Épisode §23. Et quand bien même ils ne seraient qu'un millier dans toute la France !
Vous savez quoi ? La profession de journaliste compte des gens assez extraordinaires. J'ai bien écrit "compte des...", entendez, cela ne concerne pas tout le monde.
Cette propension à répéter les mêmes choses, au même moment, et à ne jamais se critiquer les uns les autres !
Prenez cette calamiteuse Une de Juin 2010 (la toute dernière fois que je me suis rendu dans un kiosque à journaux pour y acheter ce quotidien sportif) avec le duo Anelka et Domenech, le premier étant présenté dans une attitude particulièrement belliqueuse envers le second.
Ça se voyait pourtant comme le nez au milieu de la figure que ce photo-montage était une escroquerie, mais pas un seul journaliste n'a osé pondre le moindre papier reprochant au torchon "sportif" en question d'avoir violé les règles déontologiques les plus élémentaires.
Autre exemple : durant la dernière ligne droite de la dernière campagne électorale pour la Maison Blanche, en marge d'une cérémonie devant le site du World Trade Center, la candidate Hillary Clinton doit précipitamment quitter les lieux dans un état physique visiblement dégradé. Ses médecins vont lui diagnostiquer une pneumonie, maladie potentiellement contagieuse. Et pourtant, le soir même, ne voilà-t-il pas qu'une Hillary Clinton qui semblait avoir perdu moult kilos en l'espace de quelques heures, s'en est allée se promener sur un trottoir newyorkais, en profitant pour embrasser une gamine qui passait par-là, au risque de lui refiler ses microbes.
Nous sommes quelques-uns, peu nombreux, à nous être interrogés sur l'étrange régime amincissant subi par la candidate en si peu de temps, qui pouvait laisser supposer - "non mais, regardez un peu ces complotistes !", ont dû penser certains... - que ce n'était pas la vraie Clinton, chose que quelques arrêts sur images effectués par des internautes ont largement confirmée.
Mais, malgré les évidences, du côté de la grande presse, ce fut "motus et bouche cousue" !
Encore un exemple ? Ce fameux "nine-eleven", soit l'attentat du 11 septembre 2001 au World Trade Center, qui a vu Thierry Meyssan et quelques autres rafler la médaille d'or du complotisme, les accusateurs dédaignant systématiquement un argument décisif, à savoir l'effondrement de non pas deux immeubles (touchés par des avions), mais trois, dont le dernier (WTC7) n'avait été percuté par aucun aéronef.
J'ai, moi-même, émis les plus grands doutes sur cet autre attentat apparemment survenu sur l'immeuble du Pentagone, dès lors que l'empreinte laissée sur la façade ne correspondait en rien à ce qu'on aurait été en droit d'attendre du crash sur du béton d'un avion de ligne équipé, non pas d'un moteur central, mais de deux moteurs (latéraux), lesquels auraient dû laisser deux trous bien visibles sur la façade, au lieu d'un seul..., enfin, de quelque chose de pas très cohérent quand on sait que le "nez" d'un avion n'est pas sa partie la plus résistante ! Et puis, un avion qui s'écrase, sans avoir vidé ses soutes de carburant, ça vous fait un geyser qui embrase tout le voisinage. Et devant le Pentagone, vous aviez ce parking, avec zéro voiture en feu !
Alors ? Alors quoi ? ont semblé rétorquer les tenants de la doxa officielle, à savoir la quasi-totalité de la presse dite "mainstream". "Circulez, il n'y a rien à voir !"
Et pourtant, une commission tout ce qu'il y a d'officiel a été désignée, aux Etats-Unis, pour conduire des investigations poussées autour de la présence éventuelle de substances explosives seules susceptibles d'expliquer l'effondrement du WTC7.
Question : à part quelques internautes, toujours les mêmes "complotistes", bien sûr..., qui, dans la "grande presse", avez-vous vu ou entendu évoquer cette question cruciale, qui pourrait relancer les doutes sur les vraies causes de l'effondrement des tours jumelles ?
Le rapport avec les Gilets Jaunes ? Voyez les (gros) titres après l'acte XXVI.
Et ce n'est là qu'une petite fraction de ce qu'on a pu lire... Et quelle formidable démonstration de panurgisme !
Je sais très bien qu'il y a en France une Agence France Presse chargée d'alimenter les média de dépêches en tout genre. Mais quand même, les rédacteurs en chef pourraient faire le petit effort consistant à ajuster l'information sans la contrefaire, au lieu de s'attacher bêtement à la reproduire de manière mécanique.
Le fait est que la quasi-totalité des média de ce pays se contentent de reproduire telles quelles les dépêches de l'AFP, ce qui finit par se voir : entre essoufflement confirmé et essoufflement (qui se) se confirme, on voit que les perroquets ont encore de beaux jours devant eux !
Et pourtant, hormis le Ministère de l'Intérieur, d'autres sources statistiques existent - par parenthèse, comment expliquer l'usage intermittent de ce cabinet "Occurrence", régulièrement sollicité par les média pour décompter les manifestants, notamment à Paris ? -, dont le "Nombre Jaune" (qu'on pourrait soupçonner de partialité), ainsi qu'une officine émanant de la Police elle-même, et dont je reçois régulièrement la newsletter.
Toujours est-il que le Syndicat France Police - Policiers en colère, dans la dernière mouture de sa newsletter, annonçait une estimation de 60.000 manifestants en France, au lieu des 18.600 annoncés par le ministère de l'Intérieur.
Étonnant, non ?
Personnellement, je ne vois pas grand monde soupçonner un syndicat de police de fricoter avec les Gilets Jaunes, quand on voit dans quel climat de tension les déambulations du samedi se déroulent généralement.
Mais j'irai plus loin, en invitant ceux et celles que ça intéresse à faire montre d'un peu de sagacité.
Prenez l'Acte XIX, qui vit un des défilés parisiens déboucher sur l'esplanade du Sacré-Cœur. Autour de 5000 manifestants avait annoncé le ministère.
5000 manifestants dans tout Paris, alors même que la foule du Sacré-Coeur ne représentait qu'un des défilés concernés ce samedi-là, sans oublier le monde encore présent dans les rues avoisinantes, ainsi que les personnes rentrées chez elles dès qu'elles ont aperçu une bouche de métro ou une station de bus. Ce qui veut dire que, devant la basilique, pour nous en tenir aux statistiques du ministère, il y avait (forcément) moins de cinq mille personnes.
Et c'est là que j'invite mes lecteurs à se livrer à une petite spéculation. Prenez un hectare : soit un carré de cent mètres de côté, ou un rectangle (rue/boulevard/avenue) de trente mètres (largeur) sur 330 (longueur), ou vingt mètres sur cinq cents.
Et maintenant, imaginez qu'il y ait un mètre d'écart entre deux manifestants voisins, soit autour d'une personne au mètre carré. Il va sans dire que les images de la télévision vont faire apparaître plein de trous parmi la foule, avec une impression visible d'une foule plutôt clairsemée.
Et pourtant, avec seulement une personne par mètre carré, dans votre hectare, vous avez pas moins de 10.000 manifestants !
Et, compte tenu de la taille de l'esplanade devant le Sacré-Cœur, et du caractère plutôt compact de la foule, je mets quiconque au défi de prétendre qu'il y ait eu moins de 10.000 personnes devant la basilique ce samedi-là !
Prenez le boulevard représenté ci-dessous et faites la même estimation, à savoir un rectangle d'une trentaine de mètres de large et de quelques centaines de mètres de long, toujours sur la base (raisonnable) d'une personne au mètre carré.
Cela dit, est-ce vraiment important, que les Gilets Jaunes, de samedi en samedi, soient quarante mille, non !, trente mille, non !, vingt mille, non !, moins de dix mille... à défiler ?
C'est là qu'on voit que plein de journalistes ne font pas de sport ! J'ai déjà évoqué, ici même, la pénibilité qu'il y avait à marcher dans Paris - plutôt qu'en province - compte tenu de la distance à couvrir en cas de manifestation, notamment sur des secteurs comme les Champs-Elysées et leurs pavés qui vous cassent les jambes si vous n'êtes pas en forme ou n'avez pas les bonnes chaussures !
Prenez l'acte XX (30 mars 2019), qui a mené une partie des Gilets Jaunes de la Gare de l'Est au Trocadéro. J'avoue avoir spontanément pensé : "Hé ben, dis donc, ils et elles sont sacrément gonflés !"
Il se trouve que j'ai habité quelques années sur la rue Vineuse, soit à deux pas du Palais de Chaillot. Pour se rendre directement à la Gare de l'Est en évitant le métro, on a le choix entre le Bus 30 (Trocadéro-Gare de l'Est) et le Bus 32 (Porte d'Auteuil-Gare de l'Est).
Ce qui veut dire que les Gilets Jaunes, ce samedi-là, se sont tapé la totalité d'une ligne de bus parisienne, en l'occurrence la ligne 30 - ancien tracé ; la ligne semble avoir été rallongée depuis mon départ du quartier -, qui part(ait) du bas de l'avenue Kléber vers la Gare de l'Est, via la Place de Clichy. Et même en prenant des raccourcis, je vous garantis que c'est très long ! (Lien)
Et c'est là que j'inviterais volontiers tel ou tel commentateur de fauteuil (radio, télévision) à parcourir (à pied) ne serait-ce que le (court) trajet sur l'avenue Kléber menant du Trocadéro à la Place de l'Étoile (cf. quatre stations de la ligne 6 du métro : Trocadéro, Boissière, Kléber, Charles-de-Gaulle-Etoile). Juste pour rire !
C'est vous dire si j'apprécie la performance physique de ces quidams capables de traverser des quartiers entiers de Paris à pied, tous les samedis, depuis six mois. Cela dit, à raison de 200 à 300 Kcal l'heure de marche, il doit y en avoir pas mal qui ont dû perdre quelques kilos superflus. C'est toujours ça !
Plus sérieusement, vous voyez les retraités, encore dans les rues il n'y a pas si longtemps ? Et les chômeurs ? Et les personnels de santé qui n'en peuvent plus ? Et les agriculteurs ? Et les dindons de la farce dans tant d'usines qui vont fermer ou ont déjà fermé (GM&S, Ford-Blanquefort, Arjowiggins, les personnels de feu ED-Carrefour-Market, sans oublier les plans de licenciement en préparation chez Auchan, General Electric...) ; ça nous fait combien de marcheurs potentiels tous les samedis, qui restent pourtant chez eux parce qu'ils n'ont pas la force de se taper des kilomètres de marche tous les samedis, tout en n'en pensant pas moins ?
"Le mouvement des Gilets Jaunes s'essouffle !", "Combien de temps vont-ils encore tenir ?", "Est-ce le commencement de la fin pour les Gilets Jaunes ?", etc.
Sacrés journalistes !
Cela dit, gardons-nous de toute médisance facile envers les journalistes, du moins la grande majorité d'entre eux. Prenez le sémillant Thomas M., de BFM-TV, qui aurait traité d'un peu haut un Gilet Jaune qu'il aurait mis en demeure de quitter le plateau s'il n'était pas content (?). Ne voilà-t-il pas qu'à la suite de quelques-uns de ses confrères (surtout des consoeurs, d'ailleurs, cf. Florence Aubenas, Anne Nivat), notre journaliste parisien a pris son courage à deux mains, en allant voir d'un peu plus près, et dans les yeux, cette France des oubliés de la République ?
Comme preuve qu'il ne faut jamais désespérer des gens !
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