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lundi 7 novembre 2016

Marine Le Pen et le "plafond de verre". Episode 3


Lubie or not lubie ? 

Imaginez, un peu, qu'au soir d'un jour de mai 2017, la nouvelle tombe, à savoir que le nouveau chef de l'État serait une femme : Marine Le Pen.

Émoi dans les rédactions, stupéfaction dans le Landerneau politico-médiatique. Et c'est là que d'aucuns se souviendront peut-être l'avoir lu sur un blog...

Je sais : les sondages ne prédisent pas du tout cela. Mais entre nous, qu'est-ce que j'ai à f... des sondages, ces pseudo-analyses qui ne servent qu'à impressionner les gogos, en leur faisant croire que tout cela repose sur des principes scientifiques ! Ces gogos devraient pourtant savoir que la science énonce des lois (naturelles) ayant une valeur tant universelle qu'intemporelle, c'est-à-dire des faits intangibles ne relevant en aucune manière de la volonté des hommes. C'est, par exemple, le cas lorsque Blaise Pascal énonce son fameux paradoxe, à savoir que "les liquides (= fluides) pèsent selon leur hauteur..." Cf. [Par ailleurs, la pression au fond d'un récipient ne dépend pas de la forme de celui-ci, elle ne dépend que de la hauteur du liquide et de sa nature (paradoxe hydrostatique).] (source)

En clair, Pascal énonce un principe qui était déjà valable il y a quatre milliards d'années, et qui le sera encore dans pas mal de milliards d'années ; c'est ce qui distingue la science de toutes ces pseudo-sciences qui prétendent lire dans l'avenir, ce dont elles sont tout bonnement incapables !

Vous finirez, par conséquent, par comprendre mon allergie pour toutes ces activités bêtement rattachées à la science, alors qu'il ne s'agit que de la description d'activités humaines, forcément fluctuantes dans le temps et dans l'espace, à l'instar des soi-disant "sciences politiques, économiques, de l'éducation, du langage", etc.

Mais revenons à notre sujet : Marine Le Pen, victorieuse d'une élection présidentielle, et ce, dès le premier tour.

Par esprit de contradiction, je vais m'appuyer sur les sondages ambiants, qui prédisent à Le Pen un pourcentage tournant autour des 28 points au premier tour de la présidentielle. Et comme j'ai vraiment l'esprit mal tourné, je vais minimiser ce score, en corrigeant - il paraît que c'est ce que font tous les organismes sondagiers - ce score à la baisse et en la créditant de seulement 20 % (A).

Mon propos est tout simple : quoi qu'en pensent les instituts de sondages et les politologues et autres politocrates, un parti stigmatisé comme le Front National n'en dispose pas moins de réservoirs de voix qui ne lui échappent que par négligence, manque d'organisation voire de talent de ses dirigeants et militants, à commencer par une catégorie qui ne demande qu'à se laisser convaincre : les abstentionnistes, je veux parler de ces gens qui disparaissent régulièrement des écrans radar faute de s'être inscrits sur les listes électorales. 

Avez-vous remarqué à quel point les instituts de sondages font systématiquement l'impasse sur le taux de l'abstention lors des élections à venir ? Le fait est que, lors des dernières élections locales, on a atteint des sommets, notamment durant les dernières régionales.

Pour la future présidentielle, j'ai du mal à imaginer un quelconque engouement de l'électorat envers des chevaux de retour de l'UMPS (Juppé, Sarkozy, Fillon, Hollande, Valls...) que tout le monde connaît par coeur. Par conséquent, on peut raisonnablement s'attendre, là aussi, à des taux importants d'abstention, de la part de gens gavés de promesses jamais tenues. 

Et, dans la catégorie des abstentionnistes, j'identifierais volontiers deux sous-classes : les abstentionnistes contraints et les abstentionnistes désabusés.


Abstention contrainte

Il y a une population que je connais bien, moi qui ai pratiqué l'alphabétisation et la remise à niveau durant une bonne vingtaine d'années : les illettrés.

Et c'est là que je reprends l'argumentation formulée dans un précédent article : il se trouve que l'illettrisme frappe de nombreux adultes français, au point qu'une grande majorité d'entre eux s'abstiennent d'aller voter, faute de pouvoir déchiffrer les inscriptions figurant sur un bulletin de vote. Je découvre notamment ceci : près de 10 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit autour de 3 000 000 personnes en métropole. 

 
Ici, on nous parle de 9 % de populations ayant été scolarisées - donc, pas vraiment analphabètes (jamais scolarisées) - où... en France... Là, il est question de près de 10 % d'adultes français illettrés, sans autre précision, "illettrisme" et "analphabétisme" étant deux concepts distincts. 

Or, parler d'un illettrisme frappant des adultes scolarisés en France ne nous dit rien des adultes non scolarisés en France ! Aux 9 % mentionnés ci-dessus, il faut, donc, ajouter quelques pour-cents supplémentaires de quidams nés, par exemple, dans des pays étrangers voire  dans les (ex)colonies. Je pourrais, par exemple, citer le cas d'un de mes anciens élèves, nous l'appellerons Mounir, dont le père, ancien harki, arrivé en France vers 1962, était toujours analphabète quarante ans plus tard. J'estime, par conséquent, que le taux des illettrés et des analphabètes en âge de voter devrait largement dépasser les 10 %.

Et c'est là que l'observateur objectif que je suis se demande ce qui interdit à un parti politique apparemment frappé d'ostracisme de la part de l'"establishment" de récolter un plus grand nombre de partisans, moyennant l'exercice préalable consistant à les tirer du marasme de la sous-instruction.

Précisément, je revois encore un reportage télévisé sur ce qui devait être la dernière université d'été du Front National. Il se trouve que de nombreux jeunes participants arboraient un T-shirt siglé FNJ, avec J comme "jeunesse" ou comme "jeunes".

Question : qu'est-ce qui interdit aux jeunes du FNJ de s'armer de cahiers et de crayons, et de sillonner les routes de France, afin d'investir tous ces quartiers populaires riches en illettrés et autres analphabètes, de manière à les libérer du handicap détournant la quasi-totalité d'entre eux du devoir électoral ? Imagine-t-on ces populations, une fois libérées de l'illettrisme, voter pour un autre parti que celui qui les aura tirées de la mouise ?

Je sais bien que le FN ne dirige pas toutes les villes de France et de Navarre. Et alors ? Est-ce une raison pour ne pas nouer de liens avec les associations déjà présentes dans ces localités, histoire de faire reculer l'ostracisme dont pâtit le parti de Marine Le Pen ? Et puis, tant qu'à faire, qu'est-ce qui interdit aux villes, déjà sous direction frontiste, de donner l'exemple en matière de lutte contre la sous-instruction qui éloigne tant de gens des bureaux électoraux ? Imagine-t-on un peu l'impact positif d'une telle campagne d'alphabétisation sur l'image du FN ?

Mais j'en entends qui vont me dire : "Mais mon bon monsieur, il ne reste plus beaucoup de temps d'ici aux élections de l'année prochaine ; le fait est que ce que vous proposez requiert du temps, de la logistique et des moyens humains !".

Ah oui ?! Et c'est seulement maintenant que vous découvrez la chose ? Entre nous, depuis combien de temps Marine Le Pen dirige-t-elle le FN ? Et depuis combien de temps le FN a-t-il conquis des villes en France? Et de quand datent les dernières élections municipales ? Et vous voulez me dire que, depuis toutes ces années, les élus FN ont coupé les vivres à tant d'associations réputées "de gauche", se sont fâchés avec tant d'animateurs culturels n'ayant pas la bonne couleur politique, ont dépensé tant de salive à stigmatiser - je pense à ce pauvre Robert Ménard à Béziers ! - des gamins n'ayant pas le "bon" patronyme..., tandis que d'autres (cf. Marion-Maréchal L. P.) s'évertuaient à vilipender quiconque avait le malheur de ne pas avoir la "bonne" religion... Et c'est maintenant que tout ce petit monde découvrirait l'existence d'un gisement électoral que l'on aura délibérément ignoré, voire monté contre soi-même ?! 

10 %, c'est, au bas mot, le pourcentage des adultes illettrés et analphabètes qui n'iront pas voter aux prochaines élections, du fait de leur handicap intellectuel. Or, ces populations ont forcément des parents et amis. Mettons que chacun de ces illettrés, une fois "guéri" de son mal, grâce à l'engagement efficace des jeunes du FN, persuade un parent, ami, voisin que, décidément, le parti de Le Pen n'est pas du tout ce que l'on raconte. Voilà qui nous ferait 10 % d'électeurs supplémentaires.

20 % + 10 % + 10 % = 40 % (B) : tel serait le pourcentage dont pourrait bénéficier Marine Le Pen dès le premier tour de la présidentielle, et ce, en se contentant d'ajouter à un socle de 20 % une masse de citoyens préalablement marginalisés par leur sous-instruction, et que le parti lepéniste aurait tirés de la mouise.

Je reviens sur le temps imparti : une poignée de semaines avant la fin des inscriptions sur les listes électorales, et autour de six mois avant le premier tour de la présidentielle.

De ma petite expérience personnelle, je retire l'enseignement qu'une petite centaine d'heures permettrait à n'importe quel quidam connaissant son alphabet de maîtriser le lu et l'écrit de tous les mots de la langue française, en clair, de se hisser au minimum minimorum, à savoir le niveau du Certificat d'Etudes Primaires.

Une centaine d'heures, ça veut dire deux heures par jour, pendant une cinquantaine de jours, ou trois heures par jour durant un mois.

En clair, si, à l'instar d'un Robert Ménard, j'avais été élu maire de Béziers en 2014, à l'heure actuelle, je serais en état de me targuer d'avoir éradiqué l'échec scolaire auprès de 100 % des écoliers de ma ville ainsi que de leurs parents, je pense à toutes ces familles immigrées, venues notamment d'Afrique sans le moindre bagage intellectuel. 

Le fait est que des  maires comme Ménard et quelques autres ont perdu beaucoup de temps en parlotes et invectives. Résultat des courses, en prévision des "grandes" élections, celles qui engagent l'avenir de tout le pays, et pas uniquement celui d'une ville, d'un département ou d'une région : le FN se trouve toujours encalminé devant ce fameux "plafond de verre" !

Par parenthèse, ça vous impressionne, le taux de 100 % de réussite ? Alors sachez qu'en une vingtaine d'années, j'ai eu à pratiquer la remise à niveau auprès de nombreux élèves en difficulté - mais pas uniquement ! -, et que 100 % est le résultat que j'ai obtenu auprès de tous les élèves qui m'ont été confiés par leurs parents, en gros entre 1985 et 2005, le tout sur la base de deux heures de travail hebdomadaire  (pour les élèves du primaire : une heure de français et une heure de maths).

Alors, mettons que les jeunes du FNJ me contactent, pour que je leur refile quelques tuyaux sur la marche à suivre pour réussir une campagne d'alphabétisation-remise à niveau d'adultes en difficulté, je me ferais un plaisir (mais si !!!) de les rancarder bénévolement.

Et au contingent des abstentionnistes contraints, j'évoquais également des abstentionnistes désabusés : vous savez ? toutes ces gens qui ne savent plus à quel saint se vouer, déçus qu'ils sont par des décennies d'un régime autocratique qui a pondu, tour à tour, un général de brigade égaré au XXème siècle, des énarques et autres technocrates, ainsi que de petits et grands margoulins rompus à toutes les barbouzardises.


Abstentionnistes désabusés

Il suffit de suivre l'une ou l'autre émission de radio et de télévision, au cours de laquelle les auditeurs sont conviés à donner leur avis : le moins qu'on puisse dire est que l'atmosphère pré-électorale est loin d'être enthousiaste, et ce, malgré tous les efforts conjugués des hommes et femmes de main de la grande et petite presse, s'éreintant à faire mousser une bien mauvaise bière.

Le fait est qu'en 2012, on tournait autour de 20 % d'abstention, contre pas loin de 30 % au premier tour de la présidentielle de 2002, qui a vu s'affronter et le président et le premier ministre sortants, ce dernier s'étant illustré comme champion des sondages durant cinq ans. Vous vous rappelez sans doute des scores respectifs des deux quidams ? Autour de 20 % pour le président sortant et autour de 16 % pour son adversaire socialiste, soit autour de 36 % pour le duo sortant de l'exécutif, soit un passif de 64 % à l'encontre les deux qualifiés du second tour, score auquel il conviendrait d'ajouter celui des non inscrits et des votes blancs ou nuls.

Mais plus importante que les chiffres bruts est la motivation de l'abstention : il y a celle qui vise des gens connus - ceux qui ont gouverné et ont fait la démonstration de leur incompétence - et celle qui vise des gens qu'on ne connaît pas bien, et dont l'establishment vous explique à longueur d'années qu'il faut s'en méfier, comme c'est le cas du Front National.

Or, j'estime qu'il ne s'agit pas du tout de la même chose : dans le premier cas, j'évoquerais volontiers une abstention par répulsion, consistant à dire : "ceux-là, on ne les connaît que trop, et il n'est plus du tout question de voter pour eux !", et une abstention par méfiance, se résumant en : "va savoir ce qu'ils feront quand ils seront élus !". 

Le fait est que la seconde abstention est bien moins grave que la première ; en clair, Marine Le Pen et son parti, victimes éventuels d'une abstention par méfiance, plutôt que par répulsion, devraient pouvoir parvenir à surmonter la difficulté, moyennant des actions concrètes sur le terrain comme celle que je décrivais plus haut. Et c'est précisément cela qui me fonde à affirmer que Le Pen et ses cadres ne travaillent pas assez, à l'instar de la totalité de la classe politique, allergique qu'elle est à "débriefer" quoi que ce soit, dès lors que "débriefer" signifie "pointer sans complaisance des erreurs que l'on aurait commises", tant il est vrai qu'en politique, on ne se trompe jamais, les fautes n'étant commises que par les adversaires !

Autour de 20 % d'abstention lors de la présidentielle de 2012, et supposons que ce taux se maintienne en 2017. Imaginons, un instant, que Marine Le Pen en récupère la moitié, soit 10 %, qui viendraient s'ajouter à notre décompte précédent : 20 % (A) + 10 % + 10 % (B) + 10 % = 50 %.

Voilà comment, moi, si j'étais le président d'un parti frappé d'ostracisme par l'establishment, et crédité de près de 20 % au premier tour de la présidentielle, je procéderais, afin de gonfler mon score par l'exploitation judicieuse, pour commencer, d'un important gisement d'électeurs : les abstentionnistes, et ce, de toute urgence, dès lors que  le délai pour l'inscription sur les listes électorales expire au 30 décembre à minuit. 


Entre nous, cette projection vous semble-t-elle si illusoire ?

Oui mais !, me rétorquerons les sceptiques, tout ça ne nous explique toujours pas par quel sortilège Marine Le Pen va réussir à retourner une opinion massivement hostile ; en clair, on ne voit pas très bien quel atout maître elle réussirait à sortir de son chapeau, pour venir, enfin, à bout du fameux plafond de verre.

C'est là que je rétorquerais à mes contradicteurs qu'ils sont dans l'erreur, car cet atout-maître existe bel et bien, dès lors qu'il semble que les lignes bougent au FN, où l'on a compris que l'on ne peut plus se contenter de s'asseoir sur la seule éviction de Jean-Marie LP pour convaincre les foules d'une dédiabolisation en cours, mais où l'on semble également avoir réfléchi sur un plan stratégique à plus long terme.

Le fait est qu'une victoire électorale se construit un peu à la manière d'une compétition sportive, prenons, par exemple, le patinage artistique, où avant de laisser "libre cours" à son inspiration, il faut commencer par se "farcir" les fameuses figures imposées.



Prochain article : Figures imposées



vendredi 28 octobre 2016

Marine Le Pen et le "plafond de verre". Episode 2


Le syndrome L. H.


En évoquant, dans un précédent article, un "serpent de mer" à propos du fameux "plafond de verre" censé barrer irrémédiablement la route du Front National vers des lendemains électoraux qui chantent, j'entendais m'élever contre ce qui me semble n'être qu'une lubie de "politocrates", ces soi-disant experts qui n'analysent jamais rien, se contentant de l'exercice bien commode de la paraphrase de sondages, lesquels sondages ne relèvent que d'une pauvre lecture de la conjoncture. Or un(e) analyste digne de ce nom se doit d'être en mesure d'examiner dans le détail la structure même des choses plutôt que la conjoncture.

Mais il n'y a pas que les politocrates qui n'analysent les choses que d'un point de vue conjoncturel. Aussi ajoutais-je :

Et c'est là qu'une responsabilité toute particulière repose sur les épaules de Marine Le Pen, qui s'est appliquée, ces derniers temps, à tenter de "dédiaboliser" l'image du FN à coups d'anathèmes contre Jean-Marie Le Pen et d'autres, la dédiabolisation en question semblant faire chou blanc, peut-être parce que Marine Le Pen s'y prend mal.

Car si l'éviction de Jean-Marie Le Pen avait pour but d'offrir au FN un visage rajeuni et modernisé, les effets ne s'en font nullement sentir, en tout cas, pas à travers les dernières élections, départementales et régionales ; d'où la théorie du plafond de verre, chère à nos politocrates.

Qu'est-ce que c'est, au fond, que l'éviction éventuelle d'un tel ou d'une telle des instances dirigeantes d'une organisation, sinon un simple rafistolage, purement conjoncturel, des choses ? Les gens vivent, meurent ; les responsables politiques émergent, s'effacent, disparaissent... Ainsi va la conjoncture ; reste l'essentiel : la structure.


Une impasse ?

Voyez les socialistes français : peu après la défaite de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, le très influent éléphant socialiste qu'est Lionel Jospin se fend d'un pamphlet intitulé "L'impasse", dans lequel il prétend pointer ce qui serait une incapacité fondamentale de Royal à jamais conduire la Gauche française à la victoire. Pour ma part, j'ai toujours trouvé cet ouvrage ridicule, voire inepte, en tout cas, du petit travail de "conjoncturocrate", Lionel Jospin invalidant un peu vite une Ségolène Royal qui avait, pourtant, fait bien mieux que lui (2002 !) dans le cadre d'une élection présidentielle.

Donc, si j'ai bien compris la logique de "L'impasse", Jospin a dû considérer que la performance de François Hollande en 2012 était tout à fait digne d'éloges ?! Ce qui amène une question toute simple, que j'aurais volontiers posée à Lionel Jospin : en reprenant les deux scrutins, avec la défaite de Royal en 2007 et la victoire de Hollande en 2012, laquelle des deux situations relève véritablement d'une impasse ?

Il me semble que c'est maintenant que Lionel Jospin aurait été le mieux inspiré pour rédiger son "Impasse" !

Mais j'étais parti pour épiloguer sur le cas Marine Le Pen. Le fait est qu'il y a bien un rapport entre la tentative de dédiabolisation entamée par la nouvelle présidente du FN et l'analyse prématurée de Jospin sur le marasme des socialistes français : une même propension à n'aborder les choses que de manière conjoncturelle.

La faute à Ségolène Royal ou à Jean-Marie Le Pen ? Très bien. Et puis après ?

Après ? Rien, ou presque, contrairement à ce qui se passe dans bien d'autres domaines.


Comme à l'armée

Prenons les comédies musicales. Si, si, vous avez bien lu !

Je regardais, il y a peu, un reportage à la télévision française, sur une comédie musicale baptisée "Timeo", reportage au cours duquel le chorégraphe expliquait comment il lui fallait, après chaque spectacle, rassembler la troupe afin de "débriefer" l'ensemble de la représentation, moyennant des rectifications, retouches, corrections..., afin de rattraper ce qui avait pu paraître imprécis au cours de la représentation précédente.

Et moi de penser : "Briefer, débriefer", voilà quelque chose qu'on pratique peu dans le monde politique !". Tout le monde sait que les politiques ne se trompent jamais, n'est-ce pas ? Or, qu'est-ce qu'un débriefing, sinon cet exercice - très apprécié dans le monde des sciences et techniques, ainsi que chez les sportifs, gens du spectacle..., mais aussi dans toutes les armées du monde, avant et après une mission ou une manœuvre - à travers lequel les responsables entendent mettre sur le tapis toutes leurs erreurs passées, afin d'éviter de les reproduire à l'avenir ? 

C'est ainsi que, lorsqu'un aéronef s'écrase quelque part, le premier geste du constructeur va consister à récupérer les boîtes noires, pour identifier l'origine de la catastrophe, de même que lorsque le système de freinage d'un véhicule automobile dysfonctionne, tous les modèles concernés vont être rappelés au garage pour vérification et réglage.


L. H.

Et s'il est un domaine où l'on briefe et débriefe abondamment, c'est celui de la course automobile, d'où la référence à L. H. comme Lewis Hamilton.

Au moment où j'écris ces lignes (28 octobre 2016), soit à l'avant-veille du grand prix du Mexique, le pilote britannique est à 26 points derrière son compère, l'Allemand (de père finlandais) Nico Rosberg. Il est certain que l'un des deux sera le prochain champion du monde de Formule 1. 

Et alors, il est où le problème ? Allez-vous me demander. Il est que j'ai entendu, tout récemment, de belles âmes vilipender le sieur Hamilton pour sa trop grande nonchalance, sa propension pour la noce et la jouissance facile, son manque de concentration, toutes choses responsables de pas mal de contre-performances de sa part.

Le fait est que tous les spécialistes s'accordent à considérer qu'Hamilton est l'un des plus doués du circuit, lui qui n'est pas un fils à papa, mais a dû faire ses preuves dès le plus jeune âge. "Ah, si seulement il était un peu plus bosseur !", hurlent ses plus farouches détracteurs.

Il faut dire que Hamilton est un Antillais, ce qui lui a fait apparemment hériter de cette nonchalance que l'on attribue un peu vite aux descendants d'Africains : cette joie de vivre et cette propension à ne jamais prendre les choses au tragique. Du coup, le bon Lewis se passionne pour des tas de choses apparemment indignes d'un pilote de course, notamment la musique et le Rap. Peut-être passe-t-il même trop de soirées dans les boîtes de nuit - à l'instar de cet autre surdoué qu'était le footballeur brésilien Ronaldinho -, ce qui pourrait expliquer plus d'un démarrage raté lors d'une course, pour cause de concentration défaillante.

Quel rapport avec Marine Le Pen ?, va-t-on me demander. Et là, je réponds : "plafond de verre" !

C'est évident, non ? Un noir, même métissé, champion du monde de F1, ça ne court pas les rues, non ? C'est comme avec Tiger Woods dans le golf, les soeurs Williams au tennis, ou Debbie Thomas (la plus sérieuse rivale de la grande Katarina Witt) en patinage artistique. Rien que des sports réservés, jusque là, à une jeunesse bourgeoise... et blanche (Witt étant l'exception infirmant la règle : cette fille d'ouvriers est-allemands avait toujours tenu à défendre sa chère 'D.D.R.', se plaisant à répéter que si elle avait été américaine, par exemple, ses parents n'auraient jamais eu l'argent nécessaire pour lui acheter les coûteux équipements exigés par la pratique du patinage artistique.).

Et puis, il a bien fallu que ces pionniers pulvérisent le prétendu plafond de verre qu'ils avaient au-dessus de leur tête. Et pour ce qui est de Hamilton, il a quand même décroché le titre trois fois, ce qui n'est pas rien pour un "noceur". Mais cela n'empêche nullement ses admirateurs d'en redemander, eux qui pensent qu'avec un peu plus de professionnalisme et de concentration, le Britannique aurait déjà égalé le record de titres en F1 de Michael Schumacher.

Mais il y a autre chose que le fameux serpent de mer appelé "plafond de verre", que Lewis Hamilton illustre parfaitement, y compris à son détriment : le talent, associé au travail, paie toujours. Aussi a-t-on vu - c'est tout récent -, le week-end dernier, Hamilton dans l'obligation absolue de l'emporter au Grand Prix des Etats-Unis, sous peine de dire définitivement adieu au titre. Et comme preuve que c'est lorsqu'ils ont le dos au mur que l'on reconnaît les vrais champions, Hamilton a devancé son rival Rosberg et réduit l'avance de ce dernier à 26 points.

Mais tout cela se fait au prix d'un énorme travail de briefing et de débriefing, chose courante dans le monde des sciences et des techniques, mais pas du tout en politique.


Décalage

C'est en pensant à tout cela que je me dis souvent qu'il y a du Hamilton chez Marine Le Pen, à la différence près que le pilote britannique a, lui, fracassé son plafond de verre depuis belle lurette, contrairement à la présidente du Front National.

Les raisons de ce décalage, il faut les trouver, selon moi, dans la pratique, bien défaillante, du briefing et du débriefing chez Marine Le Pen. Pour dire les choses plus trivialement, j'ai parfois l'impression qu'au FN, on ne travaille pas assez !

Des exemples ?

Reprenons les élections locales en France : municipales, départementales, régionales. C'est surtout dans les deux derniers cas que l'on a constaté les effets du prétendu plafond de verre, dans la mesure où la mécanique UMPS a fait qu'une coalition de fait a empêché les élus FN de décrocher la présidence de tel département ou de telle région.

Mais, dans ces conditions, comment expliquer l'absence totale de débriefing au FN, histoire d'analyser plus finement les raisons d'un échec ?

Par parenthèse, on a vu comment Floriant Philippot s'est planté dans la région Grand-Est, terre très catholique et bastion du fameux Concordat (quiconque a vécu en Alsace-Moselle sait qu'à l'approche des fêtes de Pâques, il vaut mieux remplir son réfrigérateur si l'on ne veut pas "crever la dalle", dès lors qu'entre le jeudi d'avant Pâques, au soir, et le mardi d'après Pâques, au matin, tout ou presque est fermé, y compris les commerces alimentaires !). Or, on a eu droit à un Philippot se fendant d'un coming-out (rapport à son "orientation sexuelle"), qui n'était pas vraiment un coming-out, tout en étant un coming-out, bref, louvoyant dans le plus grand flou, le tout dans une des régions les plus catholiques de France. Et l'on va s'étonner que, malgré le maintien d'un socialiste (dissident), la triangulaire n'ait pas profité au candidat FN ?

N'aurait-il pas mieux valu présenter, en Alsace-Moselle..., une personnalité catholique bon teint, plutôt qu'un homosexuel ne s'assumant qu'à moitié ?

Autre exemple : j'ai déjà abondamment évoqué le cas de Marion-Maréchal Le Pen dans de précédents articles. Comment expliquer qu'après l'instauration du mariage pour tous, cette élue FN (et il n'y a pas eu qu'elle !) ait persisté à vilipender l'Islam, dédaignant ostensiblement l'apport de voix que la convergence "anti-mariage-pour-tous" entre Chrétiens et Musulmans aurait pu lui assurer ?

Ce qui amène immanquablement à se demander si ces gens du FN veulent véritablement accéder au pouvoir ou non. Je sais très bien que ce parti a été conçu, à l'origine, pour n'être qu'un mouvement d'aboyeurs et de vociférateurs ultra-nationalistes, voire xénophobes. Le problème est que, depuis, on nous parle de "dédiabolisation" ; est-ce seulement crédible ?


Spéculation

Au risque de me répéter, je n'accorde aucune importance aux sondages, ces pseudo-analyses de l'opinion, qui ne sont, en fait, qu'une grosse ficelle pour manipuler les plus niais des électeurs. Mais bon, ils existent et il arrive même qu'ils donnent l'impression de coïncider avec le résultat final, mais ce n'est véritablement que pure coïncidence.

Néanmoins, si je me faisais l'avocat du diable, j'observerais que Marine Le Pen est créditée d'autour de 28 % des intentions de vote au premier tour de la prochaine présidentielle.

Et moi de penser : "28 % ?! C'est tout ?".

Il se trouve que je suis tout à fait persuadé que Marine Le Pen peut l'emporter dès le premier tour de la présidentielle.

Et j'entends d'ici les hurlements et autres vociférations : "Non mais, il est fou !?".

Moi, fou ? Étais-je fou lorsque, dès la fin de 2006, j'ai annoncé, ici même ou pas loin, la calamité que serait une victoire de Sarkozy en 2007, ou, dès la fin de 2011, lorsque j'ai écrit pis que pendre de l'apparatchik terne et gris qu'était François Hollande, juste bon pour singer les mimiques de François Mitterrand sur les estrades ?

Reprenons les projections sondagières, soit autour de 28 % pour Le Pen au premier tour de la présidentielle. Pour ma part, je considère que, face à l'inévitable collusion de l'UMPS au second tour, formule maintes fois éprouvée désormais, depuis ce second tour de présidentielle de 2002, jusqu'au second tour des dernières élections régionales, le plus simple (!!!) pour Marine Le Pen consistait à l'emporter dès le premier tour. Et, pour ce faire, il lui fallait rameuter autour de 23 % d'électeurs supplémentaires : 28 + 23 = 51 % des voix.

Quand j'écris que Marine Le Pen et ses troupes ne travaillent pas assez, c'est en me basant sur des données simples.

Ainsi ai-je entendu, l'autre matin, sur une radio, que plus de 2,5 millions de citoyens français évitaient de se rendre aux urnes, lors des élections, pour cause de maîtrise insuffisante de la langue française. En clair, leur illettrisme les rendait peu aptes à lire un bulletin de vote (Europe 1, 5 septembre 2016).

Et moi de penser : "Incroyable !". Non que ce fait (l'illettrisme de bien des citoyens français) me surprenne (en plus de vingt ans passés à alphabétiser ici et là, j'en connais un petit rayon...), mais que peu de partis politiques en apprécient la portée, notamment des mouvements, comme le FN, victimes d'un soi-disant plafond de verre.

Mettons qu'il n'y ait que 10 % de Français adultes concernés par la chose. Non, mais quelle idée de cracher sur un tel gisement de voix !

Alors, imaginons que je sois un membre influent d'un parti frappé d'ostracisme électoral de la part de l’establishment ; il me semble que je rameuterais dare-dare les troupes pour que l'on investisse les quartiers populaires, afin de convertir une majorité de ces laissés-pour-compte des quartiers populaires en citoyens sachant lire et écrire, donc, aptes à... s'inscrire sur les listes électorales (soit avant le 31 décembre au soir), puis  à voter.

Et si l'opération de remise à niveau scolaire s'avérait positive, à qui pensez-vous que ces nouveaux électeurs réserveraient la primauté de leur vote ?

Nous en étions à combien déjà...,  28 % d'électeurs pour Le Pen au premier tour ? Nous allons y rajouter 10 % de nouveaux électeurs sortis de l'illettrisme, soit 38 %

Il resterait encore à collecter 13 % pour atteindre les 51 % de vote pour Le Pen au premier tour de la présidentielle. 13 points à totaliser chez : 1) les agriculteurs, 2) les vieux, 3) les jeunes des quartiers populaires, 4) les femmes, 5) les immigrés, 6) les chrétiens traditionnalistes, 7) les musulmans, 8) les habitants des Dom-Toms..., toutes catégories qu'on dit passablement réfractaires au FN. 

Entre nous, serait-ce vraiment la mer à boire pour Le Pen, d'améliorer son score électoral d'à peu près trois points dans chacune de ces huit catégories ? (3 x 8 = 24 %)

Pour dire les choses sérieusement, y a-t-il encore quelqu'un de censé pour prétendre que ma spéculation sur une victoire de Marine Le Pen dès le premier tour de la présidentielle, relève de la lubie ?

C'est toute la différence existant entre la politocratie et la pédagogie, mon premier métier.

Et en tant que pédagogue, la première leçon que j'aurais à dispenser à Marine Le Pen serait de la convaincre que l'élection présidentielle ainsi que toutes les suivantes de l'année 2017 se jouent avant le 31 décembre 2016 à minuit !













vendredi 9 septembre 2016

Marine Le Pen et le syndrome de la laisse sur le cou du chien

(Introduction >> suite 01 >> suite 04 et fin)

Cet article a été entamé le 30 août 2016 mais risque de prendre la forme d'un feuilleton... Et si vous êtes familiarisé(e)s avec ce blog, alors vous savez qu'il peut m'arriver de faire de longues pauses, selon mon inspiration.

Il se trouve qu'il y a peu, j'ai été amené à écrire à une personnalité politique française - ancien ministre ou ministre en exercice, à vous de deviner...- et j'extrais de ce courrier ce qui suit :
(...) À vrai dire, ce n’est pas au ministre que je m’adresse, mais au responsable politique. 
Pour ne rien vous cacher, moi, qui suis un fervent adepte de la pensée de gauche – pas la gauche bonapartisée (le bonapartisme est un concept de droite !) des Mitterrand, Rocard, Jospin, Chevènement… voire Montebourg, ni la gauche dogmatique et ringarde des marxistes-léninistes et autres trotskistes –, j’en suis venu à penser que la seule chose qui pourrait engager durablement le redressement de la France, ce serait un tsunami, qui pourrait prendre la forme d’une victoire de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle. 
En attendant, je vous observe et constate que vous n’avez encore rien dit d’essentiel, à l’instar de la totalité des responsables politiques de ce pays, sauf un… 

J'en vois qui se perdent en conjectures et manquent d'avaler de travers, mais, visiblement, ils et elles ne doivent pas m'avoir lu depuis un certain temps, parce que cette thèse, je l'ai déjà affichée ici, il y a un certain temps. Mais, surtout, les habitués de ce blog connaissent le peu de considération que m'inspire la clique immonde qui dirige ce pays depuis bientôt soixante ans (1958-2018), et dont l'un des tout derniers "exploits" est la destruction méthodique d'un pays africain, la Libye, il y a de cela cinq ans.

Mais commençons par cet étrange titre : "Marine Le Pen et le syndrome de la laisse sur le cou du chien".

Avez-vous jamais observé des chiens tenus en laisse par leur propriétaire dans quelque jardin public ? Si ce n'est pas le cas, je vous invite à le faire et à retrouver ce papier dans quelque temps, après que j'y aurai ajouté quelques paragraphes.

... À suivre


Suite 01

Bien sûr que vous avez déjà eu l'occasion d'observer des chiens se croisant dans la rue ou sur une allée quelconque. Et là, chacun des propriétaires s'évertue à tirer sur la laisse de son protégé, afin de l'éloigner le plus possible du congénère arrivant en face.

Je me promène, un jour, le long d'un de ces torrents qui dégringolent des pentes des Alpes, quelque part entre Autriche et Bavière. Ces gens-là sont de gros marcheurs et adorent les randonnées dans la nature. Au sein de notre groupe, il y a un chien, ce chien très courant, notamment dans les feuilletons télévisés. Son propriétaire le laisse divaguer librement sans le tenir en laisse, lorsque je le vois s'énerver subitement et rappeler l'animal, qu'il s'empresse d'attacher de nouveau. Je lève la tête et comprends pourquoi mon ami s'énerve : au détour d'un sentier, un autre groupe de randonneurs vient dans notre direction, lui aussi accompagné d'un chien.

Je me tourne vers le camarade au chien et lui dit calmement : "quand je te ferai signe, tu libéreras le chien." Il me regarde, éberlué ; je dois, donc, insister : "Tu libères le chien dès que je te fais signe !", et je cours en direction du groupe d'en face et demande au propriétaire de l'autre chien s'il veut bien libérer l'animal. Même regard éberlué et je dois insister de nouveau : "Bitte, lassen Sie den Hund frei laufen!" (S'il vous plaît, libérez le chien !). Il s'exécute et je fais un signe de la main à mon ami, qui libère son chien.

Et là, je ne vous raconte pas l'espèce de silence angoissé qui a suivi. Voilà les deux chiens qui galopent l'un vers l'autre, puis qui s'arrêtent pile, s'observent durant quelques secondes, puis se mettent à tourner l'un autour de l'autre, en se reniflant l'arrière-train. Et là, l'un des deux se lance dans un sprint, suivi par l'autre, chacun s'amusant à changer brusquement de direction, immédiatement imité par l'autre.

Vous avez compris ? Les deux animaux jouent !

Explosion d'hilarité dans les deux groupes. Je dois dire que tout le monde était plié en deux, probablement en réalisant combien l'humain est un animal bien bizarre, en tout cas, bien stupide !

Bien évidemment, je fus assailli de questions, dont celle-ci : "Mais comment as-tu deviné ?". Et moi de rétorquer : "mais deviné quoi ? Que le chien est un animal joueur ? Est-ce que vous vous rendez compte que ces pauvres bêtes passent le clair de leur temps attachées contre un mur, et voilà qu'on les emmène en promenade et qu'elles croisent un petit camarade, voire une petite congénère, et vous ne pensez pas qu'ils vont se dire : "Chouette, de la compagnie, enfin !"".

Et, pour bien faire comprendre à la compagnie que je n'avais rien inventé, je leur ai rappelé les travaux d'Ivan Pavlov sur les chiens. Et voilà que l'objection fuse : "mais Pavlov a surtout travaillé sur le réflexe de salivation, généré par un stimulus secondaire (nb.: il y avait quelques scientifiques dans le groupe, dont des universitaires.), sous la forme, par exemple, d'une clochette." 

Et pourtant, nous sommes bel et bien dans le cadre des travaux de Pavlov, que je m'étais permis d'extrapoler quelque peu.

"Et c'est quoi ta nouvelle théorie ?", m'a-t-on demandé.

C'est très simple : il suffit d'observer deux chiens tenus en laisse dans un endroit public : dans la quasi-totalité des cas, les propriétaires ont le réflexe (!!!) de tirer sur la corde, pour éloigner leur animal de l'autre congénère. Et là, qu'observez-vous dans la quasi-totalité des cas ? Deux chiens qui se mettent à aboyer, se montrent agressifs, tirent plus fort sur la laisse, sortent les crocs. C'est particulièrement flagrant sur la première des images.




En clair, chaque fois qu'ils sentent cette secousse au niveau du cou, les chiens comprennent : "attention, danger !", et sortent les crocs, alors même que, bien souvent, le geste de se diriger vers l'autre animal n'est mû que par l'envie de jouer, comme l'épisode relaté plus haut le démontre.

Sur la troisième des images visibles ci-dessus, ont voit deux chiens bien tranquilles, voire presque apeurés, mais ce n'est qu'un leurre : en fait, nous sommes sur un site de dressage, et les trois personnes qu'on aperçoit là sont des dresseurs, l'exercice consistant à faire exécuter aux chiens l'exact inverse de ce qu'ils auraient fait "en temps normal", c'est-à-dire entre les mains de propriétaires pas très "futés". 

Moralité : sauf en cas de dressage particulièrement pointu, la laisse autour du cou est un outil dangereux, qui rend l'animal particulièrement sensible à l'agressivité de son maître, laquelle se transmet inexorablement le long de la corde. Mais une fois la laisse retirée du cou, le stimulus "Attention danger !" disparaît, et l'animal se comporte comme tout chien pas trop abruti par un maître débile : trop content de s'être trouvé un compagnon de jeu, il pense d'abord à s'amuser.

Et comme preuve que ma théorie n'a rien de débile, je raconte à mes camarades cet épisode tragique d'une gamine d'une dizaine d'années, égorgée par le molosse de ses voisins, molosse qui avait pratiquement le même âge qu'elle, et avec lequel elle avait joué des années durant, sans que rien de grave ne se passe.

Sauf que, ce jour-là, le chien était attaché contre un mur, quand la petite a voulu lui faire des papouilles en franchissant le portail des voisins. Le chien voit la gamine s'approcher de lui. En temps normal, ils auraient joué ensemble. Sauf que là, l'animal est attaché, et qu'il tire sur la corde. La suite, vous la devinez sans doute.

Le choc de la laisse au niveau du cou, et le réflexe "Attention danger !" qui fait "tilt" dans le cerveau du chien. Où la chose devient dramatique c'est qu'à ce moment précis, la fixation sur le mur cède, libérant le chien, qui fonce sur l'enfant pour l'égorger. 

Ivan Pavlov avait raison !

Moralité (provisoire) : les chiens dangereux, tenus ou non en laisse, devraient systématiquement porter une muselière, sauf lorsqu'ils boivent ou mangent !

Mais j'en vois d'ici qui s'interrogent sur le lien entre le choc de la laisse sur le cou du chien et Marine Le Pen.

En fait, il s'agit moins de Marine Le Pen que de toute une catégorie de personnes, dont les militants du Front National sont d'excellents spécimens, attitude (double, puisqu'elle a sa réplique en miroir) qui pourrait, à elle seule, expliquer le fameux "plafond de verre" auquel les candidats du Front National sont régulièrement confrontés lors de grandes occasions électorales.

Et, pour illustrer mon propos, je pourrais prendre l'exemple de la défaite de Marion-Maréchal Le Pen en région PACA, lors des dernières élections régionales.

Et dire que, sans ce foutu réflexe "pavlovien" de la laisse sur le cou du chien, Marion-Maréchal L.P. aurait survolé cette élection (à moins de dix points de la majorité absolue au premier tour, avec plus de 48 % d'abstention !). En tout cas, voilà ce que je me ferai un plaisir de lui expliquer tantôt. Mais je n'oublie pas un certain Robert Ménard, à qui je conseillerais volontiers de se débarrasser, fissa, de cette horrible corde qu'il a, lui aussi, autour du cou !

À suivre...  


Suite 02

Pour résumer le chapitre précédent, rappelons les expériences d'Ivan Pavlov, lequel a mis en évidence la faculté pour un dresseur d'induire un comportement, moyennant la substitution d'un stimulus (facteur déclencheur d'un comportement) par un autre. Dans le cas du chien, le stimulus principal, la nourriture, provoquait un réflexe de salivation. En accompagnant de stimulus principal par un stimulus secondaire ou accessoire (un son de cloche), il s'est avéré possible d'induire le réflexe de salivation à l'aide du seul stimulus secondaire.

Voilà comment j'ai expliqué mon extrapolation sur le comportement des chiens, à partir des expériences de Pavlov. Dans notre cas, nous sommes en présence d'un syndrome double, ou en miroir, dans la mesure où nous avons deux chiens se faisant face, deux maître(sse)s et deux laisses. Et à chaque fois, chacun des chiens fait le geste de se diriger vers son congénère, au grand dam des maîtres, lesquels, dans l'immense majorité des cas, ne trouvent rien de plus intelligent (!!!) à faire que de tirer nerveusement sur la laisse afin d'écarter leur chien du chemin de l'animal arrivant en face, ce qui pourrait être illustré par une image parfaitement symétrique : deux animaux, deux laisses, deux maîtres, deux névroses !



L'expérience que je relate plus haut peut être répétée à l'envi, et me permet d'affirmer qu'il est rarissisme de voir deux chiens de taille à peu près comparable et non tenus en laisse s'affronter violemment en dehors d'un contexte les prédisposant à cet effet (aire de combats de chiens ou provocation délibérée par l'un des maîtres, ou encore dispute d'une friandise quelconque).

Mais, à l'inverse, constatons que, dans l'immense majorité des cas, le geste brutal des propriétaires écartant brusquement deux chiens venant en face l'un de l'autre, se traduit par une manifestation d'agressivité chez les deux animaux. Et je suis en mesure d'affirmer que cette agressivité peut être déclenchée à tout moment, même en l'absence d'un congénère, pour peu qu'un animal ressente une secousse due à une brusque tension de la laisse au niveau du cou.

J'en déduis une recommandation importante à destination des propriétaires de chiens potentiellement dangereux : le seul et unique instrument susceptible d'éviter des catastrophes est la muselière, que l'animal doit porter en permanence, sauf au moment de s'alimenter ou de s'abreuver.

Mais j'en vois qui en sont encore à attendre l'explication du titre et le rapport entre les chiens et Marine Le Pen.

Nous allons progressivement y arriver : il se trouve que je ne regarde pas souvent la télévision, mais que je consulte assez souvent l'Internet, ce qui m'a valu de lire, récemment, ce qui suit :
Le maire de Béziers n'hésite pas à parler de « seuils de tolérance ». (Photo EPA) Le maire de Béziers, Robert Ménard, élu en 2014 avec le soutien du FN, et qui avait suscité la polémique en mai 2015 en évoquant la proportion des enfants de confession musulmane scolarisés dans sa ville, est revenu à la charge, hier, sur LCI. « Être français c'est aussi, comme le disait le général de Gaulle, être européen, blanc et catholique, bien sûr », a estimé l'élu, répondant à la question « Être français, c'est être blanc ? ». « C'est pas que ça, mais écoutez, dans une classe du centre-ville de chez moi, 91 % d'enfants musulmans, évidemment que c'est un problème, il y a des seuils de tolérance », a-t-il poursuivi. Dans un tweet jeudi, jour de la rentrée des classes, Robert Ménard avait déjà écrit : « #rentreedesclasses : la preuve la plus éclatante du #GrandRemplacement en cours. Il suffit de regarder d'anciennes photos de classe ». « Bien sûr que les gens n'ont pas envie de vivre ensemble ! »... (Source


Sous réserve d'exactitude des propos rapportés ici, je constate que le maire de Béziers, soutenu en son temps par le Front National de Marine Le Pen, parti dont il n'est pas formellement membre, répète à l'envi des saillies sur la présence de sujets auxquels il semble systématiquement vouloir attribuer une religion, le tout à partir de critères que, personnellement, je juge discutables. 

Le problème est que cet ancien animateur de Reporters sans frontières, dont je ne connais pas vraiment le bagage intellectuel (je pense à cette fameuse rigueur que tant de journalistes affichent en bandoulière...), a souvent tendance à prendre ses lubies pour des réalités, à commencer par cet étrange penchant consistant à attribuer une religion à des enfants âgés tout au plus d'une dizaine d'années, leur attribuant, d'office, ce qu'il croit être la religion de leurs parents.

Mais j'en entends qui vont me rétorquer que Ménard n'est en rien le porte-parole du Front National, ce qui est rigoureusement exact. Dans ce cas, faisons appel à une autre source : Marion Maréchal-Le-Pen, députée du Vaucluse. Là encore, je me dois de citer indirectement :
Marion Maréchal pense que les catholiques sont au-dessus de tout. Y compris de la République. C’est en ce sens qu’il faut lire et comprendre sa dernière sortie dans le journal Présent, relative à la supériorité des catholiques sur les musulmans : "Il faut accepter de définir et de revendiquer quel est notre héritage et quelle est notre identité. Ça passe par l'affirmation de notre héritage gréco-romain et chrétien. Il faut dire que la France est une terre culturellement et très longtemps spirituellement chrétienne".
Et de décréter: "Et dans ces conditions, si des Français peuvent être musulmans et exercer leur foi, il faut qu'ils acceptent de le faire sur une terre qui est culturellement chrétienne. Ça implique aujourd'hui qu'ils ne peuvent pas avoir exactement le même rang que la religion catholique". (Source)

Admirons, au passage, le fait que Madame Maréchal-Le-Pen associe, dans un même mouvement, la filiation gréco-romaine, d'une part, et l'héritage chrétien, de l'autre. Entre nous, je ne suis pas certain que les pères de l'Eglise catholique aient cautionné cette association "oxymorique" entre le paganisme des "gréco-romains" et le monothéisme exterminateur (excusez le pléonasme !) professé par le judéo-christianisme (cf. "Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t'ai fait sortir de la maison de servitude ; tu n'auras pas d'autre dieu devant ma face !" ; le fils de pasteur que je suis a encore un peu de mémoire concernant les enseignements paternels ; voir Deutéronome 5, Exode 20, etc.).

Et puis, il y a ce glissement de sens, qui voit Marion Maréchal-Le-Pen passez allègrement de la "terre culturellement chrétienne" à la "religion catholique", faisant l'impasse sur les chrétiens d'Orient, majoritairement orthodoxes, et sur la nuée des héritiers de Martin Luther !

Le fait est que tant Marion Maréchal Le Pen que Robert Ménard - et ils ne sont pas les seuls - sont parfaitement représentatifs de ce fameux syndrome de la laisse sur le cou du chien, qui les incite à sortir les crocs face à un animal arrivant en face alors même qu'il peut être prouvé que le seul fait de retirer la laisse modifie du tout au tout le comportement des animaux concernés.

Voyez comment Marion Maréchal Le Pen s'est privée d'une victoire annoncée en région Paca, elle qui n'était qu'à une petite dizaine de points d'un triomphe espéré, et imaginez ce qui se serait passé si, retirant la laisse qui lui enserrait le cou, elle s'en était allée visiter les cités ouvrières de sa région, pour y rencontrer ces habitants issus de cultures diverses, dont beaucoup de musulmans, souvent fort jeunes, qui ne demandaient qu'à...

Le fait est que quand Ménard affirme avoir 92 % d'enfants musulmans dans une classe, j'imagine qu'il est conscient du fait que la quasi-totalité d'entre eux sont voire seront des citoyens français, donc de futurs électeurs.

Et nous voilà devant une manifestation concrète de ce syndrome en miroir évoqué plus haut : d'un côté, nous avons une personnalité politique qui laisse clairement entendre que telle catégorie d'électeurs (non catholiques) ne l'intéressent pas, alors qu'elle n'est qu'à dix points d'un triomphe électoral, de l'autre, nous avons des populations persuadées que Ménard, Maréchal Le Pen et compagnie sont des incarnations du diable et ne bénéficieront jamais du vote des Musulmans.

Et c'est là que j'inviterais volontiers les uns et les autres à se débarrasser de cette vilaine corde qui leur enserre le cou.

Le fait est que, contrairement à ce que pas mal de gens pensent, la présumée répulsion manifestée par les "immigrés", et singulièrement les Musulmans de France à l'égard du Front National est souvent exagérée, ainsi que j'ai pu le vérifier de visu en avril 2002, lors d'une manifestation que j'ai déjà relatée quelque part sur ce site, à savoir la mobilisation du téléphone "arabe" en faveur de Jean-Marie Le Pen lors du premier tour de la présidentielle de 2002, le tout, dans le seul but d'en finir avec Lionel Jospin.

22 avril 2002 : je ne sais pas si vous avez déjà entendu quelques dizaines de femmes berbères faire "youyouyou...", en tout cas, je peux vous garantir que c'est bien plus sonore qu'un Airbus A380 au décolage !

À suivre...

Suite 03

Le problème des préjugés, c'est qu'ils ont la peau dure ; il se trouve que mon premier métier est la pédagogie, et qu'un bon pédagogue doit pouvoir venir à bout de tous les caractères réfractaires.

Une des manifestations de ces caractères réfractaires bourrés de préjugés est, par exemple, le comportement "pavlovien" de tant de gens dans la mouvance dite d'"extrême droite" (expression dont je n'ai jamais vraiment saisi le sens. J'entends dire, par exemple, que le FPÖ autrichien serait d'extrême droite ; or, j'ai longtemps vécu en Autriche, et ne me souviens pas d'avoir constaté quoi que ce soit d'extrémiste au sein de ce parti dit "fédéral" ou "fédératif", sur la même base que son alter-ego allemand, le FDP !), je pense à des groupuscules du type "Riposte Laïque" ou "Français de souche"..., qui croient pouvoir se dresser systématiquement contre tout ce qui a un lien avec l'Islam, oubliant, par exemple (cf. Riposte Laïque) que l'Islam sunnite est une religion à 100 % laïque !

Ce comportement absurde se manifeste également chez des élus, ce qui est déjà plus étrange, car, pour se faire élire, il faut absolument "rassembler" le plus grand nombre d'électeurs. Mais bon, il faut croire que d'aucuns, à l'instar de Robert Ménard et de quelques autres, pensent qu'on peut toujours se faire élire en profitant d'une triangulaire, c'est-à-dire en se contentant d'une majorité relative. Quelle piètre conception de la démocratie !

Voilà comment, par exemple, Marion Maréchal Le Pen a préféré se faire battre aux dernières élections régionales, mue par sa répulsion pour ce qui s'apparentait à ses yeux à un vote honteux, à savoir le vote "arabe", "africain" ou "musulman".

Mais, du côté d'en face, on retrouve également les mêmes réflexes pavloviens, de la part d'une population généralement de Français d'origine étrangère, qui se persuadent ou que l'on persuade que le Front National, c'est le mal absolu...

C'est, donc, pour convaincre ces groupes qu'ils sont dans l'erreur que je m'en vais de nouveau relater un événement dont j'ai été le témoin direct, événement que j'ai dû déjà raconter quelque part ici même ; il se trouve que cet (ancien) article est l'un des plus visités de ce blog...

Nous sommes, donc, en avril 2002, en ce fameux dimanche du premier tour de la présidentielle française. Je pratique le soutien scolaire - disons plutôt la remise à niveau ! - depuis pas mal de temps déjà, dès lors que j'estime que c'est la meilleure couverture pour faire de la sociologie in situ, c'est-à-dire sur le terrain, contrairement à ce que font tous les 'mauvais' sociologues, qui se contentent de planquer dans des bureaux climatisés, pour éplucher des statistiques et des sondages.

Je passe ce dimanche dans une cité ouvrière de la banlieue sud de Paris. Je me souviens encore de l'énorme assiette pleine de couscous, dont je ne viendrai jamais à bout. Il a pas mal de monde dans l'appartement, voire à l'étage, avec énormément de va-et-vient. Presque tout le monde vient du Maghreb. Durant tout l'après-midi, un homme ne cesse de répéter : "Vous allez voir, vous allez voir !".

20 heures, les premières estimations du premier tour tombent, et là, avant de voir, j'ai surtout entendu..., je veux parler des youyous des femmes : sur tout l'étage, des dizaines de femmes faisaient "youyouyou..." en découvrant que Lionel Jospin était arrivé derrière Jean-Marie Le Pen. Et là, je vous garantis qu'un Airbus A380 au décollage est encore moins bruyant que tous ces gosiers déchaînés !

Bien évidemment, je pose des questions, notamment au monsieur de tout à l'heure, qui me répond, hilare : "Qu'est-ce que je vous disais ?".

L'explication ? Le téléphone arabe ! Tout ce petit monde avait voté et fait voter pour Le Pen, afin de terrasser Jospin.

Mais pourquoi donc ?, ai-je demandé.

Pourquoi ? Pour avoir osé insulter Hizbollah - j'ai appris à l'occasion qu'on ne disait pas "le Hezbollah" mais "Hizbollah", sans article. -, ce mouvement de résistance libanais, dont le harcèlement avait mis fin à un quart de siècle d'occupation du Liban Sud par Israël. Par conséquent, pour beaucoup d'Arabes à travers le monde, Hizbollah, ce sont des héros. Alors, quand Jospin s'en va en tournée au Proche-Orient, et ne trouve rien de plus intelligent à faire que de traiter Hizbollah  de mouvement terroriste, il se fait caillasser par la foule et doit déguerpir comme un rat, la queue entre les jambes.

Et voilà comment des "Arabes de France" avaient lancé une fatwa contre Jospin. Curieusement, aucun analyste politique n'a évoqué ce fait, tout le monde n'insistant que sur l'éparpillement des voix provoqué, au détriment de Jospin, par Chevènement et Taubira.

Or, moi, je peux vous certifier, pour l'avoir vu de mes propres yeux, que Le Pen a bel et bien bénéficié de voix "arabes" lors de ce fameux premier tour de la présidentielle de 2002.

C'est une des raisons pour lesquelles je comprends mal que, du côté du Front National, d'aucuns s'ingénient à pratiquer un ostracisme bien imprudent à l'égard de certains Français d'origine étrangère, persuadés qu'ils sont que ces Français-là "ne voteront jamais pour le FN". Colossale erreur !

Il se trouve que, nombreux sont les "Arabes de France", et au-delà, les Français originaires des anciennes colonies, à constater et à déplorer que, tant la gauche que la droite persistent à entretenir, ici ou là, une pratique néocoloniale teintée de barbouzardises en tous genres. Voyez la Libye hier, et la Syrie aujourd'hui.

La presse française, notamment gouvernementale (radio et télévision) s'est bien appliquée à faire motus sur l'affaire, mais on a quand même appris que trois "agents" français étaient morts lors d'un étrange accident d'hélicoptère en Libye, ce qui a suscité la protestation immédiate du gouvernement légal du pays. Nous savons, par ailleurs, que la France fricote avec diverses factions combattantes en Syrie. La presse française a beau faire "motus" sur ces tripatouillages de bas étage, il se trouve que le formidable essor de l'Internet ainsi que de la télévision par câble et satellite font qu'aucune des barbouzardises françaises au Proche-Orient et en Afrique n'échappe désormais aux organes de presse arabisants très influents sur toutes les plate-formes mondiales.

D'aucuns ont pu s'étonner de de voir de nombreux (ir)responsables socialistes, dont Manuel Valls, premier ministre, s'aligner sur les arrêtés d'interdiction du "burkini" pris par divers maires, notamment de droite. Est-ce pour repousser les Arabes et Musulmans dans l'abstention que ce petit monde donne l'impression de vouloir se serrer les coudes, étant entendu que si les Arabes ont pu faire battre Jospin naguère, ils pourraient fort bien rééditer leur geste dès 2017 ?

En intitulant ce papier "Marine Le Pen et le syndrome de la laisse sur le cou du chien", j'ai voulu faire comprendre à la présidente du Front National que, contrairement à un Robert Ménard ou à tel maire FN, qui croit pouvoir se passer du vote des musulmans, dès lors qu'il peut toujours se contenter d'arriver en tête d'une triangulaire, tout(e) candidat(e) à la présidence de la République a impérativement besoin, pour l'emporter, de totaliser 50 % des voix, plus une. 

Il se trouve qu'en 2002, le "sulfureux" Jean-Marie Le Pen a bien réussi à convaincre un certain nombre d'Arabes de France de voter pour lui dès le premier tour de la présidentielle. Pour ma part, je ne comprendrais vraiment pas qu'avec sa stratégie dite de "dédiabolisation", Marine Le Pen fasse, en matière de séduction des Musulmans, et plus généralement, des Français originaires du grand Sud, moins bien que son père, et ce, d'autant plus qu'elle n'est pas à court d'arguments pour séduire un public dont on croit, à tort, qu'il est irrémédiablement hostile au Front National.

Les politocrates et autres politologues me rétorqueront qu'il y a les sondages, dont aucun, pour l'heure, ne pronostique la victoire de Marine Le Pen à la présidentielle.

Ah, les sondages !

Les habitués de ce blog savent pertinemment que je n'ai pas eu besoin des sondages pour dire (avril 2007) tout le mal que je pensais du futur vainqueur de la présidentielle, ni le peu de de confiance que m'inspirait (2012) un apparatchik socialiste terne et gris, pas du tout taillé pour le job, et qui passait le clair de son temps à singer François Mitterrand sur les estrades.

Voilà qui ne peut que me conforter dans mon intime conviction, à savoir que Marine Le Pen peut sortir victorieuse de la prochaine élection présidentielle, le tout, pour peu que, ici ou là, les uns et les autres s'appliquent à se débarrasser de d'a priori et de préjugés aux effets aussi dévastateurs qu'une laisse tendue, sur le cou d'un molosse... 


À suivre...


Suite 04 et fin (provisoire ?)

Commençons par une (double) parenthèse.

*** Une flambée de violence aux Etats-Unis.

Dans la rubrique : "Déjà vu... tant de fois !", voilà que diverses villes américaines sont placées sous couvre-feu à la suite d'échauffourées consécutives au meurtre d'hommes noirs par des policiers. 

Il me semble avoir consacré plusieurs articles récents à ce que j'ai baptisé "Syndrome de Ferguson", du nom de cette ville états-unienne qui avait connu son lot de dégradations et de jacqueries de la part de la communauté noire, et ce, à la suite de ce que vous devinez.

Et à chaque fois, on se dit "C'est quand même incroyable !".

Le fait est qu'il ne s'agit pas systématiquement de noirs abattus par des policiers blancs, puisque, récemment, à Charlotte, le quidam noir a été abattu par un policier, lui aussi noir. Pour preuve : les policiers états-uniens passent pour abattre autour de 700 quidams par an, soit deux par jour, dont un quart de noirs, donc trois bons quarts de non-noirs ! C'est dire si l'explication par le seul racisme est totalement inopérante, et pourquoi je lui préfère mille fois mon concept de "syndrome de la laisse sur le cou du chien."

Et comme je l'expliquais plus haut, ce syndrome a une structure en miroir, dans la mesure où les protagonistes fonctionnent toujours par couple : ici, on a un quidam lambda, souvent installé dans un véhicule automobile, lequel est cerné par des policiers vociférateurs, arme au poing, intimant au quidam lambda de bien vouloir avoir l'extrême obligeance de poser ses mains, bien visibles, sur le volant du véhicule, et de sortir du véhicule en levant les mains. Problème : avant même que le quidam lambda ait esquissé le moindre geste, voilà que notre escouade de policiers a vidé ses chargeurs sur le véhicule. Dans trois quarts de cas (quidams blancs, asiatiques ou hispaniques), la chose passe (apparemment) comme une lettre à la poste ; mais dans le quart restant, c'est l'émeute, le soulèvement des quartiers noirs, la mobilisation des militants de droits civiques et tutti quanti.

Et c'est là que l'endormeur public, vous savez ?, monsieur "Yes we can!", ou plutôt "No, we can't!", y va de son petit discours bien lénifiant, dont il a le secret. Comme quoi, Barack Obama (Obomba pour les intimes, de 'bombing') est plus fort dans l'art d'envoyer des drones assassiner des quidams aux quatre coins du monde que d'assurer la sécurité dans les quartiers populaires de son propre pays !

Barack Obama ou l'impuissance faite homme (d'État) !


*** Citadelle

Retour en France, plus précisément, à Lille, où un groupuscule "identitaire" aurait décidé d'ouvrir un bar baptisé "La Citadelle", sorte de club fermé réservé aux seuls patriotes européens... Il paraît que ces quidams sont des sympathisants du Front National.

Et moi de penser qu'à l'instar de certains élus mentionnés plus haut, ces olibrius ne doivent pas savoir compter et n'ont pas tiré les leçons des échecs récurrents du FN au cours des dernières années, notamment lors de élections départementales et régionales, où les élus FN se sont systématiquement heurtés à ce que d'aucuns appellent un "plafond de verre"...

Les gens de la Citadelle ignorent, donc, que la France n'est pas peuplée que de Caucasiens à peu blanche, de même que, ne lisant pas mon blog, ils ignorent tout de la mobilisation de pas mal d'"Arabes de France" en faveur de Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle de 2002.

Donc, si j'ai bien compris ces jeunes gens, les voix de ceux qui n'appartiennent pas à leur catégorie sont à rejeter en bloc. Du coup, on comprend mieux pourquoi ils n'osent pas se jeter dans le bain politique, persuadés qu'ils sont que leur groupuscule ne sera jamais majoritaire lors d'une élection, majorité voulant dire : 50 % des voix plus une !

Mais si j'ai bien compris leur stratégie du repli identitaire, ils voudraient voir Marine Le Pen appliquer la même politique et se faire irrémédiablement battre à la prochaine présidentielle ! 

Étonnants "patriotes" désireux de voir perdre leur camp aux élections !

Et, là encore, le syndrome de la laisse sur le cou du chien va mettre, face au groupe précité, un clan tout aussi agité d'"antifascistes" et autres agités prêts à en découdre avec la "peste brune", puisqu'il semble que des manifestations agitées aient eu lieu à Lille pour empêcher l'ouverture du bar des identitaires.

Quand je vous disais que Pavolv avait raison !

(Fin de la parenthèse)


La conclusion de tout ce qui précède ?

Finalement, quand on y regarde d'assez prêt, il apparaît que Marine Le Pen n'est pas si extrémiste que ça ! Déjà qu'en son temps, Jean-Marie Le Pen avait manifesté sa volonté de ne pas couper les ponts avec certaines couches de la population française. Voyez cette archive datant de la campagne présidentielle de 2007.


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Du coup, on ne comprend pas très bien qu'en une dizaine d'années, le Front National rajeuni par et (dit-on) dé-diabolisé par Marine Le Pen n'ait pas réussi à amplifier le dialogue entamé par Jean-Marie Le Pen, au point qu'en entendant certains élus évoqués plus haut, on a l'impression d'un chantier laissa à l'abandon.

Pour ma part, l'expérience vécue "in situ" en 2002 me laisse à penser que Jean-Marie Le Pen avait eu raison de miser sur les Français d'origine étrangère, dont tout le monde sait pertinemment qu'ils comptent parmi les gros contingents d'abstentionnistes.

Le fait est que les abstentionnistes représentent, 'de facto', le premier parti de France, si l'on veut bien additionner les non inscrits, les inscrits qui ne votent pas et ceux qui votent blanc ou nul (environ 4,9 millions de Français ne sont pas inscrits ou croient ne pas l'être (données 2004), chiffre qui varie entre 10 % et 13,3 % du corps électoral sur les neuf dernières années ; source Wikipedia) : soit autour de 10 % de non inscrits, auxquels s'ajoutent autour de 20 % d'abstentionnistes...

Parvenir à séduire le premier parti de France, et si c'était là la clé de l'élimination par Marine Le Pen de ce fameux plafond de verre qu'on lui oppose à tout bout de champ ?


Prochain article : Marine Le Pen et le fameux "plafond de verre".