Dernier cours avant la quille de Noël.
Plus que quelques minutes avant que la cloche ne retentisse ; tandis que les élèves commencent à ranger leurs affaires, j'inscris au tableau noir une première série de mots, que je dispose volontairement en losange :
Cosa | ||
Cuba | Nostra | |
Kosher |
À cela, j'ajoute la liste suivante : Cuba - Ségolène Royal - synchronie - diachronie.
Tout le monde s'empresse de noter l'ensemble des mots et j'avoue ressentir de la satisfaction devant l'absence absolue de questions (stupides) dans le genre : "Mais, monsieur, qu'est-ce que ça veut dire ?". Ils ont parfaitement compris ce que j'attendais d'eux.
Tout le monde s'empresse de noter l'ensemble des mots et j'avoue ressentir de la satisfaction devant l'absence absolue de questions (stupides) dans le genre : "Mais, monsieur, qu'est-ce que ça veut dire ?". Ils ont parfaitement compris ce que j'attendais d'eux.
La sonnette retentit, marquant le début des vacances dites de Noël.
Entre temps, j'étais tombé, dans un kiosque à journaux, sur un numéro spécial du magazine Historia. Tiens donc ! Il est consacré à Cuba !
Bien évidemment, je me jette sur la table des matières, et là, grosse déception : il me semble qu'il manque quelque chose : il y a bien un chapitre sur Fulgencio Batista, suivi d'un autre sur la Révolution castriste, mais, comment dire ? Entre Batista et Castro, il semble bien qu'il y ait un trou, et quel trou !
En fait, l'explication de ce phénomène se trouve coincée dans un coin, sous la forme d'un petit paragraphe d'à peine deux cent quatre-vingt-quinze (295) mots :
"En 1946, Meyer Lansky organise à La Havane une conférence réunissant les représentants des principales familles italo-américaines dont Lucky Luciano, qui, d'Italie, reste le "parrain des parrains..."
Et là, on s'étrangle presque : Meyer Lansky ? Lucky Luciano ? Le lecteur a-t-il seulement une idée du pedigree de ces deux personnages, hormis le fait que le second nommé fût considéré dans l'article comme étant le "parrain des parrains", Al Capone ayant disparu en 1947 ? D'où me vient, donc, cette désagréable impression que l'auteur du texte, un certain Vincent Bloch, de l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), a bâclé son travail ?
Du coup, je me félicite de l'initiative que j'ai prise en soumettant aux élèves la liste de mots susmentionnée, et je me délecte par avance de l'effet que leurs recherches, notamment en ligne, ne vont pas manquer de susciter.
Et une coïncidence chassant l'autre, ne voilà-t-il pas qu'en cet hiver 2016-2017, le Cirque Phénix, basé sur la Pelouse de Reuilly, au sud de Paris, héberge une compagnie circassienne venue tout droit de Cuba ?
Je dois avouer qu'à chaque fois qu'il m'arrive de traverser cette esplanade abondamment garnie de chapiteaux, située en bordure du périphérique parisien, je ne puis m'empêcher d'imaginer ce qui se passerait si, d'aventure, un lion échappé de sa cage déboulait subitement au milieu des visiteurs ! Il est vrai que le cirque Phénix n'a pas d'animaux ; mais ses voisins de pelouse en ont bien, eux, notamment des lions, dont les vocalises intempestives vous stressent un tantinet...
Par parenthèse, les artistes cubains sont rentrés chez eux, après plusieurs mois passés chez Phénix, et, autant que je sache, pas un seul d'entre eux n'a fait défection !