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mardi 2 juillet 2019

À propos de Dieudonné. Quelques observations sur ce pays si tolérant qu'est (censée être) la France


Nouvelles brèves du pays de Voltaire... 

Avertissement : à l'attention de mes nombreux visiteurs qui ne vivent pas en France : Dieudonné est, pour dire les choses simplement, le meilleur humoriste français de ce début de 21ème siècle. Et, pour affirmer cela, je me contente de me baser sur quelques données incontestables : par exemple, c'est le seul homme de scène francophone à remplir de grandes salles de spectacle moyennant zéro couverture médiatique ; le seul à faire carrière sans percevoir le moindre salaire d'appoint comme "humoriste officiel" au service d'une radio ou télévision, et ce, contrairement à la quasi-totalité de ses confrères.

C'est aussi le seul et unique humoriste à avoir suscité la confection de sondages auprès du grand public, dans la rubrique : "Ça ne s'invente pas !". 

 
Autre détail important et tout aussi incontestable : autrefois, il y eut les Raimu, Fernandel, Bourvil, Coluche..., identifiables à leur unique nom de scène. Le fait est que, pour l'heure, en France, il n'y a qu'un humoriste dont le prénom suffise à l'identifier, là où tous les autres ont besoin de faire citer leur patronyme (Elie Semoun, Djamel Debbouze, Florence Foresti, Jean-Marie Bigard, etc.). 

Ah, bien sûr, j'allais oublier : Dieudonné passe auprès de certains "bienpensants" (au lexique bien pauvre !) pour un "antisémite", lui qui, par ses amitiés pro-palestiniennes, doit se considérer plutôt comme un champion du pro-sémitisme ou du philosémitisme, les Palestiniens et leurs cousins arabes représentant près de 90 % des Sémites peuplant cette Terre.

Par parenthèse, j'invite ceux et celles que ça intéresse à lire le chapitre consacré aux Juifs dans le Dictionnaire Philosophique de Voltaire, ainsi qu'un petit opuscule qu'on doit à Martin Luther, et intitulé (j'ai une réédition de l'original en allemand) : Von den Juden und ihren Lügen, histoire de se convaincre que Dieudonné se trouve en très bonne compagnie ! Mais ai-je besoin d'ajouter que l'assimilation de l'opposition à la politique - maintes fois condamnée par l'ONU - de l'occupant israélien en Palestine, avec de la judéophobie - terme bien plus indiqué que le prétendu "antisémitisme" - relève, selon moi, de la plus vile crétinerie ?

               Une cathédrale, quelque part en France. Ecclesia et Synagoga, ou l'Église       
 triomphante face à la Synagogue désemparée (aux yeux bandés)
 
 Fin de l'avertissement

À vrai dire, j'étais parti pour afficher, ici même, une simple revue de presse, sans commentaires. Il s'agit d'un article reprenant un autre article... Vous allez comprendre. Lors de la préparation d'un spectacle de Dieudonné, un voisin irascible serait intervenu au volant d'un gros véhicule et serait littéralement entré dans le décor du spectacle, heurtant quelques quidams au passage, ce qui devrait - en principe ! - lui valoir une plainte en bonne et due forme pour tentative de meurtre. Nous verrons ce qu'il en sera par la suite.


Citation
FAITS-DIVERS - Un homme d’une cinquantaine d’années a légèrement blessé quatre personnes dimanche 30 juin dans la soirée en fonçant en voiture sur une scène que s’apprêtait à occuper le polémiste Dieudonné, sans savoir apparemment que celui-ci s’y produirait, ont indiqué les gendarmes à l’AFP.
L’homme, a expliqué le colonel Rénald Boismoreau, commandant du groupement de l’Yonne, est un voisin de la personne chez laquelle Dieudonné devait donner son spectacle dimanche à Neuvy-Sautour.
Vers 18h00, il est venu demander aux régisseurs à qui était destinée la scène qu’ils étaient en train de monter. “Un peu sur les nerfs, il semblait redouter un spectacle bruyant”, a expliqué le colonel. Comme il n’obtenait pas de réponse satisfaisante, il a foncé en voiture en direction de la scène.
Deux des personnes en sont tombées et se sont légèrement blessées dans leur chute. L’homme a mordu une troisième personne et en a frappé une quatrième. Mais aucune n’a été hospitalisée et elles ont pu assurer le spectacle devant 200 personnes, a précisé le colonel Boismoreau.
Une enquête a été ouverte pour violences volontaires. L’homme était toujours en garde à vue dimanche en fin de soirée à la brigade de Saint-Florentin, tandis que les témoins défilaient devant les gendarmes, avant de partir lundi pour une autre ville. Ce voisin irascible, qui suivrait un traitement à base d’anxiolytiques, a indiqué ne s’être rendu compte qu’après coup de qui était l’artiste attendu, selon le colonel Boismoreau.
“Les faits commis n’ont aucun lien avec la présence de Dieudonné”, a estimé de son côté la procureure d’Auxerre Sophie Macquart-Moulin.
Dieudonné M’Bala M’Bala a été condamné à de multiples reprises pour ses propos antisémites ou négationnistes. Egalement pour fraude fiscale ou abus de biens sociaux notamment.
Il ne se produit plus pratiquement que chez des particuliers, et les lieux précis sont annoncés à la dernière minute aux personnes inscrites. Sur les réseaux sociaux, Dieudonné a présenté...

Retrouvez cet article sur le Huffington Post

Fin de citation


Je ne ferai qu'un seul commentaire, consistant à m'interroger sur la pertinence - suite à la question : "quel rapport avec le fait divers ?" - de l'incise mise en exergue ci-dessus : "Dieuconné M... a été condamné...".

Ça doit être ça, leur conception du journalisme !

Mais vous connaissez mon appétence pour les forums de discussion - la seule chose qui m'intéresse vraiment quand je consulte des sites en ligne -, qui donnent la parole aux vraies gens, même si je n'en ai pas sur ce blog, dès lors que je ne supporte pas les fautes d'orthographe et de syntaxe, tout en revendiquant le droit -  pour tout bon dactylographe - de commettre ici ou là quelques coquilles pour cause de frappe (trop) rapide !

Donc, sur le site yahoo.fr, on a ce forum dont j'extrais ce qui suit. 




Observons, en passant, que le "téléphone arabe 2.0" semble avoir fait son oeuvre, puisque, malgré tous les efforts des gazettes, d'aucuns semblent informés de l'identité de l'agresseur, un médecin nommé Gilles C... 

By the way, par parenthèse, s'il vous vient l'envie et la curiosité d'inspecter les sites en ligne à propos de ce fait divers, vous constaterez que l'ensemble des articles de presse se bornent à reproduire, à la virgule près, le même papier, visiblement concocté par l'AFP (Agence France Presse). Du vulgaire copié-collé, donc. Vous comprenez maintenant pourquoi il y a de moins en moins de "journalistes" ? Puisque c'est l'AFP qui se charge de tout le boulot !

Question : au vu des prises de position précédentes, pensez-vous que le grand public soit (encore) sensible à la doxa ambiante en vigueur dans la grande (et petite) presse ? 

Question subsidiaire : ne serait-ce pas là l'explication du succès jamais démenti de Dieudonné auprès d'un public qui ne lui a jamais tourné le dos ?

C'est ici que j'adresserais volontiers un petit message à notre presse (quasi) officielle, de plus en plus moribonde si j'en juge par les tirages, toujours plus faibles : "Il va pourtant falloir que vous compreniez, une fois pour toutes, que ce que vous n'avez pas fait, vous aurez le plus grand mal à le défaire !". 

Last but not least, dans la rubrique "pédagogue un jour, pédagogue toujours", j'aime bien que les visiteurs de ce blog repartent d'ici en étant un peu plus riches (intellectuellement) que lors de leur connection. C'est peut-être prétentieux, mais bon, à chacun ses lubies ! Et puis, comment ne pas reconnaître, par pure honnêteté intellectuelle, que d'autres font aussi du bon (ou mauvais !) travail ? D'où la présence systématique de liens hypertexte complétant mes articles. 



Liens : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 - 08 - 09

Autre chose ? Dans la rubrique "Kaum zu glauben!" (c'est de l'allemand) : suivez le lien...



jeudi 21 juin 2018

Philologie, philosophie, retour sur une imposture bien française, et qui dure...


Les visiteurs de ce blog qui ne connaissent pas la France doivent savoir que tous les ans, vers la mi-juin, les élèves de fin d'études secondaires passent ce qu'on appelle ici le BAC, abréviation de Baccalauréat, l'équivalent de l'allemand "Abitur" ou "Matura", passage obligé vers l'université et les études supérieures en général.

Et là, à chaque fois, la première épreuve porte sur ce qu'on appelle ici la "philosophie", et à chaque fois, les sujets ressemblent à ça :
Toute vérité est-elle définitive ?
La culture nous rend-elle plus humain ?
L'existence peut-elle être trompeuse ?
Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
La société moderne nous rend-t-elle insensible à l'art ?
Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

Par parenthèse, en ce qui concerne le deuxième sujet, je m'étonne de l'absence du pluriel à "humain". Parce que moi, j'aurais, en bonne logique, écrit "...nous rend-elle plus humains ?".

Pourquoi écrire "humains", allez-vous me demander ?

Vous ne voyez pas pourquoi ? Patience ! On y reviendra tout à l'heure.

Commençons par un commentaire sur les sujets, et là, je me contenterai de citer un intervenant sur le site du quotidien "Le Monde", avec la réponse d'un des modérateurs du site, qui doit être professeur de philosophie.
Copernic, désert, Galileo Galilei, inquisition, lybique, Monod, philologie, philosophie, Sartre, Théodore, Tribunal, BAC, baccalauréat, lycée, terminale, université, Parcours, Sup, Blanquer

"La vérité, le bonheur, blabla...". C'est que l'internaute a mille fois raison, tant les sujets se ressemblent d'une année sur l'autre !

Mais pourquoi diable les sujets du BAC-Philo se ressemblent-ils autant, d'année en année ?

Le fait est qu'en France, on appelle cela "philosophie", alors qu'en toute rigueur sémantique, on devrait parler de "philologie", une discipline universitaire malheureusement tombée en désuétude de nos jours.

Du coup, tout le monde, ici (en France), persiste à confondre le "logos" (le discours) - cf. φιλολογία : amour des lettres -  et la "sophia"/σοφία  (la connaissance).

Les Allemands disent, par exemple : ich weiß : je sais, du verbe 'wissen' : savoir, de la même famille, évidemment, que  "Wissenschaft" : la Science. Et partant, on a 'die Weisheit' : la sagesse (= la connaissance ; pensons à 'l'arbre de la sagesse' de la Genèse...) ; 'der Weise' : le sage (celui qui sait des choses).

Par conséquent, en s'appuyant sur la sémantique de l'Allemand, on comprend qu'amour de la connaissance signifie littéralement amour de (= appétence pour) la science, donc amour de la sagesse, les deux étant liés.

Et partant, on en déduit que la philosophie est une discipline authentiquement scientifique.

Par ailleurs, on peut savoir des choses sans nécessairement devoir en parler, comme c'est largement vérifié dans les pratiques ésotériques, où celui qui en savait le plus était presque toujours celui qui en disait le moins. Je me souviens fort bien d'une interview du maître luthier Etienne Vatelot, avouant à l'intervieweur qu'il s'enfermait à double tour dans son laboratoire pour touiller les vernis dont il enduisait violons, alti et violoncelles, histoire de ne pas se laisser espionner, pas même par son entourage (!), imitant en cela son propre père, à qui il a dû littéralement extorquer ses secrets de fabrication. Chez les Vatelot, la connaissance, ça se méritait, et l'apprenti devait faire ses preuves, fût-il le fils du maître des lieux !

Voyez les anciens Egyptiens : les archéologues ont-ils découvert un seul traité sur l'art d'embaumer les morts ? Bien sûr que non ! Les savants de l'époque ont disparu avec tous leurs secrets.

Le problème est que, de nos jours, les imposteurs ont pignon sur rue, qui se baptisent "philosophes" tout simplement par ce qu'ils défilent devant les micros des radios ou les caméras de télévision en parlant beaucoup, généralement pour aligner des banalités, qu'ils agrémentent de citations du type : "Nietsche disait...", ou encore : "Dans tel ouvrage, Tocqueville explique que... et blablabli, et blablabla...", tant il est vrai que nos "philosophes" d'aujourd'hui sont absolument incapables de mettre un pied devant l'autre sans devoir s'appuyer sur ces inévitables béquilles que sont les "grands anciens", qu'on cite à tire-larigot, simple exercice de compilation de concepts amassés ça et là, avec virtuosité, certes, mais cela fait plutôt penser à la virtuosité de bons manieurs de bonneteau, jonglant avec les mots comme d'autres bonimenteurs de foire jonglent avec les gobelets pour gruger le gogo de passage.

Pour ma part, je me souviens fort bien de ce grand philologue français : Jean-Paul Sartre, coutumier des interviewes radiodiffusées, et tout particulièrement d'une célèbre émission, aujourd'hui disparue : Radioscopie. Il faut dire que Sartre était un virtuose de la manipulation verbale ; pas du tout désagréable à entendre, du reste, mais tout sauf un amoureux de la connaissance, lui qui n'était qu'un littéraire !

En revanche, je vous citerai quelqu'un que je tiens personnellement pour être un des deux plus grands philosophes français du siècle dernier (l'autre étant Albert Schweitzer, déjà évoqué ailleurs sur ce blog), tant son érudition scientifique était immense : Théodore Monod, un authentique amoureux de la connaissance, lui : naturaliste, géographe, géologue, botaniste, grand voyageur, qui a dû arpenter je ne sais combien de fois ce qu'il appelait "le désert libyque", et même poète à ses heures. Un véritable homme de science, en un mot, un philosophe.  

Mon avis sur les sujets de "philologie" au BAC ? Je les trouve inintéresants, plats, sans relief. Et, par ailleurs, ils permettent de bien comprendre les vraies raisons du marasme existant dans l'Université française, les élèves sortant du lycée étant généralement très mal préparés aux études universitaires dans l'acception la plus large du terme "université", comme "univers" !

Le fait est que, pour maîtriser un tant soit peu le monde universitaire, il faut préalablement acquérir un bagage conséquent en termes de culture générale, j'allais dire "universelle" mais ce serait excessif !

Ça tombe bien : il est question de "culture" dans le deuxième sujet mentionné plus haut : "La culture nous rend-elle plus humains ?". Il se trouve que je tiens particulièrement à ce pluriel !

Entre nous, qu'est-ce qu'une "culture" sinon la production d'une collectivité, et ce, au moins à deux niveaux : dans le temps et dans l'espace ?

Il s'ensuit que notre culture ne saurait être une création individuelle, même si, à titre individuel, les plus inventifs d'entre nous peuvent y contribuer. Le fait est que nous en héritons de nos ancêtres (cf. à commencer par la langue maternelle) ainsi que de l'environnement social dans lequel nous évoluons.

C'est, donc, ensemble - je veux dire dans le cadre d'une société humaine - que nous sommes censés devenir humains. Les exemples fameux des enfants dits "sauvages" sont là pour nous rappeler qu'un petit humain élevé parmi des animaux aura du mal à tenir debout, à manger avec fourchette, cuiller ou baguettes, à faire ses besoins proprement, voire tout simplement à parler, toutes activités acquises au sein du groupe social constitué par les parents, amis, pairs, etc.

La question évoquée (cf. sujet n° 2) est, donc, mal formulée ; et c'est ce que j'aurais probablement rédigé en introduction à ma dissertation si j'avais eu à passer mon BAC cette année...

Et tout le reste est à l'avenant : vérité, amour, travail, liberté..., rien que des généralités que les élèves sont censés débiter en les truffant de citations... Le blabla habituel !

Mais j'en entends qui vont me demander : "Et ce serait quoi, selon vous, un bon sujet de PHILOSOPHIE au BAC ?".

Quelque chose qui relèverait, précisément, de la culture générale, et conviendrait à des élèves ayant une grande appétence pour la connaissance en général, et pour les sciences en particulier. Et comme il s'agit de culture générale, la chose n'est pas censée avoir été étudiée en classe durant l'année scolaire, ce qui va nous permettre d'identifier précisément qui détient de la culture générale et qui en manque cruellement.

Je vais vous suggérer un sujet, pris au hasard ; ça tient en trois mots : 
                             Eppure si muove!
J'imagine sans mal les élèves découvrant ce sujet, jamais abordé en classe, et commençant à s'arracher les cheveux !

Les plus nombreux des élèves, parmi lesquels se retrouveront les moins studieux (ou les plus stupides, imaginons certains adorateurs de la Playstation et des jeux vidéo...) vont commencer par s'interroger sur la langue. Parce qu'en plus, ce n'est même pas du français ! Au secours !

Mais vous aurez aussi un petit noyau dur d'élèves un peu plus futés que les autres, et qui, soit sauront immédiatement de quoi il retourne, soit reconnaîtront la langue et se livreront à des déductions judicieuses.

La langue ? C'est de l'italien. Mettons que l'on ne sache pas ce que signifie "eppure" ; mais "si muove" devrait vous faire penser à "se mouvoir", non ? 

"Il ou elle bouge...", mais oui, bien sûr  ! "Et pourtant, elle bouge !", ou "Et pourtant, elle tourne !". Ben oui : Galilée, lors du fameux procès en abjuration que lui fait l'Inquisition Catholique. Il renonce à toutes ses thèses scientifiques, notamment sur le système solaire et les planètes, et aurait tout de même murmuré dans sa barbe : "Et pourtant, elle tourne (la Terre autour du soleil) !". 

Il y a une pratique courante, que je n'applique pas à ce blog, obligatoire lorsque vous faites paraître un article dans une revue d'un certain standing, consistant à introduire votre article avec deux choses : un chapeau (résumé) et une liste de mots-clés (en anglais keywords).

Alors, imaginons que l'un ou l'autre élève applique cette méthode et introduise son travail par un résumé.

On a notre résumé : Galileo Galilei contraint de se dédire devant le Tribunal de l'Inquisition - qui lui promettait le bûcher dans le cas contraire - tout en se persuadant qu'un jour, les faits lui donneraient raison.

Quant aux mots-clés, un bon élève de Terminale avec un peu de culture générale devrait mentionner l'Inquisition Romaine ainsi que des noms comme Copernic, sans oublier des concepts comme astronomie, géocentrisme, héliocentrisme.

Un bon résumé introductif et les mots-clés qu'il faut, et j'estime que l'élève doit avoir au moins la moyenne. Nul besoin de connaître les dates par coeur. L'essentiel est ailleurs.

En clair, nous avons là un authentique sujet de Philo...sophie au BAC, susceptible de mobiliser tout ce qu'un élève moyennement studieux devrait pouvoir développer sur une question importante concernant la lente et irréversible décadence d'une Eglise Catholique jusque là toute puissante (ça commence par des considérations purement techniques autour de la rotondité de la Terre et de sa "non-centralité" au sein de l'Univers, pour aboutir, fort logiquement, à une "disputatio" autour de la religion catholique et de ses dogmes...) et qui allait voir son pouvoir sans cesse contesté par toute une gamme de courants qualifiés d'hérétiques - cf. Martin Luther et la Réforme protestante en Allemagne, les Cathares en France... -, alors même que, parallèlement à ces soubresauts idéologiques, s 'opéraient - ou s'étaient opérées - les premières grandes découvertes tant en géographie (Magellan, Christophe Collomb...) qu'en astronomie (Copernic), zoologie, etc., le tout sous la pression de quelques personnalités remarquables, notamment des savants et inventeurs prenant souvent le risque physique de finir sur un bûcher pour avoir osé contrecarrer l'idéologie dominante.

Et lorsqu'on évoque la déconfiture inexorable de la dictature de l'Eglise, il ne faut pas oublier le rôle décisif joué par de grands artistes, à l'instar de ceux de la Renaissance (soit un bon siècle avant Galileo Galilei) avec le retour à l'Antiquité gréco-romaine, dont tout le monde a pu voir que ses références étaient païennes, c'est-à-dire aux antipodes de la culture de la feuille de vigne ! (1)

On résume ? 
BAC, baccalauréat, Copernic, désert, Galileo Galilei, inquisition, lybique, lycée, Monod, Renaissance, Vermeer, philologie, philosophie, Sartre, Sup, terminale, Théodore, Tribunal, université, van, delft

Imaginons que je sois le ministre de l'Éducation Nationale de quelque pays actuel ; prenons par exemple la France. Après moult concertations, je convaincs les lycéens et leurs parents de la nécessité de supprimer l'épreuve de philosophie du BAC, voire la discipline dite "philo" en Terminale. Et je m'apprête à récolter, dans la foulée, des myriades de protestations incantatoires de la part des groupes de pression habituels, en tête desquels on aura les syndicats d'enseignants, que je vais m'empresser de rassurer en instaurant immédiatement une discipline dite "culture générale" et enseignée dès la Sixième des collèges. Et c'est cette matière qui remplacera la "philo" au BAC ; de quoi réjouir tous les profs de philo, dont il faudra décupler les effectifs, dès lors que la discipline - étendue à l'histoire des sciences, des courants idéologiques, religieux, politiques, artistiques... - occupera les élèves sur la totalité de leur parcours dans le secondaire, soit sur sept années au lieu d'une seule.

Et là vous verriez arriver à l'Université des sujets disposant du bagage culturel minimum pour affronter des disciplines aussi exigeantes que les Lettres, le Droit, l'Économie, l'Histoire, la Géographie, la Sociologie, etc., disciplines que l'on regroupe généralement sous le label "Sciences Humaines".

Mais comme je ne suis pas (complètement) idiot, j'entends d'ici l'objection : "Mais monsieur, il y a déjà un enseignement de l'Histoire, de la Géographie, de la Physique, des Sciences Naturelles... au collège et au lycée !".

J'entends bien les arguments, et j'y répondrai en prenant quelques exemples. Commençons par Archimède, abordé en physique au collège (tout corps plongé dans un liquide subit une poussée...), de même que Pythagore est abordé en maths (un célèbre théorème sur les côtés du triangle rectangle). Question : connaissez-vous beaucoup de profs de physique et de maths qui inscrivent les découvertes des savants grecs, babyloniens et autres dans le contexte historique de l'époque ? Pour mémoire, Archimède était bien à Syracuse lors d'un fameux siège de la ville. Qui en parle ? Le prof d'histoire, et plutôt vers la Sixième ou la Cinquième, soit tout au début du collège. 

Un autre exemple : les suites arithmétiques, déjà pratiquées du temps d'Archimède : je place 'x' grains de riz sur la première case d'un échiquier, le double sur la deuxième case... combien de grains de riz sur la case de rang 'n' ? Entre nous, connaissez-vous beaucoup de profs de maths qui commencent par instruire leurs élèves sur les conditions de vie et l'ambiance intellectuelle et politique régnant dans la Grèce antique ou l'Egypte pharaonique, chez les Perses ou les Indiens... ?

Dernier exemple : trouvez-moi un futur bachelier 'S' (scientifique) qui connaisse l'origine du zéro !

Et c'est bien là le problème : au collège et au lycée, chaque prof enseigne son bout de matière dans son coin, et très peu nombreux sont ceux qui ont une vision "globale", pour être pompeux, je dirais "holistique", des disciplines. Le résultat en est que les plus brillants de nos lycéens (sur un plan purement technique, ceux qui s'orientent vers la filière dite royale 'S' : maths, physique, chimie...) sont souvent, par ailleurs, phénoménalement incultes dès que l'on sort de leur domaine de confort ou de spécialité.

Par parenthèse, faites la liste des détenteurs/trices d'un Prix Nobel, et vous constaterez qu'ils proviennent, à peu près tous, de l'Université ; je veux dire qu'il n'y figure pas un seul ingénieur ! C'est particulièrement vrai en France, ce pays où l'on voue, pourtant, un véritable culte à ce qu'on appelle, ici, les Grandes Écoles d'Ingénieurs. Toujours est-il que c'est encore à l'Université que s'acquiert la quintessence de la connaissance et de la culture. Et, histoire d'enfoncer le clou, rappelons que le titre de docteur ne s'acquiert qu'à l'Université et qu'il est situé bien au-dessus (BAC + 8 ss.) de celui d'ingénieur (BAC + 5).

Cela dit, ne rêvons pas ; en France, les pesanteurs sociologiques et corporatistes sont très fortes (2), et d'ici à ce que quelque chose de patent survienne au BAC, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts, et tant pis pour tous ces brillants bacheliers qui vont connaître échec sur échec dans le supérieur (surtout en Sciences Humaines) faute d'un équipement intellectuel et méthodologique conséquent. (3)

J'en parle d'autant plus volontiers que j'ai été (aussi) professeur à domicile, ce qui veut dire que l'on (les parents) m'appelait quand tout semblait foutu ! Et là, je déconcertais toujours mes sujets en leur posant des questions sans le moindre rapport (apparent) avec le sacro-saint programme. Ah le programme ! 

Je revois encore cette jeune fille de bonne famille (cf. le grand ensemble haussmannien sur l'Avenue Foch, à Paris, en face de la 'FAC Dauphine'). Le programme du BAC (anglais) comportait divers sujets, dont la question de l'immigration. Il y avait dans la liste des auteurs un grand écrivain états-unien, dont on pouvait supposer qu'il fût d'origine européenne (mais ne le sont-ils pas dans leur immense majorité ?), ce qui m'a amené à interroger la jeune fille sur Ellis Island

- Ellis Island ?, me rétorque-t-elle, je n'en ai aucune idée ! Mais ce n'est pas dans le programme ! - Oui, et alors ! lui ai-je répondu. Et si vous ne savez pas ce que c'est, il va falloir combler cette lacune dare-dare ! - Mais ce n'est pas dans le programme ! s'énerve-t-elle. Et moi de m'énerver à mon tour : - Ecoutez, si je suis là, c'est parce que vous avez souhaité que quelqu'un vous aide pour le BAC, non !? Alors, vous faites ce que je vous dis ! Et sachez, en tout cas, que pour tout migrant partant pour les Etats-Unis depuis l'Europe, à une certaine époque, le voyage se faisait par bateau, et aboutissait inévitablement à Ellis Island... Vous comprenez pourquoi ça peut être important ?

Je l'ai, donc, invitée à se documenter sur la Statue de la Liberté sur Liberty Island, conçue par un Français (ce qui ne figurait pas au programme !), mais, surtout, située non loin d'un autre îlot, au milieu de la baie de New York, îlot hébergeant un célèbre centre de tri des immigrants venus d'Europe... Je lui ai aussi parlé d'un fameux film de Charlie Chaplin.

Les semaines passent. Et puis, un jour, le téléphone sonne. Je reconnais la voix toute excitée de la jeune fille, hurlant presque, à m'arracher le tympan : "Je l'ai eu, je l'ai eu !"

- Vous avez eu quoi ? lui demandé-je perfidement ? - Mais le BAC ! Et vous savez quoi ? À l'oral d'anglais, je suis tombée sur le récit de quelqu'un qui raconte son arrivée à New York, après avoir traversé l'Atlantique sur un paquebot, pour atterrir à Ellis Island, subir tous les tests... L'examinatrice m'a félicitée pour ma culture générale. Elle n'en revenait pas. C'est que vous en savez des choses, mademoiselle ! m'a-t-elle dit, en me félicitant.

Ils disent comment déjà, les "jeunes" : LOL ? Ou encore M.D.R. (mort de rire) ? Et dire que tout cela n'était pas vraiment au programme ! 

By the way, par parenthèse, il me vient à l'esprit un autre sujet pour le BAC philo, et celui-là tient en un seul mot :

Nazca (4)



(1) Si vous ne comprenez pas l'allusion à la feuille de vigne, lisez la Genèse et le bannissement d'Adam et Eve du Jardin d'Eden... Sinon, il y a là un article à ne pas mettre forcément entre toutes les mains, et dont j'ai retiré l'image qui suit, une image somme toute archi-conventionnelle, pour qui visite régulièrement les musées (maintenant ; ce n'était [n'est] pas forcément le cas autrefois, ni partout dans le monde !).

Source
(2) Il y a quelques années maintenant, la Ville de Paris (Bertrand Delanoé en est le maire) lance une grande campagne de concertation pour aménager intelligemment les activités périscolaires l'après-midi. Dans leur immense majorité, les parents d'élèves approuvent l'initiative. Le projet est sur le point d'aboutir quand... les enseignants se mettent en grève, pour quelles raisons ? On ne sait toujours pas ! 

Citation :
Pour SUD Éducation, qui n’a jamais été dupe des intentions de l’administration et de la mairie et de leur consultation truquée, il est indispensable de s’opposer à un projet qui, non seulement ne répond en rien aux revendications de réduction du temps de travail, d’amélioration des rythmes scolaires et des conditions de scolarité, mais aussi porte en lui les germes de sacrés dangers pour l’école primaire (dans ses rapports à la municipalité et aux marchands divers), pour les personnels (flexibilité du temps de travail, statut, temps de concertation), pour les relations entre les enseignants et les parents, pour les animateurs municipaux (avec un service sur 6 jours !) et, bien sûr, pour les élèves qui feraient les frais de cette dégradation.
Je rappelle que cela se passe en 2002-2003 et ss. Pour ma part, je suis à l'époque en contact étroit avec plein de familles parisiennes. Il faut quand même savoir que la municipalité avait eu l'outrecuidance de se rapprocher de "sponsors" privés pour encadrer certaines activités, à l'instar de la maison Yamaha, pressentie pour fournir des claviers électroniques aux écoles parisiennes. Introduire de la pratique musicale à l'école ? Quelle idée saugrenue aux yeux de nos syndicats, qui parlent, dans leur tract, de "marchands divers". Il est aussi question de "consultation truquée"... Ben oui, quoi ?! Consulter les parents d'élèves sur l'avenir de leurs enfants, quelle drôle d'idée !!!

(3) Paris IX-Dauphine passe pour l'université parisienne la plus cotée, avec ses 80 % de réussite en licence dans les temps impartis (soit une licence en trois ans). La plupart des autres FACs font beaucoup moins bien, forcément. Pourtant, 80 % de réussite, ça veut dire qu'un étudiant sur cinq n'obtient pas sa licence dans les trois années imparties, soit 20 % d'échec. Imaginez un peu un chirurgien qui tuerait 20 % de ses patients, ou un aéroport sur lequel un décollage ou un atterrissage sur cinq se traduirait par un crash ! Juste inimaginable, n'est-il pas ? Tandis qu'à l'université, on s'accommode bien d'un petit 80 % de réussite en licence, et ce, malgré des conditions d'accès particulièrement sélectives !

(4) Ce site péruvien était déjà assez fascinant ; mais dans la rubrique "C'est nouveau, ça vient de sortir...", il semble que l'on en ait découvert un autre, encore plus ancien, encore plus extraordinaire, le tout en recourant à des drones. Un tel sujet, proposé au BAC, est censé récompenser ceux des élèves qui se tiennent au courant des actualités, au détriment de tous ces "faux branchés" passant l'essentiel de leur temps avec le nez sur un écran à consulter Facetruc ou Instamachin...


Nota beneAristarque de Samos (Grèce, Samos 310-230 av. J.-C.). Astronome. Pense que la terre tourne sur elle-même et autour du soleil. Calcule la distance à la terre de la lune et du soleil.

mercredi 15 août 2012

Hommage à Roger Garaudy


Roger Garaudy (1913-2012) est l'un des plus grands penseurs français de la période contemporaine. Un authentique penseur ; je veux dire pas un de ces vulgaires "agrégés de philo...logie" qui se font passer pour les philosophes qu'ils ne sont pas ! Et parce qu'il fut un authentique penseur, et pas un vulgaire compilateur de la pensée des autres ni un de ces cuistres de studio de radio ou de plateau de télévision, qui passent le clair de leur temps à s'entendre causer, Garaudy se vit blackboulé - comme on dit chez les françs-maçons - par les médias officiels, interdit d'antenne un peu partout, personne n'ayant les c... pour oser l'affronter en débat contradictoire, à l'instar de ce qui arrive actuellement au meilleur humoriste français, Dieudonné M'bala M'bala.

Et voilà la France se découvrant inquisitoriale, ou stalinienne, à l'instar d'une vulgaire dictature albanaise ou nord-coréenne, au point de ne même pas oser évoquer dans les médias la récente disparition de Garaudy . Mais des médias aux ordres de qui ? De quel chef d'orchestre ? Il faut croire qu'ils sont puissants, les ordonnateurs occultes qui dictent aux médias leur ligne de conduite. Autrefois, c'était l'Église catholique qui avait le pouvoir de vous traîner sur un bûcher pour un mot de travers. À l'époque, on se réclamait du droit divin et tout blasphème était passible de la peine de mort. Aujourd'hui, nous sommes censés baigner dans un univers de félicité et de liberté de penser et de s'exprimer, ce qui explique que nos grands inquisiteurs rasent les murs et agissent en catimini.

Roger Garaudy a disparu le 13 juin 2012 et je m'étais promis de lui consacrer quelques lignes, en attendant une étude plus détaillée sur laquelle je travaille actuellement. Il se trouve simplement que les principales thèses contenues dans son fameux pamphlet sur "Les mythes fondateurs...", qui lui a valu d'être effacé des tablettes officielles par les tenants du stalinisme, ont été - les thèses - largement reprises ailleurs, notamment dans des ouvrages fameux de Norman Finkelstein et Shlomo Sand, lesquels n'ont eu droit - allez savoir pourquoi - à aucun procès ni à aucun autodafé de leurs ouvrages.

Mais qu'importe la couardise de la grande presse et des médias "officiels". Grâce à l'Internet, nous vivons une révolution culturelle aussi décisive que la prise en main de l'imprimerie par les paysans allemands - les premiers paysans lettrés de l'Histoire et inventeurs des tout premiers tracts (en allemand : Flugblatt ; plur. Flugblätter) -, qui allait conduire à la victoire des idées de Luther dans l'espace germanique. Et force est d'admettre que l'Internet est devenu un espace d'expression démocratique à nul autre pareil.

La liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas, s'amuse à répéter le Canard Enchaîné ; et entre nous, je ne vois pas très bien qui pourrait venir, là maintenant, décider à ma place de ce que je devrais dire ou ne pas dire, penser ou ne pas penser, écrire ou ne pas écrire !

En guise d'hommage à ce grand homme qu'était Garaudy, j'ai choisi de reproduire un extrait de la préface des "Mythes fondateurs...", ouvrage largement accessible sur l'Internet comme l'essentiel de la production du philosophe.




POURQUOI CE LIVRE ? 

Les intégrismes, générateurs de violences et de guerres, sont une maladie mortelle de notre temps. 

Ce livre fait partie d'une trilogie que j'ai consacrée à les combattre :  Grandeur et décadence de l'Islam, dans lequel je dénonce l'épicentre de l'intégrisme musulman : l'Arabie Saoudite. J'y ai désigné le Roi Fahd, complice de l'invasion américaine au Moyen-Orient, comme "prostituée politique", qui fait de l'islamisme une maladie de l'Islam. 

Deux ouvrages consacrés à l'intégrisme catholique romain qui, tout en prétendant "défendre la vie", disserte sur l'embryon, mais se tait lorsque 13 millions et demi d'enfants meurent chaque année de malnutrition et de faim, victimes du "monothéisme du marché" imposé par la domination américaine. Ces ouvrages s'intitulent : Avons-nous besoin de Dieu ? et Vers une guerre de religion ? (contre le monothéisme du marché). 

Le troisième volet du triptyque: Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, dénonce l'hérésie du sionisme politique qui consiste à substituer au Dieu d'Israël l'Etat d'Israël, porte-avions nucléaire et insubmersible des provisoires maîtres du monde : Les Etats-Unis, qui entendent s'approprier les pétroles du Moyen-Orient, nerf de la croissance à l'occidentale. (Modèle de "croissance" qui, par le truchement du F.M.I., coûte au Tiers Monde l'équivalent en morts d'un Hiroshima tous les deux jours). 

Depuis Lord Balfour, déclarant, lorsqu'il livrait aux sionistes un pays qui ne lui appartenait pas : "Peu importe le système mis en œuvre pour que nous conservions le pétrole du Moyen-Orient. Il est essentiel que ce pétrole demeure accessible." (Kimhe John, Palestine et Israël, Ed. Albin Michel, 1973, p. 27), jusqu'au secrétaire d'Etat américain, Cordell Hull : "Il faut bien comprendre que le pétrole d'Arabie Saoudite constitue l'un des plus puissants leviers du monde" (ibidem, p. 240), une même politique assigne la même mission aux dirigeants sionistes israéliens, celle qu'a définie Joseph Luns, ancien secrétaire général de l'O.T.A.N. : "Israël a été le mercenaire le moins coûteux de notre époque moderne." (Nadav Shragaï, Haaretz du 13 mars 1992). 

Un mercenaire pourtant bien payé puisque, par exemple, de 1951 à 1959, deux millions d'Israéliens ont reçu, par tête, cent fois plus que deux milliards d'habitants du Tiers Monde ; et surtout mercenaire bien protégé: de 1972 à 1996, les Etats-Unis ont opposé trente fois leur veto, aux Nations Unies, à toute condamnation d'Israël, alors que ses dirigeants appliquaient leur programme de désintégration de tous les Etats du Moyen-Orient, programme exposé par la revue Kivounim (Orientations) , février 1982, p. 50 à 59, à l'époque de l'invasion du Liban. Cette politique repose, grâce à l'appui inconditionnel des Etats-Unis, sur l'idée que la loi internationale est un "chiffon de papier" (Ben Gourion), et que par exemple, les résolutions 242 et 338 des Nations Unies, qui exigent qu'Israël se retire de la Cisjordanie et du Golan, sont destinées à rester lettre morte, de même que la condamnation unanime de l'annexion de Jérusalem, que même les Etats-Unis votèrent, mais en excluant toute sanction. 

Une politique aussi inavouable en son fond exige le camouflage que mon livre a pour objet de dévoiler. 

D'abord, une prétendue justification "théologique" des agressions par une lecture intégriste des textes révélés, transformant le mythe en histoire : le grandiose symbole de la soumission inconditionnelle d'Abraham à la volonté de Dieu, et sa bénédiction de "toutes les familles de la terre", transformé en son contraire tribal : la terre conquise devenant "terre promise", comme chez tous les peuples du Moyen-Orient, de la Mésopotamie aux Hittites et à l'Egypte. 

Il en est de même pour l'Exode, cet éternel symbole de la libération des peuples contre l'oppression et la tyrannie, invoqué aussi bien par le Coran (XLIV, 31-32) que par les actuels "théologiens de la libération". Alors qu'il s'adresse à tous les peuples fidèles à la volonté d'un Dieu Universel, il devient un miracle unique, et le privilège qu'aurait accordé un Dieu partiel et partial à un peuple élu, comme dans toutes les religions tribales et tous les nationalismes, qui prétendent être le peuple élu dont la mission serait d'accomplir la volonté de Dieu: Gesta Dei pert Francos, pour les Français, Gott mit uns, pour les Allemands, Faire Christ Roi, pour Franco, In God We Trust, blasphème inscrit sur chaque dollar, dieu tout puissant du monothéisme de l'argent et du marché. 

Et puis une mythologie plus moderne: celle de l'Etat d'Israël qui serait "la réponse de Dieu à l'Holocauste", comme si Israël était le seul refuge des victimes de la barbarie de Hitler, alors qu'Itzhak Shamir lui-même (qui offrait son alliance à Hitler jusqu'à son arrestation par les Anglais, pour collaboration avec l'ennemi et terrorisme) écrit : "Contrairement à l'opinion commune, la plupart des immigrants israéliens n'étaient pas les restes survivants de l'Holocauste, mais des Juifs de pays arabes, indigènes à la région." (Itzhak Shamir, Looking Back,Looking Ahead, 1987, p. 574). 

Il fallait donc gonfler les chiffres des victimes. Par exemple, la plaque commémorative du monument d'Auschwitz disait, en dix-neuf langues, jusqu'en 1994 : quatre millions de victimes. Les nouvelles plaques proclament aujourd'hui : "environ un million et demi". Il fallait faire croire, avec le mythe des six millions, que l'humanité avait assisté là "au plus grand génocide de l'histoire", en oubliant 60 millions d'indiens d'Amérique, cent millions de Noirs (10 tués pour un captif), oubliant même Hiroshima et Nagasaki, et les cinquante millions de morts de cette deuxième guerre mondiale, dont 17 millions de slaves, comme si l'hitlérisme n'avait été qu'un vaste pogrom et non pas un crime contre l'humanité entière. Serait-on antisémite pour dire que les Juifs ont été très durement frappés, mais qu'ils ne furent pas les seuls, sous prétexte que la télévision ne parle que de ces victimes mais pas des autres ? 

En outre, pour compléter le camouflage, il fallait, par un nom théologique : "Holocauste", donner un caractère sacrificiel à ces massacres réels, et les insérer en quelque sorte dans le plan divin, comme par exemple la crucifixion de Jésus. 

Notre livre n'a d'autre objet que de dénoncer ce camouflage idéologique d'une politique, pour empêcher qu'on la confonde avec la grande tradition des prophètes d'Israël. Avec mon ami Bernard Lecache, fondateur de la L.I.C.A. (devenue la L.I.CR.A.) déporté dans le même camp de concentration que moi, nous apprenions, en des cours du soir, à nos compagnons, la grandeur, l'universalisme, et la puissance libératrice de ces prophètes juifs. 

A ce message prophétique, je n'ai jamais cessé d'être fidèle, même lorsqu'après 35 ans de militantisme au Parti communiste, et membre de son Bureau politique, j'en étais exclu, en 1970, pour avoir dit, dés 1968 : "L'Union soviétique n'est pas un pays socialiste". Comme je dis aujourd'hui : La théologie de la domination de la Curie romaine n'est pas fidèle au Christ, l'Islamisme trahit l'Islam, et le sionisme politique est aux antipodes du grand prophétisme juif. 

Déjà, lorsqu'au temps de la guerre du Liban, en 1982, avec le Père Lelong, le Pasteur Matthiot, et Jacques Fauvet, nous étions traduits en justice par la L.I.CR.A. pour avoir montré, dans Le Monde du 17 juin 1982, avec la bienveillance de son directeur, que l'invasion du Liban était dans la logique du sionisme politique, le tribunal de Paris par jugement du 24 mars 1983, confirmé en appel, puis définitivement par la Cour de Cassation, "considérant qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idéologie qui l'inspire, et non de provocation raciale... la déboute [la L.I.CR.A.] de toutes ses demandes, et la condamne aux dépens." 

Le présent livre est strictement fidèle à notre critique politique et idéologique d'alors, même si la loi scélérate du "communiste" Gayssot a voulu renforcer, depuis lors, la répression contre la liberté d'expression en faisant du jugement de Nuremberg le critère de la vérité historique et en instituant un "délit d'opinion". Ce projet de loi fut combattu à l'Assemblée Nationale d'alors par l'actuel ministre de la Justice. 

Nous pensons apporter une contribution à la lutte pour une paix véritable, fondée sur le respect de la vérité et de la loi internationale. 

Courageusement, en Israël même, des Juifs fidèles à leurs prophètes, de "nouveaux historiens" de l'Université hébraïque de Jérusalem, et les partisans israéliens d'une paix juste, après la révélation de leur malfaisance, pour l'Etat d'Israël lui-même, et pour la paix du monde, s'interrogent sur les "mythes" du sionisme politique qui ont conduit aux assassinats commis par Baruch Goldstein à Hébron, et par Ygal Amir contre le Premier ministre Ytzhak Rabin. 
  
La vérité est en marche, et rien ne l'arrêtera. 

Le terrorisme intellectuel d'un "lobby" déjà dénoncé par le Général de Gaulle pour "son influence excessive sur l'information" m'a conduit, en France, à procéder à une pré-publication de ce texte dans un numéro spécial hors commerce, réservé aux abonnés, d'une revue. Ce fait, expression de la situation en France, semble avoir beaucoup plus retenu l'attention des commentateurs que le contenu de mon texte. 

Je le publie donc aujourd'hui moi-même, sous ma seule responsabilité, sous forme de Samizdat, au sens strict de ce terme qui signifie en russe : "édité par soi-même". 

Ce livre est déjà traduit et en cours de publication aux États-Unis, en Italie, au Liban, en Turquie, au Brésil. Il est en cours de traduction en allemand et en russe. 

Le texte français est accessible sur le réseau télématique Internet. 

Contre les mythologies dévoyées, ce sera une nouvelle contribution à l'histoire critique du monde contemporain. 


Fin de l'extrait de la préface de Roger Garaudy




Citations :

Norman Finkelstein [On the misuse of Anti-Semitism and the Abuse of History, Los Angeles, U. of California Press, 2005, 345 p.]
I examined how the Nazi holocaust has been fashioned into an ideological weapon to immunize Israel from legitimate criticism. In this book I look at a variant of this Holocaust card, namely, the "new anti-Semitism." In fact, the allegation of a new anti-Semitism is neither new nor about anti-Semitism. Whenever Israel comes under renewed international pressure to withdraw from occupied territories, its apologists mount yet another meticulously orchestrated media extravaganza alleging that the world is awash in anti-Semitism.
Je me suis penché sur la manière dont l'holocauste nazi a été instrumentalisé en une arme idéologique pour immuniser Israël de toute critique. Dans ce livre, j'examine une variante de cet instrument de l'Holocauste, à savoir, le « nouvel antisémitisme ». En fait, l'allégation d'un nouvel antisémitisme n'est ni nouvelle ni limitée à l'antisémitisme. Chaque fois qu'Israël est soumis à une pression internationale renouvelée pour qu'il se retire des territoires (palestiniens) occupés, ses propagandistes mettent immédiatement en place une campagne fumeuse et méticuleusement orchestrée à travers les médias, alléguant que le monde serait de nouveau submergé par une vague d'antisémitisme. 

Extrait du Lévitique ou 3ème Livre de Moïse (à l'intention de tous ceux, notamment tous ces pauvres "Juifs" qui, à l'instar de K., ma petite fiancée ashkénase, n'ont jamais lu la Torah !)
1.1    L'Éternel appela Moïse ; de la tente d'assignation, il lui parla et dit :
1.2    Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur : Lorsque quelqu'un d'entre vous fera une offrande à l'Éternel, il offrira du bétail, du gros ou du menu bétail.
1.3    Si son offrande est un holocauste de gros bétail, il offrira un mâle sans défaut; il l'offrira à l'entrée de la tente d'assignation, devant l'Éternel, pour obtenir sa faveur.
1.4    Il posera sa main sur la tête de l'holocauste, qui sera agréé de l'Éternel, pour lui servir d'expiation.
1.5    Il égorgera le veau devant l'Éternel; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, offriront le sang, et le répandront tout autour sur l'autel qui est à l'entrée de la tente d'assignation.
1.6    Il dépouillera l'holocauste, et le coupera par morceaux.
1.7    Les fils du sacrificateur Aaron mettront du feu sur l'autel, et arrangeront du bois sur le feu.
1.8    Les sacrificateurs, fils d'Aaron, poseront les morceaux, la tête et la graisse, sur le bois mis au feu sur l'autel.
1.9    Il lavera avec de l'eau les entrailles et les jambes; et le sacrificateur brûlera le tout sur l'autel. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une odeur 
agréable à l'Éternel.
1.10  Si son offrande est un holocauste de menu bétail, d'agneaux ou de chèvres, il offrira un mâle sans défaut.
1.11  Il l'égorgera au côté septentrional de l'autel, devant l'Éternel ; et les sacrificateurs, fils d'Aaron, en répandront le sang sur l'autel tout autour.
1.12  Il le coupera par morceaux ; et le sacrificateur les posera, avec la tête et la graisse, sur le bois mis au feu sur l'autel.
1.13  Il lavera avec de l'eau les entrailles et les jambes; et le sacrificateur sacrifiera le tout, et le brûlera sur l'autel. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une odeur agréable à l'Éternel.
1.14  Si son offrande à l'Éternel est un holocauste d'oiseaux, il offrira des tourterelles ou de jeunes pigeons.
1.15  Le sacrificateur sacrifiera l'oiseau sur l'autel ; il lui ouvrira la tête avec l'ongle, et la brûlera sur l'autel, et il exprimera le sang contre un côté de l'autel.
1.16  Il ôtera le jabot avec ses plumes, et le jettera près de l'autel, vers l'orient, dans le lieu où l'on met les cendres.
1.17  Il déchirera les ailes, sans les détacher; et le sacrificateur brûlera l'oiseau sur l'autel, sur le bois mis au feu. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une odeur agréable à l'Éternel.