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jeudi 25 avril 2019

Comme une histoire presque sans paroles #4


Cette fois, on va parler d'autre chose. Il se trouve que j'ai tapé tantôt sur Sophia Aram, après une chronique qu'elle venait de livrer sur France Inter à propos de Gilets Jaunes ayant houspillé un pseudo-philosophe... Cela dit, et contrairement aux apparences, Sophia Aram fait partie de mes humoristes préférés, avec Dieudonné, lequel a pris (bêtement) du poids, lui, comme preuve qu'il roule sur l'or !

C'est que Sophia Aram est quelqu'un de très drôle. La preuve, c'est cette capacité quasi clownesque qu'elle a, à l'instar de Dieudonné, de jouer de son physique, voire de donner dans le mimodrame, pour reprendre la formule du génial et regretté Marcel Marceau.

J'ai récupéré l'image qui suit sur le compte T... de Sophia Aram et je l'ai contrefaite en 3D, tout en me fendant la poire tout le temps qu'a duré la "retouche"... (Lunettes rouge-cyan requises)




vendredi 19 avril 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #21


Épisode §21. Mais au fait, c'est qui le souverain ?

En ces temps de grand dérangement cérébral chez certaines "élites", qui donnent l'impression de ne plus savoir où elles habitent, peut-être serait-il utile de poser quelques jalons, histoire de se remettre les idées bien en place.

Voilà que, depuis quasiment le début de leur mouvement, les Gilets Jaunes réclament l'instauration d'un R.I.C., concept dont ils ne sont pas les auteurs, puisqu'il existe en Suisse depuis la nuit des temps sous le vocable de "votation" et apparaît de manière plus ou moins locale dans divers systèmes politiques (Californie...). 
"Dans la plupart des cantons en Suisse, mais aussi aux Etats-Unis [dans les villes, les Etats, etc.], les citoyens peuvent ainsi proposer une loi dès qu'ils ont le nombre suffisant de signatures, détaille le chercheur au Centre d’histoire des idées politiques et des institutions de l’université de Lausanne. En Suisse, ils peuvent aussi, par ce moyen, approuver ou désapprouver un texte voté par le Parlement." (Source)
Cette demande de démocratie directe est-elle nouvelle en France ?, s'interroge-t-on sur le site francetvinfo, cité plus haut.
Non. "Il y a deux conceptions de la citoyenneté, explique l'historien Gérard Noiriel. Une conception dominante, qui est la délégation du pouvoir avec un bulletin dans l'urne tous les cinq ans, et une conception populaire, qui est la participation directe. C'est celle des 'gilets jaunes' qui disent : 'Nous, on ne veut pas déléguer notre pouvoir à des chefs qu'on ne connaît pas.' En 1871, la Commune de Paris a appliqué cette démocratie directe. Les citoyens parisiens se réunissaient physiquement dans des assemblées générales, et ils choisissaient des délégués, qui étaient révocables et devaient rendre compte de ce qu'ils faisaient." 
Depuis des années, des élus plaident en faveur d'une démocratie plus directe. L'ancien député socialiste Arnaud Montebourg défendait dès 2001 une trentaine de propositions pour une VIe République, dont celle-ci : "Chaque collectivité territoriale peut consulter sa population sur les questions qui relèvent de leur compétence. (...) La même disposition de référendum d’initiative populaire est établie pour la proposition ou l’abrogation des lois de la République. Une loi organique en fixe les modalités et conditions." 
Lui aussi fervent partisan d'une VIe république, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, avait inclus dans son programme présidentiel de 2017 la création d'un "référendum révocatoire d’initiative populaire ". Celui-ci devait pouvoir mettre en cause la responsabilité politique d’un représentant, "même le conseiller général du coin", rappelle Le Monde. 
Comme je l'ai déjà signalé dans de précédents articles, la candidate (à l'élection présidentielle) ayant manifesté le plus de constance en faveur de l'initiative populaire est sans aucun doute Marine Le Pen (2012, 2017). Enfin, quand j'écris "sans aucun doute", il me semble avoir déjà épilogué sur la question, notamment sur le fait que Le Pen ait été d'une discrétion totale sur la question durant la campagne présidentielle de 2012.

Quant à l'acronyme R.I.C., pour Referendum d'Initiative Citoyenne, il apparaît de facto en 2013, à l'occasion du lancement en ligne d'une pétition ayant dépassé, depuis, les 214.000 signatures. (Source)

Or, ne voilà-t-il pas que de belles âmes, notamment des politologues et autres intellocrates (cf. Olivier Duhamel, François de Closets), viennent nous expliquer que trop de démocratie pouvait tuer la démocratie, la référence absolue étant, selon eux, la "sacro-sainte" démocratie représentative.

Et c'est là qu'il semble utile de revenir à la sémantique (décidément !, vont penser certains...), c'est-à-dire au sens strict des mots.

Par parenthèse, où a-t-on vu que gouvernement du peuple par le peuple voulait dire obligation pour ledit peuple de se départir en permanence de ses prérogatives au profit d'une oligarchie, fût-elle élue, ainsi que le sous-entendent les tenants de la "démocratie représentative" ?
Le Souverain est la personne qui exerce seule le pouvoir politique dans un État. Dans les démocraties constitutionnelles, et sous la Ve République, le Souverain est le peuple comme détenteur du pouvoir constituant, et les gouvernants ne sont que des magistrats constitutionnels. (Source)
En démocratie, le souverain c'est le peuple, par transposition verticale de la souveraineté, de la personne du roi, vers le corps social (= le peuple) dans son ensemble. 

Précisément, offrons-nous un petit retour en arrière, au temps dudit "Ancien Régime" : comment les choses se passaient-elles du temps où le souverain se réduisait à la personne d'un monarque ?

Rappelons tout d'abord que la souveraineté royale reposait sur le principe de l'élection divine via un sacre (Reims à une époque, voire Notre-Dame de Paris pour Napoléon) par l'autorité ecclésiastique.
La monarchie d'Ancien Régime (la monarchie désignant le gouvernement d'un seul) a des limites avant tout religieuses. On a affaire à une monarchie de droit divin, symbolisée par le sacre du roi de France à Reims. Le roi est réputé choisi par Dieu pour exécuter sa volonté et ses sujets doivent à ce titre le respecter et lui obéir. Comme preuve de ce rapport particulier avec Dieu, les rois de France étaient réputés guérir une certaine maladie, les « écrouelles », par imposition des mains. (...) 
Au sortir du Moyen Âge, la monarchie évolue vers le gouvernement absolu, conformément aux théories politiques exprimées par Jean Bodin, un juriste d'Angers, dans Les six Livres de la République (1576). Celui-ci fait valoir que la souveraineté ne se divise pas et conteste la multiplicité des pouvoirs hérités du Moyen Âge. Il en arrive à considérer que le souverain est au-dessus de la loi. 
La monarchie absolue apparaît comme un gouvernement centralisé dans lequel tout le pouvoir réside dans le roi : 
pouvoir législatif : le roi fait la loi, 
pouvoir exécutif : le roi fait exécuter la loi par ses ministres et ses « officiers » ou fonctionnaires, 
pouvoir judiciaire : le roi de France délègue ses pouvoirs à des magistrats indépendants, propriétaires de leur charge, qui siègent dans les parlements et exercent la justice d'appel (ils tranchent en dernier ressort lorsque la décision d'un tribunal ordinaire est contestée) ; le roi se réserve toutefois le droit d'interner toute personne de son choix par une « lettre de cachet ». 
Mais en dépit de Jean Bodin et ses émules, le pouvoir royal demeure jusqu'à la Révolution strictement encadré par les assemblées traditionnelles (parlements, états provinciaux, assemblées paroissiales, assemblée du clergé...) et les us et coutumes locaux. (Source)
Retenons du concept de souveraineté sous l'Ancien Régime que le monarque pouvait déléguer une partie de ses pouvoirs, sans jamais s'en délester complètement : à tout moment d'une procédure, le roi pouvait "retenir" ses prérogatives.
Succédant à une justice exercée par les seigneurs et le clergé dans chaque province sous la féodalité, apparaît sous la monarchie la justice royale. 
Les Rois de France rendent désormais la justice et assoient progressivement leur autorité judiciaire. 
Lors des sacres, l'archevêque de Reims remet la " main de justice ", signe d'équité, et l'épée, glaive de justice. Ainsi, le Roi reçoit de Dieu le pouvoir spirituel et temporel de rendre justice. La justice d'origine divine devient donc l'émanation du roi de France. Le premier devoir du roi à l'égard de ses sujets est de faire à tous bonne et prompte justice à l'image de Saint-Louis, sous un chêne à Vincennes. 
Jusqu'au XIIIème siècle, le Roi expédie lui-même les affaires, entouré de conseillers ; c'est l'époque de la "justice retenue", nécessaire au maintien de son autorité. 
Puis, les rois successifs délèguent progressivement leur pouvoir judiciaire à des juges spécialement nommés, tout en gardant un droit de regard sur les affaires et en conservant le pouvoir de juger eux-mêmes une affaire déjà entamée ou de l'attribuer à une autre juridiction (droit d'évocation). (Source)
Du coup, on est en droit de s'interroger sur les raisons pour lesquelles tant de régimes prétendument démocratiques rechignent à instaurer la démocratie directe, alors même qu'elle est dans l'ordre "naturel" des choses : dès lors que le souverain n'est plus un monarque, mais le peuple, d'un point de vue strictement philosophique, ne serait-il pas normal que le souverain populaire délègue ses pouvoirs quand ça l'arrange, tout en s'arrogeant le droit de "retenir" ces mêmes pouvoirs quand il juge opportun de le faire ?





De fait, les politologues, politiciens et autres politocrates qui s'évertuent à dénigrer la démocratie directe tentent, avant tout, mais sans convaincre grand monde, d'inverser l'ordre logique des choses, faisant passer la règle - le pouvoir par le peuple et pour le peuple - pour une exception, et l'exception - l'exercice du pouvoir par simple délégation - pour la règle, alors même qu'en bonne logique sémantique, la démocratie c'est l'exercice du pouvoir pour le peuple et par le peuple. Point.

Par la suite, c'est au peuple souverain (pléonasme !), et à lui seul qu'il incombera, par dérogation à la règle, d'organiser l'exercice pratique (et délégué) du pouvoir par les procédures qu'il jugera utiles.

Ce qui veut dire qu'à l'instar du souverain d'ancien régime, le souverain démocratique pourra - devrait pouvoir - à tout moment déléguer... et à tout moment retenir son pouvoir  de décision.

C'est bien la raison pour laquelle le referendum d'initiative populaire ou citoyenne est consubstantiel du concept même de démocratie !

Par voie de conséquence, il faut bien prendre conscience de l'anomalie structurelle manifestée par tant de régimes prétendument démocratiques qui, à aucun moment, n'imaginent que le peuple puisse exercer lui-même le pouvoir, alors même qu'avec les nouveaux moyens offerts par la communication électronique, les citoyens disposent désormais de la faculté de s'exprimer quasiment en temps réel sur les choses relevant de la vie de la cité, voire de la nation.

Par ailleurs, compte tenu de ce qui précède, à savoir l'identification de qui est le souverain en démocratie, ce n'est pas aux représentants du peuple qu'il incombe de dire ce que le peuple doit faire ou ne pas faire, dès lors qu'ils ne détiennent pas plus de souveraineté que les représentants du roi sous l'Ancien Régime !

On résume ?

En plaçant très haut cette revendication autour du RIC, les Gilets Jaunes montrent qu'ils ont compris l'essentiel, voire qu'ils ont tout compris en matière de gestion de la chose publique, et c'est bien ce qu'il y a de remarquable dans ce mouvement, dont on - quelques mauvaises langues représentant la caste oligarchique - nous dit qu'il proposerait à peu près tout et n'importe quoi, voire partirait un peu dans tous les sens, ce qui est absolument faux ! Mais bon, tout le monde ne dispose pas de la capacité intellectuelle d'apprécier à sa juste valeur un mouvement social ! Et puis, mettons-nous à leur place : politiciens, politologues et autres politocrates ne connaissant rien de la vie des vraies gens, ils en sont réduits à se fabriquer un peuple artificiel à coups de sondages et d'échantillons soi-disant représentatifs... Or, ces sondages n'ont pas vu venir le mouvement des G.J. !

Du coup, si j'avais un conseil à donner à certains représentants du peuple, qui se prennent pour des détenteurs du pouvoir, c'est de se rappeler simplement qui ils sont vraiment : des larbins au service du peuple, et rien d'autre !


Lecture : dans la rubrique "Mais pourquoi donc l'oligarchie a-t-elle à ce point peur du peuple ?", une interview dans Marianne.


mardi 2 avril 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #19


Épisode §19. Le syndrome Adama Traoré

Vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que la manifestante niçoise en gilet jaune de la semaine dernière, vue et revue dans les médias et les réseaux dits sociaux, a, en réalité, fait l'objet d'une poussette par un agent de la force publique, à en croire le procureur de Nice, cité par les gazettes, qui font état de versions ayant sensiblement évolué.

        Citations 
S'appuyant sur des images de vidéosurveillance, le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre avait lui aussi assuré le 25 mars, lors d’une conférence de presse : «J’exclus une cause : j’exclus qu’elle se soit cassé la figure toute seule. […] Ce dont on est sûr aussi à la vue des images, pixels par pixels, c’est qu’elle n’a pas été touchée par les forces de police, par un bouclier ou par un homme.» Selon le procureur, qui «exclut qu'elle était en train de courir» et soit tombée seule, il y avait derrière elle trois personnes, «un journaliste qui filmait, une autre manifestante et une autre personne à la casquette marron».  (...)  
Arié Alimi, l’avocat de Geneviève Legay, a rapidement contesté cette version des faits. Au cours d’une conférence de presse, le 26 mars, il a déclaré que sa cliente avait été «poussée délibérément». Pour justifier son propos, il s’est appuyé sur une vidéo de CNews, notamment relayée par le site Arrêt sur images, où l’on peut voir un membre des forces de l’ordre charger en direction d'une personne tenant un gilet jaune dans la main. (source)


Bon, si j'ai bien compris, on a fini par savoir que la dame avait été poussée dans le dos, et par qui.

Soit dit entre nous, avait-on vraiment besoin de tout ce tintouin pour savoir ce qu'il s'était vraiment passé sur cette place niçoise ?

Il se trouve que, lors de l'épisode précédent, j'avais affiché sur ce modeste blog des captures d'écran, parmi lesquelles figurait celle qui suit :



Voilà une image qui ne peut que laisser perplexe, non ?!

Est-ce qu'il y a le moindre doute sur les raisons pour lesquelles la personne allongée par terre au premier plan, à droite sur l'image, se retrouve dans cette position ? Quant à la dame, allongée par terre, elle aussi, au second plan, voit-on quelqu'un interposé entre elle et le(s) policier(s) ?

Le fait est que nous avons là une personne à terre, de surcroît, une femme d'un certain âge, pas un jeune cagoulé et tout de noir vêtu, ni même un surfeur bodybuildé, une mémé qui pourrait être morte et qu'un fonctionnaire de police se contente d'enjamber comme on enjambe une flaque d'eau ou une poubelle renversée !

Entre nous, si le procureur de Nice n'a pas été choqué par cette image, je ne vois pas très bien à quoi il sert, notre bon Procureur de la République ! Du coup, les paroles de ce magistrat du Parquet avant..., et après coup s'avèrent d'une inanité crasse qui frise l'insanité !

Parce que lorsque vous examinez l'image ci-dessus "pixel par pixel" (sic.), vous ne voyez pas qu'il y a comme un problème ?

Vous êtes un fonctionnaire de police, chargé du maintien de l'ordre et, accessoirement (!!), de la sécurité publique, en bon français : de la sécurité du Peuple, et lors d'une manifestation quelconque, avec zéro violence de la part de la foule, une personne tombe par terre, de surcroît, visiblement âgée, elle est peut-être morte ou dans le coma, et votre premier réflexe n'est pas de vous baisser pour vous enquérir de son état de santé, mais de l'enjamber comme on enjambe un tas d'ordures !?!?!

Et tout ça a lieu devant une nuée d'objectifs garnissant les téléphones portables !

Du coup, on repense à Adama Traoré, ce jeune homme ayant croisé le chemin d'une escouade de gendarmes : quand on voit l'indifférence qu'un agent des forces publiques est capable de manifester envers une dame âgée et allongée par terre, on peut, du coup, se faire une idée de l'indifférence que d'autres agents des forces publiques peuvent manifester face à un suspect supposé "simuler un malaise".

Le fait est que Traoré n'a pas du tout simulé son malaise ! Pour comble de malheur, il n'y avait aucun badaud pointant la caméra de son téléphone portable pour saisir la scène.

J'en connais qui trouvent que ça fait un peu beaucoup, tous ces jeunes "noirs" (on nous annonce la mort dans un hôpital d'un certain 'Ange', à la suite d'un contrôle routier...) ayant succombé à la suite d'une rencontre avec les forces de l'ordre. Ceux-là pourront constater que même une vieille dame à la peau bien blanche n'est pas à l'abri de quelque "bug" !

Si ça peut les rassurer !

Mais je n'oublie pas un autre protagoniste d'un drame survenu en marge d'une opération de maintien de l'ordre : ce fonctionnaire de police victime d'un arrêt cardiaque en plein Paris et en marge d'une déambulation des Gilets Jaunes.

Qu'un homme dans la force de l'âge, probablement rompu aux exigences physiques du maintien de l'ordre, soit victime d'une aussi grave défaillance est la preuve que ce genre de tuile peut aussi se produire en dehors de tout tabassage ou de toute molestation !

Voilà de quoi nous rendre un peu plus modérés dans notre appréciation de certaines péripéties de l'agitation sociale.

Pour revenir à l'essentiel, il faut souhaiter un prompt rétablissement à (dans un ordre de gravité décroissante de leurs états respectifs) cet agent des forces de l'ordre toujours dans le coma à la suite d'un arrêt cardiaque, et dont on est sans nouvelles, étant entendu que, dans le meilleur des cas, sa carrière active de policier est terminée. Une pensée aussi pour la mamie d'Attac bousculée sur cette place niçoise, en espérant (on peut rêver !) que sa majesté Ringard Ier, j'ai nommé le très imprudent maire de Nice, daignera - charité chrétienne oblige ! - se déplacer à l'hôpital afin de réconforter une de ses administrées, fût-elle de gauche ! (1)

S'agissant du jeune Ange Debenesha, il serait souhaitable que famille et amis attendent un peu avant de s'enflammer, dès lors que les rumeurs bruissent de toutes parts que le garçon aurait ingurgité quelque chose au moment du contrôle policier, histoire de se débarrasser d'une substance hallucinogène en sa possession ? Auquel cas, ce n'était pas très futé ! Pour ma part, j'ai appris à toujours attendre un peu avant de me lancer dans des spéculations hasardeuses.

Quant à Adama Traoré, on ne peut que compatir à la douleur de la famille. Cela dit, une dizaine d'années de Villiers-le-Bel m'ont valu de me faire contrôler (une demi douzaine de fois tout au plus, soit moins d'une fois l'an) par la police, notamment dans le secteur de la gare RER. Je dois dire que ça s'est toujours très bien passé. Et si Traoré est parti en courant à la vue des gendarmes, je dois dire, ici, qu'il a eu tort de se comporter de la sorte, dès lors que cette course poursuite, à elle seule, aurait fort bien pu conduire à un malaise cardiaque fatal, comme il s'en produit sur bien des stades ou lors de bien d'épreuves sportives, voire chez les flics lors d'une opération de maintien de l'ordre ! Cela dit, s'il y a eu faute des agents de la force publique - dont on a vu à Nice qu'ils étaient tout sauf infaillibles -, la Justice passera, comme il se doit dans un État de droit !



Liens 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07 (ceux-là poussent un peu loin le bouchon ! Mais bon, on est en démocratie, non ?)



(1) Pendant longtemps, c'est Guy Bedos, dont je ne suis pas un fan, qui se plaignait des difficultés de se produire à Nice, ville du controversé Jacques Médecin. Aujourd'hui, histoire de ne pas perdre les "bonnes" habitudes, il semble que la maladie de la persécution vise désormais Dieudonné, lequel n'en a cure, apparemment. Mais le seul fait qu'il existe des militants d'Attac à Nice est, en soi, une bonne chose ! 


lundi 25 mars 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #17


Épisode § 17. Une 'blackbloc' de... 73 ans ! 

Nota bene : le Gilet Jaune que l'on aperçoit à droite sur la première image va avoir les bras ballants tout au long de la séquence (= ne se mettra à aucun moment en position d'attaque/de boxeur). Tout au long de la séquence, des observateurs haranguent les "ninjas". Par ailleurs, il est impossible que ces derniers ne se sachent pas filmés par des téléphones portables.

La suite, sans commentaires.




















Petit supplément illustré





Lectures :  01  - 02 


mercredi 6 février 2019

Gilets jaunes, colère noire et volée de bois vert #11


Épisode §11. Au fait, ça sert à quoi, un président de la République ?

Dans un précédent article, j'évoquais la notion de discours performatif ou perlocutoire (John Austin), bien connue des linguistes. L'inventeur du propos avait voulu distinguer la parole purement descriptive de celle qui crée une situation.

Ainsi, lorsque l'officier d'état civil annonce aux fiancés se présentant devant lui : "Je vous déclare mari et femme.", ils se retrouvent, de facto, mari et femme. La même chose se produit lorsqu'un maître de cérémonie dit : "Je déclare la séance ouverte.". Par parenthèse, l'énoncé perlocutoire ou performatif ne doit pas être confondu avec le simple ordre ou l'injonction (énoncé impératif), dans la mesure où un ordre peut fort bien n'être suivi d'aucun effet. 

Les férus de magie ou de spiritisme, voire les croyants... pourraient extrapoler la chose à bien des situations : pensons à l'"hocus pocus" du magicien, au "Sésame ouvre-toi" d'Ali Baba, voire au fameux "Que la lumière soit, et la lumière fut.", de la Genèse.

Précisément, il y a quelques mois, le premier ministre français, Edouard Philippe, se présente devant les média, flanqué de son ministre de l'Intérieur (Gérard Collomb), pour livrer à la presse cette déclaration, que je résume en substance : "Nous avons décidé de renoncer au projet de création d'un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes." Edouard Philippe venait de livrer là une parole éminemment perlocutoire ! (source)

Article 20 de la Constitution de la Cinquième République (alinéa 1)Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation.

Article 21 (al. 1)Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est responsable de la défense nationale. Il assure l'exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l'article 13, il exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.

Vous avez compris ?

Contrairement à ce que tout le monde ou presque, je veux dire tous les politiciens, politologues, politocrates et autres profs à 'Sciences Po' ressassent à longueur de conférences ou d'éditoriaux, dans la Vème République française, c'est le premier ministre qui gouverne, pas le président de la République !

Étonnant non ?! En fait, pas vraiment, pour peu que l'on sache que les mots ont un sens. Or, du président de la République et du premier ministre, lequel des deux est au centre de la manoeuvre, avec les mains dans le cambouis au jour le jour, sinon le premier ministre ?

Le président ? Il voyage, prononce des discours et rencontre le gouvernement une fois par semaine, tous les mercredis, se contentant de survoler les affaires courantes, tant il est vrai qu'il ne maîtrise pas tous les dossiers, en tout cas, pas aussi bien que les ministres ! (1)  

Voilà qui nous ramène à notre interrogation affichée plus haut : ça sert à quoi, un président de la République ? (2)

Je ne vous cache pas que je me pose cette question depuis un bon moment maintenant, soit bien avant l'élection d'Emmanuel Macron. Et il n'y a pas que Macron ! Allez donc voir du côté du Cameroun ou de l'Algérie, dont les présidents peuvent disparaître de la circulation durant de longs mois, pour réapparaître juste avant une élection ! Et tout récemment, le président gabonais, Ali Ben Bongo, victime d'un AVC, a dû séjourner loin de son pays durant de longs mois, moyennant toutes les spéculations qu'on imagine. Et qui a assuré la conduite du pays durant la convalescence de Bongo ? Le premier ministre ! (source)

Dans la rubrique : "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent...", j'ai encore dans l'oreille certaine promesse tenue lors de la dernière élection présidentielle française (avril-mai 2017). 

Citation :

Plusieurs écoles vont également fermer, au profit d’un regroupement en RPI ou RPC. Ainsi, le futur RPC de Gueschart en construction actuellement, aspirera les effectifs des écoles de Le Boisle, Maison-Ponthieu, Yvrench, Brailly-Cornehotte, Estrées-les-Crécy, Fontaine-sur-Maye, Noyelles-en-Chaussée, Boufflers et de l’ancienne école de Gueschart. L’école de Rue aspirera les effectifs d’Arry, le RPC de Vron récupérera ceux des écoles de Bernay-en-Ponthieu, et de l’ancienne école de Vron. Les effectifs des écoles de Dompierre-sur-Authie et Ponches-Estruval seront reversés à Crécy-en-Ponthieu. Dans le Vimeu, le RPC de Oisemont concentrera les effectifs des écoles de Fresneville, Andainville, Le Translay et Rambures. 
Au total une quinzaine d’écoles communales, en milieu rural, devraient ainsi fermer à la rentrée. (source)
Voilà qui va faire écho à une déclaration entendue tantôt sur une chaîne de télévision française (LCI) : 
Les territoires ruraux ne peuvent plus être la variable d'ajustement des politiques... C'est pourquoi il n'y aura plus de fermeture de classe en milieu rural.
Ah oui, j'ai failli oublier l'auteur de la déclaration : Emmanuel Macron, mais, contrairement à ce que je laissais entendre plus haut, la déclaration ne date pas de la période électorale (avril-mai 2017) mais du 16 mars 2018. Autant dire qu'elle émanait bel et bien du président de la République en exercice, un président dont la parole est tout sauf performative, quoi qu'il dise ou pense !

Citation :
C'était l'un des engagements phares d'Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017. Mais la promesse, martelée par candidat d'En Marche! à la présidentielle, de "maintenir" le pouvoir d'achat des retraités ne sera finalement pas tenue en 2019, ni en 2020. L'annonce faite dimanche 26 août de la désindexation pendant deux années consécutives des pensions de retraite par rapport à l'inflation vient d'atomiser le leitmotiv présidentiel, le fameux "je fais ce que j'ai dit". (source)
Voilà de quoi rendre les récepteurs de promesses un tantinet frileux à l'avenir, non ?

Mais il n'y a pas que les promesses vite enterrées ; il y a aussi les "approximations". Prenez, par exemple, cette curieuse déclaration visible tout au bas de l'écran de télévision : 


"J'ai supprimé cet impôt...", ça veut dire je m'assieds sur un certain nombre de principes, obnubilé que je suis de me faire passer pour un autocrate !

Dois-je vous avouer qu'à chaque fois que je lis ou entends ce genre de propos (j'ai fait, j'ai décidé, c'est moi qui, qu'ils viennent ME chercher, j'irai au bout de Mes réformes...) dans la bouche d'Emmanuel Macron, je ne puis m'empêcher de penser : "Non mais sans blague ! Il n'a jamais lu la Constitution !".

J'estime qu'au minimum, en plus d'une occasion, Macron devrait/aurait dû utiliser le "nous", même si le risque d'une confusion avec le "Nous" de majesté est bien réel. Le fait est que le président de la République ne crée ni ne supprime aucun impôt, et ce pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas en monarchie. Mais peut-être Macron considère-t-il que le Parlement n'est composé que de larbins et de godillots !

Quand je vous disais, dans un précédent papier, que, décidément, il y a des gens (haut placés) qui semblent avoir séché les cours d'ECJS au collège ! (source)

Au fait, il paraît que notre président serait en train de (re)traverser la France en ce moment-même, histoire de dialoguer avec le peuple dans le cadre d'un "Grand débat", moyennant la multitude de promesses qu'on imagine !

Grand débat ?! Ne faudrait-il pas dire plutôt "Grand Blabla" ?

Il faut croire que les gens n'ont pas beaucoup de mémoire, puisque les voilà repartis comme en Quatorze, dans ce qui ressemble un peu, et même beaucoup, à une nouvelle campagne électorale. Tout ça pour noyer le poisson des Gilets Jaunes ?

Toujours est-il que les visiteurs de ce blog qui ne connaissent pas la France doivent savoir qu'il y a, dans le monde, un dirigeant, en l'occurrence un "président de la République", qui n'est pas nord-coréen, ni russe, ni africain, ni sud-américain, ni asiatique, et à qui la télévision est capable de consacrer des dizaines d'heures d'exposition chaque mois !

C'est ainsi qu'il y a quelques mois, nous avons eu droit à une "itinérance mémorielle", qui vit le président traverser l'Est de la France, en souvenir de la Grande Guerre (1914-1918), profitant de chaque occasion pour délivrer moult messages à destination du bon peuple de France. Pour être honnête, de l'avis général, ce ne fut pas un succès. (source)

Et, presque au même moment, émerge une jacquerie populaire comme la France en a le secret, et que personne - aucun politologue, aucun politocrate, aucun expert en sondages... - n'avait vu venir. Et voilà le président multipliant les déclarations solennelles à la télévision, jusqu'à ce projet bien brinquebalant de "Grand débat", mais qui ressemble un peu trop à un grand monologue face à des faire-valoir.

Il faut vraiment que les gens se rendent compte de ce qui se passe : autour de quatre chaînes de télévision diffusant simultanément la même litanie d'interventions entendues cent fois et se répétant de semaine en semaine dans des marathons de parlote dignes des discours fleuves d'un Fidel Castro, lequel ne tenait ce genre de discours qu'une fois l'an !

Tiens, voici quatre captures d'écran tirées de ce qui est en train de se passer, quelque part en France, au moment-même où je saisis ces lignes (le spectacle dure depuis deux bonnes heures, mais je n'ai pas regardé, occupé que j'étais à faire mes gammes au piano, comme quand j'étais gosse. C'est que sans exercice, les articulations, ça rouille !).





Mais j'ai encore plein d'autres captures d'écran qui ne rendent que très imparfaitement compte du ramdam médiatique entourant chaque intervention ou déplacement du roi de France, pardon, du président de la République. Les images qui suivent se répartissent sur une période d'un peu moins de deux mois (début novembre à mi-décembre 2018).

À dire vrai, mon attention a surtout été attirée par l'occurrence du patronyme "Macron" au bas des images. Ce qui suit n'est qu'un infime échantillon de l'ensemble des captures d'écran réalisées depuis l'élection de l'inventeur du sigle L.R.E.M., avec 'E. M' comme...

Par parenthèse, une horloge étant souvent visible sur les images, l'on peut se rendre compte que ce traitement intervient matin, midi et soir !























































Les images qui précèdent ne sont qu'un petit aperçu de ce qu'on peut voir à la télévision (française) tous les jours. Vous avez compris qu'en France, en ce moment, on mangeait du Macron matin, midi et soir ? Rien à voir avec Poutine en Russie, avec Xi Jinping en Chine ou Kim Jong Un en Corée du Nord, n'est-ce pas ? Le fait est que  le travail du chercheur va consister à voir s'il existe dans le monde des dirigeants aussi systématiquement (= quotidiennement) évoqués dans les média (télévisés). Et c'est là que l'ADSL va pouvoir démontrer toute son efficacité !

13 = Treize ! C'est le nombre annoncé des grandes messes oratoires auxquelles le président français est censé participer jusqu'à la mi-mars... De quoi entrer dans le Livre des Records !

Ben voilà : on l'a, la réponse à la question du début !

Cela dit, je rassure tous ceux qui pensent que je passe mon temps à somnoler devant les débats (!) ou plutôt quasi-monologues évoqués plus haut. Il se trouve qu'avec plus de 300 chaînes de télévision via l'ADSL, et des centaines d'autres grâce à l'Internet, on a largement le choix.

C'est ainsi que, l'autre soir, durant les échanges entre Macron et des maires de banlieue, j'ai zappé sur la chaîne musicale Brava pour tomber sur feu Claudio Abbado accompagnant l'énigmatique Hélène Grimaud dans le deuxième concerto de Rachmaninov. Par chance, on n'était qu'au tout début du concert ; mais il y a aussi plein de rediffusions...



Quant aux téléspectateurs français peu curieux, ou ne disposant pas d'une connection au câble (ce qui revient au même compte tenu du faible coût de la connection), ou encore ne pratiquant aucune langue étrangère, ils auront, notamment, échappé aux innombrables débats autour du Brexit à la Chambre britannique des Communes, avec ce moment assez dramatique qui vit des députés ('brexiteers') du camp de Theresa May lui jeter un vote de défiance dans les gencives, sans oublier cette vague de froid historique aux Etats-Unis, les problèmes de Maduro au Venezuela, etc.

Mais j'ai aussi découvert un pianiste de jazz noir inconnu au bataillon, et visiblement handicapé de la main droite, ainsi qu'un formidable jeune gabonais ayant appris par ses propres moyens l'art de l'origami..., entre autres pépites dénichées sur le câble durant les quasi-interminables monologues du Jupiter de l'Elysée.




















À suivre...


(1) Petit exercice à soumettre à des élèves/étudiants dans le cadre d'un cours d'E.C.J.S. ou de Droit Constitutionnel : lister, dans la Constitution de la V
ème République, l'ensemble des actes - hormis la nomination du Premier Ministre - que le Président de la République peut effectuer en totale autonomie.

(2) Tiens donc ! Je soupçonne Mme Jacline Mouraud de faire partie des visiteurs réguliers de ce blog ! En tout cas, J. Mouraud présente au moins une qualité, c'est d'avoir compris, contrairement à d'autres, que l'urgence n'était pas de se présenter (dans à peine trois mois) aux élections européennes. (source


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