dimanche 28 février 2021

À propos du prétendu "islamo-gauchisme". Retour sur un oxymore

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Spécialités bien françaises : les débats récurrents sur "l'immigration", "le mal des banlieues", "l'islamisme", "l'islamisation", "l'échec scolaire"... et, depuis quelque temps, "l'islamogauchisme" ou "islamo-gauchisme".

Quand j'écris "spécialités bien françaises", il s'agit essentiellement de thèmes récurrents dans les médias, notamment audiovisuels, compte tenu de l'explosion des débats en tous genres occupant les chaînes dites d'information. Mais il s'agit aussi de thèmes que l'on ne retrouve pas traités avec la même hystérie dans d'autres pays, à commencer par les voisins européens de la France, malgré une composition sociologique pas si éloignée.

Prenons l'Allemagne, avec sa forte diaspora turque. La question de l'Islam(isme) ne s'y pose pas avec la même acuité qu'en France, et ce, malgré l'énorme contingent de sièges au Bundestag (88 sur 709) occupés par des députés de ladite Alternative Für Deutschland, parti de la droite extrême. 

Prenons l'Espagne et l'Italie, deux pays méridionaux directement impactés par les arrivées massives de clandestins amenés là par des mafias spécialisées dans les trafics d'humains, une partie notable de ces clandestins provenant de pays musulmans.

Prenons la Grèce, pays orthodoxe, dont on connaît la proximité et l'animosité ancestrale avec l'ex-empire ottoman.

Mais on pourrait aussi citer le Royaume-Uni, avec ses importantes cohortes de sujets originaires de tout l'ex-empire, à commencer par l'Inde et le Pakistan, le Nigeria, l'Afrique de l'Est, ainsi que tous ces "migrants", notamment afghans, venus s'agglutiner, en France, sur les plages du Pas de Calais, avec pour unique obsession la possibilité de franchir le Channel. 

Ça nous fait des pays européens confrontés à de vastes contingents de populations musulmanes, le tout, moyennant pas loin de zéro controverse sur un quelconque péril islamiste, en tous cas, pas du tout dans les mêmes proportions qu'en France, et ce, malgré un nombre d'attentats conséquent ici ou là,
Le soi-disant islamisme : une hystérie française ? On en était à ces cogitations quand la bulle médiatique s'est enflammée d'un néologisme jusque-là en sommeil : l'islamo-gauchisme.
Et, bien entendu, mon premier réflexe a été de voir ce qu'en disait le dictionnaire (en ligne).

« Islamo-gauchisme » est un néologisme désignant la proximité supposée entre des idéologies et partis de gauche et les milieux islamiques ou islamistes. Il est principalement utilisé en France, où il est notamment popularisé par l'extrême droite. Composé des termes « islam » et « gauchisme », le terme est également utilisé pour « symboliser une ligne de fracture politique sur les causes du djihadisme ».

En France, la locution est utilisée la première fois par le sociologue Pierre-André Taguieff en 2002, qui déplore depuis son usage « à toutes les sauces ». Aujourd'hui utilisée par certains universitaires ou responsables politiques pour dénoncer la proximité et le laxisme supposés de certaines personnalités politiques françaises de gauche envers l'islamisme, cette expression est critiquée par d'autres — comme la Conférence des présidents d'université et le Centre national de la recherche scientifique, pour qui elle ne correspond à aucune réalité scientifique — qui l'estiment non pertinente, voire stigmatisante, l'accusant de viser à décrédibiliser une partie de la gauche.

 

À suivre