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samedi 14 septembre 2019

Sémantique de la désinformation #14


Épisode §14. On imagine les supporters de Juán Guaido sautant au plafond !

En tout cas, rien de tel que des sauts de cabri ou de kangourou pour se remuscler les abdos !

Parce que, si la nouvelle se confirme, alors j'en connais un certain nombre, qui doivent sauter au plafond en ce moment-même !

Par parenthèse, Charlie Hebdo est un hebdomadaire satirique français qui, dans une version antérieure, je veux dire du temps où ce journal était encore digne d'être lu, avait une rubrique baptisée "Les couvertures auxquelles vous avez échappé cette semaine" (1).

On aurait pu reprendre la formule ici, avec ce scoop dont je n'ai entendu parler nulle part dans la presse française.

Citation : Juán Guaido may have some explaining to do. Photos have emerged depicting the Venezuelan opposition leader with gang members, confirmed by Colombian police to be leaders in the violent drug trafficking outfit, Los Rastrojos.
The photos first appeared in a tweet on Friday, shared by Wilfredo Canizares of the Fundacion Progresar (Progress Foundation), a Colombian NGO. They depict the US-sponsored “interim president” of Venezuela Juan Guaido posing chummily with two known drug lords, known under the aliases “The Brother,” and “The Minor.” (Source)
Traduction : Juán Guaido va probablement devoir fournir quelques explications. Des photos sont apparues, montrant le chef de l'opposition vénézuélienne en compagnie de membres de gangs, dont la police colombienne a confirmé qu’il s’agissait des leaders d’une violente organisation de trafic de drogue baptisée Los Rastrojos.
Les photos étaient apparues pour la première fois dans un tweet, ce vendredi, partagé par Wilfredo Canizares de la Fundacion Progresar (Fondation Progress), une ONG colombienne. Y figurent le "président par intérim" du Venezuela, parrainé par les États-Unis, Juán Guaido, en train de poser complaisamment avec deux fameux barons de la drogue  connus sous les sobriquets de "Le Frère" et "Le Cadet".


Pour mémoire, Juán Guaido est cette marionnette vénézuélienne insipide, sur laquelle je me suis déjà exprimé un certain nombre de fois ici même, et qui a reçu le soutien franc et massif d'un certain nombre de dirigeants étrangers bien imprudents, dont j'imagine qu'en ce moment-même, ils doivent se sentir bien à l'étroit dans leurs souliers.
Quant à notre bien discrète "grande presse", elle vient simplement nous confirmer ce que nous savions déjà : finalement, la forme la plus commode de la désinformation, c'est l'omerta : le motus et bouche cousue !  


(1) J'entends d'ici les hurlements indignés : "Mais monsieur, vous semblez faire fi de l'odieux attentat dont ce journal a été la victime !". J'entends bien, et je m'associe aux clameurs indignées suscitées par cet attentat. Il se trouve que j'ai toujours tenu Cabu pour le plus grand caricaturiste (mondial) depuis Daumier, que, par ailleurs, je me suis longtemps demandé ce que le génial Cabu faisait encore dans ce journal. Il se trouve aussi que j'ai été pétrifié par la nouvelle de cette chose que j'ai du mal à nommer. Toujours est-il que j'ai aussi lu le salutaire réquisitoire - arrivant un peu tard - délivré par  l'historique Delfeil de Ton (L'Obs) contre la dérive entamée depuis un certain temps par la direction de Charlie, dérive expliquant que j'aie cessé de lire ce torchon après les départs de Cavanna, Willem, Delfeil de Ton, Gébé... Croire que le fonds de commerce de l'islamophobie bête et méchante, initié par de mauvaises caricatures danoises, allait suffire pour tirer un mauvais journal de la mouise s'est avéré contre-productif, et ce, de la plus cruelle des manières !

Par parenthèse, voici ce qu'on peut lire sur l'attentat dans Wikipédia : "En novembre 2011, le siège du journal est endommagé par un incendie criminel. Le , un attentat perpétré par les frères Kouachi tue douze personnes, dont huit collaborateurs de l'hebdomadaire." Et là, je défie quiconque d'oser désigner formellement les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, les frères Kouachi étant, à l'époque, de simples suspects, suspects liquidés dans le cadre d'une double exécution extrajudiciaire. Suspects, c'est-à-dire présumés innocents, ce qu'ils restent depuis leur exécution, et ce, de manière définitive !


Lectures : 01 - 02 - 03 - 04- 05


mercredi 13 mars 2019

Sémantique de la désinformation #1


Les visiteurs habituels de ce blog vont finir par savoir ce que le mot 'sémantique' veut dire !


➤ Du préfixe 'auto' dans 'auto-proclamé'

Figurez-vous que, l'autre soir (mardi 12 mars 2019), je regardais le journal télévisé sur une chaîne française, ce que je fais plus par acquis de conscience et réflexe d'archiviste que par appétence pour ce genre de programme. Et voilà que je tombe sur un reportage sur le Vénézuéla. La journaliste de la chaîne gouvernementale (Dorothée Olliéric, France 2) y évoque une récente prise de position du "président auto-proclamé Juan Guaidó". Et moi de penser : "Et dire que cette pauvre idiote détient sans doute une carte de presse !".

Comme preuve qu'on peut détenir une carte de presse et, néanmoins, être une idiote patentée. Le fait est que Dorothée Olliéric n'est que la représentante d'une corporation panurgiste qui ne brille pas toujours par son intelligence, ces derniers temps, ceci expliquant cela !

Ce que la formule "président auto-proclamé" a d'idiot ?

Dans le pays dont elle détient la nationalité, Dorothée Olliéric et la totalité de ses confrères savent qu'on ne s' auto-proclame pas ceci ou cela. Il y a des instances juridictionnelles pour ça. Imaginez, une seconde, que, demain, Jean-Luc Mélenchon s'auto-proclame président de la République en contestation de celui qu'il prendrait pour un imposteur. Je vous laisse imaginer, une seconde, ce que serait la réaction des Olliéric et autres représentants de la corporation journalistique que d'aucuns (cf. Nicolas Dupont-Aignan) estiment être à la solde du pouvoir !

Il se trouve simplement qu'en déclarant, en marge d'une perquisition, sa personne sacrée, assimilable à la République, Mélenchon a déclenché une avalanche de sarcasmes.

Alors, imaginons simplement que le leader de la France Insoumise ait osé contester la légitimité de l'actuel hôte de l'Elysée, histoire de se déclarer président à la place..., je vous laisse deviner la réaction de notre 'bonne' presse.

Tandis que, pour Guaidó...




Le problème est que les journalistes "mainstream" passent leur temps à se livrer à des proclamations d'indépendance, de neutralité et de probité. Sauf que reprendre la formule de l'auto-proclamation de Guaidó revient à prendre parti et à épouser les idées d'un aspirant putchiste et à délégitimer le président officiel du pays, président qu'Olliéric s'est bien gardée d'évoquer dans son reportage, histoire, supposé-je, de ne pas être dans l'obligation de nommer le "président (tout court) du Vénézuela" ! Le fait est que le président élu du Vénézuela s'appelle bien Nicolas Maduro et personne d'autre.

Je sais très bien qu'à travers le monde, un certain nombre de dirigeants, à la culture politique bien légère et peu au fait des us et coutumes en vigueur en matière de relations internationales, se sont empressés - les imprudents !, pour rester poli - d'adouber Guaidó en qualité de nouveau président par intérim du Vénézuela.

Le fait est que, outre la méconnaissance des principes que j'évoquais au précédent paragraphe, ces dirigeants se livrent à une violation gravissime de la Charte des Nations Unies, ce qui, venant de membres fondateurs de l'ONU, relève ni plus ni moins que de la forfaiture, la Charte en question garantissant le sacro-saint principe de la souveraineté des Etats et, partant, l'interdiction de toute ingérence dans les affaires desdits Etats.

Mais je n'oublie pas que, depuis un certain temps, divers dirigeants peu éduqués ou simplement malveillants ont pris la mauvaise habitude d'instrumentaliser l'ONU, organe chargé d'harmoniser les relations internationales, pour en faire un cheval de Troie leur permettant de poursuivre leurs visées impérialistes au nom de je ne sais quels agendas biscornus et inavouables. Les exemples récents ne manquent pas, où la soi-disant ONU a été manipulée aux fins d'ingérence dans les affaires internes de la Côte d'Ivoire, de la Libye, de la Syrie et de pleins d'autres pays rapidement transformés en champs de batailles, comme ce fut déjà le cas avec la Corée !

Et ce sont les mêmes journalistes, tellement soucieux de reprendre à la lettre la doxa de leur gouvernement, qui vont ensuite venir s'étonner que le public les assimile à de vulgaires porte-parole du pouvoir politique !

Quoiqu'ils disent ou pensent, en érigeant Guaidó au rang de président, même simplement 'auto-proclamé', du Vénézuela, Olliéric et ses comparses de la grande presse ne font que montrer ce qu'ils sont : des perroquets répétant bêtement ce que leur gouvernement a édicté !

Ailleurs, on prend ses distances avec les directives gouvernementales et on parle, par exemple, de "the opposition's leader Juan Guaidó".


Comme preuve qu'à la bêtise, nul(le) n'est tenu(e) !  Et, visiblement, je ne suis pas le seul à avoir tiqué devant une certaine couverture des évènements du Vénézuela par la presse française. (Lire)  


De la présomption de culpabilité

Source

Source

Source
Je suppose que vous avez compris qu'il y avait un problème à désigner des suspects, voire des accusés non encore condamnés par un tribunal, du vocable de "présumé ceci" ou "présumé cela", 'ceci' et 'cela' correspondant à des actes délictieux, voire criminels ?

En règle générale, dans le cadre d'un cours d'ECJS au collège ou au lycée (c'est dire si, ici, on n'a pas affaire à des adultes !), on demande aux élèves de rechercher les sources du (d'un) droit, et là, ils vous rapportent des choses comme ceci :
La présomption d'innocence signifie qu'un individu, même suspecté de la commission d'une infraction1, ne peut être considéré comme coupable avant d'en avoir été jugé comme tel par un tribunal. 
Le principe de la présomption d'innocence est un principe fondamental du système judiciaire français. Il est inscrit dans de multiples textes, tant français qu' internationaux, qui le promettent en tant que droit de l'homme et en garantissent son application et son respect : 
article 9 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 : "tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable... " 
article 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 de l'ONU : "Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées." 
article 6 alinéa 2 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme de 1950, "Toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie." (Source)

Et c'est là qu'on se dit que si des adolescents, voire des enfants, sont capables de savoir cela, alors des adultes !

Mais il faut croire que nos journalistes ne sont pas tout à fait des adultes !

Toujours est-il que cette présentation, du type "le violeur présumé", "l'assassin présumé"..., s'est installée partout, même au Figaro, ce prestigieux quotidien français connu pour héberger (avoir hébergé ; il y a eu pas mal de décès...) une escouade d'académiciens français. Or, l'Académie Française a, parmi ses missions, celle de rédiger un dictionnaire !

Et que nous dit le fameux Dico de l'Académie Française, à la rubrique "Présomption" ? 

Ceci :

Source

... où l'on voit qu'il existe une "présomption d'innocence", mais pas de "présomption de culpabilité" !

Mais allez expliquer ça à des détenteurs et détentrices de la carte de presse !!!!

Et à ceux qui ne vont pas manquer de me demander quelle formule employer dans de telles circonstances, je répondrai qu'il suffit de faire appel au vocabulaire judiciaire : dans une affaire pénale, on est témoin, témoin assisté, suspect, accusé... tant qu'on n'a pas été jugé coupable. Une présentation correcte pourrait se borner à indiquer que Untel comparaît devant un tribunal ou une cour d'assises en qualité d'accusé, dans l'affaire du vol, cambriolage, viol, meurtre de telle personne.


Rébellion et djihad : une histoire de métamorphose

Souvenez-vous : durant des années, en Syrie, le régime de Bachar el-Assad était confronté à une "rébellion", ou encore "opposition", ou encore à des "insurgés" (cf. Bernard Guetta sur France Inter).


Et puis, un beau jour, à vrai dire tout récemment, on a cessé de parler de "rebellion", et moi de me demander naïvement où étaient passés les rebelles et autres insurgés chers à Bernard Guetta, grand désinformateur sur France-Inter !?
 La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis entendent désormais apporter un appui militaire à l’insurrection syrienne. John Kerry, le nouveau secrétaire d’Etat américain, avait été le premier à le faire comprendre lorsqu’il avait indiqué, à Paris, il y a quinze jours, que son pays et la France souhaitaient « accélérer la transition politique » à Damas. (Source)
Cet affrontement était également religieux puisque les Iraniens sont chiites alors que les Saoudiens sont sunnites et tandis que les uns agitaient et organisaient les minorités et les pouvoirs chiites, les autres finançaient ceux des sunnites qui s’opposaient à eux, Saddam Hussein dans la guerre Iran-Irak ou la quasi-totalité des insurgés syriens.(Source)
Mais monsieur, va-t-on me rétorquer, vous retardez ! Maintenant, il faut dire "djihadistes" !

Étonnant, non ?!

En fait, pas vraiment ! Il se trouve simplement que nos bons journalistes ont fini par se prendre les pieds dans le tapis, comme cela était à prévoir !

En effet, nous sommes quelques-uns à savoir que le début de la "rébellion" en Syrie avait coïncidé avec la fin de l'agression pilotée par l'ONU-OTAN en Libye (2011), avec l'arrivée massive en Syrie, via la Turquie, membre de l'OTAN, de dizaines de milliers de mercenaires, en grande partie stipendiés par les pétromonarchies arabes, le tout, moyennant le substantiel soutien matériel d'une mafia internationale pilotée par Sarkozy, Lévy (Bernard-Henri) et d'autres ; on pense notamment aux livraisons d'armes en faveur des marionnettes du défunt CNT libyen.

Sauf qu'en Syrie, grâce notamment à la Russie, au Hezbollah et à l'Iran, le scénario à la libyenne a lamentablement échoué, le pays ayant quand même été copieusement ravagé, ce qui devait faire partie du programme originel de la mafia occidentalo-moyen-orientale. Et c'est là que ce qui devait arriver est arrivé : devant les caméras du monde entier, on s'est aperçu que les fameux "rebelles" étaient surtout des étrangers, autant dire des mercenaires !

Parce qu'on a des précédents : des soldats étrangers impliqués dans une guerre civile et se vendant à un camp ou un autre au Congo, aux Comores, en Angola et ailleurs, on les appelle/appelait des mercenaires ! 

Ah zut ! Merde alors ! Vite, vite ! Il faut changer de logiciel ! Et voilà comment les rebelles et autres insurgés stipendiés par les détenteurs de pétrodollars et sortis d'officines manipulées par les Occidentaux, en clair des mercenaires patentés, sont devenus des "djihadistes". 
Le mot « Jihâd » ne signifie pas « guerre sainte ». Il désigne la lutte et l’effort. Les mots utilisés pour la guerre dans le Coran sont « Harb » et « Qitâl ». Le Jihâd quant à lui désigne la lutte sérieuse et sincère aussi bien au niveau individuel qu’au niveau social. C’est la lutte pour accomplir le bien et éradiquer l’injustice, l’oppression et le mal dans son ensemble de la société. Cette lutte doit être aussi bien spirituelle que sociale, économique et politique. Le Jihâd consiste à œuvrer de son mieux pour accomplir le bien. Dans le Coran, ce mot est employé sous ses différentes formes à 33 reprises. Il est souvent associé à d’autres concepts coraniques tels que la foi, le repentir, les actions droites et l’émigration (Hégire). (Source)
Une préoccupation d'ordre spirituel plutôt que militaire, voilà ce qu'il faut entendre sous le vocable "djihad", ce qui n'a pas empêché quelques cuistres, dont certains sortent de l'Université, de chercher à rouler tout le monde dans la farine, souvent dans l'unique but de se constituer un fonds de commerce lucratif, en nous inventant ce soi-disant ennemi mortel des démocraties modernes que serait le djihadisme.

Pire : des zozos, de vulgaires trafiquants de drogue, voleurs à la tire, cambrioleurs, petites frappes de banlieue, presque tous sortis de prison, se sont vus eux aussi élevés à la "dignité" de djihadistes par de pseudo-spécialistes.

Il est vrai qu'on a, en France, quelques "chercheurs" et autres experts "auto-proclamés" en djihad, dont le spécimen le plus emblématique est sans doute Gilles Kepel, lequel, sous le prétexte qu'il baragouine un peu l'arabe, se répand sur tous les médias pour nous faire croire que ces zozos barbus et hirsutes violeurs de petites filles et égorgeurs de chiites et de yézidis seraient des idéologues soucieux de restaurer un islam intègre et débarrassé de toute pollution hérétique, alors même que ces guignols - mais, au fait, où sont passés leurs chefs ? Ils doivent le savoir, à la CIA ! - ne sont que de pitoyables criminels sanguinaires et sadiques, qui ne seraient rien sans les dollars des pétromonarchies, et dont la plupart n'ont jamais lu une seule ligne du Coran ! 

Une gigantesque campagne de désinformation, sous nos yeux,  et c'est Josef Goebbels qui doit se retourner tous les jours dans sa tombe de voir à quel point il a fait des petits ! 


Scènes de delirium-tremens (une spécialité française), ou quand un  foulard devient voile

Vous savez quoi ? En France, d'aucuns vous diront que cette femme est voilée. Si, si, je vous assure ! Et, bien évidemment, elle a une religion, qui ne peut être que... l'Islam



Celle que vous apercevez ci-dessus est une des plus grandes intellectuelles françaises du siècle dernier et une des toutes premières femmes à intégrer le cercle fermé des académiciens français. Et là, j'ai comme une hésitation et, vérification faite, je constate qu'elle fut bel et bien la toute première femme académicienne. Et je vais même en rajouter une couche, puisque j'estime que ce brillant cerveau devait cumuler presque autant de QI que tous ses compères (masculins forcément !) réunis !

Marguerite Yourcenar, que vous avez forcément reconnue, était très peu connue en France - où elle ne résidait pas -hormis par une petite population universitaire. Pour ma part, je l'ai toujours vue comme ci-dessus, avec un... foulard sur la tête. Un foulard, et pas un voile !

Il se trouve que je ne sache pas que Yourcenar se soit jamais convertie à l'Islam ! Autant dire que le port d'un... foulard n'a jamais constitué un quelconque indice d'appartenance à je ne sais quelle religion.

Et pourtant !

Et pourtant ? Tout récemment, on a eu droit (en France) à une de ces campagnes médiatiques frisant l'hystérie, parce qu'une firme commerciale avait envisagé de mettre en vente un couvre-chef dédié à la pratique sportive.

Dans la série : "Much ado for nothing!" (Beaucoup de bruit pour rien, Shakespeare), voici un psychodrame bien français autour d'un "hijab de running" qui n'a rien d'un hijab, sachant que cet accessoire vestimentaire est un tissu ; ici, nous avons plutôt affaire à une cagoule voire à une capuche... Mais bon !




Et la presse anglo-saxonne a raison de persifler, étant donné qu'en matière sportive, nombreuses sont les disciplines que l'on pratique avec une coiffe, quand ce n'est pas un casque, qu'il s'agisse de la natation, de l'escrime, de l'équitation, du football américain, etc.

Par ailleurs, aux Jeux Olympiques, la question du port de tel ou tel foulard ne se pose plus depuis un certain temps.  




Quant à la commercialisation, notamment en ligne, de tenues sportives recouvrant la tête, tapez sur "hidjab sportif" et vous aurez quelque chose comme ceci, autant dire qu'on en trouve partout :



Sources :  1  -  2

On résume ? Le port d'un foulard aux Jeux Olympiques ? Un non évènement, de même que la question de la commercialisation de tel ou tel accessoire destiné aux femmes sportives : on trouve désormais à peu près tout ce qu'on veut sur Internet.

Mais alors, va-t-on me demander, comment expliquer que la France soit à peu près le seul pays occidental où des clameurs s'élèvent régulièrement pour condamner tel ou tel affichage vestimentaire féminin, supposé relever de la tradition musulmane ?

L'explication se trouve probablement dans les deux photos de Marguerite Yourcenar affichées plus haut, auxquelles on pourrait ajouter pas mal d'autres photos, à l'exemple de deux grandes adeptes du foulard et du turban : Simone de Beauvoir et la Reine d'Angleterre.




Alors ? Simone de Beauvoir et Elisabeth II se seraient, donc, converties à l'Islam ? Voilà un détail qui m'aura échappé ! C'est, en tout cas, ce qu'ont dû penser certains observateurs, enfin, je m'avance sans doute !

Petite revue de presse.









 Sources : 1  -  2  -  3  -  4  -  5  

Vous avez tout compris ?

Le problème des cuistres c'est, précisément, d'être des cuistres, ce qui les incline à parler pour ne rien dire, juste pour meubler l'espace.

Et, pour meubler l'espace, le cuistre joue avec les mots. En français, on dit que même une poule n'y retrouverait pas ses petits, entre voile, voile islamique, voile musulman, voile intégral, foulard, foulard islamique, burqa...

Par parenthèse, aucune loi française ne mentionne la "burqa", qui est une spécialité vestimentaire afghane et qu'on ne trouve que dans ce pays. Aucune loi ne mentionne non plus le niqab, spécialité arabe, ni le tchador, spécialité iranienne. 

Alors, il est où, le problème ? Il est dans le fait que des lois existent en France, plus ou moins mal foutues (notamment celle de 2004 sur le milieu scolaire) (1), et qu'il est à peu près certain qu'aucun politicien n'aura les c... de les rendre plus contraignantes. Autant dire que ce n'est pas demain la veille du jour où l'Assemblée Nationale Française votera une loi interdisant le port de quelque foulard que ce soit dans l'espace public, et ce n'est pas non plus demain la veille du jour où une religion sera nommément évoquée dans une loi concernant la dissimulation du visage aux regards ! Et à cela, il y a une raison évidente, du moins, aussi longtemps que la religion d'une femme ne sera pas inscrite sur le foulard ou autre colifichet qu'elle porte sur la tête.

Problème : face à cette réalité toute simple, un certain nombre de cuistres, toujours les mêmes ou à peu près, auto-proclamés experts en signes religieux, s'agitent, au nom de ce qu'ils et elles appellent la "laïcité" - terme dont ils ignorent totalement le sens ! - pour jeter l'anathème sur un certain public, toujours le même, et ce, pour des raisons on ne peut plus xénophobes, à moins qu'il n'y ait une autre raison : la volonté de maintenir les musulmans de France en dehors du champ politique, par exemple en les repoussant dans le camp des abstentionnistes.

Vous avez compris ? Non ? Toujours pas ? Il se trouve que nos banlieues peuplées d'immigrés constituent également un formidable réservoir de voix, les petits immigrés étant nombreux à accéder à la nationalité française. Du coup, si ces gens se mettent à voter, ils peuvent faire battre n'importe qui. En revanche, s'ils s'abstiennent d'aller voter... Sauf que la combine ne peut fonctionner qu'à la condition que l'ensemble de l'échiquier politique joue le jeu !

Un qui a commencé à comprendre (un peu tard, il est vrai) les enjeux de la chose est... Jean-Marie Le Pen (on trouve des déclarations islamophobes chez plein de gens du Rassemblement National, mais je n'en ai pas trouvée une seule de la part de Le Pen père, du temps où il dirigeait le FN.) lorsqu'en marge de la présidentielle de 2007, il s'est rendu en personne sur la dalle d'Argenteuil. (source)

Du côté des cyniques, on donne dans le "grand remplacement", ou quelque chose d'approchant, théorie fumeuse et imbécile authentifiée par aucun démographe, mais qui semble s'insinuer dans bien des crânes. Et comme les positions sont floues et pas toujours avouables, alors les gens biaisent et louvoient, ce qui se lit tout particulièrement dans le choix - mal maîtrisé - des mots. Voyez la facilité avec laquelle on identifie la religion d'un musulman présumé (islamiste, forcément !) et la discrétion avec laquelle on évoque des crimes commis par des non-musulmans, et là, tout d'un coup, la religion des acteurs importe peu !

L'article qui suit (les mises en exergue sont de mon fait) résume parfaitement l'embrouillamini intellectuel dans lequel s'agite tout ce petit monde.

Mes visiteurs étrangers s'exerçant au maniement de la langue française vont pouvoir se régaler avec cette prose tout à fait représentative d'un certain discours ambiant, et dans laquelle une poule n'y retrouverait pas ses petits  !
Dans quelles situations, une femme musulmane peut-elle porter son foulard aujourd'hui ? Eléments de réponse.  
La Cour de justice européenne a rendu ce mardi un avis sur le port du voile en entreprise. L’occasion pour «Le Parisien/Aujourd’hui en France», avec l’aide de l’Observatoire de la laïcité, de rappeler dans quelles conditions une femme a le droit ou non aujourd’hui de porter le voile
Une femme à son domicile. OUI. Chacun s’habille comme il veut, dans le respect de la loi, évidemment. 
Une passante dans l’espace public : OUI. Le voile traditionnel, celui qui ne recouvre pas le visage, est autorisé dans l’espace public. Une femme musulmane peut porter le voile dans un jardin public ou à la plage «dans la limite du respect de l’ordre public». De même, dans le métro ou lors de démarches administratives à la mairie, elle peut se couvrir la tête : elle est considérée comme une usagère. Détail qui a son importance : selon la loi du 11 octobre 2010 qui interdit la dissimulation du visage dans l’espace public, le port du voile intégral est interdit. 
Une agente du service public : NON. Le port du voile par une fonctionnaire est interdit. «Ces agents ne représentent pas leur individualité mais bien l’administration et, à travers elle, la Nation dans son ensemble et dans sa diversité convictionnelle», explique Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. C’est-à-dire qu’ils sont les garants sur le terrain de la neutralité et de la laïcité de l’Etat. Cette neutralité s’applique également aux convictions politiques, philosophiques ou syndicales. Une policière ou une agent de préfecture n’a donc pas le droit de porter le voile au travail.

Une étudiante dans une université publique : OUI MAIS il peut lui être demandé de le retirer dans certaines situations. Une étudiante est considérée par la loi française comme majeure, adulte et libre de faire ses choix. Elle peut donc porter le voile si elle ne fait pas de prosélytisme et ne perturbe pas le bon fonctionnement de l'établissement. Par ailleurs, un professeur peut lui demander de découvrir sa tête lors d’un examen pour vérifier qu’elle ne porte pas d’oreillette
Une élève, une collégienne ou une lycéenne : NON. Ici, il ne s’agit pas d’une interdiction mais d’une «obligation de discrétion très forte». La loi de 2004 estime que les jeunes sont «dans une phase d’acquisition des bases du savoir, à un âge où chacun doit développer son esprit critique, de préserver les enfants de pressions qu’ils subiraient pour porter tel ou tel signe religieux», commente Nicolas Cadène. 
Une salariée d’une entreprise privée: OUI MAIS... Le port du voile n’est pas prohibé mais l’entreprise peut l’interdire en s’appuyant sur plusieurs critères. Pour interdire la manifestation d’un fait religieux et sanctionner un salarié, l’entreprise doit notamment prouver qu’il constitue une entrave aux règles de sécurité et d’hygiène ou à l’organisation d’un service. Une femme voilée dans une usine peut se voir demander de retirer son voile si le tissu est susceptible de s’accrocher dans une machine. Autre exemple : pour des raisons d’hygiène, un laboratoire peut refuser que sa salariée soit coiffée de son foulard pour travailler dans une pièce stérile.  (Source)

Comme une espèce de salmigondis où tout se mélange, dès lors que ceux qui parlent (écrivent) ne savent pas très bien où ils mettent les pieds ! En tout cas, ce texte constitue un très bon sujet d'études pour aspirants linguistes férus de sémantique ! 


Les mariées étaient voilées


À suivre (peut-être !)

En attendant, voyons ce que dit un bon dictionnaire du verbe "voiler" et du substantif laïc/laïque :

A.  Empl. trans.1. Couvrir d'un voile.
a) [Le suj. désigne une pers.]
Disposer une pièce d'étoffe sur une chose afin de la couvrir, de la dissimuler, de la protéger. [Le comité] a donc voilé pendant quelque temps la statue de la liberté. Mais confondra-t-on ce voile de gaze et transparent avec la doublure des Cloots (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p. 89).
Disposer sur une personne ou sur une partie de son corps une pièce d'étoffe légère qui pare, qui protège, qui dissimule. Ah! garce! Et il eut vers la baronne un geste si violent, qu'elle prit peur. Elle était restée debout, immobile, ne parvenant à se voiler la gorge, avec le jupon, qu'en laissant à découvert le ventre et les cuisses (ZOLA,Argent, 1891, p. 228).
 Voiler la nudité de qqn. Si vous saviez, à côté de l'exactitude la plus minutieuse à traduire le texte saint, quelles trouvailles de délicatesse a eues le vieux sculpteur (...); ce voile, aussi, que la Vierge arrache de son sein pour en voiler la nudité de son fils (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 841).
 [Parfois avec une connotation relig.] Se voiler la face, la tête, le visage. Se dérober par honte au regard d'autrui; se refuser à voir ce qui indigne ou horrifie. Eudore se lève; les centurions le soutiennent; il s'avance au pied des aigles; le silence règne parmi la foule; Eudore prend la coupe; les évêques se voilent la tête de leurs robes, et les confesseurs poussent un cri (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 189). [Racine] ne perd jamais le souci de bien asseoir sa vie; en quoi il ressemble à la plupart des hommes, et c'est une grande hypocrisie que de se voiler la face comme ont fait quelques-uns de ses biographes (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 36). V.face I ex. de France.


laïc-laïque :
A.  1. Qui n'appartient pas au clergé ni à un ordre religieux. C'est l'aristocratie laïque qui a maintenu l'indépendance de la société à l'égard de l'Église (GUIZOT, Hist. civilisation, leçon 10, 1828, p. 12). Il rappela tous les faits de Jeanne la Pucelle et dit comment (...) elle avait été livrée aux juges laïcs et brûlée vive (FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 399) (source)  




(1) Pourquoi la loi de 2004 contre (le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.)... est mal foutue ?

Parce que c'est un texte imbécile ! Et dire que le ministre de l'Education Nationale de l'époque s'est toujours targué d'être un philosophe !

Un peu de syntaxe et de sémantique (décidément !) : prenons l'adverbe ostensiblement ; ça veut dire quoi exactement ? Qu'on voit la chose un peu, beaucoup, énormément ? Mais avant l'adverbe, on a le verbe "manifester", ce qui nous donne "manifester ostensiblement", non pas par des paroles, si j'ai bien compris, mais par des signes.

Question : comment, en l'absence de tout discours, voire de tout geste, un "signe" peut-il être ostensible ?

Vous savez ce qu'est un signe (Il n'y a pas que les signes qu'on peut faire de la main à destination de quelqu'un) ? D'un point de vue plus général, ce sont des représentations qui peuvent prendre une infinité de formes et qui sont censées être chargées de sens. On en a sur le bord des routes, sur les panneaux de signalisation, pour matérialiser le code de la route. Et pour en connaître la signification, les aspirants automobilistes vont dans des auto-écoles... Un apprentissage desdits signes s'impose, donc !

La loi nous dit que les signes en question sont censés manifester une appartenance religieuse ? Ah bon ! Voyez l'image qui suit.



Où avez-vous vu que les hôtesses de l'air étrangères qui s'affublent d'un foulard ou d'une écharpe avant de faire escale en Iran ou en Arabie devaient se convertir à l'Islam ?

Entre nous, qu'est-ce que cette loi imbécile d'avril 2004 entend par "appartenance religieuse" ?

Par ailleurs, qui est chargé de faire le lien entre le signe vestimentaire et l'appartenance religieuse ? Le chef d'établissement ? N'importe quel enseignant ? Un élève ? Avez-vous compris que cette loi imbécile faisait du personnel enseignant des experts de fait dans l'identification de ladite "appartenance religieuse" ? Mais où diable les enseignants ont-ils acquis cette expertise ?

Il se trouve que la question s'est posée, il y a quelques années maintenant, dans un lycée de l'Est de la France. Une jeune fille se présente au lycée avec un couvre-chef en tissu sur la tête. Le proviseur lui intime l'ordre de retirer cette chose en vertu de la loi gnagnagni-gnagnagna. La jeune fille refuse de s'exécuter. Elle est emmenée en conseil de discipline devant un aréopage d'enseignants. On lui parle de signes... religieux, lorsqu'elle demande au proviseur ce qui l'autorise à lui attribuer (à elle) une religion qu'elle n'avait jamais évoquée en public, lui déclarant, en substance  : "Je ne vois pas ce qui vous autorise à m'attribuer une religion dont je n'ai pas fait état ici. Par conséquent, je ne me sens pas concernée par la loi que vous évoquez.".

Embarras des enseignants, énervement d'un des profs, qui n'a pas hésité à se jeter sur la jeune fille pour tenter de lui retirer le foulard de la tête, moyennant les protestations de la famille, qui a menacé de porter plainte pour voie de fait.

Vous connaissez le fin mot de l'histoire ? Les enseignants ont dû capituler et reconnaître que la gamine était du genre coriace, ayant compris que, devant un juge, ils se verraient contraints de répondre à une question toute simple : "Dès lors que cette jeune fille n'a pas fait état de sa religion, à quoi reconnaissez-vous la religion en question ?". 

La  jeune fille a continué de porter son foulard dans l'enceinte du lycée, et pour éviter un effet boule de neige, les syndicats d'enseignants et l'Éducation Nationale se sont bien gardés d'ébruiter l'affaire.

By the way, par parenthèse, savez-vous que la loi en question n'est jamais passée devant le Conseil Constitutionnel ? Cela finira pourtant par arriver, tôt ou tard..., rapport à la Q.P.C. Autant dire que cette loi imbécile est en sursis !


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