Vous connaissez la nouvelle ?
À en croire l'encore président de la République française et ancien ministre de l'Intérieur, il y aurait en France trop d'étrangers. Pas trop d'immigrés clandestins. Trop d'étrangers.
On va me faire remarquer que le terme exact employé n'était pas "étranger" mais "immigré". Je sais ; la question était : "y a-t-il trop d'immigrés en France ?" et il y a été répondu par l'affirmative. Le problème est que l'intervieweur de service s'est bien gardé de préciser ce qu'il entendait par "immigré" de même qu'il n'a pas cru bon de devoir réclamer une précision de la part de son interlocuteur. Les deux protagonistes semblaient donc d'accord sur la définition à donner à ce mot.
Questions : à quoi le journaliste de BFMTV et son interlocuteur reconnaissent-ils une personne immigrée sur le sol français ? Trop d'immigrés, c'est à partir de quel étalonnage ou grille de lecture ? L'apparence des gens dans la rue ou des statistiques officielles ? Etrange quand même qu'un journaliste pose une telle question sans en préciser les contours. Trop d'immigrés, ça veut dire qu'ils posent un problème ? Si oui, lequel ? Parce que "trop d'immigrés", dit comme ça, ça ne veut rien dire, sauf à mettre en exergue la susceptibilité de certains individus à certains stimuli - impression tout à fait subjective - comme "trop de soleil", "trop de bruit", "trop de sel dans la soupe", etc.
Ainsi, dans les transports publics des Etats-Unis ou d'Afrique du Sud, il n'y a pas si longtemps, une seule personne noire dans un bus voulait dire "trop de nègres dans les bus". Par exemple.
Par exemple, pour cet adolescent blanc du Sud des Etats-Unis, il n'y a pas si longtemps, un seul nègre dans la cour de l'école représentait trop de nègres dans la cour de l'école.
Nous ne voulons pas aller en classe avec des nègres |
Et selon le sous-entendu exprimé par le journaliste, ou bien, par "immigré", il fallait entendre personne de nationalité étrangère, donc sujet disposant d'un passeport étranger, ou alors "personne d'apparence étrangère", comme on est d'apparence musulmane (sic !), et dans ce cas, le propos était on ne peut plus raciste.
Le fait est que, lexicologiquement parlant, je veux parler du sens même des mots, un émigré c'est quelqu'un qui émigre, c'est-à-dire quitte son pays avec l'intention manifeste de s'établir à l'étranger pour une longue durée, voire définitivement, ce qui exclut formellement les touristes, par exemple. Et dans le pays d'accueil, notre émigré se retrouve en position d'immigré. Exemple classique de ce mouvement : la statue de la Liberté à New York, avec la fameuse Ellis Island, lieu d'atterrissage des migrants venus d'Europe dans le but évident de prendre les Etats-Unis pour nouvelle patrie ou pour patrie de remplacement.
Comme preuve de cette volonté des immigrés, partout où ils s'établissent, cette propension à re-créer la patrie perdue, à coups de "new" ou "nouveau" voire "nouvelle" ; exemples : Nouvelles Hébrides, Nouvelle Angleterre, New York, Nouveau Brunswick, Nouveau Mexique, New Hampshire, etc., jusqu'à reprendre des toponymes dans leur forme originelle ou presque, comme : Paris (Texas), Haarlem, Cambridge, Birmingham, etc.
Voilà qui m'a donné l'envie d'aller puiser dans mes archives. Ce qui suit est tiré d'une visite que j'ai effectuée dans un quartier de France, je veux dire probablement LE quartier de France comptant le plus d'étrangers au mètre carré.
Ce qu'il a de particulier, ce village parisien de près de cinq mille habitants ? Il compte effectivement plus d'étrangers que les cités dortoirs de Meaux, Sarcelles, Mantes-la-Jolie, Clichy-sous-Bois... réunies. On y trouve des "maisons" de l'Inde, de Tunisie, du Brésil, de l'Argentine, des États-Unis, du Mexique (cf. la toute dernière image), etc. Autant dire qu'on n'est pas loin de totaliser ici autant de nationalités qu'aux Nations Unies.
Et pourtant, ici, aucun problème d'intégration, aucun car de CRS en stationnement, aucune tournante, aucun dealer de cannabis, aucun réglement de compte.
Cette perle rare parmi les cités de la région parisienne se trouve tout au long du Boulevard Jourdan (Paris 14ème), soit entre la Porte d'Orléans et le Stade Charléty, pour ceux qui connaissent Paris. La station de RER est Cité Universitaire.
Parce qu'il s'agit effectivement de la Cité Universitaire Internationale de Paris, qu'une plaquette éditée il y a une dizaine d'années décrivait en ces termes :
Et pourtant, ici, aucun problème d'intégration, aucun car de CRS en stationnement, aucune tournante, aucun dealer de cannabis, aucun réglement de compte.
Cette perle rare parmi les cités de la région parisienne se trouve tout au long du Boulevard Jourdan (Paris 14ème), soit entre la Porte d'Orléans et le Stade Charléty, pour ceux qui connaissent Paris. La station de RER est Cité Universitaire.
Parce qu'il s'agit effectivement de la Cité Universitaire Internationale de Paris, qu'une plaquette éditée il y a une dizaine d'années décrivait en ces termes :
Un tiers de Français, deux tiers d'étrangers. Et personne ici ne parle d'intégration ratée !
À vrai dire, les 130 nationalités, c'était il y a une dizaine d'années, parce que entre temps, on approche les 140 nationalités.
Voilà une cité que le candidat de droite à la réélection n'a pas dû souvent visiter, ceci expliquant cela.
Ah, un petit détail, en passant : la Cité Internationale est surtout habitée par des étudiants titulaires d'une maîtrise ou d'un master ; ici, la plupart des pensionnaires préparent une thèse ou à tout le moins un diplôme de 3ème cycle. Autant dire qu'on est loin des hordes d'adolescents désoeuvrés ou des cohortes de familles nombreuses ramenées du Tiers-monde par des paysans illettrés voire analphabètes.
Le fait est que la démagogie ambiante a fait un sort au vocable "immigration", par ignorance voire par mauvaise foi, en s'en servant la plupart du temps comme d'un euphémisme, juste pour ne pas prononcer le mot "étranger". Les diplomates, les étudiants, les sportifs, les artistes... sont-ils des "immigrés" ? Et quelle consistance peut bien avoir ce terme s'agissant des petits "Africains" vivant dans les quartiers populaires des banlieues de nos villes, et dont un bon nombre sont Français ?
Le problème de certains quartiers qualifiés de "difficiles" ne vient certainement pas d'une soi-disant trop forte accumulation d'étrangers, mais simplement d'un niveau d'instruction notoirement insuffisant pour qui prétend vouloir élever des enfants dans un environnement moderne toujours plus exigeant.
Le fait est que les prisons du monde sont essentiellement peuplées d'individus appartenant aux catégories sociales les moins instruites, donc les plus pauvres. Il se trouve simplement que, dans nos "quartiers à problèmes", les moins instruits et les plus pauvres se recrutent essentiellement parmi les paysans illettrés venus du Tiers-monde ainsi que de leur progéniture.
L'harmonie régnant dans des lieux comme cette cité universitaire est la preuve par neuf que la simple accumulation d'étrangers dans un lieu n'a jamais constitué un frein à leur intégration, dès lors qu'ils disposent d'un bagage intellectuel conséquent. Seulement voilà : le réseau RESF (Éducation Sans Frontières) vient régulièrement sensibiliser les Français sur le sort de tel(le) ou tel(le) jeune scolarisé(e), voire préparant un diplôme, et en butte aux persécutions de la part de telle ou telle préfecture.
En effet, on ne compte plus ces jeunes menacés d'expulsion, alors même qu'ils sont parfaitement intégrés car dûment scolarisés. Voilà qui nous démontre toute l'imbécilité du discours du démagogue évoqué plus haut, qui trouve plus logique d'expulser un(e) jeune préparant un BTS, par exemple, sous le simple prétexte qu'il n'a pas tous ses papiers en règle, alors même que de vieux paysans africains polygames continuent de se la couler douce tout en narguant les lois, bénéficiant ainsi d'une impunité à peu près totale !
Incohérence, quand tu nous tiens !
P.S.
Comme preuve que tout le monde n'est pas au clair avec la terminologie, et que "immigré" est bien utilisé par le plus grand nombre sous la forme d'un euphémisme honteux voulant dire "étranger", voici un extrait du débat ayant opposé les deux candidats au second tour de la présidentielle française, ce 2 mai 2012, tel que reproduit par le site nouvelobs...
Droit de vote des étrangers... Droit de vote des immigrés... Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, avec la tentation communautariste...
Petite leçon de sémantique :
Eunice Barber est une sportive originaire de Sierra Leone et de nationalité française, bien connue des amateurs d'athlétisme. Barber est ce qu'on appelle une "immigrée", étant née à l'étranger et ayant bénéficié d'une naturalisation. Ce qui fait que Barber, l'immigrée, vote ou en tout cas, dispose du droit de vote en France. C'est le cas de plusieurs millions de citoyens français d'origine étrangère ayant acquis la nationalité par mariage ou par naturalisation. De fait, une grande partie des immigrés vivant sur le sol français disposent bel et bien de la nationalité française. En clair, immigré et étranger ne sont nullement synonymes, contrairement à ce que de nombreux journalistes et politiciens persistent à croire ou à véhiculer, faute d'une maîtrise suffisante du sens des mots !
P.S.
J'invite ceux que ça intéresse à s'offrir une petite visite de la Cité Universitaire du Boulevard Jourdan (RER, ligne B ; tramway T1), où ils pourront contempler notamment cette fresque d'inspiration précolombienne sur la façade de la Maison du Mexique.
À vrai dire, les 130 nationalités, c'était il y a une dizaine d'années, parce que entre temps, on approche les 140 nationalités.
Voilà une cité que le candidat de droite à la réélection n'a pas dû souvent visiter, ceci expliquant cela.
Ah, un petit détail, en passant : la Cité Internationale est surtout habitée par des étudiants titulaires d'une maîtrise ou d'un master ; ici, la plupart des pensionnaires préparent une thèse ou à tout le moins un diplôme de 3ème cycle. Autant dire qu'on est loin des hordes d'adolescents désoeuvrés ou des cohortes de familles nombreuses ramenées du Tiers-monde par des paysans illettrés voire analphabètes.
Le fait est que la démagogie ambiante a fait un sort au vocable "immigration", par ignorance voire par mauvaise foi, en s'en servant la plupart du temps comme d'un euphémisme, juste pour ne pas prononcer le mot "étranger". Les diplomates, les étudiants, les sportifs, les artistes... sont-ils des "immigrés" ? Et quelle consistance peut bien avoir ce terme s'agissant des petits "Africains" vivant dans les quartiers populaires des banlieues de nos villes, et dont un bon nombre sont Français ?
Le problème de certains quartiers qualifiés de "difficiles" ne vient certainement pas d'une soi-disant trop forte accumulation d'étrangers, mais simplement d'un niveau d'instruction notoirement insuffisant pour qui prétend vouloir élever des enfants dans un environnement moderne toujours plus exigeant.
Le fait est que les prisons du monde sont essentiellement peuplées d'individus appartenant aux catégories sociales les moins instruites, donc les plus pauvres. Il se trouve simplement que, dans nos "quartiers à problèmes", les moins instruits et les plus pauvres se recrutent essentiellement parmi les paysans illettrés venus du Tiers-monde ainsi que de leur progéniture.
L'harmonie régnant dans des lieux comme cette cité universitaire est la preuve par neuf que la simple accumulation d'étrangers dans un lieu n'a jamais constitué un frein à leur intégration, dès lors qu'ils disposent d'un bagage intellectuel conséquent. Seulement voilà : le réseau RESF (Éducation Sans Frontières) vient régulièrement sensibiliser les Français sur le sort de tel(le) ou tel(le) jeune scolarisé(e), voire préparant un diplôme, et en butte aux persécutions de la part de telle ou telle préfecture.
En effet, on ne compte plus ces jeunes menacés d'expulsion, alors même qu'ils sont parfaitement intégrés car dûment scolarisés. Voilà qui nous démontre toute l'imbécilité du discours du démagogue évoqué plus haut, qui trouve plus logique d'expulser un(e) jeune préparant un BTS, par exemple, sous le simple prétexte qu'il n'a pas tous ses papiers en règle, alors même que de vieux paysans africains polygames continuent de se la couler douce tout en narguant les lois, bénéficiant ainsi d'une impunité à peu près totale !
Incohérence, quand tu nous tiens !
Ce misérable polygame malien a perdu sept enfants et un petit fils dans l'incendie meurtrier d'un squat, Boulevard Auriol (Paris 13e) |
P.S.
Comme preuve que tout le monde n'est pas au clair avec la terminologie, et que "immigré" est bien utilisé par le plus grand nombre sous la forme d'un euphémisme honteux voulant dire "étranger", voici un extrait du débat ayant opposé les deux candidats au second tour de la présidentielle française, ce 2 mai 2012, tel que reproduit par le site nouvelobs...
Droit de vote des étrangers... Droit de vote des immigrés... Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, avec la tentation communautariste...
Petite leçon de sémantique :
Eunice Barber est une sportive originaire de Sierra Leone et de nationalité française, bien connue des amateurs d'athlétisme. Barber est ce qu'on appelle une "immigrée", étant née à l'étranger et ayant bénéficié d'une naturalisation. Ce qui fait que Barber, l'immigrée, vote ou en tout cas, dispose du droit de vote en France. C'est le cas de plusieurs millions de citoyens français d'origine étrangère ayant acquis la nationalité par mariage ou par naturalisation. De fait, une grande partie des immigrés vivant sur le sol français disposent bel et bien de la nationalité française. En clair, immigré et étranger ne sont nullement synonymes, contrairement à ce que de nombreux journalistes et politiciens persistent à croire ou à véhiculer, faute d'une maîtrise suffisante du sens des mots !
P.S.
J'invite ceux que ça intéresse à s'offrir une petite visite de la Cité Universitaire du Boulevard Jourdan (RER, ligne B ; tramway T1), où ils pourront contempler notamment cette fresque d'inspiration précolombienne sur la façade de la Maison du Mexique.