dimanche 5 août 2018

Hommage à un grand peuple, vivant dans un petit pays. Souvenirs d'une virée à Bruxelles un jour de fête nationale


21 juillet 2018. Je débarque à Bruxelles par la Gare dite du Midi. Superbe endroit, soit dit en passant ; le genre de lieu où l'on a envie de déambuler, voire de s'offrir un cornet de frites et une bière, quitte à rater son train.

Mais je n'étais pas venu à Bruxelles pour ça ; s'agissant d'une première visite, j'avais tout prévu : les lieux où aller et à photographier, dès lors que l'essentiel de mon paquetage était composé d'appareils photographiques.

Comme j'ai de bonnes chaussures, de bonnes jambes, et qu'il ne pleut pas, je décide de faire l'impasse sur les transports en commun et traverse la ville à pied, après avoir dressé une liste d'endroits plus ou moins insolites que j'avais notés sur un bout de papier agrafé au plan de la ville. Première destination, à quelques encablures de la Gare du Midi : la Porte de Hal (Halport en flamand).

Par parenthèse, voici ce que j'ai découvert plus tard, une fois rentré en France, à propos de cette fameuse Porte de Hal :
La Porte de Hal est un monument féerique, vieux de plus de 600 ans, qui constitue le témoin le plus remarquable du passé médiéval de la ville de Bruxelles. Dernier vestige de la seconde enceinte de Bruxelles, la porte de Hal accueille aujourd'hui une belle collection d'œuvres et de multiples supports didactiques mettant en lumière son histoire et celle des fortifications bruxelloises.La façade néogothique et la haute toiture ajoutées par l'architecte Henry Beyaert au XIXe siècle n'ont rien enlevé à la splendeur des salles médiévales à l'intérieur du bâtiment. Au sommet de la tour, depuis le chemin de ronde crénelé, vous pouvez profiter d'un spectaculaire panorama sur Bruxelles et sa région. (source)


Pour le panorama vu du haut de la tour, je compte bien revenir une autre fois, d'autant plus qu'il semble qu'il n'y ait pas âme qui vive dans cette tour. Et je saurai pourquoi quelques instants plus tard.

Je remonte le Waterloolaan le nez en l'air, à l'affût du moindre bâtiment insolite ou spectaculaire ; mais auparavant, je fais le tour du quartier de la fameuse "Porte de Hal". Voilà une église (Saint-Gilles) ; il y a forcément un orgue ! En fait, comme parfois, il y en a deux : le gros appareil classique, les fameuses "Grandes Orgues", trônant en hauteur sur un balcon, et un minuscule orgue du type "positif", avec un clavier tout riquiqui de même pas cinq octaves. Mais avec un pédalier !


Je ne vois pas de boutiques ouvertes dans le quartier. En revanche, les bistrots sont presque pleins à craquer. C'est étonnant de voir le nombre d'indigènes qui prennent le soleil à la terrasse des bistrots. Je dis bien "indigènes" parce que j'entends bien parler français et flamand. Surtout, ils n'ont pas des têtes de touristes : ceux-là doivent habiter dans le quartier et ne trimballent pas de sacs de courses chargés de babioles achetées dans des boutiques. Les touristes, je les verrai un peu plus tard, notamment dans un secteur riche en boutiques de chocolat. Mais il y a peut-être une autre raison expliquant que tant de Belges soient hors de chez eux ?!

Je poursuis ma déambulation sur les grands boulevards lorsque j'aperçois - c'est presque devenu un réflexe - deux figures que j'affectionne tout particulièrement et qui expliquent largement que je me sois converti à la photo en 3D : ces statues décorant les façades d'immeubles remarquables, par exemple dans le Paris haussmannien. Mais vous avez aussi d'innombrables bâtiments officiels des XVIIIème et XIXème siècles, avec leurs façades d'inspiration hellénique (cf. Palais de Justice, Musées, théâtres, etc.).

Cette fois-ci, il s'agit d'un bâtiment relevant du Ministère de la Justice, agrémenté de deux superbes atlantes recroquevillés dans d'étranges contorsions. Sur l'escalier se prélasse un quidam aux allures de SDF. Comme les statues sont en hauteur, j'entreprends de faire des photos sans trop le déranger, après lui avoir quand même dit "bonjour". C'est lui qui engage la conversation : "Pourquoi tous ces appareils ?, etc.". Je lui explique que la stéréoscopie fait appel à deux appareils couplés, pour simuler les deux yeux... On traite les images sur l'ordinateur et on regarde le tout à l'aide de petites lunettes... Je prends congé du bonhomme lorsqu'il m'interpelle brusquement : "Au fait, vous savez quoi ? Aujourd'hui, c'est la fête nationale belge. Vous allez pouvoir faire de belles photos !".



Quel coup de bol ! Venir tout à fait par hasard pour la première fois à Bruxelles, et tomber pile-poil sur la fête nationale...; bol ou intuition, va savoir !?

Par parenthèse, les images en 3D (une petite minorité) agrémentant cet article sont clairement identifiées comme ci-dessus.

Je poursuis ma balade dans Bruxelles. Pour l'heure, hormis le monde sur les terrasses des bistrots, je ne vois pas grand monde dans la rue. En fait, les gens sont ailleurs.

Une énorme bâtisse couverte d'échafaudages. Une foule immense et des uniformes partout. Néanmoins, aucune excitation ; aucun barrage, aucune fouille. J'ai un gros sac de photographe dans le dos ainsi qu'un long étui contenant un monopode, mais qui pourrait fort bien renfermer un catana japonais ! Et pourtant, personne ne m'arrête ni ne me demande de faire inspecter mon équipement. 

Voilà qui nous change d'une certaine hystérie parisienne !

J'avise une policière en tenue, et lui demande ce que c'est que l'énorme bâtiment en travaux.

- Ça ? C'est le palais de Justice.
- Et ça fait longtemps qu'il est en travaux ?
- Je crois que je l'ai toujours vu dans cet état, répond-elle en souriant. Elle doit bien faire ses quarante-quarante-cinq ans.

La place grouille littéralement de monde. Je vais y rester pas loin de deux heures. De tous les coins et de toutes les rues avoisinantes, on voit déboucher des groupes encadrant des géants en carton-pâte ainsi que des fanfares. J'ai bien aperçu au loin un défilé d'aéronefs mais, pour l'essentiel, il semble que la Fête Nationale Belge se déroule dans la rue, et avec la participation effective du peuple.

Ça aussi, ça nous change de certaines manies françaises (ce pompeux défilé des Champs-Elysées, si m'as-tu-vu, si lourdingue et si désuet !). Des policiers, pompiers, gendarmes, militaires, j'en ai aperçus des centaines, mais dans la rue, au contact des populations, lors de démonstrations et de simulations de situations réelles comme la désincarcération d'un accidenté de la route, des opérations de maintien de l'ordre, de protection civile.

Et, partout, j'ai entendu deux langues : le français et le flamand, comme lors de cette démonstration d'intervention des pompiers sur un accident de la circulation : après la présentation des opérations en français, un des intervenants reprenait les explications en flamand.

Et là, je ne vous parle que de Bruxelles, que je n'ai pas eu le temps de visiter en totalité. Et j'imagine, forcément, que ça a été le cas dans toute la Belgique : un peuple décontracté faisant la fête avec les représentants de ses forces de sécurité, le tout dans le plus grand calme.

En toute fin de soirée, mon bracelet connecté affiche "19,9", soit quelque vingt kilomètres parcourus depuis le matin à travers Bruxelles. Et devinez un peu où j'ai "atterri" peu avant vingt heures ? J'avais aperçu une espèce de grande flèche que je croyais appartenir à une église gothique. Il y avait plein de monde. J'ai suivi la foule tout en m'orientant par rapport à la flèche. Et là, je découvre la Grand' Place, encore appelée Grote Markt. Ce qui passait pour une église gothique était en fait un des plus magnifiques hôtels de ville que j'aie jamais vus. 

Près de cinq heures passées sur la place. Je n'ai aperçu en tout et pour tout qu'un véhicule de police en faction. En milieu de soirée, il y avait une foule bien compacte, venue d'un peu partout ; des gens sont venus m'aborder spontanément pour discuter - ce qui m'arrive, par parenthèse, partout où je passe : monuments, musées, champs de courses, épreuves sportives diverses et variées - : un couple belgo-tunisien, des Allemands... Quelqu'un a attiré mon attention sur quelques signes ésotériques visibles sur les façades, comme une sorte de parcours initiatique. D'autres personnes m'ont demandé si j'avais vu ci ou ça. J'ai répondu que non, faute de temps, mais que j'allais revenir bien vite.  

Sur l'image qui suit, ce sont des Allemands, venus de Duisburg. Entre nous, je n'ai pas très bien compris ce qui était arrivé à l'appareil (aux appareils, puisqu'il y en avait deux) ; autofocus débranché, et en même temps ?! Bizarre ! En fait, il y a une explication : je devais avoir les appareils à la main, au lieu de les fixer sur le monopode, d'où les vibrations au moment du (double) déclenchement. Erreur de débutant ; pourtant, je n'ai pas bu plus d'une bière !


Tout cela s'est passé sans la moindre échauffourée, ni la moindre bagarre. Ça aussi, ça nous change de certains quartiers parisiens ; je pense au quartier des Halles, voire aux Champs-Elysées les jours de manifestations populaires ! 

Vous savez quoi ? Je connais un pays, au Sud de la Belgique, qui ferait bien de prendre exemple sur son "petit" voisin du Nord, en organisant, tous les 14 de juillet, une vraie FÊTE NATIONALE au lieu de cet énorme barnum militaire et rien que militaire, que les gens se contentent de regarder à la télévision, et puis passent à autre chose !

Bien évidemment, les images qui suivent ne rendent que très imparfaitement compte de la bamboula vécue l'autre jour à Bruxelles. Alors, du coup, pas le temps d'aller jeter un oeil sur le Maneken Pis et son alter ego féminin, ni sur l'Atomium, ni sur plein d'autres choses que j'avais inscrites sur mon planning. Mais ce n'est que partie remise ! Avec le Tallys, n'est-ce pas que Bruxelles est devenue une sorte de banlieue de Paris, à moins que ce ne soit l'inverse : Paris devenue une banlieue de Bruxelles ?!




































Les images qui suivent sont en 3D. Notez bien que, pour l'essentiel, ce sont des "rushes", comme on dit au cinéma : traiter les milliers d'images rapportées de Bruxelles va prendre pas mal de temps ! (lunettes rouge-cyan requises)















Post scriptum

Vous savez quoi ? Je sais maintenant où je me rendrai désormais tous les 21 du mois de Juillet. Et j'invite un maximum de Français à faire de même, tant nos amis belges ont le sens de la fête.

Et dire qu'il y a encore, dans ce petit pays, quelques hystériques du nationalisme, qui aimeraient tracer quelques frontières bien incongrues et bien inutiles entre les gens, frontières tellement artificielles, juste pour séparer des populations cohabitant depuis si longtemps, au point qu'on ne sait plus très bien si Brel, Hergé, Peyo, José Van Dam, Eddy Mercks, Jacky Icks, Stromae... étaient ou sont Flamands ou Wallons !

J'aurais quand même un reproche à vous faire, amis belges, et un gros reproche : je ne comprends toujours pas ce que votre petit  pays fait au sein de cette alliance militaire criminelle baptisée OTAN, ce syndicat mafieux qui aurait dû disparaître en même temps que le Pacte de Varsovie, soit il y a plus de vingt ans ! Regardez un peu les promesses que  quelques escrocs de haut vol ont faites à ce pauvre naïf de Gorbatchev : "Promis juré, pas d'extension de l'OTAN dans les ex-républiques de l'URSS ni auprès des ex-membres du Pacte de Varsovie...". Tout le monde a compris, depuis longtemps, que ce syndicat du crime ne servait plus qu'à fomenter ou entretenir des guerres et des conflits ici ou là : Yougoslavie, Iraq, Afghanistan, Libye, Syrie (on est en train de découvrir dans les territoires nettoyés des soi-disant "djihadistes" des armes originaires de pays de l'OTAN), Ukraine, Afrique sahélienne... !


Autre chose ? Faites-moi la liste des pays européens ayant fait l'objet d'attentats..., - ils disent comment déjà ? - "djihadistes" et concluez. J'observe simplement que de petits pays résolument non alignés sur les barbouzardises de l'OTAN (Autriche, Suisse...) n'ont jamais connu le moindre attentat soi-disant "djihadiste". Ça vous étonne ? Moi pas !

Alors, chers amis belges (mais l'apostrophe vaut également pour d'autres "petits pays" : Norvège, Pays-Bas, Luxembourg...) : on sort de l'OTAN ? Chiche !