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mercredi 3 août 2022

Theodor Herzl and the hatred of the ordinary Jew among Zionists

Theodor Hertzl et la détestation du juif ordinaire par les Sionistes

Ceci est la traduction par mes soins d'un intéressant article paru sur le site Mintpressnews.

Révision en cours

"Maushel est un antisioniste. Nous le connaissons bien et depuis longtemps et nous nous sommes toujours sentis dégoûtés à chacune de ses apparitions.". Hertzl est d'autant plus dégoûté et chagriné qu'il est obligé de reconnaître que Maushel est bien "de notre peuple", bien qu'il n'y ait "pas la moindre utilité d'être fier du fait", dont il déplore les résultats "du mélange à une période sombre de notre histoire d'une classe inférieure de personnes avec notre nation".

Hertzl poursuit en disant que "[l]e dégoût que nous avions pour lui était doublé de pitié. Nous avons cherché à expliquer son aspect misérable et famélique. Nous nous sommes dit qu'il fallait le tolérer, que c'était notre devoir sacré de le civiliser.". Voulant se dissocier du Juif Maushel, Hertzl ajoute : "Il est le terrible compagnon des Juifs et tellement inséparable d'eux qu'on se prend toujours l'un pour l'autre."

Hertzl poursuit dans sa haine flagrante et écrit que Maushel est l'antithèse d'un être humain, quelque chose d'indiciblement dégradé et obstiné... "Maushel poursuit ses propres sales affaires dans la pauvreté. Maushel est un misérable schnorrer.". Dès lors, justifiant tristement les attaques antisémites contre les Juifs, Hertzl considère que : "Maushel a toujours fourni les raisons des attaques contre nous.". En d'autres termes, les juifs, les "vrais juifs" comme Hertzl, sont ciblés par les antisémites à cause de cette personne distante, sans lien de parenté, que les antisémites confondent avec un juif.

Plus loin, Hertzl écrit :

Aux yeux de l'antisémite, le Juif et Maushel étaient liés ; puis le sionisme est apparu et le Juif et Maushel ont dû définir leur position, et maintenant Maushel a rendu service aux Juifs : il s'est séparé du syndicat parce qu'il est antisioniste.

En d'autres termes, Hertzl prétend que seuls les vrais juifs sont des juifs sionistes laïcs. Il continue ensuite en confondant antisionisme et antisémitisme : "Quand les gens disent que les Juifs ne soutiennent pas le sionisme, la réponse est non ! Le Juif ne peut pas être un antisioniste, seul Maushel l'est.".

Une rhétorique comme celle-ci est très courante en Israël aujourd'hui, selon laquelle les vrais juifs sont les sionistes laïcs et les juifs religieux non sionistes sont décrits dans une variété de termes péjoratifs.

"C'est bien", poursuit Hertzl, "délivrons-nous de lui. C'est l'occasion de nous purifier de ces éléments dégradants."

La confusion concernant l'identité juive et les affirmations selon lesquelles le sionisme fait partie de l'identité juive est très courante, et en fait très troublante. Cette profonde incompréhension du judaïsme et du sionisme remonte clairement au fondateur du sionisme, Theodor Hertzl.

 

Qu'est-ce qui fait qu'un juif est juif ?

Le grand sage juif, le rabbin Sa'adiya Ga'on - dont le nom complet était Sa'id Bin Yousef El-Fayyumi - était l'une des figures rabbiniques juives les plus importantes de tous les temps. Il est né à Fayoum en Haute-Égypte à la fin du IXe siècle ; a poursuivi ses études à Tabariya, en Palestine, qui était un important centre d'apprentissage juif ; et plus tard, il a vécu, travaillé et écrit à Bagdad. Dans ce qui est considéré comme l'un de ses livres les plus importants - "Emunot Ve-Deot", ou "Croyances et opinions", qu'il a écrit en arabe en utilisant des lettres hébraïques - Ga'on écrit que le peuple d'Israël - en d'autres termes, les Juifs - ne sont une nation qu'en vertu de leurs lois religieuses (il utilise le terme charia en arabe pour les lois religieuses). En d'autres termes, un peuple lié par la foi.

Selon Hertzl, les Juifs sont une nation parce que, comme il le dit, "nos ennemis ont fait de nous un seul peuple sans notre consentement ; c'est la détresse qui nous lie." 

Le premier définit le peuple juif comme un groupe religieux lié par les lois et la foi, le second comme un groupe indéfini uni par la haine des non-juifs. 

 

Un éloge à Hertzl

L'éloge funèbre de Vladimir Jabotinsky (fondateur du Likoud) à Hertzl fut une offrande monumentale faite de louange et même de vénération. Publié pour la première fois sous forme de livret à Odessa en 1905, l'ouvrage a été écrit en russe puis traduit en hébreu. Dans ce document, Jabotinsky discute de l'héritage de Hertzl, que, malgré leurs divergences, il admirait profondément. Dans une section de l'ouvrage, Jabotinsky fait l'éloge des traits merveilleux d'un Hébreu et les compare à ce qu'il appelle les traits dégoûtants d'un Juif. Au lieu de dire Juif, il utilise le terme horriblement dégradant et antisémite "Zhid".

L'éloge funèbre commence par Jabotinsky admettant que personne n'a jamais vu un vrai hébreu ("Aucun de nous n'a vu le vrai hébreu de ses propres yeux".) et continue en disant que le juif que nous voyons autour de nous aujourd'hui n'est pas un hébreu mais un Zhid ("Et donc aujourd'hui, nous prenons comme point de départ le Zhid et essayons d'imaginer son exact opposé", dans un effort pour imaginer un hébreu.).

"Parce que le Zhid est laid, malingre", écrit le père du Likoud israélien , "nous donnerons l'image idéale de la beauté masculine hébraïque, stature, épaules massives, mouvements vigoureux", Jabotinsky conclut ainsi son propos :

Le Zhid est effrayé et opprimé, l'Hébreu fier et indépendant. Le Zhid est dégoûtant pour tout le monde, l'Hébreu devrait être charmant pour tous. Le Zhid accepte la soumission, l'Hébreu doit savoir commander. Le Zhid aime se cacher des yeux des étrangers, l'Hébreu possédera l'impudence et la grandeur.

Hertzl, selon Jabotinsky, était le spécimen parfait de l'hébreu que personne n'a jamais vu.

 

Le sionisme - pour qui ?

Si, en effet, Hertzl et les autres dirigeants du sionisme étaient des Juifs qui se détestaient eux-mêmes et méprisaient le Juif "commun", quelle était leur motivation pour établir le sionisme et travailler si dur pour fonder un État sioniste ?

Dans le premier chapitre de son livre, le rabbin Shapiro cite l'un des rabbins les plus respectés de son époque, le rabbin Chaim Soloveichik, qui a vécu en Europe de l'Est à la fin du XIXe siècle. Selon la citation, le rabbin Soloveichik dit que les sionistes voulaient créer un État afin de détruire le judaïsme.

En d'autres termes, les sionistes étaient laïcs et se considéraient comme éclairés et meilleurs que le Juif "ordinaire". Ils méprisaient les juifs qui observaient la Torah. Ils voulaient un endroit où des gens comme eux, qui ne ressemblaient pas ou ne vivaient pas comme des Juifs "ordinaires", pourraient vivre sans avoir à traiter (ou même voir) des Juifs pratiquants, et où ils pourraient être comme les autres nations.

L'État d'Israël n'a pas été créé pour le Juif "ordinaire", celui à longue barbe et papillotes (les boucles qui pendent sur le côté de la tête), ceux qui vivaient dans les shtetl (ghettos) d'Europe. L'État sioniste n'a pas non plus été créé pour le Juif arabe, mais pour le Juif européen laïc, qui veut plus que tout être européen.

Dans un livre qui décrit comment les dirigeants sionistes voyaient les Juifs d'Europe, il y a une photo qui montre des Juifs sur le marché du ghetto de Nalewni à Varsovie. On y trouve une citation attribuée à Chaim Weizmann, un dirigeant majeur du mouvement sioniste et plus tard le premier président de l'État d'Israël. La légende dit : "Eretz Yisrael (la Terre d'Israël ou la Palestine) n'était pas destinée aux colporteurs de Nalewski, Varsovie." Ce sont les Juifs que Hertzl et les autres dirigeants sionistes méprisaient.

Le jour où les victimes du sionisme auront enfin leur journée devant les tribunaux, le monde verra à quel point les premiers sionistes étaient cruels et racistes. Le monde verra qu'Israël, l'État sioniste d'aujourd'hui, est le reflet parfait de ce qu'étaient les premiers sionistes : racistes, violents et haineux.

En Israël aujourd'hui, les juifs ultra-orthodoxes qui s'opposent au sionisme sont méprisés et ridiculisés ; les juifs non religieux et antisionistes sont également repoussés, et les Palestiniens ne sont là que pour offrir des garanties : le prix qui doit être payé pour que la vision de Hertzl et des autres "Juifs qui se détestent" puisse devenir une réalité.

 

Miko Peled est un collaborateur régulier de MintPressNews, auteur de plusieurs publications et militant des droits humains né à Jérusalem. Ses derniers ouvrages sont ”The General’s Son. Journey of an Israeli in Palestine,” et “Injustice, the Story of the Holy Land Foundation Five.”


Observations

Il y a comme ça des mots que j'ai décidé de bannir définitivement de mon lexique, à l'exemple de Shoah, Holocauste (le dernier en dehors du contexte biblique) ou antisémitisme. Ceux qui s'agitent tant autour de ce dernier terme, à l'instar de M. Peled ici, devraient commencer par nous dire ce qu'ils entendent par "sémitisme". Après quoi, on pourra épiloguer sur son antonyme.

"Juifs qui se détestent" ? Peut-on vraiment parler de "self hatred", d'auto-détestation ? Ne s'agirait-il pas plutôt de "juifs détestant d'autres juifs qui ne leur ressemblent pas vraiment" ? Dans ce cas, il faudrait dire "Juifs qui se détestent entre eux."

Quant au sionisme, rappelons aux sourds et malentendants que c'est un courant politique daté, (fin 19ème - milieu 20ème) créé par une clique (celle évoquée plus haut) s'apparentant fort à une mafia, laquelle a réussi à extorquer à l'occupant britannique, puis à la SDN, une résolution en tous points abjecte visant à priver un peuple - les Palestiniens - de ses terres ancestrales, le tout au profit de margoulins d'origine germano-slave, autant dire tout sauf des sémites, et encore moins des descendants d'Abraham. Il suffirait, pour se convaincre de l'ampleur de l'imposture, d'étudier les véritables patronymes (chose déjà faite ailleurs sur ce blog) de quelques "pères fondateurs" de l'État d'Israël ainsi que d'un nombre conséquent de dirigeants dudit État, au hasard : David Grün (vert en allemand) devenu Ben Gourion, Golda Mabovitch alias Meir, Ariel Scheinermann aka Sharon, Benjamin Mileikovsky/Netanyahu...: rien que des "Möchtegernhebräer" ; ce qui me fait toujours penser à la chanson de Jacques Brel : "Ils veulent avoir l'air, mais ils n'ont pas l'air du tout !".

Voilà qui devrait rappeler à ceux qui connaissent (un peu) l'Ancien Testament un autre "alias", probablement le plus célèbre de tous. Vous voyez de qui je veux parler ? Non ? Alors, tant pis pour vous. Mais vous pouvez toujours vous rattraper en lisant les Deux Premiers Livres de Moïse. Ce nom (qui va changer très vite) apparaît dès le Premier Livre. 

Dernière observation : sur la base de ma petite culture universitaire, j'aime bien que les citations soient "sourcées" (avec appels de notes et notes de bas de page), chose que M. Peled s'est bien gardé de faire ici. Dommage ! 

 

Version originale