mercredi 27 mars 2019

Réflexions sur ce que d'aucuns appellent "antisémitisme" #5.2


Épisode 5.2. La camionnette "antisémite" (suite)


Si j'ai bien compris, selon les officiels (la Préfecture) du département, la stèle commémorant l'ancienne synagogue de Strasbourg aurait été percutée par une automobile. Pas un camion, ni un semi-remorque, et encore moins un engin de chantier...

Admettons.

Le problème est que quelque chose cloche dans ce discours.

Commençons par récupérer quelques images du site, avant et après coup.

Visiblement, la stèle était primitivement insérée dans un espace vert et entourée d'une haie ainsi que d'une grille, installations remplacées par un unique mur à l'arrière de la stèle.



Notons aussi que le monument est installé sur une zone piétonne plutôt large (soit 4 à 5 mètres).


Sur l'image suivante, nous voyons que la stèle déborde très légèrement sur l'allée, ce que nous estimons ne pas dépasser les 5 cm, ce qui veut dire qu'en cas de percussion par un véhicule, la zone touchée ne saurait excéder le secteur encadré de vert...


Sur l'image suivante, le tracé rouge permet de se faire une idée de la position originelle de la stèle, de manière à apprécier le déplacement imposé par le choc subi. Cela nous fait, au bas mot, 1,5 mètre de pivotement vers la droite. La flèche bleue symbolise le déplacement en marche arrière du véhicule supposé avoir percuté la stèle.



On résume ?

Une allée piétonne de près de cinq mètres de large et un automobiliste qui s'y engage en marche arrière. Mais, au lieu de rester au milieu de l'allée, voilà qu'il va coller sur le côté gauche (du point de vue du conducteur), réussissant à percuter une stèle sur une minuscule zone (moins de cinq centimètres de large) débordant sur l'allée. 

Autrement dit : une stèle extrêmement lourde (1,6 tonne) est percutée sur un minuscule espace de moins de cinq centimètres de large par un automobiliste très maladroit ou très adroit, c'est selon, ou alors en état d'alcoolémie fort avancée, pour n'être pas resté au milieu de l'allée et être allé "chercher" la stèle en collant littéralement sur sa gauche. Le choc est tel que la stèle bascule sur plus d'un mètre, mais...

Parce qu'il y a un mais, voire plusieurs !

Les autorités nous ont dit chercher des indices sur les images de la vidéo-surveillance. Ça veut dire qu'il n'y avait aucun indice matériel sur le site (= au sol) ? Aucune trace de peinture sur la stèle, aucun débris de verre ou de plastique (cf. l'équipement le plus fragile d'un véhicule automobile : l'éclairage en plastique ; ici, le feu arrière gauche) ?

Autant dire que le véhicule était du genre robuste pour n'avoir perdu aucun petit bout de verre/plastique ni laissé la moindre trace de peinture sur la stèle..., et il faut croire que la bagnole venait d'être traitée au Kärcher, puisqu'il n'y avait même pas de trace de boue sur le sol !!! (1)

Et il y a ce témoignage :




Une stèle extrêmement lourde ; il faut une force importante pour la déplacer...

Une force importante, en clair, une énergie conséquente.

Et c'est là qu'on se remémore les cours de physique du lycée ; vous savez ? La statique et la dynamique des solides.

Vous avez un(e) voisin(e) qui va au lycée ? Alors, demandez-lui de vous faire une petite estimation mathématique.

1,6 tonne pour la stèle, c'est la masse. Le poids vient de la composition de la masse par l'accélération (pesanteur), le fameux g = 9,81 !

Ce qui nous donne en Newtons pour le poids de la stèle :

1600 (kg) x 9,81 = 15.696 Newtons

Dans notre cas pratique, le choc subi par la stèle ne l'envoie pas vers le haut mais la fait glisser horizontalement. La force qui va provoquer le déplacement n'est, donc, pas verticale (comme dans le cas du théorème d'Archimède), ce qui risque de fausser les calculs. Et il faut aussi intégrer les frottements (horizontaux ceux-là), qui vont requérir un surcroît d'énergie.

Il n'empêche, ce petit calcul va nous donner un ordre de grandeur de l'énergie requise pour déplacer notre stèle.

En clair, nous avons une énergie de (grosso modo) 15700 newtons, et pour déplacer la stèle, il faut que le choc dû à l'automobile soit au moins équivalent à 15.700 Newtons, énergie que l'automobile acquiert en raison de sa vitesse. Et là, tous nos bons collégiens et lycéens connaissent l'énergie cinétique : 0,5 m x v², soit le produit de la moitié de la masse par le carré de la vitesse.

Imaginons, donc, un véhicule standard d'une tonne opérant une marche arrière sur une allée. Question : sur la base du principe de conservation de l'énergie, quelle a pu être la vitesse du véhicule en marche arrière ?

Si nous considérons que l'énergie cinétique du véhicule est entièrement absorbée par le déplacement de la stèle, nous pouvons estimer que :

➼ 0,5 x 1000 x v² = 15.700 Newtons
➼ 500 x v² = 15.700 Newtons
➼ v² = 15.700/500 = 157/5 = 31,4
➼ v = 5,6 mètres/seconde
➼ v = 5,6 x 3600 m/h = 20,17 km/h

On résume ?

Un automobiliste qui s'engage en marche arrière dans une allée, tout en choisissant de coller au plus près du bord gauche de l'allée, au point de percuter une stèle sur une minuscule surface de moins de 5 cm de large, voilà qui relève d'une précision presque chirurgicale !

Pour mémoire, les occupants du véhicule disent avoir juste senti un choc.

Et tout ça s'est déroulé à près de 20 km/h en marche arrière ! Toujours est-il que le choc est assez puissant pour propulser la stèle et la faire pivoter sur près d'un mètre cinquante, et, pourtant, aucun débris du véhicule n'est retrouvé sur place, pas même un minuscule bout de plastique provenant du feu arrière gauche, ni la moindre trace de peinture non plus sur la stèle !

La stèle ! Mais, au fait, dans quel matériau ? se demande le quidam lambda !

En marbre noir, nous disent les gazettes.

Or, le marbre passe pour être un matériau fragile, tout le contraire du granit :
Le marbre et le granit sont des matériaux couramment utilisés dans l’aménagement et la décoration de vos habitats. Que ce soit dans la fabrication de votre plan de travail, pour vos salles de bain ou pour vos revêtements de sols intérieurs ou extérieurs. Étant tous deux des pierres naturelles, le marbre et le granit sont toutefois bien différents notamment au niveau de leurs propriétés physico-chimiques-mécaniques. Alors, comment choisir entre marbre et granit ?(…)Composé principalement de carbonate de calcium, le marbre est une roche calcaire cristalline  transformée par compression naturelle et des températures très élevées. De couleur claire, il peut présenter des veines ou des marbrures colorées. Le marbre est un matériau relativement fragile qui ne résiste ni à une chaleur trop importante, ni aux griffes et se raye donc très facilement. De plus, il absorbe aisément l’eau et le gras et réagit facilement aux acides. Nous constatons également que le marbre perd rapidement de son brillant. Malgré tout, le matériau qu’est le marbre peut être facilement poli et transformé pouvant ainsi s’adapter à de multiples utilisations. De par sa porosité, nous vous déconseillons l’utilisation de marbre en extérieur, qui pourrait devenir sensible aux intempéries. Facile d’entretien, nous vous déconseillons l’utilisation de détergents ou de produits corrosifs qui pourraient attaquer le marbre. Un nettoyage régulier à l’eau, permettra au marbre de bien vieillir. (Source)

Nous voilà, donc, avec une stèle taillée dans un matériau connu pour sa fragilité, donc peu recommandé dans l'aménagement d'une cuisine, et qui se trouve percutée à une étonnante vitesse par un objet métallique d'au moins une tonne, sans être le moins du monde éraflée !!!!

Voyez l'image après l'impact :


Comme on peut le voir, la zone censée avoir été percutée à près de 20 km/h par un véhicule en marche arrière n'a pas subi la moindre éraflure, alors même que l'énergie (autour de 15.700 newtons) n'a porté que sur quelques centimètres carrés, entraînant une ÉNORME pression (quotient : force / surface) sur ce coin gauche de la stèle !

Comprenez-vous maintenant pourquoi j'ai quasiment sauté au plafond en découvrant la thèse officielle ?

Le fait et que, parmi les nombreuses déclarations intervenues, mon attention a été attirée par ce qui suit : 
Sur la stèle, on distingue ce qui ressemble à des traces de levée avec un pied de biche. Pour le premier adjoint, Alain Fontanel, "on ne pousse pas une stèle de ce poids par hasard. Surtout que le message est clairement écrit dessus". (Source)

Des traces de levée avec un pied de biche ; ce n'est quand même pas rien ! Quant au message clairement écrit dessus, là, j'avoue que je me perds en conjectures !

Mon petit conseil aux autorités strasbourgeoises ou autres, chargées d'élucider ce dossier : en ces temps où ce qu'on appelle des "fake news" se multiplie à grande vitesse, où les thèses officielles sont systématiquement contredites par les réseaux sociaux et autres forums de discussion sur l'Internet (cf. le World Trade Center), je trouve particulièrement inconséquent de venir nous vendre une thèse absolument bidonnée autour de la profanation de cette stèle strasbourgeoise, l'absence totale de traces matérielles d'une percussion par un véhicule automobile étant un indice sérieux de l'inconsistance de la thèse officielle.

Bien évidemment, j'en entends qui vont me reprocher de donner dans le complotisme et autres conneries. À ceux-là, je répondrai simplement que la meilleure façon de susciter des thèses dites complotistes consiste à mentir aux gens, ce qui finit toujours par se savoir, tôt ou tard.

Pour ma part, je ne crois pas une seconde qu'un automobiliste (même pas mis en examen pour conduite en état d'ivresse excessive !!!) à jeun ait pu rouler en marche arrière sur une allée d'au moins cinq mètres de large, en s'appliquant à aller percuter un bout de marbre débordant de moins de cinq centimètres sur l'allée en question, le tout à une vitesse élevée pour une marche arrière et sans voir son véhicule sérieusement endommagé !!!

By the way, que les naïfs toujours prompts à avaler n'importe quelle salade officielle jettent un œil sur le look de véhicules ayant percuté des animaux sur une route de campagne, sachant que le corps d'un sanglier, c'est bien plus mou qu'une stèle de marbre !






Sinon, j'invite les journalistes à retrouver le propriétaire du véhicule censé avoir percuté cette stèle et à nous livrer des photos dudit véhicule. Imaginons, un instant, qu'il ait été équipé du radar de recul ainsi que de la petite caméra... 

Ma conclusion ? 

Vouloir nous faire avaler l'histoire de ce mystérieux véhicule que personne n'a vu, autant nous inciter à croire au yéti ou au monstre du Loch Ness ! Maintenant, il va falloir que les autorités nous disent la vérité sur ce qui est réellement arrivé à cette stèle ! (2)




(1) La boue sur le sol après un accident impliquant une automobile ? Ça vous étonne ? Vous avez déjà fait du vélo ? Alors, vous devez savoir qu'il s'accumule toujours de la boue à l'intérieur du garde-boue d'un vélo. Le même phénomène se produit sous le capot d'une voiture. Et en cas de choc, vous avez toujours un peu de cette boue qui se détache et tombe sur le sol. Ça fait partie des indices que les enquêteurs récupèrent à la suite d'un accident de la circulation suivi d'un délit de fuite. Et s'ils n'ont pas trouvé un peu de cette boue, à Strasbourg, c'est que le véhicule était dans un état de propreté étonnant ! Que dis-je ? Stupéfiant ! 

(2) Pédagogie oblige : il va bien falloir combler l'attente angoissée de ceux qui, ayant oublié leurs cours de physique au collège ou au lycée, se demandent quelle peut bien être l'énergie (cinétique) fournie par un véhicule lambda opérant une marche arrière à une vitesse "normale", disons autour de 10 km/h.

Petit calcul très simple, à partir de la même formule , soit la moitié de la masse à multiplier par le carré de la vitesse (en mètres/seconde), ce qui nous donne :

Vitesse : 10 km/h = 10000 m/3600 sec = 2,78 m/sec

Énergie cinétique E = 0,5 x 1000 x (2,78)² = 500 x 7,73

E = 3864,20 Newtons, ce qui correspond grosso modo à la masse d'un objet de 3864,20/9,81 = 394 kg !

Tout le monde a compris qu'un véhicule d'une tonne opérant une marche arrière à 10 km/h peut espérer déplacer une stèle de marbre de l'ordre de 400 kg, pas de 1,6 tonne ?!?!