dimanche 31 mars 2019

Réflexions sur ce que d'aucuns appellent "antisémitisme" #6


Épisode §6. C'est çui qui dit qui l'est !

Dans la double rubrique "Rions un peu !" et "Du bon usage d'un peu de mémoire et de bonnes archives...", je tombe tout récemment sur une prise de position de la LICRA (Ligue [française] contre le Racisme et [ce qu'ils appellent] l'Antisémitisme) à la suite d'un de ces embrouillaminis dont certains se sont fait une spécialité, à savoir faire pression sur une manifestation - ici culturelle - pour cause de racisme, ici anti-noir.

Dans les faits, j'ai cru comprendre qu'un spectacle autour d'Eschyle n'avait pas pu être monté dans une prestigieuse université française pour diverses raisons que j'invite mes lecteurs à découvrir grâce aux liens figurant plus bas.

Voilà, donc, des associations anti-racistes (noires) montant au créneau, au point de contraindre les responsables du spectacle de renoncer à leur projet, ce que, personnellement, je déplore.

Mais le plus drôle est ce qui suit.


Source

Donc, la Licra condamne..., et se fait reprendre de volée par divers observateurs. Par parenthèse, s'il y a autant d'associations antiracistes concurrentes de la Licra, c'est probablement parce que ces associations ont considéré que la Licra ne les représentait pas sufisamment.

Mais quand j'évoque la rubrique "Rions un peu", c'est, notamment, parce que j'ai là quelques archives et un peu de mémoire. Il se trouve que la Licra était déjà intervenue dans une affaire similaire concernant une pièce de théâtre qui aurait dû être montée dans un lycée de la banlieue parisienne.

Ci-dessous, le texte intégral d'un article paru dans le quotidien Le Parisien du 24 décembre 2002.

Sans commentaires (hormis l'une ou l'autre mise en exergue d'une partie du texte).

« Le Juif de Malte » ne sera pas joué
SOUS LA PRESSION de certaines associations juives qui la jugent antisémite, la pièce « le Juif de Malte » ne sera pas montée en janvier par la section britannique du lycée international de Saint-Germain-en-Laye. 
Après un tour de table réunissant des membres de la communauté juive libérale, un rabbin, des professeurs britanniques et français et des parents d'élèves, le proviseur vient d'annuler les trois représentations prévues de cette oeuvre écrite en 1590 par le dramaturge anglais Christopher Marlowe. « Cette pièce représente le juif sous sa pire caricature, sale, voleur et assassin, dénonce Nicole Cohn, présidente de la communauté juive libérale Paris-Yvelines et à l'origine de la polémique. J'ai reçu des plaintes de plusieurs familles, toute la communauté juive d'Ile-de-France était derrière nous, c'est une injure à la mémoire et à nos conditions de vie si difficiles. Comment peut-on oser faire brûler un juif sur scène aujourd'hui ? » 
Le proviseur du lycée, qui affirmait grâce à cette pièce lutter contre l'antisémitisme, se refuse aujourd'hui à tout commentaire. Quant au rectorat, il justifie cette décision par un « choix pédagogique ». La pièce était au programme officiel de l'université de Cambridge avec laquelle travaille la section britannique. 
Le chef d'établissement avait proposé aux membres de la communauté juive d'encadrer les représentations par une mise en garde et un débat. Certains parents y ont opposé un refus net. « Les élèves n'auraient pas écouté cette argumentation. Nous ne refusons pas l'étude de ce texte en classe mais sa représentation. L'incitation à la haine raciale est un délit en France. Le plus triste c'est que les enseignants semblent avoir cédé à nos arguments sans avoir eu une réelle prise de conscience du caractère offensant de cette pièce », poursuit Nicole Cohn.
La mobilisation était déjà organisée
Cette argumentation est rejetée par d'autres parents d'élèves juifs, qui ne se reconnaissent pas dans ces organisations très militantes. « Je regrette que cette pièce soit arrêtée, c'est dommage et un précédent dangereux, soutient Jérôme Jaffré, père d'un élève juif qui devait jouer dans la pièce. Certes un antisémite pouvait faire une mise en scène antisémite mais les professeurs avaient toute ma confiance. Les risques étaient limités, la pièce devant être interprétée en anglais du XVIIe siècle. Dans cette histoire, nous avons affaire à des petits groupes de pression très militants et la direction a préféré reculer. » 
Pour ce parent d'élève, cette représentation aurait pu être l'occasion d'un débat sur l'antisémitisme. « La discussion est malheureusement impossible. Lors de la réunion, ces représentants sont venus avec des affiches du spectacle à l'époque des nazis et des photos de charniers des camps de concentration. Tout ce que retiendront les élèves de cette histoire, c'est qu'il suffit d'un petit groupe de pression exerçant des menaces pour qu'un projet pédagogique s'arrête. C'est mauvais pour la liberté académique. » 
Si la pièce restait programmée, la mobilisation était déjà organisée. Deux associations d'anciens déportés étaient prêtes à venir manifester avec les communautés juives d'Ile-de-France, la Ligue internationale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). (Source)


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