vendredi 15 février 2019

Chrétiens d'Orient, comme une peau de chagrin


Pourquoi ne pas le dire ? Avec le temps, je suis devenu un tantinet allergique à la "grande presse" (imprimée), alors même que mon domicile regorge de bouquins en tous genres et d'une multitude de journaux, magazines et coupures de presse - autant dire jusqu'au plafond ! - attendant d'être scannés et archivés. Seulement voilà : hormis une certaine presse spécialisée que je reçois par abonnement (sciences, informatique, grands espaces [Géo, National Geographic]), je n'achète quasiment plus rien, sinon de façon accidentelle, comme avec ce numéro de l'Express (n° 3415, 14 déc. 2016) dans lequel j'ai déniché une publicité assez étonnante.

Petit quiz : à votre avis, qu'est-ce que cette pub a d'étonnant, voire de stupéfiant ?


Les visiteurs habituels de ce blog vont finir par savoir que je suis fils de pasteur, biberonné au "Notre Père" et aux chorals luthériens que l'on chantait à tue-tête deux fois par jour à la maison, soit le matin et le soir, ainsi qu'à l'église le dimanche, sans oublier les "Prélude et fugue" de Bach sous les doigts du grand docteur Schweitzer, dont mon père possédait tous les enregistrements. Et puis, un jour, je suis devenu incroyant. Tout arrive, n'est-ce pas ?

Mais tout incroyant que je sois, j'ai gardé quelques réflexes, qui me font, par exemple, sauter au plafond en découvrant le genre de chose illustré plus haut.

Alors, vous n'avez toujours pas compris ce que cette publicité avait de stupéfiant ?

Si j'ai bien compris, à en croire l'Ordre en question, l'Orient se réduirait à deux pays : l'Iraq et la Syrie ? Pas le Liban, pas l'Iran, pas les pétromonarchies (le Pape a bien célébré une messe tout récemment aux Emirats Arabes Unis, non ?!) ni l'Inde, ni le Pakistan, etc...? Mais, au fait, c'est quoi l'Orient pour les auteurs de la plaquette figurant plus haut ? Je le trouve bien maigrichon, leur "Orient" !

Mais monsieur, va-t-on me rétorquer, il ne s'agit, ici, que de pays en guerre, qui voient leurs  chrétiens partir pour l'émigration, d'où la nécessaire mobilisation !

Des pays en guerre, dont les chrétiens sont poussés vers l'émigration et l'exil. D'accord. Mais bon, euh, le nom d'Asia Bibi vous dit-il quelque chose ? 

Sinon, l'argument est assez recevable, sous certaines réserves. Mais, néanmoins, cela ne vous fait quand même pas sauter au plafond ?

Tous mes visiteurs n'étant pas férus de culture chrétienne, je suppose quand même qu'ils et elles savent ce que le terme "chrétien" veut dire !?

"Chrétien" veut dire "disciple de..."Vous brûlez !

On l'appelle tantôt Jésus, tantôt Le Christ. Par parenthèse, il naît où, le Christ ?

Nazareth, Bethléhem, Jérusalem, ça vous dit quelque chose ?

Bon sang, mais c'est bien sûr !

En PALESTINE !

Et je suppose que les chrétiens de Palestine coulent des jours paisibles par les temps qui courent ?

Mais avant de parler des temps qui courent, ne vaudrait-il pas mieux commencer par rappeler l'essentiel, à savoir que le Christianisme naît en Palestine, et nulle part ailleurs, ce que d'aucuns semblent avoir oublié !

Et comme nous sommes un vendredi, je suppose que, dans la soirée, nous allons apprendre que "x Palestiniens sont tombés, ce jour, sous les balles des troupes d'occupation...". Et, parmi ces Palestiniens tombés sous les balles voire estropiés et mutilés, il y aura, statistiquement parlant, 1 % de chrétiens !

Comme preuve que les principaux tueurs, mutilateurs et spoliateurs de chrétiens, dans le monde, ne sont ni les Talibans, ni les hystériques islamistes pakistanais, nigérians ou égyptiens, pas plus que les marionnettes du soi-disant État Islamique ou du dénommé Al Qaeda !

Mais de cela, qui se soucie ? Demandez, par exemple, à ce "grand" chrétien qu'est Donald Trump ! Mais je suppose qu'à l'instar de bien des citoyens états-uniens, Trump ne saurait pas localiser la Palestine sur une carte !

Des observateurs volontaires palestiniens observent comment des enfants se rendant à l'école à Hébron, en Cisjordanie, passent devant des soldats israéliens. Après l'expulsion par Israël d'une force internationale d'observation présente dans la ville palestinienne, les activistes (palestiniens) tentent de combler le vide créé en organisant leurs propres patrouilles pour rendre compte de la violence des colons israéliens. (source - source)
Des "chrétiens" qui souhaitent voir disparaître toute trace de christianisme en Palestine..., voilà qui devrait laisser pantois, non ?!

Et si vous lisez l'anglais (sinon cf. un traducteur en ligne), jetez donc un oeil sur le superbe travail réalisé par le National Geographic sur l'exode des chrétiens de Palestine (2009).






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À propos : le BWV 565 est une partition entendue tant de fois dans mon enfance que je pense en connaître chaque note, à défaut de pouvoir l'exécuter correctement sur un piano/synthé (donc sans la partie de 'pédalier' ; ouf !), mais je m'accroche ! J'en présente deux échantillons : A. Schweitzer, pour la nostalgie (même si je trouve ses changements de tempo [cf. la fugue à partir de 2'22] assez discutables !). Dans les versions plus 'modernes', j'aime bien celle de Sean Jackson (très probablement un fils de pasteur, bien plus doué que mézigue, peut-être même pasteur lui-même ! Mais je me dois par honnêteté de reconnaître que, depuis mes débuts sur un clavier, soit vers huit ans, je n'ai pas pris une seule heure de cours ni de solfège, ni de piano, ni d'orgue. 100 % autodidacte, donc !). Cela dit, ma pièce d'orgue préférée de Bach reste quand même ce chef d'oeuvre absolu qu'est la Passacaille et fugue BWV 582, dont il existe une multitude de mauvaises versions (mauvaise registration, mauvais tempi, mauvais son, absence d'inspiration, voire inculture totale...) ! Par parenthèse, tout cela reste de la musique profane, même si les orgues se trouvent généralement dans des églises.  

By the way, soit dit en passant, quand on se prétend pédagogue, il ne faut jamais oublier pour qui l'on écrit. Et à mes visiteurs non francophones qui se servent d'un traducteur en ligne pour accéder à mes articles, je signale que "peau de chagrin" est une expression tirée d'un roman (éponyme) de Balzac, la peau en question se rétrécissant inexorablement... (Lien)