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jeudi 20 juin 2019

France : retour sur les dernières élections européennes #1/3


Épisode §1. À boire et à manger !

Je me dois en permanence de ne jamais oublier le caractère multiforme et cosmopolite de mon lectorat, qui ne m'intéresse pas tant par le nombre (comme je ne suis pas idiot et ai quand même quelques notions de mathématique, qui me disent que si dix visiteurs quotidiens parlent, chacun, de mon blog à dix de leurs amis, et ainsi de suite, on a une petite suite arithmétique qui fait qu'au soir du premier jour, ils seront 110 (10 + 100), suivis de mille nouveaux disciples (100 x 10) au deuxième jour, qui m'amèneront dix mille nouveaux visiteurs au troisième jour, etc., et à ce rythme, on a vite fait de dépasser le million en même pas une semaine !) mais surtout par la diversité géographique et culturelle. Comment ne pas être épaté, en effet, de constater que le blogueur lambda que je suis ait des visiteurs réguliers dans toute l'Europe, une bonne partie de l'Amérique, nord et sud, quelques pays en Asie (ex. l'Inde, mais pas encore la Chine) et en Afrique... Il faut dire que la traduction en ligne est de plus en plus performante. La révolution de Johannes Gutenberg à la puissance 10. Inimaginable il y a seulement vingt ans ! 

C'est aussi la raison pour laquelle je me dois d'instruire mes visiteurs non francophones de quelques subtilités de la langue de Molière, sans oublier le cadre géo-politico-socio-intellectuel depuis lequel je m'adresse à tous ces lecteurs inconnus. 

Et, là maintenant, j'ai l'intention de boucler une sorte de boucle, après un précédent "papier" sur les élections européennes à venir (25 mai 2019). Pour être honnête, et comme je suis plutôt allergique au blabla politico-médiatique, j'avoue n'avoir suivi cette campagne électorale que du coin d'un oeil, en m'infligeant le pensum des débats à onze, treize, quinze...

Le résultat des courses ? Reprenons quelques parcours notables.


1. Dans la rubrique R.I.P. (Rest in peace: Reposez en paix) 

Une petite pensée pour tous ceux qui se sont noyés dans le maelström de leur petit ego.


Nicolas Dupont-Aignan

Nous serons une dizaine au Parlement Européen ! Voilà ce que clamait ce capitaine Matamore avant les européennes, dans la même veine que ce qu'il clamait en 2017, avant la présidentielle : "Je serai présent au second tour.".

Son fameux parti : "Debout la France !" se réduit à sa seule personne. Cela dit, on parie combien qu'il se prépare déjà pour la présidentielle de 2022 ?

Le problème de Dupont-Aignan est que c'est visiblement un honnête homme ; tout le contraire d'un Alain Juppé ou d'un Nicolas Sarkozy... Mais suffit-il d'être un honnête homme pour convaincre, et surtout, peut-on se convertir sans états d'âme au R.I.C. après avoir été si longtemps un viscéral défenseur du bonapartisme gaulliste ?


Florian Philippot

Mâtin quel naufrage ! Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps, ce quidam squattait toutes les radios et télévisions, et ce, quasiment tous les jours. Résultat des courses : un naufrage aux élections législatives, départementales, régionales, et maintenant européennes. Florian Philippot, qui ne travaille pas beaucoup, a toujours cru que la médiatisation seule suffisait à assurer une carrière  politique. Le plus moral est quand même de voir que l'OPA sur les Gilets Jaunes a fait "pschitt".

Logiquement, il devrait retrouver son statut de... Je ne sais même pas ce qu'il a fait avant la politique. Je suppose qu'il vient de la fonction publique, à l'instar de tant de politiciens français. Entre nous, je ne vois pas très bien comment cet incompétent personnage va pouvoir échapper au naufrage  politique qui lui tend les bras...


Benoît Hamon 

Encore une victime du socialo-bonapartisme, la première de la liste étant... François Mitterrand en personne. Vous avez bien lu : Mitterrand ! J'en vois qui ont déjà oublié : Mitterrand, c'est la critique systématique du bonapartisme gaulliste, pompidolien, giscardien, quand il était dans l'opposition, et la conversion méthodique à ce même bonapartisme une fois élu président. Résultat des courses : deux septennats, deux cohabitations avec la droite. Et à son départ, qui lui succède ? Jacques Chirac, un cador de la droite la plus bonapartiste.

Le problème de Benoît Hamon, mais aussi d'une bonne partie de la gauche française, c'est l'incapacité dans laquelle se trouvent ces gens de rompre avec cette république autocratique vilipendée en son temps par Mitterrand. Et dire qu'une majorité de votants socialistes avaient fait confiance à Hamon lors des primaires de 2017 ! Mais comme il manque d'esprit scientifique et, du coup, d'humilité, voilà qu'il préfère s'en aller créer un petit groupuscule dont on ne voit pas très bien ce qu'il a d'original par rapport à la famille socialiste, le plus important, apparemment, étant d'apparaître comme le chef indiscuté de sa petite boutique !

Il me semble avoir entendu Hamon déclarer solennellement qu'en cas d'échec à ces européennes, il pourrait prendre des décisions importantes. Quoi par exemple ? Un sabordage de son groupuscule ? Comme si ce n'était pas déjà fait !


Francis Lalanne et les autres guignols "jaunes"

Pauvre "Narcisse Lalanne" (son nom de scène dans le jeu télévisé Fort Boyard) ! En tout cas, son Narcissisme a dû en prendre un sacré coup.  Quant aux autres "jaunes", associés à Dupont-Aignan ou à Philippot, ils avaient pourtant été prévenus, non ?



2. Yannick Jadot

Entre nous, il fallait le voir plastronner au soir des élections ! On aurait dit un coq de basse-cour ! À croire qu'il venait de décrocher le Prix Nobel, ou d'être élu président de la République.

Pour ma part, je persiste à penser que ce gugusse est le candidat idéal pour vous dégoûter de l'écologie.

Nous sommes le troisième parti politique de France, fut sa toute première déclaration devant les micros et les caméras. Tout le monde a compris que Jadot préparait déjà la campagne présidentielle de 2022 ? 


3. Raphaël Glucksman

Le coup passa si près que le chapeau tomba (Victor Hugo). J'imagine le "ouf !" de soulagement qu'on a dû pousser - j'allais dire Rue de Solférino, mais il y a belle lurette qu'il n'y a plus de socialistes à cette adresse parisienne ! - au sein de l'anémique coalition socialo-bobo-parisienne ! Entre nous, voir le Parti Socialiste de feu François Mitterrand se réduire à cette peau de chagrin, quelle misère ! Et comme Glucksman aime les paradoxes, voilà qu'il commence par créer un groupuscule sectaire dans son coin, dans le mode centrifuge, histoire d'affaiblir la famille, puis il fait mine de rassembler tout le monde, dans le mode centripète, mais visiblement par pur calcul, dès lors que, d'une part, il n'a ni l'argent, ni les cadres pour survivre financièrement et, donc, politiquement, et que, d'autre part, son groupuscule (Place Publique) n'a que peu de chances de franchir, seul, la barre fatidique des 5 % requis pour avoir des élus.

Autant dire que Glucksman est aussi peu crédible en socialiste que Jadot en défenseur des petits oiseaux ! Ces deux-là sont partis pour être d'abord des politicards, surtout le second, qui se voit déjà lâchant - s'il ose ! - le Parlement européen pour une candidature à la présidence de la République. Le problème du bobo parisien qu'est Glucksman c'est maintenant de se faire à cette atmosphère "provinciale", tant à Bruxelles qu'à Strasbourg, loin de ses petites habitudes parisiennes. Et c'est ici qu'il faudra surveiller le taux d'assiduité des uns et des autres. Il faut dire que Strasbourg, que je connais bien, est une fort belle ville provinciale, mais ô combien froide en hiver !


4. François-Xavier Bellamy

Il paraît que les résultats de la liste LR n'ont pas été mirobolants. Et voilà la petite camarilla gaullo-pompidolo-giscardo-chiraco-sarko-bonapartiste prise de panique, au point de friser l'hystérie. Voilà que le mal aimé Wauquiez démissionne, coupant par là-même pas mal d'herbe sous le pied de ses détracteurs mis en demeure de faire mieux que lui, et obligeant, par son sacrifice - les joueurs d'échecs comprendront l'allusion - cette pauvre Valérie Pécresse à se saborder littéralement. Pour comble de malheur, voilà que le parrain redouté, Nicolas S., voit le stock de casseroles qui lui collent aux basques se muer en véritable batterie de cuisine, avec ce procès en correctionnelle auquel il ne pourra pas échapper... N'en jetez plus !

Il n'empêche que, n'étant pas un adepte de la lecture purement conjoncturocratique des choses (une élection à la proportionnelle et à un seul tour se situe aux antipodes du modèle cher aux régimes autocratiques et l'on peut raisonnablement penser que ce scrutin européen n'aura que peu d'incidence sur les élections à venir en France), exercice que je laisse à nos politologues et autres politocrates, je persiste à penser que Bellamy a fait une bonne campagne européenne. Et puis, de toute façon, le groupe PPE ne reste-t-il pas la formation la plus importante au Parlement européen ? Il faut croire que, pour nos politocrates, ce n'est qu'un détail !


5. Ian Brossat

Voilà le Parti Communiste français exclu du Parlement Européen à la suite de la rupture du Front de Gauche, le tout malgré la bonne campagne de Brossat. En tout cas, en bon adepte de François Mitterrand, Mélenchon a réussi à phagocyter ses ex-alliés communistes ; tout ça pour quel résultat ?  Ce qui est tout de même étrange, c'est de voir que les communistes peuvent co-diriger une municipalité comme Paris, avec Brossat comme adjoint au maire chargé du logement, mais qu'il leur est impossible de concourir à une élection européenne aux côtés de ces mêmes alliés socialistes. Et comme il n'y a plus de communistes dans le paysage politique européen, autant dire que l'avenir du PC au niveau continental est plus que compromis.


6. Manon Aubry

Bonne candidate, réactive, spontanée, tonique. On sent qu'elle affiche déjà pas mal d'heures de vol, malgré son jeune âge, au contraire d'un Glucksman par exemple. Mais comme je l'affirmai tantôt, mon problème avec Aubry s'appelle Mélenchon !

Nous en reparlerons incessamment.


7. Jordan Bardella

Le jeune premier semble avoir réussi son examen de passage. Lui au moins a eu le courage d'aller aux Antilles, chose que Marine Le Pen s'est bien gardée de faire jusqu'à maintenant. Constatons simplement que les Outre-mer ont failli assurer un triomphe au Rassemblement National, qui l'eût cru ? Aurait-on là les prémisses d'un commencement d'effondrement du présumé "plafond de verre" censé miner les ambitions nationales de l'ex-F. N. ?


8. Nathalie Loiseau 

  Citation (de ma propre prose) :
Découlant de ce qui précède, il se trouve que la totalité des États de l'Union européenne, à une exception près, sont des régimes de type strictement parlementaire, un style d'organisation imposant généralement la mise en place d'une combinaison de forces. C'est dire si ces États (voyez l'Allemagne, l'Autriche ou l'Italie) fonctionnent sur la base de la coalition, autant dire de la négociation et du compromis entre des forces pouvant être antagonistes à la base, tout le contraire du seul régime autocratique de l'Union Européenne : la France, dans lequel un homme seul décide quasiment de tout ! Question : comment vont pouvoir se comporter des élus LREM censés appliquer "la politique voulue par le roi, pardon ! par le président", lorsqu'il s'agira de trouver des compromis, dans le but d'atteindre la barre fatidique des 376 eurodéputés ?  
Et moi qui pensais qu'elle faisait/ferait l'affaire !
Le moins qu'on puisse dire est que rien ne lui aura été épargné, entre le supposé manque de charisme et l'une ou l'autre bévue présumée commise par l'étudiante de Science Po'. Et au risque de surprendre, j'affirme ici que c'est pourtant, et de loin, la plus capée des têtes de liste de ce scrutin européen. Et pour avoir souvent critiqué le "Roi Macron", qui n'a toujours pas compris que la Cinquième République était à bout de souffle, je me dois de reconnaître que Nathalie Loiseau a le parfait profil pour conduire une liste au Parlement Européen, cette institution où l'on débat et négocie énormément, dès lors que l'on n'a pas, comme dans cette république bonapartiste qu'est la France, ces subterfuges anti-démocratiques transformant un 24 % de voix au premier tour en 66 % au second tour d'une élection !
Sauf qu'à peine arrivée à Bruxelles, Mme Loiseau se prend les pieds dans le tapis sous la forme de déclarations bien imprudentes qui lui ont rapidement attiré l'inimitié de bon nombre de parlementaires de son propre groupe (ALDE). Question : mais auprès de qui Nathalie Loiseau a-t-elle pu acquérir autant de mauvaises manières en si peu de temps ?
Il faut dire qu'avec ses 21 élus au Parlement européen, LREM pourrait prétendre à diriger le groupe centriste européen, l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE). Lui-même amené à peser au Parlement - ni les socialistes, ni les conservateurs n'ayant obtenu de majorité absolue.
Mais deux semaines plus tard, rien n'est moins sûr. Car entre-temps, Nathalie Loiseau a (encore) frappé. Maladroite durant sa campagne, l'ex-candidate menant la liste LREM n'a pas fait sa mue une fois arrivée au Parlement européen. Alors qu'elle est en pleines tractations pour décrocher la présidence du groupe centriste, l'ancienne ministre en charge des Affaires européennes s'en est pris devant des journalistes à... une bonne partie de ses collègues. (...)
Lors d'un point presse en "off" [une pratique journalistique qui consiste à ne pas attribuer à une personnalité les propos qu'elle tient, voire à ne pas les mentionner du tout] avec des journalistes français mercredi 5 juin, elle a ainsi estimé que le candidat allemand du PPE (conservateurs) pour la présidence du Parlement européen était "un ectoplasme". Mais aussi que le Belge Guy Verhofstadt, actuel président de l'ALDE - et qui soutient la Française pour lui succéder -, était un "vieux de la vieille qui a des frustrations rentrées depuis 15 ans". Ou encore que Sophie in 't Veld, candidate néerlandaise à la présidence de l'ADLE, "a perdu toutes les batailles qu'elle a menées". (Source : L'Express)
J'avoue que je me suis totalement trompé sur le personnage, en faisant le pari de l'intelligence sur les atavismes. Le problème est que le personnel politique français souffre d'un mal quasiment incurable : le délire de l'autocratie. Et comme je le rappelais dans la citation figurant plus haut, la France est le seul Etat bonapartiste de l'Union Européenne. En clair : un homme seul décide d'à peu près tout, se déchargeant de toute responsabilité apparente auprès de comparses : le gouvernement d'abord, l'Assemblée nationale ensuite. Ce qui fait que les lois sont conçues quasiment de A à Z par le gouvernement, puis arrivent prêtes à être votées au Parlement, où l'on fait mine de les retoucher à la marge, la majorité de ces pseudo-représentants du peuple que sont les députés n'étant là que pour valider les choix du roi élu.

Et c'est sous ce régime autocratique qui méprise les parlementaires que Nathalie Loiseau a pu/dû expérimenter le mauvais usage de l'autocratie et de la suffisance. Et voilà qu'à peine deux mois après avoir quitté son ministère, elle se doit d'endosser une toute nouvelle charge de négociatrice et de diplomate. Raté ! Les mauvaises habitudes ont la peau dure, n'est-ce pas ?



Le problème de Nathalie Loiseau est que sa carrière de parlementaire européenne est quasiment terminée avant même d'avoir commencé ! Tout ce qu'elle va s'appliquer à faire, désormais, ce sera juste de la figuration en tant qu'élue lambda. En voilà une qui doit déjà regretter son ministère douillet des Affaires Européennes. C'est quand même incroyable ! Et dire qu'elle avait reçu plus d'une alerte au cours de la campagne. Et dire que les deux années passées au ministère des affaires européennes auraient pu la préparer à ses nouvelles fonctions en l'aidant à être un peu plus au fait des subtilités de la mécanique parlementaire en vigueur dans toute l'Europe communautaire, hormis en France...

Au fond, j'aurais fort bien pu ranger Nathalie Loiseau dans la rubrique R.I.P. ! 


9. Nathalie Arthaud

Pourquoi ne pas le dire ? Je la trouve bien sympathique, cette bouffeuse de capitalistes, genre "Ma sorcière bien aimée". Il faut dire qu'Arthaud est une intello qui tient des propos d'intellos ; pas une politicarde de pacotille façon Valérie Pécresse ! Alors, on me pardonnera de préférer la gauchiste un peu hystérique à la bourgeoise de droite tellement coincée. À part ça, que d'authentiques militants communistes (PC, NPA/ex-Ligue Communiste... et Lutte Ouvrière) n'arrivent pas à se mettre d'accord sur quelques points essentiels afin de composer une liste, histoire d'envoyer au Parlement européen des représentants de la classe ouvrière, voilà qui me dépasse.


10. Bernard Guetta (liste Renaissance de Nathalie Loiseau)

J'ai parfois commenté les prestations de ce personnage du temps où il officiait sur la radio officielle France Inter, et j'ai toujours estimé que Guetta n'était qu'un journaliste gouvernemental. Le fait est que, si je me suis (un peu) trompé sur le cas de Nathalie Loiseau, le pseudo-journaliste qu'est Bernard Guetta est venu me donner raison. En tout cas, merci à ce guignol d'avoir fini par tomber le masque !


11. Parti animaliste

Bien évidemment, ce micro-parti n'a obtenu aucun élu au Parlement Européen, mais quand même ! 2,2 % des voix, soit le double des suffrages collectés par le "médiatique" Florian Phillippot avec zéro passage médiatique, c'est quand même fort, non ?!


12. Olivier Besancenot

Je sais, le Nouveau Parti Anticapitaliste n'était pas de la partie, mais ce n'est pas du tout l'envie qui leur a manqué ! J'ai même entendu un Besancenot assez honnête pour admettre que là, le parti manquait de moyens pour participer à ces européennes. Dame ! Toutes ces campagnes présidentielles, depuis quoi, cinquante ans, déjà du temps de Krivine, ça a dû coûter un fric fou ! Le tout pour atterrir à 0,5 ou 0,7 % des suffrages exprimés. Question : on parie combien que le NPA aura un candidat à la prochaine élection présidentielle de 2022 ? 


À suivre...


Lectures :  01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06



jeudi 20 avril 2017

Marine Le Pen et le plafond de verre. Episode 10


Entre nous, on ne peut pas dire que Marine Le Pen ait fait une mauvaise campagne présidentielle.

Ce n'est pas un euphémisme, plutôt une litote !

Le Pen n'a pas fait une mauvaise campagne ; il faut dire que ses principaux adversaires n'ont pas été bien flamboyants ; on en reparle bientôt.



Résumons notre propos : tout commence par une interview de Louis Aliot, vice-président du Front National, sur une chaîne de télévision (février 2016). Et là, je saute au plafond en l'entendant déclarer que son parti entendait à l'avenir s'appuyer sur le referendum d'initiative populaire pour régler les questions essentielles de la vie politique française.

Il se trouve que la dernière fois que quelqu'un avait prononcé ces trois mots : referendum - initiative - populaire, c'était l'un des deux débatteurs de l'entre-deux-tours de la présidentielle de... 1995 !

À votre avis, qui, de Jacques Chirac et de Lionel Jospin a, ainsi, déclaré sa flamme pour la démocratie directe ?!

Je vous aide : un septennat plus tard, il n'annoncera pas à la foule éplorée sa décision de mettre un terme définitif à sa carrière politique, puisqu'il aura gagné de nouveau !

Vous avez compris qu'élu en 1995 puis réélu en 2002, Chirac ne trouvera jamais le temps de mettre ses actes en conformité avec cette promesse que des millions de téléspectateurs ont entendue ?!

D'où ma stupéfaction en entendant Aliot à la télévision... Je m'étais, alors, promis de lui écrire pour le féliciter, ce que je ferai, quelques mois plus tard.

Mais, depuis, j'ai fait une incroyable découverte, qui m'a fait re-sauter au plafond, à savoir que ledit referendum d'initiative populaire figurait bel et bien dans le programme présidentiel de Marine Le Pen pour la campagne de 2012, mais était passé inaperçu, la candidate ayant manifestement choisi de s'asseoir dessus !

"Mais comment se fait-il qu'elle n'en ait quasiment pas parlé ? Autrement, je m'en souviendrai, quand même !", n'arrêté-je pas de me demander depuis.

Dans les faits, c'est Louis Aliot qui m'a incité à "pondre" cette série sur le prétendu plafond de verre qui entraverait la marche en avant des élus du FN vers des lendemains qui chantent (cf. les dernières régionales, les présidentielles de J.M. Le Pen hier, de M. Le Pen depuis 2012).

Alors, ce plafond de verre, au bout de dix épisodes ?

Comme je l'annonçais tantôt, j'estime qu'on se le construit souvent soi-même, avec le puissant soutien de professionnels de la communication et de la propagande.

On a vu comment la "grande presse" s'est évertuée à minimiser les propositions de Marine Le Pen, sur le ton du "rien de nouveau sous le soleil...". Par ailleurs, que penser des escadrilles de peaux de bananes que la présidente du FN a dû se coltiner, avec ces affaires judiciaires arrivant opportunément pile-poil au moment du lancement de la campagne présidentielle, ces bouquins paraissant en librairie en rangs serrés et faisant fi de la moindre présomption d'innocence (cf. Marine savait tout...!), ces émissions spéciales à la télévision, avec leur cortège de révélations fracassantes d'anciens collaborateurs de Le Pen ou élus démissionnaires du FN...?









Soit dit en passant, au cas où vous n'auriez pas tout compris, la femme qu'on aperçoit ci-dessus est vraiment une "journaliste" française fort connue !

Mais j'ai, moi-même, émis quelques opinions que je pense correspondre à des avis de gens que l'on est amené à rencontrer ici et là...

Pour ma part, j'estime que lorsqu'on est confronté à un supposé "plafond de verre" copieusement entretenu et poli par des adversaires farouches, on se doit de ne pas contribuer à le renforcer, et ce, d'autant plus que l'élection à la présidence de la République passe par une règle mathématique simple : totaliser au moins 50 % des voix plus une.

Prenons les Musulmans. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont loin de constituer un groupuscule, puisque c'est la deuxième religion de France. Le fait est que les millions de Musulmans de ce pays ne semblent pas très chauds à l'idée de voter pour les amis de Christian Estrosi ou de Nicolas Sarkozy, pas plus qu'ils ne sont emballés par les promoteurs du mariage homosexuel.

Or, que font les élites du FN ou assimilées ? À Béziers, le maire Robert Ménard semble obnubilé par le fichage des bambins selon leur patronyme, censé refléter leur appartenance religieuse. En région PACA, voilà que Marion Maréchal-Le-Pen se plaît à identifier des raisons de hiérarchiser les religions, avec tous les sous-entendus qu'on imagine. À Fréjus, le maire, David Rachline, promu directeur de campagne de Le Pen, s'applique, mordicus, à faire démolir une mosquée pour des raisons de procédure, ce qui eût constitué une première en France.

Et c'est là qu'on se dit : "Mazette ! C'est qu'ils ne veulent pas du tout du vote des Musulmans !".

"Sans nous, vous pouvez gagner, pas contre nous !", pouvait-on lire en gros titre dans une édition du Quotidien Le Figaro, quelques mois avant la présidentielle de 1995. L'avertissement était proféré par de jeunes "Beurs" (Arabes) de France.

Prenons les Catholiques ou, plus généralement, les chrétiens traditionalistes. Le moins qu'on puisse dire est qu'il y a eu maldonne entre certains responsables du FN et ce milieu, notamment à la suite de prises de positions intransigeantes de la mouvance autour de la Manif pour tous. Il me semble que c'est Florian Philippot, vice-président du FN, qui aurait ironisé en évoquant la culture des bonzaïs. (Liens : 2)

Et moi de penser : Le FN se sent-il assez fort pour se brouiller et avec les Musulmans et avec les Chrétiens de France, deux mouvances absolument réfractaires - si l'on excepte quelques Protestants - au mariage homosexuel ? Et, dans ces conditions, comment imaginer, une seconde, pouvoir atteindre les fatidiques 50 % + une voix ?

Je sais bien que le principe du mariage pour tous est remis en cause dans le programme présidentiel de Marine Le Pen, laquelle n'envisage pas de rétroactivité (ce qui tombe sous le sens). Mais alors, à quoi rimaient les mots ironiques de Florian Philippot, et à quoi pourraient-ils aboutir, sinon à pousser "Sens Commun" dans les bras de François Fillon ?

Je rappelle que, dans mon courrier à Louis Aliot, déjà évoqué, j'avais émis quelques doutes sur ce qui me semblait être des hésitations de la présidente du FN, peut-être pas si motivée que ça à l'idée d'entrer à l'Elysée.

Sur ces entrefaîtes arrive la campagne pour la présidentielle. Une lecture attentive des programmes me permet de dire que Marine Le Pen est la seule des "grands candidats" à pouvoir être opérationnelle dès son accès à l'Elysée, face à de présumés "super-premiers-ministres" qui vont devoir attendre la nomination du prochain gouvernement et, surtout, une éventuelle victoire aux législatives, sans quoi, toutes les promesses tomberaient à l'eau.

Bon programme de Le Pen, mais...

D'où me vient, donc, cette étrange et persistante impression de la présence d'un grain de sable dans la machinerie ? 

Prenez Florian Philippot, dont j'ai déjà dit qu'il avait tendance à se faire envahissant dans les médias, surtout si c'est pour faire dans le blablabli-blablabla !

Les captures d'écran qui suivent ont été faites à 24 heures d'intervalle, les quatre premières datant du même jour (matin et soir) ; en clair, Philippot est passé sur la même chaîne de télévision dans la "Matinale" et en soirée, et pour dire quoi, je vous le demande ???
 

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Questions : qu'est-ce que Philippot a bien pu dire le soir, qu'il n'a pas dit le matin du même jour ? Et à quoi peut bien servir le surmédiatisé Florian Philippot dans la bataille féroce censée opposer Marine Le Pen et ses troupes aux cohortes de l'Establishment ?

Vous voulez mon avis ?

J'estime que Marine Le Pen n'a absolument pas besoin de l'emporter à la prochaine présidentielle, mais qu'une éventuelle non qualification pour le second tour aurait des allures d'alerte rouge.

Une avance confortable au premier tour de la présidentielle lui permettrait de marquer l'opinion, tout en narguant, au passage, la cohorte de tous ceux, membre de l'Establishment et du Système, qui lui auraient savonné la planche avec toutes ces "affaires" déclenchées opportunément à quelques encablures de la présidentielle. Le fait est qu'une bonne, voire très bonne performance au premier tour de cette présidentielle contribuerait à banaliser l'enracinement du FN dans les esprits, loin de l'hystérie s'étant emparée du Landerneau politico-médiatique à la suite d'un fameux 21 avril...

Il n'empêche que je maintiens que quelque chose cloche dans la machinerie FN, auquel l'envahissant Philippot n'est pas tout à fait étranger !