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jeudi 19 novembre 2020

Le terrorisme et le séparatisme islamiste pour les nuls, version The Independent

Pourquoi ne pas le dire ? Depuis mon analyse partielle, publiée le 3 novembre dernier, d'un mauvais discours livré par celui que j'appelle "le monarque élu" et relatif à cette ineptie que serait le "séparatisme islamiste", un certain nombre de "papiers" ont paru dans la presse anglo-saxonne, allant dans le même sens que ma propre appréciation, au point que j'en suis à me demander si certains ténors de la grande presse étrangère n'auraient pas eu accès à mon modeste blog. Va savoir ? Après tout, il me suffit de jeter un oeil sur les statistiques du blog pour constater qu'on me lit partout, de la Russie à l'Inde, du Burkina Faso à l'Australie !

Après ma dernière traduction d'un article du Financial Times, voici un nouveau "papier" que j'estime digne d'intérêt, publié par The Independent sous la signature de Nabila Ramdani. Relecture en cours...

 

(Source)

Les terroristes du Bataclan étaient le pur produit du nihilisme de l'État islamique, aiguisé par la guerre - et non par les conseils de prédicateurs musulmans.

Les tueurs ont appris le combat au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique du Nord, des territoires mis en pièces par la meilleure technologie militaire au monde, qui est celle utilisée par les États-Unis et leurs alliés.

 

Il ressort de l'attaque terroriste la plus dévastatrice jamais menée sur le sol français que c'est le ciblage aléatoire des victimes qui a peut-être été l'élément le plus inquiétant.

Lorsque ceux d'entre nous qui sont nés et ont grandi à Paris se remémorent le massacre de cette nuit de novembre 2015, nous réalisons que n'importe qui aurait pu être pris dans ce spectacle d'horreur à l'échelle de la ville.

C'était un vendredi 13 la date rêvée pour un théoricien du complot – tout comme était étrange le temps automnal exceptionnellement doux pour la saison, qui explique que des milliers de victimes potentielles des meurtriers se soient trouvées dans la rue.

Tuer des civils non armés est diaboliquement facile. Les kalachnikovs du marché noir et les explosifs ont permis à neuf terroristes suicidaires de frapper à volonté, faisant 130 morts et plus de 400 blessés.

Des victimes, parmi lesquelles des chrétiens, des juifs, des musulmans et des non-croyants, ont été abattues ou mises en pièces. Elles assistaient à un concert de rock, à un match de football ou se détendaient dans un café ou un restaurant.

Les attaquants tous des jeunes hommes drogués et véhéments, obsédés par les tueries faciles qui prévalent dans les jeux et la culture des films d'action hollywoodiens – n'étaient concentrés sur rien d'autre que sur l'accumulation des cadavres.

Malgré cela, cette barbarie a depuis été attribuée à un état d'esprit typique des communautés ethniques minoritaires vivant dans des lotissements municipaux à la périphérie de villes comme Paris.

Cette sinistre tromperie prétend que, par définition, les musulmans veulent détruire et mutiler parce qu'ils sont élevés dans la haine de l'Occident, et que leur origine culturelle et religieuse le justifie d'une manière ou d'une autre.

Cette propagande méprisable a été avancée par le président Emmanuel Macron lui-même, ce mois-ci, lorsque, dans une lettre publiée dans un journal britannique, il a utilisé ce qui ressemblait à un langage eugénique pour décrire ces banlieues défavorisées pleines de musulmans comme étant des « territoires fertiles pour les terroristes en France».

Délivrant des assertions tout droit sorties d'un générateur de fausses nouvelles digne de Donald Trump, il (Macron) a en outre affirmé, sans aucune preuve, qu'il existe «des quartiers où de petites filles âgées de trois ou quatre ans portent un voile intégral, sont séparées des garçons, voire, dès le plus jeune âge , séparées du reste de la société et élevées dans la haine des valeurs françaises ».

Qu'à cela ne tienne, forcer quelqu'un à porter la burqa est en France un crime passible de la prison, de même que la maltraitance des enfants et la radicalisation des mineurs. Bizarrement, à une époque où les caméras sont partout, on n'a vu aucune image venant étayer les propos de Macron sur ces jeunes sociopathes. Il n'y a eu aucune arrestation, sans parler de poursuites, pour ces crimes présumés.

Cinq ans après le Bataclan, il est beaucoup plus difficile de se procurer des armes à feu, mais - selon Macron – certains quartiers hébergent encore «des centaines d'individus radicalisés, dont on craint qu'ils puissent, à tout moment, prendre un couteau et tuer des gens».

Plutôt que de répandre si facilement l'idée d'une culpabilité collective, Macron ferait bien d'étudier les profils du «commando» de novembre 2015, tels qu'ils sont souvent décrits par les commentateurs les plus sérieux.

Sur les neuf hommes finalement tués par les forces de sécurité, tous avaient passé du temps à se battre en Syrie ou en Irak avec Isis/Daesh, le soi-disant État islamique.

Ce groupe terroriste armé est né de l'insurrection qui a suivi l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Daesh est devenu tristement célèbre pour sa cruauté impitoyable envers ses ennemis, notamment à cause de vidéos de tortures et d'exécutions qui vous remuent les tripes.

Des combattants aguerris comme Abdelhamid Abaaoud, le chef de file belgo-marocain des assaillants parisiens, n’ont pas acquis leur extrémisme sadique dans les mosquées de province ou les cours secrets de lecture de Qu’ran, ni même auprès de parents ou d’enseignants.

Au lieu de cela, ils ont appris le combat au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique du Nord, ces territoires mis en pièces par la meilleure technologie militaire au monde, qui est celle utilisée par les États-Unis et leurs alliés.

Certains des neuf hommes étaient censés être sous surveillance, ayant voyagé entre des endroits tels que la Syrie, l'Irak et le Yémen, mais rien ne les a empêchés de faire ce qu'ils avaient décidé de faire ce 13 novembre. Leurs commandants ont déclaré qu'ils étaient censés des «punitions» pour les bombardements de femmes et d'enfants dans leurs camps.

Curieusement, le seul membre survivant du groupe est Salah Abdeslam, qui ne s'était jamais rendu au califat d'Isis. Faute de quoi que ce soit approchant le moral et l'entraînement des soldats, il s'est évanoui dans la nuit, a jeté son gilet explosif et s'est enfui.

Ce qu'Abdeslam avait en commun avec les autres, c'est que son intérêt pour la religion était superficiel, et il n'y avait aucune preuve de sa radicalisation dans une structure communautaire, ou d'être une sorte de musulman pieux.

Au lieu de cela, il tenait un bar à Bruxelles, où il buvait de l'alcool et prenait des substances illégales, après avoir été condamné pour une série de crimes, y compris le vol à main armée et la possession de drogues,

Comme les autres, Abdeslam est connu pour avoir plané aussi haut qu'un cerf-volant la nuit de l'attaque, ayant rempli son corps de cannabis et de cocaïne.

«Je n’ai pas honte de qui je suis», a depuis écrit Abdeslam à un correspondant, depuis la cellule de haute sécurité de la prison française, où il devrait passer le reste de sa vie.

Regardez les suspects impliqués dans d'autres actes de terrorisme depuis 2015, et vous verrez que tous sont des soldats de Daesh et de vulgaires délinquants.

La force de l'attaque et la couverture médiatique de masse sont cruciales pour ces loups isolés, car ils décapitent, poignardent ou - comme à Nice il y a quatre ans - utilisent des armes aussi basiques qu'un poids lourd pour faire autant de victimes que possible.

Ces dernières semaines, ces terroristes sont venus de Tunisie, du Pakistan et de l'État de Tchétchénie sous contrôle russe. Rien que des pays instables, pleins du genre de jeunes hommes déstabilisés qui pourraient prendre les armes pour des groupes comme Daesh.

C'est pourquoi François Hollande, le président de la France en 2015, a décrit à juste titre les attentats de Paris non pas comme une explosion de dissidence musulmane de la banlieue, mais comme un «acte de guerre».

Deux jours plus tard, il a utilisé sa position de commandant en chef des forces armées de son pays pour lancer la plus grande frappe aérienne jamais menée dans l’opération Chammal, une campagne de bombardements anti-Daesh.

Des obus ont plu sur Raqqa, en Syrie, tuant environ 1 000 agents liés à Daesh et Dieu sait combien de civils impliqués.

C'est le prix de la guerre, et c'est exactement ce qui fait que la violence meurtrière continue de s'intensifier dans des pays allant de l'Afghanistan à la Libye. Comme nous l'avons vu le 13 novembre 2015, les auteurs d'une telle barbarie sont les produits d'un conflit cataclysmique et non de communautés musulmanes connues pour extrêmement pacifiques.