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jeudi 20 juin 2019

France : retour sur les dernières élections européennes #1/3


Épisode §1. À boire et à manger !

Je me dois en permanence de ne jamais oublier le caractère multiforme et cosmopolite de mon lectorat, qui ne m'intéresse pas tant par le nombre (comme je ne suis pas idiot et ai quand même quelques notions de mathématique, qui me disent que si dix visiteurs quotidiens parlent, chacun, de mon blog à dix de leurs amis, et ainsi de suite, on a une petite suite arithmétique qui fait qu'au soir du premier jour, ils seront 110 (10 + 100), suivis de mille nouveaux disciples (100 x 10) au deuxième jour, qui m'amèneront dix mille nouveaux visiteurs au troisième jour, etc., et à ce rythme, on a vite fait de dépasser le million en même pas une semaine !) mais surtout par la diversité géographique et culturelle. Comment ne pas être épaté, en effet, de constater que le blogueur lambda que je suis ait des visiteurs réguliers dans toute l'Europe, une bonne partie de l'Amérique, nord et sud, quelques pays en Asie (ex. l'Inde, mais pas encore la Chine) et en Afrique... Il faut dire que la traduction en ligne est de plus en plus performante. La révolution de Johannes Gutenberg à la puissance 10. Inimaginable il y a seulement vingt ans ! 

C'est aussi la raison pour laquelle je me dois d'instruire mes visiteurs non francophones de quelques subtilités de la langue de Molière, sans oublier le cadre géo-politico-socio-intellectuel depuis lequel je m'adresse à tous ces lecteurs inconnus. 

Et, là maintenant, j'ai l'intention de boucler une sorte de boucle, après un précédent "papier" sur les élections européennes à venir (25 mai 2019). Pour être honnête, et comme je suis plutôt allergique au blabla politico-médiatique, j'avoue n'avoir suivi cette campagne électorale que du coin d'un oeil, en m'infligeant le pensum des débats à onze, treize, quinze...

Le résultat des courses ? Reprenons quelques parcours notables.


1. Dans la rubrique R.I.P. (Rest in peace: Reposez en paix) 

Une petite pensée pour tous ceux qui se sont noyés dans le maelström de leur petit ego.


Nicolas Dupont-Aignan

Nous serons une dizaine au Parlement Européen ! Voilà ce que clamait ce capitaine Matamore avant les européennes, dans la même veine que ce qu'il clamait en 2017, avant la présidentielle : "Je serai présent au second tour.".

Son fameux parti : "Debout la France !" se réduit à sa seule personne. Cela dit, on parie combien qu'il se prépare déjà pour la présidentielle de 2022 ?

Le problème de Dupont-Aignan est que c'est visiblement un honnête homme ; tout le contraire d'un Alain Juppé ou d'un Nicolas Sarkozy... Mais suffit-il d'être un honnête homme pour convaincre, et surtout, peut-on se convertir sans états d'âme au R.I.C. après avoir été si longtemps un viscéral défenseur du bonapartisme gaulliste ?


Florian Philippot

Mâtin quel naufrage ! Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps, ce quidam squattait toutes les radios et télévisions, et ce, quasiment tous les jours. Résultat des courses : un naufrage aux élections législatives, départementales, régionales, et maintenant européennes. Florian Philippot, qui ne travaille pas beaucoup, a toujours cru que la médiatisation seule suffisait à assurer une carrière  politique. Le plus moral est quand même de voir que l'OPA sur les Gilets Jaunes a fait "pschitt".

Logiquement, il devrait retrouver son statut de... Je ne sais même pas ce qu'il a fait avant la politique. Je suppose qu'il vient de la fonction publique, à l'instar de tant de politiciens français. Entre nous, je ne vois pas très bien comment cet incompétent personnage va pouvoir échapper au naufrage  politique qui lui tend les bras...


Benoît Hamon 

Encore une victime du socialo-bonapartisme, la première de la liste étant... François Mitterrand en personne. Vous avez bien lu : Mitterrand ! J'en vois qui ont déjà oublié : Mitterrand, c'est la critique systématique du bonapartisme gaulliste, pompidolien, giscardien, quand il était dans l'opposition, et la conversion méthodique à ce même bonapartisme une fois élu président. Résultat des courses : deux septennats, deux cohabitations avec la droite. Et à son départ, qui lui succède ? Jacques Chirac, un cador de la droite la plus bonapartiste.

Le problème de Benoît Hamon, mais aussi d'une bonne partie de la gauche française, c'est l'incapacité dans laquelle se trouvent ces gens de rompre avec cette république autocratique vilipendée en son temps par Mitterrand. Et dire qu'une majorité de votants socialistes avaient fait confiance à Hamon lors des primaires de 2017 ! Mais comme il manque d'esprit scientifique et, du coup, d'humilité, voilà qu'il préfère s'en aller créer un petit groupuscule dont on ne voit pas très bien ce qu'il a d'original par rapport à la famille socialiste, le plus important, apparemment, étant d'apparaître comme le chef indiscuté de sa petite boutique !

Il me semble avoir entendu Hamon déclarer solennellement qu'en cas d'échec à ces européennes, il pourrait prendre des décisions importantes. Quoi par exemple ? Un sabordage de son groupuscule ? Comme si ce n'était pas déjà fait !


Francis Lalanne et les autres guignols "jaunes"

Pauvre "Narcisse Lalanne" (son nom de scène dans le jeu télévisé Fort Boyard) ! En tout cas, son Narcissisme a dû en prendre un sacré coup.  Quant aux autres "jaunes", associés à Dupont-Aignan ou à Philippot, ils avaient pourtant été prévenus, non ?



2. Yannick Jadot

Entre nous, il fallait le voir plastronner au soir des élections ! On aurait dit un coq de basse-cour ! À croire qu'il venait de décrocher le Prix Nobel, ou d'être élu président de la République.

Pour ma part, je persiste à penser que ce gugusse est le candidat idéal pour vous dégoûter de l'écologie.

Nous sommes le troisième parti politique de France, fut sa toute première déclaration devant les micros et les caméras. Tout le monde a compris que Jadot préparait déjà la campagne présidentielle de 2022 ? 


3. Raphaël Glucksman

Le coup passa si près que le chapeau tomba (Victor Hugo). J'imagine le "ouf !" de soulagement qu'on a dû pousser - j'allais dire Rue de Solférino, mais il y a belle lurette qu'il n'y a plus de socialistes à cette adresse parisienne ! - au sein de l'anémique coalition socialo-bobo-parisienne ! Entre nous, voir le Parti Socialiste de feu François Mitterrand se réduire à cette peau de chagrin, quelle misère ! Et comme Glucksman aime les paradoxes, voilà qu'il commence par créer un groupuscule sectaire dans son coin, dans le mode centrifuge, histoire d'affaiblir la famille, puis il fait mine de rassembler tout le monde, dans le mode centripète, mais visiblement par pur calcul, dès lors que, d'une part, il n'a ni l'argent, ni les cadres pour survivre financièrement et, donc, politiquement, et que, d'autre part, son groupuscule (Place Publique) n'a que peu de chances de franchir, seul, la barre fatidique des 5 % requis pour avoir des élus.

Autant dire que Glucksman est aussi peu crédible en socialiste que Jadot en défenseur des petits oiseaux ! Ces deux-là sont partis pour être d'abord des politicards, surtout le second, qui se voit déjà lâchant - s'il ose ! - le Parlement européen pour une candidature à la présidence de la République. Le problème du bobo parisien qu'est Glucksman c'est maintenant de se faire à cette atmosphère "provinciale", tant à Bruxelles qu'à Strasbourg, loin de ses petites habitudes parisiennes. Et c'est ici qu'il faudra surveiller le taux d'assiduité des uns et des autres. Il faut dire que Strasbourg, que je connais bien, est une fort belle ville provinciale, mais ô combien froide en hiver !


4. François-Xavier Bellamy

Il paraît que les résultats de la liste LR n'ont pas été mirobolants. Et voilà la petite camarilla gaullo-pompidolo-giscardo-chiraco-sarko-bonapartiste prise de panique, au point de friser l'hystérie. Voilà que le mal aimé Wauquiez démissionne, coupant par là-même pas mal d'herbe sous le pied de ses détracteurs mis en demeure de faire mieux que lui, et obligeant, par son sacrifice - les joueurs d'échecs comprendront l'allusion - cette pauvre Valérie Pécresse à se saborder littéralement. Pour comble de malheur, voilà que le parrain redouté, Nicolas S., voit le stock de casseroles qui lui collent aux basques se muer en véritable batterie de cuisine, avec ce procès en correctionnelle auquel il ne pourra pas échapper... N'en jetez plus !

Il n'empêche que, n'étant pas un adepte de la lecture purement conjoncturocratique des choses (une élection à la proportionnelle et à un seul tour se situe aux antipodes du modèle cher aux régimes autocratiques et l'on peut raisonnablement penser que ce scrutin européen n'aura que peu d'incidence sur les élections à venir en France), exercice que je laisse à nos politologues et autres politocrates, je persiste à penser que Bellamy a fait une bonne campagne européenne. Et puis, de toute façon, le groupe PPE ne reste-t-il pas la formation la plus importante au Parlement européen ? Il faut croire que, pour nos politocrates, ce n'est qu'un détail !


5. Ian Brossat

Voilà le Parti Communiste français exclu du Parlement Européen à la suite de la rupture du Front de Gauche, le tout malgré la bonne campagne de Brossat. En tout cas, en bon adepte de François Mitterrand, Mélenchon a réussi à phagocyter ses ex-alliés communistes ; tout ça pour quel résultat ?  Ce qui est tout de même étrange, c'est de voir que les communistes peuvent co-diriger une municipalité comme Paris, avec Brossat comme adjoint au maire chargé du logement, mais qu'il leur est impossible de concourir à une élection européenne aux côtés de ces mêmes alliés socialistes. Et comme il n'y a plus de communistes dans le paysage politique européen, autant dire que l'avenir du PC au niveau continental est plus que compromis.


6. Manon Aubry

Bonne candidate, réactive, spontanée, tonique. On sent qu'elle affiche déjà pas mal d'heures de vol, malgré son jeune âge, au contraire d'un Glucksman par exemple. Mais comme je l'affirmai tantôt, mon problème avec Aubry s'appelle Mélenchon !

Nous en reparlerons incessamment.


7. Jordan Bardella

Le jeune premier semble avoir réussi son examen de passage. Lui au moins a eu le courage d'aller aux Antilles, chose que Marine Le Pen s'est bien gardée de faire jusqu'à maintenant. Constatons simplement que les Outre-mer ont failli assurer un triomphe au Rassemblement National, qui l'eût cru ? Aurait-on là les prémisses d'un commencement d'effondrement du présumé "plafond de verre" censé miner les ambitions nationales de l'ex-F. N. ?


8. Nathalie Loiseau 

  Citation (de ma propre prose) :
Découlant de ce qui précède, il se trouve que la totalité des États de l'Union européenne, à une exception près, sont des régimes de type strictement parlementaire, un style d'organisation imposant généralement la mise en place d'une combinaison de forces. C'est dire si ces États (voyez l'Allemagne, l'Autriche ou l'Italie) fonctionnent sur la base de la coalition, autant dire de la négociation et du compromis entre des forces pouvant être antagonistes à la base, tout le contraire du seul régime autocratique de l'Union Européenne : la France, dans lequel un homme seul décide quasiment de tout ! Question : comment vont pouvoir se comporter des élus LREM censés appliquer "la politique voulue par le roi, pardon ! par le président", lorsqu'il s'agira de trouver des compromis, dans le but d'atteindre la barre fatidique des 376 eurodéputés ?  
Et moi qui pensais qu'elle faisait/ferait l'affaire !
Le moins qu'on puisse dire est que rien ne lui aura été épargné, entre le supposé manque de charisme et l'une ou l'autre bévue présumée commise par l'étudiante de Science Po'. Et au risque de surprendre, j'affirme ici que c'est pourtant, et de loin, la plus capée des têtes de liste de ce scrutin européen. Et pour avoir souvent critiqué le "Roi Macron", qui n'a toujours pas compris que la Cinquième République était à bout de souffle, je me dois de reconnaître que Nathalie Loiseau a le parfait profil pour conduire une liste au Parlement Européen, cette institution où l'on débat et négocie énormément, dès lors que l'on n'a pas, comme dans cette république bonapartiste qu'est la France, ces subterfuges anti-démocratiques transformant un 24 % de voix au premier tour en 66 % au second tour d'une élection !
Sauf qu'à peine arrivée à Bruxelles, Mme Loiseau se prend les pieds dans le tapis sous la forme de déclarations bien imprudentes qui lui ont rapidement attiré l'inimitié de bon nombre de parlementaires de son propre groupe (ALDE). Question : mais auprès de qui Nathalie Loiseau a-t-elle pu acquérir autant de mauvaises manières en si peu de temps ?
Il faut dire qu'avec ses 21 élus au Parlement européen, LREM pourrait prétendre à diriger le groupe centriste européen, l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE). Lui-même amené à peser au Parlement - ni les socialistes, ni les conservateurs n'ayant obtenu de majorité absolue.
Mais deux semaines plus tard, rien n'est moins sûr. Car entre-temps, Nathalie Loiseau a (encore) frappé. Maladroite durant sa campagne, l'ex-candidate menant la liste LREM n'a pas fait sa mue une fois arrivée au Parlement européen. Alors qu'elle est en pleines tractations pour décrocher la présidence du groupe centriste, l'ancienne ministre en charge des Affaires européennes s'en est pris devant des journalistes à... une bonne partie de ses collègues. (...)
Lors d'un point presse en "off" [une pratique journalistique qui consiste à ne pas attribuer à une personnalité les propos qu'elle tient, voire à ne pas les mentionner du tout] avec des journalistes français mercredi 5 juin, elle a ainsi estimé que le candidat allemand du PPE (conservateurs) pour la présidence du Parlement européen était "un ectoplasme". Mais aussi que le Belge Guy Verhofstadt, actuel président de l'ALDE - et qui soutient la Française pour lui succéder -, était un "vieux de la vieille qui a des frustrations rentrées depuis 15 ans". Ou encore que Sophie in 't Veld, candidate néerlandaise à la présidence de l'ADLE, "a perdu toutes les batailles qu'elle a menées". (Source : L'Express)
J'avoue que je me suis totalement trompé sur le personnage, en faisant le pari de l'intelligence sur les atavismes. Le problème est que le personnel politique français souffre d'un mal quasiment incurable : le délire de l'autocratie. Et comme je le rappelais dans la citation figurant plus haut, la France est le seul Etat bonapartiste de l'Union Européenne. En clair : un homme seul décide d'à peu près tout, se déchargeant de toute responsabilité apparente auprès de comparses : le gouvernement d'abord, l'Assemblée nationale ensuite. Ce qui fait que les lois sont conçues quasiment de A à Z par le gouvernement, puis arrivent prêtes à être votées au Parlement, où l'on fait mine de les retoucher à la marge, la majorité de ces pseudo-représentants du peuple que sont les députés n'étant là que pour valider les choix du roi élu.

Et c'est sous ce régime autocratique qui méprise les parlementaires que Nathalie Loiseau a pu/dû expérimenter le mauvais usage de l'autocratie et de la suffisance. Et voilà qu'à peine deux mois après avoir quitté son ministère, elle se doit d'endosser une toute nouvelle charge de négociatrice et de diplomate. Raté ! Les mauvaises habitudes ont la peau dure, n'est-ce pas ?



Le problème de Nathalie Loiseau est que sa carrière de parlementaire européenne est quasiment terminée avant même d'avoir commencé ! Tout ce qu'elle va s'appliquer à faire, désormais, ce sera juste de la figuration en tant qu'élue lambda. En voilà une qui doit déjà regretter son ministère douillet des Affaires Européennes. C'est quand même incroyable ! Et dire qu'elle avait reçu plus d'une alerte au cours de la campagne. Et dire que les deux années passées au ministère des affaires européennes auraient pu la préparer à ses nouvelles fonctions en l'aidant à être un peu plus au fait des subtilités de la mécanique parlementaire en vigueur dans toute l'Europe communautaire, hormis en France...

Au fond, j'aurais fort bien pu ranger Nathalie Loiseau dans la rubrique R.I.P. ! 


9. Nathalie Arthaud

Pourquoi ne pas le dire ? Je la trouve bien sympathique, cette bouffeuse de capitalistes, genre "Ma sorcière bien aimée". Il faut dire qu'Arthaud est une intello qui tient des propos d'intellos ; pas une politicarde de pacotille façon Valérie Pécresse ! Alors, on me pardonnera de préférer la gauchiste un peu hystérique à la bourgeoise de droite tellement coincée. À part ça, que d'authentiques militants communistes (PC, NPA/ex-Ligue Communiste... et Lutte Ouvrière) n'arrivent pas à se mettre d'accord sur quelques points essentiels afin de composer une liste, histoire d'envoyer au Parlement européen des représentants de la classe ouvrière, voilà qui me dépasse.


10. Bernard Guetta (liste Renaissance de Nathalie Loiseau)

J'ai parfois commenté les prestations de ce personnage du temps où il officiait sur la radio officielle France Inter, et j'ai toujours estimé que Guetta n'était qu'un journaliste gouvernemental. Le fait est que, si je me suis (un peu) trompé sur le cas de Nathalie Loiseau, le pseudo-journaliste qu'est Bernard Guetta est venu me donner raison. En tout cas, merci à ce guignol d'avoir fini par tomber le masque !


11. Parti animaliste

Bien évidemment, ce micro-parti n'a obtenu aucun élu au Parlement Européen, mais quand même ! 2,2 % des voix, soit le double des suffrages collectés par le "médiatique" Florian Phillippot avec zéro passage médiatique, c'est quand même fort, non ?!


12. Olivier Besancenot

Je sais, le Nouveau Parti Anticapitaliste n'était pas de la partie, mais ce n'est pas du tout l'envie qui leur a manqué ! J'ai même entendu un Besancenot assez honnête pour admettre que là, le parti manquait de moyens pour participer à ces européennes. Dame ! Toutes ces campagnes présidentielles, depuis quoi, cinquante ans, déjà du temps de Krivine, ça a dû coûter un fric fou ! Le tout pour atterrir à 0,5 ou 0,7 % des suffrages exprimés. Question : on parie combien que le NPA aura un candidat à la prochaine élection présidentielle de 2022 ? 


À suivre...


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mercredi 12 juin 2019

Sémantique de la désinformation #9


Épisode §9.  Surtout ne pas oublier de citer Durkheim !

Vu sur un site "web" 
 



Citation (non retouchée, hormis les numéros)
Je (1) ne crois pas me tromper en disant que nous étions nombreux à être inquiets (2) ces dernières semaines du résultat attendu des élections européennes, et plus encore le jour de l’élection. L’irrésistible ascension du Rassemblement national (RN) (3), la maladresse stratégique de l’équipe de Macron, et les séquelles du moment «gilets jaunes» annonçaient une nette victoire du RN Dimanche 26 mai après-midi (4), des rumeurs sur les sondages (5) sortie des urnes promettaient un creusement supplémentaire de l’écart entre le RN et La République en marche (LREM). Dans cette ambiance glauque, la remontée spectaculaire et inattendue du taux de participation, de 42,4% en 2014 à 51,3% en 2019, ne pouvait que profiter au RN qui allait récupérer les votes des «gilets jaunes» (6). Le dernier écart mesuré en fin de campagne étant de 2% à 2,5% (7), la majorité allait vers une défaite piteuse, voire une crise de régime, si l’écart atteignait ou dépassait 4% (8). Des estimations en ce sens ont paru assez crédibles pour fausser les réactions des commentateurs à l’annonce des premières estimations (9).
À 20 heures, l’écart n’est que de 1,5% – il se réduira au cours de la soirée jusqu’à 0,9%, soit le résultat définitif, avec le même nombre de sièges pour les deux listes, vingt-trois. Il n’empêche, les plateaux télé annoncent alors une «nette victoire du RN» (10). Les militants présents aux QG endossent immédiatement l’interprétation des journalistes : joie débordante au RN, silence circonspect à la LREM. La même analyse va se maintenir un peu partout, y compris dans le quotidien de référence, qui organise un direct le mardi 28 mai «Posez vos questions sur la victoire du Rassemblement national» [retitré depuis, ndlr]. C’est exactement une «représentation collective» au sens que Durkheim (11) donnait à ce concept mais, dans le cas, une représentation fausse.

Vous voulez que je vous dise ? J'ai trouvé ce papier tellement nul que je me suis vite dit : "Non mais, tu ne vas pas perdre ton temps avec cette daube !?".

Entre nous, qu'est-ce que c'est mal foutu ! Et ça paraît sur Slate, dirigé par un ancien du Monde ! Sont-ils fauchés à ce point pour faire écrire n'importe quoi par n'importe qui ? Remarquez, ils ne sont pas les seuls dans ce cas ! Voyez du côté de Causeur, dont je parcours la daube assez régulièrement, surtout quand elle prétend dénoncer l'"islamisation" de la France.

J'ai pris soin de poser quelques numéros/balises ici ou là, histoire de mettre en exergue certains passages "intéressants", au cas où l'envie me viendrait de commenter cette chose. Le plus drôle, c'est quand même la référence à Émile Durkheim, que nos auteurs (si, si, ils se sont mis à plusieurs pour pondre cette chose !) ont dû récupérer dans un dictionnaire de citations, à moins que l'on ne se soit contenté de citer le titre d'un ouvrage (article).

Par parenthèse, et contrairement aux auteurs sus-mentionnés, je n'ai ressenti aucune inquiétude concernant les résultats attendus l'autre soir, dès lors que je m'applique à observer le Landerneau politico-médiatique français avec la plus grande objectivité, et je commence à en avoir un peu plus qu'assez de cette pitoyable logorrhée (diarrhée verbale serait peut-être plus exact) visant à "barrer la route au Front National" hier, "au Rassemblement National" aujourd'hui, ce mouvement n'étant frappé d'aucun interdit relativement à ses droits civiques ! 

Cela dit, entre nous, et histoire de rigoler un peu, n'est-ce pas la même Marine Le Pen que d'aucuns voyaient en perdition au soir d'un débat électoral face à Emmanuel Macron, il y a un peu plus de deux ans ? Et n'est-ce pas le Front National à qui les mêmes, ou à peu près, prédisaient pis que pendre à la suite de la défection de ce "poids lourd" que fut Florian Philippot ?

J'observe encore que, deux ou trois jours avant ces élections européennes, le Parlement Européen se fendait d'un communiqué qui semblait tomber à point nommé...

Source  -  Source

Sinon, le "papier" de Slate a fait l'objet d'une présentation sur un autre site, ce qui a donné lieu à une foule d'interventions dans un forum de discussion, et vous allez finir par connaître mon appétence pour ce genre de "salon où l'on cause"... 

637 réactions au matin du 12.06.2019

Extraits :


By the way, soit dit en passant, prenez la balise (1) : pourquoi diable est-il écrit "Je", alors même qu'ils sont plusieurs à signer le texte ?!?!?!

Maintenant, la question qui doit tarauder tout le monde est de savoir si je vais me résoudre à commenter le reste de la daube affichée plus haut. Pour ça, wait and see!


Lectures 01 - 02 - 03

lundi 10 juin 2019

Sémantique de la désinformation #8


Épisode §8. Ou comment transformer une défaite électorale en  quasi-victoire

Dans la rubrique : "Il suffisait d'y penser !", voilà qu'on nous annonce que le camp gouvernemental au pouvoir en France est sorti quasiment vainqueur des dernières élections européennes. 

Citation : 
POLITIQUE - Ni le triomphe espéré, ni la claque tant redoutée. La soirée électorale de ces élections européennes ne s’est pas si mal finie pour la liste LREM-Modem de Nathalie Loiseau. Après une campagne douloureuse, marquée par les polémiques et une dynamique négative dans la dernière ligne droite, la majorité présidentielle a préféré se réjouir d’avoir préservé un “bon score” ce dimanche 26 mai, et ce malgré son résultat qui la place derrière le Rassemblement national de Marine Le Pen.

Il faut dire que les Marcheurs s’attendaient à bien pire. Toute la journée, l’emballement de la participation, notamment dans les départements ruraux, a laissé craindre aux macronistes la percée d’un vote sanction qui aurait entraîné un décrochage entre le RN et LREM. Au final, moins de deux points séparent les deux listes qui devraient envoyer le même nombre de députés européens siéger à Strasbourg.

Le premier ministre Édouard Philippe a certes accueilli les résultats “avec humilité”, estimant que “quand on termine deuxième à une élection, on ne peut pas dire qu’on a gagné”. Mais dans l’ensemble, tout le monde soufflait du côté de La République En Marche, certains allant jusqu’à détourner une chanson de la Coupe du monde au QG de la liste Loiseau. (...)

S’estimant conforté par la résistance de son parti, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il comptait “intensifier l’acte II” de son quinquennat. “Les orientations annoncées après le grand débat vont se poursuivre, l’objectif est que les Français puissent ressentir le changement”, a indiqué l’Élysée dès 20 heures.

Vous avez tout compris ? Non ? Il est vrai que des formules du type "S'estimant conforté par la résistance de son parti..." ont de quoi surprendre, n'est-il pas ? Mais bon, la rhétorique n'est-elle pas l'art de mentir, sans donner l'impression de mentir, tout en mentant ?

Du coup, au risque de donner l'impression de radoter, rappelons que le "parti" présidentiel en question n'est pas un parti mais une coalition d'au moins trois mouvements, laquelle coalition arrive bel et bien derrière un simple parti, le Rassemblement National, le tout malgré une faramineuse monopolisation des média, non seulement audiovisuels (cf. le "Grand débat"), mais également écrits (cf. une intervention de dernière minute dans la quasi-totalité des quotidiens régionaux).

Vous comprendrez, dans ces conditions, pourquoi nos "journalistes" sont devenus subitement amnésiques, oubliant que, quelques jours plus tôt, tout le Landerneau bruissait de mille rumeurs sur l'importance vitale pour le pouvoir de virer en tête des européennes.

Source
Autre chose ?

Comment ne pas être admiratif devant ce qui suit : dans un cas, on tient à minimiser la défaite du camp qui ne devait pas perdre... Mais, surtout, on va s'appliquer à minimiser la victoire effective - en clair, mathématique - de ceux qui sont arrivés devant tous les autres. Et, comme de bien entendu...
À plus court terme, la défaite encaissée par la majorité présidentielle ne devrait pas l’empêcher de jouer les premiers rôles au Parlement européen, plus éclaté que jamais. “Le président de la République reste à la manœuvre pour constituer une grande alliance progressiste en Europe, une force qui sera essentielle dans le nouveau Parlement européen”, a bien précisé l’Élysée. (..)
La victoire du RN, qui enregistre un score d’environ un point inférieur à celui des européennes de 2014 (24,86%), aura peu d’impact au plan européen où l’influence de l’extrême droite reste limitée. À l’inverse, les Libéraux de l’Alde, qui récupèrent les sièges des eurodéputés issus de la liste française Renaissance, portée par LREM et soutenue par le président Emmanuel Macron, grimpent de 69 élus à 101. Ce groupe, qui devient le troisième du Parlement, envisage de jouer un rôle pivot dans le nouvel hémicycle. 
Ou comment transformer un groupe ultra-minoritaire en groupe jouant "les premiers rôles", le tout pour être passé de 69 à 101 élus, tout en oubliant de préciser qu'il y a, aussi, au Parlement Européen, une poussée comparable des nationalistes et eurosceptiques, notamment du fait de l'arrivée de partis tout neufs du type AFD (Allemagne), et la poussée d'autres groupes tels que la Ligue du Nord (Italie), le FPÖ (Autriche).

Dans les faits, il suffit de jeter un œil sur la répartition des groupes au Parlement Européen pour constater que les libéraux de l'Alde et les eurosceptiques de la droite dite extrême affichent à peu près les mêmes effectifs. 

En résumé, constatons que certains professionnels de l'information sont passés maîtres dans l'art de dire une chose et son contraire, le tout en très peu de temps.

Entre nous, il y en a que ça étonne ?


Lectures : 01 - 02



samedi 25 mai 2019

Regards sur les prochaines élections européennes


Les élections européennes vues de France : ou quand les politocrates montrent qu'ils n'ont rien compris

 Lu dans la presse


"Le scrutin de dimanche s'annonce décisif pour l'avenir du pays."

L'avenir du pays ? Mais de quel pays, s'agissant d'une élection continentale ? Il est vrai que le rédacteur a pris soin de préciser qu'il s'agissait d'"un évènement continental, mais à la portée nationale."

Et c'est là qu'on aurait aimé comprendre, dès lors qu'il ne s'agit pas de la toute première élection d'un parlement européen, et que les précédentes ne semblent pas avoir eu une quelconque portée nationale.

Soit dit en passant, voir que sur l'ensemble du continent européen, les électeurs vont voter en traînant les pieds, voire ne vont pas voter du tout, en dit long sur le peu de talent de la classe politique européenne, surtout lorsqu'on considère la faible appétence de la jeunesse pour les élections au parlement européen.

Et pourtant, tout semble avoir été fait pour doper le sentiment d'appartenance de la jeunesse à la grande famille européenne : il y eut l'ouverture des frontières et la libre circulation, l'intégration progressive de pays autrefois périphériques (Espagne, Portugal, Grèce) et de piliers du défunt Pacte de Varsovie (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie), sans oublier la réunification allemande. Et avec tout ce mouvement politique, vous aviez des innovations pratiques comme le programme Erasmus, la fédération internationale des auberges de jeunesse, la carte Interrail, grâce à laquelle les jeunes de moins de vingt-six ans pouvaient sillonner l'Europe en train et sans limitation durant quelques semaines, etc., toutes choses qui auraient dû se traduire par un renforcement des liens entre citoyens européens, et ce, d'autant plus que tout ce brassage de populations a induit de nombreux mariages.

Las ! Des jeunes n'ayant connu aucune guerre entre pays européens car nés autour de 1989, voire longtemps après l'effondrement du mur de Berlin - donc, aujourd'hui trentenaires, pour les plus âgés -, ne semblent pas plus concernés que ça par l'idéal des Monet, Adenauer, Brandt et autres Schumann. Comme preuve que la pédagogie, c'est un métier !

Et il n'y a pas que les politiques. Voyez le journal reproduit plus haut !

Pour avoir lu quelques articles par-ci, par-là et suivi l'un ou l'autre débat à la radio et à la télévision, je suis toujours surpris de voir à quel point l'homo mediaticus ou journalisticus manque d'imagination, l'industrie sondagière tenant lieu de vademecum chez l'ensemble des journalistes et autres politologues ou politocrates.

C'est ainsi qu'on a passé son temps à épiloguer sur "quelle liste arriverait en tête au soir du 26 mai", comme si c'était la chose la plus importante, alors même que l'essentiel était ailleurs.

751 députés européens, soit une majorité absolue à 376 parlementaires. Huit groupes, dont le plus important, à ce jour (PPE), cumulait 222 eurodéputés, effectif à doubler quasiment pour disposer d'une majorité confortable lors d'un vote final. Vous avez compris que le Parlement Européen était le royaume de la négociation et du compromis ?

Voilà qui amène - ou aurait dû amener - quelques questions que personne ne s'est vraiment posées.

I. Trente-quatre listes sont en présence en France, qui vont devoir se positionner par rapport aux huit groupes déjà présents au Parlement européen. Or, lors des nombreux débats intervenus dans les média (un médium, des média), personne ne s'est interrogé sur l'avenir, au sein du Parlement, d'au moins vingt-six des listes en présence en France.

II. Le positionnement relatif du Rassemblement National et de la coalition LREM ? J'ai déjà évoqué cette question ici même en la jugeant sans intérêt. Et pourtant ! Tout a été fait pour faire croire aux électeurs que c'était là l'enjeu principal du scrutin, alors même que le mouvement LREM n'a aucune existence au Parlement Européen, contrairement à l'ex-Front National ! Par ailleurs, conservateurs et sociaux-démocrates étant les deux groupes les plus importants du Parlement, il va sans dire que RN et LREM ne pourraient y jouer qu'un rôle marginal si, d'aventure, ils ne sont pas assez consistants pour y constituer au moins une minorité de blocage.

III. Autre problème : compte tenu de la composition de la coalition LREM, regroupant socialistes, centristes, écologistes et anciens du Parti républicain, on est en droit de s'interroger sur le positionnement respectif de ces diverses composantes par rapport aux trois groupes principaux (PPE, Sociaux-démocrates, Verts) : par exemple, comment vont voter les ex-socialistes français de la liste LREM par rapport à leurs ex-collègues sociaux-démocrates, ou les ex-Républicains par rapport à leurs ex-collègues du PPE, ou les ex-EELV par rapport à leurs ex-collègues du mouvement écologiste européen, etc. ? Voilà des questions que je n'ai entendu formuler nulle part ! 

IV. Découlant de ce qui précède, il se trouve que la totalité des États de l'Union européenne, à une exception près, sont des régimes de type strictement parlementaire, un style d'organisation imposant généralement la mise en place d'une combinaison de forces. C'est dire si ces États (voyez l'Allemagne, l'Autriche ou l'Italie) fonctionnent sur la base de la coalition, autant dire de la négociation et du compromis entre des forces pouvant être antagonistes à la base, tout le contraire du seul régime autocratique de l'Union Européenne : la France, dans lequel un homme seul décide quasiment de tout ! Question : comment vont pouvoir se comporter des élus LREM censés appliquer "la politique voulue par le roi, pardon ! par le président", lorsqu'il s'agira de trouver des compromis, dans le but d'atteindre la barre fatidique des 376 eurodéputés ?

Et comme les politocrates ne sont doués que pour le commentaire de sondages, voyons ce qu'avec un peu de talent et de jugeote, on pourrait dire (écrire) sur les principales listes en présence lors de ce scrutin européen.

1. Les petites listes ? Why not? Warum nicht? Et pourquoi pas ? Dès lors que le scrutin semblait abordable (un seul tour, proportionnelle intégrale), tout le monde pouvait tenter sa chance. Et pourtant ! (Source)

Fort de ce que j'ai pu écrire tantôt à propos des projets (avortés) du Gilet Jaune (canal historique) Ingrid Levavasseur, je constate simplement que de nombreux panneaux électoraux sont restés vierges de toute affiche, les candidats s'étant découverts fauchés comme les blés, ce qui n'est pas très glorieux, mais surtout, est de nature à déprimer leurs plus fidèles supporters. Autant dire que le Gilet Jaune Levavasseur l'a échappé belle !



 
Je profite de l'occasion pour féliciter Ingrid Levavasseur d'avoir eu l'intelligence de se désister à temps et de ne pas être allée ruiner ses maigres économies et celles de ses amis proches dans cette galère, à l'instar de quelques quidams imprudents. 

Comme dirait l'autre : il y eut beaucoup d'épelés et peu de lus !

Que dire de Francis Lalanne ? Je l'ai écouté lors de l'un ou l'autre débat télévisé. Je l'ai trouvé assez drôle et pas inintéressant, mais surtout drôle ! Pour le reste, sans être un Gilet jaune "canal historique", il s'est bien inutilement fourvoyé dans une galère qui risque de jeter le discrédit sur l'ensemble du mouvement. Fort heureusement pour eux, les Gilets Jaunes ont clairement affiché la couleur en ne soutenant aucune liste pour les élections européennes.

Phillipot ? J'ai déjà eu l'occasion d'écrire (cf. la série "Marine Le Pen et le plafond de verre") ce que je pensais de cet individu flou et louvoyant. Député européen sur une liste Front National, sa carrière politique semble sur le point de prendre fin un peu brutalement, et ça, il ne l'aura pas volé ! Quant à sa tentative d'OPA sur la marque "Gilet Jaune", disons qu'elle en dit long sur son désarroi face aux mauvais sondages. Cela dit, je reste persuadé qu'il finira par atterrir chez Les Républicains. Wait and see!

Dupont-Aignan ? Lors de la dernière campagne présidentielle, il claironnait partout qu'on le retrouverait au second tour. Cette fois, on l'a entendu claironner partout qu'il y aurait dix élus de son mouvement au Parlement Européen. Lui aussi sait être drôle, mais pas autant que Francis Lalanne !

Arthaud ? Je la trouve sympathique, quoique pas mal intégriste ! Cette fille est professeur d'économie, donc, au minimum, titulaire d'un CAPES. C'est dire si elle ne raconte pas de conneries, contrairement à pas mal d'autres. Problème : pourquoi la mayonnaise ne prend-elle pas avec les couches populaires ? Pour être prof, il faut être un peu - et même beaucoup - pédagogue, non ? Alors, Nathalie, pourquoi ça coince ?  

Hamon ? Il paraît qu'il risque de prendre une grave décision s'il se plantait de nouveau dans une élection. Pauvre Benoît Hamon ! Encore un qui n'a rien compris à la politique, qui préfère créer une petite officine pour en être le chef incontesté, plutôt que de travailler à la "remontada" de son camp socialiste après une tuile (2017) qui n'était probablement que conjoncturelle !

Brossat ? Encore un prof (ça en faisait trois, avec Arthaud et Bellamy). Donc, bon pédagogue ? Le problème du Parti Communiste ne serait-il pas son positionnement en Europe, face à la disparition quasi totale des partis frères en Italie, Portugal et ailleurs, sans parler des anciennes Démocraties populaires ? Que Brossat ait été un bon candidat est une chose, que le PCF trouve sa place au sein du Parlement Européen sera une autre paire de manches !

2. Les mouvements déjà présents au Parlement Européen 

Jadot ? Le candidat idéal pour vous dégoûter de l'écologie ! Je l'entends encore, au hasard d'une intervention télévisée, proclamant la nécessité d'en finir avec "le diesel", tout en affirmant plus loin qu'il fallait aussi en finir avec les énergies fossiles. Mais personne ne lui a demandé en quoi les agro-carburants entraient dans la catégorie "énergies fossiles". Incohérent un jour, incohérent toujours.

Glucksman ? Dans la catégorie "Imbu de soi-même", en voilà un qui mériterait d'être sur le podium. "Gouverner c'est prévoir" dit l'adage. Sauf que l'inventeur de "Place Publique" n'est pas du genre  prévoyant, ou alors ce n'est qu'un cynique ! Le fait est que son entrée en politique a eu pour effet automatique de pousser sa dulcinée - journaliste politique ! - vers deux mois de chômage technique. "Je suis bouleversé !" aurait déclaré notre branquignol. Parce qu'en plus, lui et sa dulcinée ne se parlent pas et n'ont pas discuté en temps et en heure des risques que ses ambitions politiques - à lui - faisaient courir à sa carrière - à elle - ? Sinon, lors des débats télévisés, il a paru bien emprunté, le plus étonnant étant quand même le choix fait par le Parti Socialiste, malgré les récriminations de quelques ténors du parti. Et puis, comment comprendre la sortie de Glucksman à propos du rôle de François Mitterrand au Rwanda ? Même à supposer qu'il ait raison, le timing avait de quoi surprendre - même s'il semble que les média aient déterré une ancienne prise de position, mais bon, voyez l'adage déjà cité : "Gouverner c'est prévoir" ! -, en pleine campagne électorale ? Suicidaire ? Va savoir ! (Source)

Bellamy ?  Le troisième prof avec Arthaud et Brossat. Enfin, prof, c'est vite dit : en activité ou en disponibilité ? "Übung macht den Meister!" disent les Allemands : "c'est en forgeant qu'on devient forgeron !". Du coup, je me méfie de ces profs qui désertent les salles de classe. Mais il me semble que l'on peut être adjoint au maire (Versailles) tout en conservant son métier d'origine. Le fait est que Bellamy n'a pas été mauvais. Par ailleurs, on peut raisonnablement s'interroger sur l'avenir des anciens "Républicains" de la coalition LREM (Le Maire, Darmanin, Raffarin...) si, d'aventure, l'expérience "macroniste" faisait long feu : imagine-t-on qu'ils reviennent au bercail ? Toujours est-il que, contrairement aux spéculations sondagières, c'est le camp de Bellamy qui risque de se retrouver de nouveau en tête au Parlement Européen. Et il semble que les conservateurs européens soient rompus à l'exercice de la "combinatione", du compromis avec d'autres, notamment les sociodémocrates. Alors, du coup, tout ce blablabli-blablabla des politocrates pour opposer les uns et les autres dans un cadre strictement franco-français a quelque chose de dérisoire !

Bardella ? Jeune loup aux dents longues et très propre sur lui. Personnellement, je l'aurais préféré de gauche, mais bon ! Le fait est qu'il a assuré, comme on dit, à l'instar des Aubry, Bellamy, Brossat. Et c'est là que les politocrates se perdent en conjectures, qui nous avaient prédit l'effondrement de Marine Le Pen à l'issue d'un certain débat d'entre les deux tours de la présidentielle, chose que j'ai toujours contestée (voir les archives de ce blog). Du coup, si, d'aventure, le Rassemblement National devait de nouveau virer en tête à l'issue de ce scrutin européen, alors je connais quelques politocrates qui devraient avaler leur chapeau et changer de métier dans la foulée ! On verra bien !

Aubry ? Très bonne candidate, malgré sa jeunesse. Et c'est là qu'on mesure toute la différence entre quelqu'un d'expérimenté au sein d'un parti politique (Bellamy, Bardella, Brossat) ou d'une ONG et quelqu'un qui s'improvise candidat au tout dernier moment (Glucksman). Mon problème avec Manon Aubry s'appelle Jean-Luc Mélenchon, un quidam tout sauf fiable (voir les archives de ce blog) ! Par ailleurs, le Front de Gauche de 2014 a explosé en plusieurs morceaux, et la Gauche française, au total, est bien partie pour perdre encore des plumes, le tout - entre autres raisons - à cause du caractère éminemment bonapartiste des partis qui la composent, ce qui leur fait préférer les guéguerres de personnes à la défense de grandes idées fédératrices. Autre chose : les Insoumis vont se retrouver au Parlement Européen, mais pour y siéger aux côtés de qui ?

3. Le cas Loiseau

Le moins qu'on puisse dire est que rien ne lui aura été épargné, entre le supposé manque de charisme et l'une ou l'autre bévue présumée commise par l'étudiante de Science Po'. Et au risque de surprendre, j'affirme ici que c'est pourtant, et de loin, la plus capée des têtes de liste de ce scrutin européen. Et pour avoir souvent critiqué le "Roi Macron", qui n'a toujours pas compris que la Cinquième République était à bout de souffle, je me dois de reconnaître que Nathalie Loiseau a le parfait profil pour conduire une liste au Parlement Européen, cette institution où l'on débat et négocie énormément, dès lors que l'on n'a pas, comme dans cette république bonapartiste qu'est la France, ces subterfuges anti-démocratiques transformant un 24 % de voix au premier tour en 66 % au second tour d'une élection ! 

Par ailleurs, bien des politocrates, obnubilés qu'ils sont par les sondages - et ce ne furent pas les seuls dans ce cas ! - semblent avoir voulu confondre le Parlement européen avec les Folies Bergères et je ne sais quel cabaret de strip-tease ! Le fait est que l'ex-ministre chargée des affaires européennes - à qui personne ne demande de danser à moitié nue sur une estrade - détient sans aucun doute la capacité technique et probablement humaine et de négociatrice pour jouer un rôle moteur au sein des cadors de ce Parlement européen, dont je rappelais (voir le papier sur Ingrid Levavasseur) que ses principaux animateurs (Barnier, Alliot-Marie, Hortefeux, Lamassoure, Verhofstadt... sans oublier les Junckers, Delors, Veil, etc.) sont/furent souvent d'anciens ministres affichant pas mal d'heures de vol. 

Il reste maintenant à tout ce petit monde à faire des progrès en matière de pédagogie, histoire d'amener le maximum de citoyens à croire en l'avenir de cette usine à gaz qui n'en finit pas de susciter la méfiance des Européens, à commencer par les plus jeunes. Et ça, c'est pas gagné !