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jeudi 27 juin 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #25



Épisode §25. La première victoire politique des Gilets Jaunes...

... et le triomphe du téléphone arabe 2.0

"Un mouvement peu structuré, sans leaders officiels ou affirmés, sans ligne directrice affichée...", ainsi fut catalogué le mouvement dit des Gilets Jaunes, sous-entendu : "Ah, si seulement ces GJ voulaient bien fonctionner à l'ancienne, avec tout le fatras administratif des président, vice-président, secrétaire général, etc., c'est fou ce qu'on y verrait plus clair dans leurs intentions. Tandis que là, quel foutoir !".

Il se trouve simplement que ce "foutoir" a joué un rôle non négligeable dans la tournure française des dernières élections européennes, et je m'étonne - enfin, on se comprend ! - de la discrétion de Sioux affichée par nos politologues, profs à Science Po' et autres politocrates en la matière. Rendez-vous compte : ce pays - la France - habitué à pondre une dizaine de sondages politiques par semaine, n'a toujours pas trouvé le temps d'analyser par le menu les raisons de l'échec - que dis-je ! - du fiasco de la liste soutenue par le roi, pardon !, par le président de la République. 

Ce dernier s'est pourtant copieusement démené, allant jusqu'à nous promettre, croix de bois, croix de fer (si je mens je vais en enfer !), qu'il n'était pas question que le Rassemblement National vire en tête au soir de ces élections européennes.
Et qu'a-t-on vu ? Enfer et damnation ! Stupeur et consternation ! Le Rassemblement National vire bel et bien en tête des élections pour le Parlement Européen !

Curieusement, du côté de la presse dite "mainstream", c'est tout juste si l'on a noté la déroute du clan présidentiel, préférant se focaliser sur Les Insoumis ou Les Républicains. Flagornerie quand tu nous tiens !

Et comme, visiblement, nos éminents politocrates ont la mémoire courte, appliquons-nous à la leur rafraîchir.

 

Citation : 
A neuf jours des élections européennes, Emmanuel Macron s'attaque de nouveau frontalement au Rassemblement national. Le RN, "ce sont les sortants. Qu'ont fait les sortants? Ils ont voté contre tous les projets que la France a défendus en Europe y compris pour nous protéger", a dénoncé vendredi le chef de l'Etat face à des journalistes, lors d'un déplacement à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), consacré à la préparation du sommet du G7 que la station balnéaire basque accueillera du 24 au 26 août.
(...)
Le chef de l'Etat a assuré qu'il allait continuer à s'exprimer sur l'Europe d'ici au 26 mai, mais en indiquant ne pas savoir sous quelle forme (entretien à des journaux, intervention sur des réseaux sociaux...) Ses déclarations ont suscité la colère dans les rangs du Rassemblement national.
(…)
"Emmanuel Macron détourne la fonction présidentielle et en abuse pour se comporter en véritable chef de clan", a immédiatement rétorqué sur Twitter la tête de liste RN Jordan Bardella. Steeve Briois, vice-président du parti a lui fustigé "un chef de gang. Un gang qui a mis la France à feu et à sang", qualifiant le président de "honte". (JDD)
 
"Le RN ce sont les sortants...". Comme dirait l'autre, ça ne s'invente pas, n'est-ce pas !?!?!

Rappelons simplement qu'il s'agissait d'élections au Parlement Européen, instance au sein de laquelle la majorité sortante était essentiellement constituée autour du PPE et des Socio-démocrates européens. Autant dire que la formule "Le RN ce sont les sortants" est une totale ineptie !

Constatons, par ailleurs, que les présidents français s'étaient toujours appliqués à ne pas parler de politique intérieure lors de déplacements à l'étranger, tradition qui semble avoir fait long feu...



"Le président de la République lors de sa conférence de presse à Sibiu, en Roumanie, le 9 mai 2019."

Observons simplement que toute cette fébrilité n'a pas fait tiquer grand monde, ce qui ne peut que rehausser l'originalité de l'analyse qui suit.
Elections européennes : "En mettant tout son poids dans la balance, Emmanuel Macron fait un cadeau à Marine Le Pen"

Ce samedi, Catherine Nay décrypte la stratégie d'Emmanuel Macron pour battre le Rassemblement national lors des élections européennes.

Les élections européennes, c'est dans 15 jours. Le Président Macron a profité du sommet européen de Sibiu, en Roumanie, pour dramatiser les enjeux. Il fera tout, a-t-il dit, pour empêcher le Rassemblement National d'arriver en tête, comme si cette élection se résumait à un duel avec Marine Le Pen. Alors, utile ou dangereux ?

Les deux ! L'heure est en effet à la dramatisation puisque la liste Renaissance, conduite par Nathalie Loiseau, et celle du Rassemblement National sont à égalité. 22% des intentions de vote. Pour le Président, l'alternative est claire : est-ce qu'on veut encore construire l'Europe, même différente et en améliorant les choses ? Ou en contraire, déconstruire, détruire, revenir au nationalisme. La question se pose puisque les partis nationalistes européens devraient entrer en force au Parlement de Strasbourg. 180 sièges, soit un quart de l'hémicycle. Une mosaïque d'une très grande complexité. (...)
En mettant tout son poids dans la balance, Emmanuel Macron fait un cadeau à Marine Le Pen. Que dit-elle ? Qu'il transforme ainsi cette élection en référendum pour ou contre lui. Et s'il perd, il devrait avoir la dignité et l'honneur de partir comme De Gaulle. Ce qui n'a aucun sens puisqu'Emmanuel Macron ne partira pas, mais qui est une invite aux opposants de Macron, qui sont nombreux. Elle leur dit : "votez pour moi", elle drague les "gilets jaunes". Il y a 34 listes, ce qui souligne la fracturation du pays.

Les Républicains sont les seuls à faire plus de 10%. Et la France insoumise et Europe Ecologie entre 7 et 10. Mais tous les autres, qui ne feront pas 5%, n'ont aucune chance d'avoir un élu. Donc Marine Le Pen dit à cela : le vote utile, c'est moi, puisque vous êtes tous contre Macron.(Europe 1)


Précisément,  en parcourant les innombrables forums de discussion disponibles en ligne, on sentait bien, du côté des Gilets Jaunes, un flou de moins en moins opaque à mesure qu'approchait le scrutin européen. Bien évidemment, aucune personnalité "emblématique" animant le mouvement n'avait ouvertement annoncé la couleur, hormis le fait qu'il fallait barrer la route à la liste "Macron". On peut passer sous silence les pauvres égarés (Cauchy, Chalençon, Lalanne...) partis s'acoquiner qui avec Dupont-Aignan, qui avec Philippot..., et dont on sentait très bien, en parcourant les forums, que leurs chances de subsister étaient à peu près nulles.

Toujours est-il que la consigne, apparue sur le mode "subliminal", était "Tout sauf Macron", sans autre précision.


Dès février, Eric Drouet avait annoncé qu'il comptait faire "un post [Facebook] ou un sondage [sur les européennes] pour qu'on soit tous raccord. Je n'ai pas d'avis dessus mais il faudra qu'on ait tous le même", estimait-il, avant de poursuivre: "Oui on peut voter ce qu'on veut mais ce serait bien qu'on ne se disperse pas sur les personnes à voter et qu'on donne plus de force contre Macron. Si on peut essayer de s'entendre dessus, on verra."

De son côté, Maxime Nicolle a expliqué dans une longue vidéo en mars sur Facebook Live pourquoi il encourageait les Gilets jaunes à aller voter aux européennes sans appeler à choisir une liste en particulier. "J'appelle à voter personne. Ce n'est pas moi qui vais vous dire : 'votez untel' ou 'ne votez pas untel'. La seule chose que je vous dis c'est : 'Ne votez pas Macron'."

Dans cette vidéo, l'intérimaire breton met en garde les Gilets jaunes sur "l'abstention différentielle", soit la démobilisation d'une partie spécifique de l'électorat permettant à l'autre camp d'obtenir un score plus important que celui des sondages, et souvent de gagner. "L'abstention différentielle, c'est le fait que la classe moyenne inférieure [les Gilets jaunes dans son raisonnement, NDLR] ne s'intéresse pas à cette élection. Donc, il y a un très fort taux d'abstention. En revanche, chez les classes supérieures [qui votent Macron pour Nicolle, NDLR], il y a un taux d'abstention très faible", résume-t-il, à sa façon. (…)
Le chef de l'Etat s'est donné pour objectif d'arriver en tête du scrutin devant le Rassemblement national de Marine Le Pen. Autre figure des Gilets jaunes, Jérôme Rodrigues est conscient de cet enjeu : "J'appelle aujourd'hui aux européennes à faire un vote anti-Macron, quitte à ce qu'il finisse deuxième, qu'il redescende un petit peu d'un étage, qu'il redevienne un petit peu terre à terre et qu'il vienne nous servir nous plutôt que les plus riches", a déclaré Jérôme Rodrigues, samedi à Lyon avant le départ de la manifestation des Gilets jaunes. (JDD)

Comme il fallait s'y attendre, à la suite du scrutin européen, on a eu droit aux commentaires de ceux qui faisaient mine de croire à la légitimité des listes "jaunes" tout en insistant sur la déroute du mouvement.


Le mouvement était déjà à la peine lors des derniers samedis de mobilisation. Mais les gilets jaunes n'ont pas non plus séduit dans les urnes, dimanche. Assiste-t-on à la fin du mouvement social ?

Les élections européennes auront-elles eu raison des gilets jaunes ? Alors que l'essoufflement de la mobilisation grandit de samedi en samedi, les manifestants n'ont pas fait mieux dans les urnes ce dimanche. Avec 0,54% des voix pour l'Alliance jaune du chanteur Francis Lalanne et 0,01% pour sa concurrente Évolution citoyenne, menée par Christophe Chalençon, les deux listes qui se revendiquaient des jaunes arrivent loin du seuil de remboursement de la campagne fixé à 3 %, et encore plus du palier des 5 %, nécessaire pour obtenir un élu. Les gilets jaunes ont-ils pour autant dit leur dernier mot ? Pas si sûr.

Le score d'hier n'est pas un désaveu pour le mouvement, martèlent les têtes d'affiche des manifestants. Et ce car celui-ci a, dans sa majorité, largement critiqué ces listes dès leur lancement. "Certains ont voulu surfer sur la vague jaune, mais il était normal de ne pas participer à ça, on est un mouvement apolitique", commente ainsi auprès de L'Express Jérôme Rodrigues, figure emblématique des gilets jaunes. "Lalanne, je n'ai rien contre lui mais il aurait dû écouter quand on lui disait : 'Les gars ne veulent pas de listes gilets jaunes.'" (L'Express)

"Alors que l'essoufflement de la mobilisation grandit de samedi en samedi, les manifestants n'ont pas fait mieux dans les urnes ce dimanche.", etc. Bel exercice de désinformation dans lequel d'aucuns - titulaires de la carte de presse ! - sont passés maîtres.

Ce qui suit semble un peu plus nuancé. Toujours est-il qu'il est bien plus intéressant de ne jamais parler en lieu et place des intéressés eux-mêmes.


La vague jaune sortie dans les rues n’est pas entrée dans les urnes. Les deux listes issues des Gilets jaunes ont recueilli à peine 1% des suffrages aux élections européennes ce dimanche 27 mai. "Alliance jaune", menée par Francis Lalanne, n’a récolté que 0,5% et "Evolution citoyenne", de Christophe Chalençon, moins de 0,5% des voix.

Une rouste qui ne surprend personne. Encore moins sur Facebook, où la colère s’est cristallisée avant de faire naître la contestation en novembre dernier. Car tout au long de la campagne, les membres des différents groupes de Gilets jaunes n’ont cessé de rappeler qu’aucune des listes ne pouvait se revendiquer du mouvement. Maxime Nicolle, invité sur Sud Radio le soir des élections, a estimé que cette défaite "correspondait avec ce que les manifestants voulaient depuis le début : ne pas être un parti".

C'est pourquoi, chez certains, le bonheur est à son comble. Ramous, l’une des figures des Gilets jaunes sur Facebook, s’est félicité, dans une vidéo vue plus de 68.000 fois en douze heures, du "naufrage" d’Emmanuel Macron. Surexcité, cet ancien chroniqueur de Touche pas à mon poste met un "carton rouge" au chef de l'Etat avec la musique du film Titanic en fond sonore. "On ne fête pas la victoire d’un parti, parce que vous êtes tous les mêmes pourris (…) mais on fête la défaite d’un dictateur", lance-t-il.

Une opinion que partage Laëtitia Dewalle. Proche d’Eric Drouet, cette Gilet jaune médiatisée estime elle aussi qu’on n’en a "rien à faire du premier", et préfère remettre en cause la "légitimité" du président de la République. "Macron a moins d’un votant sur quatre (…) Les urnes ont parlé !", écrit-t-elle sur les réseaux sociaux. (LCI)

Une rouste qui ne surprend personne. Encore moins sur Facebook (...) différents groupes de Gilets jaunes n’ont cessé de rappeler qu’aucune des listes ne pouvait se revendiquer du mouvement. 

Voilà qui a le mérite d'être clair, non ?!

A l'occasion de l'unique tour des élections européennes organisé ce dimanche 26 mai, le Huffingtonpost révèle que de nombreux gilets jaunes ont affiché sur Facebook leur carte d'électeur brûlée ou tamponnée. 

Premier rendez-vous électoral depuis le début du mouvement des gilets jaunes, le scrutin des Européennes était attendu comme un éventuel couperet pour Emmanuel Macron.

Ce dimanche 26 mai, de nombreux électeurs ayant participé aux rassemblements des gilets jaunes ont souhaité profiter de cette occasion pour exprimer leur mécontentement contre le pouvoir en place. Alors que la participation était en forte hausse à 19 heures (52%) par rapport à 2014 (42,43%), le Huffingtonpost indique que des gilets jaunes, vêtus de leur chasuble, ont fait part de leur motivation de sanctionner la politique d'Emmanuel Macron en publiant sur Facebook leur carte électorale dûment tamponnée. Un acte symbolique qui s'est traduit dans les urnes par le score à 20 heures de la liste LREM menée par Nathalie Loiseau (21,9%). (Actu.Orange.fr)

Et c'est là qu'on aurait aimé entendre ou lire les analyses de nos experts en sondologie, qui font de la France probablement la plus grande consommatrice de sondages politiques au monde. Quid, en effet, de l'impact des Gilets Jaunes sur le dernier scrutin européen ?  Pour toute réponse, on a eu droit à un 'motus et bouche cousue', tandis que d'aucuns se perdent en conjectures, ou alors, pas vraiment...

À la grande surprise des docteurs en sciences politiques, ces voix se sont évaporées. Perdues dans un grand trou noir. Leur liste, quasi farlelue, n’a obtenu qu’une poignée de suffrages. Et tous les autres ? Comment retrouver leurs traces ?

A priori, contrairement à ce que les gens de la France Insoumise ont espéré, les Indignés du bitume n’ont pas apporté le moindre soutien à leur parti, principal perdant de ce rendez-vous européen. Le score de 6,5% est un échec retentissant pour Jean-Luc Mélenchon. Sa défense rugueuse et radicale des « gilets jaunes », accompagnée par tous les dirigeants de LFI, est visiblement une erreur tactique. Elle a affaibli considérablement son leader pour les années à venir. On peut dire la même chose pour Laurent Wauquiez, lequel est allé jusquà porter lui-même la chasuble des rebelles des ronds-points. Posture étrange pour un représentant du parti de l’ordre et d’une bourgeoisie de province ayant une passion modérée pour les mouvements de rue. En courant, un temps, derrière les « gilets jaunes », le patron de LR s’est mis dans un sale pétrin et pourrait bien payer les pots cassés de cette tactique hasardeuse. (…)
Mais alors, direz-vous, où est donc passé le vote des « gilets jaunes » ? Chez Marine Le Pen, bien sûr. La patronne du Rassemblement National, avec une habileté réelle, ne s’est pas jetée dans les bras des promeneurs hebdomadaires. Elle les a tenus à distance, sans les contrarier, sans les flatter, gardant une stature de représentante de l’ordre républicain. Elle a appliqué le précepte généralement utilisé en amour « Suis-le, il te fuit. Fuis-le, il te suit ». Que représenterait le pourcentage du vote des Gilets jaunes dans le résultat du Rassemblement National ? Deux, trois, voire quatre pour cent ? Impossible de le savoir avec précision tant ces militants du troisième type jouent les électeurs masqués. Une seule certitude : ils ne sont pas rués chez Laurent Wauquiez ou chez Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr, la déroute électorale de ces deux dirigeants ne se réduit pas à cette question, mais il est certain que leur posture de « copains des émeutiers » a effrayé une partie de leurs sympathisants respectifs. LR ou LFI rêvaient d’être une alternative crédible au duel Macron-Le Pen, donc d’eniler le costume de parti de gouvernement. Cette perspective s’éloigne de plus en plus. (NouvelObs)
Ainsi, donc, à en croire certains, les Gilets Jaunes auraient pris fait et cause pour le Rassemblement National. Et c'est aussi mon avis, du moins d'un point de vue purement conjoncturel ou tactique (= dicté par les circonstances du moment). Et si vous me demandez qui serait à l'origine de cette adhésion subite et pas vraiment annoncée auparavant, je vous répondrai sans hésitation : ben, le roi de France, pardon, enfin, je veux dire son Excellence le Président de la République ! Entre nous, je le croyais bien plus intelligent que ça !

Autant dire que le ci-devant Jupiter français s'est tiré là quelques boulets de canon dans le pied, manoeuvrant avec brio de manière à ce que le Rassemblement National sorte gagnant de ce scrutin européen.

En effet, si la consigne de départ était bien "Tout sauf Macron", rien dans les déclarations des Gilets Jaunes "canal historique" ou dans les prises de position au sein des forums de discussion ne permettait de supposer un mouvement massif en faveur de la liste Bardella.

Il se trouve simplement que c'est par son activisme et son omniprésence médiatique que notre Jupiter a fini par cristalliser un mouvement d'opinion en faveur du RN. Et là, Macron ne peut s'en prendre qu'à lui-même, ainsi qu'annoncé plus haut par Catherine Nay : (...) Marine Le Pen dit à cela : le vote utile, c'est moi, puisque vous êtes tous contre Macron. 

De fait, vote utile veut dire que l'électeur ne va pas hésiter à voter, au besoin, contre son camp de prédilection, dès lors que ce dernier n'a aucune chance de battre le parti du monarque. Ce n'est pas forcément un vote d'adhésion, mais à tout le moins, d'opportunité.

Et où nos experts en politologie ou en politocratie, mais aussi les partis politiques en général se doivent d'éplucher scrupuleusement les résultats des dernières élections européennes, c'est notamment dans la concommitance entre progression de la participation depuis les dernières européennes et poussée en faveur du parti de Marine Le Pen.

Un indice intéressant de la chose nous est fourni par La Réunion. Il se trouve que c'est le département ultramarin qui a vu la plus forte mobilisation des Gilets Jaunes. Et, comme par hasard, le Rassemblement National y est arrivé en tête dans toutes les communes, ce qui n'est quand même pas banal, et annonce des élections municipales plutôt rock'n-roll !

En tout cas, Marine Le Pen peut adresser un vibrant "Merci pour ce coup de pouce !" au monarque-président ou président-monarque. Cela dit, si j'avais un conseil à adresser à la présidente du RN, ce serait de ne pas se réjouir trop vite.

En effet, ma conviction est que les Gilets Jaunes ont surtout entendu s'appuyer sur la technique du levier (cf. Archimède), dans la mesure où "Tout sauf Macron" voulait dire que "tout levier susceptible d'entraver la marche en avant de la liste soutenue par le roi, pardon !, par le président, devait être actionné en priorité, dans un souci d'efficacité.". Le fait est que Macron a, lui-même - erreur monumentale ! - , désigné aux Gilets Jaunes le "bon" levier à actionner pour ruiner ses plans : le Rassemblement National. Et c'est là qu'on devrait voir si Marine Le Pen a la stature d'une femme d'Etat - et pas simplement d'une vulgaire aboyeuse abonnée à Twitter ! -, susceptible de lui faire transformer l'essai lors des scrutins futurs, à commencer, par exemple, par le gain de quelques municipalités en Réunion, à Mayotte, en Guyane, et pourquoi pas aussi aux Antilles, ce qui correspondrait à une déflagration nucléaire et sonnerait le commencement du démantèlement dudit "plafond de verre"... !

N'oublions pas qu'il s'est agi, aux dernières européennes, d'un scrutin proportionnel à un seul tour et sur une seule circonscription. Lors des prochaines élections (locales : municipales, départementales, régionales), les forces en présence varieront forcément de circonscription en circonscription, surtout si, comme on peut s'y attendre, les Gilets Jaunes s'engagent, cette fois, dans la bataille électorale, notamment lors des municipales, le scrutin le mieux adapté à un mouvement ouvertement anti-partis politiques.

Pour en revenir à notre sous-titre : Le téléphone arabe 2.0, il se confirme que, décidément, bien des experts de la chose sociale et politique, ceux que j'appelle des politocrates, n'ont toujours pas compris les enjeux du monde moderne, persistant à analyser les faits sociaux à l'aide de leurs vieux instruments éculés (ex. les sondages).

Il se trouve que ces mêmes "experts" n'ont pas vu venir les Gilets Jaunes, tout comme ils se sont appliqués à dévaloriser ce mouvement qui, sans chefs, ne pouvait que péricliter. Mais, des mois après, il n'avait toujours pas périclité. Oui, mais, attendez !, va-t-on nous rétorquer, vous ne voyez pas qu'ils sont de moins en moins nombreux ? Comme si un iceberg se réduisait à sa pointe émergée !

Le fait est que ce mouvement, qui n'attirerait plus grand monde dans la rue, à en croire les gazettes, a été en mesure de faire appliquer avec efficacité une consigne non dite, autant dire du type subliminal, consigne abondamment suivie par tous sous la forme d'une participation accrue des électeurs et de la défaite du clan d'un président qui avait monopolisé les média écrits et audiovisuels comme aucun des ses prédécesseurs, allant même jusqu'à se produire sur Youtube, histoire, paraît-il, de mobiliser les jeunes. On a vu avec quel résultat !



C'est dire si la performance réalisée en coulisses par les Gilets Jaunes - sans avoir l'air d'y toucher - est tout bonnement époustouflante et devrait leur donner des idées pour la suite (cf. élections municipales et ss.). Et tout cela a été rendu possible par l'antique téléphone arabe adossé aux nouvelles technologies de l'information. Et la chose n'a rien d'extraordinaire : voyez tous ces mouvements sociaux en ce moment-même, et sans chefs, au Soudan, en Algérie, au Nicaragua, à Hong-Kong...

Les politologues et autres politocrates vont devoir se faire une raison : les temps changent ! 


Petit supplément illustré

 
 



 

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jeudi 20 juin 2019

France : retour sur les dernières élections européennes #1/3


Épisode §1. À boire et à manger !

Je me dois en permanence de ne jamais oublier le caractère multiforme et cosmopolite de mon lectorat, qui ne m'intéresse pas tant par le nombre (comme je ne suis pas idiot et ai quand même quelques notions de mathématique, qui me disent que si dix visiteurs quotidiens parlent, chacun, de mon blog à dix de leurs amis, et ainsi de suite, on a une petite suite arithmétique qui fait qu'au soir du premier jour, ils seront 110 (10 + 100), suivis de mille nouveaux disciples (100 x 10) au deuxième jour, qui m'amèneront dix mille nouveaux visiteurs au troisième jour, etc., et à ce rythme, on a vite fait de dépasser le million en même pas une semaine !) mais surtout par la diversité géographique et culturelle. Comment ne pas être épaté, en effet, de constater que le blogueur lambda que je suis ait des visiteurs réguliers dans toute l'Europe, une bonne partie de l'Amérique, nord et sud, quelques pays en Asie (ex. l'Inde, mais pas encore la Chine) et en Afrique... Il faut dire que la traduction en ligne est de plus en plus performante. La révolution de Johannes Gutenberg à la puissance 10. Inimaginable il y a seulement vingt ans ! 

C'est aussi la raison pour laquelle je me dois d'instruire mes visiteurs non francophones de quelques subtilités de la langue de Molière, sans oublier le cadre géo-politico-socio-intellectuel depuis lequel je m'adresse à tous ces lecteurs inconnus. 

Et, là maintenant, j'ai l'intention de boucler une sorte de boucle, après un précédent "papier" sur les élections européennes à venir (25 mai 2019). Pour être honnête, et comme je suis plutôt allergique au blabla politico-médiatique, j'avoue n'avoir suivi cette campagne électorale que du coin d'un oeil, en m'infligeant le pensum des débats à onze, treize, quinze...

Le résultat des courses ? Reprenons quelques parcours notables.


1. Dans la rubrique R.I.P. (Rest in peace: Reposez en paix) 

Une petite pensée pour tous ceux qui se sont noyés dans le maelström de leur petit ego.


Nicolas Dupont-Aignan

Nous serons une dizaine au Parlement Européen ! Voilà ce que clamait ce capitaine Matamore avant les européennes, dans la même veine que ce qu'il clamait en 2017, avant la présidentielle : "Je serai présent au second tour.".

Son fameux parti : "Debout la France !" se réduit à sa seule personne. Cela dit, on parie combien qu'il se prépare déjà pour la présidentielle de 2022 ?

Le problème de Dupont-Aignan est que c'est visiblement un honnête homme ; tout le contraire d'un Alain Juppé ou d'un Nicolas Sarkozy... Mais suffit-il d'être un honnête homme pour convaincre, et surtout, peut-on se convertir sans états d'âme au R.I.C. après avoir été si longtemps un viscéral défenseur du bonapartisme gaulliste ?


Florian Philippot

Mâtin quel naufrage ! Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps, ce quidam squattait toutes les radios et télévisions, et ce, quasiment tous les jours. Résultat des courses : un naufrage aux élections législatives, départementales, régionales, et maintenant européennes. Florian Philippot, qui ne travaille pas beaucoup, a toujours cru que la médiatisation seule suffisait à assurer une carrière  politique. Le plus moral est quand même de voir que l'OPA sur les Gilets Jaunes a fait "pschitt".

Logiquement, il devrait retrouver son statut de... Je ne sais même pas ce qu'il a fait avant la politique. Je suppose qu'il vient de la fonction publique, à l'instar de tant de politiciens français. Entre nous, je ne vois pas très bien comment cet incompétent personnage va pouvoir échapper au naufrage  politique qui lui tend les bras...


Benoît Hamon 

Encore une victime du socialo-bonapartisme, la première de la liste étant... François Mitterrand en personne. Vous avez bien lu : Mitterrand ! J'en vois qui ont déjà oublié : Mitterrand, c'est la critique systématique du bonapartisme gaulliste, pompidolien, giscardien, quand il était dans l'opposition, et la conversion méthodique à ce même bonapartisme une fois élu président. Résultat des courses : deux septennats, deux cohabitations avec la droite. Et à son départ, qui lui succède ? Jacques Chirac, un cador de la droite la plus bonapartiste.

Le problème de Benoît Hamon, mais aussi d'une bonne partie de la gauche française, c'est l'incapacité dans laquelle se trouvent ces gens de rompre avec cette république autocratique vilipendée en son temps par Mitterrand. Et dire qu'une majorité de votants socialistes avaient fait confiance à Hamon lors des primaires de 2017 ! Mais comme il manque d'esprit scientifique et, du coup, d'humilité, voilà qu'il préfère s'en aller créer un petit groupuscule dont on ne voit pas très bien ce qu'il a d'original par rapport à la famille socialiste, le plus important, apparemment, étant d'apparaître comme le chef indiscuté de sa petite boutique !

Il me semble avoir entendu Hamon déclarer solennellement qu'en cas d'échec à ces européennes, il pourrait prendre des décisions importantes. Quoi par exemple ? Un sabordage de son groupuscule ? Comme si ce n'était pas déjà fait !


Francis Lalanne et les autres guignols "jaunes"

Pauvre "Narcisse Lalanne" (son nom de scène dans le jeu télévisé Fort Boyard) ! En tout cas, son Narcissisme a dû en prendre un sacré coup.  Quant aux autres "jaunes", associés à Dupont-Aignan ou à Philippot, ils avaient pourtant été prévenus, non ?



2. Yannick Jadot

Entre nous, il fallait le voir plastronner au soir des élections ! On aurait dit un coq de basse-cour ! À croire qu'il venait de décrocher le Prix Nobel, ou d'être élu président de la République.

Pour ma part, je persiste à penser que ce gugusse est le candidat idéal pour vous dégoûter de l'écologie.

Nous sommes le troisième parti politique de France, fut sa toute première déclaration devant les micros et les caméras. Tout le monde a compris que Jadot préparait déjà la campagne présidentielle de 2022 ? 


3. Raphaël Glucksman

Le coup passa si près que le chapeau tomba (Victor Hugo). J'imagine le "ouf !" de soulagement qu'on a dû pousser - j'allais dire Rue de Solférino, mais il y a belle lurette qu'il n'y a plus de socialistes à cette adresse parisienne ! - au sein de l'anémique coalition socialo-bobo-parisienne ! Entre nous, voir le Parti Socialiste de feu François Mitterrand se réduire à cette peau de chagrin, quelle misère ! Et comme Glucksman aime les paradoxes, voilà qu'il commence par créer un groupuscule sectaire dans son coin, dans le mode centrifuge, histoire d'affaiblir la famille, puis il fait mine de rassembler tout le monde, dans le mode centripète, mais visiblement par pur calcul, dès lors que, d'une part, il n'a ni l'argent, ni les cadres pour survivre financièrement et, donc, politiquement, et que, d'autre part, son groupuscule (Place Publique) n'a que peu de chances de franchir, seul, la barre fatidique des 5 % requis pour avoir des élus.

Autant dire que Glucksman est aussi peu crédible en socialiste que Jadot en défenseur des petits oiseaux ! Ces deux-là sont partis pour être d'abord des politicards, surtout le second, qui se voit déjà lâchant - s'il ose ! - le Parlement européen pour une candidature à la présidence de la République. Le problème du bobo parisien qu'est Glucksman c'est maintenant de se faire à cette atmosphère "provinciale", tant à Bruxelles qu'à Strasbourg, loin de ses petites habitudes parisiennes. Et c'est ici qu'il faudra surveiller le taux d'assiduité des uns et des autres. Il faut dire que Strasbourg, que je connais bien, est une fort belle ville provinciale, mais ô combien froide en hiver !


4. François-Xavier Bellamy

Il paraît que les résultats de la liste LR n'ont pas été mirobolants. Et voilà la petite camarilla gaullo-pompidolo-giscardo-chiraco-sarko-bonapartiste prise de panique, au point de friser l'hystérie. Voilà que le mal aimé Wauquiez démissionne, coupant par là-même pas mal d'herbe sous le pied de ses détracteurs mis en demeure de faire mieux que lui, et obligeant, par son sacrifice - les joueurs d'échecs comprendront l'allusion - cette pauvre Valérie Pécresse à se saborder littéralement. Pour comble de malheur, voilà que le parrain redouté, Nicolas S., voit le stock de casseroles qui lui collent aux basques se muer en véritable batterie de cuisine, avec ce procès en correctionnelle auquel il ne pourra pas échapper... N'en jetez plus !

Il n'empêche que, n'étant pas un adepte de la lecture purement conjoncturocratique des choses (une élection à la proportionnelle et à un seul tour se situe aux antipodes du modèle cher aux régimes autocratiques et l'on peut raisonnablement penser que ce scrutin européen n'aura que peu d'incidence sur les élections à venir en France), exercice que je laisse à nos politologues et autres politocrates, je persiste à penser que Bellamy a fait une bonne campagne européenne. Et puis, de toute façon, le groupe PPE ne reste-t-il pas la formation la plus importante au Parlement européen ? Il faut croire que, pour nos politocrates, ce n'est qu'un détail !


5. Ian Brossat

Voilà le Parti Communiste français exclu du Parlement Européen à la suite de la rupture du Front de Gauche, le tout malgré la bonne campagne de Brossat. En tout cas, en bon adepte de François Mitterrand, Mélenchon a réussi à phagocyter ses ex-alliés communistes ; tout ça pour quel résultat ?  Ce qui est tout de même étrange, c'est de voir que les communistes peuvent co-diriger une municipalité comme Paris, avec Brossat comme adjoint au maire chargé du logement, mais qu'il leur est impossible de concourir à une élection européenne aux côtés de ces mêmes alliés socialistes. Et comme il n'y a plus de communistes dans le paysage politique européen, autant dire que l'avenir du PC au niveau continental est plus que compromis.


6. Manon Aubry

Bonne candidate, réactive, spontanée, tonique. On sent qu'elle affiche déjà pas mal d'heures de vol, malgré son jeune âge, au contraire d'un Glucksman par exemple. Mais comme je l'affirmai tantôt, mon problème avec Aubry s'appelle Mélenchon !

Nous en reparlerons incessamment.


7. Jordan Bardella

Le jeune premier semble avoir réussi son examen de passage. Lui au moins a eu le courage d'aller aux Antilles, chose que Marine Le Pen s'est bien gardée de faire jusqu'à maintenant. Constatons simplement que les Outre-mer ont failli assurer un triomphe au Rassemblement National, qui l'eût cru ? Aurait-on là les prémisses d'un commencement d'effondrement du présumé "plafond de verre" censé miner les ambitions nationales de l'ex-F. N. ?


8. Nathalie Loiseau 

  Citation (de ma propre prose) :
Découlant de ce qui précède, il se trouve que la totalité des États de l'Union européenne, à une exception près, sont des régimes de type strictement parlementaire, un style d'organisation imposant généralement la mise en place d'une combinaison de forces. C'est dire si ces États (voyez l'Allemagne, l'Autriche ou l'Italie) fonctionnent sur la base de la coalition, autant dire de la négociation et du compromis entre des forces pouvant être antagonistes à la base, tout le contraire du seul régime autocratique de l'Union Européenne : la France, dans lequel un homme seul décide quasiment de tout ! Question : comment vont pouvoir se comporter des élus LREM censés appliquer "la politique voulue par le roi, pardon ! par le président", lorsqu'il s'agira de trouver des compromis, dans le but d'atteindre la barre fatidique des 376 eurodéputés ?  
Et moi qui pensais qu'elle faisait/ferait l'affaire !
Le moins qu'on puisse dire est que rien ne lui aura été épargné, entre le supposé manque de charisme et l'une ou l'autre bévue présumée commise par l'étudiante de Science Po'. Et au risque de surprendre, j'affirme ici que c'est pourtant, et de loin, la plus capée des têtes de liste de ce scrutin européen. Et pour avoir souvent critiqué le "Roi Macron", qui n'a toujours pas compris que la Cinquième République était à bout de souffle, je me dois de reconnaître que Nathalie Loiseau a le parfait profil pour conduire une liste au Parlement Européen, cette institution où l'on débat et négocie énormément, dès lors que l'on n'a pas, comme dans cette république bonapartiste qu'est la France, ces subterfuges anti-démocratiques transformant un 24 % de voix au premier tour en 66 % au second tour d'une élection !
Sauf qu'à peine arrivée à Bruxelles, Mme Loiseau se prend les pieds dans le tapis sous la forme de déclarations bien imprudentes qui lui ont rapidement attiré l'inimitié de bon nombre de parlementaires de son propre groupe (ALDE). Question : mais auprès de qui Nathalie Loiseau a-t-elle pu acquérir autant de mauvaises manières en si peu de temps ?
Il faut dire qu'avec ses 21 élus au Parlement européen, LREM pourrait prétendre à diriger le groupe centriste européen, l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE). Lui-même amené à peser au Parlement - ni les socialistes, ni les conservateurs n'ayant obtenu de majorité absolue.
Mais deux semaines plus tard, rien n'est moins sûr. Car entre-temps, Nathalie Loiseau a (encore) frappé. Maladroite durant sa campagne, l'ex-candidate menant la liste LREM n'a pas fait sa mue une fois arrivée au Parlement européen. Alors qu'elle est en pleines tractations pour décrocher la présidence du groupe centriste, l'ancienne ministre en charge des Affaires européennes s'en est pris devant des journalistes à... une bonne partie de ses collègues. (...)
Lors d'un point presse en "off" [une pratique journalistique qui consiste à ne pas attribuer à une personnalité les propos qu'elle tient, voire à ne pas les mentionner du tout] avec des journalistes français mercredi 5 juin, elle a ainsi estimé que le candidat allemand du PPE (conservateurs) pour la présidence du Parlement européen était "un ectoplasme". Mais aussi que le Belge Guy Verhofstadt, actuel président de l'ALDE - et qui soutient la Française pour lui succéder -, était un "vieux de la vieille qui a des frustrations rentrées depuis 15 ans". Ou encore que Sophie in 't Veld, candidate néerlandaise à la présidence de l'ADLE, "a perdu toutes les batailles qu'elle a menées". (Source : L'Express)
J'avoue que je me suis totalement trompé sur le personnage, en faisant le pari de l'intelligence sur les atavismes. Le problème est que le personnel politique français souffre d'un mal quasiment incurable : le délire de l'autocratie. Et comme je le rappelais dans la citation figurant plus haut, la France est le seul Etat bonapartiste de l'Union Européenne. En clair : un homme seul décide d'à peu près tout, se déchargeant de toute responsabilité apparente auprès de comparses : le gouvernement d'abord, l'Assemblée nationale ensuite. Ce qui fait que les lois sont conçues quasiment de A à Z par le gouvernement, puis arrivent prêtes à être votées au Parlement, où l'on fait mine de les retoucher à la marge, la majorité de ces pseudo-représentants du peuple que sont les députés n'étant là que pour valider les choix du roi élu.

Et c'est sous ce régime autocratique qui méprise les parlementaires que Nathalie Loiseau a pu/dû expérimenter le mauvais usage de l'autocratie et de la suffisance. Et voilà qu'à peine deux mois après avoir quitté son ministère, elle se doit d'endosser une toute nouvelle charge de négociatrice et de diplomate. Raté ! Les mauvaises habitudes ont la peau dure, n'est-ce pas ?



Le problème de Nathalie Loiseau est que sa carrière de parlementaire européenne est quasiment terminée avant même d'avoir commencé ! Tout ce qu'elle va s'appliquer à faire, désormais, ce sera juste de la figuration en tant qu'élue lambda. En voilà une qui doit déjà regretter son ministère douillet des Affaires Européennes. C'est quand même incroyable ! Et dire qu'elle avait reçu plus d'une alerte au cours de la campagne. Et dire que les deux années passées au ministère des affaires européennes auraient pu la préparer à ses nouvelles fonctions en l'aidant à être un peu plus au fait des subtilités de la mécanique parlementaire en vigueur dans toute l'Europe communautaire, hormis en France...

Au fond, j'aurais fort bien pu ranger Nathalie Loiseau dans la rubrique R.I.P. ! 


9. Nathalie Arthaud

Pourquoi ne pas le dire ? Je la trouve bien sympathique, cette bouffeuse de capitalistes, genre "Ma sorcière bien aimée". Il faut dire qu'Arthaud est une intello qui tient des propos d'intellos ; pas une politicarde de pacotille façon Valérie Pécresse ! Alors, on me pardonnera de préférer la gauchiste un peu hystérique à la bourgeoise de droite tellement coincée. À part ça, que d'authentiques militants communistes (PC, NPA/ex-Ligue Communiste... et Lutte Ouvrière) n'arrivent pas à se mettre d'accord sur quelques points essentiels afin de composer une liste, histoire d'envoyer au Parlement européen des représentants de la classe ouvrière, voilà qui me dépasse.


10. Bernard Guetta (liste Renaissance de Nathalie Loiseau)

J'ai parfois commenté les prestations de ce personnage du temps où il officiait sur la radio officielle France Inter, et j'ai toujours estimé que Guetta n'était qu'un journaliste gouvernemental. Le fait est que, si je me suis (un peu) trompé sur le cas de Nathalie Loiseau, le pseudo-journaliste qu'est Bernard Guetta est venu me donner raison. En tout cas, merci à ce guignol d'avoir fini par tomber le masque !


11. Parti animaliste

Bien évidemment, ce micro-parti n'a obtenu aucun élu au Parlement Européen, mais quand même ! 2,2 % des voix, soit le double des suffrages collectés par le "médiatique" Florian Phillippot avec zéro passage médiatique, c'est quand même fort, non ?!


12. Olivier Besancenot

Je sais, le Nouveau Parti Anticapitaliste n'était pas de la partie, mais ce n'est pas du tout l'envie qui leur a manqué ! J'ai même entendu un Besancenot assez honnête pour admettre que là, le parti manquait de moyens pour participer à ces européennes. Dame ! Toutes ces campagnes présidentielles, depuis quoi, cinquante ans, déjà du temps de Krivine, ça a dû coûter un fric fou ! Le tout pour atterrir à 0,5 ou 0,7 % des suffrages exprimés. Question : on parie combien que le NPA aura un candidat à la prochaine élection présidentielle de 2022 ? 


À suivre...


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