mercredi 9 février 2011

Mea maxima culpa ?


Nota bene : ce papier a été rédigé entre le début de janvier et le premier tiers de février 2011, soit sur plus d'un mois, et à cela, il y a des raisons.

Un jour de (ce mois de) janvier (2011), j'écoute mollement la matinale de Patrick Cohen sur France Inter. Je dis "mollement" parce qu'avec le principe de l'invité(e) du jour, il arrive que l'on soit intéressé, un peu, passionnément, pas du tout. Je ne me souviens plus de l'identité de l'invité de ce jour-là, mais bon. Arrive la revue de presse, que j'écoute toujours avec intérêt, dès lors qu'elle me permet souvent de me faire des pense-bêtes, du type "penser à acheter La Croix d'aujourd'hui, ou l'Humanité, ou La Tribune..."

Fin de la revue de presse, et voilà que Cohen annonce la rubrique "Sans préjugés" d'Audrey Pulvar. Mais c'est ben vrai ça, pensai-je, qu'elle a perdu son interview de 7h52 ! Et j'avoue que j'en étais resté, avec cette journaliste, au papier "incendiaire", à en croire certains, que je lui ai consacré ici même, et qui m'a valu moult commentaires, parfois acerbes, selon lesquels j'aurais été à la frontière de la méchanceté gratuite, voire de la goujaterie. Méchanceté gratuite ? Non mais vous m'avez bien regardé ?

Il se trouve que lorsque j'ai écrit mon papier, je veux dire le premier, sur Audrey Pulvar, cette dernière donnait encore des interviews matinales sur France Inter (7h52) et assurait encore des interviews dans ce qui restait de son émission A.P.S. sur I-Télé, sauf que les personnalités invitées n'avaient rien à voir avec la politique, ce qui me paraissait acrobatique comme exercice. Comment empêcher quelqu'un comme Axel Kahn, par exemple, de parler de politique ? Et Philippe Torreton ? Et Pierre Arditti ? Et moi de pester contre cette fille, que j'avais trouvée bien nunuche, je l'avoue. Parce qu'en plus, j'avais dit qu'elle aurait des problèmes avec ses employeurs. Et les problèmes sont arrivés très vite. Non mais zut alors ?

Dans cette chronique du 6 janvier 2011, il était question du travail et des 35 heures.

J'écoute consciencieusement le papier de Pulvar, et là je sursaute. Qu'est-ce qu'elle a dit ? Elle a dit "prédicat" ?

"... quel que soit le bout par lequel ce débat est pris par les uns et les autres depuis dimanche, c’est toujours avec pour prédicat que le travail est un revenu."



Et là, je me dis : "Ben ça alors ?"

Essayez donc de caser le mot prédicat dans un discours, je veux dire de le caser à bon escient dans un discours. Mieux : essayez donc de me dénicher ce mot dans la bouche d'un des papes de la chronique audiovisuelle, pour m'en tenir à ce milieu-là : je pense aux Alain Duhamel, Claude Askolovitch, Jean-Michel Aphatie, Jean-Marie Colombani et autres Serge July, pour ne parler que de ceux-là. Vous aurez du mal !

La dernière fois que j'ai entendu ce mot, au cours d'une conversation, nous étions en plein séminaire de linguistique, quelque part, dans une FAC française. Il faut dire que les linguistes adorent ce genre de vocables, censés conférer un caractère scientifique à leur prose, je pense à des termes comme "rhème", perlocutoire", "paradigme", "signifiant", "signifié", "acception", etc., pour m'en tenir à des notions "simples". Il se trouve que ces vocables peuplent tout bon essai de linguistique, mais qu'ils apparaissent plus rarement dans le discours usuel. C'est dire ma stupéfaction en entendant  ce mot dans la bouche de Mlle Pulvar.

Je ne veux surtout pas insinuer qu'Audrey Pulvar ait été pédante. Bien au contraire : le pédant use souvent de termes abscons,  toujours  employés à mauvais escient, dans la mesure où l'on sent bien qu'il aurait pu s'exprimer plus simplement ; du coup, il se dégage de son discours une impression de "cheveux sur la soupe".

Par exemple, le pédant constelle volontiers son discours de mots comme "nonobstant" (synonyme : malgré), utilisé souvent à contre-sens, voire en l'absence de toute cohérence syntaxique. Exemple : "mais il a fait cela nonobstant.", ou "il a nonobstant fait cela.", au lieu de "il a fait cela malgré tout." Un autre exemple d'une utilisation à mauvais escient nous est fourni par le mot "acception", auquel nombre de sot(te)s et de maladroit(e)s substituent souvent le le quasi-homonyme "acceptation".

Mais revenons à Mlle Pulvar. Elle a, donc, parlé d'un prédicat (cf. wikipedia : Proposition analytique et jugement synthétique a priori),  donc postulat généralement admis, selon lequel le travail serait un revenu. Du coup, je me mets à écouter le reste de la chronique, en trouvant tout ça fichtrement bien écrit, en tout cas, mille fois plus intéressant et plus instructif que la prose faiblarde d'un Alain Duhamel, par exemple, qui nous sert depuis quarante ans ses "François Miterrand" un jour, ses "Valéry Giscard d'Estaing" le lendemain, puis ses "Jacques Chirac", puis ses "François Bayrou" ; il y a eu les "Ségolène Royal", les "Martine Aubry", ne parlons pas des "Dominique Strauss-Kahn" et autres "Le Pen", Jean-Marie, d'abord, Marine maintenant. Bref,  le gna-gna-gni et gna-gna-gna de la petite routine quotidienne, sur fond de sondages juste paraphrasés. Ce serait d'ailleurs amusant, d'un point de vue de documentaliste - un de mes premiers métiers - de "lister" les sujets traités par Alain Duhamel au cours de toutes ces décennies de péroraisons matinales, sur Europe 1 d'abord, sur RTL ensuite. Je veux dire, combien de fois Giscard, combien de Chirac, combien de Sarkozy, de Strauss-Kahn..., et l'on verrait à quel point ce grand esprit manque d'imagination, à toujours radoter sur les mêmes poncifs.

Il faut dire que le travail d'un chroniqueur politique, façon Alain Duhamel, se limite souvent  à la  paraphrase de sondages. Que, demain, les sondages ne soient plus favorables à Dominique Strauss-Kahn, par exemple, et vous verrez Alain Duhamel changer son fusil d'épaule et expliquer à ses chers z'auditeurs que Strauss-Kahn n'a plus aucune chance, qu'il ne s'est jamais imposé véritablement, et de toute façon, le FMI, c'est si loin, que les plus jeunes des militants socialistes ne savent même pas qui est Strauss-Kahn ! Et patati et patata...

Ça s'appelle un chroniqueur politique, voire un politologue. Moi, j'appelle ça un politocrate. Audrey Pulvar est tout le contraire d'une politocrate. Et  je l'ai quand même traitée de nunuche !

En allemand, on dit "Das hat Hand und Fuß (Fuss) !" : "Ça a de la main et du pied !" Sous-entendu : c'est construit, c'est structuré, ça tient debout !

Il faut dire que, contrairement à la quasi-totalité de ses confrères chroniqueurs, dont l'inénarrable Alain Duhamel est un magnifique spécimen, lesquels se contentent généralement d'étaler leurs états d'âme en tentant de les vendre au cher z'auditeur comme ayant valeur d'oracle, Audrey Pulvar s'appuie énormément sur des notes de lecture, ce qui fait que sa chronique de 8h40 s'harmonise parfaitement avec la revue de presse qui la précède. C'est ainsi que, souvent, elle nous livre, en trois minutes chrono,  une synthèse centrée sur un texte voire plusieurs, traitant du même sujet.

Tiens, juste pour rire : combien de journalistes voire de personnalités politico-médiatiques seraient capables de saisir la nuance contenue dans la proposition suivante, et de se corriger en conséquence ? Le 3 février 2011, Audrey Pulvar dit textuellement ceci (il est question d'une manifestation d'élus) : "ceints de leurs écharpes tricolores, de leur écharpe tricolore..."

Pour se corriger au beau milieu de son propos, comme ci-dessus, vous avez compris qu'il fallait préalablement respecter la liaison : leurs-z-écharpes ! Entre nous, combien sont-ils et elles à pratiquer systématiquement la liaison à la radio et à la télévision ? Le fait est qu'ici, le choix du singulier s'imposait, et bravo à Mlle Pulvar d'avoir instinctivement rectifié le tir, parce que ces élus ne portaient chacun qu'une écharpe, de même qu'on n'a qu'un visage, un nez... Il faudrait, donc, écrire et dire, par exemple : "tous affichaient une belle indignation et un air de dégoût, visibles sur leur visage", et non sur leurs visages, ou encore : "j'ai cru reconnaître à leur accent qu'il s'agissait d'une troupe québécoise..." (parce que chacun n'avait qu'un accent, voire que le groupe, originaire du même lieu, affichait le même accent.). 

Ecouter Audrey Pulvar tous les matins, voilà un excellent exercice à conseiller à tous les professionnels de la profession de journaliste, voire aux formateurs en école de journalisme, où je ne sache pas que l'on apprenne ne serait-ce que les rudiments de la rhétorique.

Pour cause de "libido incompatible avec la déontologie journalistique", Audrey Pulvar n'assure donc plus l'interview "politique" de 7h52, sur France Inter, désormais dévolue à Pascale Clark (particulièrement inspirée, le 11 janvier, face à Dominique Paillé, apparemment tombé en disgrâce auprès du nouveau petit caporal de l'UMP...), mais elle assure toujours des interviewes au sein de son émission, comme ce mardi 18 janvier, avec pour invité l'avocat à la haute stature et à la voix de stentor, j'ai nommé Jean-Yves Le Borgne, pour son livre La garde à vue, un résidu de barbarie. (Ed. du Cherche Midi). Un modèle d'interview par sa fluidité, je veux dire par-là qu'entre l'auteur d'un bouquin et un interlocuteur qui a lu le bouquin, il s'installe comme une osmose : l'intervieweur doit pouvoir rebondir sur une réponse, quitte à renoncer à poser une question déjà prête, dans la mesure où l'autre y a déjà répondu par anticipation. Et dans cet exercice, Audrey Pulvar fait merveille. 

Et dire que j'ai traité cette fille de "nunuche" !

Face à ce ténor du barreau qu'est Maître Le Borgne, Pulvar  a juste été épatante,  et je suppose que, pour un auteur, cela doit être particulièrement agréable de sentir que l'autre vous a lu, et pas qu'en diagonale. Parce qu'il y a tant de mauvais intervieweurs/weuses à la radio et à la télévision. Je pense à cette mauvaise intervieweuse que fut Christine Ockrent, ancienne présentatrice du JT du soir sur France 3, et animatrice de France-Europe Express, émission dans laquelle il y avait plein d'invités, et au cours de laquelle Ockrent servait toujours son cocktail de questions préparées à l'avance, et dont elle ne déviait pas d'un pouce, au point d'interrompre régulièrement l'invité(e) au beau milieu d'une réponse, pour pouvoir caser la question qu'elle jugeait opportun de poser à ce moment précis ! Tout le contraire de Pulvar. Du coup, j'ai pensé que Le Borgne devait être ravi de s'être levé dès potron-minet pour être mis en lumière de manière aussi brillante !

Les interviews et chroniques d'Audrey Pulvar fourmillent de données factuelles comme des citations de documents effectivement consultés, des statistiques ; elle fait aussi référence à des réformes en cours, à telle ou telle déclaration de tel ou tel responsable politique, auteur ou chercheur ;  rien à voir avec les états d'âme d'un Alain Duhamel ou d'un Jean-Michel Aphatie et autres... Bref, du travail de journaliste, label trois étoiles au Michelin !

J'encourage ceux que ça intéresse à se rendre sur le site de France Inter pour y consulter les archives sonores (moi, je ne dis pas "podcast" !)... Il suffit, du reste, de consulter la liste des invités matinaux de Pulvar  : des Jacques Testart, des Hubert Reeves, des Jacques Cotta, des Jean-Pierre Rioux, soit une grosse majorité d'essayistes -  autant dire pas de romanciers à la petite semaine, comme on en voit tant dans toutes les émissions de bas de gamme et autres "talk shows" pour ménagères de moins de dix ans d'âge mental !  -, mais aussi des artistes, un danseur ce matin du 9 février, mais aussi un Jean-Christophe Spinosi, une Emmanuelle Haim, et j'en passe, pour se rendre compte du challenge qu'elle s'impose à elle-même tous les matins.

Histoire d'enfoncer le clou, prenons le plus écouté des intervieweurs du matin, comme dit la propagande de la "première radio de France", tout le monde aura noté que ce grand intervieweur ne reçoit que des politiques, les mêmes qui tournent d'un micro à l'autre, d'un studio à l'autre, depuis vingt, trente, voire quarante ans. Quelques syndicalistes et chefs d'entreprises s'ajoutent à la liste. Et c'est toujours la même chose, et patati et patata. Tout le monde connaît le style "Aphatie", consistant à prononcer le nom de son invité toutes les trente secondes, comme s'il avait peur de tomber en amnésie ! Ça donne des interviewes plan-plan, gnan-gnan, qui ne vous apprennent rien. Par exemple : recevoir Manuel Valls au lendemain de son passage dans une émission de télévision, en sachant pertinemment qu'il va répéter ce qu'il a déjà dit la veille, ou tel ou tel ministre au lendemain d'une interview parue dans la presse écrite... Accumulations, truismes, redondances, ainsi va le petit monde bien pépère de nos grands chroniqueurs et intervieweurs constituant la volaille qui fait l'opinion !

Tiens, ce mercredi 9 février 2011, devinez qui l'immense intervieweur de RTL reçoit-il à l'heure du café ? Jean-Marc Ayrault, le bien pépère président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, omniprésent dans les médias, ces derniers temps, pour réclamer la démission de Michèle Alliot-Marie, pour parler de quoi, je vous le demande ? De broutilles, qu'un ancien ministre socialiste des Affaires Etrangères (Hubert Védrine), qualifiait de "minusculissimes" (Europe 1, 5 février 2011, interview Dominique Souchiez), l'essentiel étant ailleurs. Et entre Aphatie et Ayrault, on a eu droit à l'éternel bla-bla-bla-et-patati-et-patata entendu mille fois, sans oublier le poncif du moment : les primaires par lesquelles les socialistes entendent montrer à tous à quel point le régime bonapartiste leur sied à merveille, et que les critiques contre le régime gaulliste,  proférées il y a plus de cinquante ans par François Mitterrand, n'étaient que foutaises et compagnie. Comme quoi, la vérité des socialistes français est à géométrie variable ! 

Tiens, au fait, à quoi reconnaît-on une bonne chronique ou une bonne interview de radio ? Simplement au fait qu'elle vous donne envie de prendre des notes !


19 janvier 2011. Le site de Libération consacre une rubrique au Cameroun, dans laquelle il est vaguement question de la situation politique dans le pays.

La veille, Audrey Pulvar avait signé une chronique consacrée à un gros ouvrage de 700 pages, dédié lui aussi au Cameroun, mais tel que peu le connaissent : un modèle de guerre coloniale au cours de laquelle s'illustra, entre autres, ce grand commis de l'Etat que fut Pierre Messmer, celui-là même qui engagea en Nouvelle Calédonie une politique de colonisation de peuplement visant, tout bonnement, à rendre les Canaques minoritaires sur leur propre sol.

"Nous parlons ce matin d’une guerre cachée, menée par la France en même temps que la guerre d’Algérie. C'est à lire dans un pavé de 700 pages intitulé Kamerun ! K-a-m-e-r-u-n, c’est ainsi qu’était orthographié le nom de ce pays par les colons allemands, avant les Français..."

Le simple rapprochement de la chronique de Pulvar sur France Inter et du papier dans Libération se passerait presque de commentaires !

Vous avez compris que j'ai "pisté" Audrey Pulvar sur pas mal de temps maintenant ; en football, ça s'appelle un marquage... Mais n'allez surtout pas imaginer que j'aie mauvaise conscience après un premier papier, je suis tout simplement objectif. Hé oui, c'est une attitude que je revendique. Dans un cas, il était question de vie privée, et j'ai estimé que Pulvar et Montebourg nous avaient un peu trop joué l'air d'Audrey et Arnaud chez les bisounours. Parce qu'en la matière, la jurisprudence en vigueur s'apparente à la loi (excellente, au demeurant, mais allez comprendre les homos américains voire les exhibitionnistes en général !) américaine dite "Don't tell, don't ask!" (sous-entendu : on ne vous demande rien/sur vos tendances sexuelles, mais à l'inverse, on vous invite à ne pas en faire état.). Donc, là, il suffisait de ne rien dire à personne. Et j'imagine l'entretien entre Pulvar et un de ses employeurs :

-  Alors, comme ça, vous vivez avec Arnaud M. ?
- Ah bon, rétorque l'autre, mais d'où le savez-vous, monsieur le directeur ?

Moi, je vous garantis que l'entretien se serait arrêté là. Parce que je n'imagine pas le directeur de France Inter ou de I-Télé faisant suivre Pulvar et Montebourg par un détective !

Plus sérieusement, voilà que je me découvre  supporter numéro 2 (je cède volontiers à Arnaud Montebourg le fauteuil du n° 1 !) de celle que je villipendais, il n'y a pas si longtemps, pour sa nunucherie supposée. Mais parailleurs, je m'en vais de ce pas protester auprès des responsables de chaînes de radio (pas France Inter, dont il faudrait au contraire féliciter la direction, je veux dire Philippe Val - hé oui, tout arrive ! - pour avoir maintenu sa confiance à Pulvar) et de télévision, en leur demandant d'écouter un peu toutes les tranches matinales, souvent plan-plan, sans contenu, entre bricolage, trucs et astuces et plaisanteries vasouillardes destinées à un public encore en semi-léthargie, et de comparer. Autant dire qu'une tranche matinale, d'habitude, c'est vide de contenu intellectuel, avec juste ce qu'il faut de musique de remplissage et de chroniques sur la météo, la circulation et la consommation. Tout le contraire de ce que nous offre France Inter le matin.

Quant à la télévision, je vois bien que tout le monde est dans les starting-blocks, en prévision de ce pensum que va être l'élection présidentielle de 2012. Et là, je ne donnerai qu'un indice, en ce qui me concerne : je zappe neuf émissions sur dix consacrées à la politique. Par exemple, je ne regarde plus Mots croisés, ni C Politique, ni rien du tout qui ressemblerait à un talk show politique ou une interview d'une personnalité politique. Exit, donc, les Aphatie (si seulement il arrêtait de prononcer bêtement le nom de son invité(e) toutes les trente secondes !), les grand jurys (non mais vous avez entendu la voix chevrottante d'Etienne Mougeotte sur RTL ? Est-ce que quelqu'un de charitable ne pourrait pas lui suggérer d'arrêter de torturer les chers z'auditeurs de la "première radio de France" ?), les Elkabbach (ça doit faire un paquet d'années que je n'écoute plus ce type, qui a dû recevoir Laurent Fabius combien de fois déjà ? 350 ? 560 ? 787 ?) et autres Achili (au fait, c'est qui Achili ? le type de France Inter ? J'ai dû l'apercevoir une fois..., mais il se trouve que je n'écoute jamais, mais alors jamais cette émission sur France Inter, pas plus que je ne la regarde sur I-Télé.).

Du coup, alors même qu'on croyait lui infliger une sanction, il s'avère que le 6-7 d'Audrey Pulvar a ceci d'intéressant qu'il n'y a pas de politique dedans, hormis la présence de tel ou tel chroniqueur de la presse écrite. Quant à l'émission suivante, de Patrick Cohen, c'est simple : dès l'énoncé du quidam interviewé à partir de 8h20, je sais si je vais l'écouter ou non : zéro Bayrou, zéro Aubry, zéro Lagarde, zéro Le Pen... Une poignée d'exceptions quand même : Ségolène Royal, parce qu'elle reste la meilleure à gauche, avec les trente-et-un points qu'elle a mis à Jospin dans la vue, entre 2002 et 2007, ainsi que l'excellent Jean-Louis Bianco (et là, Royal aurait mieux fait de tourner sa langue 700 fois dans sa bouche avant de se laisser aller à dire des âneries (!) sur le soi-disant extraordinaire talent de Strauss-Kahn, parce que moi, comme premier ministre éventuel d'une Ségolène Royal devenue présidente de la République, je place sur la plus haute marche du podium Jean-Louis Bianco !

J'ai aussi regardé Arnaud Montebourg (je n'ai jamais dit que j'étais allergique à Montebourg !) tout récemment, très bon, chez Anne-Sophie Lapix, sur Canal Plus, même si je m'interroge : la Sixième République, c'est bien une idée popularisée en 2007 par Ségolène Royal, non ? Et malgré cela, Montebourg adversaire de Royal ?

Revenons à Canal Plus : je verrais bien Audrey Pulvar succéder à Denisot à la tête du Grand Journal, mais un Grand Journal avec les mêmes invités que ceux qu'elle reçoit sur France Inter : des gens intelligents, qui ont des choses à dire et qui les ont souvent bien écrites dans des bouquins, ou des artistes, des créateurs, surtout pas des politicards radotant les mêmes salades d'un plateau de télévision à l'autre.

Autre suggestion aux responsables des chaînes du PAF, notamment celles de la TNT : je ne sais pas si ces gens se rendent bien compte du caractère archi-rasoir de devoir se farcir le même quart d'heure d'infos passant en boucle, avec les mêmes fautes de frappe sur les menus déroulants au bas de l'écran ! Et, pendant ce temps, sur BBC World News, Al Jazeera, CNN..., on a droit à moult magazines sur toutes sortes de sujets, car les chaînes infos anglo-saxonnes ne sont pas que des robinets de dépêches passant en boucle. 

Le problème de Pulvar est qu'elle doit se coucher tôt, enfin, je suppose. Cela dit, on n'est pas obligé d'être en direct tout le temps, à la télévision en tout cas ! J'aime bien Thierry Dugeon et Mlle Daynac, mais entre nous, le robinet d'infos répétitives entre 22h et minuit, c'est vraiment rasoir ! Et là, je caserais une tranche éclectique - arts, littérature, sports, mode, presse, musées, etc. - dans laquelle le talent de Pulvar pourrait fort bien s'illustrer. Et l'émission serait baptisée... A. P. S. (!), comme de bien entendu. Cela dit, si l'émission est enregistrée, on n'est pas obligé de la caser en opposition directe avec l'excellent Ce soir ou jamais de Taddéi.

Je dis ça comme ça, mais comme j'ai tendance à déserter radios et télévisions ces derniers temps, je suggère un certain nombre de choses qui seraient susceptibles de m'y attirer de nouveau.


Mais je reviens à mon sujet du début : j'aurais pu écrire ce papier dès les premiers jours de janvier, après avoir été positivement emballé par une chronique d'Audrey Pulvar sur les 35 heures. C'est, du reste, ce que j'ai commencé à faire. Mais vous connaissez probablement mon aversion pour les approximations et les jugements hâtifs. J'ai, donc, pris le temps d'écouter le 6-7/7-9 de France Inter des semaines durant, ce qui n'a fait que conforter l'impression du début : dans le registre éclectique et versatile qu'elle a choisi, Audrey Pulvar est bel et bien la meilleure. Tout simplement. Je veux dire la meilleure du P.A.F., radio et télévision confondues.

Ou alors, que l'on me cite un nom, voire deux, de gens capables de présenter le journal (télévisé), de conduire des interviews ciselées, d'écrire des chroniques consistantes sur toutes sortes de thèmes, le tout s'appuyant sur une étonnante capacité à lire les choses les plus diverses. Le fait est qu'Audrey Pulvar est une grosse liseuse, capable de vous présenter un voire deux bouquins par jour, quand les émissions littéraires n'ont lieu qu'une fois par semaine ! Et moi de me demander où diable trouve-t-elle le temps de lire tout ça ! Ah, c'est vrai, j'oubliais qu'elle ne travaille qu'une petite heure et dix minutes par jour, enfin, je me comprends !

Non, je plaisante. La meilleure, je vous dis. Et je suis on ne peut plus objectif !

Du coup j'enrage de voir un tel talent enfermé dans une case ingrate vers les six heures du matin. À quoi on me fera remarquer qu'avec la diffusion sur Internet, quand il est six heures à Paris, on en est déjà à la mi-journée au Japon et en Australie !

Le fait est que moi, qui suis tombé à bras raccourcis sur cette fille et sur son compagnon, coupables, de mon point de vue, de naïveté et d'inconséquence, me voilà subissant une sorte de conversion de Saül de Tarse sur le chemin de Damas, en me surprenant - à peine ! - en train d'avancer l'alarme de mon réveil-matin pour ne pas louper le 6-7 de France Inter. 

Est-ce que c'est grave, Docteur ?




Archives 

Le 6-7
Le 7-9


Lundi 14 février 2011 : une matinée bien molle sur France Inter, avec comme invité, le grand vizir de l'UMP, vous savez ?, celui qui se voit déjà khalife à la place du khalife. Bref, on écoute d'une oreille distraite, en se disant qu'avec ce qu'on nous prépare, et qui a déjà commencé, je veux parler du psychodrame de 2012, il va falloir faire des stocks de café, pour rester éveillé lors de certains débats. Cela dit, il suffira de zapper... 

Arrive la revue de presse, suivie de la chronique "Sans préjugés". 

César Fauxbras, vous connaissiez ? Moi non ! Le bouquin a paru le 10 février 2011 et, le 14, Audrey Pulvar l'a déjà lu ?!  

Son papier finit comme ça : 

"Et tout le monde en prend pour son grade : les « flicards, poulets, bourres et compagnie », les planqués, Pétain le fusilleur de la Grande Guerre, les officiers. On imagine facilement ce texte dit sur scène, on l’imagine appris dans les écoles. (...) Un petit livre bouleversant. Achetez-le, empruntez-le à la bibliothèque, prêtez-vous-le ! C’est du brutal, mais du sincère."

En trois minutes chrono, Audrey Pulvar vous tire de la léthargie dans laquelle le très grisâtre et tellement insipide  - mais lui-même doit se trouver irrésistible, le pauvre ! - Jean-François Copé vous avait plongé ! En attendant, ça va me faire un bouquin de plus sur une liste qui s'allonge démesurément !

Dites-donc, Mlle Pulvar, une petite bande dessinée, de temps en temps, pour changer !