mardi 2 avril 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #19


Épisode §19. Le syndrome Adama Traoré

Vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que la manifestante niçoise en gilet jaune de la semaine dernière, vue et revue dans les médias et les réseaux dits sociaux, a, en réalité, fait l'objet d'une poussette par un agent de la force publique, à en croire le procureur de Nice, cité par les gazettes, qui font état de versions ayant sensiblement évolué.

        Citations 
S'appuyant sur des images de vidéosurveillance, le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre avait lui aussi assuré le 25 mars, lors d’une conférence de presse : «J’exclus une cause : j’exclus qu’elle se soit cassé la figure toute seule. […] Ce dont on est sûr aussi à la vue des images, pixels par pixels, c’est qu’elle n’a pas été touchée par les forces de police, par un bouclier ou par un homme.» Selon le procureur, qui «exclut qu'elle était en train de courir» et soit tombée seule, il y avait derrière elle trois personnes, «un journaliste qui filmait, une autre manifestante et une autre personne à la casquette marron».  (...)  
Arié Alimi, l’avocat de Geneviève Legay, a rapidement contesté cette version des faits. Au cours d’une conférence de presse, le 26 mars, il a déclaré que sa cliente avait été «poussée délibérément». Pour justifier son propos, il s’est appuyé sur une vidéo de CNews, notamment relayée par le site Arrêt sur images, où l’on peut voir un membre des forces de l’ordre charger en direction d'une personne tenant un gilet jaune dans la main. (source)


Bon, si j'ai bien compris, on a fini par savoir que la dame avait été poussée dans le dos, et par qui.

Soit dit entre nous, avait-on vraiment besoin de tout ce tintouin pour savoir ce qu'il s'était vraiment passé sur cette place niçoise ?

Il se trouve que, lors de l'épisode précédent, j'avais affiché sur ce modeste blog des captures d'écran, parmi lesquelles figurait celle qui suit :



Voilà une image qui ne peut que laisser perplexe, non ?!

Est-ce qu'il y a le moindre doute sur les raisons pour lesquelles la personne allongée par terre au premier plan, à droite sur l'image, se retrouve dans cette position ? Quant à la dame, allongée par terre, elle aussi, au second plan, voit-on quelqu'un interposé entre elle et le(s) policier(s) ?

Le fait est que nous avons là une personne à terre, de surcroît, une femme d'un certain âge, pas un jeune cagoulé et tout de noir vêtu, ni même un surfeur bodybuildé, une mémé qui pourrait être morte et qu'un fonctionnaire de police se contente d'enjamber comme on enjambe une flaque d'eau ou une poubelle renversée !

Entre nous, si le procureur de Nice n'a pas été choqué par cette image, je ne vois pas très bien à quoi il sert, notre bon Procureur de la République ! Du coup, les paroles de ce magistrat du Parquet avant..., et après coup s'avèrent d'une inanité crasse qui frise l'insanité !

Parce que lorsque vous examinez l'image ci-dessus "pixel par pixel" (sic.), vous ne voyez pas qu'il y a comme un problème ?

Vous êtes un fonctionnaire de police, chargé du maintien de l'ordre et, accessoirement (!!), de la sécurité publique, en bon français : de la sécurité du Peuple, et lors d'une manifestation quelconque, avec zéro violence de la part de la foule, une personne tombe par terre, de surcroît, visiblement âgée, elle est peut-être morte ou dans le coma, et votre premier réflexe n'est pas de vous baisser pour vous enquérir de son état de santé, mais de l'enjamber comme on enjambe un tas d'ordures !?!?!

Et tout ça a lieu devant une nuée d'objectifs garnissant les téléphones portables !

Du coup, on repense à Adama Traoré, ce jeune homme ayant croisé le chemin d'une escouade de gendarmes : quand on voit l'indifférence qu'un agent des forces publiques est capable de manifester envers une dame âgée et allongée par terre, on peut, du coup, se faire une idée de l'indifférence que d'autres agents des forces publiques peuvent manifester face à un suspect supposé "simuler un malaise".

Le fait est que Traoré n'a pas du tout simulé son malaise ! Pour comble de malheur, il n'y avait aucun badaud pointant la caméra de son téléphone portable pour saisir la scène.

J'en connais qui trouvent que ça fait un peu beaucoup, tous ces jeunes "noirs" (on nous annonce la mort dans un hôpital d'un certain 'Ange', à la suite d'un contrôle routier...) ayant succombé à la suite d'une rencontre avec les forces de l'ordre. Ceux-là pourront constater que même une vieille dame à la peau bien blanche n'est pas à l'abri de quelque "bug" !

Si ça peut les rassurer !

Mais je n'oublie pas un autre protagoniste d'un drame survenu en marge d'une opération de maintien de l'ordre : ce fonctionnaire de police victime d'un arrêt cardiaque en plein Paris et en marge d'une déambulation des Gilets Jaunes.

Qu'un homme dans la force de l'âge, probablement rompu aux exigences physiques du maintien de l'ordre, soit victime d'une aussi grave défaillance est la preuve que ce genre de tuile peut aussi se produire en dehors de tout tabassage ou de toute molestation !

Voilà de quoi nous rendre un peu plus modérés dans notre appréciation de certaines péripéties de l'agitation sociale.

Pour revenir à l'essentiel, il faut souhaiter un prompt rétablissement à (dans un ordre de gravité décroissante de leurs états respectifs) cet agent des forces de l'ordre toujours dans le coma à la suite d'un arrêt cardiaque, et dont on est sans nouvelles, étant entendu que, dans le meilleur des cas, sa carrière active de policier est terminée. Une pensée aussi pour la mamie d'Attac bousculée sur cette place niçoise, en espérant (on peut rêver !) que sa majesté Ringard Ier, j'ai nommé le très imprudent maire de Nice, daignera - charité chrétienne oblige ! - se déplacer à l'hôpital afin de réconforter une de ses administrées, fût-elle de gauche ! (1)

S'agissant du jeune Ange Debenesha, il serait souhaitable que famille et amis attendent un peu avant de s'enflammer, dès lors que les rumeurs bruissent de toutes parts que le garçon aurait ingurgité quelque chose au moment du contrôle policier, histoire de se débarrasser d'une substance hallucinogène en sa possession ? Auquel cas, ce n'était pas très futé ! Pour ma part, j'ai appris à toujours attendre un peu avant de me lancer dans des spéculations hasardeuses.

Quant à Adama Traoré, on ne peut que compatir à la douleur de la famille. Cela dit, une dizaine d'années de Villiers-le-Bel m'ont valu de me faire contrôler (une demi douzaine de fois tout au plus, soit moins d'une fois l'an) par la police, notamment dans le secteur de la gare RER. Je dois dire que ça s'est toujours très bien passé. Et si Traoré est parti en courant à la vue des gendarmes, je dois dire, ici, qu'il a eu tort de se comporter de la sorte, dès lors que cette course poursuite, à elle seule, aurait fort bien pu conduire à un malaise cardiaque fatal, comme il s'en produit sur bien des stades ou lors de bien d'épreuves sportives, voire chez les flics lors d'une opération de maintien de l'ordre ! Cela dit, s'il y a eu faute des agents de la force publique - dont on a vu à Nice qu'ils étaient tout sauf infaillibles -, la Justice passera, comme il se doit dans un État de droit !



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(1) Pendant longtemps, c'est Guy Bedos, dont je ne suis pas un fan, qui se plaignait des difficultés de se produire à Nice, ville du controversé Jacques Médecin. Aujourd'hui, histoire de ne pas perdre les "bonnes" habitudes, il semble que la maladie de la persécution vise désormais Dieudonné, lequel n'en a cure, apparemment. Mais le seul fait qu'il existe des militants d'Attac à Nice est, en soi, une bonne chose !