Hollande tire-t-il cette mâle assurance sur sa victoire certaine sur Strauss-Kahn lors des primaires ?

Il y a forcément une explication à ce comportement bravache du "premier secrétaire de l'époque". Il se trouve simplement que, par un curieux hasard, je suis tombé tout récemment sur la rediffusion d'un film fameux de Gilles Grangier, avec Maurice Biraud dans le rôle du cave, et Jean Gabin dans celui du Dabe ("Quand je pense à la réputation que j'avais sur les cinq continents (...), et je fais sept mille bornes pour me faire repasser par un cave !") ; tout le monde aura reconnu "Le cave se rebiffe".

À suivre...