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mardi 31 juillet 2012

Syrie : lettre ouverte d'un prêtre arabe à François Hollande


Je l'ai déjà exprimé ailleurs, mais d'où me vient donc cette étrange impression que François Hollande était parti pour se planter lamentablement, dès son premier - et probablement unique - mandat, suivant en cela l'exemple calamiteux de son prédécesseur au fauteuil de président de la République française ?

Cette impression me vient d'un certain nombre d'indices, comme ce (nouveau) courrier d'un prêtre syrien à un responsable politique français (1).


Syrie : Lettre ouverte d’un prêtre arabe à François Hollande
Je nourrissais le vague espoir de voir définitivement tournée, la politique de cirque de votre burlesque prédécesseur. À vous écouter, (…) il m’a fallu vite déchanter. (…)
Quand je vous ai entendu parler de la Syrie et de son président, j’ai bien cru entendre la voix même des Maîtres qui vous ont juché sur ce premier poste de France, dans l’unique but de mener à bien le projet de destruction de la Syrie, que votre prédécesseur a été incapable de conduire jusqu’au bout.
Pour une première à la Télévision, c’en était bien une ! Je vous attends de pied ferme, lors des tout proches désenchantements des français. Pour ma part, vieux connaisseur de la France et des français, je me suis surpris à me dire : quelle dégringolade, depuis le départ du Général de Gaulle!
M. le Président, avant de poursuivre, il est une coïncidence historique que je me dois de vous signaler, et que vous ignoriez sans aucun doute. Sinon vous auriez évité de vous laisser interviewer, un 29 Mai ! En effet, il est un autre 29 Mai, au cours duquel la France s’est misérablement déshonorée.
C’était en 1945. En ce jour même, la France « mandataire » s’est permise de bombarder le Parlement Syrien à Damas, pour, ensuite, laisser ses soldats noirs, assassiner les 29 gendarmes en poste, dans ce haut-lieu de la démocratie. Le saviez-vous ?


(1) Précisément, le 9 juin 2011, le ministre français de la propagande de l'époque, j'ai nommé le "meilleur d'entre eux" : Alain Juppé, avait fait l'objet d'une missive à lui adressée par le père... Elias Zahlaoui, ben oui : c'est le même ; un récidiviste obstiné ; et le moins qu'on puisse dire est que sa première missive n'a pas porté chance au destinataire ! 




dimanche 29 juillet 2012

Syrie : comment l'internationale barbouzarde tente de sauver les meubles et la face d'Al Qaeda


Vous connaissez la nouvelle ? Le président français, François Hollande, vous savez ?, celui qui clamait, il n'y a pas si longtemps : "Le changement, c'est maintenant !", a dû prendre des ordres ou des conseils, ou des injonctions, enfin, semble tout à fait disposé à prolonger la politique étrangère calamiteuse de son prédécesseur au profit d'Al Qaeda, dont les franchises tuent des soldats français en Afghanistan, enlèvent, séquestrent voire tuent des ressortissants français au Mali et au Niger, détiennent un ressortissant français en Somalie, etc.



C'est ce même syndicat barbouzard créé de toutes pièces par les Occidentaux en Afghanistan pour contrer la présence soviétique qui a bénéficié de six mois de bombardements systématiques du territoire libyen afin d'y implanter un régime fantoche et d'y faire hisser le drapeau noir d'AQMI à Benghazi et Tripoli.

Question(s) : les soldats français et, plus généralement, l'ensemble des troupes de l'OTAN combattant actuellement et officiellement les Talibans afghans, alliés d'Al Qaeda dans le reste du monde, savent-ils seulement que leurs propres gouvernants arment et sponsorisent actuellement les barbouzes d'Al Qaeda en Syrie ? (1) Quant aux familles des soldats présents en Afghanistan ainsi que celles de ceux morts - pour rien ! - dans ce pays, ont-elles conscience du double jeu de leurs dirigeants s'agissant d'Al Qaeda et de ses succursales ainsi que de la soi-disant lutte contre le terrorisme international ? Et pour nous en tenir au peuple français, qui s'est récemment décidé pour un changement d'équipe au sommet de l'Etat, a-t-il seulement conscience qu'en matière d'interventionnisme à l'étranger, le changement annoncé par François Hollande n'était qu'une escroquerie ?

Le fait est que la tentative d'éviter un soi-disant bain de sang à Alep brandie par les sponsors internationaux d'Al Qaeda relève de la plus pure imposture, quand on sait que les seuls bains de sang récemment intervenus à Alep l'ont été consécutivement à des attentats à la voiture piégée dont seuls les insurgés sont responsables et qu'ils sont les seuls, du reste, à avoir revendiqués. (2)

Le fait est, donc, que les masques tombent, enfin, à la suite du triple veto sino-russe au Conseil de Sécurité, et que les manoeuvres persistantes visant à instrumentaliser l'ONU rendent les choses on ne peut plus claires : à savoir qu'une internationale maffieuse tente de nous refaire le coup de la Libye et d'un pseudo-soulèvement populaire contre un dictateur ; mais cette fois, il semble que la mayonnaise ait le plus grand mal à prendre.

Dernière interrogation, à l'intention des chrétiens d'Occident : ont-ils seulement conscience que les pseudo-chrétiens placés à la tête des principaux pays occidentaux ont décidé de liquider, après la Palestine, après l'Irak..., ce qui reste de leurs présumés frères, les derniers chrétiens d'Orient et ont-ils - nos Chrétiens occidentaux - seulement une petite idée du mobile qui se cache derrière cette forfaiture ? 

Quand les faux chrétiens d'Occident déploient tous leurs efforts  pour liquider les derniers chrétiens d'Orient !

L'Exode des Chrétiens de la Terre Sainte (= leur éviction de la "Terre Sainte" par des fous de Dieu !)

lundi 9 juillet 2012

Lettre ouverte à Samir, Hatem, Patrice, Florent, Jérémy, Yann, Karim, Frank et autres valeureux gladiateurs du football français victimes d'une nouvelle tentative de lynchage médiatique


Cette lettre ouverte s'adresse tout particulièrement à Samir Nasri, Hatem Ben Arfa, Karim Benzema et à tous leurs compères de l'équipe de France de football, que je tiens à féliciter, tous, pour la formidable saison de football qu'ils nous ont fait vivre récemment, entre France, Espagne, Allemagne, Italie, Angleterre, etc., en leur rappelant que le football est un sport qui se joue à onze mais qu'à la fin, ce ne sont pas toujours les Allemands qui gagnent. Depuis peu, la bonne grâce serait du côté de l'Espagne, mais les temps changent et la roue tourne : n'a-t-on pas vu les clubs espagnols boire la tasse en Champions' League ?

 
Le sport en général, et le football en particulier, sont des activités pénibles, voire dangereuses. Une chute à vélo et c'est parfois la fracture des poignets ou d'une clavicule, voire une fracture du crâne qui peut être fatale. On a déjà vu des gens s'effondrer en plein match de football et ne jamais se relever. On a vu Ben Arfa se faire couper en deux par une brute épaisse, qui ne l'a pas fait exprès, peut-être, mais bon, des brutes épaisses, le football n'en manque pas. Tout le monde se souvient de Patrick Battiston avec sa minerve, après une collision provoquée par Harald Schumacher, gardien de l'équipe allemande. Même Maradona eut droit à des arrêts de travail prolongés lorsqu'il jouait en Espagne.

Alors, il me semble que la moindre des choses face à des gens qui nous distraient plus que tous les politiciens, acteurs de théâtre et de cinéma réunis, en prenant le risque permanent de se faire écrabouiller un genou, une cheville, un tibia..., qui nous poussent à nous lever aux aurores ou à veiller tard pour ne pas rater un match intervenant à l'autre bout du monde, qui nous incitent à prendre des abonnements à des chaînes cryptées, histoire de ne pas rater une seule journée de Bundesliga, de Premiere League, de Liga, de Calcio, de CAN ou de championnats sudaméricains, mais aussi de NBA, de ski, de voile, d'équitation..., la moindre des choses, dis-je, ce serait de commencer par dire un grand MERCI à tous ces valeureux guerriers et à toutes ces valeureuses guerrières - car je n'oublie pas les filles - qui ont fait du sport le plus grand spectacle du monde.

Figurez-vous qu'en rédigeant ce papier, je me suis fendu dans un premier temps d'un lapsus au moment d'orthographier NASRI, puisque j'avais commencé par taper "MESRI", contraction de Merci et de Nasri !

Merci donc, cher Samir, pour ce but égalisateur contre les Anglais, sans lequel la France démarrait l'Euro avec un zéro pointé, qui l'aurait mise en grosse difficulté dès le deuxième match contre l'Ukraine ! De même qu'il faut adresser un grand merci à Malouda et à Menez, les autres buteurs français de cet Euro, ainsi qu'à l'ensemble des compétiteurs, français et autres, sans oublier les Espagnols, qui nous ont fait vibrer, une fois de plus, en mouillant le maillot.

Mais il faut croire que, par les temps qui courent, un certain nombre de pisse-froid, toujours les mêmes d'ailleurs, ont désappris à dire "merci", les mêmes abrutis avachis, quand ils ne sont pas carrément obèses et bourrés de cholestérol - je pense à l'autre crétin d'imprécateur qui officie sur Canal +  ; franchement, journaliste "sportif" et obèse, ça la fout mal ! -, qui se targuent de vouloir donner des leçons de comportement à nos meilleurs footballeurs, comme si eux-mêmes étaient des références en la matière.

En 2010, je dois avoir été un des rares à soutenir vigoureusement Nicolas Anelka, mais aussi Patrice Evra pour son rôle de capitaine valeureux et pas du tout dégonflé, de même que j'ai pris fait et cause pour Domenech. Tout ce que j'ai écrit à l'époque reste valable. Du reste, j'en connais au moins deux - Anelka et Domenech - qui doivent se gondoler de rire en voyant qu'on - des hyènes désœuvrées qui se font passer pour des journalistes - leur a trouvé des remplaçants sur l'autel du dénigrement.



I. Memento

"L'actualité, c'est vous qui la vivez, c'est nous qui en vivons.", aime à répéter Jules-Edouard Moustic en introduction de son Journal de Groland, sur Canal Plus. La formule se veut cynique mais elle résume parfaitement les rapports qu'entretiennent certains professionnels de l'information avec le public.

Pour mémoire, 2010 et la coupe du monde de football en Afrique du Sud, c'est l'histoire d'un faux en écriture, d'une fausse Une de journal qui a valu à Nicolas Anelka ce procès en sorcellerie qui a donné lieu à l'explosion de vociférations et d'imprécations relevant tant du Tribunal de l'Inquisition que du procès stalinien. Depuis, une escouade d'abrutis évoquent ce qu'ils ont baptisé "le fiasco de Knysna", comme preuve de la pauvreté de leur vocabulaire.

En rappelant cet événement, je tiens à préciser que je n'ai plus jamais relu ce quotidien dit sportif : pas une fois je ne l'ai acheté depuis ce samedi de juin 2010 où il fut rapidement en rupture de stock. C'est dire que je me passe très bien de la lecture d'une presse de merde.

Mais je tenais quand même à revenir sur ce poncif qu'on nous assène à tout bout de champ : le prétendu "fiasco de Knysna".

Et là, je ne peux m'empêcher de réitérer mes plus vives félicitations à Patrice Evra pour le sang-froid dont il a fait preuve - je revois encore ces images à la télévision, où on le voit se tenir avec les mains dans les poches, face à un préparateur physique qui s'excite bêtement -, manifestant là de vraies capacités de leader. Hé oui ! Evra est un vrai leader, comme l'équipe de France aimerait en avoir un en ce moment, sans faire injure à Lloris. Mais Lloris est un taiseux, or un grand capitaine doit plutôt être une grande gueule. Un grand capitaine, c'est quelqu'un qui prend ses responsabilités quand tous les autres baissent la tête et se mettent aux abonnés absents. Mais je m'en expliquerai tout à l'heure. 

Euro 2012. L'équipe de France se qualifie pour les quarts de finale. Il semble que c'est tout à fait conforme à la feuille de route définie par le président de la Fédération. Et qu'est-ce qu'on entend ? Que ce serait de nouveau la catastrophe, que rien n'irait plus, qu'il faudrait virer la moitié de l'équipe, et patati et patata, et gnagnagni et gnagnagna ! Et qui raconte cela ? Les mêmes tarés de journalistes soi-disant sportifs, dont une moitié d'obèses et de ventripotents bourrés de cholestérol, auxquels se sont joints tous les chroniqueurs de café du commerce, les demi-philosophes, quelques poufiasses qui n'ont jamais fait de sport, dans une espèce de grosse partouze verbale. C'est simple, impossible d'écouter une radio ou télévision sans tomber sur le sempiternel lamento sur le soi-disant misérable état de l'équipe de France de football, sur la soi-disant mauvaise éducation des joueurs (dans un pays dont le président a été surpris en train de crier "Casse-toi pauvre con" à un quidam !). Non mais sans blague !

Alors, chers amis (joueurs) de l'équipe de France de football, vous êtes évidemment plus jeunes que moi, mais je suppose quand même que vous avez un peu de culture historique en matière de football. Vous avez donc entendu parler des Kopa, Piantoni et autres Just Fontaine, ces illustrissimes stars des temps anciens.

Question : pouvez-vous m'énumérer les victoires de l'équipe de France des Piantoni, Fontaine, Kopa en... Coupe d'Europe des Nations, voire en Coupe du monde ? Prenons le "grand Reims" : combien de championnats d'Europe des clubs, ou de coupes des coupes ? Euh... Zéro !

Les réponses coulent de source, n'est-ce pas ? La France gagne le championnat d'Europe des nations (créé en 1960) en 1984 et 2000. En ce qui concerne la Coupe du monde, je ne vais pas vous rappeler 1998, enfin !, mais entre nous, organisée où ? Le fait est qu'une seule équipe, à ce jour, a gagné tous ses titres mondiaux hors de chez elle (si l'on excepte l'Espagne en 2010) : le Brésil.

Ce que ça veut dire ? Que la France n'a jamais été un monstre dans la galaxie footballistique. Prenons les clubs, par exemple, et comparons les performances des équipes belges ou néerlandaises avec celles des clubs français. Quant au niveau national, il aura fallu attendre la génération Platini-Tigana-Giresse pour l'Euro, et la génération Deschamps-Zidane pour le Mundial et l'Euro. Ça nous fait trois titres, à rapprocher des quatre coupes du monde des Italiens et de la flopée de titres mondiaux et européens des Allemands.

En clair, la France est une nation européenne de deuxième zone sur le plan du football, tant au niveau des clubs que des équipes nationales. Les réussites intervenues depuis 1984 relèveraient plutôt de l'exception que de la règle. La meilleure preuve en est que les meilleurs joueurs quittent la France parce que le meilleur football est en Europe bien plus qu'en France. 

Voilà ce qu'il faut avoir présent à l'esprit au lieu de nous bassiner des mensonges et des bidonnages dont cette mauvaise presse est capable. Car enfin, à cet Euro 2012, rappelons qu'il n'y avait pas la Belgique, pas la Hongrie, pas la Bulgarie, pas la Roumanie, pas l'Autriche, pas la Suisse, de même que les deux pays organisateurs ont disparu en phase de poules, et avec eux la grande Russie, les Pays-Bas, l'Angleterre, la Croatie, la République Tchèque, excusez du peu ! La France a fait bien mieux que tous ces pays cités, et qu'est-ce qu'on nous raconte ? Qu'on serait en train de vivre un nouveau Knysna ? Quels connards de chez CONNARD que ces journaleux de bas étage !

Et comme je vois que nos journaleux n'ont pas beaucoup de mémoire, alors je m'en vais la leur rafraîchir quelque peu. Pour ma part, je me souviens de trois énormes fiascos de l'équipe de France de football.

Premier fiasco. Le nom de Kostadinov vous dit-il quelque chose ? Oui, bien sûr ! Le bourreau de l'équipe de France de Papin et Ginola. Ah, le but de Kostadinov ! Je revois encore Guérin et Ginola près du point de corner... On se dit qu'ils vont garder le ballon dans les pieds, dès lors qu'il reste moins d'une minute à jouer ; la France tient le match nul et est normalement qualifiée pour le Mundial américain de 1994. Et c'est là que Ginola va péter un câble en balançant ce fameux "Exocet" à l'autre bout du terrain, les Bulgares sautant sur l'occasion pour amorcer une charge meurtrière en direction du camp français, jusqu'à la passe décisive en faveur de Kostadinov.

Ça pour un fiasco, ce fut un fiasco ! Je revois encore Aimé Jacquet, l'adjoint du sélectionneur Gérard Houiller, se prenant la tête à deux mains. Mais il faut aussi dire deux mots du comportement controversé de Ginola : nous sommes au Parc des Princes, le jardin du PSG. Et là, ce grand frimeur de Ginola veut épater la galerie. Aurait-il fait la même chose si le match s'était joué ailleurs qu'à Paris ? Comme quoi, il est souvent requis de garder ses nerfs sur un stade, le contraire pouvant être mis à profit par l'adversaire.  Mais ça, c'était en 1993.

Demandez donc à l'emblématique buteur et capitaine que fut Jean-Pierre Papin si la non qualification de la France pour ce mundial américain ne fut qu'une peccadille vite oubliée. Moi je suis certain qu'il en fait encore des cauchemars la nuit. Quant à Ginola...

Deuxième fiasco. Une dizaine d'années plus tôt, ce fut presque pire : 1982, Séville. Vous connaissez le scénario. La France joue une demi-finale contre la "National Mannschaft" (il y a toujours une escouade de débiles qui persistent à dire la Mannschaft, ce qui, en allemand, veut dire l'Equipe, simplement. L'équipe nationale de football se dit en allemand "Die Nationalmannschaft"). Les Français mènent par 3-1. Quand je dis "les Français", c'est quand même le gratin des Platini, Rocheteau, Trésor, et j'en passe ! Et les Français vont se faire égaliser, et perdre aux tirs-au-but. Celui qui vous dit que cette défaite-là n'a pas été un immense fiasco pour le football français, celui-là n'est qu'un pauvre connard !

Troisième fiasco, que tout le monde semble avoir zappé, pour ne se concentrer que sur Knysna : on est en 2006. Vous connaissez l'histoire, n'est-ce pas ? Le soi-disant incompétent Domenech a mené la France en finale contre l'Italie. Et c'est là qu'une espèce de triple idiot va péter un câble en donnant ce fameux coup de tête à un adversaire, laissant la France à dix dans un match qu'elle avait des chances de gagner.


Le monde à l'envers : un abruti stupide et violent prive peut-être son pays d'une victoire en coupe du monde et il ne fait l'objet d'aucune sanction ; mieux : il est reçu en grandes pompes à l'Élysée !

Entre nous, vous souvenez-vous seulement d'une convocation de l'idiot au coup de tête devant quelque commission de discipline que ce soit ? Oui ? Non ? J'ai même entendu dire que cet abruti de Zidane aurait figuré parmi les possibles repreneurs du flambeau de sélectionneur. Il faut croire que les paroles marmonnées en Afrique du Sud par Anelka relèveraient du scandale national, de même qu'un doigt posé sur la bouche par Nasri en direction des journaleux de service constituerait le summum de l'intolérable, tandis qu'un coup de tête suivi d'un carton rouge en pleine finale de coupe du monde ne relèverait que de la broutille, alors qu'il s'agissait d'une bêtise assimilable à de la haute trahison.

Vous voulez que je vous dise ? Chers Nasri, Ben Arfa et Cie, si j'étais à votre place, les vociférations de certains connards de journaleux sonneraient à mes oreilles comme autant de compliments ! Je précise que le mot "connard" ne fait pas partie de mon vocabulaire usuel, mais je me dois d'utiliser un lexique que certains écrivailleurs de la "grande presse" sont en mesure de comprendre, parce que leur vulgarité n'a d'égale que leur cynisme.

Petit conseil, pour commencer, à Samir Nasri : si tu ne veux pas avoir à disjoncter suite à la lecture d'un ou de plusieurs mauvais papiers te concernant dans la presse, pourquoi diable t'infliges-tu cette corvée ? Tu fais comme moi, tu arrêtes de lire le journal, ou certains journaux, c'est tout. Ça n'empêchera jamais les clameurs montant de la rue de parvenir jusqu'à tes oreilles, mais bon, elles seront déjà pas mal atténuées. C'est déjà ça !

Le problème avec les commentateurs sportifs c'est qu'ils collent parfaitement avec la formule de Jules-Edouard Moustic : ce ne sont que des parasites qui attendent que certains triment, pour venir ensuite vomir leurs commentaires, histoire de se donner l'impression de servir à quelque chose, alors qu'ils ne servent à rien !

Tenez, qui se souviendra, dans seulement six semaines, des vociférations d'un tel ou d'une telle sur le comportement d'un Ben Arfa, d'un Nasri ou d'un Menez à l'Euro 2012, sachant que, dans six semaines, les championnats seront de nouveau en phase de démarrage, et que des centaines de millions voire milliards de passionnés de foot vont se précipiter vers les stades, prendre des abonnements sur les bouquets câblés et satellitaires, etc, en espérant que la saison 2012-2013 sera aussi "saignante" que sa devancière ? Dans quelques semaines, tous ces parasites qui blablatent autour du sport ne seront plus que de vagues silhouettes rejetées dans l'ombre, tandis que les champions évolueront en pleine lumière.


II. Débriefing

Le problème avec ces médiocres experts en football et autres imprécateurs de café de commerce c'est que leur obnubilation pour de soi-disant problèmes de comportement des joueurs fait qu'ils passent - délibérément - à côté de l'essentiel, à savoir le jeu, sur le terrain et à côté du terrain. Je pense tout particulièrement à une gymnastique que s'imposent tous les joueurs d'échecs et que les autres sports négligent encore trop souvent : la préparation mentale. Alors j'invite les coaches sportifs et autres entraîneurs à bien lire ce qui va suivre et à tenter d'en tirer le plus grand profit. Vous voyez comme je suis modeste !

Pour ma part, je pense pouvoir expliquer certaines choses de cet Euro 2012 à partir de la saison régulière en club, dans la mesure où j'estime que ce championnat des nations est intervenu à un bien mauvais moment - mais comment faire autrement, avec les jeux olympiques qui vont arriver dans la foulée ? - pour un bon nombre de joueurs, compte tenu de la densité exceptionnelle de la saison écoulée. Et c'est là que je m'en vais donner quelques leçons de stratégie et de psychologie sportive à tous ces illettrés qui se prennent pour des commentateurs sportifs, sans comprendre grand chose au (= à l'essence même du) sport, même après l'avoir pratiqué - pour certains - en professionnels, ce qui est quand même un comble !

Pour l'essentiel, mon analyse se fonde sur un constat simple : le monde du sport, donc du football, n'a encore rien compris à la psychologie ! Et le moins qu'on puisse dire est que la plupart des équipes de cet Euro 2012 ont été fort mal préparées à cet événement, quels que soient les investissements consentis sur le plan de la préparation mentale.

Et le premier indice du manque total de préparation psychologique affiché par les équipes de football voire d'autres sports, c'est la tradition - stupide - de la conférence de presse. Et là j'avoue être toujours estomaqué de voir des joueurs impliqués dans une importante compétition sportive, venir dilapider leur influx nerveux lors de séances de questions-réponses avec les journalistes. C'est vraiment le signe du médiocre management psychologique de ces équipes.
"Tous les joueurs ont été d'une grande disponibilité, d'une grande courtoisie, tant devant la presse, la radio, la télévision." (Noël Le Graet, président de la Fédération Française de Football, TF1, Téléfoot, 24.06.2012)

Pour comprendre l'ineptie de la chose, voyons ce qui se passe ailleurs, par exemple dans un sport cérébral comme les échecs. A-t-on jamais vu des champions d'échecs venir se confier aux journalistes entre deux parties ? Et s'ils ne le font pas, c'est parce qu'ils ont de bonnes raisons, non ? Comme par exemple la volonté de ne pas diluer leur influx nerveux en parlottes inutiles ou vaines. Et si l'influx nerveux est important pour un joueur d'échecs, pourquoi ne le serait-il pas pour un footballeur ?

Moralité, si j'étais le préparateur mental d'une équipe de football, j'interdirais formellement à mes joueurs de prendre part à quelque conférence de presse que ce soit durant une compétition. Les équipes n'ont qu'à engager des attachés de presse chargés de communiquer avec les médias.

Quelques exemples choisis vont me permettre d'illustrer la difficulté qu'on eue certains joueurs à aborder cet euro 2012.


1. L'usure
"Ça a été une saison très longue ; à certains moments même, on n'avait plus envie d'entendre parler de football." (Adil Rami, TF1, Téléfoot, 24.06.2012)

Beaucoup de participants de cet Euro 2012 étaient usés, tant physiquement que mentalement. Dans cette catégorie, je mettrais un Evra ou un Ribéry, mais aussi quelqu'un comme le Néerlandais Arjan Robben. Le fait est que Patrice Evra et ses compères de Manchester United ont connu une désillusion qu'ils avaient pris l'habitude d'infliger aux autres, à savoir venir coiffer tout le monde sur le poteau dans les dernières journées de la Premiere League. Or là, c'est l'ennemi intime, City, qui s'impose, mais alors, sur le fil : à la seule différence de buts ! Quelle torture pour les gars d'Alec Ferguson !

Pour Ribéry et le Bayern, c'est presque pire. Je dois dire que depuis que Frank est en Bavière, j'ai suivi tous les matches de la Bundesliga en direct, le samedi après-midi, sur la radio de Bavière (Bayern 1), et le moins qu'on puisse dire est que Jupp Heynckes et ses boys sont tombés, ces deux dernières saisons, sur un os, avec ces teigneux de Dortmund qui n'ont quasiment pas perdu de match en championnat, ni en coupe d'Allemagne d'ailleurs, et qui ont infligé aux Munichois une collection de défaites cinglantes, dont une cuisante défaite à domicile lors des matches aller, ce à quoi il faudrait ajouter, évidemment, cette Champions' League perdue contre Chelsea, et encore à domicile ! De quoi vous démolir le moral de n'importe qui, et l'on comprend que Robben ait été complètement transparent durant cet Euro. Ribéry a bien tenté de faire bonne figure, mais Dieu que ce fut épuisant ! Mais pour ce qu'il a montré à l'Euro, il mérite les plus vives félicitations, même si la tête n'y était pas vraiment.

Même observation pour Patrice Evra. Mais évidemment que les idiots et autres crétins qui n'ont jamais vécu le sport ne peuvent pas comprendre ce que ça a dû être pour Alex Ferguson et son équipe que de se voir dépossédés d'un titre qui vous tendait les bras, et ce, à la toute dernière journée, et de surcroît, à la simple différence de buts ! Parce que, jusque-là, c'était une spécialité de Manchester United que de coiffer les Arsenal et autres Chelsea au poteau, en venant rafler le titre dans le money time. Là, ce fut une cruelle réponse du berger à la bergère, et infligée par qui ? L'ennemi intime, le voisin haï de Manchester City. Ceux qui ne vivent pas le sport ou ne connaissent pas le fighting spirit britannique ne peuvent pas comprendre ce que c'est qu'un DERBY : Manchester et Manchester, Milan et Milan, Turin et Turin, Rome et Rome, Madrid et Madrid, les cinq clubs londoniens, les trois clubs d’Istanbul... : une histoire de suprématie locale et de guerre de clochers qui  dépasse tout, et qui a des origines fort anciennes. Du temps de la féodalité, il n'y avait pas de place, sur un même territoire, pour deux suzerains. C'est la fable africaine des deux crocodiles dans un même marigot. Il y en a forcément un de trop.

Alors vous imaginez pour Manchester United la perte du titre au profit de ces... de City. Et j'en entends qui blablatent sur une prétendue méforme de Patrice Evra à l'Euro. Et j'avoue qu'en l'observant aux côtés de Malouda, sur le banc de touche, je n'ai pas pu m'empêcher de penser : "quel dommage, quand même, que l'équipe de France de football n'ait pas un préparateur mental - des préparateurs mentaux - dignes de ce nom !". Evra n'était pas en méforme ; il y a juste que les batteries auraient eu besoin de quelques semaines supplémentaires pour être remises à niveau. Et ça, ça passait par un gros programme de reconditionnement sur le plan mental, histoire d'évacuer l'énorme désillusion d'avoir eu à "offrir" le titre à l'ennemi intime, Manchester City.

Et dans la catégorie des joueurs "usés", je mettrais également un Karim Benzema. Mais pour lui, ce serait un mélange d'usure et d'euphorie. Une première saison vraiment pleine, et quelle saison ! Le titre au bout, devant l'ennemi intime, le Barça. Seulement voilà : titulaire, ça veut dire qu'on joue souvent, et ça, mine de rien, ça épuise ! Surtout quand on perd des matches qu'on aurait dû gagner. Le Real mène à Munich et laisse bêtement les Bavarois égaliser, suite à un débordement rageur de Lahm. C'est là que le Real perd la qualification. Et dire que tout le monde s'attendait à voir les deux Espagnols s'opposer en finale ! Mon opinion est que Benzema a trop joué durant la saison et qu'il a manqué de jus à l'Euro. Du coup, cette Benzema-dépendance instaurée par Laurent Blanc s'est avérée contre-productive. Moi j'aurais laissé Benzema sur le banc au moins une (1ère) mi-temps par match. Voyez le sort réservé par Del Bosque à Fernando Torres, lequel a fini... meilleur buteur de l'Euro ?! Comme quoi, cher Karim, un peu de temps sur le banc, histoire de laisser jouer les petits camarades, ça ne fait pas de mal !



2. L'euphorie

L'euphorie, ça veut dire qu'on est sur un petit nuage, et qu'on n'en est pas encore redescendu. Phénomène psychologique parfaitement compréhensible et naturel chez des combattants, et qui a dû se produire chez Nasri (champion d'Angleterre), mais aussi Malouda (Champions' League), qui ont eu l'immense mérite de s'arracher pour marquer chacun un but, parce que ce n'était pas évident de se remotiver si près de la fin d'une saison d'enfer.

Prenons Florent Malouda et Chelsea : depuis le temps que ce club courait après cette Champions' League ! La décompression qui intervient après un tel titre me fait penser à ce mot du skieur Franck Picquard à propos d'une éventuelle victoire à la Mecque des descendeurs : le Hahnenkamm à Kitzbühel, en Autriche. Commentaire de Picquard : "Si un jour je gagne ici, le lendemain, j'arrête le ski !". Sauf que Malouda n'a pas arrêté le football et qu'il a fallu tout de suite se relancer pour l'Euro. Et c'est là que lui et d'autres auraient eu besoin soit de longues vacances, soit d'une sacrée préparation mentale, même si lui a montré plus d'expérience que d'autres en surnageant plus qu'honnorablement. Mais je reconnais que, pour lui aussi, ça a dû être très dur.

Autre quidam saisi par une euphorie toute compréhensible : Ben Arfa. Petit rappel : l'année d'avant, on l'avait vu se faire couper en deux par l'autre brute de De Jong. On imagine les mois passés en rééducation. Newcastle finit douzième. Et puis Ben Arfa reprend la compétition. Bien sûr qu'il n'est pas tout seul. Il y a notamment Cabaye et Papiss Cissé avec lui. Cela dit, comment oublier ces buts d'anthologie qui ont fait le tour du monde ? Le fait est que Ben Arfa a réalisé une saison plus que correcte pour sa première vraie saison anglaise, surtout si on fait le ratio de son impact sur le terrain, rapporté au temps de jeu. Sur ce plan, il doit être un des meilleurs en Europe ! Parce qu'une chose est de marquer un but d'anthologie ici ou là, une autre est de rapporter les trois points à la maison. On retiendra que Newcastle est revenu en Premiere League en se classant douzième la première année, cinquième la suivante. Encore un effort, et ils s'insinuent dans le Big Four, ce qu'ils ont bien failli faire, d'ailleurs. Bilan de la saison 2011-2012 : Newcastle finit devant ces deux ogres que sont Chelsea et Liverpool. Just incredible! Comment ne pas être euphorique avec ça ? Il faut vraiment n'avoir jamais fait de sport - ou alors, il y a très longtemps - pour ne pas comprendre... !

Mais je crois que le plus euphorique de tous, c'est encore Samir Nasri. Rendez-vous compte : il ose partir du cocon presque familial d'Arsenal, un des Big Four. Et le voilà dans ce club plus qu'improbable de Manchester City, lequel, malgré les milliards de l'émir propriétaire, n'arrive toujours pas à décrocher quoi que ce soit. Et puis, là, coïncidence ou non, Nasri arrive, tel Zorro, et voilà City champion. Et là, j'avoue que ce fut particulièrement épique !

Sur le graphique ci-dessous, on visualise les leaders de Premiere League journée par journée durant la saison 2011-2012. Et là on voit qu'hormis la toute première journée, deux clubs en tout et pour tout se sont disputé le titre, dans un mano-a-mano de "ouf" !


Source

Et c'est là qu'on mesure toute l'intensité de ce match à deux entre les deux frères ennemis de Manchester (Égalité parfaite des matches gagnés - nuls - perdus : 28 - 5 - 5, pour 89 points chacun) et l'énorme effort qu'il a fallu fournir à City pour s'imposer, mais seulement...  à la différence de buts ! Alors, vous imaginez l'explosion dans le vestiaire de City à la fin de la dernière journée, et la déception chez Evra et Compagnie... Voila qui nous promet une saison 2012-2013 d'enfer ! 

Alors, que Nasri arrive à l'Euro un peu émoussé et encore sur son petit nuage, qui pourrait le lui reprocher ? Quant aux journaleux de bas étage qui lui ont craché dessus, mais aussi à ce pauvre aigri de Gallas, seule la bêtise et la connerie peuvent expliquer ce type de comportement. Ce gamin a déjoué tous les pronostics, adressant un sacré pied-de-nez à ceux qui lui ont reproché son départ "irréfléchi" d'Arsenal. Et le voilà qui touche le jack-pot. Normalement, à part quelques connards de journaleux, de jaloux et de bonimenteurs de café du commerce, tout le monde devrait lui dire "BRAVO SAMIR ! BIEN JOUÉ !"


III. Même pas en rêve !


Alors évidemment, dès lors que je n'achète plus aucun journal en France [à part des magazines scientifiques, d'informatique ou culturels, ainsi que le quotidien La Croix, de temps en temps/cf. l'excellente mise au point sur la Syrie : Syrie, guerre civile et guerre des mots (25.06.2012), avec une approche enfin honnête de la propagande pratiquée de tous les côtés, et là on se dit : Ah, quand même, un peu d'honnêteté intellectuelle !], je suis allé piocher sur le net et j'ai déniché par exemple ce qui suit, tiré du site leparisien.fr :
Mardi, le comité exécutif de la Fédération française (FFF) se réunit à Paris. Le comportement de Samir Nasri en Ukraine sera alors évoqué par les douze membres du gouvernement du football français, dont certains étaient présents à Donetsk, comme le président et le vice-président délégué (FFF), Noël Le Graët et Bernard Desumer. (...)

L’examen du dossier du milieu de Manchester City concerne ses propos à l’adresse d’un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) après Espagne - France dans les sous-sols de la Donbass Arena. L’épisode a été relaté ainsi par l’AFP elle-même, dimanche : « Sollicité pour une réaction sportive d’après-match, le Citizen a d’abord lancé une diatribe antipresse : Non, de toute façon, vous cherchez toujours la merde. Le journaliste lui demande alors de ne pas faire d’amalgame, lui rappelant un entretien diffusé le 28 février, dont le joueur avait aimé le contenu. Mais Nasri ne change pas de ton ni de thème et, pour couper court à l’échange, le journaliste réplique : Eh bien, casse-toi alors si tu n’as rien à dire. Quelques secondes plus tard, le joueur revient et apostrophe son interlocuteur : Tu me dis de me casser ? Viens, on va régler ça là-bas. À l’agencier qui lui répond : C’est ça, le milieu de terrain assène : Va te faire en…, va n… ta mère, sale fils de p… Tu veux qu’on s’explique, va te faire enc… Voilà, comme ça vous pourrez écrire que je suis mal élevé. »
C’est l’incident de trop. Le comité exécutif ne possède aucun pouvoir disciplinaire. Mais il va renvoyer le dossier devant une commission, a priori plutôt le Conseil national de l’éthique (CNE), présidé par Laurent Davenas, que la commission de discipline de la FFF, qui avait traité des suites de Knysna. Tout le débat est de savoir si les déclarations de Nasri sont publiques, ce qui relève du CNE, ou pas, ce qui concerne alors la discipline. Il reste qu’à la fin, après audition, punition et éventuellement appel, l’ancien Marseillais sera sanctionné.
À la FFF, l’attitude de Nasri ne passe pas. « Cela fait deux ans que l’on se bat pour redorer l’image des Bleus et il vient de tout mettre en l’air, dit-on Boulevard de Grenelle. Dans trois mois, si le public le siffle, il va lui faire un bras d’honneur ? S’il ne se passe rien, on prend le risque d’une nouvelle affaire dans deux ans. Il faut une sanction. » L’affaire pourrait se régler autrement et plus lourdement : en accord avec le sélectionneur, la FFF pourrait décider que Nasri n’est plus sélectionnable et donc n’est plus sélectionné.

Mais avant de commenter ce qui précède, je poserai une question, à laquelle je n'ai toujours pas eu de réponse, depuis que je l'ai posée en 2010 : en 2006, Zidane a-t-il touché la prime ? On sait qu'il n'a jamais été convoqué devant quelque commission de discipline que ce soit, après qu'il a trahi ses coéquipiers et son pays, avec ce coup de tête débile vu par des milliards de téléspectateurs.

Or voilà que la grande affaire, l'affaire d'État, le scandale national, ce seraient des paroles en zone mixte de Samir Nasri à l'endroit d'un "journaliste", lequel est le seul à les rapporter, en clair, une CONVERSATION D'ORDRE PRIVÉ entre deux hommes, et c'est là que j'aimerais qu'il se trouve un seul juriste pour me dire en quoi cet incident d'ordre privé concernerait la Fédération Française de Football, celle-là même qui s'est abstenue ne serait-ce que de convoquer Zidane en 2006 pour audition.

"L’examen du dossier du milieu de Manchester City concerne ses propos à l’adresse d’un journaliste de l’Agence France Presse (AFP) après Espagne - France dans les sous-sols de la Donbass Arena...; l'épisode a ainsi été relaté par l'AFP elle-même...".

Et bien évidemment, tout ce qui sort de l'AFP a valeur d'Évangile ? À ceci près que la masse de ceux qui croient encore aux Évangiles ne cesse de fondre chaque jour un peu plus, ce qui vous explique aussi pourquoi la presse connaît de si sérieux problèmes en ce moment. Voyez France Soir !

Si j'ai bien compris, c'est uniquement sur la base du rapport d'un quidam qui se trouve être journaliste à l'AFP que Nasri est censé se faire supplicier sur la place publique, l'homme de l'AFP étant - mais ça, on l'avait compris - à la fois juge et partie, encouragé en cela par tous les quidams de sa corporation ? À quoi on me fera remarquer que la méthode a déjà marché en Afrique du Sud, avec cette fausse Une que personne n'a osé critiquer, un faux en écriture qui a quand même conduit à une sanction lourde pour Anelka. Alors, pourquoi s'étonner que d'aucuns cherchent à nous refaire le coup de Knysna ?

Ce qu'il y a quand même de formidable dans ce pays qu'est la France, c'est que les journalistes y font les questions et les réponses, et qu'ils prétendent avoir un droit de vie et de mort sur la carrière des sportifs, allant jusqu'à dicter aux instances fédérales du sport leur comportement en matière de discipline. Ne voilà-t-il pas que l'on nous annonce déjà la fin prochaine de la carrière en équipe de France de Samir Nasri et de quelques autres ? Et sur la base de quoi, je vous le demande ? Ils n'ont donc pas de règlement à la FFF pour devoir ajuster leur code de déontologie sur les récriminations de la presse ?

Et là, je dirais à nos braves journalistes "sportifs" : même pas en rêve ! Le problème, ici, est qu'il s'est bel et bien agi d'une conversation privée entre Nasri et un journaliste, et que je sache, le journaliste de l'AFP ne fait pas partie du staff de l'équipe de France de football, ou alors c'est que le règlement de la FFF a été modifié tout récemment et en catimini ! Et c'est bien pour ça que j'invite nos journaleux à ne pas épuiser inutilement leur salive à blablater dans le vide : il n'y a rien dans les statuts de la FFF qui autoriserait cette organisation à statuer sur une conversation privée entre Nasri et quiconque non membre du staff de l'équipe de France.

Même si, à en croire certains, la carrière de Nicolas Anelka aurait dû s'arrêter brutalement à l'été 2010... Aux dernières nouvelles, Nicolas Anelka est en Chine, où il joue les pionniers, c'est-à-dire qu'il va marquer l'histoire du football dans ce pays en contribuant à le populariser auprès des foules. Ça nous fait un sacré audimat pour les matches de championnat là-bas. C'est pourquoi j'inviterais volontiers nos grands journaleux français à méditer ceci : "Ce que vous n'avez pas fait, vous aurez beaucoup de mal à le défaire !".

Samir Nasri a suffisamment d'argent pour s'offrir un très bon avocat. Et je sais, par avance, que l'avocat de Nasri lui intimera l'ordre de ne pas évoquer sa vie privée en public,  et encore moins devant une commission de discipline, sachant que l'altercation rapportée par l'AFP relève strictement de la sphère privée du joueur. À partir de ce moment, je doute fort que quiconque à la F.F.F. ose commettre ce qui constituerait une ingérence dans la vie privée de Samir Nasri.


By the way, soit dit en passant, chers messieurs de la F.F.F. (je n'y ai jamais vu la moindre femme !), quand vous le rencontrerez, pensez à dire MESRI (Merci + Nasri) à Samir pour son but égalisateur contre son propre gardien de Manchester City. Le manager anglais aurait dû se méfier, et prévenir son gardien :  

Should anyone try his best to manage to score against you, it would only be Samir; you'd better keep an eye on him!


"S'il y en a un qui va tout tenter pour scorer contre toi, c'est Samir ; méfie-toi de lui !".

Bravo Samir, pour ce but - et dire qu'il y a des connards qui trouvent que Nasri et les autres ne mouillent pas assez le maillot ! - et surtout pour le titre anglais, et rendez-vous dans quelques semaines pour la reprise du championnat. Malgré son grand âge, ce Ferguson est un teigneux ; et pour moi, le ManU d'Evra sera encore l'équipe à battre l'année prochaine ; quant aux autres (les Malouda, Ben Arfa, Giroux, Hazard...) ils vont attaquer la prochaine saison avec le couteau entre les dents. Cela dit, voir Newcastle finir la saison devant Chelsea et Liverpool, j'avoue que je n'en reviens toujours pas !



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dimanche 1 juillet 2012

Pour ou contre la mise à l'index d'Eric Zemmour sur RTL


Ceci est une lettre ouverte adressée - après moult hésitations - au Directeur des programmes de la première radio de France, j'ai nommé RTL. 

(Nota Bene : un post scriptum auquel j'accorde une certaine importance a été rajouté au texte originel.) 


I. La "première radio de France" 

Pourquoi j'ai mis des semaines à tergiverser, avant de me décider à écrire au grand patron de RTL ? Je m'en explique plus bas (dans les textes savants, on dit infra , par opposition à supra.).  

C'est marrant, mais je n'ai pas toujours été un auditeur assidu de RTL. Et à la réflexion, c'est une radio que j'écoute assez peu ; je veux dire par-là qu'il y a peut-être 90 % d'émissions que je n'écoute jamais. Même si, une fois devant mon ordinateur, j'ai souvent besoin d'un fond sonore décontractant, et là, Fip fait merveille. Mais bon, il y eut une longue période France Inter.  C'est sur France Inter que j'ai entendu pour la première fois des gens comme Bernard Lavilliers ou Dick Annegarn, mais aussi Colette Magny... Et je me souviens même de deux jeunes pianistes - ça ne va pas nous rajeunir ! -, deux soeurs, faisant leurs grands débuts médiatiques au Pop Club de José Artur : Labèque et Labèque.

Sur France Inter, précisément, Claude Sérillon présentait une émission intitulée Quoi de neuf à dix, au cours de laquelle Serge Richez racontait des faits marquants de l'histoire. Et je me souviens encore de son récit sur la préparation de l'attaque de Pearl Harbour par deux maîtres espions. J'avoue que j'en ai eu la chair de poule et j'y pense encore aujourd'hui, plus de vingt ans après.

Puis arrive Pierre Bouteiller à la tête de France Inter, qui ne va pas perdre du temps pour jouer au petit Staline refoulé. Donc exit Sérillon et quelques autres. Et là, je n'ai fait ni une ni deux : j'ai cessé d'écouter France Inter et cela va durer dix ans. Entre temps, l'infâme Bouteiller avait quitté la station. Je sais qu'il a atterri sur une radio de jazz, que je réécouterai le jour où il en disparaîtra. Il faut dire qu'il n'est plus tout jeune, cet enfoiré ! Mais je vois que je m'égare ! Il était question de RTL. En fait, j'ai commencé à écouter cette station et sa voisine Europe 1 après avoir fait des infidélités à France Inter, laquelle se trouve tout à l'autre bout de la bande FM. 

Ils ont un gros problème, sur RTL, c'est cette stupide propension à se (re)dorer le blason à tout propos. Et j'avoue qu'à chaque fois que j'entends un guignol (ex. Christophe Pacaut) ânonner le poncif : "Bienvenue sur la première radio de France !",  je prends ma télécommande et je zappe.

Vous imaginez Mac Donalds claironnant : "Bienvenue dans le premier restaurant de France !" ?, ou encore "Mac Donalds a plus de clients que Bocuse !" ? Oui, et alors ? Bien naïf le guignol qui croit m'attirer sur une radio en claironnant qu'elle serait la première... de la galaxie ?, comme si j'étais stupide au point de ne pas voir que le bas de gamme attire toujours plus de monde que le haut de gamme ! Ce qui fait qu'il y aura toujours plus de clients chez MacDo que chez Bocuse ou Trois-Gros !

Vous comprenez maintenant pourquoi je ne suis qu'un auditeur intermittent de cette "première radio de France"..., et pourquoi je déteste porter cet uniforme qu'est devenu le blue jeans, de même que je ne porte jamais de sac à dos "Eastpak", les sacs à dos les plus vendus et les plus moches du monde ?

Ce que j'apprécie néanmoins sur RTL ? Par exemple quelqu'un qui ne clame jamais "vous êtes sur la première radio de France" et qui passe très tard le soir : Georges Lang, dont je rate rarement les sagas. Mais c'est aussi lui qui m'a convaincu que la country était une musique tout à fait écoutable, moi qui trouvais cette musique un peu trop blanche, je veux dire musique pour petits Blancs des bleds américains, xénophobes et racistes. Cela dit, ce n'est pas aussi entraînant que la musique noire, mais ça s'écoute très bien ; en tout cas, je l'écoute volontiers, chez Georges Lang !

Ce qui serait quand même bien, ce serait que les patrons de chaînes de radio et de télévision, en France, cessent de se tirer cette bourre stupide qui me donne toujours l'impression qu'ils n'ont jamais entendu parler de l'ADSL ni de l'Internet ! Et il n'y a pas qu'eux ; il y a, surtout, tous ces..., comment dirais-je : journaleux ou bonimenteurs (Morandini !) qui vous vendent de l'audimat à longueur de journée, comme s'il n'y avait que dix stations de radio en France et six chaînes de télévision, alors même que le réseau mondial nous offre les chaînes de télévision par centaines et les stations de radio par milliers !

Après avoir fait installer l'ADSL chez moi,  j'ai passé une petite matinée à rechercher des stations de radio via Winamp, options jazz et classique. Ça m'a pris des heures à balayer l'incroyable palette des stations disponibles. Et puis, je tombe sur un trio à cordes. Magnifique. Brahms ? Schumann ? Visiblement pas. Mais alors qui ? Un élève, ou un contemporain ? Fin du trio. La voix suave de la présentatrice nous vient de Californie et annonce un trio à cordes d'un certain Arthur Foote (1853-1937), dont Wikipedia nous dit qu'il fut un ardent défenseur de la musique de Brahms (1833-1897), et étant donnée la filiation artistique de Brahms par rapport à Schumann (1810-1856), le reste coulait de source.  En tout cas, ce jour-là, j'ai fait la découverte d'un sacré paquet de chaînes de radio du monde entier, entendu un magnifique trio à cordes et découvert un (nouveau) compositeur absolument inconnu au bataillon.

C'est vous dire si leur petite compétition de Clochemerle, entre France Inter, Europe 1, RTL ou NRJ a quelque chose de dérisoire ! 

Tout ça pour vous dire que je ne me porte sur un programme de radio (ou de télévision) que parce que j'y trouve de l'intérêt. Dans le cas contraire, je zappe !


II. Des trafiquants noirs et arabes

Pour en revenir à RTL, il se trouve que hormis Georges Lang, il y a deux choses que je rate rarement : les éditoriaux de sept heures et quart d'Eric Zemmour et ceux de Rockaya Diallo du dimanche matin (8h20). July et Duhamel ? Mouais ! Si seulement ils n'étaient pas aussi obnubilés (surtout Duhamel) par les sondages !

Sondage Ifop pour Paris-Match. Alain Duhamel dixit : "C'est un tournant, et même un triple tournant... Ce sondage va forcément avoir des conséquences.". (RTL, 13.03.2012, 7h45).

Ce serait quand même très drôle de reprendre tous les commentaires livrés par Alain Duhamel sur les sondages concernant les présidentiables socialistes jusqu'à certaine affaire survenue dans un Sofitel new-yorkais ! Il n'y en avait que pour Strauss-Kahn... Non mais, qu'est-ce que je me marre ! Moi, je n'ai jamais cru en DSK, et je peux le prouver. Voyez le papier que j'ai consacré à ce pauvre larbin et porte-flingue "strauss-kahnien" de Moscovici (juillet 2010).

J'observe qu'en 2012, l'illustre Alain Duhamel s'est bien gardé de produire un remake des Prétendants..., ce portrait de groupe des présidentiables de l'élection de 2007, dont était absente... Ségolène Royal. Sacré Alain Duhamel ! 

Donc, j'écoute Alain Duhamel et Serge July régulièrement, mais pas systématiquement, parce qu'on sent bien que toute leur argumentation se fonde sur les sondages du moment ; et moi, je n'accorde aucun intérêt aux sondages. Il y a aussi le sémillant Jean-Michel Aphatie, mais là, ça dépend souvent de son invité du jour. Aphatie a juste un problème de tics ou de tocs (?), à savoir cette propension à prononcer le nom de son invité toutes les trente secondes. Et là, je vous avoue que ça me tue !

J'étais parti pour parler de Rockaya Diallo et de Eric Zemmour. Je ne dirai rien de la première, qui pourrait le prendre très mal, et je connais la susceptibilité des "grognasses du féminisme militant" (n. b.: il paraît que désormais, si un homme normalement constitué  - nous autres Africains préférons mille fois la compagnie des  femmes à toute autre forme de partenariat sexuel ; donc, les hommes qui n'aiment pas les femmes, en Afrique, ça n'existe pas ! - s'ingénie à reluquer une jolie fille un peu trop intensément, elle lui colle un procès pour harcèlement..., enfin, c'était le cas jusqu'à une récente décision du Conseil Constitutionnel.). Je ne parlerai donc, que de Zemmour, qui m'a valu une confrontation à distance avec l'illustre Mathieu Aron, l'indéboulonnable - jusqu'à récemment - chroniqueur judiciaire de France Info. J'avoue avoir vu rouge, écarlate, cramoisi..., le jour où Aron s'est fendu d'un papier plus que laudatif pour ce polémiste brillant. Petit rappel de la prose de Mathieu Aron sur France Info, en marge du procès en première instance de Eric Zemmour, à propos de sa légitimation des contrôles au faciès en raison de la sur-représentation des noirs et des arabes parmi les trafiquants de drogue.
"Il (Zemmour) assume la totalité de ses propos. (...) Orateur brillant, polémiste redoutable, au fil des débats, Eric Zemmour assoit son autorité sur l'audience. Ses contradicteurs font pâle figure ; ils osent à peine lui poser quelques questions. (...) Alors, de plus en plus incisif, le prévenu attaque. Il attaque le catéchisme bien pensant des antiracistes, dénonce une inquisition moyen-âgeuse. On se glorifie d'une France black- blanc-beur quand l'équipe de France remporte une coupe du monde, mais on n'aurait pas le droit de faire des statistiques ethniques. (...)  Je dis ce que je vois ; je rends compte de la réalité et aujourd'hui, c'est la réalité qu'on veut criminaliser. (...) Et puis, cruel, il rapporte une tentative de médiation de la Licra : "son président était prêt de retirer sa plainte si je débattais avec lui à la télévision ; il voulait bien profiter de ma notoriété.""
Fin du papier de Matthieu Aron : "Curieuse audience où le prévenu se mue en accusateur et transforme son procès en redoutable tribune."  (source)

Pour son malheur, Aron a vu ses pronostics démentis par les  juges, et là, j'avoue que lui et d'autres (dont le célébrissime ex-avocat général Philippe Bilger tout de même !) ont manqué de sagacité. 

Pour en revenir à ma propre argumentation, en tant qu'habitant de longue date de la banlieue et de ces cités dites sensibles par les médias (ex. dix années passées à Villiers-le-Bel, où je n'ai jamais vu le moindre car de CRS, mais c'était entre 1987 et 1997 !), je puis affirmer que maints trafics commis dans ces cités sont le fait de gens basanés ou noirs ; mais ça, c'est une opinion personnelle que beaucoup d'habitants de ces cités partagent. En revanche, affirmer, comme Zemmour l'a fait, que des contrôles au faciès sont effectués (par la police) sur la base du nombre élevé de trafiquants de drogue (donc condamnés par la Justice) noirs et arabes engageait tant la Police que la Justice, ce qui appelait une condamnation, dès lors que les statistiques officielles ne mentionnent pas l'origine ethnique des délinquants.

Vous allez certainement déduire de ce qui précède que je suis particulièrement allergique à la prose et aux idées "nauséabondes" de Zemmour ? Ben pas du tout ! Le fait est que Zemmour est l'éditorialiste de radio que j'écoute le plus régulièrement, voire systématiquement tous les matins, parce que je le trouve bien plus nuancé (si, si !) et plus subtil que la quasi-totalité de ses confrères. Et puis, j'aime bien la chute de ses papiers ; et là, j'avoue que je me fends souvent la poire, ce qui est loin d'être le cas des interventions plus que faiblardes de bonimenteurs de foire parmi lesquels Bernard Guetta, sur France Inter, mériterait largement la médaille d'or, avec ses papiers bricolés, méconnaissant le droit international (normal, la rubrique s'intitule "Géopolitique" !), ce qui explique qu'il envisage, le plus benoîtement du monde, que les frontières d'un État souverain puissent être violées par qui veut, comme au bon vieux temps des guerres de l'opium ou du Congrès de Berlin ! Ce qui me fait penser que ce pauvre Guetta devrait mettre à profit ses longues vacances estivales pour potasser quelques traités de droit international (niveau première année de Fac de droit !). Les papiers de ce type sont si souvent débiles que j'en suis arrivé à dénicher de la subtilité, par contraste, dans les analyses de l'autre dinosaure du boniment approximatif qu'est Alexandre Adler sur Europe 1. Un comble ! 

Et que dire de Mesdames Lemaresquier et Crova, sur France Info et de la plupart de leurs confrères et consoeurs sur France Inter, Culture, Musique, RFI ? Qu'ils et elles ont une ligne téléphonique directe avec les salafistes et autres djihadistes qui ont entrepris de vider la Syrie de tous ses chrétiens ? C'est simple : une bombe éclate à Alep, tuant des dizaines de personnes, et la bonimenteuse de France Info, planquée dans un bureau de Beyrouth, ne trouve rien de mieux à faire que d'insinuer que "selon l'opposition, c'est le pouvoir de Bachar al-Assad qui serait derrière cet attentat", (Valérie Crova, porte-parole officieuse de l'opposition syrienne, sur France Info, 07.01.2012, 9h05) lequel attentat est revendiqué plus tard par une officine djihadiste connue, sans que le moindre erratum n'intervienne chez les désinformateurs/trices de France Info-Intox !

Admirez simplement cette immonde tentative d'intoxication de l'opinion par Mireille Lemaresquier - et d'autres - sur France Info à partir d'un rapport onusien sur 52 cas présumés de violation des droits des enfants, la Syrie étant un de ces 52 cas :

"Le rapport publié par l'ONU est accablant pour le gouvernement syrien... Il pointe (...) surtout l'utilisation d'enfants comme boucliers humains." (Mireille Lemaresquier, France Info, 12.06.2012, 23h37).  
Et là on se demande si cette femme est conne ou juste stupide ! Pour mémoire, le rapport en question n'était nullement centré sur la Syrie. Mais bon, les bonimenteurs/euses ne doivent pas être à ce genre de détail près !

Parce qu'à supposer que les faits soient avérés - rappelons toujours aux bonimenteurs de foire qui officient en qualité de journalistes sur nos médias  qu'une procédure judiciaire est toujours contradictoire et donne lieu à moult expertises et fournitures de pièces à conviction irréfutables, ce qui n'est pas le cas des enquêtes biaisées de l'ONU et autres officines fumeuses du type Human Rights Watch, ou Amnesy International (il n'y a aucune faute d'orthographe !) qui ne se basent que sur de contestables témoignages venant toujours d'un même côté... -, pour que les soldats du régime syrien en viennent à s'abriter derrière des enfants, c'est que quelqu'un leur tire dessus, ce qui ne colle visiblement pas avec les boniments quotidiens de Madame Crova, depuis sa planque libanaise, qui ne parle que d'une opposition syrienne supposée pacifique, en butte à la répression d'un régime sanguinaire.



III. Radio Paris ment... 

Et c'est là qu'une chronique comme celle livrée par Eric Zemmour sur RTL, ce 29 juin 2012, prend toute sa saveur, lorsque rapprochée de la prose de nombre de ses confrères et consoeurs.

Vincent Parisot

(…) Alors, l’avenir de la Syrie va peut-être se jouer à Genève demain, avec cette réunion sous l’égide de l’ONU, avec les chefs des diplomaties russe et américaine. Cela dit, il ne faut pas trop en attendre ; la Russie et les Etats-Unis sont actuellement dans une impasse diplomatique, et ce qui alimente les tensions c’est la question des armes.

Eric Zemmour

Des caisses remplies d’armes ; des armes anti-chars pour les rebelles, des armes anti-rebelles pour l’armée d’Assad, des armes américaines pour les rebelles, des armes russes pour Assad, payées par l’Arabie saoudite et le Qatar aux Américains, payées par l’Iran aux Russes. Pour la première fois, cette semaine, le président syrien a reconnu que son pays était en état de guerre totale ; pour la première fois, le gouvernement français par la voix de Laurent Fabius a reconnu que des armes passent… c’est la montée aux extrêmes décrite il y a deux siècles par le grand théoricien de la guerre, Clausevitz.
Une guerre ou plutôt, des guerres imbriquées les unes dans les autres. Une guerre civile d’abord : la révolte pour la liberté des premiers temps a fait place à l’affrontement entre la majorité sunnite et les minorités : alaouite – d’où sort Assad – et chrétienne. Les sunnites sont dominés par les islamistes qui veulent imposer la charia. Les chrétiens sont persuadés qu’ils paieront de leur sang la chute du clan Assad. Cet affrontement entraîne exactions, massacres, désormais des deux côtés. Les sunnites sont soutenus par les grandes puissances sunnites, Arabie Saoudite, Qatar, Egypte, la Turquie islamiste les a rejointes ; les armes américaines passent d’ailleurs par la Turquie. Les alaouites du clan Assad sont des chi’ites, comme les Iraniens, qui les aident. Au 19e siècle, les puissances occidentales, la France en tête auraient soutenu les minorités chrétiennes, mais ce n’est plus le cas. Il est clair désormais qu’après l’Egypte, la Tunisie, Obama joue l’alliance avec les islamistes ; les agents de la CIA essaient seulement d’éviter sur place que les armes distribuées n’aillent dans l’escarcelle d’Al Qaeda, mais on peut douter de leur efficacité, quand on voit ce qui s’est passé en Libye.

V.P.
Vous voulez dire finalement que la chute de Bachar el-Assad dans cette affaire n’est plus qu’un détail ?

E.Z.
Cette guerre fait tache d’huile régionale, au Liban d’abord, où les réfugiés syriens des deux camps s’affrontent, en Jordanie, où les autorités craignent des attentats fomentés par les services secrets syriens, en Turquie peut-être demain ; Assad a promis d’aider les Kurdes ; la grande explication finale entre sunnites et chi’ites, entre l’Egypte et l’Arabie Saoudite d’un côté et l’Iran de l’autre est en effet en gestation.

On a connu un peu la même chose au Vietnam dans les années 60 ; alors la guerre s’était répandue au Cambodge, au Laos ; elle opposait l’Amérique aux communistes soutenus par Moscou. Et les russes ne sont plus communistes mais soutiennent la Syrie. C’est le troisième étage de la guerre. Les Russes, eux, sont les derniers à se soucier de la protection des chrétiens de la région, d’où l’ambiance polaire de guerre froide lors du dernier G20 entre Obama et Poutine alors que l’Américain pressait le Russe d’interrompre ses livraisons d’armes. Les Français, comme tous les Occidentaux, font la voiture balai des Américains, au nom des droits de l’Homme. Pendant la guerre du Vietnam, le Général de Gaulle était sorti de l’Otan pour ne pas suivre l’Amérique dans une guerre qui n’était pas la sienne. Depuis lors la France est revenue dans l’Otan comme si la défense des droits de l’Homme était le paravent commode pour dissimuler l’abandon de toute politique indépendante. Un cache-sexe.

V.P.

On appelle ça l’Orient compliqué et c’est signé…

E.Z.

Avec des idées simples !

Pourquoi ne pas le dire ? On n'est pas obligé d'être d'accord sur tout, mais ce "papier" de Zemmour surclasse largement en exactitude et honnêteté intellectuelle tout ce qu'on peut entendre sur les ondes actuellement, autour de la sempiternelle "répression de l'opposition par les forces du dictateur Assad". Dictateur auquel, je le rappelle, on est quand même allé jusqu'à reprocher l'organisation d'attentats à la bombe contre ses propres troupes !

Le papier de Zemmour est évidemment à rapprocher du discours orienté, tendancieux et vindicatif d'un Bernard Guetta, sur France Inter, où il n'y en a (eu) que pour l'urgence à mettre fin à ce régime de massacreurs d'Assad en Syrie. Franchement, la prose de Guetta pourrait faire l'objet d'une thèse de doctorat assez substantielle, s'agissant de cette désinformation qui ne dit pas son nom. Ci-dessous, deux extraits d'un discours qu'on croirait équilibré, mais qui ne l'est pas du tout.


France Inter 05.06.12

(...) 

Pour Henry Kissinger, c’est « non », surtout pas. Alors que partout le débat monte sur les avantages, les inconvénients et l’impératif moral qu’il y aurait à aller soutenir militairement les insurgés syriens, alors qu’une majorité de Français, notamment, s’y dit désormais favorable, l’ancien secrétaire d’Etat de Richard Nixon vient d’expliquer pourquoi ce serait aventureux à ses yeux.

Il y a deux conditions nécessaires, écrit-il dans le Washington Post, à toute intervention militaire. La première est qu’il y ait consensus sur l’ordre à instaurer après le renversement de l’ordre existant car, si l’objectif n’est que de mettre à bas un régime, une nouvelle guerre civile peut en résulter avec une compétition pour la succession dans laquelle des pays étrangers se rangeraient aux côtés de camps différents. La seconde condition à toute intervention, poursuit-il, est qu’elle doit pouvoir être menée à bien dans des délais acceptables par les citoyens des pays intervenants et aucune de ces deux conditions, conclue le pape de la diplomatie américaine, n’est en l’occurrence remplie.

Deux conditions à toute intervention militaire... Pauvre Bernard Guetta, qui ne sait pas que le droit international repose, précisément, sur l'inviolabilité des frontières des États et sur le sacro-saint principe de leur souveraineté. Par ailleurs, notre chroniqueur n'a - toujours - pas lu la charte des Nations Unies, laquelle ne prévoit nulle part d'ingérence de l'ONU dans les affaires intérieures - car, pour le coup, on n'est pas dans le domaine du droit INTERNATIONAL - d'un État, contrairement à ce qu'on a pu observer en Côte d'Ivoire et en Libye. Quant à Kissinger, ce pauvre et misérable criminel de guerre au Vietnam, comme référence en matière de droit international , on peut trouver mieux !


France Inter 26.06.12    

(...)
Cela s’appelle une internationalisation, provoquée tout à la fois par la solidarité de l’Iran avec son seul allié régional, la volonté de la Russie ne rester dans le jeu proche-oriental et de ne pas laisser des mouvements populaires faire tomber une nouvelle dictature, le désir des Occidentaux de ne pas rien faire pour aider le peuple syrien et l’affrontement toujours plus vif que ce conflit provoque entre les deux religions, chiite et sunnite, de l’islam.

C’est un changement de taille et, parallèlement, ce n’est plus seulement à des manifestations pacifiques que le régime syrien doit faire face. Il est également confronté à une armée syrienne de libération, formée de déserteurs et désormais à même de conduire de véritables opérations militaires. Insensiblement, le territoire syrien se morcelle car le pouvoir ne peut plus en contrôler toutes les régions en même temps. C’est une libanisation aux deux sens du terme : fractionnement territorial et ingérences étrangères.

Le moins qu'on puisse dire est qu'il a fallu attendre longtemps pour voir notre bonimenteur de France Inter admettre que la Syrie faisait face à une insurrection armée et soutenue par l'Occident et quelques monarchies arabes créées par l'Occident (cf. le Koweit voire l'Arabie Saoudite), sans jamais se départir de son obsession pour le biaisement de l'information : l'internationalisation du conflit en Syrie n'est ainsi pas le fait de l'ingérence de puissances étrangères aux côtés d'une pseudo opposition intérieure, mais, dans un premier temps, découle de la solidarité avec l'Iran, comme si un pays souverain n'avait pas le droit de disposer d'alliés. Et voilà que notre bonimenteur matinal sur France Inter tente de faire passer le pilotage de la révolte syrienne par des forces étrangères pour un événement second, dès lors que les Occidentaux ne seraient là que pour des raisons humanitaires. Cette rhétorique infecte a déjà servi en Libye, où elle a fait long feu, mais bon, Guetta doit penser qu'à huit heures du matin et des poussières, France Inter - alias Radio Paris - n'est écouté que par des cons !


IV. La grognasse

Résumons : s'il m'est arrivé de prendre violemment position contre telle intervention publique d'Eric Zemmour à propos de contrôles policiers au faciès sur des Noirs et des Arabes, cela ne m'empêche nullement d'apprécier la subtilité et l'intelligence de nombre de ses autres éditoriaux matinaux sur RTL, comme récemment sur la Syrie.

Et voilà que j'apprends que notre polémiste brillant, pour reprendre la phraséologie de Mathieu Aron, est menacé de disgrâce comme éditorialiste sur RTL. Et ma première réaction est de penser : "Pas d'accord !". Et voilà que je propose de me fendre d'un courrier vengeur à l'endroit du directeur des programmes de RTL, lorsqu'un soir, je tombe sur la "langue de vipère" du jour, qui n'est autre qu'Elisabeth Lévy, laquelle nous délivre un de ces dithyrambes dont elle a le secret, pourfendant la bienpensance de ceux qui entendaient vouer Zemmour aux gémonies, après un éditorial  consacré à la nouvelle ministre de la Justice, Christiane Taubira. Et là, mon deuxième réflexe a été de penser : "Ah non, pitié, pas elle !". Non mais, franchement, vous me voyez cosigner une pétition favorable à Eric Zemmour aux côtés de cette grognasse tellement imbue d'elle-même et fière de son idéologie non seulement droitière - mais bon, après tout, il y a de la place pour toutes les idées - mais d'une ringardise parfaitement assumée ?

Et s'il n'y avait que la ringardise ! Dans une de ses interventions sur RTL, Lévy s'en prend à Najat Vallaut-Belkacem et au projet de cette dernière de mettre fin à la prostitution, ce qui nous vaut cette affirmation péremptoire de notre philosophe de café du commerce : "Si elle avait étudié l'histoire, elle (Vallaut-Belkacem) saurait qu'il n'y a jamais eu de société sans prostitution." (RTL, 26.06.2012).

Manque de chance pour Madame Lévy, c'est elle qui n'a pas suffisamment potassé les manuels d'histoire ni, surtout, les traités d'ethnologie et d'anthropologie. Sinon, elle saurait que la prostitution apparaît dans des sociétés qui connaissent la pénurie (de femmes), ce qui est loin d'être le cas des sociétés à taille humaine (par opposition aux sociétés concentrationnaires qui se croient évoluées), qu'on qualifie souvent de claniques ou tribales, où, précisément, toute l'organisation sociale est élaborée à partir de la juste répartition des partenaires sexuels. 

Pour prendre un exemple parlant en la matière : vous avez déjà vu au moins une fois un reportage sur telle communauté villageoise africaine, dominée par un patriarche disposant de quinze épouses et d'une centaine d'enfants. Ça impressionne toujours. Le fait est qu'un simple test génétique révélerait que l'immense majorité des enfants ne sont pas du vieillard. Précisément, parce qu'en raison de son grand âge, la probabilité qu'il soit encore très actif sexuellement est faible. L'origine des enfants ? C'est très simple : des jeunes gens de la communauté. Ça s'appelle un gentlemen agreement.

Il faut savoir que, dans l'Afrique traditionnelle, les guerres claniques ou villageoises, faussement qualifiées de tribales, étaient fréquentes. Et pour y faire face, il fallait disposer de jeunes gens aguerris - voyez le dernier numéro de Rendez-vous en terre inconnue (Frédéric Lopez, France 2) avec Zabou Breitman, quelque part en Éthiopie (où les conflits claniques sont nombreux, en raison de contentieux séculaires entre agriculteurs et pasteurs nomades...). Quand on passe son temps à se faire la guerre, il faut avoir des guerriers pour défendre la communauté. Or le risque est grand, pour les notables, dès lors qu'ils monopolisent toutes les femmes, de voir les jeunes gens se révolter contre les anciens et prendre le pouvoir, voire de passer avec armes et bagages à l'ennemi. Du coup, pour amadouer ces jeunes, les notables les laissent accéder - discrètement - aux femmes. C'est du gagnant-gagnant, comme dirait Ségolène Royal : le notable peut toujours afficher sa nombreuse progéniture, signe de sa (présumée) virilité ; les femmes, souvent encore jeunes, peuvent se donner du bon temps dans les bras de garçons de leur âge, tout en bénéficiant des largesses matérielles d'un notable riche et respecté. Quant aux jeunes gens, ils ne sont pas du tout frustrés sexuellement et bénéficient, eux aussi, de la bienveillance de leur "sponsor". Sans ce système, les vieux notables pourraient toujours monopoliser toutes les femmes, mais s'ils venaient à être abandonnés par les forces vives du village, leur espérance de vie face à leurs nombreux ennemis serait des plus limitées. Dans ces conditions, comment voulez-vous que se développe une quelconque prostitution ?

Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, Elisabeth Lévy n'a fait qu'afficher cette forme d'aplomb propre aux cuistres, qui doivent toujours penser qu'un mensonge martelé avec autorité fera toujours mouche, dès lors que rares sont ceux qui iront vérifier l'information à la (bonne) source.

Le fait est que j'ai toujours pensé qu'Elisabeth Lévy était moins de droite qu'opportuniste. Il se trouve que cette femme est le genre de personnage qui me fait changer de chaîne à chaque fois qu'elle intervient sur un médium, radio ou télévision. Ça s'appelle une allergie contre de simples phénomènes de mode. Je me souviens encore de cette campagne de publicité pour le lancement d'un journal - droitier - défunt depuis : le Quotidien de Paris. Cette campagne commençait par ce slogan : "Aujourd'hui, son courage est devenu nécessaire", ou quelque chose comme ça. La mode, à l'époque, consistait à alarmer les Français sur l'imminence d'une invasion de la France par les Bolcheviques. J'exagère à peine. La Gauche venait d'accéder au pouvoir avec François Mitterrand à la présidence de la République. Pour une certaine presse de droite, il était, donc, bien commode de jouer les résistants de pacotille stigmatisant cette horrible collusion entre socialistes et - rendez-vous compte ! - des communistes, des suppôts de Moscou !

À entendre Elisabeth Lévy, à chaque fois que je m'inflige la torture d'écouter ses interventions, j'ai l'impression qu'une certaine droite outrancière essaie de nous refaire le coup des Bolcheviques avec leur couteau entre les dents. Mais à la place des horribles communistes, ils ont habilement substitué d'autres monstres menaçant nos libertés : les islamistes. Ah, ceux-là, s'ils n'avaient pas existé, il aurait fallu les inventer ! Voilà ce qui m'a fait longuement hésiter, lorsqu'il s'est agi de prendre position pour ou contre la présumée disgrâce de Zemmour dans son activité sur RTL. 

Mais ne voilà-t-il pas que, récemment, sur RTL, sur le coup des 18h55 (vendredi 29 juin 2012), je tombe sur la rubrique "Langue de vipère", qui semble réservée à Elisabeth Lévy et à toute une escouade d'intervenants officiant au Figaro. Les auditeurs de RTL seraient-ils si massivement marqués à droite ? Et que dit-elle, la grognasse de l'émission "On refait le monde" sur RTL ? Qu'elle est opposée à la future loi sur la légalisation de l'homosexualité. 

Ciel, qui l'eût cru ? Il se trouve que je partage complètement ce point de vue, dans la mesure où j'estime que le concept d'égalité entre hétérosexuels et "homosexuels" (trouvez-moi une seule espèce de vertébrés qui pratique une sexualité "homologue" !) est une immense cuistrerie. Pour preuve : pourquoi diable les homos réclament-ils un droit à l'adoption d'enfants, sinon pour vérifier cette vérité incontournable que ces enfants ont été procréés par des couples hétéros, ce qui tord définitivement le cou au pseudo principe d'égalité dont on nous rebat les oreilles depuis bien longtemps : pour faire des enfants et enrichir l'espèce, un couple d'hétéros sera toujours plus indiqué qu'une paire d'homos. C'est comme ça !

Ben oui, j'ai découvert, l'autre jour, que je pouvais être à 100 % d'accord avec Elisabeth Lévy, et je n'ai aucune honte à le reconnaître ici. Je sais bien que l'on nous ressort souvent cette maxime de Voltaire : "je ne partage pas vos idées mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer...", formule que je trouve bien plate, venant du grand Voltaire. Entre nous, ça veut dire quoi : "vos idées". Comment peut-il être imaginable que l'on ne soit d'accord avec aucune des idées de quelqu'un, quand on voit les myriades d'idées que tout un chacun peut exprimer ? Si jamais Elisabeth Lévy déclarait aimer le miel d'acacias, devrais-je, par principe, me déclarer horrifié par le goût dudit miel sous le simple prétexte que je ne partage aucune de ses idées ? Dis donc, Voltaire !

Et c'est précisément cela qui a mis fin à la longue hésitation que j'affichais jusque-là, dans la défense du droit à la parole de Zemmour : dès lors que je réalise que tel propos de Mme Lévy correspond parfaitement à ma propre vision des choses, pourquoi diable devrais-je, de façon rigide et imbécile, m'arc-bouter sur des a priori ?

Voilà comment je me suis enfin décidé à reprendre le brouillon de courrier à la direction de RTL que j'avais entamé quelques semaines plus tôt, et c'est bien parce que je ne suis pas suspect de complaisance envers Eric Zemmour que je ne doute pas une seconde de ma capacité à convaincre la direction de notre "première radio de France" que les propos de l'éditorialiste sur Christiane Taubira ne justifient nullement la disgrâce annoncée ici ou là, via le téléphone... arabe !

Il se trouve que cette fameuse chronique, je l'ai écoutée en direct, et que durant les trois minutes et des poussières du discours de Zemmour, je n'ai pas cessé de penser : "mais qu'est-ce qu'il raconte ?", me fendant même la poire à certains passages. Bref, sur le moment, je n'ai pas sauté d'indignation au plafond, mais quand même ! Disons que c'était limite...



V. Taubirabashing

Le corps du délit, ce serait cette chronique de Zemmour du 23 mai 2012 et intitulée Comme un petit parfum de mai 1981 sur la place Vendôme.

Transcription
Vincent Parisot

Alors, moins d’une semaine après la nomination du gouvernement, on a l’impression qu’il y a dans l’air un début de Taubirabashing, pour reprendre cette expression américaine, autrement dit une concentration des attaques et des critiques contre la ministre de la Justice, mais Eric,  vous estimez que c’est elle, en fait, qui a tendu le bâton en apparaissant trop manichéenne.

Eric Zemmour

Il faut combler le vide juridique. Il faut réprimer, il faut sanctionner ce délit grave, il faut défendre les victimes. Dès son arrivée Place Vendôme, Christiane Taubira s’est montrée impitoyable, avec des accents presque sarkozystes, elle s’est émue de la souffrance des victimes et a promis de pourchasser leurs bourreaux, d’être dure avec le crime et les criminels.  Le crime, c’est le harcèlement sexuel et les criminels ce sont les hommes. La harceleuse sexuelle est une espèce encore rare et les plaintes d’hommes plus encore. Mais interdit de rire, trêve de gaudriole, de gauloiserie, de blague salace lourde, de main baladeuse, ce crime doit retrouver le chemin du code pénal d’où le Conseil Constitutionnel l’a sorti inconsidérément et les harceleurs le chemin de la prison.

V. P.

Écoutez..., jusque là, je ne vois pas où est le problème !

E. Z.

Mais Christiane Taubira sait aussi redevenir douce et compatissante, compréhensive, une maman pour ses enfants.  Ces pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi parfois. Ils sont encore des adolescents mais certains sont des chefs de gangs redoutés, d’autres sont encore apprentis mais ils apprennent vite. Le trafic de drogue rapporte énormément et cela donne envie de progresser. Ils sont souvent les véritables patrons de leur quartier, faisant régner la terreur mais jouant aussi les banquiers généreux de nombreuses familles. Les offices HLM et les grandes surfaces y sont massivement payés en argent liquide. C’est peut-être en raison de ce rôle social que notre ministre de la justice de gauche est pleine de sollicitude pour eux. Elle se précipite dans une prison pour assister à un match de basket entre prisonniers et surveillants, un basketteur en profite d’ailleurs pour s’évader. Elle supprime le tribunal correctionnel pour adolescents récidivistes créé par le précédent gouvernement, les juges pour enfants vont retrouver leurs ouailles. Elle annonce aussi son intention d’abolir les peines plancher pour  ces mêmes multirécidivistes qui contraignaient, au nom d’une lourde réalité pénale certains de ces juges à sortir de la culture de l’excuse. Mais la réalité, Christiane Taubira n’en a cure. Elle applique un dogme. Ses évangiles sont la fameuse ordonnance de 1945 sur la délinquance juvénile qui privilégie l’éducation. Pour Taubira, comme pour son mentor Pierre Joxe, ancien ministre de Mitterrand, avocat sur le tard, ces pauvres enfants sont victimes d’une société qui les rejette par xénophobie et racisme. En quelques jours, Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes et les jeunes de banlieue sont dans le bon camp à protéger, les hommes blancs dans le mauvais. Après tout les femmes votent majoritairement à gauche depuis 1981 et dans les banlieues, Hollande a réalisé des scores de dictateur africain. Mais en quelques jours, la ministre de la Justice a pris de vitesse son collègue de l’Intérieur, le premier ministre et le président de la République lui-même ; elle a donné une couleur angélique aux débuts de la gauche, qui la ramène là où elle ne voulait pas forcément revenir.

Ce serait donc là l'origine des derniers ennuis professionnels de Zemmour, qui lui auraient valu une disgrâce annoncée par le Landerneau médiatique, suscitant l'ire d'Elisabeth Lévy, collègue de Zemmour sur la même station de radio.

Disons les choses simplement : on a là un "papier" hautement discutable, voire contestable, et c'est précisément cela qui le rend intéressant. Ce que ça m'inspire ? C'est que Zemmour a dû écrire son papier un peu vite, ce qui nous vaut pas mal d'approximations, mais peut-être pèse-t-il parfaitement ses mots, dès lors que nous étions dans un entre deux élections, avec des législatives importantes à venir. J'examinerai la question sous trois aspects tenant aux circonstances du moment, à la forme du discours du chroniqueur, puis au fond même de la question tenant au statut d'un chroniqueur (de radio) comme Eric Zemmour. In fine, je me demanderai ce que je ferais, si j'étais le grand patron de la radio RTL, face au cas Eric Zemmour.


A. Question de circonstances : deux choses : les élections législatives et une décision du Conseil Constitutionnel.

1. Le Taubirabashing évoqué par Vincent Parizot est venu essentiellement de Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, qui a déclaré publiquement aux électeurs - je cite en substance - qu'en votant à gauche, ils risquaient d'avoir... Taubira ! Et j'avoue que, sur le moment, et même longtemps après, j'ai trouvé le propos assez nauséabond. Mais bon, comme on dit dans ces cas-là, c'est de bonne guerre de tenter d'affaiblir le camp d'en face par tous les moyens, voire par le biais de l'outrance verbale. Dans ces conditions, pourquoi s'étonner que Zemmour, qui ne doit pas être de gauche, tente de prêter main forte à son camp en participant à l'entreprise de démolition du camp d'en face dans la perspective des législatives. Et puis, il y a urgence : la présidentielle a quand même été perdue, et il y a ces sondages qui annoncent une vague rose.

Leitmotiv de la droite : identifier un maillon faible à gauche et tirer à vue. Et là, la droite a cru devoir identifier en Christiane Taubira un maillon faible idéal. Et si l'on admet que Zemmour est un éditorialiste libre de ses opinions - de droite -, on se dit : why not ? Pourquoi lui contester le droit à une certaine enflure, voire outrance verbale ? Conformément à la formule : "C'est de bonne guerre !".

2. Le Conseil Constitutionnel et l'affaire du harcèlement sexuel. Ça, ce n'était pas prévu au programme, qu'une QPC (question préalable de constitutionnalité) allait amener le Conseil Constitutionnel à faire table rase de toute la législation en cours sur le harcèlement sexuel. Signalons en passant à Eric Zemmour que les membres dudit Conseil ont été majoritairement nommés par la Droite, me semble-t-il. Parce que, dans son papier, il a un peu tendance à tout mélanger. Le fait est qu'une vague d'indignation est montée de tous les milieux, notamment féministes, après cette décision du Conseil Constitutionnel, ce qui a mis le nouveau gouvernement - et bien plus du côté de Najat Vallaut-Belkacem, d'ailleurs, que de celui de Christiane Taubira - sur la nécessité d'une nouvelle loi sur le harcèlement. 


B. Question de forme

Eric Zemmour est un intervenant médiatique visiblement fort occupé : radio, télévision, presse écrite. Ça fait pas mal de logiciels à gérer simultanément. Or il y a un monde entre une chronique comme celle de RTL et la polémique qu'on attend d'un programme comme Ça se dispute, sur ITélé. Et j'ai comme l'impression qu'il s'est quelque peu emmêlé les pinceaux. Là, ce qui m'a manqué, c'est de la contestation, en direct, des propos du chroniqueur. Difficile à concevoir dans un créneau de trois minutes.

Le fait est que Vincent Parizot n'est pas là pour contredire les déclarations du chroniqueur, tout au plus pour le relancer dans ses propos. Mais c'est une chronique et l'auteur en a la pleine responsabilité. Or tout ce que dit Zemmour dans cette chronique est contestable, c'est-à-dire sujet à contestation [n.b.: contestar = répondre en espagnol]. Par exemple, il y a cet élément factuel, à savoir quen Vème République, tout ce que font les ministres après la formation d'un nouveau gouvernement, suite à une présidentielle, et même longtemps après, consiste à se réclamer du PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. Je n'ai pas l'impression que Christiane Taubira ait inventé quoi que ce soit en la matière. Et pour s'en convaincre, il suffit de jeter un oeil sur les programmes tant de Hollande que du parti socialiste. Par exemple, il a été bel et bien question de la suppression des peines planchers et des tribunaux spéciaux pour les jeunes, mis en place par Sarkozy et Dati. Et dans le cadre d'une polémique, avec un contradicteur en face de lui, l'interlocuteur l'aurait fait ressortir, de même que l'affirmation, contestable, selon laquelle Pierre Joxe aurait été le mentor de Taubira.

J'observe, par ailleurs, que ladite Taubira est, de tous les ministres dits régaliens, celui/celle qui s'est exprimé(e) le moins dans les médias. Du coup, la litanie d'affirmations assénées par Zemmour à propos de la volonté de Taubira n'en paraît que plus discutable. Et dire qu'il aurait suffi d'un contradicteur en face de lui, ce qui était envisageable dans le cadre d'une émission comme le face-à-face Duhamel-Aphatie du jeudi matin, mais beaucoup moins dans une tranche de trois minutes et des poussières !

Il me semble, donc, que cette chronique de Zemmour n'était pas logée dans la bonne case, mais ça, c'est le problème du chroniqueur ; après tout, c'est sa faute de se disperser autant, et de ne plus savoir forcément s'il intervient dans le cadre d'une tranche d'information ou d'une tranche de constestation-joute oratoire (ex. On refait le monde sur RTL ou Les Grandes gueules ou Eric Brunet sur RMC).

Les mêmes déclarations, intervenant dans un cadre de joute ou de polémique, dans On refait le monde, par exemple, passaient très bien, parce qu'il y aurait eu, en face, quelqu'un pour les approuver, les rectifier ou les invalider.


C. Le fond du problème : comme un air d'amalgame

Le plus que j'aurais à reprocher à Zemmour ici serait une propension à pratiquer l'amalgame, voire une mauvaise foi parfaitement assumée. C'est tout à fait flagrant avec cette histoire de visite de Taubira chez des prisonniers. Entre nous, en quoi la ministre est-elle responsable de l'évasion de ce prisonnier ? Et comment peut-on, de bonne foi, rapprocher ce fait tout à fait impromptu, avec quelque laxisme de la part de la ministre ? On rigole en écoutant la chronique ; du reste, les humoristes ne se sont pas privés de railler la malchance de Taubira. Ça devrait s'arrêter là. 

Et c'est là que Zemmour en rajoute, et qu'il se trompe, dangereusement, via des insinuations plus ou moins implicites-explicites.  J'ai mis en exergue quelques mots-clés ; dans l'ordre : manichéisme, vide juridique, compassion, harcèlement sexuel, victimes, bourreaux, Conseil Constitutionnel,  enfants, adolescents, chefs de gangs... Fallait-il absolument tout mélanger ?

1. Prenons le vide juridique : là, nous avons une décision du Conseil Constitutionnel contestée avec véhémence par tous les milieux concernés, avec l'anéantissement de toutes les procédures en cours. Et quoi de plus normal, pour un gouvernement responsable, mais pris de court, que d'annoncer la remise à niveau de la législation ? Et comment le ministre de la Justice en exercice pourrait-il dire autre chose que ce que Taubira a dit ? Quant au caractère impitoyable et aux accents quasiment sarkozystes de la ministre, j'avoue n'avoir pas entendu les mêmes choses que Zemmour, étant donné le relatif silence médiatique de Mme Taubira. Eric Zemmour entendrait-il des voix ? 

2. Les chefs de gangs faisant la loi dans les cités HLM. Il y a là une phrase qui, selon Zemmour, résume parfaitement le manichéisme de Christiane Taubira à l'égard de ces jeunes chefs de gangs, et le propos est on ne peut plus tendancieux : c’est peut-être en raison de ce rôle social que notre ministre de la justice de gauche est pleine de sollicitude pour eux.

Et là, on se dit : "mais comment peut-il affirmer des choses pareilles ?". Le fait est que le propos relèverait quasiment de la diffamation, en insinuant qu'on aurait là une ministre, même pas installée dans ses nouveaux bureaux, et qui serait déjà préoccupée par le souci de fermer les yeux sur les exactions - entre nous, les actes d'incivilité des jeunes de banlieue relèvent, dans 98 % des cas, bien plus souvent des petits larcins que de la grande criminalité ; dans le cas contraire, ça se saurait ! - des petites frappes hantant les quartiers sensibles. Affirmation d'autant plus étonnante que, je le répète, Christiane Taubira n'a encore livré aucune interview, n'est passée dans aucune émission de radio ou de télévision, et encore moins livré la moindre circulaire à destination des tribunaux qui tendrait à un relâchement de la vigilance et de la répression. On se demande, donc, d'où Eric Zemmour tient ses informations sur un supposé manichéisme de la ministre (cf. Mais la réalité, Christiane Taubira n'en a cure ; elle applique un dogme...).

Ce qui est aussi gênant est que les 60 propositions de François Hollande ainsi que les projets socialistes en matière de justice ne soient évoqués nulle part. La radicale de gauche Christiane Taubira aurait donc tout concocté dans son coin ! Et là, il faut bien parler de mauvaise foi de la part de Zemmour, voire de désinformation. Voilà ce qu'aurait pu lui rétorquer un Nicolas Domenach ou un Christophe Barbier sur ITélé, voire un auditeur sur RTL, dans le cadre d'une émission comme "Les auditeurs ont la parole" ! C'est tout le problème : ces propos n'étaient pas faits pour un programme microscopique de trois minutes. C'est tout. 

Là où Zemmour aggrave son cas, c'est quand il affirme ceci : ces pauvres enfants sont victimes d’une société qui les rejette par xénophobie et racisme. En quelques jours, Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes et les jeunes de banlieue sont dans le bon camp à protéger, les hommes blancs dans le mauvais.

Et là, je saute au plafond, devant de telles insinuations, plus que tendancieuses. Où il nous est affirmé que les petites frappes de banlieue, qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi parfois..., sont d'origine étrangère, voire d'une autre race que la race  blanche, sinon, pourquoi parler de racisme ? Et pour couronner le tout, les bourreaux, selon la conception - forcément manichéenne - de Christiane Taubira, et contre lesquels elle aimerait agir avec un maximum de fermeté sont forcément des hommes blancs...

Pour résumer la pensée zemmourienne, Christiane Taubira serait comme une maman compatissante pour les petits criminels - forcément non blancs - de la banlieue, tout en manifestant la plus grande fermeté pour les harceleurs - forcément blancs - promis à la prison. Autant dire que l'on accuse Taubira de racisme.

Mais ce n'est pas tout : Taubira agit surtout par calcul électoraliste bien plus que par conviction - d'où la contradiction avec le thème de la compassion ! -, dès lors que ceux qu'elle entend protéger votent massivement à gauche, là où François Hollande a réalisé des scores de dictateur africain...

La chute du papier entend opposer une Christiane Taubira dans le rôle de la franc-tireuse isolée par rapport à un gouvernement qui se serait assagi : la ministre de la Justice a pris de vitesse son collègue de l’Intérieur, le premier ministre et le président de la République lui-même ; elle a donné une couleur angélique aux débuts de la gauche, qui la ramène là où elle ne voulait pas forcément revenir.

Rappelons, en passant, que le ministre de l'Intérieur n'a rien à voir avec l'élaboration des lois ! Quant à l'angélisme supposé de Taubira et au cavalier seul qu'elle aurait été tentée de jouer par rapport à Hollande et à Ayrault, l'argument laisse quelque peu pantois et dubitatif, surtout lorsqu'il nous est suggéré que les orientations de la ministre de la Justice renoueraient avec un passé vers lequel la gauche ne voulait pas forcément revenir. Et là on s'interroge : "Ah bon ?".

Question : Zemmour en a-t-il trop fait ou trop dit, histoire de sauver ses amis de l'UMP d'un naufrage annoncé aux législatives ? 

Comme je le laissais entendre plus haut, il se trouve que l'émission On refait le monde débouche chaque soir sur le choix par les auditeurs d'une langue de vipère, domaine où les débatteurs de droite (Lévy et la bande du Figaro : Rioufol, Tréard, Buisson, Slama) se taillent la part du lion. On peut raisonnablement en déduire que l'auditoire de cette radio - et/ou, en tout cas, de cette tranche horaire - est massivement marqué à droite. Le sachant, Zemmour est dans son rôle en donnant du grain à moudre à une clientèle qu'il sait majoritairement acquise à sa cause. C'est de bonne guerre, non ? Dans ces conditions, je ne vois pas très bien de quoi se plaindrait la direction de la "première radio de France" ? 

On va probablement me parler de déontologie et d'équilibre dans les propos tenus par les chroniqueurs et éditorialistes. Et c'est là que moi, patron de RTL, je ne manque pas d'idées !


D. Et si j'étais le patron de RTL ?

Ben, je me féliciterais d'abord d'avoir un chroniqueur matinal capable de séduire l'auditoire. Entre nous, il est où le problème ? Première radio de France ? Ça veut dire que l'auditoire approuve massivement votre grille de programmes, non ?

Dans ces conditions, ça servirait à quoi de chercher des poux sur la tête d'Eric Zemmour, sinon à prendre le risque d'avoir une contre-réaction du public comme celle qui s'est produite il y a quelques années, avec l'éviction de Philippe Bouvard des Grosses Têtes, histoire de rajeunir l'émission. L'infortuné Christophe Dechavanne en a fait les frais.

Et c'est là que je m'interroge : on entend tous les jours des sollicitations du type "Envoyez un SMS", "appelez le 39 10", etc. Bref, le public est ultra-sollicité ; on lui demande de prendre position, de voter pour un tel ou contre une telle, etc. Mais pourquoi diable n'interroge-t-on jamais les chers z'auditeurs et z'auditrices sur la grille des programmes ? Ils font bien "Stop ou encore" le samedi matin avec Vincent Perrot, non ?

Monsieur le Grand Patron de RTL, pourquoi n'interrogez-vous donc pas votre cher public, celui qui fait de vous la première radio de France, histoire de lui montrer que ses desiderata sont des ordres pour vous, en lui demandant de voter : "Stop ou encore pour ou contre Eric Zemmour ?". Vous allez me dire que le public n'a pas voix au chapitre ? Qu'il compte pour du beurre ? Que son opinion vous indiffère, sauf lorsqu'il s'agit de calculer l'audimat de Médiamétrie, grâce auquel vous allez pouvoir bâtir vos campagnes de pub et vos opérations d'autopromotion ?

Si j'étais vous, j'interrogerais le public en lui demandant de décider du sort d'Eric Zemmour ou de tout autre présentateur, chroniqueur... Parce que nous vivons au temps de la communication, n'est-ce pas ? Ou alors, toute cette technologie n'est qu'un leurre !

Et si le public de RTL lit mon blog, il votera massivement en faveur de la liberté d'opinion exprimée par Eric Zemmour, quitte à démolir tel ou tel de ses propos, comme je viens de le faire.

Parce qu'il y a à boire et à manger dans ce papier du 25 mai 2012. Et j'ai pris un certain plaisir à me coltiner avec les arguments et sous-entendus plus ou moins fallacieux, tendancieux voire malveillants de Zemmour à l'égard de Christiane Taubira. Soit dit en passant, la proposition de délivrer des récépissés lors des contrôles de police, c'est aussi Taubira ?

Voilà qui me fait penser que Zemmour et les autres chroniqueurs devraient pouvoir développer leurs pensées sur un format plus long. Duhamel et Aphatie le font déjà le jeudi matin. D'autres disposent d'On refait le monde. Zemmour n'a que ces trois minutes et des poussières quotidiennes. Pourquoi ne pas l'inviter à venir, une fois par semaine ou tous les quinze jours, défendre ses positions devant un public de contradicteurs, dans le cadre des Auditeurs ont la parole, par exemple ? Sur France Inter, ils l'ont fait à une certaine époque, dans le cadre de l'Hebdo du médiateur, où une fois par mois (trop rare !), le médiateur et un(e) journaliste ou animateur venaient répondre à quelques points de contestation soulevés par les auditeurs.

Le fait est que le format de la chronique de trois minutes est dangereux, dans la mesure où une certaine routine s'installe, le chroniqueur prenant trop l'habitude de caser des affirmations jamais contredites sur le moment. Par ailleurs, rien n'interdit à la première radio de France d'engager un avocat chargé de "briefer" les journalistes et chroniqueurs, tant il est vrai que lorsqu'il y a procès pour diffamation, par exemple, les plaignants attaquent aussi bien le/la journaliste auteur de l'article que le directeur de la publication.  

En guise de conclusion, j'adresserai mes plus vives félicitations à Christiane Taubira pour la pause médiatique et la discrétion qu'elle s'est imposées, malgré le Taubirabashing, clouant ainsi le bec à tous ses détracteurs, à commencer par Jean-François Copé. Et pour rappeler une anecdote, je revois encore une séquence où Bernard Tapie, alors frétillant ministre de la ville bien en cour auprès de François Mitterrand est en meeting électoral ou quelque chose comme ça, et fait monter sur l'estrade une femme que je ne connais pas du tout. Et là, Christiane Taubira (Delanon) va occuper l'estrade pendant pas loin de deux heures, tenant l'auditoire en haleine avec un discours entièrement improvisé, car elle n'avait pas la moindre note sous les yeux. Tout le monde en était resté baba. Entre nous, côté Q.I., cette femme en a au moins autant que Copé et bien de ses acolytes de l'UMP réunis !



Pour mémoire :


François Hollande : programme présidentiel, 60 propositions


52. Je mettrai en œuvre une nouvelle sécurité de proximité assurée par la police dans nos quartiers et la gendarmerie dans les territoires ruraux.

Je créerai des zones de sécurité prioritaires où seront concentrés davantage de moyens.

Je doublerai le nombre de centres éducatifs fermés pour les mineurs condamnés par la justice en les portant à 80 durant le quinquennat.

53. Les peines prononcées seront toutes effectivement exécutées et les prisons seront conformes à nos principes de dignité. [n.d.l.r.: ce passage controversé a été abondamment discuté voire amendé durant les campagnes électorales ; voyez la position de la Droite populaire, ci-dessous.]


Parti socialiste, programme électoral 
Modification des règles de nomination des magistrats pour garantir l'indépendance de la justice.
Suppression des peines "plancher" par respect pour le principe d'individualisation des peines.
Exécution effective de toutes les peines prononcées.
Revalorisation des moyens de la Justice pour plus d'efficacité. (Une partie des 1000 postes créés par an dans les secteurs intervenant dans la sécurité sera attribuée à la justice).

Lu sur le site de la Droite Populaire

Quelle incohérence et quelle hypocrisie de formuler de telles propositions alors que le député François Hollande a voté :

Contre les peines planchers pour les récidivistes qui constituent une arme efficace contre les délinquants sans pour autant être des peines automatiques, le juge conservant son pouvoir souverain d’appréciation au cas par cas.

P.S.

J'ai découvert l'information de manière tout à fait fortuite : Eric Zemmour aurait été débouté en appel d'une plainte au pénal contre un rappeur nommé Youssoupha.

Source
 
Les rappeurs, c'est comme les chauffeurs de taxi ou les profs de maths : il y en a des bons et des mauvais. J'avoue que je ne connaissais pas ce Youssoupha, lequel doit avoir quelques amis sur le net, à en juger par certains communiqués de victoire... 

Pour ma part, je me suis surtout intéressé à la motivation de la décision par les juges d'appel. Si j'en crois lepoint.fr, citant l'AFP :
La cour d'appel de Paris a jugé "non coupable" jeudi le rappeur Youssoupha qui avait traité de "con" le chroniqueur Éric Zemmour dans une chanson, en concluant que les propos poursuivis "n'excédaient pas les limites admissibles en matière de liberté d'expression artistique". Éric Zemmour avait porté plainte pour injure et diffamation après la diffusion sur Internet, en mars 2009, d'une chanson du deuxième album du rappeur intitulé Sur les chemins du retour. Les paroles incriminées étaient : "À force de juger nos gueules, les gens le savent qu'à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit que c'est nous, je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Éric Zemmour."La chambre de la cour d'appel spécialisée dans les affaires de presse a estimé qu'il n'y avait ni diffamation ni injure publique et débouté Éric Zemmour. Les magistrats considèrent que Éric Zemmour, "journaliste, chroniqueur et polémiste connu pour son sens pas toujours bienveillant de l'humour et de la formule", est "un personnage public" vis-à-vis duquel "une plus grande tolérance s'impose". La cour relève, par ailleurs, que le rap est "un style artistique permettant un recours possible à une certaine dose d'exagération".
Ben dites donc ! Le rap serait, donc, un style artistique, gna-gna-gni, permettant un recours possible à une certaine exagération, gna-gna-gna.

Et ce serait quoi, l'exagération admissible ? "Je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Eric Zemmour". Rien que ça ! 

Il se trouve que, ces jours-ci, un quidam refoulé par le physionomiste d'une boîte de nuit lilloise est revenu avec une Kalachnikov dont il a vidé le chargeur sur la façade de l'établissement, tuant deux personnes et en blessant quelques autres. Comme ça, pour se défouler sans doute. 

Vous avez compris qu'il y a des gens qui évacuent une contrariété bien subalterne - les boîtes de nuit à Lille, ce n'est pas ce qui doit manquer - en tuant des gens. Alors imaginez certains quidams, comme le tueur de Lille, prenant au mot ce rappeur disposé à mettre un billet... pour que quelqu'un fasse taire Eric Zemmour.

Non, je reprends tout, parce que là, je m'y prends mal ! Voyons les choses autrement : imaginez que ce rappeur ait déclaré mettre un billet sur la tête de celui qui ferait taire tel ou tel juge... Il y a des milieux où cela s'appelle un "contrat". Et des juges assassinés, sur contrat, on en a vus en Italie et ailleurs, mais aussi en France !

Désormais, les mauvais rappeurs de France et de Navarre savent qu'ils pourront mettre "un billet"... pour faire taire quelqu'un, n'importe qui, forcément, un juge par exemple. Il n'y aurait pas là de quoi fouetter un chat, n'est-ce pas ? Rappelons encore que dans moult cités marseillaises, ces derniers mois, des contrats ont été exécutés, conduisant à la mort prématurée de plus d'un quidam dont le plus jeune (apparemment chargé de faire le guet pour couvrir des dealers) devait avoir autour de douze ans, le tout à coups de Kalachnikov. Ne parlons même pas de la Corse !

Vous voulez que je vous dise ? Les juges français sont censés jouir d'une faculté proche de l'infaillibilité papale, puisque leurs décisions sont réputées inattaquables, en tout cas, in-critiquables. Voilà qui me met parfaitement à l'aise pour affirmer que cet arrêt d'appel est une des décisions les plus stupides rendues par des magistrats visiblement distraits, car ayant oublié qu'ils agissaient AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS, et que, par ailleurs, rien ne les autorise à se livrer à des interprétations hasardeuses des lois en vigueur.

Moi, j'ai pris ce "billet sur la tête..." pour un appel, sinon au meurtre, mais à tout le moins à la violence physique contre quelqu'un qui se contente de faire de la rhétorique. C'est le linguiste Alain Bentolila qui racontait cette anecdote concernant un "pétage de plombs" de prévenus comparaissant dans un tribunal, tout simplement parce que la subtilité de certains propos leur échappant, ils n'ont rien trouvé de mieux à faire que de répondre par la violence physique, dernier refuge de ceux qui ne savent pas débattre faute d'une instruction suffisante. Quand on ne sait plus contrer son adversaire avec des mots, disait Bentolila, on en est réduit à faire le coup de poing.

Il y a visiblement, au sein de la magistrature, des gens appartenant aux milieux sociaux les plus raffinés, titulaires de diplômes de hautes études universitaires et ayant une maîtrise particulièrement fine de la sémantique et de la polysémie - la capacité pour un même mot d'être investi de sens différents, ce qui permet d'introduire de la nuance dans son propos. Ce que je sais aussi, c'est qu'il y a pas mal de ces magistrats,  pour ne pas dire l'écrasante majorité d'entre eux, qui voient défiler dans les prétoires des quidams sachant à peine lire et écrire - les prisons étant pleines de toutes sortes de débiles et de cas sociaux -, et dont la maîtrise de la subtilité des nuances d'un propos, selon qu'on le prend au premier, au deuxième, au troisième... degré, est loin d'être évidente.

Je trouve, donc, particulièrement navrant de voir des juges jouer à ce point aux apprentis-sorciers. 

Cela dit, je rassure ce rappeur : ce n'est pas demain la veille qu'il me comptera parmi ses fans. 


Le vrai rap est surtout américain, avec des manieurs de rimes exceptionnels, dont le "petit Blanc" Eminem n'est pas le plus mauvais. En France, j'ai bien aimé ces grands "rimailleurs" que sont (étaient ?) les Fabulous Trobadors, qu'on n'entend plus beaucoup, et la galaxie autour d'IAM. Pour le reste, il y a à boire et à manger.