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mercredi 19 mai 2021

Quand l'Occident "chrétien" collabore avec les suprémacistes juifs pour vider la Palestine de ses derniers chrétiens.

Paru dans l'édition de juin 2009 du National Geographic, le récit de Don Belt comporte 4114 mots et près de 24034 signes et espaces, dont j'ai traduit les premiers paragraphes ci-dessous, en attendant de traduire l'intégralité de cet immense "papier". On accède directement à l'article originel grâce à un lien affiché plus bas.

Ce papier aurait fort bien pu être intitulé : La vie quotidienne des palestiniens dans un camp de concentration.


Les disciples oubliés (du Christ)

Disciples de Jésus depuis bientôt 2000 ans, les chrétiens autochtones (de Palestine) sont en train de disparaître de la terre où leur foi est apparue.

Pâques à Jérusalem n'est pas pour les âmes sensibles. La vieille ville, livide et chaotique dans les moments les plus calmes, semble devenir complètement déséquilibrée dans les jours qui précèdent la fête. Par dizaines de milliers, les chrétiens du monde entier affluent comme une horde conquérante, déferlant dans les rues étroites et les ruelles anciennes de la Via Dolorosa, à la recherche d'une communion au milieu des pierres froides ou d'une lueur, peut-être, des agonies endurées par Jésus dans ses derniers instants. Tous les visages de la Terre semblent flotter dans ces rues durant Pâques, toutes les combinaisons possibles d'yeux, de cheveux et de couleurs de peau, tous les costumes et styles vestimentaires, des chrétiens africains en bleu et noir dans des dashikis éclatants aux chrétiens finlandais aux visages pâles et habillés en Jésus, avec une couronne d'épines sanglante sur la tête, en passant par les chrétiens américains en baskets et casquettes, affichant un "I [💛] Israel" et visiblement prêts pour la bataille d'Armageddon.

Ils viennent ici parce que c'est ici que le christianisme a commencé. C'est ici, à Jérusalem, et sur les terres voisines, que se trouvent les collines pierreuses où Jésus a marché, enseigné et est mort - et plus tard, où ses disciples ont prié, saigné et se sont battus pour savoir ce que son enseignement deviendrait. Blottis aux côtés des Juifs convertis dans les grottes de Palestine et de Syrie, les Arabes ont été parmi les premiers à être persécutés pour leur nouvelle foi, et les premiers à être appelés "chrétiens". C'est dans le Levant - une zone géographique comprenant la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël et les territoires palestiniens actuels - que des centaines d'églises et de monastères ont été construits après que Constantin, empereur de Rome, eut légalisé le christianisme en 313 et déclaré ses provinces levantines terres saintes. Même après la conquête de la région par les arabo-musulmans, en 638, celle-ci est restée majoritairement chrétienne.

Par ironie du sort, c'est au cours des croisades (1095-1291) que les chrétiens arabes, massacrés avec les musulmans par les croisés et pris dans le feu croisé entre l'Islam et l'Occident chrétien, ont entamé une longue et régulière retraite vers la minorité. Aujourd'hui, les chrétiens autochtones du Levant sont les vigies d'un monde oublié, portant l'esprit farouche et traqué de l'église primitive. Leurs communautés, composées de diverses sectes orthodoxes, catholiques et protestantes, ont diminué au cours du siècle dernier, passant d'un quart à environ 8 % de la population, la génération actuelle partant pour des raisons économiques, pour fuir la violence de la région ou parce qu'elle a des parents en Occident qui l'aident à émigrer. Leur départ, malheureusement, prive le Levant de certains de ses citoyens les mieux éduqués et les plus modérés politiquement - les personnes que ces sociétés peuvent le moins se permettre de perdre. Ainsi, pour les chrétiens arabes de Jérusalem, il y a une certaine allégresse à Pâques, comme si, après une épreuve longue et solitaire, des renforts bien nécessaires étaient arrivés.

Dans un petit appartement de la banlieue de la ville, un jeune couple de chrétiens palestiniens que j'appellerai Lisa et Mark se prépare à entrer dans la mêlée. Lisa, toujours en jean et en T-shirt, s'efforce d'enfiler à leur fille de 18 mois, Nadia, une robe de Pâques blanche. Mark, en pyjama, essaie sans succès d'empêcher leur fils de trois ans, Nate, dont l'humeur oscille entre Spiderman et Attila le Hun, de saccager le tout nouvel ensemble pantalon-gilet qu'ils lui ont fait enfiler - ou la télévision, ou le tableau de l'enfant Jésus sur le mur, ou le vase de fleurs sur la table. Mark, un grand gaillard en pleine forme, grimace d'exaspération. Il est huit heures d'un matin frisquet de mars et il transpire déjà abondamment. Pourtant, c'est Pâques, un moment d'optimisme et d'espoir, et un moment spécial en plus.

C'est la toute première Pâques que Mark a été autorisé à passer avec la famille à Jérusalem. Il est originaire de Bethléem, en Cisjordanie, et ses papiers d'identité proviennent donc de l'Autorité palestinienne ; il a besoin d'un permis d'Israël pour nous rendre visite. Lisa, dont la famille vit dans la vieille ville, possède une carte d'identité israélienne. Ainsi, bien qu'ils soient mariés depuis cinq ans et qu'ils louent cet appartement dans la banlieue de Jérusalem, la loi israélienne les empêche de résider sous le même toit. Mark vit avec ses parents à Bethléem, qui se trouve à six miles mais pourrait aussi bien être à cent miles, de l'autre côté d'un poste de contrôle israélien et de la barrière de béton de 24 pieds (7,32 m) de haut connue sous le nom de "mur".

Mark trouve déprimant que "80 % des chrétiens avec lesquels j'ai grandi soient partis dans un autre pays pour trouver du travail". Pourtant, il comprend pourquoi. Travailleur social de formation, diplômé en sociologie, Mark cherche un emploi, n'importe quel emploi, depuis près de deux ans. "Vous êtes entouré de ce mur géant, et il n'y a pas de travail", dit-il. "C'est comme une expérience scientifique. Si vous gardez des rats dans un espace clos et que vous le rendez de plus en plus petit chaque jour, que vous introduisez de nouveaux obstacles et que vous changez constamment les règles, au bout d'un moment les rats deviennent fous et commencent à se manger entre eux. C'est comme ça."

(...)

La suite (de la traduction) prochainement (peut-être !). Sinon, les non anglophones pourront toujours traduire le texte intégral affiché ci-dessous en se servant du traducteur intégré (voir en haut de page). Quant aux anglophones, soit ils liront le texte affiché ci-dessous, soit ils consulteront directement l'original (agrémenté de nombreuses photos) sur le site du magazine.

Par parenthèse, les suprémacistes juifs existent bel et bien, mais la "grande" presse se garde volontiers de leur donner la parole. Il faut dire que leurs déclarations peuvent faire froid dans le dos ; dame !, des clones d'Hitler ! (Document)


The Forgotten Faithful (Source)

Followers of Jesus for nearly 2,000 years, native Christians today are disappearing from the land where their faith was born.

By Don Belt

Photographs byEd Kashi

25 min read

This story appears in the June 2009 issue of National Geographic magazine.

Easter in Jerusalem is not for the faint of heart. The Old City, livid and chaotic in the calmest of times, seems to come completely unhinged in the days leading up to the holiday. By the tens of thousands, Christians from all over the world pour in like a conquering horde, surging down the Via Dolorosa's narrow streets and ancient alleyways, seeking communion in the cold stones or some glimmer, perhaps, of the agonies Jesus endured in his final hours. Every face on Earth seems to float through the streets during Easter, every possible combination of eye and hair and skin color, every costume and style of dress, from blue-black African Christians in eye-popping dashikis to pale Finnish Christians dressed as Jesus with a bloody crown of thorns to American Christians in sneakers and "I [heart] Israel" caps, clearly stoked for the battle of Armageddon.

They come because this is where Christianity began. Here in Jerusalem and on lands nearby are the stony hills where Jesus walked and taught and died—and later, where his followers prayed and bled and battled over what his teaching would become. Huddled alongside Jewish converts in the caves of Palestine and Syria, Arabs were among the first to be persecuted for the new faith, and the first to be called Christians. It was here in the Levant—a geographical area including present-day Syria, Lebanon, Jordan, Israel, and the Pales­tinian territories—that hundreds of churches and monasteries were built after Constantine, emperor of Rome, legalized Christianity in 313 and declared his Levantine provinces holy land. Even after Arab Muslims conquered the region in 638, it remained predominantly Christian.

Ironically, it was during the Crusades (1095-1291) that Arab Christians, slaughtered along with Muslims by the crusaders and caught in the cross fire between Islam and the Christian West, began a long, steady retreat into the minority. Today native Christians in the Levant are the envoys of a forgotten world, bearing the fierce and hunted spirit of the early church. Their communities, composed of various Orthodox, Catholic, and Protestant sects, have dwindled in the past century from a quarter to about 8 percent of the population as the current generation leaves for economic reasons, to escape the region's violence, or because they have relatives in the West who help them emigrate. Their departure, sadly, deprives the Levant of some of its best educated and most politically moderate citizens—the people these societies can least afford to lose. And so, for Jerusalem's Arab Christians, there is a giddiness during Easter, as if, after a long and lonely ordeal, much needed reinforcements have arrived.

In a small apartment on the outskirts of the city, a young Palestinian Christian couple I will call Lisa and Mark are preparing to enter the fray. Lisa, still in jeans and a T-shirt, is struggling to get their 18-month-old daughter, Nadia, into a white Easter dress. Mark, in his pajamas, is trying without success to prevent their three-year-old son, Nate, whose mood ricochets between Spiderman and Attila the Hun, from trashing the brand new pants-and-vest outfit they've wrestled him into—or the TV, or the painting of child Jesus on the wall, or the vase of flowers on the table. Mark, a big, hot-running guy, grimaces in exasperation. It's eight o'clock on a chilly morning in March, and he's already sweating profusely. Yet it's Easter, a time of optimism and hope, and a special one at that.

This is the first Easter, ever, that Mark has been allowed to spend with the family in Jerusalem. He is from Bethlehem, in the West Bank, so his identity papers are from the Palestinian Authority; he needs a permit from Israel to visit. Lisa, whose family lives in the Old City, holds an Israeli ID. So although they've been married for five years and rent this apartment in the Jerusalem suburbs, under Israeli law they can't reside under the same roof. Mark lives with his parents in Bethlehem, which is six miles away but might as well be a hundred, lying on the far side of an Israeli checkpoint and the 24-foot-high concrete barrier known as the Wall.

Mark finds it depressing that "80 percent of the Christian guys I grew up with have left for another country to find work." Yet he understands why. A trained social worker with a degree in sociology, Mark has been looking for a job, any job, for almost two years. "You're surrounded by this giant wall, and there are no jobs," he says. "It's like a science experiment. If you keep rats in an enclosed space and make it smaller and smaller every day and introduce new obstacles and constantly change the rules, after a while the rats go crazy and start eating each other. It's like that."

For anyone living in Israel or the Palestinian territories, stress is the norm. But the 196,500 Palestinian and Israeli Arab Christians, who dropped from 13 percent of the population in 1894 to less than 2 percent today, occupy a uniquely oxygen-starved space between traumatized Israeli Jews and traumatized Palestinian Muslims, whose rising militancy is tied to regional Islamist movements that sometimes target Arab Christians. In the past decade, "the situation for Arab Christians has gone rapidly downhill," says Razek Siriani, a frank and lively man in his 40s who works for the Middle East Council of Churches in Aleppo, Syria. "We're completely outnumbered and surrounded by angry voices," he says. Western Christians have made matters worse, he argues, echoing a sentiment expressed by many Arab Christians. "It's because of what Christians in the West, led by the U.S., have been doing in the East," he says, ticking off the wars in Iraq and Afghanistan, U.S. support for Israel, and the threats of "regime change" by the Bush Administration. "To many Muslims, especially the fanatics, this looks like the Crusades all over again, a war against Islam waged by Christianity. Because we're Christians, they see us as the enemy too. It's guilt by association."

Mark and Lisa, like Arab Christians everywhere, conduct an ongoing argument about whether to leave their homeland for good. Mark has one brother in Ireland, another in San Diego, and he lived in the U.S. for a few years. He got his green card and was working in California when he and Lisa were married, in Jerusalem, in 2004. She tried living in San Diego for a while but was homesick for her family, so the couple moved back after Nate was born.

Living as Arabs in the U.S. after 9/11 was an eye-opener for them. "It's funny," Mark says, "what Americans think about things. They've never heard of Arab Christians. They assume all Arabs are Muslim—terrorists, that is—and that Christianity was invented in Italy or something. So when you say, I'm an Arab Christian, they look at you funny, like you just said, The moon is purple. I had one lady ask me, 'What does your family think about you being a Christian? I suppose they must have been very upset!' "

On a mountain overlooking the Mediterranean near Beirut, a hermit rises at three in the morning, reaching for a flashlight amid the lumpy familiarity of books that are both his life's work and his lifelong bedmates. The hermit, who's 73, long-bearded, and known by the name Father Yuhanna, works there until dawn, translating ancient Christian hymns from Aramaic, the language of Jesus, into modern Arabic, copying them into a giant, leatherbound volume the size of a seat cushion. Then he prays, eats a piece of fruit, pulls on his black habit and cloak, and merrily sets off to deliver 10,000 blessings to every place in the world.

His first stop, always, is Alaska, where he "stocks up on fresh air." Then he drifts down through North and South America, jumps to Africa, moves up through the Middle East, sweeps across Europe, then heads east into Russia and Asia before working his way south to Australia. Everywhere he goes, he distributes blessings, counting them off one by one on a string of woven rosary beads that fly through his fingers like doves. This daily trip takes three or four hours, and most days—if he doesn't linger too long over the trouble spots—he's back home by noon. To the untrained eye, he's just an old man walking around in a garden. To his friends and followers, who come by the hundreds to hear his teachings about Jesus, he's a saintly figure, a descendant of influential hermits like Simeon the Elder—a fifth-century ascetic who lived atop a stone pillar in the Syrian countryside for more than 30 years, attracting the pious devotion of locals.

Maronite Christians are not usually thought of as candidates for sainthood. Followers of a fourth-century hermit named Maron, the sect seemed destined from the beginning to battle its way through history. When St. Maron died in 410, a bitter feud broke out among his followers over custody of his body. Within a generation the Maronites were also battling rival Christian sects over theological issues, and after the arrival of Islam they opposed the Muslims too. Fleeing persecution, they pushed over the mountains from Syria into Lebanon, where they sought out the most inhospitable valleys, fortified their caves and craggy monasteries, and set about defending themselves from the caliph's army. In the late 11th century, when French crusaders marched through on their way to Jerusalem, Maronites poured out of the mountains to greet their fellow Christians. Some 800 years later, when France took charge of Syria (including Lebanon) at the end of World War I, it repaid the Maronites by shaping the future nation of Lebanon to their advantage. Speaking French and nurturing a cultural affinity for Europe, the Maronites, alone among Arab Christians, were the majority in a Middle Eastern country when Lebanon gained its independence in 1943.

More recently, Maronite Christians have been among the most feared militia fighters in Lebanon's civil war, waging fierce campaigns against Lebanese factions—Shiite, Sunni, Druze, and Palestinian—in the combat zones of Beirut between 1975 and 1990. But today Lebanon's Christians, once the majority, find themselves increasingly relegated to the same role that Christians elsewhere in the Middle East know so well. After decades of emigration, their numbers have fallen below 40 percent of the population. To cope, Maronite leaders have forged new alliances: one with the ascendent Shiite group, Hezbollah; another with a coalition of Sunnis and Druze. Meanwhile, the Christian militias have gone underground—but that doesn't mean they've gone soft.

Milad Assaf is a genial, middle-aged tile contractor who serves as a foot soldier in the Lebanese Forces (LF), a powerful Maronite political party. From the balcony of his bullet-riddled fifth-floor apartment in east Beirut, Milad has a clear shot at the sprawling Shiite neighborhoods that lie just beyond a busy thoroughfare marking the "red line" between Christian territory and that of the Shiite militias fighting for Hezbollah and its ally, Amal. "It's kind of like living in a shooting gallery," he says, laughing.

Milad was six years old in April 1975, when a gang of Christians ignited Lebanon's civil war by opening fire on a bus full of Palestinian refugees; they did it to send a message to the Palestinian fighters then roaming the streets of Beirut, who wanted to turn Lebanon into a base for the Palestinian Liberation Organization (PLO). The bus attack, which killed 27 people, went down a block from Milad's house, in front of a life-size statue of the Virgin Mary. Despite hailstorms of small arms fire, rocket-propelled grenades, and Israeli bombs that have whistled through the air here since 1975, the statue doesn't have a scratch on it. "Think about that for a minute," says Milad. "Tell me that's not a miracle!"

Milad's neighborhood, Ain al-Rumaneh, is a tough place, full of bullet-pocked apartment buildings and small shops. Every flat surface, it seems, is branded with the symbol of the Lebanese Forces, a cross with its base sliced off at an angle, like a sword. After recent clashes with Shiites, Milad and his buddies raised a 15-foot wooden cross on the sidewalk and plastered a plywood wall behind it with huge posters of Jesus. Then they installed floodlights so that Hezbollah fighters across the road would get the following message 24 hours a day: "Ain al-Rumaneh is Christian. Keep the hell out."

By age 12, when he joined the LF, Milad had the swagger of ashabb, or tough guy. He has no idea how many men he killed during the war. He's been in and out of jail dozens of times and even now, at 40, hasn't given up the adrenaline-fueled life of a fighter. His thinning hair is slicked back, Elvis style, and he wears the big LF cross on a gold chain around his neck and tattooed on his left forearm. Like many Arab Christian guys, Milad pumps a lot of iron, and though carrying a slight paunch, he has a powerlifter's chest that he's proud of, wrapped tightly in a white Armani T-shirt. He flexes his biceps and chest constantly. He carouses in a souped-up SUV, drinks too much, breaks a lot of hearts. Since the July 2006 war with Israel, which ruined the Lebanese economy and strengthened Hezbollah, his tile business has taken a hit, but Milad is hoping to ride this crisis out, just like all the others.

Countrywide, this chronic instability has pushed unemployment to 20 percent, scared away foreign investors, and dimmed the nation's once vibrant commercial life. A week before, in the Maronite heartland along the Qadicha Valley, I'd stopped at a shop in Bcharre, a town on the edge of a cliff that was home to the poet Khalil Gibran. "First customer of the day," said the dark-haired woman behind the counter, whose name was Liliane Geagea. It was 11 a.m. on a sunny Saturday in April, prime tourist season, but the place was empty. "With all the troubles, people have just stopped coming," she said. "Everybody's saving their money so they can leave this crazy place. I know I am. I've given this country 45 years of my life, most of them in a war, and that's enough. I'm exhausted, and so is my family. My daughter is studying at Beirut University. When she graduates, my advice to her is: Go to America, go to Europe or Australia, it doesn't matter where. Just get out and take me with you."

Milad doesn't have the option of leaving, and neither do thousands of other tough guys just like him who meet in militia clubhouses to discuss the "situation" and abide by their party's decision to make political alliances instead of war. But if there's anything that makes them nervous, it's being outgunned. Milad flexes his biceps, pats the stock of his rifle, and grins. "We still have our weapons," he says, fingering one of the M16s he keeps oiled and ready in his basement. "But these days the Shiites have more." He gestures out the window, to shot-up apartment complexes just beyond the four-lane road that might as well be a hostile international border. "Hezbollah controls everything on the other side of that road," he says. "And those guys are crazy. They've got rocket launchers, RPGs, you name it, all supplied by Iran. We'll always protect our neighborhoods and our families, no questions asked. But these days, if it turned into a shooting war, we'd lose. So now we believe in peace."

A few hours east of the battle lines between Muslim and Christian in Beirut, communities in Syria offer a reminder, beneath the hostilities of today, of how closely related the two religions really are. There are oases of tolerance—once widespread, now less so—where Christians and Muslims attend one another's weddings and funerals and worship at one another's shrines. In some monasteries Christians still prostrate themselves in prayer—a Byzantine-era practice that early Muslims may have admired and adopted. Some churches still conduct services in Aramaic or Syriac, languages that predate Islam.

One afternoon I climb to Our Lady of Saydnaya, a cliff-top Greek Orthodox convent in Syria that has weathered the storms of empire since 547. Once inside I find myself not among Christians but in a crowd of Muslim families who've come seeking the blessings of the Virgin Mary, whose powers of healing and fertility have drawn people in need for nearly 1,500 years.

As my eyes adjust to the gloom of the candlelit inner sanctum, I watch as a woman in a head scarf offers her baby, wrapped in a blanket, to the centerpiece of the shrine. There, surrounded by soot-blackened icons, a brass template covers the image of Mary, said to be painted by St. Luke, which inspires even though hidden from view. With her eyes closed and lips moving in silent prayer, the baby's mother presses his face gently against the metal plate for a long moment. Later, outside, I meet the woman and her family, who'd driven up from Damascus after Friday prayers at their mosque.

Wary of strangers, they would offer only the name of their sick child, Mahmoud. Just seven months old, swaddled in a green blanket, he lay still as death with his eyes closed, barely breathing. His face was a dark grayish brown. "The doctor said he can't do anything for Mahmoud and that we should send him to America for an operation," his mother says. "That's impossible, so we need a miracle instead. I'm a Muslim, but a long time ago my family used to be Christian. I believe in the prophets—Muslim, Jewish, and Christian—and I believe in Mary. I've come here so that my boy will be healed."

Such scenes reflect the Levant's history of coexistence between Muslims and people of other faiths, which dates from the earliest days of Islam. When the Muslim Caliph Omar conquered Syria from the Byzantine Empire around 636, he protected the Christians under his rule, allowing them to keep their churches and worship as they pleased. But many Christians converted to Islam anyway, preferring its emphasis on a personal connection with God to the oppressive hierarchies of the Byzantine Church. The grandson of the last Christian governor of Damascus, who grew up to be the theologian St. John Damascene, listened to the newcomers talk about Islam—its acceptance of the Old and New Testaments, its esteem for Jewish prophets, its veneration of Jesus and Mary—and concluded that it was another of the many Christian heresies making the rounds of the Byzantine Empire, beyond the reach of church authorities in Constantinople. It never occurred to him, even writing many years later, that Islam might be a separate religion. When later caliphs imposed heavy taxes on Christians, conversions soared among poor villagers. For those early Arab Christians, whose word for God was (as it still is today) Allah, accepting the tenets of Islam was more like stepping over a stream than vaulting a chasm.

"You can't live alongside people for a thousand years and see them as the children of Satan," observes Paolo Dall'Oglio, an earthy, bear-size monk who hosts Muslims in interfaith dialogue at Deir Mar Musa, the sixth-century desert monastery he and his Arab followers restored between Damascus and Homs. "On the contrary, Muslims are us. This is the lesson the West has yet to learn and that Arab Christians are uniquely qualified to teach. They are the last, vital link between the Christian West and the Arab Muslim world. If Arab Christians were to disappear, the two sides would drift even further apart than they already are. They are the go-betweens."

Back in Jerusalem Mark and Lisa are acutely aware of the role that Arab Christians might play in the geopolitical dramas of today. But they live in a hothouse world, where go-betweens are in constant danger of being trampled—by Muslims, by Jews, or by Western Christians, who (not unlike the crusaders) look right through them as they race past to stake their claim on God's holy ground.

On Easter morning, Mark and Lisa make a handsome couple in their Sunday clothes, leading Nate and Nadia by the hand up the sidewalk to the family car, a middle-aged, maroon Honda. It's a proud moment, their first Easter together in the Holy Land, and Lisa, noticing the thick coat of dust on the car, asks Mark to give it a rinse. He fetches a hose and connects it to a faucet they share with their neighbors, who come out on the porch and stand, watching, in their kaffiyehs and head scarves. In an animated voice, Lisa explains to the kids that Daddy's giving the car a bath for Easter. Right on cue, with a playful flourish, Mark squeezes the nozzle on the hose. Nothing comes out. He checks the faucet, squeezes again. Still nothing. So there he stands, empty hose in hand, in front of his kids, his neighbors, and a visitor from overseas. "I guess they've opened the pipes to the settlements," he says quietly, gesturing to the hundreds of new Israeli housing units climbing up the hills nearby. "No more [water] for us." Lisa is still trying to explain this to the kids as the car pulls away from the curb.

"I hate the Israelis," Lisa says one day, out of the blue. "I really hate them. We all hate them. I think even Nate's starting to hate them."

Is that a sin? I ask.

"Yes, it is," she says. "And that makes me a sinner. But I confess my sins when I go to church, and that helps. I'm learning not to hate. In the meantime, I go to confession."

"Hate destroys the spirit of those who hate," says Father Rafiq Khoury, a soft-spoken Palestinian priest who hears his share of confessions at the Latin Patriarchate in Jerusalem. "But even in the midst of all these troubles, all this violence and despair driving Christians away, you can see new life in the faces of young people and experience the hope that is God's gift to humanity. That is the message of Easter."

Yet even at Easter, Arab Christians seem to be the forgotten ones. One night in East Jerusalem, I accompanied Lisa and Mark to Good Friday services at the huge Church of All Nations next to the Garden of Gethsemane. Mark, who can't stand crowds, stayed outside with Nate in the cool night air, but Lisa has celebrated this Mass since she was a child and wanted to go inside. The crowd was sparse, and we took a position well back from the pews, standing a few yards inside the church doors. Lisa had Nadia in a stroller. As we stood there admiring the church's ornate altar and vestibule, the Christian hordes circulating through Jerusalem suddenly descended, like an Old Testament plague, on the church.

Hundreds of pilgrims churned through the church's double doors, filling the cavernous space with warm bodies and pushing us deeper into the church. The temperature rose rapidly, and air was suddenly in short supply. I checked Lisa's face and saw a look of alarm as she gripped the stroller and tried to anchor herself against the river of humanity flowing into the church. Dutch, German, Korean, Nigerian, American, French, Spanish, Russian, Filipino, Brazilian, the crowd surged forward, searching hungrily for a greater proximity to God.

Suddenly Lisa's decision to bring Nadia along was looking like a mistake. At eye level, people were seeing the vacant space created by the stroller and aggressively pushing to fill it, not realizing there was a sleeping child down below until they were practically falling onto her. Lisa's eyes widened as we fought to protect Nadia from the crush of bodies. As if wading through chest-deep water, we tried to clear a path for the stroller to the church doors. A number of foreign pilgrims reacted poorly to this tiny Arab woman moving in the wrong direction, and things got a bit physical as we made our way through the crowd. As we passed through the doors, the crowd thinned out slightly. Lisa leaned in, straining to be heard over the chaos around us. "Do you see how it is?" she asked, gasping for air on the hill where Jesus spent his last night on Earth. "This is our home. And it's like we're not even here!"

 

 

dimanche 31 janvier 2021

Houria Bouteldja, ou quand une authentique sémite se fait taxer d'antisémitisme par des cuistres

Révision du 31 mars 2021
 
En guise de préambule, trois lectures : 01 - 02 - 03

Herzl,haganah,benayoum,irgoun,sionisme,jewish,supremacism,Houria,april,Balfour,miss_france,controverse,juif,Bouteldja, islam, irgoun, haganah, nazi, hitler, auschwitz, concentration, kapo
Un camp de concentration nazi, quelque part en Lettonie. Comme exécuteurs des basses œuvres de la Waffen SS - qui dirigeait tous les camps de concentration stricto sensu - il y avait les indispensables garde-chiourme : les Kapos. Celui-ci est le chef des kapos du camp. Sur sa poitrine, une étoile caractéristique...

Rudolf Tessler:

"Keiner der Kapos hatte einen Sinn von Moral. Wenn sie ihn einmal hatten, dann war er längst vorbei. Das einzige was sie hatten, war ihr Machtstatus. Für einen Blockältesten war klar, dass er eine Reihe Leute für sich arbeiten ließ. Das bedeutete natürlich, dass er diese Leute unterstützen musste. Wie machte er das. Er benutzte das Essen. (...) Der Blockälteste hatte die Kontrolle über die Kessel mit der Suppe und seine Verteilung. Er nahm das Maß mit dem Schöpflöffel. Wenn er ein bisschen weniger in die Schale eines Häftlings gab, war mehr für seine Untergebenen übrig. So spielte er seine Macht aus und das war die Macht über Leben und Tod."

"Aucun des kapos n'avait la moindre conscience morale, et à supposer qu'ils en aient eu une, un jour, elle s'était évaporée depuis belle lurette. La seule chose dont ils aient eu conscience était la détention d'un pouvoir. Il était clair pour un "ancien de bloc" qu'il avait un certain nombre de personnes travaillant pour lui ; il en découlait bien sûr qu'il devait soutenir ces gens. Comment le faisait-il ? Il utilisait la nourriture. (...) L'"ancien du bloc" ("Blockältester" = doyen (pas forcément en âge) du baraquement où les déportés étaient entassés.)  contrôlait la soupe contenue dans une bouilloire et sa distribution. Il prenait la mesure avec une louche. S'il en mettait un peu moins dans le bol d'un prisonnier, il en restait un peu plus pour ses subordonnés. C'est ainsi qu'il jouait de son pouvoir et c'était un pouvoir de vie et de mort."

Autre univers concentrationnaire : Lien

Soit dit en passant, l'auteur de ce texte est fils de pasteur (probablement le seul hébraïsant au Sud du Sahara, Éthiopie/Falashas et Afrique du Sud exceptées). La Bible, vous savez ? Deux prières par jour (matin et soir) avec lecture de l'Ancien et du Nouveau Testaments + le catéchisme + l'école du dimanche..., soit entre 6 (je savais déjà lire) et dix-sept ans, année du BAC.

 
Lu dans la presse :

La Licra annonce réfléchir à une action en justice à l'encontre d'Houria Bouteldja, ancienne porte-parole du Parti des indigènes de la République, après la publication de son texte au sujet de l'origine israélienne de Miss Provence, April Benayoun. La ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) fait savoir sur Twitter le 29 décembre son intention éventuelle de saisir la justice à propos d'un texte d'Houria Bouteldja, fondatrice et ancienne porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR) : «Nous examinons l’opportunité de saisir la justice du texte d’Houria Bouteldja d’abord publié sur Mediapart avant d’être retiré puis repris par le site de l’UJFP. Car, à supposer l’infraction pénale établie, on ne peut pas être antisémite innocemment.»

By the way, soit dit en passant, j'observe que ce papier, encore à l'état de brouillon, est régulièrement visité. Pourquoi pas ? (Normalement, on a dépassé le stade du brouillon ! ☺)

Sinon, en guise de hors-d’œuvre, je vous offre ceci : Jakubowicz est un patronyme polonais/slave, pas sémite, tout le contraire de Bouteldja, patronyme berbère, 100% sémite. C'est comme ça. Autant dire que berbère/arabe + antisémite, c'est un oxymore ; juste impossible ! 

Fin de l'avertissement

 

L'article de Houria Bouteldja, vulgairement évincé du blog de Mediapart et fort heureusement hébergé par le site du mouvement dit Union Juive Française pour la Paix est un long papier de près de 1900 mots pour 11400 signes.

Par parenthèse, si je peux le commenter ici, sur mon propre blog, je ne comprends pas très bien pourquoi Bouteldja ne disposerait pas de son propre éditeur d'articles ! J'observe simplement que l'éditeur Blogger, filiale de Google, me permet d'avoir des lecteurs dans le monde entier, moyennant un traducteur intégré.

Le texte de Bouteldja est précédé de cette déclaration liminaire de l'UJFP :

Nous publions ce texte d’Houria Bouteldja, initialement publié sur Médiapart avant d’être dépublié, car il ne respecte pas la Charte de participation. Nous ne comprenons pas les raisons de ce qui apparaît être une censure. Médiapart a-t-il cédé à la polémique initiée par Gilles Clavreul, ex DILCRAH et grand pourfendeur devant l’Eternel de l’antiracisme politique ? A-t-il feint, comme Clavreul, de ne pas comprendre le propos de HB et de lui faire dire autre chose ?
La Commission communication externe pour la Coordination de l’UJFP le 26 décembre 2020

Rappelons, en passant, une réalité que d'aucuns semblent vouloir reléguer aux oubliettes, à savoir que la France est (encore) un État de droit, par ailleurs signataire de la Convention Européenne des Droits de l'Homme couronnée par la création de la Cour Européenne ad hoc (CEDH). 
 
Il se trouve que la liberté d'expression figure en très bonne place dans les différentes conventions internationales sur les Droits Humains, dont la fameuse Déclaration Universelle des Droits de l'Homme  (1948), dont je me contenterai de citer un extrait du préambule :
Considérant que les États Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
J'ai choisi d'analyser le texte de Houria Bouteldja en plusieurs épisodes. Pour commencer, je pense y avoir identifié trois sections, que j'évoquerai successivement, moyennant des mises en exergue numérotées.
 
I. To be or not to be a Tatar!

"L’anti-tatarisme des Palestiniens (1a) (et des banlieues) (1b) n’existe pas – À propos de Miss Provence et de l’antisémitisme (le vrai). (Source)

Imaginons (2) :

La Palestine n’a pas été colonisée par des populations se réclamant du judaïsme mais par des Tatars (3a) qui se réclament (pourquoi pas ?) du tatarisme.

Ce n’est pas Herzl (3b) qui écrit « l’État des Juifs » en 1896 mais un Tatar.

Les participants au premier congrès sioniste (3c) à Bâle qui a lieu en 1897 ne sont pas des Juifs mais des Tatars (3d).

La déclaration Balfour écrite par le Ministre des affaires étrangères anglais, le 2 novembre 1917, n’est pas adressée à Lionel Walter Rothschild en tant que principal financier du mouvement sioniste mais à un Tatar (3e).

Les premiers colons, plus connus sous le nom des « amants de Sion » (1880), ne sont pas Juifs mais Tatars (3f).

Les premiers mouvements de colonisation de masse après 1905 ? Des Tatars (3g) !

Enfin, la dernière grande vague de colons qui déferle après le génocide nazi (après avoir été interdite d’entrée aux Etats-Unis) n’est pas juive mais tatare (3h).

Bref, si le sionisme avait en théorie et en pratique, été, porté et réalisé par des Tatars (3i), les Palestiniens (1a) auraient probablement développé une forme d’anti-tatarisme (3j) que feu Maxime Rodinson aurait appelé un « racisme de guerre » ou Albert Memmi un « racisme édenté » (« édenté » ne signifiant pas « inoffensif » car ce « racisme » peut blesser ou même tuer mais pas avec les moyens et la logistique fournis par un Etat). « Racisme » que les Français, oublieux, connaissent bien, eux qui avaient affublé l’ennemi allemand des injures aussi sympathiques que « Boches », « Chleuhs », « Frisés »…

Mais le fait est là : les Tatars (4a) n’ont jamais colonisé la Palestine. Par conséquent, l’anti-tatarisme (4b) des Palestiniens (1a) n’existe pas. En revanche, leur anti-israélisme (5a) qui se confond parfois avec ce que l’on pourrait appeler un anti juifisme (5b), lui existe bel et bien. Il exprime la haine ou le ressentiment du colonisé envers son colonisateur. Et en l’occurrence, le colonisateur de la Palestine s’identifie comme juif (5c). Ce faisant, même s’il accapare indument le signifiant « juif » et qu’il le rend consubstantiel du projet sioniste (5d), il reste le premier responsable de cette prise d’otage (6) réalisée au profit d’Israël et au détriment du judaïsme (et ou) de la judéité. A partir de là, tout est question de rapports de force (7). Nous savons en effet, que les Juifs sionistes (8a) ne sont pas seuls responsables de l’existence du fait israélien (et de loin !). Les parrains (8b) impérialistes, britanniques, français, étatsuniens ou évangéliques sont à la fois plus puissants et plus nombreux que les Juifs sionistes. Il n’en demeure pas moins que la puissance occidentale, avec la complicité de ces derniers, a réussi à faire de l’amalgame entre Juifs et Israël, une réalité au grand dam des Juifs anti ou a-sionistes et de la communauté des anticolonialistes." (8c)

Mon analyse

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Des enfants. Nom du camp de concentration ?

Commençons par dire que j'ai pris du plaisir à lire ce papier, que j'ai trouvé plutôt drôle. Dès lors, je comprends qu'une petite escouade de ringards, pour la plupart ne maîtrisant pas la langue française, n'aient rien trouvé de mieux à faire que d'envisager de se précipiter sous les robes des magistrats. Voilà nos magistrats devant se muer précipitamment en spécialistes du rattrapage scolaire, rubrique : "Le français pour les nuls". Hilarant, non !?

1. Palestiniens

Je vous avoue que l'association des "palestiniens" et des "banlieues", dans le titre, m'a un peu intrigué, surtout la seconde mention (banlieue), sur laquelle nous reviendrons. 

2. Imaginons

L'exposé de Bouteldja commence ainsi par une fiction. J'avoue avoir trouvé ce passage assez drôle, surtout parce qu'on sent qu'on est bien au-delà d'un premier degré !   

En ce qui concerne les Palestiniens, dans sa fiction, Boultedja estime que : "Si le sionisme avait en théorie et en pratique, été, porté et réalisé par des Tatars, les Palestiniens auraient probablement développé une forme d’anti-tatarisme que feu Maxime Rodinson aurait appelé un « racisme de guerre »".  

Je dirais plutôt "xénophobie de guerre". Quel "racisme" y aurait-il dans boche, chleuh ou frisé, s'agissant de termes visant des semblables, physiquement parlant ? Il y aurait probablement une nuance dans "gringo", terme tantôt neutre, tantôt péjoratif, par lequel les "latinos" désignent les Américains blancs, notamment ceux de l'hémisphère nord, voire les étrangers en général. 

Dans un autre contexte, "Ntu" et "Inuit", entre autres vocables, veulent dire "Homme". En clair, "ba-ntu" (pluriel de "ntu") et "inuit" veulent dire "nous les hommes". Par voie de conséquence, ou l'on était dans le groupe des "nous", ou l'on était dans le groupe des "pas nous". La "xéno-typie" était née, qui permettait à un groupe humain de se distinguer des autres groupes, au point de  considérer que celui qui n'est pas "nous", n'est pas un homme, une femme, un humain, le tout sans la moindre connotation désobligeante : cette forme de "xéno-typie" n'est pas du racisme. 

Le fait est qu'à partir du moment où les seuls hommes connus de nous sont "nous-mêmes", il ne faut pas s'étonner que Ntu et Inuit, parmi d'autres, considèrent, dans un premier temps, que tout ce qui n'est pas "eux" n'est pas "humain", jusqu'à ce qu'ils réalisent qu'il existe d'autres humains qu'ego.

Là-dessus vient se greffer la question de la guerre, de l'esclavage et de la coercition imposée par un "pas nous", qu'il a bien fallu désigner d'un terme (plus ou moins) péjoratif, sans oublier l'inévitable racisme. D'où la xéno-phobie. C'est ainsi qu'on a eu chleuh, frisé, boche, bamboula, niakoué, youpin, rital, gringo, toubaab, négro, chinetoque, etc.  Au Rwanda, l'équivalent de "gringo" est "muzungu" (pron. mouzoungou).

Il suffit de se promener dans la France profonde pour y apprécier les avis, souvent négatifs, des provinciaux à l'égard des parisiens. Ne parlons même pas des hordes de hooligans  se tabassant régulièrement à proximité des stades de football, au point que des cars de supporters doivent être souvent escortés par la police ou la gendarmerie !  Un des exemples les plus remarquables en matière de "xénophobie de guerre" (sportive) nous est fourni par l'antagonisme viscéral opposant les supporters de trois équipes de football de la même ville : Istambul, à savoir  Galatasaray, Besiktas et Fenerbahçe. Ils vivent dans la même ville, se côtoient parfois dans les mêmes quartiers voire immeubles, mais le jour d'un match, c'est presque la guerre !

3. Variations sur un thème 

3a. La Palestine n’a pas été colonisée par des populations se réclamant du judaïsme mais par des Tatars. 

Ce n’est pas Herzl (3b) qui écrit « l’État des Juifs » en 1896 mais un Tatar.

Les participants au premier congrès sioniste (3c) à Bâle qui a lieu en 1897 ne sont pas des Juifs mais des Tatars (3d).

La déclaration Balfour écrite par le Ministre des affaires étrangères anglais, le 2 novembre 1917, n’est pas adressée à Lionel Walter Rothschild en tant que principal financier du mouvement sioniste mais à un Tatar (3e).

Les premiers colons, plus connus sous le nom des « amants de sions » (1880), ne sont pas Juifs mais Tatars (3f).

Les premiers mouvements de colonisation de masse après 1905 ? Des Tatars (3g) !

Enfin, la dernière grande vague de colons qui déferle après le génocide nazi (après avoir été interdite d’entrée aux États-Unis) n’est pas juive mais tatare (3h).

Bref, si le sionisme avait, en théorie et en pratique, été porté et réalisé par des Tatars (3i), les Palestiniens auraient probablement développé une forme d’anti-tatarisme (3j). 

L'auteure se lance, donc, dans une série de suppositions, se rattachant, toutes, à un même thème : la colonisation de la Palestine, laquelle aurait pu être le fait des Tatars. 

On avait, donc, droit à une invasion fictive (au conditionnel) de la Palestine par des Tatars. Voilà qui justifiait un recours au dictionnaire encyclopédique. 

1. Relatif aux tribus nomades vivant autrefois en Mongolie, puis à l'ensemble des populations turques mahométanes et mongoles qui envahirent la Russie au xiiies. sous le commandement de Gengis Khan (v. tartare).

2. Relatif aux habitants ou aux régions de Russie occupées par les Tatars et plus spécialement à la région nommée Tatarie, Tatarstan ou République Nationale autonome des Tatares et à une partie de la population de la République de Crimée (fondue avec la République d'Ukraine en 1954).

Deux syllabes, avec une finale en "ar" ! À vrai dire, à ce moment de la lecture, j'ai instinctivement pensé à un autre groupe, basé non loin des Tatars, à ceci près que Bouteldja avait bien pris soin d'entamer sa démonstration par un "Imaginons...". 

Et, au sein de cette fiction, on a eu droit à une série d'éléments factuels : Herzl, l'État des Juifs, un congrès sioniste, la fort inopportune Déclaration Balfour, intervenant en violation totale du droit des peuples, l'inévitable Lord Rothschild, parrain de l'illégal, illégitime, voire criminel - cf. les attentats de l'Irgoun et de la Haganah - mouvement sioniste, les Amants de Sion, une arrivée massive en Palestine de migrants juifs rejetés par les États-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale, etc., toutes choses rigoureusement authentiques, à ceci près que Bouteldja a délibérément tourné le dos à la mythologie voyant le peuple hébreu expulsé de la Terre Promise durant l'occupation romaine et partant par monts et par vaux dans une longue pérégrination de près de deux mille ans, baptisée "diaspora". 

Bien évidemment, les théoriciens de cette diaspora considèreront - mais ils auront tort ! - les arrivées de Juifs en Palestine, dans la première moitié du 20ème siècle, comme la fin de ladite pérégrination, le peuple hébreu autrefois spolié de sa terre s'en retournant dans son berceau naturel sur les bords du Jourdain. Le fait est que cette théorie est fausse, la Bible des Juifs et des Chrétiens n'étant pas un manuel d'histoire ! 

4-5. Fin de la fiction 

Les Tatars (4a) n’ont jamais colonisé la Palestine ; du coup, l’anti-tatarisme (4b) des Palestiniens (1a) n’existe pas. En revanche, leur anti-israélisme (5a) qui se confond parfois avec ce que l’on pourrait appeler un anti juifisme (5b), lui, existe bel et bien. Il exprime la haine ou le ressentiment du colonisé envers son colonisateur. Et en l’occurrence, le colonisateur de la Palestine s’identifie comme juif (5c).

Entre nous, existe-t-il une seule personne sensée, susceptible de contester cette présentation de la réalité palestinienne ? Tant en Israël même que dans lesdits Territoires Occupés, la ségrégation pratiquée par la puissance régnante et occupante ne se fait-elle pas selon l'appartenance ou non au groupe "Juif" ? Dans ce cas, nous serions nombreux à avoir mal écouté les discours des dirigeants actuels de l'État israélien, à commencer par le toujours premier ministre Benjamin Mileikovsky (son vrai nom), comme nous serions tout aussi nombreux à ne pas entendre les protestations, en Israël même, des défenseurs de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme !

Et quand une organisation bien sous tous rapports - sauf auprès du lobby sioniste - comme B'tselem voit en Israël un régime d'apartheid, pourquoi ne les croirions-nous pas ?

Par parenthèse, le judaïsme de l'État israélien est bien toujours adepte de la Loi du Talion, ainsi que nous l'ont montré les innombrables destructions de maisons appartenant aux familles de Palestiniens suspects d'avoir commis des attentats ?

Et pourquoi diable la revendication de ce même principe du Talion serait-elle interdite aux Palestiniens, ledit principe ayant visiblement été emprunté par la Bible au Code d'Hammourabi ? 

Les premières traces de la loi du talion ont été trouvées dans le Code d'Hammourabi, recueil de lois du roi de Babylone qui a régné entre 1792 et 1750 avant JC. Elles disaient : "Si quelqu'un a crevé l’œil d'un homme libre, on lui crèvera l’œil ; si quelqu'un a cassé une dent d'un homme libre, on lui cassera une dent..." (source).

Et en l’occurrence, le colonisateur de la Palestine s’identifie comme juif (5c). Entre nous, y en a-t-il (en France et ailleurs) que le terme colonisateur dérange ? Et en quoi ce terme dérangerait-il des gens, en France ?

5-6. Prise d'otage 

Ce faisant, même s’il accapare indument le signifiant « juif » et qu’il le rend consubstantiel du projet sioniste (5d), il reste le premier responsable de cette prise d’otage (6) réalisée au profit d’Israël et au détriment du judaïsme (et ou) de la judéité.

Je vous avoue que j'ai trouvé ce passage - pour employer une métaphore, c'est le cœur même du réacteur - juste admirable, ce qui rend la démonstration de Bouteldja on ne peut plus imparable, hormis pour quelques illettrés et autres analphabètes peu au fait des subtilités de la langue française ! 

Petite parenthèse et retour en arrière. J'évoquais plus haut un terme en deux syllabes avec une finale en "ar". Tout le monde aura reconnu les "khazars" ? 

Le fait est que si la Palestine n'a jamais été colonisée par les Tatars, elle l'a bel et bien été par des Khazars, des Juifs d'Europe d'ascendance germano-slave ou slavo-germanique, et dont aucun(e) ne descendait d'Abraham, quoi qu'ils et elles pensassent !

Alliés de l’empire byzantin orthodoxe et en butte aux volontés expansionnistes des Arabes musulmans, les chefs khazars vont se convertir à la religion des tribus d’Israël. Un choix pour le moins surprenant de la part de ces redoutables nomades de la steppe, mais rationnel d'un point de vue géopolitique...

Se convertir au judaïsme présentait pour les Khazars un intérêt évident : préserver leur indépendance tout en entrant dans le monde des religions monothéistes et des grands empires sédentaires ! En effet, s’ils avaient adopté la foi chrétienne, ils seraient entrés dans la sphère d’influence byzantine. Devenir musulmans était une option encore moins envisageable puisque le califat était un ennemi de toujours. (Source)

Il se trouve que la petite clique organisée autour de Chaim Weizmann (premier président de l'État d'Israël) et financée, notamment, par Lord Rothschild, n'avait que peu de références religieuses, le projet sioniste n'ayant rien à voir avec la Torah. 

Or, pour des raisons purement tactiques, une droite en perdition en a été réduite à s’accoquiner avec des partis religieux, voire ultra-religieux, au point que d'authentiques mécréants en ont été réduits à clamer haut et fort une judéité de façade, voire frelatée, judéité qui leur est contestée par de nombreux juifs, et non des moindres !

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Voilà des lustres que des Juifs authentiques contestent jusqu'à la légitimité même de l'État d'Israël, un État magouillé par une mafia rassemblée autour de Lord Rothschild, mafia initialement et structurellement a-religieuse, voire anti-religieuse, le sionisme étant tout sauf un mouvement religieux. Par la suite, Irgoun et Haganah ont eu recours aux bombes ; des villages entiers ont été rasés, dans le cadre de ce que les Palestiniens ont baptisé Naqba

Autant dire que, contrairement à ce qu'un ramassis d'escrocs s'épuisent à vouloir nous faire avaler, la frontière ne passe pas entre Juifs et Arabes, ni entre Juifs et Musulmans, mais bien entre, d'une part, des criminels et des bourreaux se réclamant d'un suprémacisme juif (historiquement parlant, le premier des suprémacismes !) qu'ils tireraient de la Torah, mais par pure effraction et, d'autre part, les vrais connaisseurs de la Torah ainsi que les victimes innocentes des bourreaux sus-mentionnés.

Et voilà comment on en est arrivé à voir une ONG comme B'Tselem ranger son propre gouvernement dans la catégorie des régimes d'apartheid, tandis que d'anciens conscrits de l'armée s'organisaient au sein du mouvement protestataire Breaking the Silence.

 7-8. Rapports de force

... À partir de là, tout est question de rapports de force (7). Les Juifs sionistes (8a) ne sont pas seuls responsables de l’existence du fait israélien... Les parrains (8b) impérialistes, britanniques, français, étatsuniens ou évangéliques sont à la fois plus puissants et plus nombreux que les Juifs sionistes... 

Il n’en demeure pas moins que la puissance occidentale, avec la complicité de ces derniers, a réussi à faire de l’amalgame entre Juifs et Israël, une réalité au grand dam des Juifs anti ou a-sionistes et de la communauté des anticolonialistes (8c).

Un raisonnement imparable, tant il est limpide. L'évidence même. Et pourtant, un quarteron d'idiots du village font mine de ne pas avoir compris. Les pauvres !

Il faut dire que l'amalgame entre "juifs" et "Israël" a été méthodiquement bâti par la clique mafieuse constituée majoritairement de Khazars et évoquée plus haut. De fait, pour brouiller les pistes, fallait-il absolument conserver ces patronymes un peu trop slaves, trop germaniques, en clair, trop exotiques ?

Voilà qui vous explique pourquoi Israël est certainement le pays du monde dont les dirigeants historiques ont le plus souvent changé de patronyme, en bons faussaires qu'ils étaient/sont.

J'évoquais précédemment le cas du faux Netanyahou mais vrai Mileikovsky, pâle imitateur (son père en tout cas !) de bien plus prestigieux que lui. Citons David Grün (vert en allemand), devenu Ben Gourion ; le grand terroriste Avram Stern‎ ou Avraham Shtern (étoile en allemand/yiddish), alias Yair ; un autre grand terroriste : Mieczysław Biegun, devenu Menahem Begin ; encore un grand terroriste : Icchak Jaziernicki, devenu Yitzhak Shamir ; nous avons encore Ariel Scheinermann/Sharon, Yitzhak Rubitzov/Rabin, Golda Mabovitch, devenue Meirson, puis Meir, sans oublier Szymon Perski/Peres et Ehud Brog/Barak, pour nous en tenir aux plus illustres de ces faussaires. Parce qu'il y a fort à parier que la liste des pseudos est bien plus longue que ce qui précède. (Lire)

On rappellera que Moshe Dayan n'a pas eu besoin de changer de patronyme. Normal : c'était un "sabra" !

Nous savons, bien évidemment, que les artistes ont coutume d'arborer des pseudos, histoire de distinguer le personnage public de la personne privée soucieuse de préserver son intimité familiale. Mais ici, il s'agit de tout autre chose : afficher, sans la moindre vergogne, une judéité de façade pratiquée ici - comment ne pas le souligner - par des quidams venus, tous, des antipodes de la Palestine, Chaim Weizmann étant une des rares exceptions à la règle.

Et c'est probablement parce que, dans le camp même des Juifs, certains se sont sentis mortifiés par le cynisme de ces contrefacteurs germano-slaves soucieux de s'attribuer une filiation abrahamique usurpée, que des personnalités particulièrement intègres ont décidé de dénoncer la supercherie. 

Faut-il rappeler à certains neuneus que les critiques les plus virulentes à l'égard de l'apartheid israélien émanent de la société israélienne elle-même, voire des juifs les plus orthodoxes, comme on peut le voir sur les images affichées plus haut ?

Par ailleurs, c'est parce qu'ils connaissent les textes que les plus traditionalistes des juifs contestent l'idée même d'un État (et pourquoi un État, au fait, concept inexistant dans la Bible ?) israélien car créé sous les bombes des terroristes et non sur la base d'une volonté divine comme annoncé dans les "Saintes Écritures".

Autant dire que le papier de Houria Bouteldja a suscité chez plein de cuistres et autres petits et grands escrocs des poussées d'urticaire, tout simplement parce qu'elle a mis le doigt sur l'essentiel, tout en donnant l'impression de ne pas trop y toucher...

Imaginons ! Hé ben, non, justement !

Lecture utile

De notre point de vue, ce qui est le plus important, c'est le fait que les conditions sont réunies pour que ces explosions de violence se produisent encore et encore, et que même s'il n'y a pas de pic, comme cela a été le cas ces dernières semaines, la violence des colons est l'un des faits les plus fondamentaux de la vie en Cisjordanie pour les Palestiniens. Il s'agit d'une politique de l'État. Elle est sanctionnée par l'État et soutenue par l'État".

From our perspective, what’s more important is the fact that the conditions are set for these violent outbursts to occur again and again, and that even if there isn’t a peak, as there has been in recent weeks, settler violence is one of the most fundamental facts of life in the West Bank for Palestinians. This is state policy. It’s sanctioned by the state and backed by the state (Source).”

 

(12 mars 2021)

II. Les malheurs d'une miss berbère 

Image retouchée en 3D et partiellement floutée

"Maintenant que le mal est fait, s’il faut accorder un titre de victime à Miss Provence (9), c’est moins d’être celle d’un antisémitisme des quartiers (1b) que celle d’un amalgame entretenu par les sionistes eux-mêmes et intégré par une grande partie de l’opinion (8c).

Il ne fait cependant pas de doute que certains tweets incriminés sont indiscutablement antisémites (10a) : « Tonton Hitler, t’as oublié d’exterminer Miss Provence » ou alors « Comment on fait pour voter contre une miss, je vote contre la juive (10b) ».

Tandis que d’autres ne sont qu’anti-israéliens (comme ils auraient été anti-Afrikaners à l’époque de l’Apartheid) : « Miss Provence j’arrive pas à la saquer depuis qu’elle a dit qu’elle était israélienne » ou « Miss Provence, elle est israélienne, qu’elle dégage ! » (11a)

Tout ceci amène plusieurs remarques qui s’articulent et se complètent :

1/ Dans le prolongement de mes précédentes divagations sur l’anti-tatarisme des Palestiniens, la haine ou le racisme envers les Tatars n’existe pas non plus chez les indigènes vivant dans l’hexagone (1b). Vous pouvez toujours chercher, vous ne le trouverez pas. En revanche, vous trouverez plus probablement :

- chez les moins politisés, un anti-juifisme (5b) confus, à mi-chemin entre l’antisémitisme gaulois (fruit de leur grande intégration) et l’anti-israélisme (fruit de leur spontanéité anticoloniale). On comprendra ici, qu’on ne voit pas trop comment éviter l’amalgame Israélien = juif quand c’est le mouvement sioniste lui-même qui a rempli le signifiant israélien du signifiant juif et que celui-ci est entretenu par nos appareils idéologiques d’Etat et par la plupart de nos médias.

- chez les plus politisés, un antisionisme (11a) assumé qui lui relève d’une compréhension parfaite des enjeux coloniaux et qui combat l’amalgame juif = sioniste = colon (11b).

2/ On peut toujours faire de la morale, prendre ses grands airs outragés et vilipender (ses !?) (ces) malfrats d’antisémites de banlieue (1b) mais l’antisémitisme tout comme le colonialisme ne se combattent pas avec une posture de curé mais avec de la politique (12a). D’abord en rétablissant la vérité (12b) : Miss Provence n’est pas responsable de l’identité de son père (cela a été rappelé à juste titre) mais (13a) elle est responsable de la sienne et elle ne peut se présenter publiquement sans mesurer ce que l’identité israélienne (13b) représente pour des millions de Palestiniens expulsés et occupés comme elle ne peut pas ignorer comment Israël participe du désordre et de la déstabilisation du monde arabe depuis sa création. Oui, elle porte un fardeau dont elle n’est pas responsable mais comme Sartre le rappelle, elle jouit de sa liberté pleine et entière. Elle peut donc être la fille d’un israélien (13c) et se positionner contre le fait colonial israélien (13d). Car on ne peut pas être Israélien innocemment. En revanche, si elle faisait le choix de la lutte anticoloniale, elle peut être certaine que le mouvement décolonial lui ouvrirait grand les bras." (13d)

Mon analyse

Nous avons donc eu, le 20 décembre 2020, sur TF1, chaîne de la télévision française, le concours annuel visant à désigner la Miss France de l'année 2021.

Il se trouve que TF1 est une chaîne que je ne regarde pour ainsi dire que durant moins d'une heure par an, autant dire quasiment jamais, et ce, depuis sa scandaleuse privatisation (une forfaiture !) par Chirac et Léotard en 1986. En clair, je ne regarde rien, pas même l'élection de Miss France. Seulement voilà, j'en ai entendu parler.

Le fait est que Miss Provence s'est classée deuxième, ce qui veut dire qu'elle est montée très haut ! Dans ces conditions, il est où, le problème ?

Le problème est qu'à un moment donné du concours, ladite miss Provence se serait reconnu des accointances israéliennes, "rapport à son père", pour parler comme le citoyen lambda, ce qui aurait irrité plus d'un téléspectateur, déclenchant une vague "miss-provençophobe" sur les réseaux sociaux.

Et c'est ainsi que de bonnes âmes on cru devoir attribuer la défaite de miss Provence à une cabale "antisémite" et, forcément, "nauséabonde", rappelant de "sombres heures de l'histoire", selon le souverain poncif bien connu. Sur ce intervient le papier "controversé" de Houria Bouteldja.

Et pourquoi ne pas le dire ? En examinant les portraits des deux finalistes, j'avoue tout de go que j'aurais certainement voté - de visu - pour Miss Provence. De visu, parce que, bien entendu, il n'y a pas que le physique, si j'en crois le règlement du concours. Les filles doivent aussi faire preuve d'éloquence, voire disposer d'un minimum de QI, raison pour laquelle elles doivent se soumettre à un petit questionnaire oral.

La question que je me suis posée a été de savoir à quel moment Miss Provence a évoqué sa filiation avec un ressortissant israélien. En début ou en toute fin de parcours ?

En début de parcours ? Cela voudrait dire que la polémique ne l'a nullement empêchée de monter très haut, passant très près de la victoire. Autant dire qu'on aura eu beaucoup de bruit pour pas grand chose.

En fin de parcours ? Et là, on est quand même en droit de se demander pourquoi elle a fait cette révélation à un moment aussi crucial !

... s’il faut accorder un titre de victime à Miss Provence (9), c’est moins d’être celle d’un antisémitisme des quartiers (1b) que celle d’un amalgame entretenu par les sionistes eux-mêmes et intégré par une grande partie de l’opinion (8c).

Là, je dois dire que j'ai comme un réflexe pavlovien : je suis absolument allergique aux vocables "antisémitisme"  et "antisémite", dès lors que je défie quiconque - docteur ès lettres de préférence, spécialiste de sémantique - de me donner une définition simple, claire et non biaisée de ce que ces mots signifient, sachant qu'il n'existe pas de religion sémitique mais DES langues sémitiques au sein desquelles l'hébreu est largement minoritaire, la plus parlée étant l'arabe. Autant dire que le paragraphe ci-dessus ne m'intéresse pas. 

Quant aux remarques "nauséabondes" sur les réseaux sociaux, évoquant Hitler, April Benayoum a-t-elle jamais dit qu'elle fût juive ? Et y a-t-il encore des gens pour s'étonner des insanités que des gogos planqués derrière un "pseudo" (voir plus haut, à propos du mésusage des "pseudos" !) sont capables de proférer ?

Il ne fait cependant pas de doute que certains tweets incriminés sont indiscutablement antisémites (10a) : « Tonton Hitler, t’as oublié d’exterminer Miss Provence » ou alors « Comment on fait pour voter contre une miss, je vote contre la juive (10b) ».

Reste l'évocation des "quartiers", euphémisme cher à Fadela Amara, secrétaire d'État en son temps. Par-là, il faut (sous)entendre "quartiers populaires où s'entassent préférentiellement des Français "issus de l'immigration"", comme on dit à la télé.

Tandis que d’autres ne sont qu’anti-israéliens (comme ils auraient été anti-Afrikaners à l’époque de l’Apartheid)...  (11a)

         (...)

... la haine ou le racisme envers les Tatars n’existe pas non plus chez les indigènes vivant dans l’hexagone (1b)... En revanche, vous trouverez plus probablement :

- chez les moins politisés, un anti-juifisme (5b) confus, à mi-chemin entre l’antisémitisme gaulois (fruit de leur grande intégration) et l’anti-israélisme (fruit de leur spontanéité anticoloniale). On comprendra ici, qu’on ne voit pas trop comment éviter l’amalgame Israélien = juif quand c’est le mouvement sioniste lui-même qui a rempli le signifiant israélien du signifiant juif et que celui-ci est entretenu par nos appareils idéologiques d’Etat et par la plupart de nos médias.

- chez les plus politisés, un antisionisme (11a) assumé qui lui relève d’une compréhension parfaite des enjeux coloniaux et qui combat l’amalgame juif = sioniste = colon (11b).

Soit dit en passant, ladite Miss Provence a révélé au public qu'elle avait un père israélien ? Soit !

Là où je ne suis pas tout à fait d'accord, sur un premier point, avec Bouteldja, c'est sur sa lecture du signifiant "israélien". Pour regarder souvent ARTE.TV, j'attire mes lecteurs et lectrices sur une série en cours sur cette chaîne européenne, consacrée à des monuments religieux. Le fait est que l'épisode sur Jérusalem est venu rappeler aux téléspectateurs (croyants) que cette ville est au moins "trois fois sainte" : juive, chrétienne, musulmane, l'entité chrétienne étant, elle-même composée de grecs orthodoxes, d'arméniens, sans oublier le géo-tropisme que la ville (siège agréé par tous les dogmes, du tombeau du Christ) exerce sur toutes les autres obédiences du christianisme : catholiques, protestants...

Autant dire qu'"israélien" ne veut pas nécessairement dire "juif", ainsi que Bouteldja l'a fort justement suggéré dans la première partie de sa démonstration, en dénonçant l'amalgame volontairement et insidieusement instillé par la mouvance sioniste initiatrice du projet de colonisation de la Palestine.

Dans ces conditions, qu'est-ce qui nous dit que le père de Miss Provence est nécessairement "juif", voire sioniste ?

Bien sûr, comment éviter l'amalgame "israélien = juif". Certes. Comment l'éviter, dans un premier temps ! Parce qu'après réflexion, le père en question pourrait fort bien être chrétien, musulman, agnostique !

Qui se souvient des sœurs Alma et Lila Lévy ? Exclues de leur lycée pour port de signes "ostentatoires" d'appartenance religieuse. Et les deux sœurs étaient ... musulmanes. Comme preuve qu'on peut porter un patronyme on ne peut plus "juif" et être d'une tout autre confession !

Et pourquoi diable un israélien ne serait pas chrétien, musulman, communiste, bouddhiste ? On sait qu'il y a une forte colonie israélienne à... Goa, enclave portugaise en territoire indien.

Nom : Adjani, prénoms : Isabelle et Yasmina. Cette comédienne française a hérité du patronyme de son père. On suppose que le principal prénom, chrétien, est dû à la mère (allemande). Autant dire que la probabilité qu'Isabelle Adjani ait adopté la religion supposée du père - l'islam - est très faible !

Voilà qui rend les choses assez compliquées avec notre Miss Provence. Par ailleurs, qui nous dit que le père en question n'est pas un antisioniste ? N'ayant pas regardé l'émission, je ne sais pas trop ce que cette demoiselle a vraiment déclaré, mais il y a fort à parier qu'elle ne s'est pas étendue sur les orientations politiques ou idéologiques de son père. Il n'empêche que nous savons à quel point la société israélienne est divisée sur une multitude de sujets (ex. la guerre des juifs orthodoxes pour imposer leur vision rigoriste du shabbat.). 

Il y a un second point de divergence qui me sépare de Bouteldja, lorsqu'elle évoque les quartiers, et  les indigènes vivant dans l’hexagone (1b).

... On peut toujours faire de la morale, prendre ses grands airs outragés et vilipender (ses !?) (ces) malfrats d’antisémites de banlieue (1b) mais l’antisémitisme tout comme le colonialisme ne se combattent pas avec une posture de curé mais avec de la politique (12a).

Pourquoi diable ces "antisémites" présumés seraient-ils basés dans les banlieues ? Là-dessus, les éléments de contestation ne manquent pas. Pour ma part, j'en verrais trois.

1. Paraboles et ADSL. Professeur à domicile durant mes études, et pas mal d'années après, je suis souvent entré dans des foyers de sujets "issus de l'immigration", notamment maghrébine. Le fait est que les Indiens, Turcs, Pakistanais, Marocains, Algériens, Tunisiens... regardent très peu la télévision française. Tout le monde regarde la télévision du pays d'origine. Il est facile de vérifier que c'est dans les banlieues et autres quartiers populaires qu'on a vu apparaître les plus grandes concentrations d'antennes paraboliques de réception satellitaire, les satellites les plus recherchés s'appelant Turksat, Arabsat...

Avec le développement du numérique, les paraboles ont été progressivement supplantées par la fibre, avec les fameuses "boxes" (Free, Orange, Bouygues...). Le fait est que la télévision s'est mondialisée. Pour ma part, sur ma "box", les chaînes en arabe occupent la deuxième place en nombre, derrière le chinois, mais devant l'anglais ! De fait, la télévision numérique - je n'oublie pas l'Internet - est en train de faire de la langue arabe un puissant vecteur d'unification culturelle par-delà les frontières.

En visitant des familles, j'ai pu souvent vérifier que bien des gens connaissaient mieux le temps qu'il allait faire, le lendemain, à Tanger, Agadir ou Babel-Oued qu'à Mantes-la-Jolie, Sartrouville ou Sarcelles !

J'en déduis que la proportion de spectateurs issus de l'immigration attirés par les programmes de TF1 est très réduite. Ce n'est, donc, pas de ce côté qu'il faut aller chercher le gros des vociférateurs contre Miss Provence.

2. L'invasion du numérique. Quiconque fréquente certaines catégories de jeunes sait que leur principale source d'images est désormais le téléphone portable, suivi de l'ordinateur, deux instruments qui vous libèrent du sempiternel programme affiché sur le téléviseur du salon.

Autant dire que j'estime très faible la probabilité que des jeunes des quartiers populaires consacrent une soirée entière à regarder un interminable concours sur TF1 au lieu de regarder du sport, jouer à des jeux en ligne ou télécharger des vidéos.

3. Benayoum : un patronyme berbère

Je suis en mesure d'affirmer que, dès les premières  minutes de l'émission, 95 à 98% des Maghrébins ayant suivi la fameuse soirée des Miss France sur TF1 ont très vite compris que ladite Miss Provence n'était pas musulmane. Parce que les rares musulmanes participant à ce concours viennent de Mayotte. Pour ma part, j'ai souvent entendu Geneviève de Fontenay, patronne historique du Comité Miss France, se plaindre de l'absence de jeunes filles originaires du Maghreb parmi les candidates.

Et là, on a une Benayoum. Seulement voilà, il y a de petits détails qui ne trompent pas, qui font que moi, qui ne suis pas d'origine nord-africaine, j'ai vite exclu l'hypothèse que Mlle Benayoum, toute berbère qu'elle fût, eût des origines musulmanes.

Elle se serait appelée Samira, Latifa Benayoum, voire Ben Ayoum... Le fait est que le détachement de la particule "Ben" est plus fréquent chez les musulmans que chez les juifs : Ben Attar/Benattar, Ben Amar/Benamar.

Il y a des cas où le doute n'est pas permis : les Bensoussan, Benezra, Benchetrit, Benoliel sont presque toujours juifs. Avec les Benkemoun, il y a toujours un doute, que le prénom vient souvent lever, même si certains prénoms cultivent l'ambigüité : Inès, Samia, Sonia, Nada, Nadia, Rania...

Et puis, entre nous, April aurait pu évoquer les attaches nord-africaines (peut-être anciennes mais toujours réelles) de sa famille. L'a-t-elle fait ? Assurément non. Si elle a choisi d'évoquer la filière israélienne, c'est certainement en toute connaissance de cause.

Fort de ma petite expérience de la chose, je puis affirmer que 98 % des Maghrébins qui étaient devant leur télé cette soirée-là ont vite compris qu'April Benayoum n'était pas musulmane. Ce qui veut dire que le soi-disant "boycott" venu des quartiers populaires, à forte concentration musulmane, aurait dû intervenir très tôt, dans la mesure où ces populations ont, très tôt, acté de la judéïté plus que probable de la demoiselle. 

Par conséquent, s'il y avait dû y avoir une vague d'"anti-juifisme" de la part de ces populations de banlieue, cette vague aurait été déclenchée dès l'apparition de cette jeune fille à l'écran. Or, ce n'est pas ce qui s'est produit, dès lors que la bronca sur les réseaux sociaux n'est apparue - apparemment -  qu'après quelle a révélé les accointances israéliennes de son père.

Voilà qui me permet de dédouaner les populations d'origine musulmane et berbère du soupçon qui pèse sur elles en la matière, ce qui, du coup, m'amène à m'inscrire en faux contre la thèse défendue par Bouteldja : la banlieue musulmane et "indigène" n'est en rien responsable des malheurs de Mlle Benayoum, tout simplement parce qu'elle n'avait nullement besoin de la confidence sur le père et Israël pour s'enflammer, ayant senti, très tôt, qu'il y avait peu de probabilité que Miss Provence fût musulmane. Et par voie de conséquence...

J'en déduis que l'écrasante majorité des critiques contre Miss Provence provenaient de quidams non berbères, voire non musulmans, essentiellement des anti-israéliens, à défaut d'être des anti-sionistes, question de culture politique et historique, ainsi que formulé par Houria Bouteldja.

Cela dit, April Benayoum n'est pas une adolescente. À son âge, je suppose qu'elle a entrepris des études supérieures. Ce n'est donc pas une oie blanche : elle connaît le monde, sait ce que le vocable "Israël" peut susciter dans l'esprit de bien des gens. Et puis, elle a choisi d'afficher les accointances israéliennes de son père. Elle aurait pu en rajouter sur ses propres accointances berbères/Nord Africaines - les Benayoum ou Ben Ayoum étant d'authentiques berbères -, ce qu'elle s'est bien gardée de faire, opérant, donc, un choix délibéré.

Ce qui amène une question : hormis l'hypothèse de la nunucherie, qu'est-ce qui a bien pu inciter notre Miss Provence à se tirer un tel boulet de canon dans le pied ?

Là-dessus, j'ai ma petite idée (*) ! Le fait est que si elle n'est pas nunuche, alors elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. C'est précisément ce que rappelle Bouteldja, sur un ton plutôt compassionnel, qui a néanmoins échappé à quelques crétins ou illettrés !

... l’antisémitisme tout comme le colonialisme, ne se combattent pas avec une posture de curé mais avec de la politique (12a). D’abord en rétablissant la vérité (12b) : Miss Provence n’est pas responsable de l’identité de son père (cela a été rappelé à juste titre) mais (13a) elle est responsable de la sienne et elle ne peut se présenter publiquement sans mesurer ce que l’identité israélienne (13b) représente pour des millions de Palestiniens expulsés et occupés comme elle ne peut pas ignorer comment Israël participe du désordre et de la déstabilisation du monde arabe depuis sa création. (...)

Oui, elle porte un fardeau dont elle n’est pas responsable mais comme Sartre le rappelle, elle jouit de sa liberté pleine et entière. Elle peut donc être la fille d’un israélien (13c) et se positionner contre le fait colonial israélien (13d). Car on ne peut pas être Israélien innocemment. En revanche, si elle faisait le choix de la lutte anticoloniale, elle peut être certaine que le mouvement décolonial lui ouvrirait grand les bras." (13d)

C'est pourtant clair, non !?  

On est prêt(e)s à lui ouvrir grand les bras...

Et dire qu'il s'est trouvé des gogos, assez sots et assez stupides, pour y voir de l'"antisémitisme" !


26 mars 2021

Citation : "Attentive à ce que chacun puisse s'exprimer librement...". Signé Anne Hidalgo, maire de Paris.

Euh, c'est destiné à Houria Bouteldja, que des cuistres menacent de traîner devant les tribunaux ? Euh, non, pas du tout, mon bon monsieur !  C'est destiné à Rachel Khan, que personne ne menace d'une procédure juridictionnelle !

 

III. L'éternelle antienne sur le "douze poids, douze mesures" ou : "mais au fait, qui sont les vrais édentés ?"

Suite et fin du texte de Houria Bouteldja :

3/ Si l’opinion outragée tient vraiment à maintenir une conscience forte des horreurs de l’antisémitisme, qu’elle laisse s’épanouir le mouvement antisioniste pour lequel l’amalgame juif/sioniste est un drame historique au lieu de le criminaliser (ce que Macron s’apprête à faire).(14a) Rappelons que les Juifs bundistes d’avant guerre étaient majoritairement antisionistes (comme par exemple Marek Edelman, survivant de l’insurrection du ghetto de Varsovie). C’est cette mise à l’index qui permet à de nouvelles formes d’antisémitisme (14b) de se déployer et qui sapent les fondements d’une vraie lutte décoloniale car la vertu de l’antisionisme c’est précisément qu’il conteste et combat toute tentative de confondre une identité religieuse ou culturelle (être juif) avec une identité politique (être sioniste) (14c). Mais peut-être « l’opinion outragée » ne fait-elle que jouer un rôle dans une grande pièce de théâtre, et que, dans le script, la question juive est au mieux une question subsidiaire au pire un prétexte douteux dans un grand jeu de dupes ?

4/ Les belles âmes de droite et d’extrême droite, telles Renaud Muselier, Aurore Bergé, Christian Estrosi ou Eric Ciotti qui se sont émues des attaques antisémites à l’encontre de Miss Provence mais aussi ces autres grandes consciences du gouvernement comme Gérald Darmanin qui s’est dit « profondément choqué » de ce qui arrivait à Miss Provence et qui a affirmé que « les services de police et de gendarmerie sont mobilisés », se sont faites plutôt discrètes quand, au moment de l’exhumation, il y a quelques jours d’une vidéo diffusée deux mois plus tôt et passée complètement inaperçue jusqu’alors, Rokhaya Diallo (15a) (au moins aussi célèbre que Miss Provence) se faisait insulter sur l’antenne de Sud Radio :

"Mme Diallo se plaint de la France, elle se plaint des Blancs. Je rappelle qu’elle est journaliste, elle a des awards, elle a un master, mais ça elle le doit à l’ouverture d’esprit de notre éducation et de notre pays, parce que Mme Diallo, elle n’aurait pas bénéficié de tout ce que donne la France, il y a de fortes chances qu’elle serait en Afrique avec 30 kg de plus, 15 gosses en train de piler le mil par terre et d’attendre que Monsieur lui donne son tour entre les 4 autres épouses."

En deux temps, trois mouvements, la Ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa adressait au procureur un signalement « sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, qui impose à toute autorité publique de signaler une infraction dont elle a connaissance ». Pas en faveur de Rokhaya Diallo, je vous rassure, mais en faveur de Miss Provence. Pour Diallo, elle s’est contentée d’intervenir sur le fil de discussion de la militante (alors qu’elle aurait pu écrire son propre post) l’assurant de tout son « soutien face à ces propos racistes ». Pour être honnête, il faut reconnaître que le scandale a quand même poussé des personnalités comme Jacques Attali à exprimer sa consternation ou à Roselyne Bachelot de saisir le CSA. Il n’en reste pas moins que l’antisémitisme à la fois supposé et réel visant Miss Provence a défrayé la chronique s’imposant ainsi dans les grandes chaines télé tandis que la négrophobie (15b) bien avérée visant Rokhaya Diallo a été largement moins commentée.

Faire de l’antisémitisme un scandale national et minimiser la négrophobie est dans les faits pire que le fameux « deux poids deux mesures » qu’on sort à toutes les occasions. C’est même pire que l’expression d’un philosémitisme douteux. C’est dans les faits, organiser la guerre entre les « racisés » juifs et indigènes, pointer et livrer les Juifs à la vindicte indigène (16) (précisément l’expérience que vient de vivre Miss Provence) tout en rendant invisibles les causes profondes du racisme structurel dont l’antisémitisme et la négrophobie sont inséparables.

5/ En vérité, le principal n’est même pas là. Le 16 décembre dernier, une résolution était proposée aux Nations Unies : « Combattre la glorification du nazisme, du néo-nazisme et autres pratiques qui contribuent à des formes contemporaines de racisme, de discriminations raciales, de xénophobie liée à l’intolérance ». La résolution a été rejetée par les États-Unis et l’Ukraine. Je souligne : Les États-Unis ont rejeté la résolution qui proposait de combattre le nazisme. Le bloc occidental s’est abstenu. Je souligne : Il s’est abstenu de soutenir une résolution pour combattre le nazisme. (17a) La liste en est stupéfiante. Seuls les pays du sud ont voté pour. On est d’accord, ni vous, ni moi n’avons entendu le chœur des pleureurs assermentés ?

Ainsi, avec le conflit Ukraine/Russie en toile de fond, nous pouvons en déduire au moins deux choses : D’abord, que les puissances occidentales n’hésitent pas à sacrifier leurs grands idéaux, incluant la condamnation du néo-nazisme, quand leurs grands intérêts sont en jeu, ce qui n’est rien d’autre qu’un blanc seing sinistre donné à son expansion. Ce n’est évidemment pas si étonnant que ça mais il est vrai que faire tomber les masques sans scrupules ni pudeur est le signe d’un délitement historique de la bonne conscience blanche. Ensuite, que la plupart des pays du Sud (Amérique Latine, Afrique et Monde arabe) que l’Occident accable de tous les vices ont massivement voté pour. Certes, l’enjeu néo-nazi ne concerne pas ces pays (ce qui dit quelque chose d’important sur eux) mais cela démontre par contraste où se situe géopolitiquement le danger fasciste (17b). Une belle occasion de voir d’où vient réellement le risque de retour aux années trente et surtout d’identifier les milieux qui, lorsque les fachos prendront le pouvoir, auront la possibilité matérielle « d’affréter des trains » :

Les « antisémites édentés » de banlieues (1b)(16b) qui s’attaquent bêtement à Miss Provence ? Ou bien des pouvoirs d’État démocratiquement élus ?

 

Mon commentaire :

"au lieu de le criminaliser (ce que Macron s’apprête à faire)"(14a) 

"C’est cette mise à l’index qui permet à de nouvelles formes d’antisémitisme." (14b) 

"toute tentative de confondre une identité religieuse ou culturelle (être juif) avec une identité politique (être sioniste)" (14c)

"Ce que Macron s'apprête à faire ?", associer dans la même condamnation "antisémitisme" et "antisionisme". J'ai déjà exprimé plus haut mon rejet du vocable "antisémitisme", que j'estime utilisé à mauvais escient et relever de l'usurpation d'identité.

Sinon, on parie combien que celui que j'appelle "le monarque élu" ne va pas courir le risque de se couvrir de ridicule en se prenant pour le lexicographe qu'il n'est pas. Pas plus qu'il n'est historien ! Le sionisme est un courant politique daté (en gros, début 20ème siècle) et géo-localisé (un hold-up sur la Palestine avec la complicité plus ou moins passive de la SDN et de la puissance occupante, le Royaume-Uni).

1. Rokhaya Diallo (15a)... la négrophobie (15b) bien avérée visant Rokhaya Diallo a été largement moins commentée...

Il est vrai que le cas de Rokhaya Diallo est emblématique du "x poids x mesures" qui semble être la marque de fabrique du Landerneau politico-médiatique. 

2. organiser la guerre entre les « racisés » juifs et indigènes, pointer et livrer les Juifs à la vindicte indigène (16) 

On en reparle à la fin ?

3. Le bloc occidental s’est abstenu. Je souligne : Il s’est abstenu de soutenir une résolution pour combattre le nazisme. (17a) ... mais cela démontre par contraste où se situe géopolitiquement le danger fasciste (17b)

Et voilà qu'à l'occasion d'un vote à l'ONU, les grandes donneuses de leçons que sont les puissances occidentales, soit rejettent la résolution condamnant le (néo)nazisme, soit s'abstiennent !

Il est vrai qu'il n'y a pas si longtemps, en Ukraine notamment, la maladie de l'ingérence a conduit les États-Unis à soutenir un mouvement anti-russe au sein duquel les néo-nazis figuraient en bonne place. Et personne n'imagine les laquais européens des États-Unis prendre ouvertement position contre leur suzerain ! D'où l'abstention.

Ce qui nous mène à l'interrogation finale :

... qui, lorsque les fachos prendront le pouvoir, auront (aura) la possibilité matérielle « d’affréter des trains » :

Les « antisémites édentés » de banlieues (1b)(16b) qui s’attaquent bêtement à Miss Provence ? Ou bien des pouvoirs d’État démocratiquement élus ?

Dans cette dernière section, Bouteldja revisite les arguments développés tout au long de son "papier", et dont je persiste à contester certaines formulations, dans la mesure où l'antagonisme, voire l'ostracisme manifestés à l'égard de la berbère April Benayoum ne viennent pas nécessairement de ceux que Bouteldja appelle "les indigènes des cités".

Mais il y a plus intéressant, s'agissant des "édentés". Bouteldja pense qu'il s'agit des "indigènes des cités", mais moi, je suis d'un tout autre avis. 

Prenez ces sbires omniprésents sur les media (un medium, des media) audiovisuels français. Je n'ai pas besoin de les citer, ils et elles se reconnaîtront : éditorialistes, consultants, journalistes..., c'est simple : vous allumez votre téléviseur et, sur les chaînes dites d'info, vous êtes certain(e) de tomber sur un, deux, trois... vingt de ces quidams. Leur consigne semble être : "occuper le terrain médiatique, matin, midi et soir" !

Et pour quel résultat ? je vous le demande !  

À entendre ces cuistres, une gourgandine inculte et mal élevée a le droit de mettre son doigt dans le c... du prophète des musulmans. "Liberté d'expression !", "droit au blasphème !" ont-ils clamé en chœur.

 

29 mars 2021

Propos repris du quotidien israélien Haaretz du 17 novembre, dans un portrait-interview-fleuve, où l'on relève des phrases qui ont choqué. « On nous dit que l'équipe de France [de football] est black-blanc-beur... En fait, aujourd'hui, elle est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l'Europe. » (Source)

Pas un procureur n'a été saisi et n'a ouvert d'information judiciaire contre le dénommé Alain Finkielkraut. Il est vrai que ces propos infâmes ont été tenus devant un organe de presse israélien.

Mais quand une Bouteldja commente un évènement médiatique qu'elle n'a pas provoqué, voilà que nos grands donneurs de leçons et autres pharisiens se précipitent sous les robes des magistrats.

À croire qu'ils aimeraient - suprême contradiction - faire revenir la France aux heures putrides de la Kommandantur et des Gauleiter ! Et il y en a que ça étonne ? Voyez le vote à l'ONU sur le nazisme !

Et si je les traite de cuistres, c'est précisément parce que, chez eux, tout sonne faux, leur principal carburant étant le mensonge. Et c'est à coups de mensonges qu'ils ont tenté de museler le meilleur humoriste de France : Dieudonné, le tout sans succès.

Dans ces conditions, on ne voit pas très bien comment ils réussiraient avec Bouteldja que, pour ma part, j'estime bien plus coriace intellectuellement que le saltimbanque franco-camerounais.

Nous avons eu droit, tout récemment, aux divagations d'un mauvais professeur de philosophie, dont la diatribe a été largement amplifiée dans les media. Il était question de la ville de Trappes (Yvelines). 

Argument n° 1 de cet affabulateur : il n'y aurait pas à Trappes de salons de coiffure mixtes. Admettons que ce soit vrai. Et alors ? Faut-il rappeler à ce pauvre prof qu'en espagnol, salon de coiffure pour dames se dit perruquería, tandis qu'un salon de coiffure pour hommes est une barbería. Il suffit, par conséquent, d'aller en Espagne pour se convaincre que les salons de coiffure "genrés" ou "sexués" ne sont pas une invention "islamiste" !

Argument n°2 de notre affabulateur : à cause des islamistes, les juifs ont déserté la ville de Trappes. Argument entendu cent fois, notamment à propos de la Seine-Saint-Denis. Et c'est là que j'inviterais volontiers le sieur Didier Lemaire à visiter un quartier de Paris dont deux boutiques sur trois étaient, autrefois,  tenues par des juifs venus d'Afrique du Nord : Belleville. Mais la remarque vaut pour Ménilmontant, le Sentier...

Belleville, aujourd'hui, ressemble à ça.






Rendez-vous compte : à Belleville, même l'américain MacDonalds s'est mis aux Kanji !

Il va maintenant falloir que ce médiocre professeur de philosophie qu'est Didier Lemaire, ainsi que d'autres cuistres de son acabit, nous expliquent quels sont donc ces méchants islamistes responsables de la désertion des juifs de leurs anciens fiefs parisiens !

Et, pendant ce temps, chez les indigènes de la banlieue, comme dirait Bouteldja, on siffle la Marseillaise au Stade de France. Jacques Chirac, président de la République, en a fait l'amère expérience. Le fait est que les sifflets ont retenti à plus d'une occasion, notamment lors de matches entre la France et des équipes nord-africaines. (Source)

Y a-t-il une explication à ce comportement anti-français, venant de jeunes qui, contrairement à la majorité de leurs  parents, étaient nés en France et avaient un passeport français ?

Le comportement de ces jeunes gens issus de l'immigration nord-africaine, envers l'hymne du pays dont ils détenaient la nationalité, me semble bien plus problématique que la bronca brouillonne des anonymes ayant empoisonné la dernière élection Miss France.

Cela dit, ce sentiment vindicatif et anti-français existe bel et bien, et ce qui devrait tout particulièrement interpeler la "volaille qui fait l'opinion", c'est le fait que ces jeunes soient des citoyens français, détenteurs du droit de vote.

Le droit de vote pour des millions d'électeurs potentiels, conscients de la force de frappe que leur confère le bulletin de vote !

Édentés ? Vous êtes sûr(e)s ?

Le fait est que si ces faux ou ex-édentés de la banlieue prennent conscience de leurs atouts, notamment sur le plan électoral, alors leur mobilisation lors d'une grande élection, disons une présidentielle, par exemple, pourrait ruiner plus d'une carrière d'apparatchik.

Et au final, quels sont les vrais édentés, dans toute cette affaire ? 

 

(*) Une des raisons de ma profonde allergie pour le mariage : on s'amourache d'une fille, et il faut se farcir toute la smala ! Ma copine avait dû insister lourdement, et longtemps, avant de me convaincre d'aller rendre visite à sa famille. Père médecin-chef protestant, mère chirurgienne-dentiste ashkénaze. Grande villa sur les hauteurs d'une capitale régionale. Quand on arrive chez les parents, la mère est en pleurs. Qu'est-ce qui se passe ?

Il se passe que, le matin même, un attentat anti-israélien avait eu lieu en Palestine occupée. Voilà qui avait incité cette femme à passer toute une après-midi au téléphone à se répandre en pleurs et lamentations sur le mode : "Mais pourquoi nous en veulent-ils à ce point alors que nous ne voulons que faire la paix avec les Arabes !" Au bout d'un moment, je tire ma copine par le bras et lui demande gentiment si ce manège est fréquent. Elle se fend la poire et me rétorque : "Mais t'as encore rien vu, mon brave !".

Ce jour-là, j'ai su que cette femme ne serait jamais ma belle-mère !

Revenons à notre charmante miss Provence. On parie combien qu'elle a dû être bombardée d'appels de toute la smala, sur le mode : "Dis, April, surtout n'oublie pas de citer Israël à un moment ou un autre." ?

Ma main au feu qu'April a subi des pressions amicales et néanmoins lourdingues de la part d'une bonne partie de la famille et qu'aujourd'hui, elle se mord les doigts jusqu'au sang d'avoir été aussi nunuche. Et dire qu'après l'élection, elle aurait eu droit à des dizaines d'interviews, qui lui auraient permis d'évoquer jusqu'à plus soif ses accointances israéliennes.

Pauvre mademoiselle Benayoum, si jolie et si nunuche ! 

Image retouchée en 3D et partiellement floutée


Lectures utiles :  0102