mardi 29 mars 2011

Libye, les armes de désinformation massive 4/7 (2/2)




Vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que la droite française ne va pas très bien en ce moment (mardi 29 mars 2011), que les sondages de leur caporal d'opérette, qui se prend pour un général sans en avoir l'envergure, sont désespérément bas, que les élections locales se suivent et se ressemblent : minables, que l'extrême droite n'arrête pas de gagner du terrain, etc., etc. D'ici à ce que le gros des troupes découvre ce que je n'ai cessé d'affirmer depuis 2007 (et ce, bien avant le scrutin présidentiel) et constate qu'il a misé sur le mauvais cheval, il n'y a pas loin, d'où cette impression de panique à bord et de fin de règne. 

Quant à la Grande-Bretagne, à peine arrivé aux affaires que voilà que le tandem conservateurs-libéraux se prend une révolte étudiante inouïe (2010) pour cause d'augmentation drastique des frais d'inscription universitaire, révolte symbolisée par cette limousine encerclée par des manifestants et immobilisée en plein Londres, avec comme passagers rien de moins que Charles et Camilla

Mais, plus récemment (dimanche 27 mars 2011), ce sont des centaines de milliers de Britanniques qui se sont déployés dans les rues de Londres, comme rarement manifestation publique n'avait attiré autant de monde dans le passé. À peine arrivée aux affaires, voilà la coalition conservatrice-libérale déjà sur un siège éjectable.

Vous avez compris ? Ce sont ces guignols, ces incompétents, qui ont été les principaux initiateurs de l'agression internationale contre la Libye, en pensant probablement qu'une bonne campagne militaire pourrait permettre de détourner l'attention de leur opinion publique sur autre chose tout en leur permettant de remonter dans les sondages !

Et cette sinistre pantalonnade se passe sous nos yeux et devant les caméras du monde entier, et avec la complicité d'une presse que nous croyions libre !

Entendu récemment, lors de journaux radio/télévisés :

"S'ils (les insurgés de Benghazi) continuent de combattre, ils vont tomber eux-mêmes sous le soup du cessez-le-feu." (Samah Soula, Télévision française, France 2, Journal de 20 h, 18 mars 2011)

Cette brave Mlle Soula ! En voilà une qui croyait, un peu naïvement, qu'un cessez-le-feu, ça voulait dire que "tous les belligérants baissent leurs armes" ! Elle n'avait donc pas compris ! Le fait est qu'elle est la seule journaliste que j'aie entendue faire référence aux termes de la fameuse résolution. Ce qui est tout à son honneur. Pour le reste :

"Le but des frappes est de convaincre Kadhafi d'abandonner le pouvoir et de quitter la Libye." (Pierre Julien, RTL, 19.03.2011)

"Les insurgés, soutenus par les frappes aériennes de la coalition, poursuivent leur progression..." (Télévision française, TF1, Journal de 20 h, 27 mars 2011).

C'était notre rubrique : "Cherchez l'erreur !"




Épisode 4 (2/2) : Irrésolution (suite)



 




Deux lectures utiles, tirées de deux prestigieux organes de presse français, pour commencer, qui vont appeler quelques commentaires. La véritable revue de presse vient juste après. J'avoue que c'est dans la presse en ligne étrangère que j'ai déniché les analyses les plus tranchantes. Ce qui m'amène à poser une question : après cette "crise libyenne", qui lira encore la presse française ?


Nouvel Observateur

Le projet de résolution "autorise les Etats membres (...) à prendre toutes les mesures nécessaires (...) pour protéger les civils et les zones peuplées de civils sous la menace d'attaques" par les forces du colonel Mouammar Kadhafi, y compris à Benghazi - ville de l'est de la Libye aux mains de la rébellion -, souligne le texte.
(...)
Le projet de résolution "décide d'établir une interdiction de tous les vols dans l'espace aérien" de la Libye "de manière à aider à protéger les civils", ajoute le texte. 
(...)
L'expression "toutes les mesures nécessaires" ouvre la voie à des frappes militaires contre des cibles en Libye, même s'il est dit dans le texte qu'elles "excluent une force d'occupation" à l'intérieur du pays.


Observons que ce papier ne porte que sur le "projet de résolution", dont il ressort que l'expression "toutes les mesures nécessaires" ouvrirait la voie à des... frappes militaires..., ce qui constitue une manière très particulière de (re)lire la charte des Nations Unies, à moins que cette interprétation ne rende compte d'une crasse inculture juridique et d'une méconnaissance particulièrement abyssale de la jurisprudence des Nations Unies (cf. les casques bleus !). De fait, il semble que l'expression "toutes les mesures nécessaires" se réduise à "une seule mesure", mais ça, on a fini par le comprendre.




La laborieuse résolution des Nations unies (ce texte appelant quelques commentaires, les mises en exergue et numéros sont de mon fait.)

Bien sûr, il y a quelque chose de satisfaisant (1) dans la résolution sur la Libye que le Conseil de sécurité de l'ONU a votée, jeudi soir 17 mars, à New York. Elle autorise le recours à la force contre le régime de Tripoli (2). Elle prévoit une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen, de façon à clouer au sol l'aviation de Mouammar Kadhafi (3). Elle donne un feu vert à des frappes ciblées contre tel ou tel objectif pour protéger les populations civiles (4).
(…)
Elle vient à point nommé. Elle est de nature à enrayer la marche des colonnes de Kadhafi contre le dernier carré de la rébellion (5), la ville de Benghazi, sur la côte est de la Libye. En clair, elle peut éviter un massacre. Déjà, citée par CNN, une source proche du Guide assurait, vendredi matin, que celui-ci n'entendait plus prendre Benghazi...
(…)
Enfin, cette résolution s'inscrit dans la logique du comportement de ce qu'il faut bien appeler la "communauté internationale" (6). Depuis qu'elle a éclaté, le 15 février, la révolte libyenne n'a cessé de recevoir des félicitations, de tout le monde ou presque (c'est-à-dire de la part de pays qui en janvier encore entretenaient les meilleures relations avec Tripoli).
(…)
C'était une manière d'encourager la rébellion à continuer. Dès lors, pouvait-on l'abandonner dans son dernier carré en quelque triste bord de mer ?
(…)
A l'évidence non. Mais il y a aussi quelque chose d'affligeant (7a) dans le vote de jeudi soir. Et qui n'augure rien de bon. Une fois encore, c'est ce qu'il faut bien appeler la "famille occidentale" - en l'espèce, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne - qui est en première ligne.
(…)
Le monde "émergent" n'est pas au rendez-vous. Les puissances qui sont censées être les "grands" de ce siècle commençant ne veulent pas prendre de risque (7b). La Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil se sont abstenus. Ceux-là mêmes qui, il y a deux semaines, étaient prêts à faire inculper Kadhafi de crimes contre l'humanité (7c) !
(…)
On notera, au passage, habituel chagrin entretenu comme un funeste destin, l'éternelle division de l'Europe. Elle est, cette fois, manifestée par la retentissante abstention de l'Allemagne (8) lors du vote de jeudi soir. Elle nous conduit à nous interroger : in fine, qui sait si" la diplomatie du perron" pratiquée à Paris n'a pas quelques fondements ?
(…)
Pour les auteurs (9a) de la résolution du Conseil - les Britanniques et les Français -, il n'y a qu'une manière de "compenser" la démission des "émergents". Il faut associer le monde arabe aux opérations militaires (9b). Il en a les moyens : il dispose de centaines de chasseurs. Il a l'occasion de faire l'Histoire (9c), pas de la contempler. La portée politique et symbolique de sa participation est capitale.


Observations 

1. Quelque chose de satisfaisant dans la résolution 1973. Satisfaire, satisfaction, expression d'un sentiment. Nous sommes devant une question de droit, lequel renvoie à des règles (de droit), et là, on nous parle de... sentiments !? Etonnant.

2. Elle autorise le recours à la force contre le régime de Tripoli. Et là, on se dit : "Ah bon ? Vous êtes bien sûrs qu'il n'y a que ça ?" "Et pas de recours à la force contre les gens du camp d'en face ?". Il est vrai que ce sont de gentils pacifistes !

3. Clouer au sol l'aviation de Mouammar Kadhafi. Voilà qui nous avait manqué : cette doxa bien dans le style de George Bush père et fils, lesquels, en deux expéditions militaires en Irak, ont dû prononcer le nom de Saddam Hussein des centaines, voire milliers  de fois, selon une rhétorique consistant à tout cibler sur le nom de l'infâme dictateur, utilisé comme "stimulus" dans un processus pavlovien, pour mieux générer le dégoût envers l'ignoble personnage et ainsi, s'attirer les bonnes grâces de l'opinion. Les Nazis avaient déjà recouru au même procédé avec la caricature du Juif au nez fortement busqué et aux doigts crochus. On n'a donc pas affaire à l'armée libyenne, ni à l'aviation libyenne, mais bien à l'armée de Kadhafi, à l'aviation de Kadhafi, comme naguère, il fallait débusquer les armes de destruction massive de Saddam Hussein.

4. Frappes ciblées... pour protéger des populations civiles. Entre nous, il faut vraiment que certains journalistes prennent leurs lecteurs pour des billes pour encore vouloir leur faire avaler la rhétorique de la frappe ciblée, expression relevant presque de l'oxymore, quand on voit le nombre de villages afghans ou irakiens rayés de la carte à la suite d'un seul bombardement... ciblé !

5. Enrayer la marche des colonnes de Kadhafi contre le dernier carré de la rébellion. Deux choses : a) les colonnes de Kadhafi, évidemment ! (Voir l'item n° 3). Et puis l'on découvre que, face à Kadhafi, on n'a pas des militants pacifistes, mais une rébellion. Éloge des rebelles, donc. Voilà qui a dû combler d'aise les cagoulards du FLNC ou les manipulateurs de poudre de l'ETA, pour ne parler que de ces deux groupes. En tout cas, les retraités irlandais de l'IRA doivent se dire : "Ben ça alors, nous étions des héros !"

6. La logique du comportement de ce qu'il faut bien appeler la "communauté internationale". Deux choses : a) la logique = guerrière ? Voilà quelqu'un qui n'a pas lu la Charte des Nations Unies, auquel cas, la logique en question consisterait à s'asseoir sur la Constitution (loi fondamentale) qui régit le fonctionnement de... b) ce qu'il faut bien appeler..., sous entendu que cette fameuse "C.I." n'est qu'une fiction, auquel cas, quoi de plus... logique que de la voir s'appuyer sur des lois... fictives ? Le fait est que la guerre n'entre pas dans la logique, autant dire dans l'ADN des Nations Unies.

7. Quelque chose d'affligeant (a) : les puissances censées être les grands de ce siècle ne veulent pas prendre de risques (b). Ceux-là mêmes qui, il y a deux semaines, étaient prêts à faire inculper Kadhafi de crimes contre l'humanité (c) !...

a) affligeant ? Comme quoi, on reste dans l'univers du sentiment...

b) grands de ce siècle ? Qui ? Russie, Chine, Inde, Brésil, Allemagne ? Ça frise l'inventaire à la Prévert, avec deux membres permanents du Conseil de Sécurité, et trois membres optionnels. Et il est où le problème ? Dans le fait de ne pas prendre de risques ? Ça par exemple ! Est-ce l'avis des Georgiens, des Tchétchènes ou des Tibétains, dont on nous dit qu'ils ploient sous le joug de l'impérialisme russe ou chinois ? Est-ce l'avis des indépendantistes du Cashemire indien, qui aimeraient bien décréter une république islamiste sur le sol de leur province ? Quant à la notion de "puissances censées être des grands de ce siècle", on aimerait savoir sur quel critère est fondée cette notion de grandeur ! Parce que, dans un premier mouvement, on pense à la réussite économique, sociale, culturelle. Mais, apparemment, au Monde, on aurait d'autres critères : guerriers ! Serait-on, donc, un "grand", juste   parce que l'on est prêt à aller couvrir de bombes un pays qui ne vous menace d'aucune façon ?

c) "Les mêmes... étaient prêts à faire inculper Kadhafi de crimes contre l'humanité". Et là, il y aurait de quoi rédiger une thèse de doctorat ! Parce que, visiblement, notre rédacteur du Monde semble tout ignorer de la procédure pénale internationale ! Il se trouve que l'inculpation de crime contre l'humanité ne saurait être prise par des États [même s'il y a eu les cas Klaus Barbie et assimilés, mais venant en parfaite continuité avec la jurisprudence de Nuremberg/1946], en tout cas pas dans le cadre du Conseil de Sécurité, consécutivement à une résolution onusienne, d'autant qu'il existe une cour pénale internationale qui dispose de tout le personnel nécessaire et que, par ailleurs, rien ne permet de lier une éventuelle réaction de tel ou tel pays à l'encontre de violations contre les droits de l'Homme et des peuples dans un pays, avec une opération guerrière, et ce, d'autant plus qu'à aucun moment, la Charte des Nations Unies ne prévoit que la guerre puisse être l'instrument unique voire simplement prépondérant en matière de défense des droits de l'Homme. 

8. Retentissante abstention de l'Allemagne... Mais où y a-t-il écrit que les Allemands étaient à la remorque des Français, ce qui les contraindrait, au nom de je ne sais quelle "sainte alliance", à fonctionner à la manière de frères/soeurs siamois(es) ? Et pourquoi cette "sainte alliance" se manifesterait-elle dans le cadre guerrier, alors même que, dans le cadre économique et industriel, nous avons actuellement une France dont presque tous les chiffres sont dans le rouge ("Nous sommes un pays en faillite !", dixit François Fillon), alors même que l'Allemagne, quelle que soit la monnaie en cours (Mark ou Euro), reste une championne des exportations, le différentiel entre les deux pays dépassant les deux cents milliards d'euros annuels ?

9. Pour les auteurs de la résolution... les Britanniques et les Français (a).., il faut associer le monde arabe aux opérations militaires (b)...  Il a l'occasion de faire l'Histoire (c).

a) Et là, on se dit : "Hé bé !". Où l'on découvre qu'ils n'étaient que deux, les auteurs de la résolution..., un texte qui ne sera voté que par  dix membres sur plus de 190 Etats affiliés à l'ONU. Ça en fait une "communauté internationale" ! 


b) Quant à l'association du monde arabe aux opérations militaires, on aura aussi noté l'empressement dudit monde arabe à venir agresser un des leurs, ne parlons même pas de l'Afrique, dont il semble que la Libye ne fasse pas partie ! Cela dit, soyons honnête : la coalition ne compte qu'une poignée de pays arabes, et de tout petits ; pas de quoi fouetter un chat. Autant dire que la honte existe encore chez les aspirants harkis !


c) Faire l'Histoire. Fichtre, diantre ! Et il n'y aurait qu'une seule manière..., comment dire ?, noble ?, de faire l'histoire ? Et là, il faut bien se rendre à l'évidence : rares sont ceux et celles qui se sont donné la peine de lire la Charte des Nations Unies, voire se sont bornés à n'en lire que le préambule, que je ne saurais trop inviter certain rédacteur d'un prestigieux quotidien français (et il n'est pas le seul !), à consulter de toute urgence, en visitant le site de l'ONU !

S'étonner de l'irrésolution de tant de pays face à la résolution 1973 ? Il faut manquer de jugeote ou être sacrément cynique pour ne pas voir qu'il y avait quelque chose de pourri dans ce dossier, et ce, depuis le début.



Revue de presse



25 mars 2011

Les deux articles qui suivent se penchent sur les lois régissant les opérations militaires sur le territoire d'un état de droit.

Marjorie Cohn

Les États-Unis, la France, et la Grande-Bretagne bombardent la Libye depuis samedi soir avec des missiles de croisière, des bombardiers furtifs B-2, des chasseurs F-16 et des F-15, et des avions d'attaque Harrier. On n'a aucun chiffre fiable concernant le nombre de victimes civiles. Les Etats-Unis ont pris le commandement des opérations punitives de bombardements destinées à faire respecter la Résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
(...)
Cette résolution autorise les états membres des Nations Unies à :
(...)
"prendre toutes les mesures nécessaires (…) pour protéger la population civile et les zones habitées par des civils menacées d'être attaquées dans la Jamahiriya arabe libyenne, y compris à Benghazi, à l'exclusion de la constitution de toute force d'occupation sous quelque forme que ce soit sur tout le territoire libyen". 
(...)
L'action militaire qui est menée actuellement outrepasse les droits accordés par l'autorisation concernant "toutes les mesures nécessaires".
(...)
Toutes les "mesures nécessaires" auraient d'abord dû être des mesures pacifiques pour résoudre le conflit.


Michael Boldin 

La guerre d'Obama en Libye et la Constitution
(...)
Avec les opérations militaires qui ont lieu en Libye actuellement, la question essentielle qu'on doit se poser est: est-ce constitutionnel? Réponse. Absolument pas.

Délégations de pouvoirs
Les 9° et 10° Amendements définissent la Constitution. En bref, ils disent que le gouvernement fédéral n'a le droit d'exercer que les pouvoirs qui lui sont délégués par la Constitution. Et rien de plus. Tout le reste est soit interdit, soit entre les mains des états ou des citoyens eux-mêmes.

Quel rapport avec la Libye? Eh bien chaque fois que le gouvernement fédéral fait quelque chose, la première question à se poser doit toujours être : "où dans la Constitution lui est-il conféré l'autorité de le faire?"
(…)
Ce qui se passe actuellement:
(…)
Du point de vue constitutionnel, les Etats-Unis sont actuellement en guerre contre la Libye. (...) La Libye n'a pas envahi les Etats-Unis, et n'a pas menacé de le faire non plus. 
(...) Le congrès n'a pas déclaré la guerre, c'est Barack Obama qui l'a fait. 
(...) Certains disent qu'Obama a le droit de déclarer la guerre s'il en fait part au congrès dans les 48h et le congrès aurait 30 jours pour autoriser cette opération, ou l'étendre. 
(...) Oui, mais, "où dans la Constitution est-il indiqué que le congrès a le droit de changer la constitution par une loi? Nulle part. 
(...) Et cette résolution, en soi, constitue une violation de la constitution. 
(...) Qu'il y ait ou non une résolution sur les pouvoirs de guerre (War Powers Resolution), sans une déclaration du Congrès, le président n'a pas le droit de lancer une offensive militaire. Point.
(...)
Conclusion? Barack Obama a commis une violation grave de la Constitution. S'il n'est pas le premier à le faire, il serait temps qu'il soit le dernier.
(…)
Michael Boldin est le fondateur du Tenth Amendment Center.



Une réunion a débuté vendredi matin au siège de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba pour tenter de trouver une solution négociée à la crise en Libye, en présence d'une délégation gouvernementale libyenne. La France et la Grande-Bretagne lancent de leur coté une initiative politique.

Si aucun délégué de la rébellion libyenne n'était présent en milieu de matinée, une délégation gouvernementale libyenne est en revanche bien présente. Elle est dirigée par le Secrétaire général du Congrès général du peuple, Mohamed Abou el-Kassim Zouaï, accompagné par quatre ministres.

Des représentants de l'Union européenne, de la Ligue arabe, et des pays de la Conférence islamique participent à la réunion, ainsi que les ministres des affaires étrangères des pays membres du comité de l'UA spécialement mis en place pour suivre la situation en la Libye (Afrique du Sud, Congo, Mauritanie, Mali et Ouganda).

Feuille de route vers la paix
"La situation qui prévaut en Libye est d'une gravité extrême, tant pour ce pays que pour la région dans son ensemble", a affirmé dans son discours d'ouverture le président de la Commission de l'UA, Jean Ping.

Cette rencontre a pour but de "favoriser un échange de vues orienté vers l'action sur la situation en Libye et de rechercher les voies et moyens d'une sortie de crise rapide (...)", a expliqué M. Ping.

Le comité a "développé une feuille de route, à la fois réaliste et adéquate", a assuré vendredi M. Ping, qui a souligné "l'urgence" d'une "solution durable à la crise, dans le respect de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale de la Libye et dans celui des aspirations légitimes du peuple libyen".

Cette "feuille de route" doit aboutir à "la mise en place et la gestion d'une période de transition (...) qui devra déboucher sur l'élection d'institutions démocratiques", selon M. Ping.

Avec un cessez-le-feu immédiat, la mise en place de corridors humanitaires et de mesures de "protection" des étrangers (notamment des migrants sub-sahariens), elle prévoit "l'adoption et la mise en œuvre des réformes politiques nécessaires pour l'élimination des causes de la crise actuelle". Aucune précision n'a cependant été donnée sur la nature de ces réformes.



Interview de Jean Ping, président de la commision de L'Union Africaine

RFI : Il y a votre initiative diplomatique, mais à côté de cela, il y a cette opération militaire internationale. Quelle est votre position ? 

J.P : La position de l’Union africaine est claire. Elle a été exprimée le 10 mars. Ensuite, trois membres africains du Conseil de sécurité de l’Onu - à savoir l’Afrique du sud, le Nigéria et le Gabon - ont voté pour. 

RFI : Pour la résolution ? 

J. P. : Ils auraient pu s’abstenir. Ils ont voté pour. En dépit du fait que la décision que nous avions prise le 10 mars – sept jours avant cette réunion – indiquait clairement que nous ne sommes pas pour une intervention militaire extérieure. Et lorsqu’on leur demande, ils nous expliquent qu’ils ont été obligés, dans les circonstances de négociations et de recherche d’un consensus, ils ont été amenés à voter oui. Je crois même que quelques Etats sont en train de s’expliquer, quelques Etats parmi les trois.



Ecartée du jeu, l’Union africaine durcit le ton

Durant des décennies, le président Kadhafi a agacé ses pairs africains par sa condescendance, par son incessante volonté de fédérer l’Afrique ou de prendre la tête d’une alliance des rois et chefs traditionnels, forgée de toutes pièces et très critiquée par les présidents en place, comme l’Ougandais Yoweri Museveni. Mais en même temps qu’il agaçait, le « Guide » libyen distribuait largement l’argent du pétrole, finançant l’Union africaine, bouclant les fins de mois de pays sahéliens en panne de trésorerie, tandis que la Compagnie libyenne d’investissements (Laico) investissait 480 millions de dollars dans une douzaine de pays. En outre, si la Libye a longuement soutenu des groupes rebelles, entre autre parmi les Touaregs du Sahel, elle a aussi accueilli des centaines de milliers de travailleurs africains, véritables soutiers de son économie. Ces derniers, à plusieurs reprises, ont été victimes de mesures d’expulsion brutales ou ont été refoulés sans ménagement alors qu’ils tentaient de gagner l’Europe. Aujourd’hui, ils sont encore des centaines de milliers de Tchadiens, Nigériens, Maliens et autres, à se terrer, craignant d’être victimes des représailles des rebelles qui les confondraient à des mercenaires, ou essayant de fuir vers le sud à travers le désert…


Stern (Allemagne)

Deutschland verrät die Rebellen

Der zynische Diktator Gaddafi hat darauf gewettet, dass der Westen nicht den Mumm hat, etwas gegen seine Schlächter zu unternehmen. Ginge es nach Deutschland, bekäme er recht. Das ist fatal. Ein Kommentar von Florian Güßgen
(…)
In der Not ist auf Deutschland kein Verlass. Das ist die Botschaft, die Berlin in der Nacht zum Freitag via New York an die arabische Welt gesandt hat, als sie sich bei der Abstimmung über die Libyen-Resolution im Uno-Sicherheitsrat enthielt. Diese Haltung der Bundesregierung ist ein Fehler, der die außenpolitische und humanitäre Glaubwürdigkeit des Landes beschädigt - und den eigenen deutschen Anspruch widerlegt, als Sicherheitsratsmitglied Verantwortung in der internationalen Politik übernehmen zu wollen. Denn der Beschluss des Uno-Gremiums, einen militärischen Angriff völkerrechtlich zu legitimieren, ist ein wichtiges, wenn möglicherweise auch zu spätes, Solidaritätssignal des Westens an die Reformer und Revolutionäre in der arabischen Welt. Es hat Bedeutung über Libyen hinaus, auch im Jemen und in Bahrain. Deutschland hätte den dortigen Demokraten dieses Signal verweigert.


Traduction : L'Allemagne trahit les rebelles [sous-entendu : ce ne sont pas des pacifistes ! note du traducteur]

Le dictateur cynique Kadhafi a fait le pari que l'Occident n'aurait pas le courage de se dresser contre ses assassins. Si cela s'était passé en Allemagne, il aurait eu raison. C'est fatal. Un commentaire de Florian Güßgen
(...)
Dans l'adversité, l'Allemagne est tout sauf fiable. C'est le message que Berlin a envoyé, dans la nuit de jeudi, via New York, au monde arabe, après s'être abstenue de voter sur la Libye dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette attitude du gouvernement fédéral est une erreur qui a ruine la crédibilité de la politique humanitaire et étrangère du pays - et contredit la prétention de l'Allemagne, en sa qualité de membre du Conseil de sécurité, à assumer ses responsabilités en politique internationale. Parce que la décision de l'organe de l'ONU pour légitimer une attaque militaire en vertu du droit international est un important signal, même s'il arrive un peu tard, de la solidarité de l'Occident envers les réformateurs et révolutionnaires dans le monde arabe. Cette décision a une signification qui va au-delà de la Libye et concerne également le Yémen et  Bahreïn. C'est ce signal que l'Allemagne a refusé d'adresser aux démocrates de ces pays.

Commentaire

Ce qui est "marrant", c'est de voir qu'un certain nombre d'"experts" en relations internationales, à défaut d'être des experts du droit international (dont ils ignorent tout !) oublient généralement de situer la Libye en Afrique, se bornant à n'y voir qu'un Etat arabe. 



Après avoir bloqué par un veto solitaire une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui condamnait l’expansionnisme colonial d’Israël dans la Palestine occupée, à présent les USA se posent à nouveau en interprètes et champions de la « communauté internationale ». Ils ont convoqué le Conseil de sécurité, non pas pour condamner l’intervention des troupes saoudiennes au Bahrein mais pour exiger et finalement imposer le lancement de la « no-fly zone » et d’autres mesures de guerre contre la Libye.
 (…)
D’ailleurs, quelques mesures de guerre avaient déjà été entreprises unilatéralement par Washington et par certains de ses alliés : comme le démontrent l’approche de la flotte militaire étasunienne au large des côtes libyennes et le recours à l’instrument colonialiste classique de la politique de la canonnière. Mais Obama ne s’est pas arrêté là : ces jours derniers il avait plusieurs fois intimé à Kadhafi de façon menaçante d’abandonner le pouvoir ; il avait appelé l’armée libyenne à opérer un coup d’Etat. L’aspect le plus grave est encore ailleurs. Avec la Grande Bretagne et la France, les USA ont depuis quelques temps lâché leurs agents pour mettre les fonctionnaires libyens face à un dilemme : ou passer du côté des rebelles ou bien être déférés à la Cour pénale internationale et passer le reste de leur vie en prison, en tant que responsables de « crimes contre l’humanité ».
 (…) 
Pour couvrir la reprise des plus infâmes pratiques colonialistes, l’habituel, gigantesque appareil multimédia de manipulation et désinformation s’est déchaîné. Et, pourtant, il suffit de lire avec un minimum d’attention la presse bourgeoise elle-même pour s’apercevoir de la tromperie. Jour après jour on a répété que les avions de Kadhafi bombardaient la population civile. Or voici ce qu’écrivait Guido Ruotolo sur La Stampa du 1er mars (p. 6) : « C’est vrai, il n’y a probablement eu aucun bombardement ». La situation a-t-elle radicalement changé les jours suivants ? Sur le Corriere della Sera du 18 mars (p. 3) Lorenzo Cremonesi rapporte de Tobrouk : « Et comme il est arrivé déjà dans les autres localités où l’aviation est intervenue, il s’est agi tout au plus de raid d’avertissement. "Ils voulaient faire peur. Beaucoup de bruit mais pas de dégât", nous a dit par téléphone un des porte-parole du gouvernement provisoire ». Ce sont donc les révoltés eux-mêmes qui démentent le « génocide » et les « massacres » invoqués pour justifier l’intervention « humanitaire ».
 (…) 
A propos des révoltés. Jour après jour ils sont célébrés comme des champions de la démocratie dans toute sa pureté, mais voici en quels termes a été racontée leur retraite face à la contre-offensive de l’armée libyenne par Lorenzo Cremonesi sur le Corriere della Sera du 12 mars (p. 13) : « Dans la confusion générale, des épisodes, aussi, de saccage. Le plus visible est celui de l’hôtel El Fadeel, où ils ont emporté des téléviseurs, des couvertures, des matelas en transformant les cuisines en poubelles, les couloirs en bivouacs crasseux ». Il ne semble pas que ce soit vraiment le comportement d’un mouvement de libération ! Le moins qu’on puisse dire est que la vision manichéenne du conflit en Libye n’a aucun fondement.


Spiegel (Allemagne)

Libyen-Enthaltung in der Uno. Wie es zu dem deutschen Jein kam.

Berlin - Es ist ein Thema, über das im politischen Berlin seit Tagen spekuliert wird, auch in vertraulichen Runden mit Koalitionspolitikern: Wie kam es zur Enthaltung Deutschlands im Uno-Sicherheitsrat bei der Abstimmung über eine Flugverbotszone? Wer vertrat eigentlich zu welchem Zeitpunkt in der Spitze der Bundesregierung welche Position?

Nun hat ein Beitrag in der heutigen Ausgabe der "Frankfurter Allgemeinen Zeitung" ("FAZ") die Regierung alarmiert. Der Autor Lothar Rühl schreibt dort, Außenminister Guido Westerwelle (FDP) habe in New York sogar gegen die Resolution stimmen lassen wollen. Doch Bundeskanzlerin Angela Merkel habe ihm schließlich die Enthaltung abgerungen, "die sie nun durch pragmatische Politik in der Bündnispraxis zu neutralisieren sucht".

Hätte sich Westerwelle durchgesetzt, dann hätte er damit Deutschland "vollends ins Abseits gestellt und die von hohen Beamten als 'Desaster' bezeichnete Wirkung auf das deutsch-französische Verhältnis zu einer veritablen Katastrophe der deutschen Außenpolitik vollendet", schreibt Rühl. Der Publizist gilt als gut informiert, er war einst Staatssekretär im Verteidigungsministerium.

Der Artikel sorgte am Mittwoch auf Regierungsebene in Berlin für Aufregung. Im Auswärtigen Amt hieß es gegenüber SPIEGEL ONLINE: "Das ist frei erfundener Unsinn." Auch im Umfeld der Kanzlerin wurde die Version in der FAZ als "grundfalsch" zurückgewiesen. Der Sprecher Westerwelles, Andreas Peschke, betonte auf Nachfrage: "Zwischen der Kanzlerin und dem Außenminister gab es eine engste Abstimmung über das Abstimmungsverhalten."


Traduction : Abstention sur la LibyeComment on en est arrivé au oui/non (Ja + Nein = Jein)

C'est un sujet sur lequel les milieux politiques berlinois spéculent depuis des  jours, même dans le cadre d'entretiens confidentiels avec les politiciens de la coalition (au pouvoir à Berlin) : comment en est-on arrivé à l'abstention de l'Allemagne au Conseil de sécurité de l'ONU, lors du vote sur une zone d'exclusion aérienne ? Qui, au somment de l'Etat, est vraiment à l'origine de cette décision et à quel moment ?

Le fait est qu'un article paru dans l'édition d'aujourd'hui de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) a alerté le gouvernement. L'auteur y écrit que le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle (FDP), était disposé à faire voter contre la résolution. Mais la chancelière Angela Merkel aurait réussi à lui arracher, in extremis, le principe de l'abstention, au sujet de laquelle il va s'agir, désormais, de neutraliser par une politique pragmatique dans la pratique quotidienne de la coalition" (au pouvoir en Allemagne).

Si Westerwelle avait imposé ses vues, il aurait conduit l'Allemagne dans une voie de garage et aurait vu l'effet désastreux [de cette prise de position] sur les relations franco-allemandes évoluer en véritable "catastrophe" pour la politique étrangère allemande». Le publiciste passe pour être bien informé, lui qui fut, autrefois, secrétaire d'État à la Défense.

L'article a, ce mercredi, provoqué des remous dans les sphères gouvernementales berlinoises. Aux affaires étrangères, il a été déclaré au Spiegel On line que tout cela constituait un tissu de "fictions sans fondement." Mais également dans l'environnement de la chancelière, la version du FAZ a été rejetée comme étant "absolument erronée". Le porte-parole de Westerwelle, Andreas Peschke, a déclaré qu'entre  la chancelière et le ministre des Affaires étrangères, il y a eu des convergences très proches sur l'attitude à observer (à l'ONU).

Commentaire :  la question de cet observateur était : "comment en est-on arrivé à l'abstention de l'Allemagne au Conseil de sécurité de l'ONU, lors du vote sur une zone d'exclusion aérienne ?" Comme quoi, pour beaucoup de monde, la résolution portait essentiellement sur cette fameuse "zone d'exclusion aérienne". On imagine leur attitude en apprenant que des bombes allaient débouler sur la tête des Libyens ! Et l'on imagine aussi qu'après coup, ils se sont dit que Merkel and Co avaient eu raison de ne pas tomber dans le panneau. C'est en tout cas ce que je suppose !


Giessener Zeitung (Allemagne)

Wo leben wir denn? Der UN-Sicherheitsrat hat den Weg für militärische Aktionen in Libyen endlich frei gemacht. Am späten Abend des 18.3.11 beschloss das Gremium die lange auch von den durch GADDAFI bedrohten Freiheitskämpfern erwartete Resolution für eine Flugverbots-Zone. Zehn Mitgliedsstaaten stimmten für den Entwurf. Fünf enthielten sich, darunter auch Deutschland (BRD = BananenRepublikDeutschland ???). 

Man muss sich schämen! Die positive Resolution der anderen Staaten erlaubt Luftangriffe, der Einsatz von Bodentruppen ist aber ausgeschlossen. In der letzten großen Rebellen-Hochburg Bengasi verfolgten die Menschen die UN-Entscheidung auf Großbild-Leinwänden. Sie FEIERten das Votum JUBELnd mit FREUDEn-Schüssen und Feuerwerk. Der stellvertretende libysche Außenminister Kaim sagte plötzlich, die Gaddafi-Regierung wolle positiv mit der Entscheidung umgehen. Die internationale Gemeinschaft solle eine Kommission nach Libyen entsenden. 


Traduction

Mais dans quel pays vivons-nous ? Le Conseil de sécurité a enfin ouvert la voie à une action militaire en Libye. En fin de soirée, ce 18.3.11, le Conseil a validé la résolution tant attendue notamment par les combattants de la liberté menacés par Kadhafi, résolution instaurant une zone d'exclusion aérienne. Dix États membres ont voté pour. Cinq se sont abstenus, dont l'Allemagne (RBA = République Bananière Allemande ???).

Quelle honte ! La détermination des autres Etats permet des attaques aériennes, tout en excluant l'utilisation de troupes au sol. Dans le bastion principal des rebelles, à Benghazi, l'événement était suivi sur de grands écrans. Ils ont célébré le vote avec une explosion de joie, des tirs en l'air et des feux d'artifice. Le vice-ministre des Affaires étrangères libyen Kaim dit tout à coup, le gouvernement Kadhafi serait disposé à répondre positivement à la décision et que la communauté internationale devrait envoyer une mission en Libye. 

Commentaire : contrairement à l'extrait précédent, tiré du Spiegel, ce qu'on vient de lire montre bien que le commentateur assimile "zone d'exclusion aérienne" à "zone de bombardements" : "le Conseil a validé la résolution tant attendue (…) instaurant une zone d'exclusion aérienne… (ce qui) permet des attaques aériennes, tout en excluant l'utilisation de troupes au sol.".

On se met à la place de la pauvre Madame Schmidt ou du pauvre Monsieur Meier, qui ne doivent plus savoir à quel saint se vouer, avec ces interprétations fluctuantes d'une résolution de l'ONU. Mais peut-être était-ce voulu, que le grand public n'y comprenne rien, si les journalistes eux-mêmes nagent dans la mélasse !



Et si les bons de Benghazi n’étaient pas aussi bons qu’on le dit ?

Nous avons créé deux camps : celui des bons et celui des méchants. Les présentateurs du Journal Télévisé sont convaincus que la simplification, ça fait bien à la télé ; d’autres croient que ça aide le lecteur ou l’auditeur à comprendre la réalité.
(…)
Dans cette guerre, le méchant officiel c’est Mouammar Kadhafi. Il vient d’obtenir le rôle vedette après 42 années « d’abus, de détentions arbitraires, de disparitions, d’assassinats et d’attentats terroristes commandités dans des pays étrangers, en plus de financer les guérillas au Liberia et au Sierra Leone, entre autres pays d’Afrique ».
(...)
Les « bons », ce sont les rebelles de Benghazi, ceux que nous appelons « les civils  », peut-être pour justifier la réplique guerrière. Dans la propagande, peu importe ce qu’on dit, seuls les résultats comptent. Des civils ? Ces « civils » qui arrivent jusqu’à nous à travers les images sont des miliciens juchés sur des chars, des hommes qui font feu avec des lance-roquettes antiaériens et qui descendent des avions. (...) Rien à voir avec la Place Tahrir du Caire.
(...)
Les rebelles civils de Libye ont une longue histoire d’antiaméricanisme armé et militant ; cela rend leur compagnie pour le moins douteuse. Le pari occidental en leur faveur est très risqué. Mais peut-être n’y avait-il pas d’autre choix.



Épuisement des ressources pacifiques

Une première condition, pour parler de guerre juste, est d'avoir épuisé les solutions diplomatiques et pacifiques avant de recourir à la force. Dans le cas de la Libye, où s'affrontent deux groupes armés, cela consisterait en une offre de médiation. Or, ni l'Europe ni les États-Unis n'ont fait une telle offre. Ils se sont bornés, tout comme l'ONU, à poser des ultimatums unilatéraux à Kadhafi. Le Venezuela, en revanche, a proposé une « mission de médiation internationale formée de représentants de pays d'Amérique latine, d'Europe et du Moyen-Orient pour tenter de négocier une issue entre le pouvoir libyen et les forces rebelles ». Selon Al Jazeera, qu'on ne peut suspecter d'être pro-Kadhafi, cette offre avait été acceptée par le gouvernement libyen et refusée par l'opposition, la France et les États-Unis. Toute sortie de crise pacifique n'était donc peut-être pas compromise. Pourquoi, dès lors, l'Occident ne s'est-il pas engagé sur une telle voie si son but était bel et bien de « protéger les populations et les zones civiles », comme le prévoit la résolution de l'ONU ? Encore une fois, il semble que ce soit avant tout un changement de régime qui motive nos dirigeants à passer à l'action. Bombarder la Libye leur paraît plus important que de mettre fin aux massacres.

Conclusion

La guerre contre la Libye est une guerre dont les enjeux ne sont pas humanitaires. Elle a été entreprise sans tentatives préalables de résolution pacifique et rien ne laisse penser qu'elle améliorera la situation sur place. Une telle guerre n'est ni juste ni morale. Comme on l'a montré plus haut, il se pourrait même qu'elle soit illégale.


Propagande : dix principes élémentaires 

1. Nous ne voulons pas la guerre
2. Le camp adverse est le seul responsable de la guerre
3. Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l'affreux de service »)
4. C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers
5. L'ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c'est involontairement
6. L'ennemi utilise des armes non autorisées
7. Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes
8. Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause
9. Notre cause a un caractère sacré
10. Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.

Ce dernier principe est le corollaire de tous les précédents, tout personne mettant en doute un seul des principes énoncés ci-dessus est forcément un collaborateur de l’ennemi. Ainsi, la vision médiatique se limite aux deux camps cités ci-dessus. Le camp du bien, de la volonté divine, et celui du mal, des dictateurs. Ainsi, on est « pour ou contre » le mal. En ce sens, les opposants à la guerre du Kosovo se sont vu traiter dans L’Évènement du 29 avril au 5 mai 1999 de « complices de Milosevic ». L’hebdomadaire va même jusqu'à systématiser plusieurs « familles ». On retrouve ainsi la famille « anti-américaine » avec Pierre Bourdieu, Régis Debray, Serge Halimi, Noam Chomsky ou Harold Pinter. La famille « pacifiste intégriste » avec Gisèle Halimi, Renaud, l’abbé Pierre… et leur organes respectifs, le Monde diplomatique, le PCF.

Il devient donc impossible de faire surgir une opinion dissidente sans subir un lynchage médiatique. Le pluralisme des avis n’existe plus, il est réduit à néant, toute opposition au gouvernement est réduite au silence et au discrédit par des arguments bidon.

Ce même argumentaire a été de nouveau en application lors de la guerre en Irak, bien que l’opinion internationale étant plus partagée, cela c’est moins ressenti. Mais être contre la guerre c’est être pour Saddam Hussein… Le même schéma fut appliqué dans un tout autre contexte qu’était le référendum sur la constitution européenne : « être contre la constitution c’est être contre l’Europe ! »



Tout petit, mon père m'avait raconté cette histoire: C'était pendant la période coloniale. Clemenceau, le président du Conseil français, visitait l'Algérie et était arrivé à la porte d'une ville'. Un bachagha algérien, l'accueillant, lui dit: «C'est mon père qui a ouvert cette ville à la France». Et Clemenceau de lui répondre: «Monsieur, chez nous, on appelle cela un traître.»
(…)
Que les insurgés libyens, et les Etats arabes qui ont appelé à l'intervention armée, prennent garde aux flatteries occidentales sur «leur courage» et «leur détermination démocratique'». Il n'y a aucun courage à compter sur des armées étrangères pour vaincre. Ces flatteries ne cachent, en réalité, que mépris pour eux. Peut-on défendre une révolution démocratique et nationale en indiquant à des forces armées étrangères les sites de son propre pays à bombarder. Espérons que les plus lucides des démocrates libyens prendront conscience du terrible engrenage dans lequel on veut les entraîner, de glissement en glissement, et qu'ils comprendront qu'on ne peut défendre la démocratie sans défendre la nation. Les peuples hiérarchisent les priorités.
(…)
Le nouveau pouvoir Libyen, s'il est installé par l'étranger, sera marqué par les conditions de sa naissance. Il sera vulnérable, soumis à la volonté de ceux qui l'auront fait. Rien n'aura été réglé. Pire, la crise démocratique se sera transformée en crise nationale
(…)
DESINFORMATION et MANIPULATIONS
La crise libyenne restera probablement dans l'Histoire comme l'une des plus grandes opérations de désinformation et de violation du droit international de notre époque.

Un point est à cet égard significatif: la résolution 1973 adoptée Jeudi 17 mars par le Conseil de sécurité. Cette résolution dans son article 1, qui a donc la primauté sur tous les autres, ordonne un cessez le feu en Libye, et dans son article 2 préconise expressément «un dialogue qui débouche sur les reformes politiques nécessaires à un règlement pacifique et durable» (souligné par nous).Ce sont ces dispositions qui vont faire que les principales grandes nations émergentes (Chine, Russie, Inde, Brésil) ne vont pas voter contre cette résolution mais s'abstenir, pour exprimer leur méfiance au fait que la résolution laisse quand même la possibilité d'une intervention extérieure (article 4 ).
(…)
Mais les dispositions réelles de la résolution vont être passées sous silence dans une gigantesque campagne médiatique qui ne veut y voir que «l'autorisation du recours à la force contre le régime de Kadhafi» (journal «Le Monde» du 18 mars), et donc celle de procéder à «des frappes». Ceci n'est pourtant pas dit dans la résolution qui parle seulement «de toutes mesures nécessaires à la protection des populations civiles» sans citer nulle part le «régime de Kadhafi», c'est à dire en s'adressant à toutes les parties en conflit.
(…)
Après les frappes, et comme par enchantement, on ne parlera plus de troupes de El Gueddafi «dans les faubourgs de Benghazi». Et lorsqu'on annoncera les premières victimes des missiles américains sur Tripoli, les journalistes de France 24 et d'El Djazira, devenus soudains sceptiques et professionnels, diront qu'il est nécessaire de vérifier ces informations.

COMME A LA «BELLE EPOQUE»
Quel que soit le comportement du gouvernement libyen, la cause était entendue d'avance. Il fallait éliminer El Gueddafi, et si besoin est physiquement, comme on le verra suggéré. La façon dont ont été déclenchées les frappes, les cibles visées, prouvent la préméditation et que les préparatifs ont été faits bien à l'avance, déjà au moins lorsque les bâtiments de guerre américains, français et anglais sont venus croiser au large des côtes libyennes. L'évolution même du langage des medias et des officiels occidentaux montrent les buts réels de l'opération: on passe successivement de «zone d'exclusion aérienne» à «frappes ciblées» puis à «frappes préventives», puis à «l'appui à donner aux insurgés pour renverser El Gueddafi qui est de toute façon fini politiquement». La partition de la Libye, entre d'une part la Tripolitaine et d'autre part la Cyrénaïque est déjà évoquée comme une option.

Certains intellectuels français, comme Antoine Sfeir, qui a réclamé avec acharnement avec Bernard Henry Lévy une intervention militaire, va jusqu'à envisager sur la chaine France 5 (émission «C dans l'air»,16 mars) l'éventualité «que quelqu'un mette à Gueddafi une balle dans la tête». Un autre «spécialiste des pays arabes», Antoine Basbous suggère sur France 2 («Telématin», 21 mars) que la disparition de El Gueddafi résoudrait bien des problèmes. La crise libyenne révèle d'un seul coup l'état culturel d'une grande partie de l'intelligentsia française. Certains ne se contentent pas seulement de justifier l'intervention armée en Libye, ils vont même jusqu'à prendre un plaisir inquiétant à donner des conseils sur la manière de mener l'action militaire, comme le font Pascal Boniface, Pierre Hesner, Paul Pancracio, Jean François Daguzan, des intellectuels et chercheurs français dans le journal «Le Monde» du 16 Mars 2011.

IRAK REPLAY
C'est le remake des deux guerres contre l'Irak. Tout y est, exactement, comme s'ils n'avaient rien appris depuis 20 ans. Le premier ministre anglais, David Cameron, retrouve exactement les mêmes mots que Bush et Tony Blair et commence son discours de justification de l'attaque contre la Libye en disant «Nous avons des informations fiables que….». On affirme à nouveau que les frappes des missiles Cruise et Tomawak sont des «frappes chirurgicales» pour une nouvelle «guerre propre». Dans la nuit de Tripoli recommence le feu d'artifice monstrueux, comme à Bagdad.
(…)
Le plus douloureux est de retrouver des chaînes et des journaux arabes justifier tout cela et avec des arguments semblables. La Chaîne El Djazira a représenté, pour l'opinion arabe, un grand espoir d'esprit critique, de pluralité de l'information, bref de démocratie. Avec la crise libyenne, elle devient brusquement une chaîne gouvernementale arabe comme les autres, un instrument de propagande. On se souvient soudain qu'elle est la chaîne du Qatar. Où est El Djazira qui représentait une source d'informations, une alternative à la désinformation pendant les guerres contre l'Irak, contre le Liban, contre Gaza. Le 19 mars, 110 missiles tomahawks avaient été tirés sur la Libye. Le soir, les journalistes de «El Djazira» nous expliquaient, admiratifs, que les missiles tomahawks coûtent extrêmement chers mais qu'ils sont très précis, et qu'il est donc à l'honneur des américains de les utiliser contre Tripoli pour faire le moins possible de victimes civiles. C'est là aussi dommage, bien dommage pour l'avenir et la crédibilité d'El Djazira auprès de l'opinion arabe mais aussi pour nous tous car les chaîne satellitaires arabes ont été, malgré tout, l'un des plus grands progrès de ces dernières années. Mais espérons qu'il ne s'agisse que d'un épisode. En tout cas, il prouve comment la cause nationale et la cause démocratique sont profondément imbriquées dans le monde arabe et que tout recul de l'une est le recul de l'autre.


Pour clore cette revue de la presse électronique (en ligne sur Internet), j'ai gardé ce papier de The Hindu (Inde) dont l'auteur semble bien informé(e) sur la cuisine interne de l'ONU.



What is disconcerting is that the Indian government has begun echoing the Obama administration's rhetoric on Libya.

(…)
Even as India voted in New York for the tough United Nations Security Council resolution on Libya, closer home in Kabul, the Afghan government released the findings of an investigation that 65 civilians, including 40 children, were killed in the latest brutal assault by North Atlantic Treaty Organisation (NATO) forces in the eastern Kunar province 10 days ago. The children, aged 13 and under, couldn't even comprehend the idea of death. It was a war crime. The report is a stark reminder that the “international community” masquerading as a champion of non-violence in Libya has blood on its hands as much as Colonel Muammar Qadhafi has. Lest we forget, hundreds of thousands of Iraqis have been slaughtered since the U.S. invasion in 2003. And no one cared to refer the “case file” to the International Criminal Court (ICC).
(…)
Yet, the ludicrous spin given in New Delhi is that India voted for the resolution on Libya since it was pointedly targeted against Mr. Qadhafi and his associates. Even as the resolution was adopted, U.S. Secretary of State Hillary Clinton made the proposition that Washington is “reaching out” to the Libyan opposition and is “ready and prepared to offer any type of assistance.” A full 72 hours before the Security Council actually passed the resolution, President Barack Obama had gone on record that he was considering the “full range of options” on Libya, which implied that he wouldn't rule out military action. The day after he spoke, on Tuesday, he already began consulting the U.S.'s western allies for coordinated action. The NATO's Defence Ministers accordingly held a meeting on the outskirts of Budapest on Thursday. Simultaneously, the European Commission began ascertaining from member-countries the military resources they could spare. Meanwhile, three German warships moved to the Libyan coast — although all German nationals were already evacuated from the country. According to Debka File, the news website linked to Israeli security agencies, U.S., British and French military advisers and intelligence officers landed in the eastern breakaway province of Cyrenaica in Libya on Thursday to prepare the logistics of a possible military operation. The New York Times reported on Monday that the U.S. had begun moving warships to Libya.
(…)
Republican Senator John McCain and Independent Democrat Joseph Lieberman made a call on Friday from Tel Aviv for Washington to supply Libyan rebels with arms, among other steps, including establishing a “no-fly zone” over the country. Anne-Marie Slaughter, until last month the influential director of the State Department's Policy Planning office, cited the U.S.-NATO Kosovo campaign as a possible precedent. (…) Common sense suggests that Washington pushed the harshly worded Security Council resolution as a pre-requisite for a possible NATO intervention in the coming weeks. Coincidence or not, a fortnight ago, NATO Secretary-General Anders Rasmussen visited Israel, where he suggested that the alliance could take over responsibility as a peacekeeper in Palestine.
(…)
The well-known Russian academician and former Prime Minister Evgeniy Primakov has warned that foreign military intervention in Libya will be counter-productive. “Nobody should be getting involved in these events. It is important to understand the mentality of the Arab people and the history of the Arab countries … foreign military intervention [in the region] is often counter-productive.” The great Arabist added the sanctions imposed on Libya by the Security Council would constitute a “sufficient” response to the crisis. In effect, the Qadhafi regime has been “de-legitimised” and it will be increasingly difficult for the dictator to hold on to power with a fast-dwindling popular base.


Traduction (ce qui précède concerne la résolution onusienne 1970 du 26 février 2011).

Ce qui est déconcertant, c'est que le gouvernement indien ait commencé par faire écho [réagir favorablement] à la rhétorique de l'administration Obama sur la Libye.
(...)
Même si l'Inde a voté à New York pour la difficile résolution des Nations Unies Conseil de sécurité sur la Libye [résolution 1970], du côté de Kaboul, le gouvernement afghan a publié les résultats d'une enquête révélant que 65 civils, dont 40 enfants, ont été tués lors du dernier assaut  brutal opéré par les forces de l'OTAN dans la province orientale de Kunar, il y a 10 jours. Les enfants, âgés de 13 ans et moins, ne pouvaient avoir aucune idée de la mort. C'est un crime de guerre. Le rapport est un rappel brutal que la «communauté internationale» se faisant passer pour un champion de la non-violence en Libye, a du sang sur les mains autant que le colonel Mouammar Kadhafi. Pour mémoire : des centaines de milliers d'Irakiens ont été abattus depuis l'invasion américaine en 2003. Et personne ne s'est jamais soucié de renvoyer le «dossier» à la Cour pénale internationale (CPI).
(…)
Pourtant, l'agitation ridicule qui s'est déclenchée à New Delhi tendrait à dire que l'Inde a voté pour la résolution sur la Libye parce qu'elle était ostensiblement dirigée contre M. Kadhafi et ses associés. Même si la résolution a été adoptée, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a fait la proposition que Washington allait "tendre la main" à l'opposition libyenne et était «prêt et disposé à offrir tout type d'assistance." Soixante-douze bonnes heures avant que le Conseil de sécurité ne fasse adopter la résolution, le président Barack Obama avait déclaré qu'il envisageait "toute une gamme d'options" contre la Libye, ce qui impliquait qu'il n'excluait pas une action militaire. Le lendemain de cette déclaration, il commençait déjà à consulter les alliés occidentaux des Etats-Unis pour une action coordonnée. Les ministres de la Défense de l'OTAN ont, de ce fait, tenu une réunion dans la banlieue de Budapest, le jeudi suivant. Simultanément à cela, la Commission européenne a commencé à déterminer à partir des pays membres les ressources militaires qui pourraient être épargnées. Pendant ce temps, trois navires de guerre allemands se déplaçaient vers les côtes libyennes - bien que tous les ressortissants allemands eussent déjà été évacués du pays. Selon Debka File, site d'informations lié aux agences de sécurité israéliennes, des conseillers militaires américains, britanniques et français ainsi que des agents de renseignements avaient atterri dans la province sécessionniste orientale de la Cyrénaïque, en Libye, et ce, dès jeudi, pour préparer la logistique d'une éventuelle opération militaire. Le New York Times a rapporté, lundi, que les Etats-Unis avaient commencé à transférer des navires de guerre vers la Libye.
(…)
Le sénateur républicain John McCain et son confrère démocrate  indépendant Joseph Lieberman ont lancé un appel à Washington, vendredi, depuis Tel Aviv, pour fournir aux rebelles libyens les armes nécessaires, entre autres mesures, y compris l'établissement d'une «no-fly zone" dans le pays. Anne-Marie Slaughter, jusqu'au mois dernier directrice influente du bureau de planification politique du département d'État, a évoqué la campagne US-OTAN au Kosovo comme un précédent possible. (…) Le bon sens suggère que Washington a orienté le Conseil de sécurité vers une résolution très offensive comme condition préalable à une éventuelle intervention de l'OTAN dans les prochaines semaines. Coïncidence ou pas, il y a quinze jours, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Rasmussen, s'est rendu en Israël, où il a suggéré que l'alliance pourrait prendre plus de responsabilité en tant que gardien de la paix en Palestine.
(…)
L'académicien russe bien connu et ancien Premier ministre Evgueni Primakov a averti qu'une intervention militaire étrangère en Libye serait contre-productive. "Personne ne devrait s'impliquer dans ces événements. Il est important de comprendre la mentalité du peuple arabe et l'histoire des pays arabes ... une intervention militaire étrangère [dans la région] est souvent contre-productive. "Le grand arabisant a ajouté que les sanctions imposées à la Libye par le Conseil de sécurité s'avéreraient  "Suffisantes" face à la crise. En effet, le régime de Kadhafi a été «dé-légitimé» et il sera de plus en plus difficile pour le dictateur de se maintenir au pouvoir avec une base de soutien populaire qui s'atrophierait rapidement.

Commentaire : le moins que l'on puisse dire est que si The Hindu dit la vérité, alors nous serions là en présence d'une manipulation ourdie de longue date, les frappes aériennes sur la Libye ayant été préméditées, l'ONU ayant été, comme avec les "armes de destruction massive de Saddam Hussein", parfaitement instrumentalisée pour servir de paravent légal à une agression de type colonial. Par ailleurs, l'étrange résistance (cf. Misrata) d'insurgés "mal équipés" à l'armée "de Kadhafi" semble confirmer la présence de soutiens autrement plus aguerris et tapis dans l'ombre.



Quant à la protection des civils ("to protect civilians", cf. résolution 1973), on apprend que...

"Du fait des bombardements (de la coalition occidentale sur Ajdabiyah), beaucoup de mères ont avorté, peut-être trente ou quarante."  (un médecin de l'hôpital de Ajdabiyah, Radio France Internationale/RFI, 23 mars 2011, 11h13).

Il est vrai que nous avions oublié que cette armada occidentale avait été déployée pour protéger des civils. Tout le monde sait qu'en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan, les frappes "chirurgicales" des occupants occidentaux n'ont jamais tué le moindre villageois, ni le moindre enfant !

Par ailleurs, il paraît que le procureur près la Cour Pénale Internationale allait diligenter une enquête pour crimes contre l'Humanité en Libye. Ça tombe bien : il va pouvoir enquêter, entre autres crimes, sur le cas des dizaines de futures mères d'Ajdabiyah ayant avorté sous le fracas des bombes occidentales - les faits semblent avérés et les pièces à conviction ne devraient pas faire défaut ! - ou encore sur celui de ces nègres massacrés et éventrés dans les zones libérées chères à Alain Juppé, vous savez ?, le très éphémère ministre français des Affaires étrangères.

Prochain épisode : 

Quand la "communauté internationale" parraine des pogroms