mercredi 8 mai 2019

8 mai 1945 : ou comment une ignominie peut en cacher une autre


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Quand la victoire de la démocratie sur la barbarie nazie est apparue imminente, certains musulmans d'Algérie ont espéré que serait enfin mis en application le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Parmi eux Messali Hadj, chef du PPA (Parti Populaire Algérien), interdit depuis 1939. Mais celui-ci est jeté en prison par les autorités françaises et 20.000 de ses partisans défilent le 1er mai 1945 à Alger en sa faveur.

Le matin du 8 mai, une nouvelle manifestation survient à Sétif aux cris de «Istiqlal [Indépendance], libérez Messali». Les militants du PPA ont la consigne de ne pas porter d'armes ni d'arborer le drapeau algérien mais un scout musulman n'en tient pas compte et brandit le drapeau au coeur des quartiers européens.

La police se précipite. Le maire socialiste de la ville, un Européen, la supplie de ne pas tirer. Il est abattu de même que le scout. La foule, évaluée à 8.000 personnes se déchaîne et 27 Européens sont tués dans d'atroces conditions. L'insurrection s'étend à des villes voisines, faisant en quelques jours 103 morts dans la population européenne.

La répression est d'une extrême brutalité. L'aviation elle-même est requise pour bombarder les zones insurgées. Après la bataille, les tribunaux ordonnent 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations.

Officiellement, les autorités françaises estiment que le drame aura fait 103 morts chez les Européens et 1.500 chez les musulmans. Les autorités algériennes parlent aujourd'hui de 45.000. Les historiens spécialistes évoquent quant à eux 2.500 à 6.000 morts.

Une opinion indifférente
Le drame passe inaperçu de l'opinion métropolitaine qui a la tête ailleurs du fait de la capitulation de l'Allemagne, le même jour. Le quotidien communiste L'Humanité ne l'évoque que pour insinuer que les émeutiers seraient des sympathisants nazis !

Les émeutes de Sétif consacrent la rupture définitive entre les musulmans et les colons d'Algérie et annoncent la guerre d'indépendance.
(source)
 
"Les historiens spécialistes évoquent quant à eux 2.500 à 6.000 morts...".

On est en droit de se demander comment nos historiens "spécialistes" s'y sont pris pour accéder aux bonnes statistiques sans avoir été sur place ! Pour ma part, je ferai volontiers plus confiance aux Algériens eux-mêmes.

Toujours est-il qu'il s'est bien agi d'un massacre, voire de trois, dès lors que trois localités furent concernées dans cet évènement, le pire étant la concomittance entre la fin d'une monstruosité ici, et la poursuite d'une autre monstruosité là-bas...

Par ailleurs, quelles qu'eussent pu être les vraies statistiques des massacres du 8 mai 1945, ces derniers ne constituaient nullement un accident, ayant été précédés d'autres massacres coloniaux récents - une mauvaise habitude ! - : ceux sur des tirailleurs sénégalais à Thiaroye (1944), suivis de ceux de Madagascar (1947).


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