jeudi 25 juillet 2019

Retour sur les dernières élections européennes 2/3


Épisode §2. Si ce n'est toi, c'est donc ton frère !

C'était le rêve de Jean-Luc Mélenchon : poursuivre sur sa lancée de la présidentielle par une démonstration de force aux élections européennes en écrasant les autres partis de gauche, réduits à l'état de groupuscules. Dans l'esprit du chef de file de la France insoumise (LFI), le vote de ce dimanche 26 mai 2019 devait finir de régler la question à gauche de l'échiquier, poussant socialistes, communistes, écolos et pièces rapportées à se ranger derrière son panache dans l'optique des municipales, voire de 2022.

A l'heure des résultats, le pari est raté dans les grandes largeurs : non seulement les Insoumis ont divisé leur score de la présidentielle par plus de deux, totalisant seulement 6,31% des suffrages selon les résultats définitifs et égarant plus de 5 millions d'électeurs, mais ils ont de surcroît été dépassés par Europe Ecologie-Les Verts (EELV)... et se retrouvent même au coude-à-coude avec le Parti socialiste (6,2%), pourtant largement distancé en 2017 ! La liste conduite par Yannick Jadot, qui a bénéficié à plein de "l'effet européennes" traditionnellement favorable aux écologistes et d'une montée en puissance des préoccupations liées au dérèglement climatique, termine avec un score de 13,47%, quasiment le double de celui de LFI après une campagne menée en direction des électeurs de centre-gauche. Les Insoumis se retrouvent dans l'incapacité de clamer leur suprématie sur le reste de la gauche. (Source)

Lu dans le journal (en ligne):

Au ministère de la Culture, Françoise Nyssen, éditrice et dirigeante de la maison Actes Sud fondée par son père, a été accusée par Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV — lui-même a été initié — d’être « plus ou moins liée aux sectes ». Qu’a-t-il voulu dire ? La ministre est anthroposophe, philosophie développée par Rudolf Steiner à la fin du XIXe siècle, tournée vers l’homme, son environnement naturel et surnaturel. Des références bien maçonniques. (Source)

Autre source :
Jean-Luc Mélenchon faisait l'objet d'une demande de suspension de la franc-maçonnerie en raison de sa mise en examen pour "actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique". La justice maçonnique a finalement choisi d’abandonner les poursuites.

Jean-Luc Mélenchon reste franc-maçon. Une quarantaine de frères ont fait pression sur la direction du Grand Orient de France, la plus ancienne obédience maçonnique française, pour exclure le leader de la France insoumise en raison de l'ouverture d'une enquête préliminaire visant le député des Bouches-du-Rhône pour "actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique".

Selon le journal L'Express, la Chambre suprême de justice maçonnique (CSJM) a jugé mercredi 28 que la demande faite par le conseil de l'Ordre du Grand Orient d'exclure Jean-Luc Mélenchon était irrecevable, abandonnant tout examen de la "plainte".

Le quotidien précise que "selon nos informations, les juges maçonniques, objets de multiples pressions internes, n'auraient pas osé se plonger dans le dossier hautement sensible". Et d'ajouter: "La publicité faite autour de cette «plainte» a probablement influencé ceux qui ont décidé de ne pas y donner suite".
(Source)
Source

Que Jean-Luc Mélenchon soit un honorable sociétaire de telle confrérie ou autre société secrète - Tiens ! On reparlait récemment de l'Ordre du Temple Solaire à la télévision... - ne doit être qu'un secret de Polichinelle, puisque, moi-même, j'en avais été informé depuis fort longtemps. Et si je suis bien informé, un nombre conséquent de personnages politiques français sont/ont été aussi membres de ladite Franc-maçonnerie (1).

Question : lorsqu'ils se croisent, par exemple, dans de sombres alcôves, lors de telle ou telle cérémonie maçonnique, est-ce que Jean-Luc Mélenchon et, par exemple, Alexandre Benalla, se claquent la bise ? 

Même observation concernant l'immonde dictateur (pléonasme !) congolais, Denis Sassou-Ngesso, ou encore la marionnette vénézuelienne Juan Guaidó : est-ce que, là encore, Mélenchon claque des bises à Sassou et Guaidó ? Ou s'ignorent-ils ostensiblement ? Mais les membres d'une confrérie se croisant dans d'obscures alcôves peuvent-ils s'ignorer ostensiblement ?



Vous pensez que le questionnement n'a aucun intérêt ? Vraiment ? Parce que vous pensez qu'il est anodin de voir - éventuellement - un ministre, membre d'un gouvernement  de droite et un de ses principaux opposants se taper dessus à l'Assemblée Nationale ou à travers les média, tout en se claquant des bises dans le secret des alcôves d'une société secrète ?

Entre nous, comment ne pas voir qu'il y a de la duplicité à accuser ouvertement Françoise Nyssen de subordination aux sectes, alors que, soi-même, on en fait partie ? Et ça c'est tout le problème de Jean-Luc Mélenchon, cet ex-sénateur socialiste reconverti barbudo façon Fidel Castro, enfin, n'exagérons rien ! Fidel Castro, lui, a bel et bien pris le maquis et rallié la Sierra Maestra !

S'agissant de la Françafrique, impliquant jusqu'au cou quelques dictateurs comme Sassou-Ngesso, la fraternité de fait unissant Mélenchon et les dictateurs africains, dont un bon nombre sont des Franc-maçons patentés, ne pose-t-elle pas problème ?


Quant au Vénézuela, ai-je besoin d'insister sur le rôle évident des Etats-Unis, entendez la CIA, sur les problèmes actuels frappant le pays de Maduro ?

En clair, quel est le bon Mélenchon ? Celui qui claque éventuellement des bises à Sassou-Ngesso ou Juan Guaidó, ou celui qui tape à bras raccourcis sur les mêmes, dans un rôle de Robespierre qu'il s'est découvert bien tardivement - cf. "Je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas !" - et auquel, pour ma part, je n'ai jamais cru ?

Quand j'écrivais tantôt que mon problème, avec Manon Aubry, s'appellait Mélenchon, c'est notamment à tout ce qui précède que je pensais.

Le fait est que je n'ai jamais cru en Mélenchon déguisé en sauveur de la Gauche, et surtout pas depuis son ralliement à l'agression néo-coloniale de l'OTAN en Libye !

Ajoutez à cela l'OPA sur le Parti Communiste, qui se mord les doigts depuis ; l'infortuné Pierre Laurent l'a payé cash devant les militants. On pense ce qu'on veut du PCF, mais il faut bien se rendre à l'évidence : en matière de décolonisation, par exemple, les communistes français ont été bien plus intègres et plus cohérents que tous leurs partenaires de ladite "gauche française". Pensons seulement à François Mitterrand ministre de l'Intérieur sous la IVème République !

Le fait est qu'il n'y a plus d'élus communistes au Parlement Européen, et Jean-Luc Mélenchon est le principal responsable de la chose, dès lors que cet homme est et reste un bonapartiste - c'est-à-dire un hégémoniste - convaincu (Moi et les larbins), et ce, malgré tout le prêchi-prêcha autour de la Sixième République ! Le bilan de l'agitation de Mélenchon, depuis un bon quart de siècle maintenant, c'est un affaiblissement global de la Gauche.



Alors, ces élections européennes ? Une gauche unie aurait permis d'intégrer bien plus de monde, en évitant la déperdition des voix, notamment celles glanées par un Ian Brossat qui n'a pas démérité. Mais bon, après cinq années de n'importe quoi incarné par François Hollande, et malgré les Gilets Jaunes - ennemis jurés de socialistes farouchement attachés au bonapartisme gaulliste -, il va sans dire que, pour une Gauche rassemblée, la remontée de la pente ne sera pas une partie de plaisir.

Ce qui ne rend que plus valeureuse la démarche d'une Clémentine Autain, doublement méritante, dès lors que 1) Contrairement à d'autres, elle entend exprimer ses désaccords ouvertement, et sans quitter le navire, et que 2) Elle au moins a compris le caractère éminemment conjoncturel du "phénomène" Mélenchon et, par voie de conséquence, l'absolue nécessité de passer à autre chose.

Mais le problème pour Clémentine Autain et d'autres à gauche - en clair, pour les vrais insoumis -, ne serait-il pas d'être passés à côté du mouvement des Gilets Jaunes, lesquels, quoi qu'en pensent les instituts de sondages, ont sur les partis politiques l'avantage d'être une force directement issue du peuple, donc peu encline aux soubresauts médiatico-bureaucratiques ou sondagiers ?

Or, face à l'effondrement et au discrédit des appareils politiques, notamment à gauche - cf. la calamiteuse parenthèse de François Hollande -, rebâtir un puissant mouvement populaire est inimaginable sans de solides fondations s'enracinant, précisément, dans les masses populaires. 

Et puisque l'insoumise Clémentine Autain - dont le parcours d'obstacles entamé au sein des Insoumis mérite qu'on s'y intéresse - est une adepte du big bang, je lui suggérerais volontiers une métaphore tirée de la géologie et du volcanisme : même si les cratères se trouvent généralement au sommet des montagnes, les éruptions volcaniques, elles,  viennent toujours d'en bas, jamais d'en haut !



(1) Dans une vie antérieure, je fus autoentrepreneur, spécialisé dans la microédition (+ rewriting, traduction...), et je me souviens fort bien d'un mémoire de DEA (aujourd'hui, on dit 'Master 2') que m'avait confié pour correction un étudiant en histoire ; le thème était la Franc-maçonnerie sous la IIIème République. Ce texte doit encore dormir dans un disque dur de mes nombreux ordinateurs. J'y ai appris que, du temps d'un Paul Doumer, par exemple, pas loin voire plus du tiers d'un gouvernement pouvait être affilié à la F.M. 

Lire : Le 4 septembre 1870, la République est proclamée et un « gouvernement de Défense nationale » formé – sur douze membres, il comprend neuf francs-maçons du Grand Orient de France et de la Grande Loge de France. Menant son récit tambour battant depuis la chute du Second Empire et la naissance de la République jusqu’aux dernières élections présidentielles de mai 2012, l’auteur rappelle que « l’action principale du Grand Orient de France consistait à consolider le régime républicain qu’il considérait comme son œuvre » - c’est ce que l’un de ses dirigeants avait proclamé lors du convent de l’obédience en 1887 : « Ce sont les maçons, ce sont les loges qui ont fait la République ».

Pour l’historien qui s’appuie sur une riche documentation, le doute n’est pas de mise : « Il appert nettement que, tout en se défendant de faire de la politique, les francs-maçons de la IIIe République étaient en réalité totalement engagés dans la politique, allant même à s’identifier comme les gardiens de la République, en plus clair : les gardiens du régime en place ». (Source)




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