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lundi 9 juillet 2012

Lettre ouverte à Samir, Hatem, Patrice, Florent, Jérémy, Yann, Karim, Frank et autres valeureux gladiateurs du football français victimes d'une nouvelle tentative de lynchage médiatique


Cette lettre ouverte s'adresse tout particulièrement à Samir Nasri, Hatem Ben Arfa, Karim Benzema et à tous leurs compères de l'équipe de France de football, que je tiens à féliciter, tous, pour la formidable saison de football qu'ils nous ont fait vivre récemment, entre France, Espagne, Allemagne, Italie, Angleterre, etc., en leur rappelant que le football est un sport qui se joue à onze mais qu'à la fin, ce ne sont pas toujours les Allemands qui gagnent. Depuis peu, la bonne grâce serait du côté de l'Espagne, mais les temps changent et la roue tourne : n'a-t-on pas vu les clubs espagnols boire la tasse en Champions' League ?

 
Le sport en général, et le football en particulier, sont des activités pénibles, voire dangereuses. Une chute à vélo et c'est parfois la fracture des poignets ou d'une clavicule, voire une fracture du crâne qui peut être fatale. On a déjà vu des gens s'effondrer en plein match de football et ne jamais se relever. On a vu Ben Arfa se faire couper en deux par une brute épaisse, qui ne l'a pas fait exprès, peut-être, mais bon, des brutes épaisses, le football n'en manque pas. Tout le monde se souvient de Patrick Battiston avec sa minerve, après une collision provoquée par Harald Schumacher, gardien de l'équipe allemande. Même Maradona eut droit à des arrêts de travail prolongés lorsqu'il jouait en Espagne.

Alors, il me semble que la moindre des choses face à des gens qui nous distraient plus que tous les politiciens, acteurs de théâtre et de cinéma réunis, en prenant le risque permanent de se faire écrabouiller un genou, une cheville, un tibia..., qui nous poussent à nous lever aux aurores ou à veiller tard pour ne pas rater un match intervenant à l'autre bout du monde, qui nous incitent à prendre des abonnements à des chaînes cryptées, histoire de ne pas rater une seule journée de Bundesliga, de Premiere League, de Liga, de Calcio, de CAN ou de championnats sudaméricains, mais aussi de NBA, de ski, de voile, d'équitation..., la moindre des choses, dis-je, ce serait de commencer par dire un grand MERCI à tous ces valeureux guerriers et à toutes ces valeureuses guerrières - car je n'oublie pas les filles - qui ont fait du sport le plus grand spectacle du monde.

Figurez-vous qu'en rédigeant ce papier, je me suis fendu dans un premier temps d'un lapsus au moment d'orthographier NASRI, puisque j'avais commencé par taper "MESRI", contraction de Merci et de Nasri !

Merci donc, cher Samir, pour ce but égalisateur contre les Anglais, sans lequel la France démarrait l'Euro avec un zéro pointé, qui l'aurait mise en grosse difficulté dès le deuxième match contre l'Ukraine ! De même qu'il faut adresser un grand merci à Malouda et à Menez, les autres buteurs français de cet Euro, ainsi qu'à l'ensemble des compétiteurs, français et autres, sans oublier les Espagnols, qui nous ont fait vibrer, une fois de plus, en mouillant le maillot.

Mais il faut croire que, par les temps qui courent, un certain nombre de pisse-froid, toujours les mêmes d'ailleurs, ont désappris à dire "merci", les mêmes abrutis avachis, quand ils ne sont pas carrément obèses et bourrés de cholestérol - je pense à l'autre crétin d'imprécateur qui officie sur Canal +  ; franchement, journaliste "sportif" et obèse, ça la fout mal ! -, qui se targuent de vouloir donner des leçons de comportement à nos meilleurs footballeurs, comme si eux-mêmes étaient des références en la matière.

En 2010, je dois avoir été un des rares à soutenir vigoureusement Nicolas Anelka, mais aussi Patrice Evra pour son rôle de capitaine valeureux et pas du tout dégonflé, de même que j'ai pris fait et cause pour Domenech. Tout ce que j'ai écrit à l'époque reste valable. Du reste, j'en connais au moins deux - Anelka et Domenech - qui doivent se gondoler de rire en voyant qu'on - des hyènes désœuvrées qui se font passer pour des journalistes - leur a trouvé des remplaçants sur l'autel du dénigrement.



I. Memento

"L'actualité, c'est vous qui la vivez, c'est nous qui en vivons.", aime à répéter Jules-Edouard Moustic en introduction de son Journal de Groland, sur Canal Plus. La formule se veut cynique mais elle résume parfaitement les rapports qu'entretiennent certains professionnels de l'information avec le public.

Pour mémoire, 2010 et la coupe du monde de football en Afrique du Sud, c'est l'histoire d'un faux en écriture, d'une fausse Une de journal qui a valu à Nicolas Anelka ce procès en sorcellerie qui a donné lieu à l'explosion de vociférations et d'imprécations relevant tant du Tribunal de l'Inquisition que du procès stalinien. Depuis, une escouade d'abrutis évoquent ce qu'ils ont baptisé "le fiasco de Knysna", comme preuve de la pauvreté de leur vocabulaire.

En rappelant cet événement, je tiens à préciser que je n'ai plus jamais relu ce quotidien dit sportif : pas une fois je ne l'ai acheté depuis ce samedi de juin 2010 où il fut rapidement en rupture de stock. C'est dire que je me passe très bien de la lecture d'une presse de merde.

Mais je tenais quand même à revenir sur ce poncif qu'on nous assène à tout bout de champ : le prétendu "fiasco de Knysna".

Et là, je ne peux m'empêcher de réitérer mes plus vives félicitations à Patrice Evra pour le sang-froid dont il a fait preuve - je revois encore ces images à la télévision, où on le voit se tenir avec les mains dans les poches, face à un préparateur physique qui s'excite bêtement -, manifestant là de vraies capacités de leader. Hé oui ! Evra est un vrai leader, comme l'équipe de France aimerait en avoir un en ce moment, sans faire injure à Lloris. Mais Lloris est un taiseux, or un grand capitaine doit plutôt être une grande gueule. Un grand capitaine, c'est quelqu'un qui prend ses responsabilités quand tous les autres baissent la tête et se mettent aux abonnés absents. Mais je m'en expliquerai tout à l'heure. 

Euro 2012. L'équipe de France se qualifie pour les quarts de finale. Il semble que c'est tout à fait conforme à la feuille de route définie par le président de la Fédération. Et qu'est-ce qu'on entend ? Que ce serait de nouveau la catastrophe, que rien n'irait plus, qu'il faudrait virer la moitié de l'équipe, et patati et patata, et gnagnagni et gnagnagna ! Et qui raconte cela ? Les mêmes tarés de journalistes soi-disant sportifs, dont une moitié d'obèses et de ventripotents bourrés de cholestérol, auxquels se sont joints tous les chroniqueurs de café du commerce, les demi-philosophes, quelques poufiasses qui n'ont jamais fait de sport, dans une espèce de grosse partouze verbale. C'est simple, impossible d'écouter une radio ou télévision sans tomber sur le sempiternel lamento sur le soi-disant misérable état de l'équipe de France de football, sur la soi-disant mauvaise éducation des joueurs (dans un pays dont le président a été surpris en train de crier "Casse-toi pauvre con" à un quidam !). Non mais sans blague !

Alors, chers amis (joueurs) de l'équipe de France de football, vous êtes évidemment plus jeunes que moi, mais je suppose quand même que vous avez un peu de culture historique en matière de football. Vous avez donc entendu parler des Kopa, Piantoni et autres Just Fontaine, ces illustrissimes stars des temps anciens.

Question : pouvez-vous m'énumérer les victoires de l'équipe de France des Piantoni, Fontaine, Kopa en... Coupe d'Europe des Nations, voire en Coupe du monde ? Prenons le "grand Reims" : combien de championnats d'Europe des clubs, ou de coupes des coupes ? Euh... Zéro !

Les réponses coulent de source, n'est-ce pas ? La France gagne le championnat d'Europe des nations (créé en 1960) en 1984 et 2000. En ce qui concerne la Coupe du monde, je ne vais pas vous rappeler 1998, enfin !, mais entre nous, organisée où ? Le fait est qu'une seule équipe, à ce jour, a gagné tous ses titres mondiaux hors de chez elle (si l'on excepte l'Espagne en 2010) : le Brésil.

Ce que ça veut dire ? Que la France n'a jamais été un monstre dans la galaxie footballistique. Prenons les clubs, par exemple, et comparons les performances des équipes belges ou néerlandaises avec celles des clubs français. Quant au niveau national, il aura fallu attendre la génération Platini-Tigana-Giresse pour l'Euro, et la génération Deschamps-Zidane pour le Mundial et l'Euro. Ça nous fait trois titres, à rapprocher des quatre coupes du monde des Italiens et de la flopée de titres mondiaux et européens des Allemands.

En clair, la France est une nation européenne de deuxième zone sur le plan du football, tant au niveau des clubs que des équipes nationales. Les réussites intervenues depuis 1984 relèveraient plutôt de l'exception que de la règle. La meilleure preuve en est que les meilleurs joueurs quittent la France parce que le meilleur football est en Europe bien plus qu'en France. 

Voilà ce qu'il faut avoir présent à l'esprit au lieu de nous bassiner des mensonges et des bidonnages dont cette mauvaise presse est capable. Car enfin, à cet Euro 2012, rappelons qu'il n'y avait pas la Belgique, pas la Hongrie, pas la Bulgarie, pas la Roumanie, pas l'Autriche, pas la Suisse, de même que les deux pays organisateurs ont disparu en phase de poules, et avec eux la grande Russie, les Pays-Bas, l'Angleterre, la Croatie, la République Tchèque, excusez du peu ! La France a fait bien mieux que tous ces pays cités, et qu'est-ce qu'on nous raconte ? Qu'on serait en train de vivre un nouveau Knysna ? Quels connards de chez CONNARD que ces journaleux de bas étage !

Et comme je vois que nos journaleux n'ont pas beaucoup de mémoire, alors je m'en vais la leur rafraîchir quelque peu. Pour ma part, je me souviens de trois énormes fiascos de l'équipe de France de football.

Premier fiasco. Le nom de Kostadinov vous dit-il quelque chose ? Oui, bien sûr ! Le bourreau de l'équipe de France de Papin et Ginola. Ah, le but de Kostadinov ! Je revois encore Guérin et Ginola près du point de corner... On se dit qu'ils vont garder le ballon dans les pieds, dès lors qu'il reste moins d'une minute à jouer ; la France tient le match nul et est normalement qualifiée pour le Mundial américain de 1994. Et c'est là que Ginola va péter un câble en balançant ce fameux "Exocet" à l'autre bout du terrain, les Bulgares sautant sur l'occasion pour amorcer une charge meurtrière en direction du camp français, jusqu'à la passe décisive en faveur de Kostadinov.

Ça pour un fiasco, ce fut un fiasco ! Je revois encore Aimé Jacquet, l'adjoint du sélectionneur Gérard Houiller, se prenant la tête à deux mains. Mais il faut aussi dire deux mots du comportement controversé de Ginola : nous sommes au Parc des Princes, le jardin du PSG. Et là, ce grand frimeur de Ginola veut épater la galerie. Aurait-il fait la même chose si le match s'était joué ailleurs qu'à Paris ? Comme quoi, il est souvent requis de garder ses nerfs sur un stade, le contraire pouvant être mis à profit par l'adversaire.  Mais ça, c'était en 1993.

Demandez donc à l'emblématique buteur et capitaine que fut Jean-Pierre Papin si la non qualification de la France pour ce mundial américain ne fut qu'une peccadille vite oubliée. Moi je suis certain qu'il en fait encore des cauchemars la nuit. Quant à Ginola...

Deuxième fiasco. Une dizaine d'années plus tôt, ce fut presque pire : 1982, Séville. Vous connaissez le scénario. La France joue une demi-finale contre la "National Mannschaft" (il y a toujours une escouade de débiles qui persistent à dire la Mannschaft, ce qui, en allemand, veut dire l'Equipe, simplement. L'équipe nationale de football se dit en allemand "Die Nationalmannschaft"). Les Français mènent par 3-1. Quand je dis "les Français", c'est quand même le gratin des Platini, Rocheteau, Trésor, et j'en passe ! Et les Français vont se faire égaliser, et perdre aux tirs-au-but. Celui qui vous dit que cette défaite-là n'a pas été un immense fiasco pour le football français, celui-là n'est qu'un pauvre connard !

Troisième fiasco, que tout le monde semble avoir zappé, pour ne se concentrer que sur Knysna : on est en 2006. Vous connaissez l'histoire, n'est-ce pas ? Le soi-disant incompétent Domenech a mené la France en finale contre l'Italie. Et c'est là qu'une espèce de triple idiot va péter un câble en donnant ce fameux coup de tête à un adversaire, laissant la France à dix dans un match qu'elle avait des chances de gagner.


Le monde à l'envers : un abruti stupide et violent prive peut-être son pays d'une victoire en coupe du monde et il ne fait l'objet d'aucune sanction ; mieux : il est reçu en grandes pompes à l'Élysée !

Entre nous, vous souvenez-vous seulement d'une convocation de l'idiot au coup de tête devant quelque commission de discipline que ce soit ? Oui ? Non ? J'ai même entendu dire que cet abruti de Zidane aurait figuré parmi les possibles repreneurs du flambeau de sélectionneur. Il faut croire que les paroles marmonnées en Afrique du Sud par Anelka relèveraient du scandale national, de même qu'un doigt posé sur la bouche par Nasri en direction des journaleux de service constituerait le summum de l'intolérable, tandis qu'un coup de tête suivi d'un carton rouge en pleine finale de coupe du monde ne relèverait que de la broutille, alors qu'il s'agissait d'une bêtise assimilable à de la haute trahison.

Vous voulez que je vous dise ? Chers Nasri, Ben Arfa et Cie, si j'étais à votre place, les vociférations de certains connards de journaleux sonneraient à mes oreilles comme autant de compliments ! Je précise que le mot "connard" ne fait pas partie de mon vocabulaire usuel, mais je me dois d'utiliser un lexique que certains écrivailleurs de la "grande presse" sont en mesure de comprendre, parce que leur vulgarité n'a d'égale que leur cynisme.

Petit conseil, pour commencer, à Samir Nasri : si tu ne veux pas avoir à disjoncter suite à la lecture d'un ou de plusieurs mauvais papiers te concernant dans la presse, pourquoi diable t'infliges-tu cette corvée ? Tu fais comme moi, tu arrêtes de lire le journal, ou certains journaux, c'est tout. Ça n'empêchera jamais les clameurs montant de la rue de parvenir jusqu'à tes oreilles, mais bon, elles seront déjà pas mal atténuées. C'est déjà ça !

Le problème avec les commentateurs sportifs c'est qu'ils collent parfaitement avec la formule de Jules-Edouard Moustic : ce ne sont que des parasites qui attendent que certains triment, pour venir ensuite vomir leurs commentaires, histoire de se donner l'impression de servir à quelque chose, alors qu'ils ne servent à rien !

Tenez, qui se souviendra, dans seulement six semaines, des vociférations d'un tel ou d'une telle sur le comportement d'un Ben Arfa, d'un Nasri ou d'un Menez à l'Euro 2012, sachant que, dans six semaines, les championnats seront de nouveau en phase de démarrage, et que des centaines de millions voire milliards de passionnés de foot vont se précipiter vers les stades, prendre des abonnements sur les bouquets câblés et satellitaires, etc, en espérant que la saison 2012-2013 sera aussi "saignante" que sa devancière ? Dans quelques semaines, tous ces parasites qui blablatent autour du sport ne seront plus que de vagues silhouettes rejetées dans l'ombre, tandis que les champions évolueront en pleine lumière.


II. Débriefing

Le problème avec ces médiocres experts en football et autres imprécateurs de café de commerce c'est que leur obnubilation pour de soi-disant problèmes de comportement des joueurs fait qu'ils passent - délibérément - à côté de l'essentiel, à savoir le jeu, sur le terrain et à côté du terrain. Je pense tout particulièrement à une gymnastique que s'imposent tous les joueurs d'échecs et que les autres sports négligent encore trop souvent : la préparation mentale. Alors j'invite les coaches sportifs et autres entraîneurs à bien lire ce qui va suivre et à tenter d'en tirer le plus grand profit. Vous voyez comme je suis modeste !

Pour ma part, je pense pouvoir expliquer certaines choses de cet Euro 2012 à partir de la saison régulière en club, dans la mesure où j'estime que ce championnat des nations est intervenu à un bien mauvais moment - mais comment faire autrement, avec les jeux olympiques qui vont arriver dans la foulée ? - pour un bon nombre de joueurs, compte tenu de la densité exceptionnelle de la saison écoulée. Et c'est là que je m'en vais donner quelques leçons de stratégie et de psychologie sportive à tous ces illettrés qui se prennent pour des commentateurs sportifs, sans comprendre grand chose au (= à l'essence même du) sport, même après l'avoir pratiqué - pour certains - en professionnels, ce qui est quand même un comble !

Pour l'essentiel, mon analyse se fonde sur un constat simple : le monde du sport, donc du football, n'a encore rien compris à la psychologie ! Et le moins qu'on puisse dire est que la plupart des équipes de cet Euro 2012 ont été fort mal préparées à cet événement, quels que soient les investissements consentis sur le plan de la préparation mentale.

Et le premier indice du manque total de préparation psychologique affiché par les équipes de football voire d'autres sports, c'est la tradition - stupide - de la conférence de presse. Et là j'avoue être toujours estomaqué de voir des joueurs impliqués dans une importante compétition sportive, venir dilapider leur influx nerveux lors de séances de questions-réponses avec les journalistes. C'est vraiment le signe du médiocre management psychologique de ces équipes.
"Tous les joueurs ont été d'une grande disponibilité, d'une grande courtoisie, tant devant la presse, la radio, la télévision." (Noël Le Graet, président de la Fédération Française de Football, TF1, Téléfoot, 24.06.2012)

Pour comprendre l'ineptie de la chose, voyons ce qui se passe ailleurs, par exemple dans un sport cérébral comme les échecs. A-t-on jamais vu des champions d'échecs venir se confier aux journalistes entre deux parties ? Et s'ils ne le font pas, c'est parce qu'ils ont de bonnes raisons, non ? Comme par exemple la volonté de ne pas diluer leur influx nerveux en parlottes inutiles ou vaines. Et si l'influx nerveux est important pour un joueur d'échecs, pourquoi ne le serait-il pas pour un footballeur ?

Moralité, si j'étais le préparateur mental d'une équipe de football, j'interdirais formellement à mes joueurs de prendre part à quelque conférence de presse que ce soit durant une compétition. Les équipes n'ont qu'à engager des attachés de presse chargés de communiquer avec les médias.

Quelques exemples choisis vont me permettre d'illustrer la difficulté qu'on eue certains joueurs à aborder cet euro 2012.


1. L'usure
"Ça a été une saison très longue ; à certains moments même, on n'avait plus envie d'entendre parler de football." (Adil Rami, TF1, Téléfoot, 24.06.2012)

Beaucoup de participants de cet Euro 2012 étaient usés, tant physiquement que mentalement. Dans cette catégorie, je mettrais un Evra ou un Ribéry, mais aussi quelqu'un comme le Néerlandais Arjan Robben. Le fait est que Patrice Evra et ses compères de Manchester United ont connu une désillusion qu'ils avaient pris l'habitude d'infliger aux autres, à savoir venir coiffer tout le monde sur le poteau dans les dernières journées de la Premiere League. Or là, c'est l'ennemi intime, City, qui s'impose, mais alors, sur le fil : à la seule différence de buts ! Quelle torture pour les gars d'Alec Ferguson !

Pour Ribéry et le Bayern, c'est presque pire. Je dois dire que depuis que Frank est en Bavière, j'ai suivi tous les matches de la Bundesliga en direct, le samedi après-midi, sur la radio de Bavière (Bayern 1), et le moins qu'on puisse dire est que Jupp Heynckes et ses boys sont tombés, ces deux dernières saisons, sur un os, avec ces teigneux de Dortmund qui n'ont quasiment pas perdu de match en championnat, ni en coupe d'Allemagne d'ailleurs, et qui ont infligé aux Munichois une collection de défaites cinglantes, dont une cuisante défaite à domicile lors des matches aller, ce à quoi il faudrait ajouter, évidemment, cette Champions' League perdue contre Chelsea, et encore à domicile ! De quoi vous démolir le moral de n'importe qui, et l'on comprend que Robben ait été complètement transparent durant cet Euro. Ribéry a bien tenté de faire bonne figure, mais Dieu que ce fut épuisant ! Mais pour ce qu'il a montré à l'Euro, il mérite les plus vives félicitations, même si la tête n'y était pas vraiment.

Même observation pour Patrice Evra. Mais évidemment que les idiots et autres crétins qui n'ont jamais vécu le sport ne peuvent pas comprendre ce que ça a dû être pour Alex Ferguson et son équipe que de se voir dépossédés d'un titre qui vous tendait les bras, et ce, à la toute dernière journée, et de surcroît, à la simple différence de buts ! Parce que, jusque-là, c'était une spécialité de Manchester United que de coiffer les Arsenal et autres Chelsea au poteau, en venant rafler le titre dans le money time. Là, ce fut une cruelle réponse du berger à la bergère, et infligée par qui ? L'ennemi intime, le voisin haï de Manchester City. Ceux qui ne vivent pas le sport ou ne connaissent pas le fighting spirit britannique ne peuvent pas comprendre ce que c'est qu'un DERBY : Manchester et Manchester, Milan et Milan, Turin et Turin, Rome et Rome, Madrid et Madrid, les cinq clubs londoniens, les trois clubs d’Istanbul... : une histoire de suprématie locale et de guerre de clochers qui  dépasse tout, et qui a des origines fort anciennes. Du temps de la féodalité, il n'y avait pas de place, sur un même territoire, pour deux suzerains. C'est la fable africaine des deux crocodiles dans un même marigot. Il y en a forcément un de trop.

Alors vous imaginez pour Manchester United la perte du titre au profit de ces... de City. Et j'en entends qui blablatent sur une prétendue méforme de Patrice Evra à l'Euro. Et j'avoue qu'en l'observant aux côtés de Malouda, sur le banc de touche, je n'ai pas pu m'empêcher de penser : "quel dommage, quand même, que l'équipe de France de football n'ait pas un préparateur mental - des préparateurs mentaux - dignes de ce nom !". Evra n'était pas en méforme ; il y a juste que les batteries auraient eu besoin de quelques semaines supplémentaires pour être remises à niveau. Et ça, ça passait par un gros programme de reconditionnement sur le plan mental, histoire d'évacuer l'énorme désillusion d'avoir eu à "offrir" le titre à l'ennemi intime, Manchester City.

Et dans la catégorie des joueurs "usés", je mettrais également un Karim Benzema. Mais pour lui, ce serait un mélange d'usure et d'euphorie. Une première saison vraiment pleine, et quelle saison ! Le titre au bout, devant l'ennemi intime, le Barça. Seulement voilà : titulaire, ça veut dire qu'on joue souvent, et ça, mine de rien, ça épuise ! Surtout quand on perd des matches qu'on aurait dû gagner. Le Real mène à Munich et laisse bêtement les Bavarois égaliser, suite à un débordement rageur de Lahm. C'est là que le Real perd la qualification. Et dire que tout le monde s'attendait à voir les deux Espagnols s'opposer en finale ! Mon opinion est que Benzema a trop joué durant la saison et qu'il a manqué de jus à l'Euro. Du coup, cette Benzema-dépendance instaurée par Laurent Blanc s'est avérée contre-productive. Moi j'aurais laissé Benzema sur le banc au moins une (1ère) mi-temps par match. Voyez le sort réservé par Del Bosque à Fernando Torres, lequel a fini... meilleur buteur de l'Euro ?! Comme quoi, cher Karim, un peu de temps sur le banc, histoire de laisser jouer les petits camarades, ça ne fait pas de mal !



2. L'euphorie

L'euphorie, ça veut dire qu'on est sur un petit nuage, et qu'on n'en est pas encore redescendu. Phénomène psychologique parfaitement compréhensible et naturel chez des combattants, et qui a dû se produire chez Nasri (champion d'Angleterre), mais aussi Malouda (Champions' League), qui ont eu l'immense mérite de s'arracher pour marquer chacun un but, parce que ce n'était pas évident de se remotiver si près de la fin d'une saison d'enfer.

Prenons Florent Malouda et Chelsea : depuis le temps que ce club courait après cette Champions' League ! La décompression qui intervient après un tel titre me fait penser à ce mot du skieur Franck Picquard à propos d'une éventuelle victoire à la Mecque des descendeurs : le Hahnenkamm à Kitzbühel, en Autriche. Commentaire de Picquard : "Si un jour je gagne ici, le lendemain, j'arrête le ski !". Sauf que Malouda n'a pas arrêté le football et qu'il a fallu tout de suite se relancer pour l'Euro. Et c'est là que lui et d'autres auraient eu besoin soit de longues vacances, soit d'une sacrée préparation mentale, même si lui a montré plus d'expérience que d'autres en surnageant plus qu'honnorablement. Mais je reconnais que, pour lui aussi, ça a dû être très dur.

Autre quidam saisi par une euphorie toute compréhensible : Ben Arfa. Petit rappel : l'année d'avant, on l'avait vu se faire couper en deux par l'autre brute de De Jong. On imagine les mois passés en rééducation. Newcastle finit douzième. Et puis Ben Arfa reprend la compétition. Bien sûr qu'il n'est pas tout seul. Il y a notamment Cabaye et Papiss Cissé avec lui. Cela dit, comment oublier ces buts d'anthologie qui ont fait le tour du monde ? Le fait est que Ben Arfa a réalisé une saison plus que correcte pour sa première vraie saison anglaise, surtout si on fait le ratio de son impact sur le terrain, rapporté au temps de jeu. Sur ce plan, il doit être un des meilleurs en Europe ! Parce qu'une chose est de marquer un but d'anthologie ici ou là, une autre est de rapporter les trois points à la maison. On retiendra que Newcastle est revenu en Premiere League en se classant douzième la première année, cinquième la suivante. Encore un effort, et ils s'insinuent dans le Big Four, ce qu'ils ont bien failli faire, d'ailleurs. Bilan de la saison 2011-2012 : Newcastle finit devant ces deux ogres que sont Chelsea et Liverpool. Just incredible! Comment ne pas être euphorique avec ça ? Il faut vraiment n'avoir jamais fait de sport - ou alors, il y a très longtemps - pour ne pas comprendre... !

Mais je crois que le plus euphorique de tous, c'est encore Samir Nasri. Rendez-vous compte : il ose partir du cocon presque familial d'Arsenal, un des Big Four. Et le voilà dans ce club plus qu'improbable de Manchester City, lequel, malgré les milliards de l'émir propriétaire, n'arrive toujours pas à décrocher quoi que ce soit. Et puis, là, coïncidence ou non, Nasri arrive, tel Zorro, et voilà City champion. Et là, j'avoue que ce fut particulièrement épique !

Sur le graphique ci-dessous, on visualise les leaders de Premiere League journée par journée durant la saison 2011-2012. Et là on voit qu'hormis la toute première journée, deux clubs en tout et pour tout se sont disputé le titre, dans un mano-a-mano de "ouf" !


Source

Et c'est là qu'on mesure toute l'intensité de ce match à deux entre les deux frères ennemis de Manchester (Égalité parfaite des matches gagnés - nuls - perdus : 28 - 5 - 5, pour 89 points chacun) et l'énorme effort qu'il a fallu fournir à City pour s'imposer, mais seulement...  à la différence de buts ! Alors, vous imaginez l'explosion dans le vestiaire de City à la fin de la dernière journée, et la déception chez Evra et Compagnie... Voila qui nous promet une saison 2012-2013 d'enfer ! 

Alors, que Nasri arrive à l'Euro un peu émoussé et encore sur son petit nuage, qui pourrait le lui reprocher ? Quant aux journaleux de bas étage qui lui ont craché dessus, mais aussi à ce pauvre aigri de Gallas, seule la bêtise et la connerie peuvent expliquer ce type de comportement. Ce gamin a déjoué tous les pronostics, adressant un sacré pied-de-nez à ceux qui lui ont reproché son départ "irréfléchi" d'Arsenal. Et le voilà qui touche le jack-pot. Normalement, à part quelques connards de journaleux, de jaloux et de bonimenteurs de café du commerce, tout le monde devrait lui dire "BRAVO SAMIR ! BIEN JOUÉ !"


III. Même pas en rêve !


Alors évidemment, dès lors que je n'achète plus aucun journal en France [à part des magazines scientifiques, d'informatique ou culturels, ainsi que le quotidien La Croix, de temps en temps/cf. l'excellente mise au point sur la Syrie : Syrie, guerre civile et guerre des mots (25.06.2012), avec une approche enfin honnête de la propagande pratiquée de tous les côtés, et là on se dit : Ah, quand même, un peu d'honnêteté intellectuelle !], je suis allé piocher sur le net et j'ai déniché par exemple ce qui suit, tiré du site leparisien.fr :
Mardi, le comité exécutif de la Fédération française (FFF) se réunit à Paris. Le comportement de Samir Nasri en Ukraine sera alors évoqué par les douze membres du gouvernement du football français, dont certains étaient présents à Donetsk, comme le président et le vice-président délégué (FFF), Noël Le Graët et Bernard Desumer. (...)

L’examen du dossier du milieu de Manchester City concerne ses propos à l’adresse d’un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) après Espagne - France dans les sous-sols de la Donbass Arena. L’épisode a été relaté ainsi par l’AFP elle-même, dimanche : « Sollicité pour une réaction sportive d’après-match, le Citizen a d’abord lancé une diatribe antipresse : Non, de toute façon, vous cherchez toujours la merde. Le journaliste lui demande alors de ne pas faire d’amalgame, lui rappelant un entretien diffusé le 28 février, dont le joueur avait aimé le contenu. Mais Nasri ne change pas de ton ni de thème et, pour couper court à l’échange, le journaliste réplique : Eh bien, casse-toi alors si tu n’as rien à dire. Quelques secondes plus tard, le joueur revient et apostrophe son interlocuteur : Tu me dis de me casser ? Viens, on va régler ça là-bas. À l’agencier qui lui répond : C’est ça, le milieu de terrain assène : Va te faire en…, va n… ta mère, sale fils de p… Tu veux qu’on s’explique, va te faire enc… Voilà, comme ça vous pourrez écrire que je suis mal élevé. »
C’est l’incident de trop. Le comité exécutif ne possède aucun pouvoir disciplinaire. Mais il va renvoyer le dossier devant une commission, a priori plutôt le Conseil national de l’éthique (CNE), présidé par Laurent Davenas, que la commission de discipline de la FFF, qui avait traité des suites de Knysna. Tout le débat est de savoir si les déclarations de Nasri sont publiques, ce qui relève du CNE, ou pas, ce qui concerne alors la discipline. Il reste qu’à la fin, après audition, punition et éventuellement appel, l’ancien Marseillais sera sanctionné.
À la FFF, l’attitude de Nasri ne passe pas. « Cela fait deux ans que l’on se bat pour redorer l’image des Bleus et il vient de tout mettre en l’air, dit-on Boulevard de Grenelle. Dans trois mois, si le public le siffle, il va lui faire un bras d’honneur ? S’il ne se passe rien, on prend le risque d’une nouvelle affaire dans deux ans. Il faut une sanction. » L’affaire pourrait se régler autrement et plus lourdement : en accord avec le sélectionneur, la FFF pourrait décider que Nasri n’est plus sélectionnable et donc n’est plus sélectionné.

Mais avant de commenter ce qui précède, je poserai une question, à laquelle je n'ai toujours pas eu de réponse, depuis que je l'ai posée en 2010 : en 2006, Zidane a-t-il touché la prime ? On sait qu'il n'a jamais été convoqué devant quelque commission de discipline que ce soit, après qu'il a trahi ses coéquipiers et son pays, avec ce coup de tête débile vu par des milliards de téléspectateurs.

Or voilà que la grande affaire, l'affaire d'État, le scandale national, ce seraient des paroles en zone mixte de Samir Nasri à l'endroit d'un "journaliste", lequel est le seul à les rapporter, en clair, une CONVERSATION D'ORDRE PRIVÉ entre deux hommes, et c'est là que j'aimerais qu'il se trouve un seul juriste pour me dire en quoi cet incident d'ordre privé concernerait la Fédération Française de Football, celle-là même qui s'est abstenue ne serait-ce que de convoquer Zidane en 2006 pour audition.

"L’examen du dossier du milieu de Manchester City concerne ses propos à l’adresse d’un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) après Espagne - France dans les sous-sols de la Donbass Arena...; l'épisode a ainsi été relaté par l'AFP elle-même...".

Et bien évidemment, tout ce qui sort de l'AFP a valeur d'Évangile ? À ceci près que la masse de ceux qui croient encore aux Évangiles ne cesse de fondre chaque jour un peu plus, ce qui vous explique aussi pourquoi la presse connaît de si sérieux problèmes en ce moment. Voyez France Soir !

Si j'ai bien compris, c'est uniquement sur la base du rapport d'un quidam qui se trouve être journaliste à l'AFP que Nasri est censé se faire supplicier sur la place publique, l'homme de l'AFP étant - mais ça, on l'avait compris - à la fois juge et partie, encouragé en cela par tous les quidams de sa corporation ? À quoi on me fera remarquer que la méthode a déjà marché en Afrique du Sud, avec cette fausse Une que personne n'a osé critiquer, un faux en écriture qui a quand même conduit à une sanction lourde pour Anelka. Alors, pourquoi s'étonner que d'aucuns cherchent à nous refaire le coup de Knysna ?

Ce qu'il y a quand même de formidable dans ce pays qu'est la France, c'est que les journalistes y font les questions et les réponses, et qu'ils prétendent avoir un droit de vie et de mort sur la carrière des sportifs, allant jusqu'à dicter aux instances fédérales du sport leur comportement en matière de discipline. Ne voilà-t-il pas que l'on nous annonce déjà la fin prochaine de la carrière en équipe de France de Samir Nasri et de quelques autres ? Et sur la base de quoi, je vous le demande ? Ils n'ont donc pas de règlement à la FFF pour devoir ajuster leur code de déontologie sur les récriminations de la presse ?

Et là, je dirais à nos braves journalistes "sportifs" : même pas en rêve ! Le problème, ici, est qu'il s'est bel et bien agi d'une conversation privée entre Nasri et un journaliste, et que je sache, le journaliste de l'AFP ne fait pas partie du staff de l'équipe de France de football, ou alors c'est que le règlement de la FFF a été modifié tout récemment et en catimini ! Et c'est bien pour ça que j'invite nos journaleux à ne pas épuiser inutilement leur salive à blablater dans le vide : il n'y a rien dans les statuts de la FFF qui autoriserait cette organisation à statuer sur une conversation privée entre Nasri et quiconque non membre du staff de l'équipe de France.

Même si, à en croire certains, la carrière de Nicolas Anelka aurait dû s'arrêter brutalement à l'été 2010... Aux dernières nouvelles, Nicolas Anelka est en Chine, où il joue les pionniers, c'est-à-dire qu'il va marquer l'histoire du football dans ce pays en contribuant à le populariser auprès des foules. Ça nous fait un sacré audimat pour les matches de championnat là-bas. C'est pourquoi j'inviterais volontiers nos grands journaleux français à méditer ceci : "Ce que vous n'avez pas fait, vous aurez beaucoup de mal à le défaire !".

Samir Nasri a suffisamment d'argent pour s'offrir un très bon avocat. Et je sais, par avance, que l'avocat de Nasri lui intimera l'ordre de ne pas évoquer sa vie privée en public,  et encore moins devant une commission de discipline, sachant que l'altercation rapportée par l'AFP relève strictement de la sphère privée du joueur. À partir de ce moment, je doute fort que quiconque à la F.F.F. ose commettre ce qui constituerait une ingérence dans la vie privée de Samir Nasri.


By the way, soit dit en passant, chers messieurs de la F.F.F. (je n'y ai jamais vu la moindre femme !), quand vous le rencontrerez, pensez à dire MESRI (Merci + Nasri) à Samir pour son but égalisateur contre son propre gardien de Manchester City. Le manager anglais aurait dû se méfier, et prévenir son gardien :  

Should anyone try his best to manage to score against you, it would only be Samir; you'd better keep an eye on him!


"S'il y en a un qui va tout tenter pour scorer contre toi, c'est Samir ; méfie-toi de lui !".

Bravo Samir, pour ce but - et dire qu'il y a des connards qui trouvent que Nasri et les autres ne mouillent pas assez le maillot ! - et surtout pour le titre anglais, et rendez-vous dans quelques semaines pour la reprise du championnat. Malgré son grand âge, ce Ferguson est un teigneux ; et pour moi, le ManU d'Evra sera encore l'équipe à battre l'année prochaine ; quant aux autres (les Malouda, Ben Arfa, Giroux, Hazard...) ils vont attaquer la prochaine saison avec le couteau entre les dents. Cela dit, voir Newcastle finir la saison devant Chelsea et Liverpool, j'avoue que je n'en reviens toujours pas !



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mardi 8 mai 2012

France 2012. Deux tours de scrutin, pour presque rien !



Et dire que les Français passent pour un peuple cartésien ! Tout ça parce que Descartes était français !

Mais à la vérité, force est de reconnaître que ce pays a les moeurs politiques les plus incohérentes du monde moderne, à cause d'une momie sortie du 19ème siècle, un général de brigade qui avait pour modèle le colonel Spontz ou le général Alcazar chers à Hergé, l'inventeur de Tintin. Ça vous donne deux tours de scrutin, et pas toujours de pouvoir opérationnel à la tête du pays ; pour ça, il va encore falloir patienter plus d'un mois, jusqu'à la mi-juin. Just incredible!

Le fait est que la France a un nouveau président de la République, ce qui nous a valu des scènes de liesse populaire Place de la Bastille et rue de Solférino, à Paris, Place de la Cathédrale, à Tulle, et un peu partout dans le pays, des scènes de liesse qui, pour ne rien vous cacher, m'ont laissé quelque peu dubitatif.

Rendez-vous compte : l'autocrate probablement le plus honni de l'histoire des républiques françaises, lequel, au bout de cinq ans, avait fini par mettre son pays dans un état de crise de nerfs indescriptible, avec des fermetures d'écoles à foison, un chômage en hausse, des assassinats en Corse et à Marseille, en veux-tu, en voilà, l'insécurité partout, la sécurité nulle part, le tout après des montagnes de promesses démagogiques durant la campagne de 2007, le tout assaisonné par des relents de corruption entre l'argent d'une riche famille (Bettencourt), un attentat suspect au Pakistan (2002, Karachi), l'achat suspect d'un appartement, jusqu'à cette immonde guerre en Libye, peut-être conduite non pas pour les beaux yeux des démocrates libyens, mais avec d'autres visées, à savoir dissimuler un crime d'Etat : le financement occulte par la Libye d'une campagne électorale... Et voilà que cet autocrate honni, vomi par la majorité de son peuple, réalise le tour de force de se hisser à 48,4 % des voix au second tour, là où d'autres, dans d'authentiques démocraties, auraient été balayés avec moins de 40 % des votants du second tour...

Rendez-vous compte : ce type n'était qu'à un point et des poussières de la majorité des voix !

Pauvre France !

Du coup, j'ai presque eu de la peine pour le nouveau président élu, mais, entre nous, on l'avait prévenu ! Les Français se sont moins mobilisés lors des inscriptions sur les listes électorales, puis les inscrits se sont moins mobilisés pour aller voter, et par la suite, il y a eu beaucoup de bulletins blancs ou nuls. Résultat des courses : une victoire riquiqui.

Voilà donc Hollande prévenu, ce que nous n'avons pas cessé de faire ici même !

Les banlieues et les quartiers populaires ont plébiscité Hollande ? Ouais ! Et moi j'en connais un paquet, qui y sont allés presque à reculons, plus par aversion pour l'autre autocrate que par adhésion pour Hollande. Et si jamais il oublie cette réalité là, alors c'est qu'il n'a rien compris à la politique.

Parce que la situation est grave : la droite n'est pas morte. L'UMP part de très haut (1), avec près de 360 députés sur 577. Ça fait énormément de députés sortants, face à énormément de néophytes de gauche. Et il faudrait arracher autour de 75-80 circonscriptions à la droite par rapport aux législatives de 2007 pour que la Gauche s'installe à peu près confortablement à l'Assemblée Nationale.

Et ça, c'est pas gagné !

Alors j'ai vu que d'aucuns postulaient déjà à des maroquins ministériels, à l'instar de ces zozos écologistes. Les imbéciles ! Cette pauvre Cécile Duflot qui, décidément, n'a rien compris à la politique ! Avant de se voir ministre, il va falloir d'abord gagner les législatives, sans quoi, Hollande est mort politiquement, s'il devait se farcir cinq années de conseil des ministres avec un gouvernement de droite !

Cartésiens, les Français ? Cette bonne blague !

Donc, en cette soirée du dimanche 6 mai 2012, interdiction fut de nouveau faite aux médias d'annoncer quelque estimation que ce fût. Je suis donc allé voir en Belgique et en Suisse. Sur les sites de la Libre Belgique et de la Tribune de Genève, on savait dès la fin de l'après-midi que Hollande avait gagné.

Capture d'écran vers 18h30

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Détail croustillant : sur les sites étrangers, on a appris un scoop vite confirmé sur les chaînes de télévisions françaises : les installations de la Place de la Concorde à Paris (prévue pour la fête des amis du candidat sortant) étaient en cours de démantèlement, d'où l'interdiction faite aux télévisions de filmer. Ce qui voulait tout dire ! Du coup, c'est à la Mutualité que se retrouvaient toutes les télévisions qui voulaient prendre la température du peuple UMP. Tu parles d'un secret de Polichinelle !

On parie de nouveau ? Que bien des promesses de François Hollande vont passer très vite à la trappe ? Voyez mon avant-dernier post sur les cantines scolaires et les piscines municipales...

Pauvre François Hollande... Tout ce temps passé à dire "je", "je", "je"... !


(1)  Objection votre honneur ! Et là, je dois battre ma coulpe : les 360 députés ou à peu près, c'était en 2002 ; en 2007, la droite a raflé autour de 310 sièges, ce qui la met encore une bonne trentaine de sièges au-dessus de la majorité absolue. Mais, surtout, l'épouvantail de l'Elysée ayant disparu, les députés sortants de droite vont se retrouver un peu plus libres dans leurs mouvements. Et la Gauche n'est pas certaine de conserver tous ses sortants... Alors ? Cohabitation nullement illusoire !

jeudi 3 mai 2012

France. Présidentielle 2012. Les mensonges de François Hollande


Vous connaissez la nouvelle ? François Hollande ment !

Si, si, je vous assure. Il est vrai qu'il y a là quelque 18 % d'électeurs du Front National du premier tour qui présentent un intérêt certain pour les candidats du second tour. C'est en tout cas la preuve que Hollande ferait un excellent président de la République française, puisque même pas encore élu, voilà qu'il prend ses futurs électeurs pour des billes, ou pour des nouilles, c'est selon, conformément à l'adage qui veut que les promesses n'engagent que ceux qui y croient.

Et qu'est-ce qu'il a promis, le Hollande ?

Il a promis ça !

Source

Vous avez bien lu ? Non ? Alors on reprend tout :
Que les Français n'aient aucune inquiétude: sous ma présidence, il n'y aura aucune dérogation à quelque règle que ce soit en matière de laïcité. La loi sur la burqa, si je deviens président de la République, sera strictement appliquée. Aucun horaire de piscine ne sera toléré s'il fait la distinction entre les hommes et les femmes. Rien ne sera toléré en termes de présence de viande halal dans les cantines de nos écoles, il n'y a pas nécessité de faire peur."

Trois points qui ne concernent, en filigrane voire de manière explicite, que l'Islam : la loi (de droite) sur la burqa, les horaires des piscines municipales et le menu des repas des cantines scolaires. Étrange.

1. La loi sur la burqa

Franchement, on croyait qu'il ne s'agissait que d'une loi visant la dissimulation intégrale du visage dans l'espace public, et voilà qu'on apprend qu'elle ne vise qu'un seul accessoire vestimentaire : la burqa, cagoule n'existant que dans un pays : l'Afghanistan, où elle sert à dissimuler entièrement le  visage des femmes aux regards. Voilà que Hollande nous apprend qu'il se chargera, en sa qualité de président de la République, de l'application "stricte" de ladite loi. Vous avez compris que François Hollande, à l'instar de son futur prédécesseur, cumulera les fonctions de président de la République et de ministre de l'Intérieur !

2. Horaire des piscines

Aucun horaire ne sera toléré s'il fait la distinction entre les hommes et les femmes. Il faut croire que ce sont les piscines publiques qui sont visées ici, et que le futur président de la République entend s'impliquer lui-même dans la gestion de la planification des piscines municipales. Ce qui laisse à penser qu'il estime que ses fonctions de président ne devraient pas l'occuper bien longtemps, lui laissant le temps de se mêler des activités des piscines publiques des 36.600 municipalités de France et de Navarre.

On me fera observer que toutes les municipalités de France et de Navarre ne possèdent pas de piscines publiques. Certes. Mais on peut imaginer que les plus grandes villes en possèdent plus d'une, ce qui fait beaucoup d'établissements à superviser !

Rappelons en passant qu'il existe un droit administratif régissant les pouvoirs des municipalités et des pouvoirs publics locaux que sont les départements et les régions.

Entre nous, qu'est-ce que la distinction entre hommes et femmes dans une piscine aurait à voir avec la laïcité, sujet de la discussion lors du débat évoqué plus haut ?

3. Viande halalRien ne sera toléré en termes de présence de viande halal dans les cantines de nos écoles.

Vous aurez observé que Hollande ne dit pas un mot d'une autre viande relevant de l'abattage rituel : la viande casher ! Faut-il en déduire que le pas encore président entend d'ores et déjà induire une discrimination à l'encontre de la viande halal et épargnant la viande casher ? Et en quoi la présence éventuelle de viande halal, pour peu que la présence de ladite viande n'interdise nullement la présence d'autres viandes dans les cantines, irait-elle à l'encontre des lois sur la laïcité ? A-t-on jamais édicté en France de loi régissant le menu des cantines scolaires ?

Mais revenons à la lettre de la déclaration : rien ne sera toléré en termes de présence de viande halal dans les cantines... Toléré par qui et par le biais de quel texte ? La question n'a rien de théorique dans la mesure où le pas encore président de la République qu'est Hollande n'est pas candidat à la députation. Or un président de la République prend des décrets en conseil des ministres, ce qui suppose l'accord du gouvernement. Il procède à des nominations et promulgue les lois, après que le parlement les a votées, la mission de législateur incombant au parlement et non au président de la République.

Existe-t-il une seule loi dans l'arsenal législatif, interdisant à une municipalité de servir de la viande halal, parmi d'autres viandes, dans les cantines scolaires ?

Par ailleurs, Hollande voudrait-il nous faire croire que les réglements régissant les cantines scolaires seront désormais placés sous l'obédience de la présidence de la République, soit pour les centaines de milliers d'écoles publiques des 36.600 communes de France ?

Soit dit en passant  : cela vaut-il aussi pour Mayotte, cette terre musulmane à 90 % ?

Autre question : ce principe de non présence de toute référence religieuse dans l'espace scolaire vaut-il aussi pour l'Alsace-Moselle ? En clair, François Hollande est-il en train de nous expliquer que, sur la partie du territoire français encore soumise au Concordat, donc échappant à la Loi de 1905, une interdiction de la viande halal serait édictée, ce qui se traduirait, en Alsace-Moselle, par un double standard, laxiste à l'égard du judaïsme, du catholicisme et du protestantisme - religions subventionnées par l'Etat -, mais rigoureux à l'égard de l'Islam ?

En d'autres termes, le non encore président de la République qu'est Hollande est-il en train de nous expliquer qu'en Alsace-Moselle, par exemple, les dignitaires religieux juifs, catholiques et protestants continueraient à vivre des subsides publics, donc de l'argent des contribuables, tandis que, dans le même temps, une exception à la règle s'appliquerait sur la qualité de la viande requise par les familles d'enfants musulmans ?

Par ailleurs, a-t-on jamais entendu François Hollande ou quelque autre candidat à la présidence de la République s'exprimer à propos de la césure octroyant à l'Alsace-Moselle un statut d'extra-territorialité face à la législation de 1905 sur la laïcité ?

Ce qui précède appelle quelques commentaires :

1. François Hollande ment. 2. François Hollande ment. 3. François Hollande ment. 4. François Hollande ment. 5. François Hollande nous fait la démonstration de la phénoménale ignorance de la classe politique française face à l'Islam.


1. François Hollande ment ! 

Pour faire appliquer strictement la loi sur la burqa, il ne suffit pas d'incantations de comptoir voire de studio de télévision ! Dans la pratique, imaginons quelque émir du Golfe arabo-persique déambulant avec sa suite d'une trentaine de personnes, dont deux tiers de femmes entièrement couvertes, sur les trottoirs de quelque avenue prestigieuse de Paris (Champs-Elysées, Montaigne...), à la recherche de produits de luxe. Et imaginons qu'un couple de policiers en tenue chargés de la fluidité de la circulation aperçoive le groupe et envisage de verbaliser les femmes pour port de voile intégral. Question : nos deux policiers font comment pour verbaliser ce petit monde ? Et dans quelle langue ? Et en cas de refus d'obtempérer, nos agents à pied vont-ils pouvoir empêcher la suite de l'émir de s'engouffrer dans de luxueuses limousines avant l'arrivée des renforts ? Et est-on certain que des renforts vont arriver, sachant que bien des policiers en tenue sont déjà réservés à la surveillance de sites sensibles comme les ministères ou certaines ambassades, et qu'il y a eu une sérieuse baisse dans les effectifs  ? 

S'il veut vraiment que la loi sur la burqa, comme il l'appelle, soit strictement appliquée, François Hollande se doit d'annoncer un recrutement conséquent de policiers supplémentaires officiant sur la place publique - forcément véhiculés pour pouvoir intervenir rapidement - pour procéder aux interpellations... Dans le cas contraire, sa déclaration relève du pipeau.


2. François Hollande ment ! 

Parce que l'aménagement des horaires des piscines publiques échappe à l'autorité du président de la République. Prétendre le contraire relèverait de la plus pure gaudriole ou galéjade, comme on dit à Marseille. Non mais, franchement, vous connaissez beaucoup de pays dans le monde, où un président de la République s'abaisserait à intervenir dans l'aménagement des horaires des piscines ?

On voit bien que François Hollande, hormis le fait qu'il manie fort bien la démagogie à deux balles, n'a jamais été maire de quelque ville que ce soit (1). Alors, essayons de lui expliquer comment les choses se passent dans la réalité.

Il paraît que Martine Aubry, à Lille, a concédé à des groupes de femmes des horaires de piscines à elles seules réservées, ce qui, de mon point de vue, relève du simple bon sens.

Et c'est là qu'on voit que François Hollande n'est pas un grand sportif, sinon, il saurait que les piscines sont généralement désertées durant les neuf dizièmes du temps, étant surtout fréquentées par une population scolaire. La même observation vaut pour les conservatoires municipaux de musique.

Ça veut dire que quand les jeunes sont à l'école, au collège, au lycée, les piscines sont quasiment désertes. Alors, vous imaginez l'aubaine, pour un(e) maire, de s'entendre proposer par un ou plusieurs groupes de quelques dizaines à centaines de femmes la réservation d'une piscine, disons deux ou trois fois par semaine, le tout n'étant pas gratuit, évidemment, mais pouvant rapporter aux finances municipales de substantiels revenus ? Vous en connaissez beaucoup, des maires, à qui on proposerait d'occuper une piscine avec quelques dizaines voire centaines de personnes, x fois par semaine, à des horaires où lesdites piscines tournent au ralenti, et refusant une aussi lucrative proposition, uniquement pour raisons idéologiques ?

François Hollande n'a jamais été maire, sinon il saurait que, dans la ville où je vis actuellement, les femmes musulmanes ne se comptent pas par dizaines, ni centaines, ni milliers, mais par dizaines de milliers ! On peut estimer sans trop de risque qu'un tiers de la population est d'origine nord-africaine ou turque. Vous imaginez le manque à gagner pour la ville si l'on refusait à ces femmes un accès préférentiel à la piscine, à des heures où, de toute façon, LA PISCINE EST DÉSESPÉRÉMENT VIDE ?!?

Faut-il que le pas encore président qu'est François Hollande soit stupide pour oser proférer de telles inepties que celles évoquées plus haut ? Non mais que de conneries n'est-on pas prêt à raconter par pure démagogie ! Une démagogie peu rentable, au demeurant, quand on voit l'importance croissante de la population musulmane en France !

Et c'est là que François Hollande oublie un petit détail : dans un très grand nombre de villes, notamment en banlieue, sans les musulmans et, plus généralement, les "immigrés", la Gauche ne gagne pas les législatives ni les municipales, d'ailleurs ! Je ne citerai qu'un exemple : Corbeil-Essonnes, perdue par la Gauche au profit de Dassault, et jamais reprise depuis. Allez donc voir quels rapports le vieux Dassault entretient avec les jeunes Beurs de la ville ! Après quoi, quelques imbéciles parmi les socialistes et les communistes de l'Essonne et d'ailleurs pourront toujours taper sur le halal !


3. François Hollande ment !

Entre nous, qui a dit qu'il ne fallait servir que de la viande hallal dans les cantines scolaires ? Et à qui François Hollande va-t-il faire croire qu'une fois président de la République, il aura le pouvoir de réglementer les menus desdites cantines ? Là où son sens de la démagogie confine à la stupidité, c'est qu'il oublie que les écoles et collèges - c'est moins vrai des lycées - sont souvent situés à quelques minutes à peine des habitations, ce qui fait qu'à midi,  par exemple, il est très facile aux élèves de rentrer manger à la maison. Ce qui fait qu'une proportion importante des élèves de primaire et collège ne mange pas à la cantine. Appelez ça comme vous voulez, moi j'appelle ça un manque à gagner pour les finances municipales que de voir les petits musulmans bouder les cantines scolaires. Et tout ça profite à moult sandwicheries donner-kebab que l'on voit proliférer à proximité de certains établissements scolaires.

C'est dire si le couplet démagogique de François Hollande sur le hallal à l'école tombe à plat ! Et moi, si j'avais un conseil à prodiguer aux municipalités, ce serait au contraire de réfléchir sur la manière la plus intelligente de servir du hallal à la cantine, tout en combinant la chose avec une approche diététique de l'alimentation. Pour que l'on ne vienne pas seulement à la cantine pour se nourrir mais aussi pour y apprendre à bien manger. Du coup, même les musulmans les plus intégristes trouveront de l'intérêt à laisser manger leurs enfants à la cantine. Le fait est que les sandwiches hallal des fast-food gréco-turcs sont souvent trop gras, avec comme conséquence une importante prévalence du surpoids chez certains jeunes d'origine nord-africaine, notamment - mais pas uniquement - les filles.


Et de grâce, que François Hollande nous épargne les discours gnan-gnan sur je ne sais quelle intégration et quel respect d'une laïcité de bazar, quand on voit - je l'ai déjà signalé ailleurs - qu'un grand lycée public comme Janson de Sailly, à Paris, dispose d'une chapelle catholique en activité, sans que personne n'y trouve à redire !


4. François Hollande ment !

Il n'y aura aucune dérogation à quelque règle que ce soit en matière de laïcité... (2 mai 2012)

Il n'y a pas formule plus mensongère que celle-là, dans un pays coupé en deux, donc ayant érigé la dérogation en matière de laïcité au niveau d'un principe intangible, avec ce concordat d'un autre temps, qui continue de s'appliquer en Alsace-Moselle.

Et ce concordat, que personne à droite ni à gauche ne dénonce, mais que tous s'évertuent à contourner tout en le dissimulant aux regards, révèle bien le degré de cynisme dont les politiciens français sont capables et le mépris dans lequel ils tiennent leur propre discours.

Le fait est que le Hollande qu'on voit bomber le torse face à la viande hallal dans les cantines et aux horaires aménagés dans les piscines publiques se met par ailleurs à plat ventre face aux religions bénéficiaires du concordat, qu'il s'agit de ne pas froisser.

Ce n'est pas de la real politik ; c'est bien plus grave : de la couardise ! 


5. François Hollande fait la démonstration de sa phénoménale inculture face à l'Islam.

Ce qui explique que lui, comme d'autres, ne sachent pas que des trois religions dites du Livre, l'Islam soit la seule - en tout cas sa branche majoritaire, le sunnisme - authentiquement laïque.

Vous avez bien lu ? L'Islam sunnite est une religion LAÏQUE ! Mais oui, ça existe. Ce qui veut dire :

a) que le croyant ou la croyante communique avec son Dieu via zéro intermédiaire, dès lors...

b) que cette religion n'a pas de clergé.

Pas de clergé, donc pas de maître à penser ; donc rien qui supposerait un fonctionnement "communautariste", pour reprendre la phraséologie de quelques démagogues stupides et idiots ! Et c'est précisément cela qui fait la force de l'Islam : son caractère éminemment démocratique, au sens propre du terme, s'agissant d'une religion sans chef(s) !

Il faudrait, donc, que les pseudo-penseurs qui glosent à longueur de journée sur je ne sais quelle islamisation rampante consacrent un peu de leur temps à l'étude de cette religion au lieu de nous pomper l'air avec leurs conneries !

Dans les cinq piliers de l'Islam, les cinq normes les plus élevées, il n'y a marqué nulle part qu'il faille fréquenter les mosquées. Il faut prier cinq fois par jour, c'est tout. Pour le reste, le croyant prie où il veut, au besoin loin des regards. Le port de tel ou tel accessoire vestimentaire censé dissimuler le visage à la vue des autres figure bien dans une célèbre sourate (XXIV, 31 : Ô prophète, dis à tes épouses..., formulation poétique renvoyant essentiellement à l'indispensable pudeur que doit afficher la femme bien plus qu'à un vulgaire fétichisme vestimentaire !) mais est absent des cinq piliers, de même que l'abattage rituel n'est nullement évoqué dans ces mêmes piliers. Quant au ramadan, la seule pratique un peu voyante chez les musulmans, hormis les horaires des phases de la lune, nul n'est habilité à instruire les fidèles sur ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire durant ce mois de jeûne. Parce que le Coran sait être souple dès lors que l'Islam a une vocation universaliste : pour convaincre des gens de races et de cultures si différentes, il faut savoir s'adapter en jouant au caméléon, ce que l'Islam sunnite fait à merveille. Que ceux qui en doutent aillent voir comment les jeunes se draguent au bord des plages en Mauritanie, ou comment les Sénégalaises pratiquent la danse dite du "leumbeul". Vous m'en direz des nouvelles...

Et en tant que fils de pasteur, qui ai séjourné quelque temps dans un internat catholique, et dont le père lisait la Torah dans le texte, je mets quiconque au défi de me citer une religion monothéiste plus respectueuse de la liberté individuelle que l'Islam sunnite ! (2)

J'ai déjà exprimé ici le peu de confiance que m'inspirait François Hollande. Il va peut-être remplacer l'autre, le sinistre candidat sortant, faute de meilleur(e) candidat(e) à gauche (cf. il fallait voir la campagne de Ségolène Royal dans les banlieues et aux Antilles en 2007 pour saisir la différence... Du reste, il n'est que de noter la baisse des inscriptions sur les listes électorales entre 2007 et 2012 !). Mais en tout cas, Hollande doit savoir une chose : qu'il se lance, comme son éventuel prédécesseur, dans la logorrhée névrotique anti-islamique, encouragé en cela par le minuscule lobby pro-israélien qui ne manquera pas de le bouffer très vite - comme avec cette histoire d'intervention militaire en Syrie que personne ne lui a réclamée ! -, et il risque d'entrer en cohabitation sitôt élu, car nous serions quelques-uns à vouloir lui apprendre les bonnes manières, au cas où il aurait oublié que l'Islam est la deuxième religion de France.

Et, de fait, dans un premier temps, il va falloir que son camp l'emporte aux législatives, et ça, c'est pas encore gagné ! Parce qu'il suffirait à l'UMP (360 députés actuellement) de passer avec une voix de plus que la gauche et le centre en juin (soit 289 députés), en perdant à peu près 71 députés au profit de la gauche, et Hollande président passe les cinq prochaines années en cohabitation. Autant dire qu'il est mort politiquement.

Et au risque de me répéter, je m'en vais ici marteler sur tous les tons que, lors des prochaines législatives, pour reprendre une petite centaine de sièges à la droite, la gauche a impérativement besoin d'amadouer les musulmans de France, nombreux dans les quartiers populaires, ce qui va amener les candidat(e)s à dire sur le hallal, les piscines et Cie tout le contraire (3) des inepties proférées par François Hollande ! C'est ça ou ils perdent les législatives. Bel exercice de contorsion en perspective !

Alors camarade(s), on arrête les conneries ?!


(1)  J'ai appris, depuis, que François Hollande avait été maire de Tulle... Oui mais il y a un monde entre porter le titre de maire et être effectivement maire, s'agissant d'un apparatchik socialiste passant le plus clair de son temps à Paris. Mais bon... Il faut croire qu'à Tulle, il n'y a pas de piscine municipale, ou alors, s'il y en a une, qu'elle est pleine de monde tous les jours de l'année, du lever au coucher du soleil !

(2) Ça tombe bien : on va encore nous bassiner les oreilles avec un soi-disant "péril islamiste" qui, fort curieusement, ne sévit pas tant dans la mouvance chiite, celle qui a un clergé, mais dans l'autre camp, le sunnite ! À cela on peut répondre aisément que... a) personne n'insiste sur la religion des combattants qui se sont affrontés, des décennies durant, en Irlande du Nord, par exemple, ni sur la religion des terroristes de l'Irgoun, en Palestine, ni sur celle de l'assassin de Rabin, en Israël, pour ne prendre que ces exemples ; il n'y en a que pour la religion de Ben Laden, de celle des gens d'AQMI ou des shebabs somaliens, toutes gens, sunnisme oblige, n'étant investies d'aucune autorité religieuse... b) les mouvances islamistes ou réputées telles font abondamment usage de la coercition et de la violence, à l'instar de ce qui se passe actuellement au Nigeria, avec la secte Boko Haram. Et à cela il peut être aisément répondu que si Boko Haram use à ce point de la violence, c'est probablement, voire certainement parce qu'il se heurte au rejet du plus grand nombre ; car pourquoi violenter des gens qui vous accueillent à bras ouverts ? La violence de Boko Haram est la marque même de l'échec de ce genre de groupuscules, qui savent qu'ils n'ont aucune chance de s'établir démocratiquement, d'où le recours à la terreur. L'Islam africain et, plus généralement, l'âme africaine vomissent toute forme de terrorisme religieux. Trouvez-moi un continent où règne une plus grande liberté sexuelle qu'en Afrique (noire), et l'on (re)parlera de Boko Haram !

(3) ... comme preuve du caractère particulièrement indigent de la Vème République, avec ses quatre tours de scrutin (deux tours de présidentielle + deux tours de législatives), là où tous les autres pays modernes (c'est le cas de toute l'Europe dite communautaire) votent en un seul jour et une seule fois pour désigner à la fois leur majorité au Parlement et leur exécutif ! Et l'on dit les Français cartésiens !

En France, vous avez un démagogue qui raconte des sornettes pour la présidentielle, et des comparses qui vont devoir ramer, quelques semaines plus tard, pour tenter d'arrondir les angles. On parie combien que, d'ici le premier tour des législatives, en juin, 90 % du programme de François Hollande et de son adversaire sera passé à la trappe, et que personne, pas même la droite dure et musclée, n'osera stigmatiser les femmes musulmanes qui réservent des piscines sans les hommes ni la consommation de viande hallal ?! 

Sans nous, vous pouvez gagner, pas contre nous !

(Déclaration faite par des militants associatifs d'une mouvance "Beur" dans le cadre d'une 
interview parue dans Le Figaro avant le premier tour de la présidentielle d'avril 2002)