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samedi 30 mars 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #18


Épisode §18. Mini revue de presse

Dans la rubrique : "Sans commentaires", je tombe, l'autre jour, sur une citation, ce qui va donner lieu à la citation d'une citation. Vous allez comprendre en cliquant sur le lien.

La citation en question est celle d'un article d'Anicet Le Pors, ancien ministre (communiste) sous François Mitterrand, et qui nous livre cette analyse de ce qu'il attend d'un président nommé E. M. (Nous sommes à quelques jours du second tour de la présidentielle de 2017).

À méditer...

Point de vue d'Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique, 4 mai 2017. 

"Emmanuel Macron : cet homme est dangereux" 
"Emmanuel Macron sera élu le 7 mai 2017 Président de la République. C’est le produit politique fabriqué par les efforts combinés de l’oligarchie financière, du MEDEF, des gouvernements Hollande, de la technostructure administrative, des opportunistes de tous bords, des stars de l’intelligentsia toujours avides de notoriété, de la totalité des médias ; bref, de tous ceux ayant joué un rôle dans la situation désastreuse actuelle et favorisé ou instrumentalisé la montée du Front national. Et cela dans le contexte d’une décomposition sociale profonde, d’une communauté des citoyennes et des citoyens désorientés, en perte de repères.
Son émergence est récente et il n’a cessé de cultiver l’ambiguïté pour se positionner électoralement au centre. Toutefois, on peut déceler à partir de plusieurs déclarations disparates une certaine cohérence idéologique, assez différente de celle qu’il veut accréditer ou qu’on lui prête. Cinq lignes de force peuvent être dégagées. 

1. Un fervent de l’élitisme, hostile au monde du travail 
Les analyses socio-démographiques publiées à l’issue du premier tour ont montré que Emmanuel Macron a été essentiellement soutenu par les personnes qui s’en sortent le mieux dans la crise, les plus riches, les plus diplômés, les partisans le l’Union européenne, laissant de côté la France qui souffre, accentuant ainsi les inégalités. Dans le même temps, il ne dissimule pas sa volonté de réduire le partenariat au sein de l’UNEDIC, plus généralement de préférer le soi-disant dialogue social à la concertation contradictoire. Il est un farouche partisan de la flexisécurité, cause de précarité et de pauvreté de masse. Il opérera une reprise en main étatique des crédits de la formation professionnelle. Il conteste la vocation des syndicats à s’exprimer au niveau national pour les cantonner autant que possible au niveau de l’entreprise dans l’esprit de la loi El Khomri qu’il veut prolonger par une réforme du code de travail adopté par ordonnances, c’est-à-dire sans l’aval du Parlement. L’avantage que l’on peut reconnaître à ce candidat c’est qu’il éclaire les contradictions de classe qui sont à l’œuvre. 

2. La mise au pas des collectivités territoriales 
Après Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron cherche le moyen de contourner le principe de libre administration des collectivités territoriales posé par l’article 72 de la constitution. Un système de conventions avec les régions pourrait y pourvoir qui conditionnerait le montant des dotations de l’État à la docilité des collectivités. L’État serait également appelé à compenser la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages ce qui rendrait ce financement discrétionnaire. Le processus de métropolisation serait poursuivi et développé aboutissant à la suppression d’un quart des départements. Les collectivités territoriales seraient ainsi mises sous pression avec la diminution de 2 milliards d’eurios par an des dépenses de fonctionnement, la réduction de 75 000 emplois de fonctionnaires territoriaux, un retour strict imposé aux 35 heures hebdomadaires. La maîtrise de cette nouvelle politique coercitive serait assurée par une conférence annuelle des territoires. La remise en cause statutaire de la fonction publique territoriale reste la cible privilégiée. 

3. L’abaissement du Parlement 
Il s’agit d’abord d’une réduction drastique des effectifs sensée dégager une économie annuelle de 130 millions, de l’ordre d’un tiers pour aboutir à 385 députés et 282 sénateurs. Le Parlement réduirait considérablement son activité législative qui, hors période budgétaire, serait limitée à trois mois. IL y aurait donc moins de lois nouvelles, ce qui laisserait davantage de champ à la réglementation par décrets. L’activité du Parlement serait aussi réorientée vers des missions de contrôle et d’évaluation. La haute administration aurait de ce fait une compétence d’expertise plus étendue et un pouvoir hiérarchique renforcé sous l’autorité de l’exécutif. Emmanuel Macron a prévu de légiférer rapidement par voie d’ordonnances dès le début de son quinquennat et il conservera le mécanisme de l’article 49-3. Il est clair que la démarche tourne le dos au régime parlementaire. 

4. Un gouvernement aux ordres 
Le Gouvernement serait lui aussi resserré à 15 ministres, et fortement instrumentalisé par le Président de la République qui continuerait à présider les réunions du Conseil des ministres. Celles-ci seraient plus fréquentes pour assurer une discipline sans faille des ministres. Contrairement aux dispositions actuelles de la constitution, ce n’est toujours pas le Gouvernement qui définirait et conduirait la politique de la nation mais le chef de l’État. Les ministres seraient évalués chaque année. Pour autant, leurs pouvoirs et surtout leurs cabinets exerceraient une autorité renforcée sur les administrations placées sous leur tutelle. Le candidat Macron jugeant le statut général des fonctionnaires « inapproprié », outre une réduction des effectifs prévue de 120 000 emplois, accentuera la dénaturation du statut par une extension du spoil system, le recrutement accru de contractuels de droit privé sur la base de contrats négociés de gré à gré. Il s’agirait donc d’une mise en cause des principes d’égalité, d’indépendance et de responsabilité et d’une réaffirmation sévère du pouvoir hiérarchique, de l’obligation de réserve, du devoir d’obéissance. 

5. Un exécutif opaque et autoritaire 
Emmanuel Macron ne remet pas en cause les institutions de la V° République, notamment l’élection du Président de la République au suffrage universel, ni l’usage plébiscitaire du référendum, ni de façon significative le mode de scrutin. Les conditions d’une VI° République ne sont pas réunies : pas de large consensus de récusation des institutions actuelles, pas de consensus sur les caractéristiques d’une nouvelle constitution, pas d’évènement fondateur comparable à ceux qui ont présidé à l’avènement des Républiques antérieures et de l’actuelle. Si l’ambiguïté sur ce que pourrait être la fonction présidentielle du nouveau président demeure grande, on peut déduire de ses quelques déclarations sur le sujet et de ses postures que son exercice de la fonction présidentielle, qui a pu être qualifiée de "jupitérienne", serait à la fois opaque et autoritaire, autocratique. La "dérive bonapartiste" qui a caractérisé le quinquennat de Nicolas Sarkozy risque d’être ici renforcée avec plus de méthode et, sans doute une traduction institutionnelle qui se durcira face aux conflits sociaux que la politique présidentielle ne manquera pas de provoquer. Jusqu’à quelles limites et à quelle échéance ? C’est la principale incertitude sur le danger encouru. 
S’il est clair qu’on ne saurait voter pour la politique de filiation autoritaire, xénophobe et nationaliste de Marine Le Pen, le danger de la politique portée par Emmanuel Macron constitue une autre redoutable menace pour le progrès social et la démocratie. 

Dimanche 7 mai 2017 je voterai Blanc."




dimanche 24 février 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #13


Épisode §13. Comme un air de 'матрешка' (matrioshka)

Matriosh-quoi ?

Matrioshka ! Les poupées russes !

Mais quel rapport avec les Gilets Jaunes ?

Allez sur sur Youtube et vous allez comprendre. Prenez, par exemple, cet extrait d'un forum de discussion :

bag xiril y a 9 heuresC'est vrai le mouvement des GJ a ses lacunes, , c'est vrai qu'il est ambigu, mais sa force est de dépasser les clivages paralysants entre les tendances partisanes. En mettant l'accent sur ce qui nous rassemble et pas sur ce qui nous divise on perd sans doute en cohérence, mais on gagne en efficacité. Et c'est bien ce qui ennuie le pouvoir, qui faisait mieux son affaire des oppositions politiques ou syndicales divisées et donc inoffensives. Alors au delà des ambiguïtés les GJ nous rappellent une vérité : on est à 99% dans le même bateau ! (Source)
Lorsque j'écrivis, tantôt, à ce "Gilet Jaune", pour lui annoncer que "vous allez échouer, sauf si...", c'était pour voir s'ils seraient capables de faire la part de l'essentiel et de l'accessoire.
Un exemple : je n'ai pas de voiture, je n'habite pas dans un pavillon. Donc, je ne suis pas concerné par le prix du fioul domestique ni par celui du carburant à la pompe. Donc, je ne peux pas être un 'Gilet Jaune' !
Par ailleurs, les prix, ça monte et ça descend ; il s'agit de données conjoncturelles. Que feraient les Gilets Jaunes si les prix de toutes les marchandises étaient divisés par deux par une opération du Saint-Esprit ? Ils s'arrêteraient ? Est-ce que la simple division par deux des prix à la consommation signifierait plus de démocratie ? Il me semble que non !
Parce qu'au-delà des questions de vie chère et de pouvoir d'achat, il y a des considérations relevant de la structure même de l'organisation sociale, et c'est cela qui m'importait en observant le mouvement, et en le replaçant dans la longue durée de bien des mouvements protestataires qui, dans leur quasi-totalité, ont échoué (Poujade, le Cidunati), quand ils n'ont pas débouché sur une 'reconquista' par les forces qu'ils auraient voulu abattre (cf. la victoire du gaullisme à la suite des émeutes de Mai 68).
On a un peu oublié que les élections ayant suivi la "grande" révolte de Mai 68 ont sacré le clan gaulliste, permettant au régime bonapartiste initié en 1958 d'en reprendre pour un demi-siècle, tout ça parce que les insurgés de Mai 68 n'ont été obnubilés que par des questions conjoncturelles et subalternes comme le fait de savoir si, dans les résidences universitaires, les garçons allaient pouvoir accéder aux chambres des filles !!!!!
J'aime bien le message reproduit ci-dessus : "En mettant l'accent sur ce qui nous rassemble et pas sur ce qui nous divise on perd sans doute en cohérence, mais on gagne en efficacité."
Les retraites ? Elles concernent les retraités. Les impôts ? Ils concernent ceux qui paient (payaient !) l'ISF, l'impôt sur le revenu, la CSG. Les prix à la pompe ? Ils concernent les automobilistes. Les charges sur les entreprises ? Elles concernent les employeurs, etc.
On voit bien que tout le monde ne pense pas la même chose des impôts et des taxes, ni de l'ISF. Mais connaissez-vous quelqu'un qui souhaite voir réduire les libertés publiques et la démocratie ? 
En clair : en se focalisant sur l'essentiel, sur lequel tout le monde peut se mettre d'accord, et non sur des considérations accessoires, qui n'intéressent que telle ou telle catégorie de la population, on gagne en efficacité car, du coup, tout le monde se sent concerné.
En mettant l'accent sur ce qui rassemble, les Gilets Jaunes montrent qu'ils ont compris que certains acquis nécessitaient l'accès préalable à des passages obligés, comme le fait d'emprunter un col ou une passe pour aller d'une vallée à une autre sur une route de montagne.
C'est le principe des matrioshkas russes : des poupées enchâssées les unes dans les autres. Et là, vous avez une première poupée, qu'il faut ouvrir pour accéder à la deuxième, qu'il faut ouvrir pour accéder à la troisième...

En clair, l'accès à l'ensemble des poupées est conditionné par l'ouverture de la plus grande poupée, laquelle constitue un passage obligé vers la poupée suivante, et ainsi de suite.



Mais il ne s'agit pas, là, d'une invention russe, mais égyptienne, qu'Howard Carter et son équipe mettent à jour lors de la découverte du mastaba de Toutankhamon, avec une série de sarcophages enchâssés les uns dans les autres, puis dans des caissons, eux-mêmes enchâssés les uns dans les autres. Le fait est qu'il a fallu à l'équipe Carter ouvrir un paquet d'enveloppes gigognes avant d'accéder à la momie du pharaon, ainsi que le montrent les illustrations qui suivent.




Vous connaissez le fameux slogan : "Donnez-moi un levier et je soulèverai le monde !" ? Voilà comment les Gilets Jaunes ont compris qu'il leur fallait trouver un levier, pour ouvrir la première poupée et pour pouvoir accéder à la deuxième matrioshka, etc., et ce levier s'appelle le RIC : la démocratie dans toute sa plénitude et non pas sa caricature baptisée "démocratie représentative". Et cette démocratie réhabilitée dans sa plénitude est la seule issue vers la résolution de l'ensemble des problèmes.
Mais, tandis que les Gilets Jaunes ont mis le doigt sur l'essentiel, le président français choisit de s'abîmer dans des considérations accessoires, via un marathon blablateur qui le voit s'abaisser à traiter de questions relevant de la compétence d'un sous-secrétaire d'État ! Parce qu'un président ne devrait pas abaisser sa fonction à s'occuper de la couleur du papier-toilette dans telle ou telle maison de retraite ou du menu de telle ou telle cantine scolaire, parce que ce n'est pas cela qu'on attend d'un président ! Et c'est là qu'on voit qu'au final, l'intelligence est du côté des Gilets Jaunes et non du promoteur du Grand Blabla national, lequel consiste à parler, des heures durant, de tout et de n'importe quoi, alors que la logique la plus élémentaire voudrait que l'on se concentre, avant toute chose, sur l'essentiel, au lieu de déblatérer à longueur de soirée sur des considérations subalternes. Parce que, si l'initiateur du Grand Blabla national avait vraiment compris ce qui se passe dans le pays, il ne perdrait pas son temps à parler de l'aménagement d'un rond-point à Trifouillis-les-Cormeilles ou de la pose d'un ascenseur dans la maison de retraite 'Les Peupliers', à Margouillat-sur-Oise, mais répondrait à la principale question posée par les Gilets Jaunes : celle portant sur la restauration de la démocratie dans toute sa plénitude, après soixante ans de régime autocratique. Du coup, on peut prévoir la suite des opérations : il va bien falloir qu'à un moment ou un autre, le Grand Blabla national réponde à une question simple, qui est aussi la plus importante : c'est qui le souverain ? Faute d'une réponse satisfaisante à cette question essentielle, tout le reste apparaîtra comme n'étant que broutilles et peccadilles, et Jupiter risque de se retrouver tout nu !

Petit supplément illustré

Lectures : 01 - 02 - 03 (en anglais on dit "a must see") - 04

mercredi 6 février 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #11


Épisode §11. Au fait, ça sert à quoi, un président de la République ?

Dans un précédent article, j'évoquais la notion de discours performatif ou perlocutoire (John Austin), bien connue des linguistes. L'inventeur du propos avait voulu distinguer la parole purement descriptive de celle qui crée une situation.

Ainsi, lorsque l'officier d'état civil annonce aux fiancés se présentant devant lui : "Je vous déclare mari et femme.", ils se retrouvent, de facto, mari et femme. La même chose se produit lorsqu'un maître de cérémonie dit : "Je déclare la séance ouverte.". Par parenthèse, l'énoncé perlocutoire ou performatif ne doit pas être confondu avec le simple ordre ou l'injonction (énoncé impératif), dans la mesure où un ordre peut fort bien n'être suivi d'aucun effet. 

Les férus de magie ou de spiritisme, voire les croyants... pourraient extrapoler la chose à bien des situations : pensons à l'"hocus pocus" du magicien, au "Sésame ouvre-toi" d'Ali Baba, voire au fameux "Que la lumière soit, et la lumière fut.", de la Genèse.

Précisément, il y a quelques mois, le premier ministre français, Edouard Philippe, se présente devant les média, flanqué de son ministre de l'Intérieur (Gérard Collomb), pour livrer à la presse cette déclaration, que je résume en substance : "Nous avons décidé de renoncer au projet de création d'un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes." Edouard Philippe venait de livrer là une parole éminemment perlocutoire ! (source)

Article 20 de la Constitution de la Cinquième République (alinéa 1)Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation.

Article 21 (al. 1)Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est responsable de la défense nationale. Il assure l'exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l'article 13, il exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.

Vous avez compris ?

Contrairement à ce que tout le monde ou presque, je veux dire tous les politiciens, politologues, politocrates et autres profs à 'Sciences Po' ressassent à longueur de conférences ou d'éditoriaux, dans la Vème République française, c'est le premier ministre qui gouverne, pas le président de la République !

Étonnant non ?! En fait, pas vraiment, pour peu que l'on sache que les mots ont un sens. Or, du président de la République et du premier ministre, lequel des deux est au centre de la manoeuvre, avec les mains dans le cambouis au jour le jour, sinon le premier ministre ?

Le président ? Il voyage, prononce des discours et rencontre le gouvernement une fois par semaine, tous les mercredis, se contentant de survoler les affaires courantes, tant il est vrai qu'il ne maîtrise pas tous les dossiers, en tout cas, pas aussi bien que les ministres ! (1)  

Voilà qui nous ramène à notre interrogation affichée plus haut : ça sert à quoi, un président de la République ? (2)

Je ne vous cache pas que je me pose cette question depuis un bon moment maintenant, soit bien avant l'élection d'Emmanuel Macron. Et il n'y a pas que Macron ! Allez donc voir du côté du Cameroun ou de l'Algérie, dont les présidents peuvent disparaître de la circulation durant de longs mois, pour réapparaître juste avant une élection ! Et tout récemment, le président gabonais, Ali Ben Bongo, victime d'un AVC, a dû séjourner loin de son pays durant de longs mois, moyennant toutes les spéculations qu'on imagine. Et qui a assuré la conduite du pays durant la convalescence de Bongo ? Le premier ministre ! (source)

Dans la rubrique : "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent...", j'ai encore dans l'oreille certaine promesse tenue lors de la dernière élection présidentielle française (avril-mai 2017). 

Citation :

Plusieurs écoles vont également fermer, au profit d’un regroupement en RPI ou RPC. Ainsi, le futur RPC de Gueschart en construction actuellement, aspirera les effectifs des écoles de Le Boisle, Maison-Ponthieu, Yvrench, Brailly-Cornehotte, Estrées-les-Crécy, Fontaine-sur-Maye, Noyelles-en-Chaussée, Boufflers et de l’ancienne école de Gueschart. L’école de Rue aspirera les effectifs d’Arry, le RPC de Vron récupérera ceux des écoles de Bernay-en-Ponthieu, et de l’ancienne école de Vron. Les effectifs des écoles de Dompierre-sur-Authie et Ponches-Estruval seront reversés à Crécy-en-Ponthieu. Dans le Vimeu, le RPC de Oisemont concentrera les effectifs des écoles de Fresneville, Andainville, Le Translay et Rambures. 
Au total une quinzaine d’écoles communales, en milieu rural, devraient ainsi fermer à la rentrée. (source)
Voilà qui va faire écho à une déclaration entendue tantôt sur une chaîne de télévision française (LCI) : 
Les territoires ruraux ne peuvent plus être la variable d'ajustement des politiques... C'est pourquoi il n'y aura plus de fermeture de classe en milieu rural.
Ah oui, j'ai failli oublier l'auteur de la déclaration : Emmanuel Macron, mais, contrairement à ce que je laissais entendre plus haut, la déclaration ne date pas de la période électorale (avril-mai 2017) mais du 16 mars 2018. Autant dire qu'elle émanait bel et bien du président de la République en exercice, un président dont la parole est tout sauf performative, quoi qu'il dise ou pense !

Citation :
C'était l'un des engagements phares d'Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017. Mais la promesse, martelée par candidat d'En Marche! à la présidentielle, de "maintenir" le pouvoir d'achat des retraités ne sera finalement pas tenue en 2019, ni en 2020. L'annonce faite dimanche 26 août de la désindexation pendant deux années consécutives des pensions de retraite par rapport à l'inflation vient d'atomiser le leitmotiv présidentiel, le fameux "je fais ce que j'ai dit". (source)
Voilà de quoi rendre les récepteurs de promesses un tantinet frileux à l'avenir, non ?

Mais il n'y a pas que les promesses vite enterrées ; il y a aussi les "approximations". Prenez, par exemple, cette curieuse déclaration visible tout au bas de l'écran de télévision : 


"J'ai supprimé cet impôt...", ça veut dire je m'assieds sur un certain nombre de principes, obnubilé que je suis de me faire passer pour un autocrate !

Dois-je vous avouer qu'à chaque fois que je lis ou entends ce genre de propos (j'ai fait, j'ai décidé, c'est moi qui, qu'ils viennent ME chercher, j'irai au bout de Mes réformes...) dans la bouche d'Emmanuel Macron, je ne puis m'empêcher de penser : "Non mais sans blague ! Il n'a jamais lu la Constitution !".

J'estime qu'au minimum, en plus d'une occasion, Macron devrait/aurait dû utiliser le "nous", même si le risque d'une confusion avec le "Nous" de majesté est bien réel. Le fait est que le président de la République ne crée ni ne supprime aucun impôt, et ce pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas en monarchie. Mais peut-être Macron considère-t-il que le Parlement n'est composé que de larbins et de godillots !

Quand je vous disais, dans un précédent papier, que, décidément, il y a des gens (haut placés) qui semblent avoir séché les cours d'ECJS au collège ! (source)

Au fait, il paraît que notre président serait en train de (re)traverser la France en ce moment-même, histoire de dialoguer avec le peuple dans le cadre d'un "Grand débat", moyennant la multitude de promesses qu'on imagine !

Grand débat ?! Ne faudrait-il pas dire plutôt "Grand Blabla" ?

Il faut croire que les gens n'ont pas beaucoup de mémoire, puisque les voilà repartis comme en Quatorze, dans ce qui ressemble un peu, et même beaucoup, à une nouvelle campagne électorale. Tout ça pour noyer le poisson des Gilets Jaunes ?

Toujours est-il que les visiteurs de ce blog qui ne connaissent pas la France doivent savoir qu'il y a, dans le monde, un dirigeant, en l'occurrence un "président de la République", qui n'est pas nord-coréen, ni russe, ni africain, ni sud-américain, ni asiatique, et à qui la télévision est capable de consacrer des dizaines d'heures d'exposition chaque mois !

C'est ainsi qu'il y a quelques mois, nous avons eu droit à une "itinérance mémorielle", qui vit le président traverser l'Est de la France, en souvenir de la Grande Guerre (1914-1918), profitant de chaque occasion pour délivrer moult messages à destination du bon peuple de France. Pour être honnête, de l'avis général, ce ne fut pas un succès. (source)

Et, presque au même moment, émerge une jacquerie populaire comme la France en a le secret, et que personne - aucun politologue, aucun politocrate, aucun expert en sondages... - n'avait vu venir. Et voilà le président multipliant les déclarations solennelles à la télévision, jusqu'à ce projet bien brinquebalant de "Grand débat", mais qui ressemble un peu trop à un grand monologue face à des faire-valoir.

Il faut vraiment que les gens se rendent compte de ce qui se passe : autour de quatre chaînes de télévision diffusant simultanément la même litanie d'interventions entendues cent fois et se répétant de semaine en semaine dans des marathons de parlote dignes des discours fleuves d'un Fidel Castro, lequel ne tenait ce genre de discours qu'une fois l'an !

Tiens, voici quatre captures d'écran tirées de ce qui est en train de se passer, quelque part en France, au moment-même où je saisis ces lignes (le spectacle dure depuis deux bonnes heures, mais je n'ai pas regardé, occupé que j'étais à faire mes gammes au piano, comme quand j'étais gosse. C'est que sans exercice, les articulations, ça rouille !).





Mais j'ai encore plein d'autres captures d'écran qui ne rendent que très imparfaitement compte du ramdam médiatique entourant chaque intervention ou déplacement du roi de France, pardon, du président de la République. Les images qui suivent se répartissent sur une période d'un peu moins de deux mois (début novembre à mi-décembre 2018).

À dire vrai, mon attention a surtout été attirée par l'occurrence du patronyme "Macron" au bas des images. Ce qui suit n'est qu'un infime échantillon de l'ensemble des captures d'écran réalisées depuis l'élection de l'inventeur du sigle L.R.E.M., avec 'E. M' comme...

Par parenthèse, une horloge étant souvent visible sur les images, l'on peut se rendre compte que ce traitement intervient matin, midi et soir !























































Les images qui précèdent ne sont qu'un petit aperçu de ce qu'on peut voir à la télévision (française) tous les jours. Vous avez compris qu'en France, en ce moment, on mangeait du Macron matin, midi et soir ? Rien à voir avec Poutine en Russie, avec Xi Jinping en Chine ou Kim Jong Un en Corée du Nord, n'est-ce pas ? Le fait est que  le travail du chercheur va consister à voir s'il existe dans le monde des dirigeants aussi systématiquement (= quotidiennement) évoqués dans les média (télévisés). Et c'est là que l'ADSL va pouvoir démontrer toute son efficacité !

13 = Treize ! C'est le nombre annoncé des grandes messes oratoires auxquelles le président français est censé participer jusqu'à la mi-mars... De quoi entrer dans le Livre des Records !

Ben voilà : on l'a, la réponse à la question du début !

Cela dit, je rassure tous ceux qui pensent que je passe mon temps à somnoler devant les débats (!) ou plutôt quasi-monologues évoqués plus haut. Il se trouve qu'avec plus de 300 chaînes de télévision via l'ADSL, et des centaines d'autres grâce à l'Internet, on a largement le choix.

C'est ainsi que, l'autre soir, durant les échanges entre Macron et des maires de banlieue, j'ai zappé sur la chaîne musicale Brava pour tomber sur feu Claudio Abbado accompagnant l'énigmatique Hélène Grimaud dans le deuxième concerto de Rachmaninov. Par chance, on n'était qu'au tout début du concert ; mais il y a aussi plein de rediffusions...



Quant aux téléspectateurs français peu curieux, ou ne disposant pas d'une connection au câble (ce qui revient au même compte tenu du faible coût de la connection), ou encore ne pratiquant aucune langue étrangère, ils auront, notamment, échappé aux innombrables débats autour du Brexit à la Chambre britannique des Communes, avec ce moment assez dramatique qui vit des députés ('brexiteers') du camp de Theresa May lui jeter un vote de défiance dans les gencives, sans oublier cette vague de froid historique aux Etats-Unis, les problèmes de Maduro au Venezuela, etc.

Mais j'ai aussi découvert un pianiste de jazz noir inconnu au bataillon, et visiblement handicapé de la main droite, ainsi qu'un formidable jeune gabonais ayant appris par ses propres moyens l'art de l'origami..., entre autres pépites dénichées sur le câble durant les quasi-interminables monologues du Jupiter de l'Elysée.




















À suivre...


(1) Petit exercice à soumettre à des élèves/étudiants dans le cadre d'un cours d'E.C.J.S. ou de Droit Constitutionnel : lister, dans la Constitution de la V
ème République, l'ensemble des actes - hormis la nomination du Premier Ministre - que le Président de la République peut effectuer en totale autonomie.

(2) Tiens donc ! Je soupçonne Mme Jacline Mouraud de faire partie des visiteurs réguliers de ce blog ! En tout cas, J. Mouraud présente au moins une qualité, c'est d'avoir compris, contrairement à d'autres, que l'urgence n'était pas de se présenter (dans à peine trois mois) aux élections européennes. (source


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