jeudi 4 avril 2019

Sémantique de la désinformation #2



Dans la rubrique "Les c...(comme cuistres), ça ose tout...", voyez ce qui suit :

Source

Faut-il se voiler...

Observons, pour commencer, que la dénommée Elisabeth Lévy a parfaitement le droit de ne pas faire partie des visiteurs de ce blog, de même qu'elle a également le droit de ne pas détenir un bon dictionnaire de la langue française.

De là à vouloir jouer les idéologues, voire à pondre des éditoriaux, histoire de se donner de la consistance, il y a un monde !

Le problème avec les cuistres étant leur capacité à jouer avec les mots, ainsi que je le démontrais lors de l'épisode précédent, vous observerez qu'ici, on ne dit pas que la personne - le Premier Ministre néo-zélandais - porte un voile, mais qu'elle se voile, ce qui en dit long sur la dramatique inculture lexicale de notre éditorialiste.

En français, on dit se voiler... la face, au propre comme au figuré, ce qui veut dire s'appliquer à dissimuler quelque chose. Autant dire que "se voiler" (tout court) n'est pas très français, d'un point de vue strictement syntaxique, mais aussi sémantique, dans la mesure où rien n'est "voilé (= dissimulé)" ici !

Mais bon, Madame Lévy a parfaitement le droit de ne pas être une férue de linguistique. Et tant pis pour ses lecteurs, qui la prennent pour une intellectuelle ! Rappelons que, sur l'image précédente, à part un peu de cheveux, les femmes que l'on aperçoit ci-dessus ne voilent pas grand chose.

- Mais monsieur, va-t-on me rétorquer, vous devriez lire la suite du propos !

La suite ! 

"La première ministre néo-zélandaise J. A. a porté le voile en signe de compassion... L'appel de Néo-zélandaises à porter un hidjab pour l'harmonie..."

Nous avons, donc, "se voiler", "porter le voile", "le hidjab", tout cela étant supposé signifier la même chose.

Il se trouve tout simplement que tout cela ne signifie pas du tout la même chose, comme n'importe quel détenteur d'un bon dictionnaire est censé le savoir.

Par parenthèse, j'aurais bien aimé savoir - histoire de rire un peu - en quels termes Madame Lévy aurait décrit les images qui suivent.















Vous avez compris que pour les cuistres, façon Elisabeth Lévy, toutes ces femmes sont... voilées !?

On admirera aussi le rapprochement entre "les innombrables farces et attrapes inventées par le féminisme à la sauce islamique pour faire passer les vessies de l'oppression pour les lanternes de l'émancipation...", d'une part, et "l'épouvantable massacre de 50 fidèles musulmans...", d'autre part.

Les familiers d'Elisabeth Lévy ne manqueront certainement pas de lui demander ce qu'il y aurait de tellement épouvantable dans le massacre de cinquante personnes en Nouvelle Zélande, comparé aux milliers de victimes palestiniennes de l'Opération israélienne baptisée "Plomb durci" voire par rapport aux victimes de toutes les campagnes militaires conduites par l'Occupant en Palestine.

Le fait est qu'aucune mention de "massacre épouvantable" concernant les Palestiniens n'apparaît dans les archives du site dirigé par Madame Lévy, que je m'applique à parcourir régulièrement.

Mais il y a autre chose, s'agissant de sémantique... Madame Lévy - qui ne doit pas connaître Ilhan Omar ! - nous dit qu'"arborer le hidjab n'est pas une marque d'empathie mais d'effacement". (Lien)

Elle a dit "empathie" !?

Dans le champ lexical de l'empathie, nous avons, notamment, la charité, l'amour, voire la compassion.

Et là, tout bon connaisseur d'une certaine tradition... - et, a fortiori, tout bon fils de pasteur ! - pense à...

Vous ne voyez pas ? Allez, un petit effort ! 

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même !"

Ça vous dit quelque chose, n'est-ce pas ?! Le fait est que nul n'est besoin d'avoir été baptisé (chrétien) pour connaître cette référence, non ?

Voyez-vous, ce qu'il y a de dramatique avec des cuistres façon Elisabeth Lévy, ce n'est pas seulement leur phénoménale inculture sur le plan linguistique, mais aussi leur phénoménale nullité tout court.

Car enfin, cette femme, qui doit avoir quarante, cinquante ans (?), a dû passer quelques décennies en France, "fille aînée de l'Église", où elle a fait ses études, fréquenté des camarades de classe au collège, au lycée, à la fac, regardé la télévision, lu des livres, pris connaissance de l'oeuvre de tel ou tel penseur, philosophe...

Et, malgré tout, Elisabeth Lévy n'a jamais entendu parler du message chrétien, lequel se retrouve dans la formule figurant plus haut : Tu aimeras ton prochain...

Alors, on lui explique, à Madame Lévy ?

Par quoi va-t-on pouvoir commencer ?

Par ceci : et si Madame Lévy commençait par découvrir les Évangiles ?

Le fait est qu'il n'est nul besoin d'être juif pour lire la Torah, ni chrétien pour lire la Bible, ni musulman pour lire le Coran, ni tout simplement croyant pour lire quelque texte religieux que ce soit, de même qu'il n'est nul besoin d'être marxiste pour connaître le Capital !

Parce que si cette pseudo-intellectuelle s'était seulement donné la peine de lire les textes fondateurs de la civilisation occidentale, notamment sur le plan religieux, peut-être comprendrait-elle plus facilement les raisons de l'acte de compassion manifesté par tant de Néo-zélandais, à commencer par leur premier ministre, pour leurs concitoyens musulmans. (1)

Et à côté des Évangiles, vous avez tous ces penseurs dont la liste est longue : citons un Albert Schweitzer, un Martin-Luther King, une Mère Tereza, une Soeur Emmanuelle, un Raoul Follereau, un Jean-Paul II (pactisant avec l'homme qui lui avait tiré dessus au pistolet), etc., tous personnages dont Madame Lévy ne peut visiblement pas comprendre l'élévation d'esprit !

Quant au fait d'arborer tel ou tel accessoire vestimentaire, là encore, je vais m'appliquer à rechercher dans les archives du blog de Madame Lévy les critiques qu'elle n'aura pas manqué de formuler à l'égard de telle ou telle personnalité française ou autre (non 'officiellement' juive) ayant "osé" s'affubler d'une kippa, le tout en dehors de tout contexte religieux comme la visite d'une synagogue...

Dans la rubrique "Rions un peu..." :







On résume ?

1. La dernière tuerie survenue en Nouvelle-Zélande a eu lieu à... l'Église du Christ ; c'est le nom de la ville !

2. Elisabeth Lévy c'est la cuistrerie parfaitement assumée (je suis totalement inculte, mais cela ne m'empêche nullement de me faire admirer par plus inculte que moi...), à moins que ce ne soit que du bon vieux pharisaïsme!


(1) Cela dit, ne soyons pas (complètement) stupides : l'Histoire (avec majuscule) des humains nous a appris qu'il y avait parfois un long chemin de la coupe aux lèvres, comme dit l'adage. Il se trouve simplement que le pacifisme proclamé dans les Évangiles n'a pas empêché que ces mêmes Évangiles soient utilisés comme arme de destruction massive - physique et culturelle - d'une multitude de peuples qui n'avaient rien demandé à personne, et surtout pas de voir leurs dieux et leur patrimoine ancestral saccagés par des conquérants - comme par hasard, toujours flanqués de missionnaires - dont le moins qu'on puisse dire est que leur lecture des Évangiles était pour le moins biaisée, à moins que... (cf. les quatre derniers liens ci-dessous).


Petit supplément illustré : 5 juillet 2018, l'ex-directrice du comité Miss-France, Geneviève de Fontenay, sur une chaîne de télévision française (CNews), commente l'incurie sémantique (c'est moi qui précise) des média, qui confondent bêtement voile et foulard, en sortant de son sac à main quelque chose qui est un vrai "voile", pas simplement un "foulard".




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