lundi 3 octobre 2011

Libye : quand les émules de Goebbels s'essaient à la désinformation. L'exemple de Métro-France



Dans la rubrique "L"oeil était dans la tombe et regardait Caïn" (Victor Hugo), certains représentants de la presse des temps anciens (la presse écrite ne devient populaire qu'au 19ème siècle !) seraient-ils brusquement saisis de scrupules devant l'équipée génocidaire de l'ONU-OTAN sur les civils libyens, en violation flagrante de leur propre résolution 1973 ? Toujours est-il que voilà que, tout d'un coup, l'on use de vocables ignorés jusque là, s'agissant des victimes des bombardements : Syrte, ville martyre... Fichtre ! Diantre ! 


Le problème avec certains journalistes - je n'ai pas dit "tous" ! -, c'est leur faible appétance pour la sémantique. Prenez le vocable "martyr". Il se trouve que l'on ne se martyrise jamais soi-même ; il faut, donc, que quelqu'un d'autre soit impliqué dans l'acte de martyriser. Vous avez donc compris que, selon le quotidien international et gratuit Métro, en tout cas dans sa version française, la population de Syrte est la victime de quelqu'un qui la martyrise. Mais qui ?

Jugez-en vous-mêmes...

Là encore, comme dans un exemple récent, je vous invite à repérer les occurrences de l'acronyme OTAN et dans quelles circonstances elles apparaissent ; ne parlons même pas d'un rappel à la résolution 1973, vous vous souvenez ?, to protect civilianspour protéger les civils

Je vous livre, ci-dessous, le texte intégral de l'article en question, avec des chiffres entre parenthèses qui vont appeler des commentaires.


Syrte, ville martyre en Libye 

Les habitants de Syrte sont dans une situation "désespérée" (1). La Croix-Rouge en Libye tire la sonnette d'alarme (2) après plus de deux semaines de siège imposé à cette ville de 70 000 habitants par les forces du Conseil national de transition (CNT) (3), qui a demandé aux civils de partir (4). Hier, les combats se poursuivaient pour prendre ce fief du dictateur déchu où les pro-Kadhafi résistent farouchement.

Hichem Khadhraoui, représentant du Comité international de la Croix-Rouge (5), a affirmé que des blessés et des malades ne pouvaient pas rejoindre l'hôpital à cause des combats et des bombardements de l'Otan (6). "Plusieurs roquettes ont touché l'édifice pendant que nous y étions", a-t-il déclaré, déplorant "des tirs aveugles" de roquettes et de mitrailleuses. L'origine de ces tirs n'a toutefois pas pu être établie (7), a-t-il précisé. 

Selon la Croix-Rouge, les assiégés meurent car ils sont privés des soins de base (8) à cause du "manque d'oxygène et de carburant pour le générateur". L'hôpital (9) est en outre privé d'eau. La situation pourrait durer car le CNT (10) mise sur les conséquences du siège pour venir à bout de la résistance. Selon le commandant du conseil militaire, les pro-Kadhafi à Syrte ont dit "à la radio qu'ils n'avaient plus d'électricité et qu'ils étaient à court de nourriture et de munitions."


Commentaires :

01. situation "désespérée" : j'ai bien aimé les guillemets ! Ça s'appelle du discours indirect...

02. la Croix Rouge en Libye tire la sonnette d'alarme : la Croix Rouge en Libye ? Il ne faut rien exagérer ! Voilà des mois que cette agression s'éternise, et l'on n'avait pas entendu un seul représentant de la Croix Rouge sur la question. L'Otan a couvert la Libye de bombes, et ce n'est que maintenant, à Syrte, qu'on découvre qu'il existe une Croix Rouge Internationale ! Où était-elle planquée ? C'est ce qui s'appelle un silence complice et qui vous expliquera pourquoi l'avenir de ce type d'organisation en Afrique est plus que compromis (voyez tout le mal qu'ils se donnent en Somalie, où les va-t-en guerre ne veulent pas d'eux, malgré la famine !).

03. siège imposé par le CNT : décidément ! Les petits écrivailleurs de la presse ex-"main stream" ne semblent pas bien informés. Le CNT n'impose rien en Libye. C'est l'ONU-OTAN qui bombarde, le CNT n'étant composé que de supplétifs, et les supplétifs ne décident de rien ! Mais bon, il faut bien répercuter les ordres des services officiels et des préposés à la propagande, en faisant croire aux rares gogos que l'ONU-OTAN n'est impliqué dans aucune guerre. Parce qu'evidemment, on a oublié jusqu'aux clauses de la résolution 1973, qui n'est citée... nulle part. 

04. qui a demandé aux civils de partir : précisément : il était originellement question de "protéger les civils" ! Pour mémoire, demander voire contraindre par les armes, la famine ou les privations des gens de quitter leur domicile, ça a été largement pratiqué en France, par exemple, entre 1940 et 1944, par la Gestapo et ses sous-fifres de la milice pétainiste. Ça s'appelle une DÉPORTATION ! Donc, en lisant entre les lignes, vous avez compris que l'ONU-OTAN et leurs harkis pratiquent en Libye la déportation des populations civiles, pour vider des villes entières de leurs habitants légitimes et historiques, chose que même HITLER n'a  pratiquée nulle part dans une telle ampleur (en France occupée, les nazis s'installaient dans les villes et vivaient parmi les habitants, allant même jusqu'à se mettre en ménage avec des femmes du coin, ce qui a conduit à plus de 200.000 naissances !) ! En Libye, sous occupation ONU-OTAN, en revanche, on NETTOIE des localités entières. Voyez Tawurga, dont on ignore le sort de la population d'origine, et dont la Croix Rouge, Amnesty International, Human Rights Watch et l'ensemble des média  se moquent éperdument.

05. le représentant du comité... de la Croix Rouge a affirmé : on est toujours dans le discours indirect. Vous avez compris que l'organe de presse concerné ne s'était livré à aucun reportage sur place. Ce papier a fort bien pu être rédigé par une personne conduisant une interview au téléphone depuis le fin fond da la Nouvelle Zélande, par exemple, ou encore à la manière de la fonctionnaire Marine Olivesi, qui parle de Syrte sur France 24 ou France Infos depuis... Misrata !

06. blessés et malades ne pouvaient pas rejoindre l'hôpital à cause des combats et des bombardements de l'Otan... Ça pour un scoop : l'OTAN bombarde ! Et il y a des blessés et des malades. Question : blessés par qui ? On s'en doute un peu et même beaucoup. Enfin, on a quand même droit à des curiosités...

07. l'origine des tirs n'a toutefois pas pu être établie... Ça alors ! Parce que, dire que l'OTAN bombarde veut dire que les obus ou les bombes tombent d'en haut, non ? Donc, pour ces projetiles-là, l'origine est connue ! 

08. les assiégés meurent car ils sont privés des soins de base... Re-ça alors ! Les assiégés meurent car... ils sont privés des soins de base ! Vous avez compris la phrase ? Syrte abrite plus de 70.000 habitants. Ces habitants-là sont assiégés par l'ONU-OTAN et leurs supplétifs du CNT. On nous dit que l'OTAN bombarde. Or, une bombe, ça tue ! Et voilà qu'on nous dit que les assiégés meurent, non pas en premier lieu du fait des bombes mais simplement parce qu'ils sont privés des soins de base. Et pourquoi auraient-ils besoin de soins de base, en clair, de se faire soigner ? Veut-on nous faire croire qu'il y a ici 70.000 personnes qui auraient besoin de soins ? Les habitants de Syrte seraient donc tous malades ?

09. l'hôpital est en outre privé d'eau... Ah, mais voilà l'explication : l'hôpital ! Et comme entendu tantôt sur une radio française, le représentant de la Croix Rouge a estimé urgent de livrer un générateur électrique à l'hôpital de Syrte. Les assiégés dont il est question et qui auraient besoin d'eau sont ceux qui, blessés ou malades, se trouvent à l'hôpital. Il n'est pas question ici des dizaines à centaines de milliers d'assiégés qui continuent de crouler sous les bombes de l'ONU-OTAN ! Vous avez compris que le travail de la Croix Rouge ne consistait nullement à dénoncer des crimes de guerre contre des populations civiles, par le biais des bombardements, combinés au siège en vue d'affamer et d'assoiffer des civils ? Voyez la suite.

10. le CNT mise sur les conséquences du siège pour venir à bout de la résistance : après l'injonction adressée aux civils de quitter leurs habitations, dans un processus de nettoyage démographique, on reconnaît ouvertement recourir à la famine pour atteindre les civils, et ce, dans le plus parfait mépris de la résolution 1973. Et que fait la Croix Rouge ? Elle regarde ailleurs, en direction de l'hôpital !

Ça n'empêche quand même pas le gros titre : "Ville martyre en Libye". Pourquoi Syrte et pas Tawurgha ? Zlitan ? Majar ? On ne sait pas ! Mais bon, il y a ce gros titre auquel on ne nous avait pas habitués, qui laisse entendre que même chez les larbins, l'horreur de cette guerre immonde commence à faire vomir certains. Et voilà que leur mauvaise conscience commence à les titiller, et qu'ils sentent bien qu'ils sont allés trop loin dans la flagornerie.

Mais il y a autre chose : Syrte, ville martyre en Libye...

J'expliquais plus haut qu'on ne peut être que le martyre de quelqu'un. Par ailleurs, on ne peut être martyre par accident ; il faut qu'il y ait une volonté de martyriser sa victime, une volonté forcément maléfique, criminelle ; et c'est cela que le titre suggère. Mais il y a plus : ville martyre... en Libye ! Intéressant, car juste derrière "martyr", on a "Libye", comme pour suggérer que Syrte est martyre au sein d'autres martyrs sur l'ensemble de l'espace libyen.

Syrte, martyre, dans une Libye martyre...

Voilà ce qu'il faudrait comprendre de ce titre. Après des mois de soumission à la propagande de l'ONU-OTAN, certaines voix commencent sérieusement à flancher, ce qui nous fait penser au "no he visto una guerra más sucia" que j'évoquais ailleurs, à propos d'un papier lu dans El País.

Cette guerre est sale, immonde, inhumaine et contraire au droit international. Et là, on voit que le bel édifice de l'omerta et de la désinformation commence à se lézarder, parce que les mafieux qui dirigent le monde ont juste sous-estimé le poids de la (mauvaise) conscience chez beaucoup de gens. Voyez le nombre extraordinairement élevé des suicides parmi les vétérans de nombreuses guerres (Vietnam, Irak, Afghanistan), victimes du PTSD (post traumatic stress disorder). 


P.S. Tiens, by the way, lisez donc ce qui suit : il s'agit de la Croix Rouge, que l'ONU-OTAN et leurs supplétifs du CNT empêcheraient d'accéder aux assiégés de Syrte... C'est Hitler qui doit se tordre de rire dans sa tombe !