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mardi 26 juin 2018

Un salut à tous nos amis italiens... Un saluto a tutti i nostri amici italiani...


Texte mis à jour le 20 août 2018 (voir infra)

Le petit blogueur que je suis apprécie tous les jours l'efficacité des moteurs de recherche, moi qui ne produis aucun effort pour faire connaître ce blog, dès lors que je ne possède aucun compte Facemachin, Tweetchose ou Instatruc ni aucun relais auprès de la presse écrite et audiovisuelle !

Ce qui veut dire que tous les visiteurs de ce site le font soit via le bouche à oreille, soit plus généralement après avoir entré une requête et des mots-clés sur un moteur de recherche.

Et si les moteurs de recherche m'amènent autant de visiteurs, c'est tout particulièrement à cause des images, qui sont, toutes, équipées de 'tags'. La chose n'est pas du tout visible sur les pages, sinon sur la version 'codée' de la page, à laquelle les connaisseurs peuvent facilement accéder. En clair, on agrémente les images d'une balise du type 'alt', dans laquelle on insère des mots-clés, ce qui vous permet de consulter des myriades d'images en accédant à l'onglet 'images' de votre moteur de recherche.

Et comme vous êtes observateurs, vous avez forcément constaté que mes articles étaient systématiquement agrémentés d'au moins une image ! Le fait est que ce blog n'est qu'un échantillon parmi plein d'autres contributions de votre serviteur au réseau mondial. 

Tiens, by the way, offrons-nous un petit quiz : essayez donc de deviner l'endroit où j'ai capté cette image de la louve allaitant Romulus et Rémus (image en relief anaglyphique. Voir plus bas.) !



Cette petite introduction me permet de saluer une catégorie importante de visiteurs de ce site : les Italiens, gli Italiani !

D'où mon message de salutations à tous nos amis transalpins, comme on dit ici, ce pays en forme de botte qui compte des filles parmi les plus sexy du monde ! Mais pas que... Je pense à cette année de FAC (il y a quelque temps maintenant !), que j'ai quasiment séchée en totalité pour aller voir des festivals de cinéma italien (la salle d'art et d'essai se trouvait à Paris, Rue du Dragon ; elle était très étroite, et très allongée). Et là, j'ai découvert Felllini, Visconti, De Sica, Antonioni, Bertolucci, Pasolini et j'en passe. Finalement, à force de voir tous ces films en version originale, j'ai fait de réels progrès dans la compréhension de la langue parlée. Et comme, de surcroît, j'ai une appétence particulière pour la musique, je dois dire que les films qui m'ont laissé la plus forte impression furent, comme par hasard, ceux dont la musique était la plus prégnante. Comment oublier cet adagietto de Mahler dans "Mort à Venise", ou encore les sublimes partitions de Nino Rota pour Fellini, ou encore celles du maestro Ennio Morricone ?

Du coup, pour moi, l'Italie, ce sont d'abord les arts, le cinéma, certes, mais venant après la peinture, la sculpture, la musique, l'opéra.

Victor Emmanuel Roi D'Italie... Tout un programme !

Mais je n'oublie pas le reste. Et comme je vis en France, je ne vous apprends rien, chers amis italiens, sur cette prétention française de détenir la plus reluisante cuisine du monde, les plus grands vins du monde, les meilleurs créateurs de mode du monde, et tutti quanti.

Parlons cuisine : Boccuse, Trois-Gros et tous les autres ont assis le prestige de la gastronomie française dans le monde : la gastronomie, pour clients fortunés. Mais en attendant, qu'on me cite une spécialité culinaire ou alimentaire (populaire) française aussi connue dans le monde que les cannelloni, farfalle, fusilli, gnocchi, lasagne, macaroni, mascarpone, mozzarella, osso buco, parmigiano, pizza, ravioli, risotto, spaghetti, tagliatelle, tiramisu, tortellini... 

Voilà, donc, un pays, l'Italie, qui a, plus que la France, puissamment contribué à la culture populaire à travers le monde. Car où que vous alliez dans le monde, vous donnez le nom en italien, et le serveur du restaurant ou de la buvette (cf. espresso, cappuccino...)  vous comprend instantanément. D'autres spécialités existent ici ou là : on citera le couscous, les sushis, nems, hamburgers, kebabs, le caviar, la paella, la sangria, la tequila, le whisky, la vodka..., mais aucune spécialité française, enfin si, une seule : le champagne ! (À propos...)

Il faut dire qu'en France, depuis les souverains de l'Ancien Régime, la "culture" a toujours été la chasse gardée d'une élite, et ce, malgré tous les efforts déployés par les institutions et autorités culturelles locales et nationales. Ailleurs, et tout particulièrement en Italie, ce n'est pas du tout le cas, ce qui explique que, dans ce pays, des gens comme Pavarotti ou Bocelli aient pu chanter des airs d'opéras dans d'immenses stades, chose inimaginable en France.

Il me revient une petite anecdote : je fais du camping sur un site autrichien, près de Salzburg, lorsqu'un matin, un jeune couple italien m'invite à prendre le petit déjeuner avec eux. Je suis un peu surpris et ne comprends pas très bien les raisons de leur sollicitude, lorsqu'ils m'expliquent qu'ils sont italiens et qu'ils ont été fort intrigués lorsque, la veille, ils m'ont vu aller à la douche tout en sifflotant l'air de "La campanella" de Paganini. Alors, ils se sont dit : "Tiens donc, un garçon noir qui sifflote du Paganini sur un camping autrichien ! Comme c'est drôle ! Il faut qu'on fasse connaissance.".

A l'attention de ceux qui ne connaissent pas Salzburg : on y mange du Mozart à toutes les sauces, notamment des opéras, dont une grande partie - les plus fameux ?! - ont été écrits (pour le livret) par l'Italien Da Ponte. (1)

Vous avez compris que j'avais une tendresse particulière pour l'Italie, dont je parle la langue beaucoup moins bien que l'Allemand, mais je me soigne : tous les jours, notamment sur l'Internet, je travaille mon accent et révise verbes et règles de grammaire. Car je compte bien visiter le pays tantôt, mais pas avant d'être aussi "fluent" que possible dans cette belle langue, la langue, avec l'allemand, des plus grands opéras du répertoire !

Pour l'heure, j'aimerais juste dire à nos amis italiens combien l'Africain que je suis ressent de la honte (vergogna) en assistant à ce spectacle immonde que de prétendus "migrants" nous infligent quotidiennement au Sud de l'Italie, mais je n'oublie pas l'Espagne, la Grèce...

Question : vous souvenez-vous de Michael Jackson et de ses amis  dans le fameux clip "We are the world, we are the children..." ? Nous étions dans les années 1980... Il y avait (déjà) de la sécheresse en Ethiopie, où les enfants tombaient comme des mouches.

Suite de la question : vous souvenez-vous avoir vu, à l'époque, une seule pirogue de "migrants" traversant la Méditerranée ?

Fin de l'interrogation : compte tenu de ce que nous savons de l'évolution du monde, comment expliquer toutes ces traversées sauvages vers l'Europe, maintenant, et qu'il n'y en ait pas eu une seule au cours de toutes ces années de guerres coloniales (années 60), de guerres civiles et de famines (années 70 et 80) ?

Le fait est que j'ai consacré moult articles aux conséquences prévisibles de l'agression de l'OTAN en Libye au printemps 2011. Ces textes sont facilement accessibles sur les archives de ce blog. 

Je constate simplement que l'adage "gouverner c'est prévoir" n'a été observé par aucun des criminels responsables de la tragédie libyenne, et dont la plupart rasent les murs actuellement, dont je me contenterai de rappeler quelques noms : Nicolas Sarkozy, Bernard-Henri Lévy, Alain Juppé, David Cameron, Barack Obama, Jose-Luís Zapatero, Silvio Berlusconi...

Pour ma part, j'ai là un petit stock d'archives déjà ancien, à l'instar de l'image qui suit, représentant un abruti fraîchement débarqué de la pirogue l'ayant amené du Maroc ou de la Mauritanie sur une des Îles Canaries, le tout après une dizaine de jours de mer ! Voyez dans quel état il se trouve, ne pouvant même plus tenir debout, tandis qu'à quelques mètres de là, des touristes bronzent tranquillement, sans même sembler s'étonner du spectacle qui se déroule sous leurs yeux. L'image suivante provient d'un magazine espagnol et date approximativement de la même période. Ceux-là ont échappé à la noyade.

Dans la rubrique "Morituri te salutant!"...



Autre chose ? Allez voir sur le moteur 'Gogol'...


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Mais, à vrai dire, je n'avais pas prévu de consacrer, maintenant, un article à tous ces abrutis qui déshonorent le continent africain et font monter le racisme partout où ils passent. J'y reviendrai, donc, plus tard.

Pour l'heure, mon intention était d'adresser un salut amical à ce peuple italien dont je sais pertinemment qu'il n'est pas raciste, mais qu'il pourrait finir par manifester des crises d'urticaire devant ce déferlement qui ne semble pas vouloir s'arrêter.

Et ce salut, j'aimerais l'illustrer de quelques images de mon cru, tout au moins pour leur aspect final : le fait est qu'elles sont visibles en relief, pour peu que vous possédiez de petites lunettes bicolores (rouge-cyan).






Des pays-monuments dans le monde, il n'y en a pas tant que ça : Grèce, Italie, Inde, Chine, Egypte, Méso-Amérique... Des monuments. Et pour veiller à la conservation des monuments du monde, on a créé l'Unesco !

Vous avez compris ? Oui ? Non ? Alors laissez-moi vous expliquer pourquoi, en raison de son statut de seul pays-musée d'Europe, avec la Grèce, j'estime qu'il serait tragique que l'Italie devienne un dépotoir à clandestins amenés là par une des pires mafias qui soient : une mafia d'Africains s'enrichissant sur une nouvelle mouture du trafic d'esclaves, le tout avec la complicité active de soi-disant organisations "humanitaires". (2)

Citation des artistes maliens Amadou et Mariam : "Avec tout l'argent qu'ils (les clandestins) donnent aux passeurs, ils pourraient créer des entreprises chez eux !". (Lien 01) (Lien 02)





(1) Ci-dessus, j'ai mis un lien vers la seule ouverture de Don Giovanni, avec James Levine. Je suppose que nous sommes au Met (Levine ayant souvent enregistré cette oeuvre et étant coutumier des grands festivals/cf. Salzburg). Mais le plus intéressant est ailleurs, à savoir l'enregistrement intégral de l'oeuvre au Met, précisément, dans une fabuleuse production que nous devons à Franco Zeffirelli, disponible sur DVD chez Deutsche Grammophon.  

(2) En attendant d'émettre un avis plus circonstancié sur la question dite "migratoire", je découvre ça et là des avis divers et variés, qui contribuent à alimenter ma propre réflexion, à l'instar de ce papier de Manlio Dinucci sur le Réseau Voltaire.

(3) Les amateurs d'images en 3D devraient se régaler en visitant, par exemple, ce  site... 

Réponse au quiz : tous les parisiens sont censés savoir où se trouve la Sorbonne... Mais combien d'étudiants de ladite Sorbonne ont jamais eu la curiosité de fureter (à pied) à travers le quartier ? Il se trouve que, Rue des Ecoles, juste en face de la Sorbonne, il y a un petit bosquet (à Paris on appelle ça un "square", minuscule îlot de verdure au milieu du béton...), et il faut entrer dans ledit square pour découvrir cette statue, invisible de la rue.

Cerise sur le gâteau...

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Citation : dans la rubrique "Forza Italia!: With Italy’s football team, the Azzurri (the Blues), having failed to qualify for this summer’s World Cup in Russia, Italians have found a new national team to celebrate. This time they are all women. Italy's 4x400 women’s relay team – Maria Benedicta Chigbolu, Ayomide Folorunso, Raphaela Lukudo and Libania Grenot – took the gold at the Mediterranean Games on Sunday. But what has really kicked up a social media storm is the fact that they are all black. (Source)


20 août 2018

Que dire devant les images de ce pont autoroutier effondré à Gênes ? En français, on a deux expressions voulant dire à peu près la même chose : "Les bras m'en tombent !" ou "Ça me laisse sans voix !".

Ça tombe bien, ou mal : l'auteur de ce blog n'est pas du genre bavard. Le fait est que je n'ai de compte ni sur Facemachin, ni sur Tweetchose et encore moins sur Instatruc ! Voilà qui va me dispenser de rejoindre la cohorte de tous ces "hauts-parleurs", capables de blablater sur tout et n'importe quoi, histoire d'avoir un avis sur tout, autant dire sur rien  !

Savoir se taire, quand les mots ne servent à rien !


jeudi 21 juin 2018

Philologie, philosophie, retour sur une imposture bien française, et qui dure...


Les visiteurs de ce blog qui ne connaissent pas la France doivent savoir que tous les ans, vers la mi-juin, les élèves de fin d'études secondaires passent ce qu'on appelle ici le BAC, abréviation de Baccalauréat, l'équivalent de l'allemand "Abitur" ou "Matura", passage obligé vers l'université et les études supérieures en général.

Et là, à chaque fois, la première épreuve porte sur ce qu'on appelle ici la "philosophie", et à chaque fois, les sujets ressemblent à ça :
Toute vérité est-elle définitive ?
La culture nous rend-elle plus humain ?
L'existence peut-elle être trompeuse ?
Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
La société moderne nous rend-t-elle insensible à l'art ?
Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

Par parenthèse, en ce qui concerne le deuxième sujet, je m'étonne de l'absence du pluriel à "humain". Parce que moi, j'aurais, en bonne logique, écrit "...nous rend-elle plus humains ?".

Pourquoi écrire "humains", allez-vous me demander ?

Vous ne voyez pas pourquoi ? Patience ! On y reviendra tout à l'heure.

Commençons par un commentaire sur les sujets, et là, je me contenterai de citer un intervenant sur le site du quotidien "Le Monde", avec la réponse d'un des modérateurs du site, qui doit être professeur de philosophie.
Copernic, désert, Galileo Galilei, inquisition, lybique, Monod, philologie, philosophie, Sartre, Théodore, Tribunal, BAC, baccalauréat, lycée, terminale, université, Parcours, Sup, Blanquer

"La vérité, le bonheur, blabla...". C'est que l'internaute a mille fois raison, tant les sujets se ressemblent d'une année sur l'autre !

Mais pourquoi diable les sujets du BAC-Philo se ressemblent-ils autant, d'année en année ?

Le fait est qu'en France, on appelle cela "philosophie", alors qu'en toute rigueur sémantique, on devrait parler de "philologie", une discipline universitaire malheureusement tombée en désuétude de nos jours.

Du coup, tout le monde, ici (en France), persiste à confondre le "logos" (le discours) - cf. φιλολογία : amour des lettres -  et la "sophia"/σοφία  (la connaissance).

Les Allemands disent, par exemple : ich weiß : je sais, du verbe 'wissen' : savoir, de la même famille, évidemment, que  "Wissenschaft" : la Science. Et partant, on a 'die Weisheit' : la sagesse (= la connaissance ; pensons à 'l'arbre de la sagesse' de la Genèse...) ; 'der Weise' : le sage (celui qui sait des choses).

Par conséquent, en s'appuyant sur la sémantique de l'Allemand, on comprend qu'amour de la connaissance signifie littéralement amour de (= appétence pour) la science, donc amour de la sagesse, les deux étant liés.

Et partant, on en déduit que la philosophie est une discipline authentiquement scientifique.

Par ailleurs, on peut savoir des choses sans nécessairement devoir en parler, comme c'est largement vérifié dans les pratiques ésotériques, où celui qui en savait le plus était presque toujours celui qui en disait le moins. Je me souviens fort bien d'une interview du maître luthier Etienne Vatelot, avouant à l'intervieweur qu'il s'enfermait à double tour dans son laboratoire pour touiller les vernis dont il enduisait violons, alti et violoncelles, histoire de ne pas se laisser espionner, pas même par son entourage (!), imitant en cela son propre père, à qui il a dû littéralement extorquer ses secrets de fabrication. Chez les Vatelot, la connaissance, ça se méritait, et l'apprenti devait faire ses preuves, fût-il le fils du maître des lieux !

Voyez les anciens Egyptiens : les archéologues ont-ils découvert un seul traité sur l'art d'embaumer les morts ? Bien sûr que non ! Les savants de l'époque ont disparu avec tous leurs secrets.

Le problème est que, de nos jours, les imposteurs ont pignon sur rue, qui se baptisent "philosophes" tout simplement par ce qu'ils défilent devant les micros des radios ou les caméras de télévision en parlant beaucoup, généralement pour aligner des banalités, qu'ils agrémentent de citations du type : "Nietsche disait...", ou encore : "Dans tel ouvrage, Tocqueville explique que... et blablabli, et blablabla...", tant il est vrai que nos "philosophes" d'aujourd'hui sont absolument incapables de mettre un pied devant l'autre sans devoir s'appuyer sur ces inévitables béquilles que sont les "grands anciens", qu'on cite à tire-larigot, simple exercice de compilation de concepts amassés ça et là, avec virtuosité, certes, mais cela fait plutôt penser à la virtuosité de bons manieurs de bonneteau, jonglant avec les mots comme d'autres bonimenteurs de foire jonglent avec les gobelets pour gruger le gogo de passage.

Pour ma part, je me souviens fort bien de ce grand philologue français : Jean-Paul Sartre, coutumier des interviewes radiodiffusées, et tout particulièrement d'une célèbre émission, aujourd'hui disparue : Radioscopie. Il faut dire que Sartre était un virtuose de la manipulation verbale ; pas du tout désagréable à entendre, du reste, mais tout sauf un amoureux de la connaissance, lui qui n'était qu'un littéraire !

En revanche, je vous citerai quelqu'un que je tiens personnellement pour être un des deux plus grands philosophes français du siècle dernier (l'autre étant Albert Schweitzer, déjà évoqué ailleurs sur ce blog), tant son érudition scientifique était immense : Théodore Monod, un authentique amoureux de la connaissance, lui : naturaliste, géographe, géologue, botaniste, grand voyageur, qui a dû arpenter je ne sais combien de fois ce qu'il appelait "le désert libyque", et même poète à ses heures. Un véritable homme de science, en un mot, un philosophe.  

Mon avis sur les sujets de "philologie" au BAC ? Je les trouve inintéresants, plats, sans relief. Et, par ailleurs, ils permettent de bien comprendre les vraies raisons du marasme existant dans l'Université française, les élèves sortant du lycée étant généralement très mal préparés aux études universitaires dans l'acception la plus large du terme "université", comme "univers" !

Le fait est que, pour maîtriser un tant soit peu le monde universitaire, il faut préalablement acquérir un bagage conséquent en termes de culture générale, j'allais dire "universelle" mais ce serait excessif !

Ça tombe bien : il est question de "culture" dans le deuxième sujet mentionné plus haut : "La culture nous rend-elle plus humains ?". Il se trouve que je tiens particulièrement à ce pluriel !

Entre nous, qu'est-ce qu'une "culture" sinon la production d'une collectivité, et ce, au moins à deux niveaux : dans le temps et dans l'espace ?

Il s'ensuit que notre culture ne saurait être une création individuelle, même si, à titre individuel, les plus inventifs d'entre nous peuvent y contribuer. Le fait est que nous en héritons de nos ancêtres (cf. à commencer par la langue maternelle) ainsi que de l'environnement social dans lequel nous évoluons.

C'est, donc, ensemble - je veux dire dans le cadre d'une société humaine - que nous sommes censés devenir humains. Les exemples fameux des enfants dits "sauvages" sont là pour nous rappeler qu'un petit humain élevé parmi des animaux aura du mal à tenir debout, à manger avec fourchette, cuiller ou baguettes, à faire ses besoins proprement, voire tout simplement à parler, toutes activités acquises au sein du groupe social constitué par les parents, amis, pairs, etc.

La question évoquée (cf. sujet n° 2) est, donc, mal formulée ; et c'est ce que j'aurais probablement rédigé en introduction à ma dissertation si j'avais eu à passer mon BAC cette année...

Et tout le reste est à l'avenant : vérité, amour, travail, liberté..., rien que des généralités que les élèves sont censés débiter en les truffant de citations... Le blabla habituel !

Mais j'en entends qui vont me demander : "Et ce serait quoi, selon vous, un bon sujet de PHILOSOPHIE au BAC ?".

Quelque chose qui relèverait, précisément, de la culture générale, et conviendrait à des élèves ayant une grande appétence pour la connaissance en général, et pour les sciences en particulier. Et comme il s'agit de culture générale, la chose n'est pas censée avoir été étudiée en classe durant l'année scolaire, ce qui va nous permettre d'identifier précisément qui détient de la culture générale et qui en manque cruellement.

Je vais vous suggérer un sujet, pris au hasard ; ça tient en trois mots : 
                             Eppure si muove!
J'imagine sans mal les élèves découvrant ce sujet, jamais abordé en classe, et commençant à s'arracher les cheveux !

Les plus nombreux des élèves, parmi lesquels se retrouveront les moins studieux (ou les plus stupides, imaginons certains adorateurs de la Playstation et des jeux vidéo...) vont commencer par s'interroger sur la langue. Parce qu'en plus, ce n'est même pas du français ! Au secours !

Mais vous aurez aussi un petit noyau dur d'élèves un peu plus futés que les autres, et qui, soit sauront immédiatement de quoi il retourne, soit reconnaîtront la langue et se livreront à des déductions judicieuses.

La langue ? C'est de l'italien. Mettons que l'on ne sache pas ce que signifie "eppure" ; mais "si muove" devrait vous faire penser à "se mouvoir", non ? 

"Il ou elle bouge...", mais oui, bien sûr  ! "Et pourtant, elle bouge !", ou "Et pourtant, elle tourne !". Ben oui : Galilée, lors du fameux procès en abjuration que lui fait l'Inquisition Catholique. Il renonce à toutes ses thèses scientifiques, notamment sur le système solaire et les planètes, et aurait tout de même murmuré dans sa barbe : "Et pourtant, elle tourne (la Terre autour du soleil) !". 

Il y a une pratique courante, que je n'applique pas à ce blog, obligatoire lorsque vous faites paraître un article dans une revue d'un certain standing, consistant à introduire votre article avec deux choses : un chapeau (résumé) et une liste de mots-clés (en anglais keywords).

Alors, imaginons que l'un ou l'autre élève applique cette méthode et introduise son travail par un résumé.

On a notre résumé : Galileo Galilei contraint de se dédire devant le Tribunal de l'Inquisition - qui lui promettait le bûcher dans le cas contraire - tout en se persuadant qu'un jour, les faits lui donneraient raison.

Quant aux mots-clés, un bon élève de Terminale avec un peu de culture générale devrait mentionner l'Inquisition Romaine ainsi que des noms comme Copernic, sans oublier des concepts comme astronomie, géocentrisme, héliocentrisme.

Un bon résumé introductif et les mots-clés qu'il faut, et j'estime que l'élève doit avoir au moins la moyenne. Nul besoin de connaître les dates par coeur. L'essentiel est ailleurs.

En clair, nous avons là un authentique sujet de Philo...sophie au BAC, susceptible de mobiliser tout ce qu'un élève moyennement studieux devrait pouvoir développer sur une question importante concernant la lente et irréversible décadence d'une Eglise Catholique jusque là toute puissante (ça commence par des considérations purement techniques autour de la rotondité de la Terre et de sa "non-centralité" au sein de l'Univers, pour aboutir, fort logiquement, à une "disputatio" autour de la religion catholique et de ses dogmes...) et qui allait voir son pouvoir sans cesse contesté par toute une gamme de courants qualifiés d'hérétiques - cf. Martin Luther et la Réforme protestante en Allemagne, les Cathares en France... -, alors même que, parallèlement à ces soubresauts idéologiques, s 'opéraient - ou s'étaient opérées - les premières grandes découvertes tant en géographie (Magellan, Christophe Collomb...) qu'en astronomie (Copernic), zoologie, etc., le tout sous la pression de quelques personnalités remarquables, notamment des savants et inventeurs prenant souvent le risque physique de finir sur un bûcher pour avoir osé contrecarrer l'idéologie dominante.

Et lorsqu'on évoque la déconfiture inexorable de la dictature de l'Eglise, il ne faut pas oublier le rôle décisif joué par de grands artistes, à l'instar de ceux de la Renaissance (soit un bon siècle avant Galileo Galilei) avec le retour à l'Antiquité gréco-romaine, dont tout le monde a pu voir que ses références étaient païennes, c'est-à-dire aux antipodes de la culture de la feuille de vigne ! (1)

On résume ? 
BAC, baccalauréat, Copernic, désert, Galileo Galilei, inquisition, lybique, lycée, Monod, Renaissance, Vermeer, philologie, philosophie, Sartre, Sup, terminale, Théodore, Tribunal, université, van, delft

Imaginons que je sois le ministre de l'Éducation Nationale de quelque pays actuel ; prenons par exemple la France. Après moult concertations, je convaincs les lycéens et leurs parents de la nécessité de supprimer l'épreuve de philosophie du BAC, voire la discipline dite "philo" en Terminale. Et je m'apprête à récolter, dans la foulée, des myriades de protestations incantatoires de la part des groupes de pression habituels, en tête desquels on aura les syndicats d'enseignants, que je vais m'empresser de rassurer en instaurant immédiatement une discipline dite "culture générale" et enseignée dès la Sixième des collèges. Et c'est cette matière qui remplacera la "philo" au BAC ; de quoi réjouir tous les profs de philo, dont il faudra décupler les effectifs, dès lors que la discipline - étendue à l'histoire des sciences, des courants idéologiques, religieux, politiques, artistiques... - occupera les élèves sur la totalité de leur parcours dans le secondaire, soit sur sept années au lieu d'une seule.

Et là vous verriez arriver à l'Université des sujets disposant du bagage culturel minimum pour affronter des disciplines aussi exigeantes que les Lettres, le Droit, l'Économie, l'Histoire, la Géographie, la Sociologie, etc., disciplines que l'on regroupe généralement sous le label "Sciences Humaines".

Mais comme je ne suis pas (complètement) idiot, j'entends d'ici l'objection : "Mais monsieur, il y a déjà un enseignement de l'Histoire, de la Géographie, de la Physique, des Sciences Naturelles... au collège et au lycée !".

J'entends bien les arguments, et j'y répondrai en prenant quelques exemples. Commençons par Archimède, abordé en physique au collège (tout corps plongé dans un liquide subit une poussée...), de même que Pythagore est abordé en maths (un célèbre théorème sur les côtés du triangle rectangle). Question : connaissez-vous beaucoup de profs de physique et de maths qui inscrivent les découvertes des savants grecs, babyloniens et autres dans le contexte historique de l'époque ? Pour mémoire, Archimède était bien à Syracuse lors d'un fameux siège de la ville. Qui en parle ? Le prof d'histoire, et plutôt vers la Sixième ou la Cinquième, soit tout au début du collège. 

Un autre exemple : les suites arithmétiques, déjà pratiquées du temps d'Archimède : je place 'x' grains de riz sur la première case d'un échiquier, le double sur la deuxième case... combien de grains de riz sur la case de rang 'n' ? Entre nous, connaissez-vous beaucoup de profs de maths qui commencent par instruire leurs élèves sur les conditions de vie et l'ambiance intellectuelle et politique régnant dans la Grèce antique ou l'Egypte pharaonique, chez les Perses ou les Indiens... ?

Dernier exemple : trouvez-moi un futur bachelier 'S' (scientifique) qui connaisse l'origine du zéro !

Et c'est bien là le problème : au collège et au lycée, chaque prof enseigne son bout de matière dans son coin, et très peu nombreux sont ceux qui ont une vision "globale", pour être pompeux, je dirais "holistique", des disciplines. Le résultat en est que les plus brillants de nos lycéens (sur un plan purement technique, ceux qui s'orientent vers la filière dite royale 'S' : maths, physique, chimie...) sont souvent, par ailleurs, phénoménalement incultes dès que l'on sort de leur domaine de confort ou de spécialité.

Par parenthèse, faites la liste des détenteurs/trices d'un Prix Nobel, et vous constaterez qu'ils proviennent, à peu près tous, de l'Université ; je veux dire qu'il n'y figure pas un seul ingénieur ! C'est particulièrement vrai en France, ce pays où l'on voue, pourtant, un véritable culte à ce qu'on appelle, ici, les Grandes Écoles d'Ingénieurs. Toujours est-il que c'est encore à l'Université que s'acquiert la quintessence de la connaissance et de la culture. Et, histoire d'enfoncer le clou, rappelons que le titre de docteur ne s'acquiert qu'à l'Université et qu'il est situé bien au-dessus (BAC + 8 ss.) de celui d'ingénieur (BAC + 5).

Cela dit, ne rêvons pas ; en France, les pesanteurs sociologiques et corporatistes sont très fortes (2), et d'ici à ce que quelque chose de patent survienne au BAC, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts, et tant pis pour tous ces brillants bacheliers qui vont connaître échec sur échec dans le supérieur (surtout en Sciences Humaines) faute d'un équipement intellectuel et méthodologique conséquent. (3)

J'en parle d'autant plus volontiers que j'ai été (aussi) professeur à domicile, ce qui veut dire que l'on (les parents) m'appelait quand tout semblait foutu ! Et là, je déconcertais toujours mes sujets en leur posant des questions sans le moindre rapport (apparent) avec le sacro-saint programme. Ah le programme ! 

Je revois encore cette jeune fille de bonne famille (cf. le grand ensemble haussmannien sur l'Avenue Foch, à Paris, en face de la 'FAC Dauphine'). Le programme du BAC (anglais) comportait divers sujets, dont la question de l'immigration. Il y avait dans la liste des auteurs un grand écrivain états-unien, dont on pouvait supposer qu'il fût d'origine européenne (mais ne le sont-ils pas dans leur immense majorité ?), ce qui m'a amené à interroger la jeune fille sur Ellis Island

- Ellis Island ?, me rétorque-t-elle, je n'en ai aucune idée ! Mais ce n'est pas dans le programme ! - Oui, et alors ! lui ai-je répondu. Et si vous ne savez pas ce que c'est, il va falloir combler cette lacune dare-dare ! - Mais ce n'est pas dans le programme ! s'énerve-t-elle. Et moi de m'énerver à mon tour : - Ecoutez, si je suis là, c'est parce que vous avez souhaité que quelqu'un vous aide pour le BAC, non !? Alors, vous faites ce que je vous dis ! Et sachez, en tout cas, que pour tout migrant partant pour les Etats-Unis depuis l'Europe, à une certaine époque, le voyage se faisait par bateau, et aboutissait inévitablement à Ellis Island... Vous comprenez pourquoi ça peut être important ?

Je l'ai, donc, invitée à se documenter sur la Statue de la Liberté sur Liberty Island, conçue par un Français (ce qui ne figurait pas au programme !), mais, surtout, située non loin d'un autre îlot, au milieu de la baie de New York, îlot hébergeant un célèbre centre de tri des immigrants venus d'Europe... Je lui ai aussi parlé d'un fameux film de Charlie Chaplin.

Les semaines passent. Et puis, un jour, le téléphone sonne. Je reconnais la voix toute excitée de la jeune fille, hurlant presque, à m'arracher le tympan : "Je l'ai eu, je l'ai eu !"

- Vous avez eu quoi ? lui demandé-je perfidement ? - Mais le BAC ! Et vous savez quoi ? À l'oral d'anglais, je suis tombée sur le récit de quelqu'un qui raconte son arrivée à New York, après avoir traversé l'Atlantique sur un paquebot, pour atterrir à Ellis Island, subir tous les tests... L'examinatrice m'a félicitée pour ma culture générale. Elle n'en revenait pas. C'est que vous en savez des choses, mademoiselle ! m'a-t-elle dit, en me félicitant.

Ils disent comment déjà, les "jeunes" : LOL ? Ou encore M.D.R. (mort de rire) ? Et dire que tout cela n'était pas vraiment au programme ! 

By the way, par parenthèse, il me vient à l'esprit un autre sujet pour le BAC philo, et celui-là tient en un seul mot :

Nazca (4)



(1) Si vous ne comprenez pas l'allusion à la feuille de vigne, lisez la Genèse et le bannissement d'Adam et Eve du Jardin d'Eden... Sinon, il y a là un article à ne pas mettre forcément entre toutes les mains, et dont j'ai retiré l'image qui suit, une image somme toute archi-conventionnelle, pour qui visite régulièrement les musées (maintenant ; ce n'était [n'est] pas forcément le cas autrefois, ni partout dans le monde !).

Source
(2) Il y a quelques années maintenant, la Ville de Paris (Bertrand Delanoé en est le maire) lance une grande campagne de concertation pour aménager intelligemment les activités périscolaires l'après-midi. Dans leur immense majorité, les parents d'élèves approuvent l'initiative. Le projet est sur le point d'aboutir quand... les enseignants se mettent en grève, pour quelles raisons ? On ne sait toujours pas ! 

Citation :
Pour SUD Éducation, qui n’a jamais été dupe des intentions de l’administration et de la mairie et de leur consultation truquée, il est indispensable de s’opposer à un projet qui, non seulement ne répond en rien aux revendications de réduction du temps de travail, d’amélioration des rythmes scolaires et des conditions de scolarité, mais aussi porte en lui les germes de sacrés dangers pour l’école primaire (dans ses rapports à la municipalité et aux marchands divers), pour les personnels (flexibilité du temps de travail, statut, temps de concertation), pour les relations entre les enseignants et les parents, pour les animateurs municipaux (avec un service sur 6 jours !) et, bien sûr, pour les élèves qui feraient les frais de cette dégradation.
Je rappelle que cela se passe en 2002-2003 et ss. Pour ma part, je suis à l'époque en contact étroit avec plein de familles parisiennes. Il faut quand même savoir que la municipalité avait eu l'outrecuidance de se rapprocher de "sponsors" privés pour encadrer certaines activités, à l'instar de la maison Yamaha, pressentie pour fournir des claviers électroniques aux écoles parisiennes. Introduire de la pratique musicale à l'école ? Quelle idée saugrenue aux yeux de nos syndicats, qui parlent, dans leur tract, de "marchands divers". Il est aussi question de "consultation truquée"... Ben oui, quoi ?! Consulter les parents d'élèves sur l'avenir de leurs enfants, quelle drôle d'idée !!!

(3) Paris IX-Dauphine passe pour l'université parisienne la plus cotée, avec ses 80 % de réussite en licence dans les temps impartis (soit une licence en trois ans). La plupart des autres FACs font beaucoup moins bien, forcément. Pourtant, 80 % de réussite, ça veut dire qu'un étudiant sur cinq n'obtient pas sa licence dans les trois années imparties, soit 20 % d'échec. Imaginez un peu un chirurgien qui tuerait 20 % de ses patients, ou un aéroport sur lequel un décollage ou un atterrissage sur cinq se traduirait par un crash ! Juste inimaginable, n'est-il pas ? Tandis qu'à l'université, on s'accommode bien d'un petit 80 % de réussite en licence, et ce, malgré des conditions d'accès particulièrement sélectives !

(4) Ce site péruvien était déjà assez fascinant ; mais dans la rubrique "C'est nouveau, ça vient de sortir...", il semble que l'on en ait découvert un autre, encore plus ancien, encore plus extraordinaire, le tout en recourant à des drones. Un tel sujet, proposé au BAC, est censé récompenser ceux des élèves qui se tiennent au courant des actualités, au détriment de tous ces "faux branchés" passant l'essentiel de leur temps avec le nez sur un écran à consulter Facetruc ou Instamachin...


Nota beneAristarque de Samos (Grèce, Samos 310-230 av. J.-C.). Astronome. Pense que la terre tourne sur elle-même et autour du soleil. Calcule la distance à la terre de la lune et du soleil.