samedi 6 mai 2017

France. Présidentielle 2017. Retour sur un débat ou comment Le Pen tua Macron !


"L'Euro, c'est un truc formidable pour les gens qui voyagent, pas pour les gens qui vivent dans des cités." (Philippe Manière, journaliste à l'Expansion, magazine économique, interviewé sur  RFI (Radio France Internationale, 25 août 2002)

Il se peut fort bien que, le 7 mai 2017 au soir, les Français élisent Emmanuel Macron comme nouveau président de la République. À en croire les industriels du sondage, il n'y aurait aucun doute là-dessus.

Par ailleurs, tous les bonimenteurs et bonimenteuses de la petite et grande presse nous expliquent, depuis peu, que le débat télévisé d'entre les deux tours a vu Marine Le Pen couler corps et bien devant la maîtrise affichée par Emmanuel Macron.

Je ne connais pas cet Emmanuel Berretta, mais si j'avais du temps à perdre, je lui prodiguerais volontiers quelques cours..., au hasard, de syntaxe (car ce pauvre homme n'a pas dû relever les innombrables bourdes syntaxiques contenues dans les discours abscons d'Emmanuel Macron !), de sémantique, de psychologie comportementale, (vous savez ? en anglais, ils appellent ça 'bodylanguage') et j'en passe ! 

Quand je vous dis que ce pays, la France, manque cruellement d'intellectuels !

Au risque de me répéter, je ne souhaite pas, pour elle, que Marine Le Pen entre à l'Elysée en ce mois de mai 2017, tout simplement parce que je suis conscient du merdier dans lequel un quarteron d'irresponsables ont plongé le monde, disons depuis la fin du mandat de Jimmy Carter, le dernier grand président américain, le seul à susciter de l'enthousiasme partout où il passe, jusque dans les contrées les plus reculées du Tiers-monde.

Et quand je parle de merdier, je pense, notamment, à ça :









Pour mémoire, je veux dire "pour ceux et celles qui n'ont pas perdu la mémoire", le ban et l'arrière-ban des milieux politiques français ont abondamment approuvé la guerre d'agression conduite par l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) en Libye, sous le prétexte fallacieux de protéger des populations civiles, et sans que la moindre mention de l'intervention de... casques bleus ne figure dans la fameuse résolution 1973. Quand je dis le ban et l'arrière-ban, je pense, notamment aux socialistes, jouant, une fois de plus, leur rôle favori de supplétifs de la droite (cf. Ségolène / Royal), de Jean-Luc Mélenchon et de quelques autres, à l'exception notable du Front National et du mouvement Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. (Lecture)

Et à la Libye, il faut ajouter la Syrie, où l'on a envoyé des armes et soutenu le Front Al-Nusra, émanation d'Al Qaeda, le tout en dépit du bon sens, avec tous ces "djihadistes" français qui ne demandent qu'à rentrer au pays...

Je n'ai pas vraiment l'impression que les Français en particulier, et les Européens en général, aient conscience du merdier qui leur pend au nez, avec ces milliers d'abrutis accostant chaque semaine à Lampedusa, et que l'Union Européenne va s'évertuer à "dispatcher" allègrement parmi les Etats-membres !

C'est pour cela que j'estime particulièrement mal venu pour Marine Le Pen d'avoir à se retrouver avec les mains dans la merde que d'autres lui auront léguée !

Hollande-junior veut devenir président ? Hé bien, souhaitons-lui bonne chance !

Par parenthèse, j'ai appris que Macron avait reçu, tout récemment, les encouragements d'un ex-président d'une grande puissance occidentale. Grand bien lui fasse ! Je veux juste dire au quasi-certain-futur-président français que malgré ses origines africaines, l'homme dont il vient de recevoir des encouragements passe auprès de 95 % des Africains pour une ordure - et le mot est faible ! -, et ce, pour s'être illustré lors de la destruction méthodique d'un pays africain, la Libye, dont le leadership sur l'ensemble du continent commençait à faire grincer des dents du côté de la clique impérialiste regroupée au sein de cette organisation criminelle baptisée OTAN.

(Re)parenthèse : il paraît que le Sahel élargi, de l'Atlantique au Kenya et à la Somalie, manque cruellement d'eau en ce moment, et il n'y a pas que là : ailleurs, il y a de l'eau, mais elle est sale.
















Or, de l'eau, la Libye et l'ensemble de l'Afrique en regorgent, notamment dans les zones désertiques. Ainsi, si le Congo, le Nil, le Zambèze... voient des millions de mètres cubes d'eau par seconde s'écouler inexorablement vers la mer et l'océan, dans les déserts sablonneux, les oueds, notamment le plus grand d'entre eux, l'Okavango, finissent leur parcours au milieu des sables, et l'on imagine qu'après des millions d'années d'infiltration, cela génère des aquifères gigantesques, à l'instar de ceux que l'on a découvert, notamment, en Libye, et qu'on trouve également sous le Kalahari.






Des siècles, voire des millénaires de consommation d'eau potable, sous les plus grands déserts, voilà ce que l'on a découvert de façon fortuite en Libye !

Il se trouve que Kadhafi avait de nombreux projets de développement pour l'ensemble du continent africain, à commencer par la généralisation de l'exploitation des immenses réserves d'eau fossile situées dans les déserts.

C'est dire si la GMR (Great Man-made River) libyenne et ses clones éventuels au sud du Sahara seraient, aujourd'hui, grâce à Kadhafi, pourvoyeurs d'eau pour l'ensemble du continent !








Et pendant qu'un peu partout, en Afrique, les populations meurent encore de dysenterie ou du choléra, faute d'eau potable, en Libye, l'eau de la Grande Rivière permet de (re)verdir le désert !





Maintenir des milliards d'individus dans la dépendance par rapport aux grandes puissances et aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale, voilà ce à quoi travaillent toute une flopée d'ordures auxquelles on donne du "Mister President", le tout avec l'assistance servile de pseudo-ONG qui ne sont, en fait, que le faux-nez d'un impérialisme qui se pare de bons sentiments pour mieux entretenir des peuples entiers dans la misère.

Pendant ce temps, dans le désert libyen...




Il fallait, donc, et de toute urgence, détruire ce pays, ce qui a incité quelques ordures internationales à concevoir le projet diabolique de torpiller les velléités indépendantistes de Kadhafi pour l'ensemble du continent africain [cf. Banque Africaine de Développement, Satellite Africain de Télécommunications, etc.], et il n'est pas surprenant que bon nombre de ces ordures se retrouvent, aujourd'hui, en bonne place parmi les plus fervents soutiens de Monsieur Macron.

Pour mémoire, lors des obsèques de Nelson Mandela, la jeunesse de l'ANC a bien failli organiser des manifestations hostiles à la venue d'un certain président américain ; seul le contexte du moment - les funérailles - les en a dissuadés. C'est vous dire si cette ordure n'est pas aimée en Afrique et le sait parfaitement, profitant de ses derniers jours à la Maison Blanche pour venir visiter, une dernière fois, le pays d'origine de son père. Je dis "une dernière fois" parce que, comme président, il pouvait s'entourer de centaines de G.I.s et d'agents spéciaux ; comme simple citoyen américain, ça m'étonnerait ! Du coup je vais oser un pronostic : ce type n'est pas prêt de remettre les pieds en Afrique, et même pas au Kenya !

Fin de la parenthèse.

Il était question d'un monsieur Berretta, que j'invite à bien lire ce qui va suivre, pour sa culture générale !

Les aficionados de ce blog se souviennent, forcément, de mon article intitulé "Le syndrome L. H." et tiré de la série sur 'Marine Le Pen et le 'plafond de verre'.

By the way, vous souvenez-vous du nom du vainqueur du championnat de Formule 1 de la saison dernière ?

Ben..., ce n'est pas Vettel [n. b. on ne dit pas 'vétÈl' mais 'fÈtoeul' avec oeu comme dans œuf, ou 'fÈtel' (avec un 'e' muet sur la dernière syllabe !)], pas Alonso, pas même Hamilton, ni Verstapen..., mais qui, donc, l'a emporté en F1 l'année dernière ?

Vous ne vous souvenez pas ? M'enfin, un nom à la consonance scandinave ou germanique ; un fils à papa, dont le père a été, lui aussi, champion du monde du temps des Fittipaldi, Raygazzoni, Lauda ! Ça vous revient ? Rosberg ! Pas Keke (lui c'est le père) ; c'est quoi son prénom, déjà ? Niko Rosberg

Ah, quand même !

Ce brave Niko ! Brave ?! Enfin, façon de parler ! À peine est-il champion du monde qu'il décide de raccrocher ! N'est-ce pas incroyable ?

Il faut dire que l'autre, le sémillant Hamilton, le flambeur, le glandeur, le noceur Hamilton, que Rosberg pensait avoir écrabouillé, en comptant jusqu'à 40 points d'avance au bout de quelques grands prix, le Hamilton, donc, s'est réveillé tout d'un coup, alignant quatre victoires sur les quatre derniers grands prix, pour venir mourir à une poignée de points du titre. Et il faut quand même rappeler qu'en Malaisie, Hamilton a course gagnée lorsque son moteur casse (la seule casse moteur de toute la saison chez Mercedes !), ce qui lui a fait dire à haute et intelligible voix  :
Il y a quelqu'un qui veut absolument m'empêcher de gagner ! 
Allusion perfide envers ses employeurs, dont tout le monde pensait, Hamilton le premier, qu'ils avaient décidé de favoriser l'Allemand Rosberg.

Parce qu'il y a eu aussi cette incroyable embrouille, qui a vu Hamilton hériter, à Spa-Francorchamps, d'un moteur pourri lors des essais, le règlement faisant peser la faute sur..., l'écurie ? Pas du tout ! Sur le pilote ! On a, donc, vu Hamilton s'élancer en fin de grille, pour finir quand même troisième, et l'on imagine toute la force de caractère dont il a dû faire preuve pour ne pas créer un esclandre avec ses employeurs !

Mais pourquoi diable nous raconte-t-il tout ça ? Se demandent certains.

D'abord, parce que nous avons là la démonstration de ce que je n'arrête de répéter, au risque de radoter : dans les sciences et techniques, on sait tirer les leçons de ses échecs. Hamilton était parti pour perdre le championnat, avec ses quarante points de retard avant la moitié de la saison, et il a fini en trombe. Il n'a pas gagné, certes, mais sans lui, la saison 2015-2016 eût été bien tristounette.

Le fait est que c'est lui, et pas Rosberg, qui a marqué l'histoire, avec ce final époustouflant. 

Mais il y a autre chose : Hamilton a écœuré son adversaire, au point de le pousser à la capitulation, ce qui ne grandit pas Rosberg. Mais bon !

Et vous savez quoi ?

En regardant Marine Le Pen l'autre jour, face à Emmanuel Macron, j'ai pensé à ce duel (apparemment) gagné par Niko Rosberg, mais dont le vrai vainqueur reste Lewis Hamilton.

Marine Le Pen ne sera pas présidente au soir du 7 mai 2017 ?!

Et alors ?!

Ce que, moi, je retiens, c'est de voir avec quelle science, quelle maîtrise, elle a écrabouillé son adversaire l'autre soir. Je me souviens très bien du face-à-face entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Déjà, à l'époque, et quoi qu'en disent les médiocres analystes - cf. le pauvre Alain Duhamel -, Royal avait surclassé son adversaire. Mais là, j'ai trouvé que Le Pen avait fait très, très fort, et ce, dès les premières minutes, je veux dire dès sa prise de parole.

Deux minutes et trois secondes qui ont laissé Emmanuel Macron comme lessivé, vidé. En la matière, Le Pen a fait comme le raconte le personnage de Bernard Blier dans "Les Tontons flingueurs" : "je pulvérise, façon puzzle, je disperse, je ventile...".

Retour sur un premier quart d'heure d'anthologie :

C. J. :  Christophe Jakubyszyn, journaliste
N. S. C. : Nathalie Saint-Crick, journaliste
M. L. P. : Marine Le Pen
E. M.: Emmanuel Macron 

C. J. Avant de nous intéresser à vos propositions, une première question : après des mois de campagne, à quatre jours du second tour et à dix jours de votre investiture, si vous êtes élu(e), quel est votre état d’esprit ? C’est donc à vous, Marine Le Pen.

M.L.P. Ben, écoutez je suis extrêmement heureuse de la manière dont se déroule ce second tour, parce que la réalité c’est que le choix politique que les Français vont devoir faire s’éclaire. Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique, notamment de nos grands groupes, du dépeçage de la France par les grands intérêts économiques, du communautarisme, et tout cela piloté par Monsieur Hollande, hein ! qui est à la manœuvre maintenant de la manière la plus claire qui soit. Monsieur  Cazeneuve a même dit, je crois que c’était hier ou avant-hier : « Faites voter dimanche résolument pour Emmanuel Macron, faites-le avec la fierté de ce que nous avons accompli et le désir de voir ce que nous avons accompli se poursuivre. ». Bon, eh bien, moi, face à cela, je suis la candidate du peuple ; je suis la candidate de la France telle que nous l’aimons, de sa culture, de sa civilisation, de son unité. Je suis la candidate de la nation qui protège, qui protège nos emplois, qui protège la sécurité de nos compatriotes, qui protège nos frontières, qui nous protège face à la concurrence internationale déloyale et face à la montée en puissance du fondamentalisme islamiste. Et puis, somme toute, les Français ont aussi pu voir le vrai Macron, dans ce second tour : la bienveillance a fait place à la médisance ; la stratégie marketing a été reprise en main par la machine du PS et puis le sourire étudié se transforme en rictus au fur et à mesure des meetings ; l’enfant chéri du système et des élites, en réalité a tombé le masque, monsieur Macron, voilà. C’est bien, je trouve que c’est utile ; on a vu les choix que vous avez faits dans ce second tour ; des choix qui sont des choix cyniques d’utilisation d’arguments de campagne qui sont honteux et qui révèlent peut-être la froideur du banquier d’affaires que vous n’avez probablement jamais cessé d’être. Donc, je pense que cette période, en réalité de clarification, a été profondément utile aux Français pour faire un choix.

C. J. C’est donc à vous, Emmanuel Macron, de nous donner votre état d’esprit à quelques jours du scrutin.

E. M. Ben écoutez, vous avez démontré que vous n’êtes en tout cas pas la candidate de l’esprit de finesse, de la volonté d’un débat démocratique équilibré et ouvert. Merci pour cette belle démonstration que vous venez de faire, Madame Le Pen. Je ne m’attendais pas à autre chose ; moi, je ne vais pas vous dire que vous êtes la véritable héritière, non seulement d’un nom, d’un parti politique, du parti politique de l’extrême-droite française, de tout un système qui prospère sur la colère des Français depuis tant et tant d’années. Je ne vais pas vous dire que vous revendiquez même cet héritage, puisque vous l’avez porté depuis que vous avez repris ce parti et que depuis quarante ans dans ce pays nous avons des Le Pen qui sont candidats à l’élection présidentielle, parce que ça ne m’intéresse pas. Alors, vous allez continuer votre logorrhée, puisque c’est ce que vous faites à longueur de rassemblement et autres. La question qui est posée aujourd’hui à nos concitoyens c’est de savoir s’ils veulent l’esprit de défaite que vous portez. Ce que vous portez c’est l’esprit de défaite ; c’est d’expliquer à nos concitoyens : c’est trop dur la mondialisation pour nous, c’est trop dur l’Europe, donc on va se replier, on va fermer les frontières, on va sortir de l’euro, sortir de l’Europe, parce que les autres y arrivent mais pas nous ; c’est l’esprit de défaite dans la lutte contre le terrorisme, parce que cette lutte, tous les pays développés l’ont ; toutes les démocraties ont à la conduire. Mais vous vous dites, non, on va encore là aussi sortir, remettre les frontières, comme avant, comme si ça réglait le problème, mais nous y reviendrons. Face à cet esprit de défaite, moi je porte l’esprit de conquête français, parce que la France a toujours réussi ; elle a toujours réussi dans le monde, parce qu’elle est au monde. Sa langue, elle se parle sur tous les continents, son histoire, sa civilisation, ce qui fait sa force, c’est précisément qu’elle rayonne partout ; ce qui fait que nous sommes, aujourd’hui, la cinquième puissance économique mondiale, c’est que nous sommes forts dans le monde. Il y a énormément de changements à faire, énormément ; ce sont ceux-là que je veux conduire. Et c’est l’incapacité des gouvernements depuis tant et tant d’années, depuis trente ans…

M.L.P. Dont le vôtre !

E. M. Je n’ai jamais été ni premier ministre ni président de la République, madame Le Pen ; je vais faire le maximum pour remédier à cela, mais ces changements profonds, que je souhaite, qui m’ont conduit, quand j’étais ministre, à quitter le gouvernement, c’est bien cela que je compte mener à leur terme parce que cet esprit de conquête triomphe. C’est ça la France que je veux. C’est ça la France qui nous ressemble, pas la vôtre.

N. S. C. Alors, je vous propose d’aller au fond, dès le début. Alors on va passer à l’économie et tout d’abord au chômage. Marine Le Pen, vous, vous considérez que le code du travail n’est pas un frein à l’embauche ; vous voulez abroger la loi El-Khomry ; vous, Emmanuel Macron, vous voulez réformer le marché du travail dès cet été par ordonnances, alors, Emmanuel Macron, vous avez la parole pour nous expliquer votre propos, votre projet.

E. M. Le problème de la France depuis trente ans, c’est le taux de chômage. Nous sommes dans le chômage de masse depuis trente ans. Nous sommes le seul pays d’Europe qui n’a  pas réussi justement à endiguer cela. 10 % de chômage, un taux de chômage des jeunes qui est extrêmement important.  Face à cela, il faut donner, en particulier à nos petites et moyennes entreprises la possibilité de créer d’avantage d’emplois, d’être plus agiles, de s’adapter aux cycles économiques. C’est pour ça que moi je veux de la simplicité. Je veux de la simplicité d’abord en créant un droit à l’erreur pour tous les acteurs économiques, dès cet été. C’est une réforme fondamentale. Quand l’Administration contrôle, elle ne doit pas tout de suite sanctionner, elle doit accompagner, expliquer pour corriger. Les artisans, les commerçants, les PME le vivent au quotidien. Ce sont eux les principales victimes de la complexité. Ensuite, c’est supprimer le RSI pour les commerçants et les artisans. Fondamental là aussi pour pouvoir croître et embaucher. Et enfin c’est d’avoir un droit du travail qui n’est pas aujourd’hui, comme aujourd’hui, déterminé partout, pour tout, pour toutes les catégories, tous les secteurs, dans une loi qui est devenue trop rigide, mais qui puisse renvoyer à des accords majoritaires d’entreprises ou des accords majoritaires de branches. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Q’une entreprise qui peut négocier un accord majoritaire avec les représentants des salariés, qui permet de s’organiser différemment, pourra faire face, beaucoup mieux qu’elle ne le fait aujourd’hui au risque économique, à la concurrence qu’elle subit. C’est comme ça d’ailleurs que les grandes entreprises ont sauvé des emplois dans ce pays parce que elles seules ont aujourd’hui la possibilité de le faire. Donc, du pragmatisme pour les TPE, les PME et pour nos entreprises face, justement à une, des cycles économiques qui sont beaucoup plus courts, beaucoup plus heurtés. On en a besoin.

N.S.C. Avant qu'on entende la réponse de Mme Le Pen, c’est plus de flexibilité également ?

EM. C’est plus de flexibilité pour les entreprises, et c’est, ce sont des sécurités pour les salariés, les ouvriers, qui sont, elles aussi nouvelles. C’est pour ça que à cette réforme, j’accole une réforme de l’assurance-chômage, de la formation professionnelle  pour qu’on protège vraiment les gens au milieu de tous ces changements.

N.S.C. Mme Le Pen, quelle est votre vision, vous, du marché du travail et de ses améliorations ?

M.L.P. Monsieur le ministre de l’Economie, ou devrais-je dire monsieur le conseiller de monsieur Hollande ?

E.M. C’est votre vision, donc, du marché du travail, madame Le Pen.

M.L.P. Quatre ans, vous avez été conseiller économique de François Hollande puis deux ans ministre. Mais si vous aviez la recette pour diminuer le chômage…

E.M. Non, j’ai une mauvaise nouvelle pour vous : c’est un quinquennat pour lequel nous sommes candidats, ça ne dure pas six ans !

M.L.P. Pourquoi est-ce que vous n’avez pas fait profiter monsieur Hollande de vos recettes ?

E.M. Mais parce que…

M.L.P. Et si vous n’avez pas de recettes parce que vos résultats ont été, en l’occurrence, extrêmement mauvais, il faut le dire, hein, en matière de chômage, alors pourquoi vous vous présentez à la présidence de la République ? C’est quand même la seule vraie question qu’on doit poser, parce que vous avez eu les mains libres pour mettre en œuvre cette politique et cette politique, elle a été catastrophique et elle a été catastrophique pourquoi ? Parce que vous avez fait la seule chose que vous savez faire, monsieur Macron, vous avez aidé les grands groupes, comme d’habitude. Le CICE, vous l’avez accordé, en fait, en priorité aux grands groupes ; les TPE-PME qui réclamaient qu’on aille leur alléger leurs difficultés, leur donner de l’oxygène, vous avez fait comme s’ils n’existaient pas, parce que vous avez refusé de supprimer la directive détachement des travailleurs et qu’aujourd’hui, ce sont 300 à 500 000 emplois qui en réalité ne sont pas accessibles à nos compatriotes français parce qu’ils sont remplis par des travailleurs détachés, soit d’ailleurs qu’ils fraudent, soit qu’ils ne fraudent pas, parce que ceux qui fraudent sont quasiment aussi nombreux, en l’occurrence, que ceux qui ne fraudent pas, vous n’avez pas baissé les charges des TPE-PME, vous n’avez pas mis en œuvre de délai de paiement pour les TPE-PME, pas de guichet unique, pas de simplification administrative, pas de patriotisme économique, ça, ça vous horrifie, parce que vous êtes un européiste convaincu, donc tout ce qui vise à donner un avantage dans la commande publique à nos entreprises françaises, vous êtes contre, parce qu’il faut se soumettre. Vous êtes en fait la France qui se soumet, qui se soumet aux exigences de l’Union Européenne, à la concurrence internationale déloyale, les agriculteurs ne vous ont pas vu les soutenir face à cette concurrence internationale déloyale ; les industriels ne vous ont pas vu, ah si, un certain nombre, pardon ! Encore une fois, de grandes entreprises vous ont vu, ce sont celles que vous avez fait acheter par des grands groupes américains, au détriment, évidemment, de l’intérêt national : c’est Alstom, c’est Technip, il y en a eu toute une série d’autres dans le cadre de conflits d’intérêts d’ailleurs un peu problématiques avec l’ancienne banque chez qui vous travailliez. Donc, vous voyez, vous n’avez pas d’esprit national, vous ne pensez pas à l’intérêt supérieur de la nation, vous défendez, je vous le reprocherai toujours, des intérêts privés, je pense que les Français en ont pris conscience, le problème c’est que derrière, il y a de la casse, il y a de la casse de votre politique à Whirlpool, il y a les entreprises qui délocalisent, et puis, ça ce n’est pas une anecdote, monsieur Macron, ce sont des entreprises que vous avez vendues, SFR, par exemple, à votre ami Monsieur Drahi, le patron de BFM, six mille emplois, six mille emplois, perdus…

E.M. Alors, là, si vous m’y autorisez… ça fait donc, à peu près trois minutes que madame Le Pen nous explique sa stratégie pour lutter contre le chômage en France.

M.L.P. Je vous l’ai dit : baisse des charges des TPE-PME…

E.M. Il n’y a en a pas… Non mais il n’y en a pas, vous nous faites votre stratégie…

M.L.P. Je vous ai tout donné, monsieur Macron, tout ce que vous n’avez pas fait !

E.M. Madame Le Pen, Madame Le Pen, ce qui est extraordinaire c’est que votre stratégie, mais c’est normal, ça fait des décennies que ça dure, votre stratégie, c’est simplement de dire beaucoup de mensonges, et de dire tout ce qui ne va pas dans le pays. Mais vous ne proposez rien. Parce que si vous aviez suivi le film des dernières années, les charges ont baissé ;  le CICE, c’est une baisse de charges…

M.L.P. Des grandes boîtes !

E.M. Non, le CICE c’est pour toutes les entreprises.

M.L.P. Vous savez très bien que les TPE-PME n’en ont pas profité !

E.M. Madame Le Pen, Madame Le Pen…

M.L.P. Elles vous l’ont dit, d’ailleurs, elles vous l’ont dit !

E.M. … c’est pour ça que dans le projet que je porte, je propose de baisser de six points les charges des TPE-PME. C'est pour ça que je propose de baisser l’impôt sur les sociétés à 25 %. Vous ne proposez rien…

M.L.P. Pour toutes les entreprises, monsieur Macron, y compris pour les grosses. Alors que moi…, moi je donne une priorité totale aux TPE-PME.

E.M. Mais, vous faites ce que vous voulez…

M.L.P. Je crois que c’est moi qui crée l’emploi dans notre pays…

E.M. … rien. Vous êtes…

M.L.P. Vous, vous facilitez simplement la vie des grands groupes.

E.M. Vous êtes depuis tout à l’heure dans l’insinuation.

M.L.P. C’est normal, ce sont vos amis, avec qui vous buvez des coups à la Rotonde ! On comprend hein !

E.M. Ce ne sont, madame Le Pen, les Français et les Françaises, ils méritent mieux que cela. Je vous assure.

M.L.P. La vérité, ils méritent…

E.M. Ils souffrent, oui, ils méritent d’abord la vérité, plus que les insinuations, parce que si vous étiez bien renseignée sur tous les cas industriels que vous avez cités, vous sauriez que c’est très différent : je n’étais pas ministre quand SFR a été vendu, et SFR était la propriété d’un groupe totalement privé.

M.L.P. Pardon ! Vous n’étiez pas ministre ?

E.M. Non, je n’étais pas ministre.

M.L.P. Vous avez déjà commis ce mensonge devant dix millions de personnes lors du débat que nous avions eu…

E.M. Ça peut vous contrarier…

M.L.P. … et quand monsieur Dupont-Aignan vous a posé cette question, évidemment, vous étiez ministre, vous avez été à la manœuvre sur l’intégralité de ces dossiers.

E.M. Attendez ! Vous pouvez décider…

M.L.P. Puisque monsieur Montebourg refusait que SFR précisément soit vendu à monsieur Drahi,

E.M. Mais l’Etat…

M.L.P. Et le jour où monsieur Montebourg a été remplacé par vous, monsieur Macron, eh bien, immédiatement, vous avez signé la vente. C’est ça la réalité.

E.M. Madame Le Pen, madame Le Pen, SFR était la propriété d’un groupe privé, qui s’appelle Vivendi. Nous sommes dans un Etat où la propriété privée est respectée. C’est le groupe Vivendi qui l’a vendu, ne dites pas de bêtises ! Vous en dites beaucoup, ce n’est qu’une des bêtises que vous avez proférées depuis tout à l’heure, mais surtout, ça ne fait pas avancer le pays…

M.L.P. Mais votre prédécesseur, il ne voulait pas la vendre !

E.M. Mais personne ne voulait la vendre ! Simplement, quand vous avez un groupe privé, qui est détenu par des capitaux privés, oui cherchez dans votre dossier. Vous feriez bien de vérifier, mais allez-y !

M.L.P. Oh oui, je vais vous trouver ça immédiatement et vous allez voir que vous allez être en difficulté une fois de plus.

E.M.  Je connais, je connais un peu les dossiers de l’économie française.

M.L.P. Janvier 2015, devant l’Assemblée, j’ai pris la décision, pour Alstom, vous avez dit à Monsieur Dupont-Aignan, c’est pas moi.

E.M. Mais, on parle d’Alstom ou de SFR ?

M.L.P. Janvier 2015, devant l’Assemblée, j’ai pris la décision de permettre à General Electric de rentrer dans Alstom, moi personnellement.

E.M. Mais madame Le Pen, vous ne parlez pas du même sujet ; vous parlez d’Alstom et de General Electric !

MLP. Le lendemain, le lendemain… Laissez-moi terminer ! Le lendemain, le lendemain du départ de M. Montebourg, vous avez accordé, alors qu’il le refusait, la vente de SFR. C’est la réalité, pourquoi vous ne l’assumez pas ? Assumez-le !

EM. Je l’assume d’autant plus que…

MLP. C’est ce que vous faites le mieux, de dépecer des entreprises et de faire des fusions-acquisitions ; ça vous savez très bien le faire ! Y a aucun problème !

EM. Madame Le Pen, vous êtes en train de lire une fiche qui ne correspond pas au dossier que vous avez cité. C’est triste pour vous, parce que ça montre votre impréparation à nos concitoyens.

MLP. Deux dossiers vendus contre les intérêts de la France !

EM. C’est faux, je n’étais pas ministre pour SFR. Quant à General Electric et Alstom, M. Montebourg s’est battu, je me suis battu à ses côtés pour que ça ne soit pas vendu ; on peut rentrer si vous voulez dans l’intimité du dossier, vous allez pas tenir longtemps parce que comme vous les confondez les uns avec les autres, il y en a un qui fait des téléphones, et l’autre, ça n’a rien à voir, il fait à la fois des turbines et du matériel industriel, ce n’est pas la même chose !

MLP. Vous savez tout vendre, vous !

EM. Moi je ne vends pas, moi je défends, moi je défends…

M.LP. Vous savez tout vendre, le seul problème est que vous savez tout vendre mais pas au bénéfice des intérêts nationaux…

E.M. Mais vous avez cité un cas : la lutte contre le chômage, elle suppose des réformes en profondeur… Parce que vous pouvez remuer les choses…

MLP. Loi El-Khomry, dérégulation, dérèglement… C'est ce que vous voulez faire, monsieur Macron.

C. J. Madame Le Pen, on a compris votre différence…

EM. Madame Le Pen ne veut pas faire un débat sur le fond, c'est grave ! Elle veut parler du passé…

14:57

Vous voulez que je vous dise ? Marine Le Pen est quelqu'un de très drôle. Si, si, je vous assure. En tout cas, j'ai rarement autant ri durant une campagne électorale que pendant les débats de cette présidentielle auxquels Le Pen a participé.

C'est simple : au moment de transcrire les échanges, j'ai dû m'interrompre plusieurs fois, pris d'une hilarité subite, au point de me tenir les côtes !

Non mais, vous avez vu cette entame de match ?

Ouverture sicilienne ? Ou indienne, en référence au cobra ?

Petit retour en arrière
C. J. Avant de nous intéresser à vos propositions, une première question : après des mois de campagne, à quatre jours du second tour et à dix jours de votre investiture, si vous êtes élu(e), quel est votre état d’esprit ? C’est donc à vous, Marine Le Pen. 

M.L.P. Ben, écoutez je suis extrêmement heureuse de la manière dont se déroule ce second tour, parce que la réalité c’est que le choix politique que les Français vont devoir faire s’éclaire. Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique, notamment de nos grands groupes, du dépeçage de la France par les grands intérêts économiques, du communautarisme, et tout cela piloté par Monsieur Hollande, hein ! qui est à la manœuvre maintenant de la manière la plus claire qui soit. Monsieur  Cazeneuve a même dit, je crois que c’était hier ou avant-hier : « Faites voter dimanche résolument pour Emmanuel Macron, faites-le avec la fierté de ce que nous avons accompli et le désir de voir ce que nous avons accompli se poursuivre. ». Bon, eh bien, moi, face à cela, je suis la candidate du peuple ; je suis la candidate de la France telle que nous l’aimons, de sa culture, de sa civilisation, de son unité. Je suis la candidate de la nation qui protège, qui protège nos emplois, qui protège la sécurité de nos compatriotes, qui protège nos frontières, qui nous protège face à la concurrence internationale déloyale et face à la montée en puissance du fondamentalisme islamiste. Et puis, somme toute, les Français ont aussi pu voir le vrai Macron, dans ce second tour : la bienveillance a fait place à la médisance ; la stratégie marketing a été reprise en main par la machine du PS et puis le sourire étudié se transforme en rictus au fur et à mesure des meetings ; l’enfant chéri du système et des élites, en réalité a tombé le masque, monsieur Macron, voilà. C’est bien, je trouve que c’est utile ; on a vu les choix que vous avez faits dans ce second tour ; des choix qui sont des choix cyniques d’utilisation d’arguments de campagne qui sont honteux et qui révèlent peut-être la froideur du banquier d’affaires que vous n’avez probablement jamais cessé d’être. Donc, je pense que cette période, en réalité de clarification, a été profondément utile aux Français pour faire un choix.
Chacun des deux débatteurs était, donc, invité à présenter l'état d'esprit dans lequel il se trouvait à la fin de cette campagne.

Et c'est là qu'on a vu quelque chose que j'ai rarement vu à la télévision, même pas lors du débat entre Sarkozy et Royal, impression rendue encore plus forte par le "close-up" des plans de coupe. Et j'avoue que c'est la première fois que je me suis attardé sur les yeux de Marine Le Pen. Un regard clair, des yeux de cobra, un cobra qui a vu le lapin coincé près d'un rocher et ne bougeant quasiment plus.

Le plus étonnant est qu'à aucun moment, Le Pen ne se soit départie de ce sourire qui n'a rien d'un rictus contraint : elle était vraiment décontractée en entamant ce débat.

Mais, derrière le sourire, il y avait des jets de venin :
... le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique, notamment de nos grands groupes, du dépeçage de la France par les grands intérêts économiques, du communautarisme...
Vous allez me dire que ça, c'est de la polémique classique ; quoi de plus normal dans la bouche d'une "extrémiste de droite" ? Seulement, voilà : Le Pen va asséner à son adversaire quelque chose de factuel, que Macron se doit de contester si c'est faux, ou d'atténuer, dans le meilleur des cas pour lui, sinon, il est mort.
Monsieur  Cazeneuve a même dit, je crois que c’était hier ou avant-hier : « Faites voter dimanche résolument pour Emmanuel Macron, faites-le avec la fierté de ce que nous avons accompli et le désir de voir ce que nous avons accompli se poursuivre. ».
Vous savez quoi ? À ce moment précis, le téléspectateur de base, Madame Michu, Monsieur Bouzigues..., se disent : Ben c'est vrai ou c'est faux ?

Parce que si c'est vrai, Macron est mort et le débat est terminé ! Et là, on se dit qu'il va forcément réagir, contredire ces sornettes ! Et on attend...

Parce que le cobra n'en a pas fini avec le malheureux lapin :
Bon, eh bien, moi, face à cela, je suis la candidate du peuple ; je suis la candidate de la France telle que nous l’aimons, de sa culture, de sa civilisation, de son unité. Je suis la candidate de la nation qui protège, qui protège nos emplois, qui protège la sécurité de nos compatriotes, qui protège nos frontières... 
Je rappelle que Le Pen commence par répondre à la question posée, s'agissant de son état d'esprit au moment d'entamer le débat. Et elle balise très vite l'aire de jeu, histoire d'imposer à son adversaire l'agenda du débat.

Mais ce n'est pas tout : le lapin ne doit pas se dégager du rocher près duquel il est coincé ! Et là, sans se départir de son sourire, elle balance à son adversaire une salve de missiles.
Et puis, somme toute, les Français ont aussi pu voir le vrai Macron, dans ce second tour : la bienveillance a fait place à la médisance ; la stratégie marketing a été reprise en main par la machine du PS et puis le sourire étudié se transforme en rictus au fur et à mesure des meetings ; l’enfant chéri du système et des élites, en réalité a tombé le masque, monsieur Macron, voilà. C’est bien, je trouve que c’est utile...
Mais Le Pen ménage ses effets, réservant l'attaque la plus virulente pour la fin, et la troisième personne du singulier fait place à l'apostrophe, au "vous". Du grand art ! 
... on a vu les choix que vous avez faits dans ce second tour ; des choix qui sont des choix cyniques d’utilisation d’arguments de campagne qui sont honteux et qui révèlent peut-être la froideur du banquier d’affaires que vous n’avez (*) probablement jamais cessé d’être. Donc, je pense que cette période, en réalité de clarification, a été profondément utile aux Français pour faire un choix.
(*) Là, il y a eu un petit "slip of the tongue" [chose que Marine Le Pen commet rarement !] que je n'ai pas transcrit, avec la langue qui manque de fourcher, dérapage que la candidate rattrape très vite, mais un léger glissement qui permet de penser qu'à ce moment, elle avait parfaitement conscience des dégâts que ses déclarations allaient produire sur l'adversaire, d'où presque une hésitation, comment dire ?, une certaine pudeur, l'air de se demander "dois-je vraiment lui asséner ce coup-là sur la tronche ?". Mais, très vite, le petit moment de doute passé (disons un quart de seconde), le cobra se rappelle qu'il a un lapin dans son champ de vision.

Arrive la réponse de Macron, lequel est censé présenter au public l'état d'esprit dans lequel il se trouve.
C. J. C’est donc à vous, Emmanuel Macron, de nous donner votre état d’esprit à quelques jours du scrutin.
E. M. Ben écoutez, vous avez démontré que vous n’êtes en tout cas pas la candidate de l’esprit de finesse, de la volonté d’un débat démocratique équilibré et ouvert. Merci pour cette belle démonstration que vous venez de faire, Madame Le Pen. Je ne m’attendais pas à autre chose ; moi, je ne vais pas vous dire que vous êtes la véritable héritière, non seulement d’un nom, d’un parti politique, du parti politique de l’extrême-droite française, de tout un système qui prospère sur la colère des Français depuis tant et tant d’années. Je ne vais pas vous dire que vous revendiquez même cet héritage, puisque vous l’avez porté depuis que vous avez repris ce parti et que depuis quarante ans dans ce pays nous avons des Le Pen qui sont candidats à l’élection présidentielle, parce que ça ne m’intéresse pas. Alors, vous allez continuer votre logorrhée, puisque c’est ce que vous faites à longueur de rassemblement et autres. La question qui est posée aujourd’hui à nos concitoyens c’est de savoir s’ils veulent l’esprit de défaite que vous portez. Ce que vous portez c’est l’esprit de défaite ; c’est d’expliquer à nos concitoyens : c’est trop dur la mondialisation pour nous, c’est trop dur l’Europe, donc on va se replier, on va fermer les frontières, on va sortir de l’euro, sortir de l’Europe, parce que les autres y arrivent mais pas nous ; c’est l’esprit de défaite dans la lutte contre le terrorisme, parce que cette lutte, tous les pays développés l’ont ; toutes les démocraties ont à la conduire. Mais vous vous dites, non, on va encore là aussi sortir, remettre les frontières, comme avant, comme si ça réglait le problème, mais nous y reviendrons. Face à cet esprit de défaite, moi je porte l’esprit de conquête français, parce que la France a toujours réussi ; elle a toujours réussi dans le monde, parce qu’elle est au monde. Sa langue, elle se parle sur tous les continents, son histoire, sa civilisation, ce qui fait sa force, c’est précisément qu’elle rayonne partout ; ce qui fait que nous sommes, aujourd’hui, la cinquième puissance économique mondiale, c’est que nous sommes forts dans le monde. Il y a énormément de changements à faire, énormément ; ce sont ceux-là que je veux conduire. Et c’est l’incapacité des gouvernements depuis tant et tant d’années, depuis trente ans…
De fait, Macron ne répond pas à la question posée, ce qui constitue une erreur colossale, à ce stade (précoce) du débat.

Pour tenter de faire bonne figure, il va s'engager dans le couloir (les joueurs de tennis disent "la filière" : attaques au filet, rallies de fond de court...) que son adversaire lui a imposé, ce qui constitue une erreur de débutant !

Mais ce n'est pas tout : comme pour accréditer la thèse ébauchée par Marine Le Pen, Macron va se comporter en produit de marketing soigneusement "coaché" par des communiquants, et cela va s'entendre dès sa prise de parole !
Je ne m’attendais pas à autre chose ; moi, je ne vais pas vous dire que vous êtes la véritable héritière, non seulement d’un nom, d’un parti politique, du parti politique de l’extrême-droite française, de tout un système qui prospère sur la colère des Français depuis tant et tant d’années. Je ne vais pas vous dire que vous revendiquez même cet héritage, puisque vous l’avez porté depuis que vous avez repris ce parti et que depuis quarante ans dans ce pays nous avons des Le Pen qui sont candidats à l’élection présidentielle, parce que ça ne m’intéresse pas. 
Vous avez compris ?! Oui ?! Non ?!

La marionnette Macron tente de nous refaire le coup de l'anaphore : "moi président...", sauf qu'ici, cela ne devait pas intervenir si vite dans le débat. Ma main à couper que tout ça avait été dûment mis en place avec ses gourous ; mais cela aurait dû intervenir plus tard, probablement au moment de conclure, pour produire un maximum d'effet, sauf que Le Pen est venue brouiller le programme de notre robot.

Et le voilà obligé de dégainer ce qui aurait dû tenir de l'anaphore - je ne vais pas vous dire que...,  je ne vais pas vous dire que...-, sauf que Macron a dû connaître quelques trous de mémoire, ou s'est-il dit que livrer l'intégralité de la litanie des "je ne vais pas vous dire", à ce moment du débat, aurait trop fait penser à qui vous savez, ce qui aurait fait rire tout le Landerneau, quasiment au tout début de la confrontation. Du coup, sa litanie se réduit à deux éléments. Mais ce n'est pas tout !

Une litanie ?! Mais de quoi donc ?!

Dire, sans dire, tout en disant, voire annoncer le contraire de ce qu'on va faire, en rhétorique, ça s'appelle une prétérition.

Cette pauvre madame Macron, quelle mauvaise prof ! Il faut croire qu'elle avait autre chose à faire avec "le gamin" !!!

En un mot comme en cent, la performance de Macron fut absolument nulle, et ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que Marine Le Pen avait en face d'elle un robot trop bien programmé pour être honnête.

Vous voulez que je vous dise ? Ce débat, en ce qui me concerne, s'est arrêté à la fin de la première déclaration d'Emmanuel Macron. Il se trouve qu'à ce moment précis, pour moi, il était mort ! Le reste, vous pouvez l'oublier.

Bien évidemment, j'ai poursuivi l'enregistrement de la totalité de l'affrontement. Mais, entre nous, pour apprendre quoi ?!?

Je veux dire quoi que je ne susse déjà ?

Et si les commentaires des représentants de l'establishment sont si virulents à l'égard de Marine Le Pen (cf. "la sauvagerie", dixit Christiane Taubira), c'est que tous ceux et celles qui ont un cerveau entre les deux oreilles ont parfaitement compris qu'à la fin des deux minutes et trois secondes de sa déclaration liminaire, Marine Le Pen avait dispersé son adversaire, façon puzzle, comme aurait dit le personnage fameux interprété par Bernard Blier !

Revoyons quelques images tout à fait significatives de cette soirée :

- D'abord, une Marine Le Pen étonnamment décontractée, comme un cobra qui sait que le lapin ne peut lui échapper.





- Ensuite, un Macron qui a beaucoup fait dans l'évitement, à la manière de Sarkozy face à Royal en 2007 : le regard cherchant du réconfort du côté des journalistes.




- Précisément, voyez l'attitude des deux journalistes sur l'image suivante, que j'ai recadrée plus bas : c'est Le Pen qui parle, mais les regards des deux animateurs glissent vers Macron, l'air de dire : "Le pauvre ! Il est parti pour se faire ratatiner, pulvériser, disperser, façon puzzle..."



Impressionnant, non ?! Les Anglo-saxons appellent ça du body-language.

Et comment ne pas revenir sur LA PUNCHLINE de la soirée, voire de l'année, avec cette répartie de Marine Le Pen :

De toutes façons, la France va être dirigée par une femme ; ou ce sera moi, ou ce sera Madame Merkel !

C'était juste HÉNAURME, et je dois avouer  que j'ai dû me tenir les côtes, de rire, durant de longs moments...

Alors, il se peut fort bien qu'Emmanuel Macron soit élu tantôt président de la République française, mais je suis prêt à parier qu'il va, alors, se retrouver dans le même état d'esprit qu'un certain Rosberg au soir de sa victoire en championnat du monde de F1.

On parie ?


P.S. Aperçu tantôt..., un bel exemple de réflexe panurgiste propre à la "grande" presse.



Marine Le Pen se faisant "tailler un costard" dans la grande presse par un... pas-encore-avocat (?!) [les Allemands diraient : "ein Möchtegernrechtsnanwalt" ; comprenez /Möchte-gern-Rechtsanwalt/, de "gern mögen" : avoir envie de..., Rechtsanwalt : avocat ; cf. Ich möchte gern ein Kuchen essen : je m'offrirais bien un gâteau]. Donc, notre homme n'est pas encore avocat, mais il plastronne, et, étant donnée sa maigre culture générale, je me fais beaucoup de soucis pour ses futurs client(e)s !



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