samedi 31 décembre 2016

Marine Le Pen et le plafond de verre. Épisode 5


L. A. (no)confidential

Fin août 2016, Emmanuel Macron est sur le point de quitter son ministère de l'Economie. Je saute sur l'occasion pour lui adresser un courrier, dont je reproduis, ci-dessous, les passages les plus significatifs.
Monsieur le Ministre,
À vrai dire, ce n’est pas au ministre que je m’adresse, mais au responsable politique. 
Pour ne rien vous cacher, moi, qui suis un fervent adepte de la pensée de gauche – pas la gauche bonapartisée (le bonapartisme est un concept de droite !) des Mitterrand, Rocard, Jospin, Chevènement… voire Montebourg, ni la gauche dogmatique et ringarde des marxistes-léninistes et autres trotskistes –, j’en suis venu à penser que la seule chose qui pourrait engager durablement le redressement de la France, ce serait un tsunami, qui pourrait prendre la forme d’une victoire de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle. 
En attendant, je vous observe et constate que vous n’avez encore rien dit d’essentiel, à l’instar de la totalité des responsables politiques de ce pays, sauf un : Louis Aliot. Oui, le Louis Aliot du Front National, à qui j’ai écrit pour le féliciter d’avoir dit quelque chose d’essentiel… 
(…)
Le fait est que, près de trois mois plus tôt, j'écoute plus ou moins distraitement sur une radio-télévision française (RMC/BFMTV) une interview matinale conduite par le journaliste Jean-Jacques Bourdin. Je dois avouer que je ne suis pas friand de ce genre d'interview, notamment en raison de l'extrême spécialisation de cette catégorie de journalistes, qui semblent n'avoir pour seuls interlocuteurs valables que les responsables politiques, et tant pis pour les universitaires, les chercheurs, les chefs d'entreprises, les artistes, compositeurs, architectes, etc, dont la France compte quelques spécimens prestigieux (cf. on inaugure incessamment un "Louvre d'Abou Dhabi" dont le concepteur, le très imaginatif Jean Nouvel, brille par son absence dans les médias français, à l'instar de tous ses collègues architectes !). Autant dire qu'en temps normal, j'aurais rapidement zappé. Mais il se trouve que l'invité de Bourdin, ce jour-là, est un responsable du Front National ne brillant pas (contrairement à l'envahissant Florian Philippot) par son omniprésence dans les médias.

J’écoute, donc, l’échange entre Bourdin et Aliot lorsque j'entends ce dernier déclarer textuellement ceci : « Nous sommes pour une république qui fasse directement appel au peuple sur les grands sujets…, notamment via le referendum d’initiative populaire. »

Et là, je sursaute : « qu’est-ce qu’il a dit ? Il faut absolument que tu le notes ! ».

Je note soigneusement les propos d'Aliot, en me promettant de féliciter son auteur, lequel a promptement accusé réception, comme preuve qu'il y a des gens bien élevées au Front National.

J'observe, par ailleurs, que quelques semaines ou mois plus tard, Marine le Pen, présidente du Front National, était interrogée, sur la même chaîne de télévision (BFMTV) par la journaliste Appoline de Malherbe, et s'est, à son tour, prononcée en faveur d'une instauration du referendum d'initiative populaire.

Aliot d'abord, Le Pen ensuite, et moi de penser : "en voilà une grande idée !".

Ainsi que je l'affirmai dans un précédent article, je considère qu'une grande idée vaut mieux que cinquante petites, raison pour laquelle je ne comprends pas, mais alors, pas du tout, pourquoi certains responsables du FN, à commencer par Marine Le Pen elle-même, manifestent un si malin plaisir à noyer une grande idée dans une myriade de petites !

Et il n'y a pas que le Front National !

Je me faisais la même réflexion à propos de Norbert Hofer ; vous savez ? la (mauvaise) "gravure de mode" que le F.P.Ö. autrichien s'est choisie pour le représenter à la dernière présidentielle : beaucoup de blablabli-blablabla dans son programme, mais rien d'essentiel !

Il se trouve que je connais un peu l'Autriche, ses sublimes paysages alpestres, ses villages si attachants, un des meilleurs laits frais du monde, bu dans une auberge, quelque part dans le Vorarlberg, le Salzkammergut et ses petits lacs de montagne, la fameuse 'Auberge du cheval blanc', la capitale, Vienne, restée si délicieusement désuète depuis la Grande Époque, et depuis l'assassinat de Sissi..., et surtout, Salzburg, que j'ai découverte lors d'un séjour linguistique, du vivant d'Herbert von Karajan, que j'ai eu le plaisir de découvrir en chair et en os, sur scène, donc, un soir, depuis un fauteuil d'orchestre du Großes Festpielhaus, et pour pas un schilling - cf. billet gracieusement offert par les Affaires culturelles de la Ville et du Land de Salzburg -, le tout, lors de la toute première apparition publique d'une adolescente toute menue, jouant divinement du violon : Anne-Sophie Mutter. 

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C'est dire si ce petit pays, propre et à la population particulièrement cultivée ["Gestern war ich bei der Zauberflöte." /"Hier, je suis allé voir la Flûte enchantée.", me déclara, un soir, devant le zinc d'un bistrot, un chauffeur de taxi.] me tient particulièrement à coeur, pays que des bureaucrates de l'Union Européenne ainsi qu'une certaine mafia internationale aimerait voir intégrer, par dizaines de milliers, des abrutis amenés là par une clique de gangsters spécialisés dans le trafic d'esclaves vers l'Europe. Et le fait que beaucoup de ces abrutis soient africains, comme moi-même, ne change strictement rien à l'affaire, bien au contraire : si j'avais été Autrichien, j'aurais certainement voté Hofer, tout en regrettant le caractère évasif et édulcoré de son programme.  

Et dire que le candidat du F.P.Ö. avait devant lui un boulevard, étant donnée la résistance - que je partage, donc - d'une majorité d'Autrichiens face aux invasions barbares qui menacent leur petit pays !

Voilà qui nous ramène à ma marotte, à savoir le fameux "plafond de verre" stigmatisant certains partis dits d'"extrême-droite", plafond dont je continue d'affirmer que, la plupart du temps, on se le fabrique soi-même.

Rappelons, en passant, que le FPÖ a déjà connu un "brillant" représentant, en la personne de feu Jörg Haider. Et, à l'époque, il n'était pas question de présidentielle mais de l'élection la plus importante, celle qui désigne le chancelier. Et le moins que l'on puisse dire est que les partis "bourgeois" autrichiens ne sont pas sortis de l'auberge, eux qui semblent condamnés, pour un bon bout de temps encore, à cet accouplement artificiel qu'est la grande coalition, à l'instar de leurs voisins allemands.

Néanmoins, pour ce galop d'essai avant les futures législatives, j'estime qu'il a manqué au programme du F.P.Ö. une idée toute simple, sur laquelle aucun(e) électeur/trice n'aurait craché : l'instauration du referendum d'initiative populaire, véritable arme de dissuasion massive contre cette Europe dirigée depuis Bruxelles par des bureaucrates apatrides, et sans qu'il soit besoin de s'exclure de l'Union Européenne !

Imaginez, un instant, la petite Autriche se dotant du referendum d'initiative populaire et l'effet "boule de neige" qui s'en suivrait à travers l'ensemble de l'Union Européenne, tous les peuples manifestant leur adhésion à une procédure que les Suisses pratiquent depuis la nuit des temps.

Du coup, j'en viens à m'interroger sur la répulsion de tant de mouvements politiques à l'égard de la démocratie directe, en ces temps où les nouvelles technologies de l'Information rendent tout à fait possible la consultation rapide et instantanée de populations entières ; voyez les centaines de milliers de connections instantanées des téléspectateurs lors d'une élection comme celle de Miss France !

Petit retour en arrière : présidentielle française de 2007, programme de Ségolène Royal tenant en 100 propositions.
 


J'avoue avoir été surpris, pour ne pas dire déçu, de voir que la fameuse "démocratie participative", largement brandie, à l'époque, par Ségolène Royal, ne débouche que sur un article à la formulation bizarroïde et noyé au numéro 73 (sur cent articles).

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Par parenthèse, on rappellera qu'en 2007, Ségolène Royal plaidait déjà pour l'abrogation de l'article 49-3 de la Constitution (cf. proposition n° 71).

Il n'empêche que l'"usine à gaz" de la proposition n° 73 aurait pu être formulée de manière plus limpide. D'abord, conformément à une doctrine que je revendique volontiers, une grande idée valant mieux que cinquante (quatre-vingt-dix-neuf !) petites, moi, contrairement à Ségolène Royal, j'aurais énoncé le principe du referendum d'initiative populaire dès l'article 1 de mon programme, la suite n'étant qu'une déclinaison de ce principe fondateur, ce qui pourrait se résumer en l'articulation suivante :

1. Quel État ?, et...
2. Pour quoi faire ?

En clair : 1. quel État ? Un État authentiquement démocratique, au sens étymologique du terme, donc définitivement débarrassé des miasmes de l'autocratie gaulliste (n. b. fort curieusement, le programme de Ségolène Royal n'évoquait à aucun moment le sulfureux article 16 de la Constitution !).

2. Pour quoi faire ? Ben tout le reste, le peuple étant l'alpha et l'oméga de toute décision politique, dans une démocratie qui se respecte.

Dommage que Ségolène Royal ait eu à ce point peur d'une démocratie directe qu'elle semblait pourtant appeler de ses voeux. Le fait est qu'en 2011, Royal avait purement et simplement décidé de balancer aux orties sa fameuse démocratie participative. Funeste initiative !

C'est dire si je suis fort curieux de voir comment Marine Le Pen et son parti vont s'y prendre, je veux dire quelles vont être les contorsions auxquelles elle et son parti vont devoir se soumettre, pour ne pas afficher, bien haut (= tout en haut !) leur nouvelle devise "Au nom du peuple", concrétisée par le principe qui veut que c'est le peuple qui décide en premier et en dernier ressort !

Alors, rêvons un peu, et imaginons une Marine Le Pen apparaissant tantôt devant les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, et leur annonçant que "moi présidente, les habitants des plus petits patelins de France et de Navarre ne seront plus mis devant le fait accompli par l'Administration, mais disposeront d'un droit de veto contre toute installation impactant leur territoire, de même que les Parisiennes et les Parisiens auront leur mot à dire face aux oukases de la maire de Paris, avec ses projets extravagants, visant, par exemple, à saccager les serres d'Auteuil pour juste deux semaines d'un tournoi de tennis à Roland Garros, histoire de satisfaire aux caprices d'une fédération (F.F.T.) incompétente et sans imagination,  de même que ladite maire de Paris ne pourra plus disposer, sans que le peuple ne soit consulté, de la circulation automobile sur les voies sur berges, de même que les dizaines de millions de téléspectateurs de ce pays ne se verront plus privés d'un animateur apprécié ou d'une émission devenue "culte" sur le simple bon vouloir d'un(e) petit(e) dictateur/trice placé(e) à la tête d'une des chaînes de l'audiovisuel public, de même que les journalistes et personnels de tel organe dudit audiovisuel public pourront opposer leur veto à la nomination ou à la poursuite de l'activité de telle directeur/trice des programmes ou directeur/trice de l'information...".

Pour l'heure, j'observe, en tout cas, que les seules personnes ayant publiquement évoqué la question du referendum d'initiative populaire, sont deux "huiles" du Front National, Louis Aliot et Marine Le Pen. Pendant ce temps, sur le reste de l'échiquier de la prochaine présidentielle, rien, nichts, nada, nothing, notamment du côté de ceux qui veulent "casser baraque" (F. Fillon) ou mettre fin à un "système dont ils ont pu constater la vacuité" (cf. E. Macron), un Emmanuel Macron que je persiste à trouver bien imprudent et pétri de fatuité, tant son discours est désincarné et insipide !

Imaginez, un peu, une corporation (les journalistes de l'audiovisuel public) ou des groupes de pression (les zadistes et autres écologistes radicaux) appelant à voter pour Marine Le Pen lors de la prochaine présidentielle, car seule candidate susceptible d'instaurer un principe qu'ils appellent de leurs voeux depuis des lustres : le referendum d'initiative populaire !
 
Le monde à l'envers !?

Prochainement : Le plafond de verre ! Quel plafond de verre ?




mercredi 28 décembre 2016

Syrie : face à la désinformation ambiante, heureusement qu'il y a l'Internet !


Avant-propos (Lire)

Par parenthèse, les âmes charitables et autres escrocs de la soi-disant "grande presse", si pressés d'entamer leur misérable lamento autour d'une soi-disant destruction d'Alep, en Syrie, vont devoir, très vite, se mettre à raser les murs et à mettre une sourdine à leurs trompettes, devant la réalité que les libérateurs russes, iraniens et syriens d'Alep-Est sont en train de découvrir : amas de bombes et d'armements souvent produits en Occident, écoles et mosquées minées, sans oublier les charniers qu'aucun medium de désinformation n'osera évoquer, ce qui ne surprendra pas grand monde, en tout cas, pas moi !

Ce qui suit est un article tiré du toujours instructif site russe RT, dans sa version anglaise, et que je traduis ici, in extenso.

Les sapeurs russes parcourent Alep à la recherche de mines, découvrant des obus fabriqués aux Etats-Unis, en Allemagne…

Les équipes russes de déminage continuent d’inspecter les écoles et les mosquées d'Alep en quête d’engins piégés, de mines et de munitions, après avoir libéré la ville des rebelles. Les explosifs récupérés viennent de différentes parties du monde, y compris les États-Unis et l'Allemagne. Depuis le début de leur mission de déminage dans la ville syrienne, il y a trois semaines, les sapeurs ont nettoyé 966 hectares, ainsi que le rapportait, mercredi,  le Centre russo-syrien de coopération. Ils ont déclaré 2 149 bâtiments dans et près d'Alep comme étant sûrs, y compris 44 écoles, 38 mosquées, 10 installations médicales et d'autres infrastructures civiles cruciales. Ils ont également déminé 350 km de routes dans la région, poursuivait le rapport.

Les équipes ont découvert et désamorcé quelque 14 700 objets dangereux, dont 6 700 bombes artisanales (angl. IED : Improvised Explosive Device). Les munitions découvertes dans les stocks abandonnés par divers groupes armés vont des petites armes et des grenades à main jusqu'à des roquettes destinées à des lance-roquettes multiples.

Des images de l'opération de déminage en cours, publiées par le ministère russe de la Défense, montraient des caisses pleines de munitions diverses ; sur certaines d’entre elles, on pouvait lire : « produit en Yougoslavie pour le compte du Corps d’armée des États-Unis. »

«  Les munitions que nous avons trouvées étaient allemandes, américaines, bulgares ... Les stocks dont ils disposaient sont assez impressionnants », a déclaré le major Ivan Gromov, un responsable du détachement russe.

L'armée russe à Alep contribue à la restauration d’une vie normale dans la ville après quatre années d'hostilités. Outre l’élimination des explosifs, elle pourvoit aux livraisons de l'aide humanitaire et à la restauration des services publics. Une unité de la police militaire russe a été déployée à Alep pour préserver l'ordre public et prévenir d'éventuels désordres.

Les militants opposés au gouvernement syrien ont été contraints de quitter l'est d'Alep après l'offensive victorieuse entamée dans la ville par Damas, le mois dernier. L'évacuation des combattants rebelles et de leurs partisans civils était destinée à sauver des vies et a été conduite avec l'aide d'organisations humanitaires internationales. Cela a permis de mettre fin à des combats constants dans l’ensemble d’Alep, qui s’est trouvée divisée en parties détenues par le gouvernement et d’autres tenues par les rebelles pendant des années.

Source



Autres lectures :  01 -  02  -  03  -  04  - 05


vendredi 23 décembre 2016

Marine le Pen et le plafond de verre. Episode 4

FIGURES IMPOSÉES

Commençons par rassurer certaines personnes coutumières de ce blog : non, elles n'ont pas la berlue et, non, je n'ai pas perdu la tête ni ne suis devenu un partisan de l'idéologie "extrémiste de droite" !

Il se trouve que j'ai une petite culture scientifique (autant que littéraire, d'ailleurs), et que je sais pertinemment que la Science impose que l'on se soumette aux faits plutôt que de les soumettre à nos désirs et envies.

Pourquoi le taire ? D'un point de vue purement scientifique, c'est-à-dire objectif, nous assistons à une véritable débâcle des (grands) dirigeants du monde, une réelle faillite qui explique amplement la poussée de mouvements nationalistes un peu partout, notamment dans la partie occidentale de l'Europe.

Et comme, de surcroît, vous avez, en France, un régime autocratique qui ne dit pas son nom, initié par un général de brigade né au XIXème siècle, l'unique régime de ce type en Europe occidentale, avec, par ailleurs, une classe politique entièrement obnubilée par le culte de l'Homme (plus souvent que la femme) providentiel(le), j'en suis arrivé à penser que la seule chose qui pourrait sortir la France du marasme idéologique dans lequel elle se morfond depuis bientôt soixante ans serait une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017.

Ailleurs, on appellerait cela un électro-choc, et ce fut précisément l'objet d'un courrier que j'adressai, tantôt, à ce "sauveur de l'Humanité" bien imprudent, à mon goût, qu'est Emmanuel Macron (voyez le premier épisode de cette série).

J'observe simplement que de nombreux visiteurs de ce blog ne me lisent qu'en diagonale : "Non mais, sans blague, tu roules maintenant pour Le Pen !?". Le fait est que s'ils lisaient vraiment ce qui est écrit, au lieu de procéder à des raccourcis dans leur petite cervelle, ils constateraient que cette série, que je consacre à Marine Le Pen, depuis plusieurs semaines maintenant, est truffée de critiques à l'égard d'une responsable politique dont il me semble avoir affirmé, en diverses occasions, que les prétendus plafonds de verre, on se les fabriquait souvent soi-même

Ce qui veut dire, en bon français, qu'on ne peut pas à la fois vouloir faire du Front National un parti d'aboyeurs et de vociférateurs, d'une part, et un mouvement de rassemblement et de concorde nationale, d'autre part. Entre les deux attitudes, il va bien falloir choisir.

Une explication ?

J'entends bien que l'on raconte partout que Marine Le Pen et la nouvelle direction de son parti s'attachent à "dédiaboliser" un mouvement à l'image passablement ternie par les "saillies verbales et outrancières" de Jean-Marie Le Pen. Fort bien. Saluons cet effort plus que louable.

Seulement, voilà : qui, donc, a déclaré, un jour, que les prières de rues étaient assimilables à l'Occupation (de la France par les armées d'Hitler), Jean-Marie Le Pen ou Marine Le Pen ? 

Bien évidemment, on me fera observer que Marine Le Pen a eu gain de cause devant les tribunaux, les organisations musulmanes qui l'avaient attaquée en Justice ayant été déboutées. Mais, entre nous, il est où, le gain politique, pour Marine Le Pen ? En clair, comment va-t-elle s'y prendre, demain, pour convaincre les Français musulmans - qui représentent des millions d'électeurs, tout de même ! - de voter pour elle et ses troupes aux prochaines élections ? Le fait est que de nombreux Musulmans, eux-mêmes réfractaires aux prières de rues, ont pris les mots de Marine Le Pen comme autant de flèches visant l'ensemble de leur communauté !

Pour ma part, je suis un adversaire résolu des prières de rues, que certains Musulmans tentent d'imposer à diverses municipalités ; néanmoins, j'estime qu'il existe des arguments autrement plus intelligents à leur opposer que la simple invective bête et méchante à la sauce Le Pen. (**)

Je commencerai par observer une bien étrange et tragique amnésie de la part de la présidente du Front National - amnésie dont Jean-Marie Le Pen ne souffre visiblement pas, lui ! -, lorsqu'elle feint d'ignorer l'apport des soldats amenés, manu militari, des colonies, pour libérer la France du joug hitlérien, un grand nombre de ces tirailleurs étant de confession musulmane (Archive01) (Archive02).

J'ai intitulé ce chapitre "Figures imposées" en m'inspirant d'un "faux-ami" tiré de l'anglais. En effet, l'anglais "figure" se traduit en français par chiffre, nombre...; en clair, il s'agit de données comptables. Ex.: "The second figure looks like a five" (le deuxième chiffre ressemble à un 5), ou encore "Unemployment figures" (les chiffres du chômage) : chiffres, nombres, données comptables ou comptabilisables, etc.

Le fait est qu'en matière politique, il est une "figure imposée", une donnée incontournable (en anglais, l'on dirait : an inescapable fact), à savoir le principe qui veut qu'un second tour de présidentielle se gagne avec au moins 50 % des voix plus une !

D'où mon interrogation : comment Marine Le Pen compte-t-elle s'y prendre pour obtenir 50 % des voix lors d'un second tour de présidentielle, en poussant, délibérément, tant de gens (exemple des millions de Français musulmans), dans le camp de ses adversaires, voire, dans le meilleur des cas, dans l'abstention ?

Et il n'y a pas qu'elle ! Voilà que l'on apprend que le maire de Béziers, l'ineffable Robert Ménard, apparenté FN, va devoir se justifier devant les tribunaux pour ce qui ressemble à de l'incitation à la haine... Encore un qui doit considérer que les électeurs de confession musulmane comptent pour du beurre, au point de pouvoir s'en passer. Le fait est que Ménard a une excuse, lui qui peut se faire élire maire à la faveur d'une triangulaire au second tour. 

On a vu également Marion Maréchal-Le-Pen, candidate à la présidence de la région PACA, se lancer dans une diatribe contre le Planning Familial, à croire qu'elle cherchait à éloigner d'elle tout un électorat féminin, voire féministe, aggravant son cas par des affirmations tout à fait étranges sur une supposée supériorité du christianisme sur d'autres religions... Et, comme chacun sait, Maréchal-Le-Pen n'a pas été élue présidente de la région PACA, les socialistes préférant se saborder afin de la priver de la triangulaire tant espérée. 

Pour ma part, n'étant pas un sympathisant du Front National, je n'en suis pas moins favorable à toutes formes d'échanges de vues avec des militants de ce parti, dans la mesure où l'on ne choisit pas forcément son voisin de zinc dans le bar-tabac du coin..., et je vois bien combien est grand le malaise qu'éprouvent moult d'entre eux devant de bien étranges initiatives.

Je pense, notamment, à la promotion plus que rapide, aux yeux de certains, d'un Florian Philippot devenu omniprésent dans les médias, où il ne s'est pas privé de prendre ses distances avec la Manif pour tous, à croire que le vote de millions de catholiques ne l'intéresse pas du tout. Entre temps, l'homme avait fait un "coming out", qui n'était pas vraiment un "coming out", tout en ressemblant à un "coming out". Et moi de penser que la "Manif pour tous", en clair, les catholiques traditionalistes, voire les chrétiens tout court, ça devait représenter un paquet de gens que la désinvolture, tant de Marine Le Pen que de Florian Philippot ne pouvait que pousser dans les bras d'un... François Fillon, par exemple.

Le fait est que, lors des dernières régionales, dans la très catholique région Grand-Est, que je connais bien, la triangulaire de fait imposée par le dissident socialiste n'a pas du tout profité au candidat F. N., comme preuve que, coming out ou pas, le côté "flou" du personnage (Philippot) a dû rebuter plus d'un(e) électeur/trice.

Par parenthèse, Philippot, combien de divisions ? En clair, quel est son potentiel électoral au sein du FN ? J'observe simplement que Jean-Marie Le Pen ne se prive jamais de médire sur F.P. et, apparemment, il n'est pas le seul.

Les situations évoquées plus haut me semblent de nature à invalider un peu plus la thèse d'un quelconque plafond de verre, qui empêcherait le Front National d'accéder à des responsabilités politiques nationales. Le fait est que c'est en parfaite connaissance de cause que divers candidat(e)s et responsables de ce parti ont choisi de dresser une partie de l'électorat, singulièrement les Musulmans, mais, plus étrangement aussi, une grande majorité de Catholiques - forcément et dogmatiquement opposés à un quelconque mariage "pour tous", voire à toute forme d'union estimée contre-nature par les 'Saintes Écritures' - contre le parti de Marine Le Pen.

J'observe qu'en cette fin d'année 2016, Marine Le Pen a entamé ses déplacements sur le terrain par des voyages Outre-mer, dans l'Océan Indien puis en Guyane, ce dont je la félicite. Et j'espère qu'elle n'évitera pas non plus la Nouvelle-Calédonie, ni la Martinique et la Guadeloupe ! Je sais que le F.N. souffre encore d'un profond ostracisme dans certaines régions (éloignées) de France, et je ne saurais trop inviter mes amis martiniquais et guadeloupéens à se montrer civilisés, ainsi qu'il sied de faire lorsqu'on reçoit quelqu'un venu - pacifiquement ! - d'assez loin pour vous rendre visite.

Et c'est là que j'aurais une suggestion à faire à Marine Le Pen : dans la mesure où certains territoires d'Outre-mer (mais je n'oublie pas la Corse !) sont agités par de fortes pulsions séparatistes, pourquoi ne pas leur tenir un discours fort simple : "Vous voulez l'indépendance ? Je suis prête à vous la proposer, à la condition que vous soyez assez nombreux à la voter. Ça s'appelle la démocratie. Chiche !"

Et là, je suis certain que même un Elie Domota serait disposé à dérouler le tapis rouge sous les pieds de la présidente du F.N., en la recevant en grandes pompes en Guadeloupe ; et comme les voisins martiniquais ne voudront pas être en reste, on devine aisément la suite.

Alors, à quand une visite triomphale de Marine Le Pen aux Antilles ? Ben, aux conditions que je viens d'évoquer, car je ne vois pas très bien les "Domiens" cracher sur un surcroît de démocratie qui pourrait jouer en leur faveur !

Le problème est qu'un plafond de verre, ça se combat avec de l'audace (cf. une femme présidente de la République, Ségolène Royal a été à deux doigts de le faire, avec des positions inédites, comme sa démocratie participative, n'ayant été battue probablement que par la magouille et les millions de Kadhafi versés à un authentique gangster ; la vérité sortira, tôt ou tard, du puits !) ainsi qu'avec des idées réellement novatrices.

Reprenons le voyage récent de Marine Le Pen en Réunion, à Mayotte et en Guyane. Bien évidemment, la question de l'immigration sauvage qui touche ces départements ne saurait être éludée, mais peut-on sérieusement se contenter de propositions archi-rabachées, comme la non-scolarisation des enfants de clandestins ? 

Pour ma part, je me mets à la place d'un non-électeur du FN, farouchement réfractaire aux idées de Marine Le Pen et, franchement, j'estime qu'il lui faudrait trouver autre chose que les recettes éculées de l'extrême-droite pour me convaincre de voter pour elle (entre nous, n'est-il pas affligeant, voire consternant, de faire payer à des enfants les erreurs de leurs parents ?), ce que je résumerais volontiers par une formule simple : en politique, une grande idée vaut mieux que cinquante petites !   

Une grande idée ? Prenez le slogan "La France apaisée" et la devise "Au nom du Peuple". Pourquoi ne pas le dire ? Je les trouve excellents. Mais, du coup, je ne comprends pas très bien comment Le Pen et d'autres peuvent noyer une grande idée, comme la question de la "rétrocession du pouvoir au peuple" - pour reprendre la jolie formule de Jean Ziegler - dans un fatras de considérations boutiquières comme celles qui ont vu s'opposer, tout récemment, Florian Philippot et Marion Maréchal-Le-Pen !

Entre nous, imagine-t-on, un instant, le peuple français, convoqué par Marine Le Pen, faire la fine bouche en refusant d'exercer un pouvoir (la démocratie directe) dont la politocratie bonapartiste le prive depuis si longtemps ?

Il se trouve que, sur cette question, j'écoutais un jour, plus ou moins distraitement, l'interview d'un responsable politique français : et voilà qu'il déclare quelque chose qui me fait littéralement sursauter. Et là, je me dis : "Il faut absolument que tu le notes !", tout en me promettant de lui écrire pour le féliciter. Ce que je n'ai pas manqué de faire depuis...


Prochain épisode : L. A. (no)confidential 



(**) Post-scriptum 

Je fus, un jour, amené à dispenser des cours de culture religieuse dans un établissement (= lycée) catholique sous contrat de la région parisienne. Compte tenu du caractère bigarré des populations concernées (avec un bon tiers de jeunes issus de l'immigration, comme on dit dans les médias), j'ai délibérément renoncé au mauvais exposé, cher à ce genre d'établissements, et inspiré de l'Histoire Sainte du temps des missionnaires (n.b. un(e) missionnaire qui ne ferait pas de prosélytisme ne serait pas un(e) bon(ne) missionnaire !), pour aborder la religion d'un point de vue strictement culturel, voire ethnographique. Et, pour soutenir l'attention de mes auditeurs, je leur soumettais régulièrement des "quiz".

Exemple : quelle est, donc, des trois religions monothéistes, celle qui a les plus petits lieux de culte ?

Voilà les élèves se perdant en conjectures : "Mais, c'est pas possible que ce soit une question de taille, monsieur !"

- Et pourtant si ! rétorquais-je. Et je leur montrais des images comme celles qui suivent :


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Et là, on entendait une clameur : "Ah oui, bien sûr !".

C'était tout à fait évident, mais ils n'y avaient pas pensé, pas même les jeunes originaires du Maghreb, du Sahel africain voire d'autres pays musulmans.

Moi qui connais un peu l'Islam, en ma qualité de fils (devenu incroyant !) de pasteur protestant (un tantinet islamophobe, comme tout religieux chrétien qui se respecte !), il m'arrive assez souvent de croiser le fer avec des gens se pensant musulmans (si, si, ça existe, comme il existe des gens [ex. mes deux premières 'fiancées' : une Alsacienne et une Allemande] se prenant pour des Juifs/ves sous le simple prétexte que leurs parents étaient juifs, ou catholiques, sikhs et que sais-je encore, sous le simple prétexte qu'ils portent un prénom ou un patronyme comme-ci ou comme-ça.). Et là, je les pousse régulièrement dans leurs derniers retranchements en les invitant à me rappeler les Cinq Piliers de l'Islam, à savoir les cinq préceptes fondamentaux censés guider la vie quotidienne du croyant musulman. L'un de ces "piliers", en principe, le deuxième, prescrit cinq prières quotidiennes, sans préciser à aucun moment l'endroit où elles sont censées se produire.

Le fait est que l'Islam est, originellement, une religion de bédouins, c'est-à-dire de gens du désert et de grands espaces sablonneux. Et, dans ces espaces, les villages, bourgs et autres villes sont plutôt rares. Les mosquées aussi !

Imagine-t-on seulement un Touareg traversant des centaines de kilomètres, cinq fois par jour, juste pour s'en aller prier dans la mosquée la plus "proche" ? C'est précisément à l'intention de ces gens que les pères de l'Islam ont inventé cette chose que je trouve absolument géniale qu'est le tapis de prière, lequel permet au/à la croyant(e) de transporter sa mosquée sur lui/elle et, de surcroît, de pouvoir s'adresser à son Dieu directement et sans intermédiaire, ce qui constitue, notamment, l'ADN même du sunnisme, religion à 100 % laïque car dénuée de tout clergé

Voilà comment, moi, je disqualifie les prières de rues quand il m'arrive d'en discuter avec des Musulmans, car nullement nécessaires, dès lors qu'elles ne sont prescrites par aucun traité, aucun code de l'Islam, n'étant suscitées que par un fort penchant pour la bigoterie, à savoir la simple envie de s'exhiber en public, alors même qu'on prétend que "Dieu sonde les reins et les cœurs", ce qui veut dire qu'il n'a que faire des salamalecs !

En un mot comme en cent, ces gens (pourquoi toujours des hommes, au fait !?) qui vont lever les fesses dans les rues de certains quartiers ne le font nullement par nécessité, mais pour se montrer, se donner en spectacle. Et pour cette seule raison, moi, si j'étais maire ou responsable de l'ordre public dans un quelconque patelin, j'interdirais purement et simplement ces démonstrations d'exhibitionnisme.

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Par ailleurs, j'observe qu'il y a 36.600 communes en France, et seulement 2.500 endroits recensés comme lieux de culte dédiés à l'Islam ; ça nous fait un nombre considérable de croyants musulmans ne mettant jamais les pieds dans une quelconque "mosquée", ce qui n'en fait pas de mauvais Musulmans pour autant !

D'où ma consternation en entendant Marine Le Pen assimiler prières de rues et  Occupation nazie..., car elle n'avait nullement besoin de tomber dans l'insulte et l'invective, là où un peu de culture et de jugeote aurait suffi !

Vous comprendrez peut-être maintenant pourquoi il m'arrive régulièrement d'estimer que Marine Le Pen ne travaille pas assez (ses dossiers) !




lundi 19 décembre 2016

Un zeste d' intelligence dans un magma de désinformation post-goebelienne - 2

Un pseudo-printemps arabe en Syrie, cousu de fil blanc. C'est, en tout cas, ce que révélait, il y a bien longtemps déjà, Thierry Meyssan, vous savez ? le dangereux "complotiste", sur son site du Réseau Voltaire. (Source)

Il se trouve que je fais partie de ceux qui font mille fois plus confiance à ce "dangereux complotiste" qu'à toute la presse occidentale réunie. Mais passons.

Je tombe, l'autre jour, sur un "papier" publié sur le net, et que je "re-twitte" ici, in extenso. Le genre de choses dont vous n'entendrez jamais parler sur les chaînes d'information bla-blateuses et autres organes de la presse "mean-stream" (je n'ai pas écrit 'main' mais bien 'mean' !).

Et, pendant ce temps, quelques gros connards et autres pouffiasses, qui se prennent pour des journalistes, nous bassinent avec leur "agonie d'Alep" !

LA GUERRE DE SYRIE EST ENCORE UNE GUERRE POUR LE PÉTROLE ET LE GAZ [BEST OF] par AYMERIC CHAUPRADE 21/07/2016 68607 901 (Source)

La Syrie est un point de passage stratégique pour l'acheminement des hydrocarbures. C'est aussi un gigantesque réservoir de gaz... Une situation qui n'est évidemment pas sans rapport avec la terrible guerre civile dans laquelle a été plongé le pays en 2011.

Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis essaient de casser la dépendance de l'Union européenne au gaz et au pétrole russe. Pour cela, ils favorisent des oléoducs et gazoducs s'alimentant dans les réserves d'Asie centrale et du Caucase mais qui évitent de traverser l'espace d'influence russe. Ils encouragent le projet Nabucco, lequel part d'Asie centrale, passe par la Turquie (pour les infrastructures de stockage), visant ainsi à rendre l'Union européenne dépendante de la Turquie, puis par la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l'Autriche, la République tchèque, la Croatie, la Slovénie et l'Italie.

Nabucco a été lancé pour concurrencer deux projets russes qui fonctionnent aujourd'hui?

Northstream qui relie directement la Russie à l'Allemagne sans passer par l'Ukraine et la Biélorussie.  Southstream qui relie la Russie à l'Europe du Sud (Italie, Grèce) et à l'Europe centrale (Autriche-Hongrie). Mais Nabucco manque d'approvisionnements et, pour concurrencer les projets russes, il lui faudrait pouvoir accéder :

1/ au gaz iranien qui rejoindrait le point de groupage de Erzurum en Turquie ; 2/ au gaz de la Méditerranée orientale : Syrie, Liban, Israël.

Depuis 2009, des bouleversements considérables se sont produits en Méditerranée orientale. Des découvertes spectaculaires de gaz et de pétrole ont eu lieu, dans le bassin du Levant, d'une part, en mer Égée, d'autre part. Ces découvertes exacerbent fortement les contentieux entre Turquie, Grèce, Chypre, Israël, Liban et Syrie.

En 2009, la compagnie texane Noble Energy, partenaire d'Israël pour la prospection, a découvert le gisement de Tamar à 80 km d'Haïfa. C'était la plus grande découverte mondiale de gaz de 2009 (283 milliards de m3 de gaz naturel) qui a radicalement bouleversé la position énergétique d'Israël, faisant passer l'État hébreu d'une situation presque critique (trois ans de réserves et une très forte dépendance vis-à-vis de l'Égypte) à des perspectives excellentes. En octobre 2010, une découverte encore plus considérable a donné à Israël plus de cent ans d'autosuffisance en matière gazière et la capacité même d'exporter son gaz. Israël a en effet découvert, avec ses partenaires américains, un mégagisement offshore de gaz naturel qu'il estime être dans sa zone économique exclusive : le gisement Léviathan.

Réserves de gaz offshore et onshore

Bien évidemment ces découvertes ont attisé les rivalités entre Etats voisins. Israël et le Liban revendiquent chacun la souveraineté sur ces réserves et l'un des différends profonds entre le président Obama et Benyamin Nétanyahou est que les États-Unis, en juillet 2011, ont appuyé la position libanaise contre Israël (car Beyrouth estime que le gisement s'étend aussi sous ses eaux territoriales). Il semblerait que la position américaine vise d'une part à entretenir la division pour jouer un rôle de médiation, d'autre part à empêcher Israël de devenir un acteur autosuffisant.

La Syrie se trouve au coeœur des nouveaux enjeux de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient. En novembre 2010, l'Arabie Saoudite et le Qatar ont demandé au Président Bachar El-Assad de pouvoir ouvrir des oléoducs et gazoducs d'exportation vers la Méditerranée orientale. Ces oléoducs leur permettraient en effet de desserrer la contrainte du transport maritime via le détroit d'Ormuz puis le canal de Suez et d'envoyer plus de gaz vers l'Europe (notamment le Qatar, géant gazier du Moyen-Orient). La Syrie a refusé, avec le soutien marqué de la Russie qui voit dans ces plans les volontés américaine, française, saoudienne et qatarie de diminuer la dépendance européenne au gaz russe.

Cet affrontement traduit la compétition qui se joue entre, d'une part, les Occidentaux, la Turquie et les monarchies du Golfe, et, d'autre part, la Russie, l'Iran et la Syrie, auxquels s'est ajouté l'Irak dirigé par le chiite Nouri Al-Maliki et qui s'est rapproché de Téhéran et de Damas au détriment des Américains.

En février 2011 les premiers troubles éclataient en Syrie, troubles qui n'ont cessé de s'amplifier avec l'ingérence, d'une part de combattants islamistes financés par le Qatar et l'Arabie Saoudite, d'autre part de l'action secrète des Occidentaux (Américains, Britanniques et Français).

Le 25 juillet 2011, l'Iran a signé des accords concernant le transport de son gaz via la Syrie et l'Irak. Cet accord fait de la Syrie le principal centre de stockage et de production, en liaison avec le Liban, et l'idée de Téhéran est d'atténuer ainsi grâce à son voisin et allié syrien la contrainte implacable de l'embargo occidental. Gelé par la guerre dans un premier temps, le chantier aurait repris le 19 novembre 2012, après la réélection de Barack Obama et la reprise de négociations secrètes entre les États-Unis et l'Iran.

Du fait même de sa position centrale entre les gisements de production de l'Est (Irak, monarchies pétrolières) et la Méditerranée orientale, via le port de Tartous, qui ouvre la voie des exportations vers l'Europe, la Syrie est un enjeu stratégique de premier plan (...).

Ajoutons à cela que la Syrie dispose de réserves dans son sol (onshore) et probablement en offshore. Le 16 août 2011, le ministère syrien du pétrole a annoncé la découverte d'un gisement de gaz à Qara, près de Homs, avec une capacité de production de 400 000 m3/j.

S'agissant du offshore, le Washington Institute for Near East Policy, un think tank sérieux, pense que la Syrie disposerait des réserves de gaz les plus importantes de tout le bassin méditerranéen oriental, bien supérieures encore à celles d'Israël.

Si un changement politique favorable aux Occidentaux, aux Turcs, Saoudiens et Qataris devait se produire en Syrie, et que celle-ci se coupait de la Russie (les navires de guerre russes mouillant dans le port stratégique de Tartous, un port qui peut bien sûr accueillir des tankers approvisionnés à partir des oléoducs qui y arriveraient), c'est alors toute la géopolitique pétrolière et gazière de la région qui serait bouleversée à l'avantage de l'Occident pro-américain et au détriment de Moscou et de Pékin (...).


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La « révolution syrienne » est un paravent médiatique masquant l’intervention militaire occidentale à la conquête du gaz (Source : voltairenet.org).