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lundi 23 janvier 2023

Quand les déclarations d'Angela Merkel révèlent le niveau de cynisme des Occidentaux

Scott Ritter est un ancien officier U.S. qui semble avoir réussi sa reconversion comme géo-politologue. Ses papiers sont toujours excellents et je ne comprends, donc, pas pourquoi Twitter s'acharne à bloquer son compte ! Je vous soumets, ci-dessous, ma traduction de son analyse de récentes déclarations d'Angela Merkel. 

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La guerre, semble-t-il, est la seule option que les adversaires de la Russie aient jamais envisagée.

Les récents commentaires de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel ont mis en lumière le jeu de duplicité joué par l'Allemagne, la France, l'Ukraine et les États-Unis lors de la préparation de l'invasion russe de l'Ukraine en février.

Alors que la soi-disant "Alliance occidentale" (les États-Unis, l'OTAN, l'UE et le G7) continue de prétendre que l'invasion de l'Ukraine par la Russie était un acte d'"agression non provoquée", la réalité est bien différente : la Russie a été dupée quand on lui a fait croire qu'il y avait une solution diplomatique à la violence qui avait éclaté dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, à la suite du coup d'État de Maïdan soutenu par les États-Unis en 2014 à Kiev.

Au lieu de cela, l'Ukraine et ses partenaires occidentaux gagnaient simplement du temps jusqu'à ce que l'OTAN puisse construire une armée ukrainienne capable de capturer le Donbass dans son intégralité, ainsi que d'expulser la Russie de Crimée.

Dans une interview de la semaine dernière avec Der Spiegel, Merkel a fait allusion au compromis de Munich de 1938. Elle a comparé les choix que l'ancien Premier ministre britannique Neville Chamberlain a dû faire concernant l'Allemagne nazie avec sa décision de s'opposer à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, lorsque la question a été soulevée lors du sommet de l'OTAN de 2008 à Bucarest.

En retardant l'adhésion à l'OTAN, et plus tard en faisant pression pour les accords de Minsk, Merkel croyait qu'elle gagnait du temps pour l'Ukraine afin qu'elle puisse mieux résister à une attaque russe, tout comme Chamberlain croyait qu'il gagnait du temps pour le Royaume-Uni et la France pour rassembler leurs forces contre L'Allemagne hitlérienne.

Le bilan de cette rétrospective est stupéfiant. Oubliez un instant le fait que Merkel comparât la menace posée par le régime nazi d'Hitler à celle de la Russie de Vladimir Poutine, et concentrez-vous plutôt sur le fait que Merkel savait qu'inviter l'Ukraine dans l'OTAN déclencherait une réponse militaire russe.

Plutôt que de rejeter complètement cette possibilité, Merkel a plutôt poursuivi une politique visant à rendre l'Ukraine capable de résister à une telle attaque.

La guerre, semble-t-il, était la seule option que les adversaires de la Russie aient jamais envisagée.

 

Poutine : Minsk fut une erreur

Les commentaires de Merkel sont parallèles à ceux faits en juin par l'ancien président ukrainien Petro Porochenko à plusieurs médias occidentaux. "Notre objectif", a déclaré Porochenko, "était d'abord d'arrêter la menace, ou du moins de retarder la guerre - de garantir huit ans pour restaurer la croissance économique et créer de puissantes forces armées". Porochenko a clairement indiqué que l'Ukraine n'était pas venue de bonne foi à la table des négociations sur les accords de Minsk.

C'est une prise de conscience à laquelle Poutine est également parvenu. Lors d'une récente réunion avec des épouses russes et des mères de soldats russes combattant en Ukraine, dont quelques veuves de soldats tombés au combat, Poutine a reconnu que c'était une erreur d'accepter les accords de Minsk et que le problème du Donbass aurait dû être résolu par la force de armes à l'époque, surtout compte tenu du mandat que lui avait confié la Douma russe concernant l'autorisation d'utiliser les forces militaires russes en "Ukraine", et pas seulement en Crimée.

La prise de conscience tardive de Poutine devrait faire frissonner tous ceux en Occident qui fonctionnent sur l'idée fausse qu'il peut maintenant y avoir d'une manière ou d'une autre un règlement négocié du conflit russo-ukrainien.

Aucun des interlocuteurs diplomatiques de la Russie n'a fait preuve d'un minimum d'intégrité lorsqu'il s'est agit de démontrer un véritable engagement en faveur d'une résolution pacifique de la violence ethnique qui a émané des événements sanglants du Maïdan en février 2014 et qui a renversé un gouvernement démocratiquement élu et certifié par l'OSCE.

Lorsque les russophones du Donbass ont résisté au coup d'État et défendu cette élection démocratique, ils ont déclaré leur indépendance vis-à-vis de l'Ukraine. La réponse du régime du coup d'État de Kiev a été de lancer une attaque militaire vicieuse de huit ans contre eux, qui a tué des milliers de civils. Poutine a attendu huit ans pour reconnaître leur indépendance, puis a lancé une invasion à grande échelle du Donbass en février.

Il avait auparavant espéré que les accords de Minsk, garantis par l'Allemagne et la France et approuvés à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU (y compris par les États-Unis), résoudraient la crise en donnant l'autonomie au Donbass tout en le maintenant au sein de l'Ukraine. Mais Kiev n'a jamais mis en œuvre les accords et n'a pas été suffisamment poussé à le faire par l'Occident.

Le détachement montré par l'Occident, alors que tous les piliers de la légitimité s'effondraient à vue d'oeil – ​​des observateurs de l'OSCE (dont certains, selon la Russie, fournissaient à l'armée ukrainienne des renseignements ciblés sur les forces séparatistes russes) ; au jumelage du Format Normandie entre l'Allemagne et la France, censé garantir la mise en œuvre des accords de Minsk ; aux États-Unis, dont l'assistance militaire "défensive" autoproclamée à l'Ukraine de 2015 à 2022 n'était guère plus qu'un loup déguisé en mouton - tout cela soulignait la dure réalité qu'il n'y aurait jamais de règlement pacifique des problèmes qui sous-tendent le Conflit russo-ukrainien.

Et il n'y en aura jamais.

La guerre, semble-t-il, était la solution recherchée par "l'Occident collectif", et la guerre est la solution recherchée par la Russie aujourd'hui.

 

Semez le vent, récoltez la tempête.

À la réflexion, Merkel ne s'est pas trompée en citant Munich 1938 comme un antécédent à la situation en Ukraine aujourd'hui. La seule différence est qu'il ne s'agissait pas de nobles Allemands cherchant à repousser les Russes brutaux, mais plutôt d'Allemands fourbes (et d'autres Occidentaux) cherchant à tromper des Russes crédules.

Cela ne finira bien ni pour l'Allemagne, ni pour l'Ukraine, ni pour aucun de ceux qui se sont drapés dans le manteau de la diplomatie, tout en cachant à la vue l'épée qu'ils tenaient derrière leur dos.

 

Scott Ritter est un ancien officier du renseignement de l'U.S. Marine Corps qui a servi dans l'ex-Union soviétique pour mettre en œuvre des traités de contrôle des armements, dans le golfe Persique lors de l'opération Desert Storm et en Irak pour superviser le désarmement des(dites) Armes de Destruction Massive. Son livre le plus récent est Disarmament in the Time of Perestroika, publié par Clarity Press.


Source

Lecture utile : on croise encore, ici ou là, deux ou trois gogos faisant mine de ne pas comprendre le niveau de pourriture atteint par cette organisation mafieuse baptisée OTAN. Voici un lien vers une enquête internationale de facture universitaire livrant quelques vérités méconnues sur le coup d'État piloté par ladite mafia sur la Place Maïdan. C'est un peu long à traduire, mais bon, on espère pouvoir le traduire un jour. Sur la Place Maïdan, le but de certains margoulins (pilotés depuis l'étranger) était de provoquer un bain de sang afin d'en accuser le président Janukovitch, ce qui explique que les mêmes armes aient tiré des deux côtés, pour tuer et des manifestants et des policiers. 

The Snipers' Massacre on the Maidan in Ukraine

dimanche 8 janvier 2023

Signé Condoleeza Rice, Robert Gates : Le temps ne travaille pas pour l'Ukraine. Time is not on Ukraine’s side

Ce qui suit est un article signé Condoleeza Rice et Robert Gates pour le WaPo (Washington Post) que j'ai traduit pour un public francophone, mais que bien d'autres publics pourront consulter à l'aide de ce bon vieux traducteur que vous apercevez tout en haut. Par parenthèse, il serait temps que tous les sites de l'Internet 2.0 s'équipent d'une traduction automatique (même si elle n'est pas parfaite), à l'instar de Blogger, qui, il est vrai, est une succursale de Google, ceci expliquant cela. Cela dit, venant de "warmongers" (va-t-en-guerre) U.S., ce texte contient plus d'une assertion oiseuse que je me dispenserai de commenter. L'Histoire sera le meilleur juge.

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Le temps ne travaille pas pour l'Ukraine

Condoleezza Rice a été secrétaire d'État U.S. de 2005 à 2009. Robert M. Gates a été secrétaire à la Défense de 2006 à 2011.

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, la seule chose qui soit certaine, à l'heure actuelle, c'est que les combats et la destruction continueront.

Vladimir Poutine reste pleinement déterminé à ramener toute l'Ukraine sous contrôle russe ou, à défaut, à la détruire en tant que pays viable. Il croit que c'est son destin historique - sa mission messianique - de rétablir l'Empire russe et, comme Zbigniew Brzezinski l'a observé il y a des années, il ne peut y avoir d'Empire russe sans l'Ukraine.

Nous avons tous les deux eu affaire à Poutine à plusieurs reprises, et nous sommes convaincus qu'il croit que le temps est de son côté : qu'il peut épuiser les Ukrainiens et que l'unité américaine et européenne et le soutien à l'Ukraine finiront par s'éroder et se fracturer. Certes, l'économie et le peuple russes souffriront de la poursuite de la guerre, mais les Russes ont enduré bien pire.

Pour Poutine, la défaite n'est pas une option. Il ne peut pas céder à l'Ukraine les quatre provinces orientales qu'il a déclarées faire partie de la Russie. S'il ne peut pas réussir militairement cette année, il doit conserver le contrôle des positions dans l'est et le sud de l'Ukraine qui fourniront de futurs points de départ pour de nouvelles offensives pour prendre le reste de la côte ukrainienne de la mer Noire, contrôler toute la région du Donbass, puis se déplacer vers l'ouest. Huit ans ont séparé la prise de la Crimée par la Russie et l'invasion d'il y a près d'un an. Comptez sur Poutine pour être patient afin d'accomplir son destin.

Pendant ce temps, bien que la réponse de l'Ukraine à l'invasion ait été héroïque et que son armée se soit brillamment comportée, l'économie du pays est en ruine, des millions de ses habitants ont fui, ses infrastructures sont en train d'être détruites et une grande partie de ses richesses minérales, de sa capacité industrielle et de ses possessions considérables en terres agricoles sont sous contrôle russe. La capacité militaire et l'économie de l'Ukraine dépendent désormais presque entièrement des bouées de sauvetage de l'Occident, principalement des États-Unis. En l'absence d'une autre percée ukrainienne majeure et d'un succès contre les forces russes, les pressions occidentales sur l'Ukraine pour négocier un cessez-le-feu augmenteront au fil des mois d'impasse militaire. Dans les circonstances actuelles, tout cessez-le-feu négocié laisserait les forces russes en position de force pour reprendre leur invasion dès qu'elles seront prêtes. C'est inacceptable.

La seule façon d'éviter un tel scénario est que les États-Unis et leurs alliés fournissent d'urgence à l'Ukraine une augmentation spectaculaire des fournitures et des capacités militaires - suffisante pour dissuader une nouvelle offensive russe et permettre à l'Ukraine de repousser les forces russes à l'est et au sud. Le congrès a fourni assez d'argent pour payer un tel renforcement ; ce qu'il faut maintenant, ce sont les décisions des États-Unis et de leurs alliés de fournir aux Ukrainiens l'équipement militaire supplémentaire dont ils ont besoin - avant tout, des blindés mobiles. L'accord américain de jeudi dernier pour fournir des véhicules de combat Bradley est louable, même s'il est tardif. Parce qu'il y a de sérieux défis logistiques associés à l'envoi de chars lourds américains Abrams, l'Allemagne et d'autres alliés devraient répondre à ce besoin. Les membres de l'OTAN devraient également fournir aux Ukrainiens des missiles à plus longue portée, des drones avancés, d'importants stocks de munitions (y compris des obus d'artillerie), davantage de capacités de reconnaissance et de surveillance et d'autres équipements. Ces capacités sont nécessaires en semaines, pas en mois.

De plus en plus de membres du Congrès et d'autres personnes dans notre discours public demandent : "Pourquoi devrions-nous nous en soucier ? Ce n'est pas notre combat.". Mais les États-Unis ont appris à leurs dépens – en 1914, 1941 et 2001 – qu'une agression et des attaques non provoquées contre l'État de droit et l'ordre international ne peuvent être ignorées. Finalement, notre sécurité a été menacée et nous avons été entraînés dans un conflit. Cette fois, les économies du monde - y compris la nôtre - voient déjà l'impact inflationniste et le ralentissement de la croissance causés par l'agressivité obstinée de Poutine. Il vaut mieux l'arrêter maintenant, avant que l'on en demande davantage aux États-Unis et à l'OTAN dans son ensemble. Nous avons un partenaire déterminé en Ukraine qui est prêt à supporter les conséquences de la guerre afin que nous n'ayons pas à le faire nous-mêmes à l'avenir.

Le discours du président Volodymyr Zelensky devant le Congrès, le mois dernier, nous a rappelé le plaidoyer de Winston Churchill en février 1941 : "Donnez-nous les outils, et nous finirons le travail.". Nous sommes d'accord avec la détermination de l'administration Biden d'éviter une confrontation directe avec la Russie. Cependant, un Poutine enhardi pourrait ne pas nous donner ce choix. Le moyen d'éviter la confrontation avec la Russie à l'avenir est d'aider l'Ukraine à repousser l'envahisseur maintenant. C'est la leçon de l'histoire qui doit nous guider et qui rend urgentes les actions à entreprendre avant qu'il ne soit trop tard.

 

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