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vendredi 28 décembre 2018

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #6


Épisode §6 : L'arbre qui cache la forêt. Petite revue de la presse en ligne

On se rappellera que toute cette histoire autour des gilets jaunes est partie d'une protestation véhémente contre la pression fiscale jugée abusive pesant sur ces vaches à lait que sont les automobilistes. S'agissant de la dépendance universelle à ce foutu pétrole, il s'avère nécessaire de jeter un oeil dans le rétroviseur...
Au début des années 70, les pays industrialisés, qui viennent de connaître près de trois décennies de forte croissance (« Les Trente Glorieuses ») sont largement dépendants du pétrole. Les deux tiers de l’énergie consommée en Europe sont importés, principalement du Moyen-Orient. Les pays pétroliers prennent alors conscience qu’ils sont en position de force. Entre 1970 et 1973, le prix de ce qui devient l’ « or noir » double. Mais ce n’est qu’un début. 
Fin 1973, à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, les pays du Golfe décident, en guise de rétorsion contre les pays alliés à l’État hébreu, de réduire leur production. L’Arabie Saoudite, qui fournissait à elle seule 21% de la production mondiale de brut, va encore plus loin en imposant un embargo de ses exportations vers les États-Unis notamment. C’est la panique et le prix du baril flambe. En quelques semaines, il sera multiplié par quatre, passant de 4 à 16 dollars. Les économies occidentales ne peuvent pas faire face. La croissance s’effondre et le chômage augmente.
Bis repetita et coup de grâce en 1979. La chute du Shah d’Iran et la révolution islamique dans ce pays, alors important producteur de pétrole, engendre un nouveau doublement du prix du baril, de 20 à 40 dollars. C’est le second choc pétrolier.
Depuis, la France, pays où l’on « a pas de pétrole, mais on a des idées », est moins dépendante de cette source d’énergie avec notamment le développement de l’énergie nucléaire. Et par ailleurs l’ensemble des pays industrialisés a appris à produire plus avec moins de pétrole, ce qui les rend moins sensibles à l’augmentation de son prix. (Source)
L'économie française connaît une série de déboires depuis le premier choc pétrolier de 1973. Le 22 septembre 1976, le conseil des ministres adopte le premier plan d'austérité du premier ministre Raymond Barre. Sa priorité est la même que dans plusieurs autres pays occidentaux : la lutte à l'inflation et au chômage. Pour y arriver, Barre propose de freiner la hausse des salaires, de geler pour trois mois les prix à la consommation, de réduire la taxe à la consommation et d'augmenter l'impôt sur le revenu ainsi que les prix de l'alcool et de l'essence. Il mise sur l'appui du patronat pour le maintien du pouvoir d'achat moyen, la création d'emplois et une meilleure compétitivité sur le plan international. En 1977, le premier ministre français lance un deuxième plan d'austérité. Malgré le fait que Raymond Barre soit l'ancien vice-président de la Commission européenne et qu'on le surnomme « le meilleur économiste de France », le premier ministre français ne réussit à juguler ni l'inflation ni le chômage. La réussite de son plan est hypothéquée, entre autres, par le second choc pétrolier de 1979. Les résultats des plans Barre n'aideront pas la situation de la droite lors de l'élection présidentielle et des législatives de 1981 qui se solderont par des victoires de la gauche. (Source)
Pas de pétrole mais des idées ? Oui, mais lesquelles ?
Tout ce que notre grand polytechnicien de président trouva à faire fut de se laisser embarquer dans cette improbable affaire de pieds nickelés autour d'avions dits renifleurs !
Il y a 40 ans, un réparateur de télévision italien, Aldo Bonassoli et son bailleur de fonds belge l'ingénieur Alain de Villegas parviennent à signer un contrat avec Elf, entreprise publique, leur permettant de tester une invention révolutionnaire: l'appareil qui analyse la composition des sols depuis les airs, sans devoir procéder à des forages.
Un milliard de francs français engloutis 
En plein milieu des années 70, le monde tente de sortir du choc pétrolier. Cette invention aussi surprenante qu'inespérée permettrait à la France de trouver du pétrole à moindre coût et de gagner une certaine indépendance énergétique. (Source)
En 1975, un inventeur belge et un autodidacte italien prétendent avoir élaboré un appareil permettant de détecter gaz, pétrole et minerais rares jusqu'à des milliers de mètres sous terre. Il suffit d'embarquer l'appareil à bord d'un simple avion. Le 2 juin 1976, Antoine Pinay et Pierre Guillaumat, le patron d'Elf, évoquent avec conviction la pertinence de cette invention. Classé secret, car stratégique pour l'économie française, le développement du prototype obtient au total un milliard de francs de financement public. Le 5 avril 1979, le président Giscard d'Estaing est convié à une démonstration embarquée. En juillet 1979, l'inanité de cette invention est avérée. A partir de témoignages et d'archives, l'enquête revient sur cette escroquerie majeure, qui a coûté cher à Elf Aquitaine et à l'Etat français. (Source)
Le 15 janvier 2015, un expert nous prédit "une année noire pour le pétrole", sous-entendu, les prix devraient rester bas.
Le pétrole a perdu près de la moitié de sa valeur en 2014 (prix du baril de Brent en $) et l'ajustement s'est fait brutalement. Les conséquences de niveaux de prix aussi bas sont à identifier en fonction de la position exportatrice ou importatrice nette des économies les plus concernées par les fluctuations des prix du pétrole.
Dans la continuité de 2014, 2015 devrait être un mauvais millésime pour le pétrole. L'offre restera dynamique pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui, sous l'impulsion de l'Arabie Saoudite, souhaite vendre sa production plutôt que d'abaisser ses quotas de production. De plus, l'offre d'or noir continuera à se diversifier, notamment grâce à la production croissante de pétrole et de gaz de schiste aux États-Unis. Cependant, la faiblesse de la demande de pétrole devrait être durable à l'heure où la Chine décélère, entrainant dans sa chute un commerce mondial sans réelle tendance... (Source)

Le problème avec les "experts" c'est que la plupart ont tendance à confondre "structure" et "conjoncture" : le prix du pétrole, qui monte et qui descend, c'est une donnée uniquement conjoncturelle. Structurellement parlant, qui dit énergie fossile dit énergie en quantité limitée, et même si cela peut s'étaler sur un temps relativement long, le non  renouvellement de la ressource fait qu'elle est amenée à se faire rare, tôt ou tard !

En attendant...
Si en juin 2014 le pétrole valait 115 $ le baril,  il n'en valait plus que  47 six mois plus tard et 30 en janvier 2016. Affolement général, baisse des bourses. Pourquoi ? « Les pays producteurs auront moins d'argent et passeront moins de commandes ». Accessoirement (d'un point de vue financier), les écologistes se désolaient : « cela va encourager la consommation d'énergies fossiles et accroître la production de CO2. » Or ce fut l'inverse !... (source)
Ainsi, donc, les experts sont friands de prévisions :
Mauvaise nouvelle pour le portefeuille des Français. Les cours de l’or noir, qui ont grimpé toute l’année, risquent de poursuivre sur leur lancée dans les semaines qui viennent. Alors qu’il évoluait autour de 56 dollars (49 euros) en octobre 2017, le prix du baril de Brent avoisine désormais les 80 dollars (70 euros).Une progression de près de 40 % qui n’en finit plus de doper l’inflation et pourrait bien freiner le rebond économique attendu au quatrième trimestre dans l’Hexagone. Une perspective d’autant plus inquiétante qu’une nouvelle poussée de fièvre sur les marchés est attendue après le 4 novembre et l’entrée en vigueur des sanctions américaines sur les exportations iraniennes de brut.  Quelle que soit l’ampleur des mouvements à venir, comptables et ministres vont devoir ressortir les calculettes. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) table, pour la fin de l’année 2018, sur un baril à 75 dollars (65,40 euros). Une cible qui ne reflète pas les pics d’octobre et devra probablement être revue à la hausse.  (source)
Fin de l'année 2018 ? Nous y sommes ! Et le prix du pétrole s'affiche autour de...

Comme quoi, même les meilleurs experts ne peuvent pas toujours tout prévoir !

Les perspectives d'avenir ? Curieusement, il semble que ce soient les pétroliers eux-mêmes qui poussent le plus en direction de la promotion de sources d'énergie alternatives au pétrole. Etonnant ? Apparemment pas !
Les alternatives comparables au pétrole sont peu nombreuses. 
Les énergies ayant le plus gros potentiel ne pourront se substituer au pétrole que par une volonté politique ou une nécessité de rupture avec les traditions issues du pétrole. Les agro carburants sont largement défendus par les entreprises pétrolières : ils leur permettent de conserver la mainmise sur les réseaux de distribution, et leur clientèle captive. Les agro carburants ne représentent qu'une évolution technologique ne changeant en rien le comportement du consommateur.(…)La population mondiale actuelle est actuellement d'environ 6,5 milliards d'êtres humains, elle passera à 9 milliards entre 2020 et 2050. Les pays qui ont la plus forte croissance démographique ne sont pas industrialisés, mais cette augmentation de la population aura un impact sur la consommation mondiale de pétrole.(…)La mondialisation de l'économie et du commerce implique un important développement du secteur des transports. 97% des transports dépendent des produits pétroliers et représentent actuellement 50 % de la consommation de pétrole une proportion devant passer à 60 % d'ici 2030 portant la consommation de pétrole pour le seul secteur des transports à 35 % de l'énergie consommée mondiale. (Source)

... consommation de pétrole ou d'alternatives au pétrole ! Précisément...
L’huile de colza est la deuxième huile la plus transformée en biodiesel derrière l’huile de soja avec près de 6 Mt/an. Cette production est utilisée principalement en Europe. 
En 2011, plus de 75% des biocarburants utilisés en Europe étaient du biodiesel, étant donnée la forte diésélisation du parc automobile mais, la consommation y étant supérieure à la production, le déficit a été compensé par du biodiesel produit aux USA, au Brésil et en Argentine. 
En 2009, l’UE avait imposé une obligation d’incorporation de 10% de biocarburants dans les carburants d’origine fossile à l’échéance 2020. Mais récemment, face aux expertises qui montrent que les cultures de colza destinées aux biocarburants ont un impact négatif sur l’environnement à cause du phénomène de Changement d’Affectation des Sols indirects (CASI), l’UE est revenue sur ce taux pour le baisser à 6 % à cette échéance 2020. (source)

Et, pendant ce temps...
Le gouvernement guinéen a décidé jeudi de réduire « légèrement » les prix à la pompe des produits pétroliers (essence, gasoil et pétrole lampant), selon une annonce faite par le porte-parole du gouvernement, Aboubacar Sylla, à la sortie du conseil des ministres. 
Cette décision gouvernementale de réduction de 500 francs guinéens, soit 0,054 dollars, permettra de vendre désormais le litre de tous les produits pétroliers à 9.500 francs guinéens (1,03 dollars), au lieu de 10.000 francs guinéens (1,08 dollars).
Au mois de juillet, le gouvernement avait décidé d’augmenter de 25% les prix de tous les produits pétroliers à la pompe. Cette augmentation unilatérale a monté les prix de 8.000 (0,86 dollars) à 10.000 francs guinéens (1,08 dollars), soit un surplus de 2.000 francs guinéens (0,21 dollars US). Les plate-formes de la société civile guinéenne, les centrales syndicales et les partis politiques ont organisé cet été des mouvements de protestation contre cette hausse jugée préjudiciable au panier de la ménagère en Guinée. (Source)

Pour mémoire, l'Afrique a une superficie grande comme presque trente fois l'Inde ! Et pourtant...
Inquiète de la montée en puissance des importations d’huiles alimentaires en provenance d’Asie du sud-est sur son marché, l’Association des industriels de la filière oléagineuse (AIFO) de l’Union Economique et Monétaire Ouest-africaine (UEMOA) envisage la mise en place d’un label ‘Made In UEMOA’ afin d’inverser la tendance, a souligné la semaine dernière l’agence Ecofin... 
Dénonçant la mauvaise qualité de ces huiles qui «portent atteinte aux producteurs régionaux et menacent l’emploi», l’association convie les consommateurs à se tourner vers l’huile de palme, d’arachide ou de graine de coton, produite localement. 
Alors que plus de la moitié des huiles alimentaires consommées en Afrique sont importées, l’AIFO indique que le continent gagnerait à modifier son tissu industriel dans ce sous-secteur afin de profiter d’une consommation qui devrait augmenter de plus de 60% à l’horizon 2030 dans le cas de l’huile de palme, selon Ecofin. Selon elle, la production locale pourrait tirer avantage de facteurs comme l’immensité des superficies arables, la disponibilité de la main d’œuvre ou encore l’accès aux marchés internationaux. (source)
Il paraît que, sur un continent grand comme trente fois l'Inde, il n'y a pas assez de place pour produire ci et ça, et surtout pas ça !
Quelles sont les entreprises qui se ruent sur les terres cultivables africaines afin de produire des agrocarburants ? Le Guardian a mené l’enquête sur cette source d’énergie controversée, accusée de réduire les surfaces consacrées aux cultures, essentiellement dans les pays en développement, et de favoriser la flambée des prix alimentaires, pour permettre aux voitures occidentales de fonctionner. Dans un article publié mercredi, il démontre l’importance croissante du phénomène. S’il n’y a pas de recensement officiel des projets, le quotidien assure avoir dénombré pas moins de 100 projets de production dans une vingtaine de pays du continent, émanant de 50 entreprises étrangères. (source)
Et dire qu'en Afrique, là maintenant, on produit déjà ci et ça : arachide, coton, bois tropicaux, voire fleurs coupées, toutes productions peu utilisées par, voire soustraites aux indigènes et essentiellement destinées à l'exportation, car souvent introduites par le colonisateur pour les besoins de la métropole. (Lien)
Les plantes oléagineuses sont extrêmement importantes pour l'homme, qu'elles intéressent l'alimentation locale,ou offrent des possibilités de transformation en produits nécessaires à la vie moderne. Si l'on met à part l'olivier, qui est plus méditérranéen que sub-tropical, (il peut pousser dans certaines conditions,mais fructifie mal) et les aleurites, dont l'huile n'a qu'un usage industriel et la production est étrangère à l'Afrique (sauf quelques plantations en altitude à Madagascar), les oléagineux tropicaux ou sub-tropicaux intéressent toute l'Afrique, principalement le cocotier, le palmier à huile et l'arachide le sésame, et surtout le soja, sont beaucoup plus secondaires pour ce continent. A l'échelon mondial, c'est l'huile de soja qui tient la première place, depuis longtemps, dans la production des matières grasses d'origine végétale. L'huile de coco, ou coprah venait en second en 1960, mais seulement au quatrième rang en 1964 ; il est vrai que l'huile d'arachide, l'huile de coton et l'huile de coprah ont des productions assez voisines et que, selon les années, leur ordre de classement change. Derrière ce peloton, viennent les huiles d'olive et de tournesol, suivies de l'huile de palme. (source)

Il paraît que la préemption de terres arables par les marchands de fleurs coupées - et l'inévitable conversion de paysans (autrefois autosuffisants sur le plan alimentaire) en travailleurs agricoles (désormais condamnés à acheter leur nourriture)  - ne crée aucun préjudice sur les économies africaines ou d'autres contrées du Tiers-monde, n'est-ce pas ? Toujours est-il qu'aucune organisation écologiste ne s'en émeut, ou alors très faiblement !
Une chose est sûre : l’Éthiopie attire les investisseurs du secteur de la rose, et sur la dernière décennie, les demandes d’autorisations d’exploitation ont afflué. Autre certitude : dans un pays où le chômage touche 17 % des actifs, les fermes horticoles constituent un facteur de développement majeur et un gagne pain pour nombre de travailleurs locaux. 
En témoigne l’entreprise de Zelaleme Messale, qui emploie près de 200 salariés chargés de cultiver les huit variétés de roses qui jonchent ses terres. Installée depuis 2007, sa ferme horticole produit plus de 60 000 tiges par jour et devrait prochainement se déployer sur 16 hectares supplémentaires. Le territoire est également une source de profits pour les multinationales étrangères, tel le groupe néerlandais Afriflora, qui a récemment décidé de quitter le Kenya voisin pour venir s’implanter en Éthiopie. (...)
Pas de quoi empêcher l’industrie de la rose de poursuivre son déploiement sur le territoire. Un essor qui affole le voisin kényan. Les deux États se livrent à une guerre sans merci pour l’exclusivité de la production de roses. (source)
Face à l'afflux massif de demandes d'autorisation d'exploitation en provenance des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Inde ou même d'Israël, les autorités éthiopiennes ont pris conscience de tout le bénéfice qu'elles pouvaient tirer de leurs terres et de leur climat, propices à la culture de nombreuses variétés de fleurs, et ce toute l'année. Le gouvernement a donc décidé de louer des milliers d’hectares à des investisseurs étrangers. 
C’est le cas de Sai Ramakrishna Karuturi, un Indien plus connu sous le nom de Monsieur Ram. Arrivé il y a huit ans, il exploite onze hectares à proximité d’Addis-Abeba. Les roses ont fait de lui un homme riche. Monsieur Ram emploie près de 6 000 personnes, dont 80 % de femmes, âgées pour la plupart d’une vingtaine d’années. Recrutées dans les villages alentour, elles gagnent l’équivalent de 50 cents par jour. 
« L’agrobusiness » explose. Selon les études les plus récentes de l’ONU, de 15 à 20 millions d’hectares de terrains ont déjà été bradés en Afrique. Aujourd'hui, le pays compte près de soixante-dix exploitations horticoles, dont plus de la moitié sont détenues par des entreprises étrangères. Quelques 1 700 hectares de terres sont consacrés à la culture de roses et autres variétés particulièrement prisées par les Européens et les Asiatiques. (source)

Par chance, face au silence radio des grandes organisations écologistes, qui n'en ont qu'après les gaz à effets de serre, le diesel, les agrocarburants accusés d'affamer le Tiers-monde, des esprits bien plus lucides et moins mûs par la seule idéologie s'interrogent.
Mais une analyse plus serrée soulève d’inquiétantes questions. Pourquoi réserver à la culture de fleurs les meilleures terres de ce pays que menace la faim ? Qui feindra de croire, connaissant les milieux paysans traditionnels d’Afrique, que les cultivateurs éthiopiens acceptent librement de vendre leurs terres, en pleine connaissance de cause, en renonçant à la source de leur subsistance et au support de leur identité ? Peut-on considérer comme un progrès la mutation de l’ancien paysannat en un salariat surtout constitué de femmes mal rémunérées, voire d’enfants forcés de travailler ? De faible rentabilité, les sols pauvres ou non irrigables n’attirent évidemment pas les investisseurs. Sauf pressions et expropriation, les petits cultivateurs qui n’ont que leur terre pour subsister ne la vendent pas d’ordinaire, ce genre de transaction n’intéressant que les propriétaires aisés qui se détournent de l’agriculture pour miser sur les rapports marchands ou sur une promotion dans les structures dominantes. Et la salarisation ne peut mener, dans ce contexte, qu’à la paupérisation du plus grand nombre, à l’exode vers les villes, à la prolétarisation des périphéries suburbaines. Au reste, les intéressés n’hésitent pas à se plaindre d’avoir été spoliés et d’être réduits à une forme d’esclavage. (…) 
Grâce aux roses, le téléphone portable et la télévision se répandront dans la campagne éthiopienne comme sur le reste de la planète, ainsi qu’une multitude d’autres biens modernes qui s’avèrent utiles ou sont présentés comme tels par la publicité. Les investissements rapportent grassement aux détenteurs du capital. Mais les Éthiopiens sont-ils condamnés à se soumettre de la sorte aux stratégies de la finance internationale et des acteurs économiques et politiques dominants plutôt que de pouvoir instaurer un développement adapté aux besoins locaux, fondé sur les possibilités locales ? Pourquoi privilégier l’implantation de ces fermes industrielles au lieu de continuer à appuyer le programme de la FAO au bénéfice des petites et moyennes entreprises paysannes ? Et que se passera-t-il le jour où cette monoculture succombera à un accident d’ordre biologique ou économique, comme une irruption massive de parasites animaux ou végétaux, un surcoût des frais de transport ou un fléchissement de la demande, ou une délocalisation de la production vers des bassins de main-d’œuvre encore meilleur marché ? D’aucuns auront profité des roses et des profits qu’elles auront rapportés, mais à la plupart il ne restera que leurs yeux pour pleurer... (source)
Autre lecture :
Mieux vaudrait s'en passer, et vite. Du pétrole, mais aussi de ses compagnons de route, le charbon et le gaz naturel. Tout le monde a en effet pris conscience qu'il était urgent de freiner notre boulimie d'énergie fossile, pour ne pas voir la planète s'asphyxier sous les milliards de tonnes de CO2 rejetées par nos voitures et nos usines, mais aussi pour éviter une crise économique sans précédent. Seulement voilà, la demande en énergie n'a jamais été aussi grande et pourrait doubler d'ici à 2050. « La situation est tout à fait inédite. Nous n'avons jamais été aussi nombreux ni eu autant d'impact sur la Terre », constate Bernard Multon, du laboratoire « Systèmes et application des technologies de l'information et de l'énergie » (Satie)1. Alors que faire ? La réponse paraît simple : développer massivement les énergies propres et surtout, faire des économies d'énergie. « Les problèmes d'énergie ne peuvent pas uniquement être résolus par des progrès scientifiques. Il faut aussi être efficace d'un point de vue économique, législatif et sociétal. Si nous n'obtenons pas l'adhésion des usagers, ça ne peut pas marcher », affirme Jean-Bernard Saulnier, responsable du programme Énergie au CNRS.
(…) 
Sans crier haro sur les biocarburants, Pierre Matarasso, directeur scientifique adjoint du département « Environnement et développement durable » du CNRS, insiste pour sa part sur la nécessité de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. « On ne peut pas traiter la question des biocarburants sans réfléchir d'abord à notre usage de l'automobile et à la façon d'optimiser l'efficacité énergétique des transports dans leur ensemble, dit-il. Les biocarburants ne peuvent avoir un sens que lorsque nous aurons fortement accru les transports collectifs et mis en place des “micro-” ou “nanovéhicules” possédant une motorisation qui n'aura pas besoin de dépasser 10 kW ou encore des “microbus” jouant le rôle de taxis collectifs destinés aux transports individuels urbains et périurbains. » Il n'empêche que l'Europe s'est fixé une incorporation de biocarburants à sa consommation de carburants de 5,75 % en 2010 et de 8 % en 2015. (source)

Nota bene 

Dois-je vous avouer - pour la 2578 fois peut-être - que cela m'ennuie terriblement de voir des "scientifiques" persister à utiliser cette expression inopportune de "bio-carburant" en lieu et place d'"agro-carburant" ? Pour mémoire, le pétrole est un bio-carburant !

Autre chose ? Ceci (source) :
Estimé à 0,15 euro par litre, le coût de production du bioéthanol brésilien est le plus bas du monde, 40 % moins cher que l'éthanol de maïs américain et 70 % moins cher que l'éthanol de betterave et de céréales produit en Europe.

Avec l'éthanol de betterave, il s'agit du biocarburant qui offre le meilleur rendement énergétique :

* 1 ha de canne à sucre = 7.000 à 9.000 litres/ an
* 1 ha de betterave = 6.000 à 10.000 litres / an
* 1 ha de maïs = 3.000 à 4.000 litres / an
* 1 ha de céréales = 2.000 à 3.000 litres / an
(Superficie du Brésil : 8, 516 mio de km² ; Afrique : 30, 37 mio de km²).

Et dans la rubrique "Idéologie quand tu nous tiens", voyons ce que nous dit un "expert" sur la disponibilité de terres arables en Afrique. Par parenthèse, le sable du désert peut-il être assimilé à une terre arable ? 
On lit souvent, ici et là, que l’Afrique détiendrait là la clé de la sécurité alimentaire mondiale, car elle disposerait de 50 à 60% des terres arables disponibles de la planète. Les convoitises foncières dont elle est l’objet de la part de la Chine ou de certains États du Golfe semblent conforter cette thèse. Dans l’article qui suit, Pierre Jacquemot tord le cou à ce qu’on pourrait qualifier de mythe : non l’Afrique n’est pas ce réservoir de terres arables qui fait rêver plus d’un, agronome ou spéculateur foncier. (source)
À cette "expertise", je répondrai simplement par deux images déjà affichées ailleurs sur ce blog : des images du désert libyen, il n'y a pas si longtemps...



Mais jettons quand même un oeil sur ce Sahel progressivement mangé par le désert, et où, paraît-il, il serait sacrilège de cultiver des plantes destinées à fournir des agrocarburants censés remplacer le pétrole, substance que Sénégal, Mauritanie, Maroc, Tunisie, Mali, Burkina Faso, Niger, Kenya, Éthiopie... doivent importer... Mais enfin, mon bon monsieur, vous n'allez quand même pas détourner de précieuses terres arables pour produire des agrocarburants !, nous serinent quelques idéologues.







Vous avez compris que ce que Kadhafi prétendait réaliser en plein désert libyen (refleurir le Sahara) serait jugé irréalisable quelques dizaines à centaines de kilomètres plus au Sud ?


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À suivre...